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 homemade dynamite (skaven)

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MessageSujet: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyLun 21 Aoû - 5:26

Ce putain de matelas gonflable tu vas finir par le poignarder dans un accès de violence, ça va plus. T’es trop jeune pour finir en taule, tu veux pas prendre perpète, même si t’aurais sans doute du crédit en prison pour meurtre. Mieux vaut mettre fin à cette relation avant qu’elle ne devienne trop toxique et finisse en tragédie, ce sera mieux pour tout le monde. Tu lui serviras un ‘‘c’est pas toi c’est moi, je ne t’aime plus comme avant’’, il pleurera un peu d’air sous ses rustines et tout sera fini. Il te fait trop mal. En réalité ce qui te fait mal c’est tes blessures, séquelles laissées par ce malade mental sur ton corps. Il aurait pu te découper et t’enterrer dans un fossé tu en es à peu près certaine. Le mieux c’est d’éviter d’y penser, de mettre ça derrière toi, de remercier Odin d’être encore en vie et de continuer ce que tu devais faire. Tout ça tu essaies bien sûr, et c’est remarquablement efficace, le problème c’est que tu te traînes encore, tu claudiques, et c’est délicat pour installer une forge, surtout avec deux heures de sommeil par nuit. T’as mal partout tu ne peux juste pas continuer à dormir sur ce truc. Il faut que tu dormes bordel. Alors t’as fait un paquetage, t’as fourré ce que tu pouvais dans ton sac à dos et tu t’es mise au volant. Ce qui est bien sûr rigoureusement interdit vu l’état de ta cheville, surtout quand on se rappelle que ta caisse est une automatique. Au moindre accident plus aucune assurance ne te couvre de ta vie. Petit détail à peine important : t’en as rien à foutre. T’es bardée d’antidouleurs et tu roules, prudemment ceci dit. Faudrait pas renverser quelqu’un, ce serait con. Y a un peu plus d’un an tu avais demandé la nouvelle adresse à Anca pour lui envoyer une lettre – ce que tu n’as jamais fait – ou une merde dans le genre, tu espères qu’il n’en a pas changé depuis sinon tu es dans la merde. Tu te gares en bas de l’immeuble, y a de la place, et tu te postes à côté de la porte d’entrée avec une clope, attendant qu’un habitant rentre.

Quatre clopes. Quatre clopes putain, et tu les espaces en plus, personne ne veut y aller dans cet endroit ? T’as les écouteurs vissés dans les oreilles et t’écoutes du Taylor Swift tant que la délivrance ne vient pas. T’es sur le point d’en allumer une cinquième quand enfin un mec à l’air tellement banal que c’en est louche pousse la porte et a même la politesse de te la tenir lorsqu’il te voit claudiquer pour rentrer. Toute à ton habitude tu ne le remercies pas. Ce qui t’intéresse c’est les boîtes aux lettres pour voir quel appartement il occupe Seven. Devant l’escalier – les ascenseurs ça n’existe pas apparemment – tu pousses un soupir découragé. Sisyphe à l’aide… Chaque marche te semble une montagne et la douleur traverse les médocs. Aucune idée du temps que ça t’a pris, ça pourrait être cinq minutes comme une heure, la perception du temps s’est fait la malle. Finalement tu y arrives et tu manques de t’écrouler sur le paillasson, les larmes aux yeux. T’es pas si dure que ça dans le fond. Après avoir frappé pendant dix minutes sans réponse tu abandonnes et te laisses glisser le long du mur. Il est pas chez lui putain. Bien sûr t’essaies de l’appeler mais tu tombes directement sur messagerie, t’as l’habitude, ça fait trois ans qu’il se fait le coup. Alors tu renfonces les écouteurs dans tes oreilles et tu attends. T’imagines l’enfer que tu vas te prendre quand il va voir que tu as débarqué. De toute façon tu serais venue. Dans quelques jours peut-être au lieu d’arriver si tôt mais toute cette histoire avec l’autre taré n’était absolument pas dans l’agenda tu n’y peux rien, tu ne pouvais pas rester dans le bureau. Sans doute qu’il va te jeter dehors le Popescu mais tu t’en fous, tu trouveras un moyen de le convaincre, tu t’incrusteras. L’un de vous a toujours fini par céder aux demandes de l’autre. Enfin c’est comme ça que c’était avant, dans mes derniers souvenirs il n’a jamais cédé, il n’a jamais décroché depuis. Il faut que tu croies que ce que tu as su sur lui est toujours d’actualité, qu’il n’est pas complètement changé, qu’il est quand même celui qui t’a manqué à tes côtés ces années passées. Te rendre compte qu’il ne reste rien de ce que vous aviez… Tu ne veux pas y penser, ce serait enlever le nord de ta boussole. Alors tu attends sur le palier.

Tu manques de t’endormir, la musique finit par s’arrêter d’ailleurs, t’as plus de batterie. Qu’est-ce qu’il fout putain ? Tu tires sur ta cigarette électronique d’huile de cannabis – ça t’a vraiment étonné ces trucs, ça ressemble pas aux e-cigs que les abrutis sur Vine aiment utiliser mais vraiment à une clope – quand t’entends des pas lourds dans l’escalier. Des pas qui ont du mal. Vu la cadence en fait ça doit être un vieux. Tu te désintéresses de l’affaire jusqu’à-ce que le visage apparaisse au tournant des marches. Bordel de merde. Il s’est bien fait avoir, tu l’as encore jamais vu dans cet état. Il n’est pas méconnaissable cependant, ça doit dater un peu. Peut-être le même fou à lier, on sait jamais. « Eh bah putain ça t’a réussi ces trois ans t’es devenu canon Seven ! » Le pire c’est que t’es sincère, il a encore grandi – pendant des années c’était toi la plus grande, c’est rageant – il a pris du muscle et puis sous les hématomes on discerne un visage moins enfantin qu’avant. « Enfin… Sans tous les… Bien sûr. » En prononçant cette phrase tu désignes ton propre visage en faisant tourner un peu ta main pour effet théâtral. Les… les… bah ouais les gnons qu’il s’est pris dans la gueule. Tu devrais même pas faire la remarque, ta face à toi aussi elle est tuméfiée, bien que moins profondément. « T’es tombé dans les escaliers ou c’est que tu l’avais mérité ? » Droit dans le vif du sujet à ce que je vois mais rien à foutre de s’il a des réserves à te le dire, ça va pas t’empêcher de poser la question, après tout c’est quand même la première chose qui saute aux yeux. Quand il se rapproche tu lui tends la main. « Eh camarade tu crois que tu peux m’aider à me relever ou t’es trop éclopé et je risque de t’arracher un bras ? » De l’aide ça soulagerait bien ta cheville et potentiellement ton épaule aussi. Qu’il soit pas salaud lui aussi il s’est fait passer à la moulinette.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyMar 29 Aoû - 17:26

Une balafre sur la joue, deux coquards, trois côtes cassées.
Quatre os fêlés, cinq points sur le flanc, six pansements dans l'dos.
Des plaies par milliers, une constellation d'ecchymoses sur la peau, la rage au ventre.

Il bouge il a mal il respire il a mal il existe il a mal. Ses pas sont lents et boiteux on dirait qu'il tangue, l'impression qu'il va s'écrouler à chaque centimètre parcouru. Et il est même pas encore à la porte putain à peine sorti du taxi il a déjà envie de s'allonger et de n'plus bouger. Le sac sur son épaule se dérobe soudainement et un coup d'œil l'informe que le chauffeur a décidé de l'aider. Il s'met à grogner comme un animal blessé. « Dégage toi, m'touche pas putain. » Il le pousse mais c'est faible, le type réagit à peine alors que son squelette tout entier s'met à hurler. Il est en état pour rien, il se sent minable et vulnérable et il a envie de tout casser. Mais même ça il peut pas l'faire alors il serre les dents et les poings, il avance il entre dans l'immeuble il souffle comme s'il venait de faire le marathon.

Devant lui les escaliers. Il a un peu envie de gerber.

Une main agrippée à la rambarde un peu trop fort l'autre qui tremble contre son flanc, il a l'impression d'escalader une foutue montagne il sait plus s'il veut rire ou hurler. P't'être qu'il aurait pas dû foutre un tel bordel pour sortir plus vite p't'être qu'il aurait dû écouter les médecins, p't'être qu'il est plus amoché qu'il a voulu le croire plus qu'il n'est prêt à accepter. Il revoit le visage de Peadar celui d'Anca celui des infirmiers il peut pas s'effondrer. Il force encore et encore il essaie de monter comme il le faisait avant d'se faire tabasser mais clairement c'est pas le même rythme pas la même légèreté. Quand il arrive à son étage il est à bout d'souffle il a la tête qui tourne le cœur au bord des lèvres. Le seul truc qui l'fait tenir sur ses deux jambes c'est la rage – celle qui coule dans ses veines qui le ronge qui l'avale tout entier. Pourtant quand une voix s'élève il sent ses genoux prêts à l'abandonner.

« Eh bah putain ça t’a réussi ces trois ans t’es devenu canon Seven ! » Il la reconnaîtrait entre mille il a même pas besoin de regarder même après trois années. C'est Siam.
C'est Siam et il veut pas lever les yeux.

Ses mâchoires grincent son regard reste vissé au sol, il s'demande combien de temps il mettrait à faire demi-tour à appeler un autre taxi. « Enfin... Sans tous les... Bien sûr. » « Ta gueule. » C'est automatique ça sort tout seul – il voulait pas putain il veut pas lui adresser le moindre mot. Maintenant c'est trop tard il l'a fait autant assumer. Il relève le menton, ses prunelles qui s'plantent dans les siennes comme une lame chauffée à blanc.

Elle a pas changé. Pas vraiment. Toujours cette tronche de sale conne qu'il a fait en sorte d'oublier ces trois dernières années. Elle est là, elle est vraiment là et il sait pas si c'est l'univers qui s'acharne si c'est un moyen de tout lui faire payer, sûrement une histoire de karma. Il veut pas la voir, encore moins l'entendre. Pas là pas comme ça, pas maintenant bordel. « T’es tombé dans les escaliers ou c’est que tu l’avais mérité ? » Elle peut parler. Elle a moins mal fini que lui peut-être mais à en juger par sa gueule, il est pas l'seul à avoir des ennemis. Sûrement qu'en temps normal il lui aurait fait remarquer, il se serait foutu d'sa gueule il lui aurait dit qu'elle est moche sacrément moche elle est à gerber. Il peut pas. Il y arrive pas, y a la douleur qui obscurcit tout qui prend toute la place – les médocs sont pas assez forts putain il va devoir se débrouiller tout seul. Tout ce qui sort c'est « J't'ai dit d'fermer ta gueule. » et il sait que c'est con il sait que ça sert à rien, Siam elle sait pas la fermer. Elle l'a pas fait même quand il lui a offert un silence radio.

Il les a eus ses messages et il les a tous supprimés jusqu'au dernier, y en a un tas qu'il n'a même pas écouté. Trois ans qu'elle l'emmerde trois ans qu'elle l'empêche de l'effacer ; Siam c'est une putain d'plaie et elle veut pas se refermer.

« Casse-toi. » Ça siffle entre ses dents serrées et déjà il s'approche parce que bien sûr elle est plantée devant sa porte bien sûr faut qu'elle lui pourrisse la vie jusqu'au bout. Elle tend la main, il a envie d'lui cracher dessus. « Eh camarade tu crois que tu peux m’aider à me relever ou t’es trop éclopé et je risque de t’arracher un bras ? » Il est pas d'humeur à ça il a pas envie d'jouer pas même envie de riposter. Il veut juste qu'on lui foute la paix, qu'on le laisse s'écraser sur son matelas et s'défoncer jusqu'à tout éradiquer. La douleur la haine les souvenirs qui tournent en boucle comme un mauvais film il a l'impression qu'il va devenir dingue – peut-être qu'il l'est déjà.

Il s'arrête près de la porte il se borne à n'pas la regarder il veut pas il pensait qu'il avait presque réussi à oublier ses traits. Quelle connerie, il les connaît par cœur il pourrait pas les effacer même s'il s'arrachait la rétine. « Lâche l'affaire Siam, j'm'en bats les couilles de toi. » Il ment. « J'sais pas comment t'as eu mon adresse et j'sais pas c'que tu veux mais j'm'en fous. » Il ment.

Il peut pas s'empêcher d'se demander ce qu'elle est venue foutre à Savannah et surtout pourquoi elle s'retrouve devant sa porte, mais il demandera pas il n'écoutera pas. Il est passé maître dans cet art elle est bien placée pour le savoir.

« Retourne chez tes anglais au lieu d'me faire chier, et j'espère qu'tu seras seule à en crever. »

Trois mensonges qui lui brûlent la langue. Deux poings serrés pour s'empêcher de tout lui cracher. Une fissure dans son masque quand il regarde son passé le rattraper.
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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyMar 29 Aoû - 22:44

Peut-être qu’aller à l’hôpital ça aurait été une bonne idée. Je dis ça je dis rien bien sûr. Mais bon déjà t’as dû aller faire ces tests au centre médical, ça t’a cassé les couilles, alors tu comptais pas rester plus longtemps pour qu’ils te rafistolent. Puis ton assurance est pas encore valide elle prend effet dans quelques jours, tu pensais pas te retrouver dans la merde dans ce court laps de temps. Il faut croire que le destin se fout de ta gueule ou que quelque part c’est une rétribution karmique. En tout cas t’as pas l’air bien maline en attendant, avec ta cheville et ton épaule qui ont un volume plus qu’anormal. Faut pas rêver à l’entorse, c’est cassé et puis c’est tout. Pourtant tu veux pas y aller, parce que tu sais ce qu’ils vont dire, que tu peux pas travailler, que tu peux pas conduire. T’as besoin de soins mais t’as aussi besoin de ton boulot. Alors en attendant de céder à la voix de la raison tu te bourres de paracétamol, d’anti-inflammatoires, de tout ce que tu peux avoir sans prescription. Et de cannabis aussi bien sûr. On ne se refait pas.

Assise sur le palier la douleur s’estompe, se fait plus discrète, tu en oublies presque ton calvaire d’être arrivée jusqu’ici. Quelle idée putain d’habiter en étage. Mais tu sais bien qu’il faudrait pas te demander de monter une volée de marches de plus ou même de le descendre, que ta cheville lâcherait complètement, médocs ou non.
Surprise, les marches il a encore plus de mal à les monter que toi. Belle paire d’handicapés moteurs. Si tu t’es faite renverser par une voitures lui c’était un six tonnes sur l’autoroute, tu ne le reconnaitrais pas si tu ne le connaissais pas si bien. Il a toujours eu des ennemis, il a toujours eu des bleus quelque part, les jointures esquintées, y a rien de surprenant. C’est juste que là il a l’air d’un cadavre. Comme si ça allait t’apitoyer.

Il t’ignore, refuse de te regarder ou te répondre. Son problème c’est que ça sort tout seul. « Ta gueule. » Les premiers mots qu’il t’a adressés en trois ans. Quelle douceur. L’amitié c’est beau qu’ils disent. Ceci dit tu avais bien parié que ce serait ça sa réaction, tu l’avais placée au sommet du podium des probabilités. Juste en-dessous il y avait ‘‘tu fais chier’’ et ‘‘qu’est-ce que tu fous là ?’’. Mais ta gueule c’est plus classique, plus organique. Et ça te donne l’occasion de l’ignorer, de continuer à l’emmerder.

Dans ses yeux il brille une rage qui te fait vaciller, que tu n’as jamais vue dirigée contre toi. Il est rancunier ce salaud. Dommage pour lui, ça ne t’arrêtera pas. Il en faut plus qu’un peu de rage pour te faire fuir. « J't'ai dit d'fermer ta gueule. » Et depuis quand tu obéirais aux ordres de Seven ou de qui que ce soit ? Trois ans ça lui a fait perdre la mémoire apparemment, il a jamais réussi à se débarrasser de toi, ce n’est pas aujourd’hui que tu vas lui laisser la victoire. Quand il se rapproche de toi tu peux voir plus en détail chaque coupure, chaque bleu qui le défigure. Sa joue est pleine de points de suture, sans doute qu’il aura une balafre de pirate. Il a des ennemis dangereux il semblerait. A moins qu’il ne se soit vraiment juste pris un camion. « Casse-toi. » Facile à dire ça. Faudrait déjà que tu puisses te relever, et s’il ne prend pas la peine de te refuser verbalement son aide, tu sens qu’il est proche de te cracher dessus. Charmantes retrouvailles. Ceci dit, tu t’attendais à peine à mieux.

« Lâche l'affaire Siam, j'm'en bats les couilles de toi. J'sais pas comment t'as eu mon adresse et j'sais pas c'que tu veux mais j'm'en fous. » Peut-être bien qu’il dit la vérité, qu’il a réellement tout laissé dans le passé, que tu ne suscites même pas son intérêt. Mais tu n’y crois pas. Et de toute façon tu ne veux pas y croire. T’as pas le choix, t’es obligée de te dire qu’il se voile la face, sinon qu’est-ce que tu feras toi ? T’iras crever dans un coin ? T’as pas envie. « T’as toujours été un putain de mauvais menteur. » Même pas tu le regardes en lui rappelant calmement que tu n’es pas dupe.

Puis t’essaies de te relever. C’est laborieux, c’est ridicule même, avec juste un côté de ton corps disponible mais courbatu. Si ça se trouve ça aurait fait moins mal de rester debout pendant des heures au lieu de t’avachir. Quand tu arrives enfin à te redresser, à bout de souffle, des larmes perlent au coin de tes yeux que tu essuies rageusement. Même si c’est purement mécanique tu ne vas quand même pas pleurer sur son putain de paillasson. Alors tu n’es pas en train de le regarder quand il te repousse à nouveau.

« Retourne chez tes anglais au lieu d'me faire chier, et j'espère qu'tu seras seule à en crever. »
Et ça ça fait mal putain, c'est vicieux.

Alors il les a écoutés au final tes putain de messages, peut-être pas tous, t’en sais rien, mais il t’as entendu lui hurler que t’étais seule, que t’en pouvais plus. Et il te le rebalance à la gueule. C’est bas ça, mais ça vous va bien ces tactiques de rat. Ta fierté tu l’utilises comme armure, tu lui montres pas qu’il a fait grincer quelque chose en toi. « Mais les anglais sont bien trop aimables, c’est vachement mieux quand tu m’insultes tu trouves pas ? »

Lui aussi il a l’air de souffrir de ses blessures, d’avoir été achevé par ces putain d’escaliers. Vos os vous soutiendront sans doute pas toute la soirée, faudrait pas rester debout là comme des cons mais tant qu’il te laisse pas rentrer tu ne le laisseras pas rentrer. C’est aussi simple. Par contre, t’as un peu de compassion, alors tu lui fais une offrande de paix. Tu lui tends ta clope à l’huile de cannabis. « Allez, prescription ou pas t’as l’air d’en avoir bien besoin. » Bien sûr avant ça tu en prends une dernière taffe, histoire de t’anesthésier un peu. « J’me doute que t’as plein d’herbe à l’intérieur mais l’huile ça fait bien le taff. » Il peut bien refuser si il veut, toi ça t’en fera plus, mais il pourra pas dire que t’as pas fait le geste ce bâtard. Après sa remarque de connard il mérite pas autant déjà.

Tu jettes un regard à la cage d’escalier, un regard à ta cheville, puis tu essaies de croiser son regard à lui, même s’il te fuit. « J’crois que j’pourrai pas redescendre là de toute façon, s’teuplé fais pas ta pute laisse-moi entrer au moins pas longtemps. »
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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyMar 26 Sep - 22:03

« T’as toujours été un putain de mauvais menteur. » Et ça l'fait ricaner parce que c'est pas vrai, parce que les mensonges il en sort à la pelle – quand il balance des j'te déteste et dégage et j'en ai rien à foutre quel que soit l'interlocuteur c'est rarement vrai. Il s'en fout pas Seven bordel il s'en fout pas assez, pas autant qu'il le voudrait. Pas même avec Siam.

Alors bien sûr il ment, bien sûr il lui crache les formules qu'il utilise à outrance et elle fait comme les autres elle écoute rien. Faut croire qu'il n'a qu'un moyen de s'faire entendre : ses poings. Dommage qu'il soit pas en état dommage qu'il ait même pas envie de la cogner, pas là pas comme ça. Il fait mine de l'ignorer pendant qu'elle tente de s'relever et putain ça fait pitié, pendant une seconde il oublie même qu'il est le plus amoché des deux. Son venin coule pendant qu'il se borne à détourner les yeux.

Il n'a pas besoin de la regarder pour savoir qu'il a visé juste – de toute façon il sait qu'elle a trop de fierté pour le montrer. Et ça l'dégoûte de savoir tout ça, ça l'enrage de la connaître peu importe combien il a tenté de l'effacer l'oublier l'éradiquer. Il l'a rayée à la seconde même où elle a annoncé qu'elle partait mais faut croire qu'il est l'pire quand il s'agit de se blinder. C'est comme les autres comme sa famille comme Rhoan comme tous ceux qu'il orne d'une croix rouge dans sa tête ; il sait pas s'y tenir il finit toujours par s'faire engloutir. La rancœur et la haine et la colère, tout lui revient en pleine gueule un peu plus violemment chaque fois et Siam c'est trop, Siam c'est le coup de grâce alors qu'il est déjà à terre. Proie facile, gueule cassée cœur fissuré tripes à l'air, il s'attendait pas à la voir le rejoindre en enfer.

« Mais les anglais sont bien trop aimables, c’est vachement mieux quand tu m’insultes tu trouves pas ? » Sa voix crisse à ses oreilles comme des ongles qu'on appuie sur un tableau – pas pour rien qu'il a arrêté d'écouter ses messages à la con. Ça fait trop mal, dedans ou dehors il sait plus trop il a du mal à faire la différence et il préfère surtout ne pas savoir. Il sent le piquant d'ses mots et le sarcasme qui glisse sur sa langue comme il l'a toujours fait, mais il veut pas y répondre. Il veut pas s'lancer dans la lutte qu'ils avaient l'habitude de se mener, il veut pas lui donner la moindre miette de complicité. Encore une fois il joue celui qui n'écoute pas, lèvres pincées mâchoires serrées, il lutte pour pas s'mettre à gueuler. Il veut pas lui donner satisfaction et tant pis si ça l'amène au bord de l'implosion.

Dans son champ de vision la clope qu'elle tend, et il reconnaît l'odeur sans mal. Il bronche pas. « Allez, prescription ou pas t’as l’air d’en avoir bien besoin. » Il reste silencieux, regard bloqué sur l'offrande comme s'il pouvait plus sans détacher. « J’me doute que t’as plein d’herbe à l’intérieur mais l’huile ça fait bien le taff. » Il en a rien de foutre de tout ça, la seule chose qu'il retient c'est le geste – le même que Peadar lui a octroyé avant d'le fracasser, le même qu'il a refusé et regretté avant d'sombrer. Tout ce qu'il voit c'est la clope du condamné et il sait pas si c'est le karma qui se fout de lui, l'humour tordu de la vie. P't'être qu'il pourrait répéter la même erreur, il sait que le résultat serait différent et pourtant tout ce qui tourne dans sa tête c'est la ruelle. Le ciel noir au-dessus d'lui, le goudron froid dans son dos, le sang chaud sur sa peau, la douleur qui éclate dans chacun d'ses muscles qui se niche dans tous ses os.

Ses yeux sur la clope, il a mal. Ses phalanges qui effleurent celles de Siam, il a mal. Ses lèvres qui emprisonnent le bâtonnet, il a mal. Ses poumons qui s'remplissent de crasse, il a mal.

Le film qui s'rejoue dans sa tête, il a mal.

C'est stupide de croire qu'une cigarette aurait pu tout changer, qu'elle n'aurait pas eu l'honneur d'être son dernier regret, sa dernière pensée. Il aurait pu crever – il se souvient avoir cru qu'il était vraiment en train d'y passer. P't'être que la clope l'aurait sauvé. P't'être qu'elle l'aurait achevé. La clope c'est Peadar c'est la justice c'est l'épée de Damoclès qui a fini par tomber, la lame qui l'a transpercé. La clope c'est les remords les regrets, la clope c'est les erreurs qu'il est pas foutu d'assumer, les et si qui commencent à l'empoisonner. La clope c'est trop d'choses à la fois c'est la seconde chance ou bien la promesse de s'venger, la clope c'est le rappel qu'il est pas mort c'est l'ancrage dans la réalité.
La clope c'est Siam ; la promesse de finir calciné.

Elle cherche son regard et cette fois il la laisse le trouver, de toute façon ça sert à rien de fuir elle le lâchera pas – elle a tenu trois longues années c'est pas maintenant qu'elle va abandonner, il le sait. « J’crois que j’pourrai pas redescendre là de toute façon, s’teuplé fais pas ta pute laisse-moi entrer au moins pas longtemps. » Il dit rien. Il garde sa clope sans aucune intention de la lui rendre, et il se dérobe une nouvelle fois pour déverrouiller la porte. Il est à deux doigts de s'appuyer aux murs ou aux meubles quand il entre dans l'appartement, mais il refuse d'afficher une telle faiblesse. Tant pis pour son squelette qui proteste pour ses blessures qui le supplient, il tiendra aussi longtemps qu'il le faudra. « Cinq minutes et tu dégages. » Il ne lui adresse même plus un regard ; il sait qu'elle aura pas attendu sa permission pour le suivre. Ses pas sont lourds, traînants, le portent à peine jusqu'au canapé sur lequel il s'effondre. Les ressorts grincent sous son poids et il grimace en s'appuyant sur le dossier, tête basculée en arrière et yeux collés au plafond. Il veut pas la voir, il veut plus. S'il avait su qu'elle serait là à l'attendre, il serait jamais rentré. « Parle pas, c'est mieux. T'as déjà gaspillé trop d'salive avec tous tes messages. » Il comprend même pas comment elle a pu s'acharner autant, ça valait pas l'coup. Pas plus que de venir sur son palier, tout ça pour se faire insulter et le voir consumer la clope qu'elle aurait pas dû lui tendre.

« Ah et quand tu repars sois sympa, oublie-moi. C'est c'que j'ai fait y a trois ans. » Encore une fois il ment et au final il sait plus si c'est elle ou lui, le revenant.
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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyVen 29 Sep - 12:22

Quand il te lance ses saloperies à la gueule t’as envie de chialer ou t’as envie de le frapper peut-être. Je dirais bien que c’est bas, que c’est bas même de sa part mais rien n’est trop bas pour lui il peut pas se vanter de valoir mieux que ça. Tu dis rien. Lui non plus. Quand son silence retentit plus fort que ses insultes t’as envie de hurler, de griffer sa peau jusqu’à lui arracher au moins un cri. Dis quelque chose putain, regarde-moi, tu peux pas m’échapper, je suis là maintenant. Dis quelque chose, gueule, sois humain putain Seven. Rien. Avec toi ça a toujours été l’arme la plus mortelle qu’il ait eue en main. Même blessée au bord du gouffre ça ne t’éloigne jamais, tu reviens toujours. L’absence de mots te déchire la gueule comme une gerbe d’acide sur ta peau. Faut pas s’étonner pourtant, ça fait trois ans qu’il te donne ce traitement tu pouvais pas croire que ça allait changer juste parce que t’étais physiquement devant lui. Mais tu te rendras impossible à ignorer. C’est tout ce que tu peux faire, tout ce que t’as. L’autre option c’est la haine mais c’est son truc à lui ça, toi t’as pas la force, si c’est pas venu jusque là ça viendra pas. T’es condamnée à souffrir de ses mains alors tu lui rendras la pareille. Sans rancune juste de bonne guerre. C’est toi qu’as commencé.

Ton offrande c’est un peu ridicule c’est croire que ça suffirait à rétablir la paix, à tout effacer. Bien sûr ça ne changera rien c’est que de la fumée, des promesses envolées, chassées d’un souffle. Même pas un regard même pas un mot mais il accepte. C’est un revers de moins dans ta mâchoire, un refus de moins à encaisser. Ses doigts qui effleurent les tiens ça a un goût d’habitude, un goût d’autre temps. Tu ravales la bile qui remonte le long de ta gorge. Tes yeux croisent le puits sans lumière des siens. Tout est vide, pas d’émotion ni dans les tiens ni dans les siens. L’espace t’as toujours aimé ça mais sans étoiles c’est putain de terrifiant. Le contact se rompt aussi vite qu’il était venu en existence, Seven se dérobe. Il a toujours été lâche. En silence tu t’engouffres derrière lui pour pénétrer dans son antre, rien à foutre de ne pas y être la bienvenue. Tu l’es rarement de toute façon c’est pas la peine de te formaliser.

Le battant fermé derrière toi tu parcours l’endroit des yeux. Eh ben mon salaud. C’est le bordel. C’est vieux. C’est pourri. C’est moche. C’est absolument génial, génialement parfait, parfaitement lui. Putain. Il l’a fait. Il est parti. Pas loin ouais, peut-être, mais qu’est-ce qu’on s’en fout ? Il est plus avec eux. T’as envie de rire, de lui sauter dessus, de le féliciter. Mais y a rien de plus qu’un sourire léger qui étire la commissure de tes lèvres. Y a des vêtements partout, la poussière est son colocataire et une assiette sale a établi une colonie dans l’évier. Rien de choquant en somme. Doucement tu tournes sur toi-même. L’appartement n’est pas grand mais chaque détail t’intéresse. Deux portes entrouvertes laissent apparaître une chambre où les draps semblent n’avoir pas été changé depuis fort longtemps et une salle de bains mouchoir de poche aux joints noirs. « Cinq minutes et tu dégages. » Il s’est lassé du traitement silencieux ? Le canapé grince sous son poids, tu ne t’intéresses pas à lui. Cinq minutes bah voyons, comme si tu allais obtempérer. Il faudrait qu’il te jette physiquement dehors et il est loin d’être en état de le faire. « Parle pas, c'est mieux. T'as déjà gaspillé trop d'salive avec tous tes messages. » Tu n’as rien dit pourtant. Tu lui rends sa réticence, tu refuses de lui répondre. Ses piques ne méritent pas ton acidité. Disons que tu te retiens un instant même si la résolution ne tiendra pas. Ta salive n’était pas gaspillée si ces messages ont au moins pu le faire chier, si la sonnerie de son téléphone l’a réveillé au moins quelques fois ou interrompu pendant qu’il baisait, si sa messagerie a été saturée, si parfois il a eu envie de jeter son téléphone par terre. Tu te raccrocheras à la moindre satisfaction.

« Ah et quand tu repars sois sympa, oublie-moi. C'est c'que j'ai fait y a trois ans. » Eh bien voilà, il l’a ton attention. Tu tournes la tête vers lui, comme une envie de lui cracher à la gueule, de flanquer un coup de pied dans n’importe quel endroit de son corps qui lui fera mal. Menteur, menteur, menteur. Putain d’arracheur de dents. Il les aurait pas écoutés tes messages, il les aurait pas bloqués, il aurait pas autant de mal à te regarder dans les yeux. Tu claudiques en silence jusqu’au canapé et t’assieds précautionneusement à l’autre bout. Tu sais pas quoi répondre. Tu sais pas si tu veux répondre. Tu sais pas si tu veux gaspiller ta salive. Est-ce qu’il le mérite ? Sans doute pas. Prenant ton temps, tu sors ton attirail. Le sachet de weed, le grinder, le tabac, les feuilles, un tonk. Sans un mot tu t’appliques. C’est relaxant avant même de les fumer ces trucs. La vapeur de l’électronique sur laquelle Sev tire t’embaume les narines. Au fond de tes poches tu retrouves ton briquet et lorsque les flammes viennent lécher le papier, tu retombes au fond du sofa avec satisfaction, savourant la première bouffée. Que dire ? Tu m’as manqué. Hors de question. T’es un connard. Il le sait déjà. Au moins ton frère il a gardé contact. T’as pas l’intention de te faire virer tout de suite. Il t’est arrivé quoi ? Il répondra pas. Il est chiant quand il boude, il a plus douze ans. Une minute puis deux passent, c’est pas si désagréable finalement le silence. En plus de la weed tu sens son odeur dans tout l’appartement, c’est un peu étrange. Lui il sent l’hôpital. C’est encore plus perturbant. Tu te penches vers le cendrier avec un grognement. « Moi aussi chuis contente de te revoir. » Va te faire foutre Seven, en d’autres mots. Tu reprends ta place.

« Dis-moi, tu connaîtrais pas un psychopathe ? Un grand maigrichon blanc comme un cul avec le crâne presque rasé, des yeux très très bleus et l’air un peu con. »
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyMar 10 Oct - 16:52

Elle se tait.
C'est la première fois depuis trois ans et il sait plus s'il est satisfait d'avoir gagné. Il crache et il gueule et il feule mais maintenant qu'elle garde le silence y a un truc qui le dérange. Ça grouille sous sa peau, au creux d'ses os – ça le démange.

La voix de Siam c'est une constante depuis trop longtemps. Il connaît son timbre quand elle s'énerve et quand elle est posée, quand elle se fout d'sa gueule et quand elle a envie d'le tuer. Il connaît les vibrations de ses rires et de ses cris, il connaît les sanglots étranglés et les soupirs qui crèvent contre ses lèvres. Il connaît les intonations de son amertume et sa rage et sa frustration, sa déception sa solitude sa tristesse étouffée à travers le combiné. Il connaît sa voix par cœur, il en a retenu toutes les inflexions et maintenant qu'elle l'en prive ça fait trop vide.

Il a pas souffert du manque Seven, pas vraiment. Il lui suffisait de quelques touches pressées pour l'entendre au creux d'son oreille, juste pour lui. Comme si elle était un peu à sa merci.

Et elle lui arrache tout son pouvoir et elle lui offre le même traitement, c'est insupportable. Il lui dit de n'pas parler mais maintenant qu'elle s'exécute il a les dents qui grincent les poings qui se serrent, pour se contenir il s'acharne sur la clope qu'elle lui a refilé. Il a envie qu'elle désobéisse. Qu'elle parle qu'elle l'insulte qu'elle hurle si ça lui chante, qu'elle se moque de lui ou qu'elle le supplie. Il sait pas il s'en fout, il a juste besoin qu'elle lui donne quelque chose pour qu'il puisse le retourner contre elle, pour qu'il se venge pour qu'il lui fasse payer.

Le silence contre l'absence, et dans ses veines un brasier.

Siam ne lui donne rien. Siam a les yeux qui lancent des éclairs et il sait qu'il appuie sur ses nerfs, il sait qu'il vise bien. Mais ça lui suffit pas. Il voudrait lui cracher tout son venin mais il est même pas sûr d'en avoir l'énergie, il voudrait l'achever mais il a un peu peur d'y passer le premier. Parce qu'il est à bout d'force à bout d'souffle, parce que ce qui lui reste d'oxygène il le gaspille sur une foutue cigarette électronique.

Elle s'assoit à l'autre bout du canapé et ça lui arrache un ricanement – elle est où l'époque où ils se serraient dans un coin, à s'écraser se bousculer se rattraper ? Il a l'impression qu'ils sont devenus des étrangers et ça devrait pas avoir un goût si amer ça devrait pas brûler, putain il a la gorge nouée. Et il se tait lui aussi, quand elle sort son matériel quand elle effrite quand elle ne le regarde plus. Pourtant les mots s'entassent dans le fond d'sa trachée, ça tourne en boucle dans sa tête mais rien ne sort ; il se borne à garder les lèvres scellées. Tant pis pour les insultes et les reproches, tant pis pour le venin et les mots assassins. Tant pis pour les questions, les pourquoi les comment et les qu'est-ce que tu me veux après tout c'temps ? Tant pis pour les phrases avortées et les aveux voilés, toutes ces choses qu'il ne dira jamais.

J'suis en colère parce que j't'ai laissée me laisser.

C'est encore une fois elle qui fait le premier pas, elle qui cède. « Moi aussi chuis contente de te revoir. » Il ricane. Il lit parfaitement entre les lignes et son majeur levé sans même la regarder répond au sens caché, qu'elle aille se faire foutre elle aussi. C'est elle qui est revenue, pas lui.

« Dis-moi, tu connaîtrais pas un psychopathe ? Un grand maigrichon blanc comme un cul avec le crâne presque rasé, des yeux très très bleus et l’air un peu con. » Il se fige et s'met à tousser malgré lui, la fumée qui s'échappe de sa bouche par à-coups, sa poitrine qui se soulève douloureusement et ses blessures qui s'enflamment une à une. La première chose qu'il retient c'est psychopathe et il pense à tellement de monde qu'il n'en sort aucun nom. Puis c'est grand maigrichon et blanc et crâne rasé et il sait pas il sait plus, Rhoan peut-être ? Pourquoi elle parle de lui c'est quoi ces conneries ? Et puis bleu. Bleu il sait qui c'est, de manière instantanée. Bleu comme ses yeux délavés bleu comme leurs peaux souillées bleu bleu bleu – il est en train d'se noyer. Il s'étouffe avec sa propre salive, tousse encore et encore comme s'il avait oublié comment respirer. « Hein ? » C'est la seule chose qu'il est capable d'articuler, se raclant la gorge en grimaçant, dévisageant Siam sans comprendre. Pourquoi elle parle de ça ? Pourquoi elle parle de lui ? Elle le connaît ? C'est lui qui l'a envoyée ? Il lui a dit des choses ? Il a fait quoi ? Ça n'a aucun sens et les questions s'accumulent dans sa tête jusqu'à le rendre parano, il sent son cœur s'affoler et ses poumons s'atrophier, la rage et la panique qui s'incrustent dans ses veines. Et si elle savait ? Si elle savait tout ? C'est impossible, y a des tas de types qui correspondent au profil pourtant ses tripes lui hurlent que c'est lui, c'est JJ. Il peut pas s'empêcher de tout ressasser, la peur irrationnelle qui prend l'dessus alors qu'il repense à lui à Sam à tout ce qui s'est passé, à l'angoisse de tout voir être révélé. Pas maintenant pas comme ça, pas avec elle. Il peut pas.

« Pourquoi tu m'demandes ça ? » Son ton est trop agressif ça tranche avec le calme qui était presque revenu. « Pourquoi j'le connaitrais hein ? Il t'a dit quoi ? » Il s'rend pas compte qu'il sonne proche de la paranoïa, la méfiance dans ses yeux la fureur dans sa voix. Il perd pied, sa carcasse tangue, ses doigts tremblent. « Mais parle putain ! » Et il se trahit et ses démons le rongent petit à petit ; à croire qu'ils finiront par l'entraîner vers la folie.


Dernière édition par Seven Popescu le Mer 15 Nov - 13:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyMar 10 Oct - 22:40

Et si cette distance sur le canapé était pire que les six mille cinq cent quarante-six kilomètres dont tu as compté chaque centimètre ?
Et si soixante centimètres c’était le vrai fossé ?
Et si ?

Y a pas de ‘et si’.
Au moins quand tu étais loin tu avais la confortable illusion qu’il n’y avait que de la géographie qui s’opposait à vous, qu’il ne t’en voulait que parce que tu n’étais pas là, que le fil tenait toujours, que tu avais juste du mal à le voir à travers l’océan. Au final un continent de latence c’est pas si compliqué. Y a pas de ‘et si’. Ces coussins miteux c’est un abîme qui te donne envie de plonger dans les Mariannes plutôt que de l’affronter. Ce putain de canapé c’est la fin de tout c’est des galaxies d’éloignement, un infini qui t’effraie plus encore que toute la noirceur de cet univers. Toutes les caves du monde pour que ces quelques centimètres ne soient plus infranchissables.

Sa voix a changé. C’est à peine perceptible, c’est comme un grain. La clope peut-être, ou tous les coups qu’il s’est pris. Autre chose sinon. Tu sais pas. T’as jamais vraiment réussi à deviner les choses, lire les gens, quand on grandit seul dans une maison c’est difficile d’en faire un talent. Mais lui si. Chaque mouvement, chaque mot, chaque tressaillement, chaque tic. Lui c’est un bouquin que tu pourrais lire les yeux fermés. Mais il ne te donne rien et ça te rend dingue. Comme si une personne différente était assise là, trop loin, trop près.

Des années que tu es la seule à parler mais ça n’a pas toujours été comme ça, vous n’avez pas vraiment parlé plus l’un que l’autre, pas bavards. Le silence c’est pas un problème. Le silence c’est pas censé être un problème. Pourquoi ça te vrille la tête alors ? Pourquoi tu veux le briser ? Pourquoi tu veux lui raconter plein de trucs insignifiants, inutiles, toutes ces choses que tu t’es retenue de lui laisser par message parce qu’il ne les méritait pas ? Est-ce qu’elles valent vraiment la peine d’être racontées ? Tout pour sauver ce moment. Faux. Tout pour ne pas céder, ne pas offrir sur un plateau la satisfaction de te voir revenir boîter à ses pieds. Tu m’auras pas, tu m’auras pas, tu m’auras pas, tu m’as déjà eue. Comment tu aurais pu savoir toi que ce jour où tu l’as fait sortir de l’averse il accrocherait une griffe dans ton sternum, trop profondément ancrée, que tes chairs cicatriseraient autour, que tu ne pourrais jamais la retirer.

C’est toi qui cède, comme à chaque fois, c’est toi qui laisses percer ta voix, qui décides de vomir sur les rancœurs. La fierté c’est rien au fond, il y a des choses pour laquelle tu la vendrais au rabais. Enfin. Il y a une chose pour laquelle tu la vendrais au rabais. Une putain de personne. Alors tu le fais.
Sa réponse tu en ris doucement mais bordel le cœur y est. Comme un espoir. Comme un gouffre moins insurmontable.
Mais il faut que tu demandes, que tu t’assures que toutes les paroles de ton bourreau n’étaient pas qu’un ignoble mensonge. Une bonne fois pour toute la fumée manque d’assassiner Seven. Le complot échoue, il respire encore. Attends encore quelques dizaines d’années, tout vient à point au cancer qui sait attendre. Toi ce sera l’infarctus si j’en crois la façon dont ton cœur se serre. Finalement t’aurais sans doute dû rien dire. Une pique de moins dans l’échine du taureau. « Pourquoi tu m'demandes ça ? » Je sais pas pourquoi ça t’étonne encore, tu ne devrais plus être surprise de te prendre des claques comme ça, tu en sens à peine la morsure contre tes organes internes. « Pourquoi j'le connaitrais hein ? Il t'a dit quoi ? » Les choses s’éclairent. Tu sais pas tu comprends pas ce qui s’est passé mais putain c’est plus que juste de la haine unilatérale. Comme sur un animal tu sens sa peur, l’électricité au fond de sa voix. Qu’est-ce qu’il t’a fait à toi ? Tu lui lances un regard vide.

« Mais parle putain ! » Faudrait savoir non ?
Il était pas comme ça avant. Jamais. Tu pensais le connaître par cœur. Ouais. Mais. T’es partie. Comme une impression d’ongles qui griffent les parois de tes poumons, un gémissement qui cherche à s’échapper. Sa colère est une vague et tu as oublié comment nager en-dessous, comment l’éviter, tu te laisses submerger. Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Un air de chien fou dans les yeux de Seven, d’animal qu’on a poussé au bord de la falaise. Presque aussi douloureux que ce que l’autre t’a fait. Presque. Alors tu te renfermes autour de ta cage thoracique, brièvement tu laisses tes pupilles erre contre les siennes. Quelque chose que tu n’arrives pas à cacher un instant, la peur, la douleur, ce qu’il t’a arraché. Et c’est toi qui fuis ses iris.

« Calme toi putain ça va. »
Mensonge. Une latte.
« Il a rien dit, juste qu’il te connaissait. »
Vérité. Une latte.
« T’énerve pas comme ça t’es lourd. » On dirait ton père. Une latte.
Plus vraiment envie de lui parler finalement, pas de ça en tout cas, c’était une idée de merde. Ce serait pas la première fois. Frénétiquement tu tires sur le joint, essaies de n’écouter que le grésillement du papier, de sentir au plus vite la brûlure contre tes doigts. Ça n’arrivera pas assez vite, tu t’en seras fait tourner la tête avant de l’avoir fini si tu continues. Inutile. Futile. Ridicule. Une seconde ta main droite se met à trembler, alors tu la bloques contre toi. Putain. Ça aurait dû être facile, comme retrouver le chemin de la maison. Mais y a cette putain de distance sur le canapé, chaque émotion arrive avec un train de retard. Alors tu soupires. Inspires, comme une goulée pour éviter la noyade. Plongeon. Doucement, maladroitement, douloureusement, tu te décales. Un bras contre le sien. Pas de mouvement. Comme avant. Ah, mensonge. Une latte.
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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyMer 15 Nov - 14:08

« Calme toi putain ça va. » Bien sûr que non ça va pas – y a son cœur qui tambourine, son sang qui chauffe jusqu'à le cramer de l'intérieur. Il voit cette façon qu'elle a de le regarder puis de détourner les yeux, le vide au fond de ses prunelles comme si elle savait plus quoi penser. Il s'en fout. Ça gratte ça brûle ça fait mal, elle a enfoncé le doigt dans une plaie mal refermée, déjà trop infectée. Il a beau essayer d'la recoudre elle s'ouvre encore et encore, ça suinte, c'est qu'une foutue gangrène et il finira par devoir s'amputer il le sait. « Il a rien dit, juste qu’il te connaissait. » Il a la gorge nouée, l'estomac retourné. C'est rien mais c'est déjà trop – ça veut dire qu'elle l'a vu, qu'elle lui a parlé, que c'est son prénom qui a été évoqué. Pourquoi ils ont parlé de lui ? Pourquoi il a dit ça putain ? « Mais c'est quoi c'délire ? Tu l'connais d'où ce connard ? » Sa voix qui continue de vibrer sous sa rage et sa nervosité, ses muscles qui se tendent, ses mâchoires qui se contractent. Son corps proteste ; c'est trop de choses en même temps. Ça fait un mal de chien mais tant pis, ça sera jamais pire que tout ce qu'ils se sont fait subir, Seven et lui.

« T’énerve pas comme ça t’es lourd. » Et il voudrait rire, il voudrait lui dire qu'elle sait rien, qu'elle comprend pas.
Y a rien qui sort.

Il arrive même pas à demander pourquoi elle lui dit ça, pourquoi ils ont parlé de lui, pourquoi ils se sont parlé tout court. « Va t'faire foutre. » Il tire une latte, longue, profonde. Inspire expire, panique pas. « J'veux pas savoir. » Il ment, il veut mais il a pas la force de gérer ça, pas là, pas maintenant. « Me parle plus jamais d'lui, t'entends ? Et laissez-moi en dehors de vos trucs. » Il aimerait juste qu'on lui foute la paix, qu'on arrête de s'acharner. Il veut plus être confronté à tout ça, à lui, à eux. Il veut oublier mais Siam lui a tout renvoyé en pleine gueule, les images qui l'assaillent, chaque geste encore ancré dans ses cellules – c'est douloureux.

Il se tait, se concentre sur sa respiration, ferme les yeux.

Il va bien. Peadar n'a pas réussi à l'tuer, il est sorti de l'hôpital, il s'est relevé.
Il va bien. Sam ne l'a pas achevé non plus, il oubliera ce qu'il a vu, il dira rien ; il veut y croire.
Il va bien. JJ est loin, leurs routes se croiseront plus jusqu'à la mort, il ira seulement pisser sur sa tombe.
Il va bien. Il pense plus à eux, ni aux pleurs d'Anca, ni aux suppliques de Jael, ni aux tressauts de Nur.
Il va bien. Il va bien, putain.

Le mouvement à ses côtés, la silhouette de Siam qu'il devine s'être rapprochée. Son bras contre le sien, il bouge pas. Il reste comme ça un instant, paupières closes et tête baissée, essayant encore de se convaincre que tout est terminé, le pire est passé. Il pourra pas tomber plus bas, maintenant il a plus qu'à remonter.

Et Siam qui est là, Siam revenue le hanter comme si elle l'avait pas assez harcelé ces trois dernières années. Il pensait qu'il la verrait plus jamais. Il s'y était fait, il l'avait accepté. Pourquoi faut qu'elle vienne tout gâcher ? « Tu veux quoi ? » Ça sort de nulle part mais cette fois il est pas agressif, juste fatigué. Lassé, lessivé. Son regard éteint quand il le plonge finalement dans le sien. « T'es pas venue pour rattraper le bon vieux temps et j'ai pas qu'ça à foutre, alors crache le morceau. Pourquoi tu t'es pointée ici ? » C'est qu'elle attend forcément quelque chose de lui – de toute façon c'est comme ça que marche. Dans la vie rien n'est gratuit, tout fonctionne par échange de bons procédés il en est persuadé, c'est comme ça qu'il avance. Si elle est là c'est qu'elle a besoin d'un truc, mais il veut rien lui céder. Il a toujours été meilleur pour prendre que pour donner. C'est p't'être pour ça qu'il se fait constamment piller, dépouiller, dévaster. P't'être que c'est un juste retour des choses – il l'a mérité.
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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyVen 17 Nov - 18:44

T’aurais pas dû lancer le sujet, tu ne te doutais pas d’à quel point ça t’arracherait la gueule de parler de l’autre taré comme si c’était une vague connaissance, comme si tu l’avais croisé dans un bar et que vous aviez discuté autour d’un verre, pire, comme si c’était un pote. Une impression qu’il t’a laissé une capsule de cyanure entre deux dents et qu’elle fuit, que peu à peu elle va te tuer, qu’à chaque mensonge le poison se répand un peu plus. Tu ne serais même pas étonnée si place d’hématomes c’était une toile de veines noires qui progressait sur ton visage, trahissant la supercherie. « Mais c'est quoi c'délire ? Tu l'connais d'où ce connard ? » Pas envie d’inventer une autre excuse, pas envie de mourir un peu plus. Tu ne sais même plus pourquoi t’as posé la bombe sur la table. Peut-être que tout ce que tu voulais c’était des infos, peut-être qu’au final tu veux le retrouver, lui écharper la gueule à coup de couteaux, lui tirer des balles dans les chevilles, lui arracher son grand sourire de malade. Peut-être que tu voulais savoir, pour pouvoir te venger, mais t’es plus sûre. Plus sûre de vouloir savoir, plus sûre d’avoir la possibilité de te retrouver encore devant ces yeux. T’as pas le courage, c’est putain de lâche mais c’est comme ça, tu t’es jetée tête la première dans un sujet qui dépasse tout ce que tu peux supporter. Et tout ce qu’il peut encaisser.

« Va t'faire foutre. » C’est facile ça putain. Pas besoin d’effort pour t’envoyer valdinguer dans un coin, choisir le déni. Mais il fait bien, c’était pas trop tôt. Le soupir qui t’échappe est aussi exaspéré que soulagé. « J'veux pas savoir. » Toi non plus. Tu voudrais en tout cas. « Me parle plus jamais d'lui, t'entends ? Et laissez-moi en dehors de vos trucs. » Pas de problème, si t’avais suivi le conseil plus tôt tu serais peut-être pas dans cet état. Si t’avais pas gueulé son nom comme une abrutie, vestige d’un réflexe que ton cerveau a pas réussi à éradiquer, t’en serais pas là.

Peut-être que c’est sa faute, que tu t’es retrouvée collatéral de ce que les deux ont bien pu se mettre dans les genoux. Vainement t’essaies de trouver une raison à tout ça, un responsable, mais les accusations ne collent jamais, on en revient toujours au même tandem. Entre toi et son pote c’est parfois difficile de discerner qui est à l’origine de ce déferlement de furie. T’aurais pu te défendre.
T’aurais pu fermer ta gueule.
Si t’avais juste dit ouais promis, ouais j’dis rien je jure, tu serais rentrée chez toi avec juste une entorse.
T’aurais pas l’impression de sentir encore son souffle contre ton oreille, son murmure incessant.

Le silence n’est pas assez silencieux, sa voix résonne encore dans ta tête quand dans les murs vides de la bâtisse en béton. Il n’y a pas que la douleur qui t’empêche de dormir. Le vide a toujours été ton refuge il est maintenant ton calvaire.
C’est ridicule pourquoi t’es là ? Tu t’attendais à ce qu’il vienne te sauver de l’obscurité dans ce coffre, il ne l’a pas fait. Pourquoi crois-tu un seul instant qu’il pourrait te sauver de la solitude ? Sans doute que tu peux tirer une croix définitive sur toute possibilité de recevoir de l’aide de sa part. Ton cerveau n’intègre pas l’info, ça fait comme un bug dans ta matrice, un refus de comprendre, un déni. Tu ne veux rien de plus que croire encore un peu que tout n’est pas perdu.
« Tu veux quoi ? » Que tu me parles. De n’importe quoi, n’importe qui, tu veux entendre sa voix et pas celle de l’autre, te noyer dans ce qu’il pourrait raconter. Mais il a jamais été assez bavard. « T'es pas venue pour rattraper le bon vieux temps et j'ai pas qu'ça à foutre, alors crache le morceau. Pourquoi tu t'es pointée ici ? »

Et si t’étais vraiment venue rattraper le bon vieux temps ? Pourquoi il croit que t’es revenue au pays ? Pas pour ta famille ça c’est sûr. La vérité c’est que t’as rien à Savannah à part lui. La vérité c’est que tu n’as rien nulle part. « J’ai besoin d’un endroit où crécher. » Pas que ça l’ait jamais dérangé avant mais tu doutes recevoir de lui une réponse positive aujourd’hui. Tant pis tu resteras quand même. « Avec le local que j’ai acheté et les prêts que j’ai à rembourser j’ai pas de quoi me payer un loyer. Et j’peux plus dormir dans mon bureau avec… » Tu désignes l’espèce de masse violacée qui te sert de cheville et la jointure qui a bien du mal à remplir sa fonction d’épaule. T’essaies de rendre ton appel à l’aide le moins virulent possible, de faire comme si t’en avais pas vraiment besoin, que ce serait juste pratique.

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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyDim 26 Nov - 18:10

« J’ai besoin d’un endroit où crécher. » Ça l'fait ricaner une énième fois – l'envie de lâcher un j'le savais et puis un va crever. Pourtant il la ferme, il la regarde même pas alors qu'il se fout ouvertement de sa gueule, le rire qui dégouline de mépris et de venin, putain ce qu'il a l'air hautain. « Avec le local que j’ai acheté et les prêts que j’ai à rembourser j’ai pas de quoi me payer un loyer. Et j’peux plus dormir dans mon bureau avec... » Elle lui montre sa cheville et il se marre de plus belle mais c'est vide c'est froid c'est mordant. Il savait qu'elle venait pas innocemment, personne n'le fait jamais ; lui le premier. Alors c'est hypocrite de trouver ça aussi détestable, de sentir la rage et la haine s'remettre à bouillir tout ça parce qu'elle vient lui demander son aide. C'est stupide mais c'est plus fort que lui, comme s'il continuait d'être déçu en continu quand les autres tombent aussi bas que lui, quand il voit que tout l'monde a l'intérieur un peu pourri.

Pourtant y a une part de lui qui jubile.

Parce qu'il se sent fort il se sent grand, il lève le menton comme un conquérant. Trois ans qu'elle lui coure après, qu'elle le harcèle sans jamais se lasser parce qu'elle est pas foutue d'oublier, d'avancer, de l'effacer. Trois ans qu'il la trouve pathétique et elle vient le confirmer, parce que lui tout ce qu'il voit c'est une Siam venue ramper. Elle est en galère elle a mal elle sait pas quoi faire, et elle a personne d'autre vers qui se tourner. Ou peut-être que si, peut-être que c'est quand même lui qu'elle a choisi. Il en sait rien et il s'en fout : elle est là et elle s'en remet à lui. Elle a besoin d'lui et il peut choisir de l'épargner, comme il peut décider de l'écraser. Ça lui donne cette illusion de pouvoir, un truc sale et misérable, les miettes auxquelles il se raccroche pour se rassurer. S'il contrôle plus rien il aura toujours des gens qui traînent à ses pieds – ceux qui comptent sur lui pour avoir leur dose, ceux qui partent pas peu importe le mal qu'il fait, ceux qui espèrent encore trouver quelque chose au fond d'son cœur. Ça flatte son ego détraqué, à l'faire monter sur un trône de mensonges et d'ordures, des ruines sous ses pieds, sur sa tête une couronne d'épines.

Son sourire est mauvais quand il se tourne vers elle, quand il recommence à tirer sur la clope qu'il s'est accaparée comme si elle était sienne. « T'es venue me demander d'l'aide ? » Il se retient de rire, son regard plongé dans le sien. « À moi ? Vraiment ? » Pourtant elle le connaît mieux que beaucoup d'gens – elle devrait savoir qu'il est la dernière personne à qui faut demander un service. Rien n'est jamais gratuit avec lui, et il se nourrit de la moindre faiblesse perçue chez autrui. Siam fait pas exception à la règle. « Tu crois que j'fais dans la charité ? P't'être parce qu'on était potes y a longtemps ? Ou parce que j't'ai baisée une fois ? » Cette fois il éclate de rire et c'est dégueulasse c'est salaud, il retrouve son arrogance parce qu'elle a eu le malheur de lui donner l'ascendant. Il pense même plus à son squelette déglingué, aux douleurs qui continuent de le lancer. Y a plus rien qui compte quand il sent qu'il peut régner. « Donne-moi une seule bonne raison d'accepter. » Il en voit aucune. Il l'a rayée de sa vie quand elle est partie, et il a la rancune trop tenace pour effacer ce qu'il a pris comme un abandon. Les souvenirs de ce qu'ils ont été sont juste un clou enfoncé dans leur cercueil, une raison de plus de la rejeter et lui cracher à la gueule – tout ça c'est du passé, c'est mort et enterré. Leur amitié a explosé et il refuse de recoller les morceaux. Quand c'est brisé c'est terminé, il répare pas, il jette.

Et il la nargue un peu plus quand il souffle la fumée dans sa direction, ses griffes resserrées autour de la cigarette comme s'il comptait pas la lui rendre. Elle s'est jetée dans la gueule du loup et s'il est trop fatigué pour n'en faire qu'une bouchée, il la rongera petit à petit, morceau par morceau. Elle l'a blessé et maintenant qu'elle est là il va lui faire payer, maintenant qu'elle est au plus bas il a envie de l'écraser. Il joue le souverain alors qu'il est le premier à avoir touché le fond – s'il est roi de quelque chose il n'est que roi des cons.
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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyDim 10 Déc - 22:21

Ce rire que t’irais lui arracher au fond de la gorge, même si ça veut dire racler tes ongles contre sa trachée, sectionner ses cordes vocales. Ce rire qui coule comme un flot d’acide, éclabousse le sol et ta peau avec. Brûlure chimique, tu te recroquevilles. Brûlure diabolique, une impulsion au fond de tes entrailles de lui sauter au visage pour lui faire fermer sa gueule, pour lui faire regretter. C’est la tienne que tu fermes, tu sais pas vraiment pourquoi, garder ton honneur ou t’écraser comme un chien ; tu préfèrerais le premier bien sûr mais c’est pas ton choix. Qu’il s’étouffe dans ses éclats, qu’il se noie dans son sang après avoir succombé à leur tranchant. Tu ne veux rien lui offrir. Tu ne veux rien lui offrir mais en un sens tu le fais, tu baisses l’échine devant un monstre que tu n’avais encore jamais vu.

« T'es venue me demander d'l'aide ? » Un mépris digne de toi, la chute est dure quand on se trouve du mauvais côté de la vitre. « À moi ? Vraiment ? » C’est pour toi que je suis revenue bâtard. Et même si c’était pas pour lui, tu serais allée sonner à quelle porte ? Elles te sont toutes fermées, tu n’as jamais permis à qui que ce soit de te tendre la main ça ne fait pas beaucoup d’amis ce genre d’attitudes. Faut dire qu’avant tu n’en avais besoin que d’un, pas plus. Les temps changent, tu t’es pris les aiguilles de l’horloge en pleine gueule. Les eaux ont monté, bientôt tu seras trempée jusqu’à l’os, et puis tu te noieras, il faut l’accepter. Va falloir nager toute seule, t’as misé sur le mauvais cheval, va falloir survivre toute seule faut s’en rendre compte.

« Tu crois que j'fais dans la charité ? P't'être parce qu'on était potes y a longtemps ? Ou parce que j't'ai baisée une fois ? » Le problème de son attitude de tyran de pacotille c’est que tu vois à travers. Comme à travers du verre, elle t’entaille de toute part mais au fond ça ne marche pas. Pas vraiment. Ou bien tu vois à travers, où bien tu crois y voir ce que tu veux, le résultat sera le même jusqu’au jour où tu abandonneras. Tu te joins à son rire avec haine, mais doucement, parce que le tien c’est la bile de l’entendre résumer tout ça à avoir baisé une fois. Il y a longtemps, comme s’il entrait dans le dernier âge de sa vie et avait des réminiscences d’un temps antédiluvien, c’était trois ans seven pas vingt-cinq. « Tu faisais pas la charité même quand on était potes et je te l’ai jamais faite non plus, tu crois que je me suis fait griller le cerveau entre temps ? » Si ça lui plaît de faire comme s’il avait tout oublié et que les choses étaient perdues dans un gouffre, tu seras la mémoire d’éléphant, c’était peut-être pas à ça qu’avait pensé ta mère quand elle t’avait nommé mais ça fera l’affaire.

« Donne-moi une seule bonne raison d'accepter. » Parce que sinon y aura des gueules de cassées, un appart de saccagé, parce que t’es pas dans la vengeance mais que de temps en temps ça vaut le coup. Parce qu’il est tout ce que t’as. Mais ça, ça n’engage que toi, c’est pas suffisant, tu le sais bien. « Parce que même si tu refuses je resterai. » Force immuable tu as toujours été et resteras. Il ne risque pas de l’avoir oublié, il a écouté les messages. Inébranlable, ce ne sont pas trois ans ni un salaud avec quelque chose de dérangé dans sa tête qui vont changer ça. « T’façon c’est pas comme si t’allais réussir à me foutre dehors. » Au bal des estropiés il gagne la palme d’or et toi tu fais office de borgne au pays des aveugles. Il a failli crever en montant les escaliers il ne te les refera pas redescendre. Tu te redresses et écrases ton tonk dans l’objet non-identifié qui sert de cendar. Difficilement tu te lèves, lui faisant face avec le peu de dignité qu’il te reste mais toute la haine qui compense. « Alors maintenant tu vas arrêter de faire ton fils de pute comme si j’étais un des abrutis que t’arrives à terroriser, dis-toi que je me rendrai utile, et ça suffira bien. » Tu claudiques jusqu’à sa piaule où tu te laisses tomber sur le lit, plus éreintée par le combat que par les marches.
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MessageSujet: Re: homemade dynamite (skaven)   homemade dynamite (skaven) EmptyMer 13 Déc - 22:05

« Tu faisais pas la charité même quand on était potes et je te l’ai jamais faite non plus, tu crois que je me suis fait griller le cerveau entre temps ? » Il sait pas le doute est permis, après tout si elle s'est acharnée pendant trois ans c'est peut-être qu'un truc a explosé là-dedans – ce truc qui vous dit quand lâcher prise, quand cesser de courir après des chimères ou juste un con qui s'prend pour Cerbère.  « Alors tu m'connais, et tu sais que c'est non. » Elle le connaît oui et c'est sûrement là le cœur du problème. Il aimerait que ça ne soit pas le cas, il aimerait tout effacer tout oublier et surtout qu'elle n'ait pas à le voir dans cet état. Fracassé faible diminué. Pourtant malgré les os brisés il tient bon, il n'hésite pas quand il dit non. Parce qu'il veut pas lui rendre service, il veut rien partager avec elle, plus jamais. Ça s'est fini quand elle s'est barrée et tant pis pour les rires la confiance la complicité, tout a volé en éclats les morceaux ne se recolleront pas. Pourtant il comprend pas. Elle espère pas sa charité alors elle veut quoi ? C'est pas comme si elle avait quoi qu'ce soit à lui offrir, si elle est là c'est qu'elle n'a plus une thune et il doute qu'elle ait autre chose qui puisse l'intéresser. Plus maintenant.

« Parce que même si tu refuses je resterai. » C'est ni une question ni une menace, rien d'autre qu'une affirmation pure et dure, comme s'il n'était pas permis d'en douter. Il voudrait la dégager. « T’façon c’est pas comme si t’allais réussir à me foutre dehors. » Elle a raison. Tout ce qu'il peut faire c'est brandir son majeur.

Il voudrait la forcer à la fermer, il voudrait la foutre dehors et fermer à clé, s'assurer qu'elle ne reviendra plus jamais le hanter.

Il sait que ça n'servirait à rien – elle trouverait un moyen de rester dans sa vie, comme elle l'a fait en le harcelant de messages pendant trois ans putain, trois ans c'est long beaucoup trop long. Pourtant ça lui a pas suffi pour digérer, pardonner, tourner la page. Faut croire qu'il sait pas faire Seven, il est bon qu'à ruminer le passé et le ressortir à la gueule des concernés, capable de les torturer pendant une éternité pour être sûr de tout leur faire payer. « Tu m'casses les couilles. » Il aime pas avoir tort, surtout quand il peut pas faire semblant. Il peut pas lui prouver le contraire, il a déjà mal rien qu'en étant assis à tirer sur sa foutue clope. Il est voué à l'écouter et ça lui donne un peu envie de hurler. Elle est là, elle est vraiment là et à chaque œillade en coin y a un truc qui se tord en lui. P't'être parce qu'il a cru qu'il ne la verrait plus, et que là encore elle lui prouve combien il s'est trompé.

Elle se lève et tout ce qu'il peut faire c'est la regarder, ses yeux qui crament les siens alors qu'elle refuse de le laisser l'écraser. « Alors maintenant tu vas arrêter de faire ton fils de pute comme si j’étais un des abrutis que t’arrives à terroriser, dis-toi que je me rendrai utile, et ça suffira bien. » Toute illusion de pouvoir s'évapore alors qu'elle lui rappelle qui elle est qui ils sont, elle est peut-être venue ramper mais il l'a jamais impressionnée il le sait – il a juste voulu croire que ça avait changé. Parce que lui a changé, parce qu'il est devenu la caricature de tout ce qu'il ne voulait pas être, tout ce qu'il fuyait. Parce qu'il aurait préféré pouvoir la broyer jusqu'à ce qu'elle décide de se barrer plutôt qu'être forcé de l'affronter. Mais quand elle claudique jusqu'à la chambre il sait que cette partie est perdue, il sait qu'il est pas en état de renverser la tendance. Quand il se lève à son tour il grince des dents, quand il la rejoint en titubant il a les poings crispés. Sa carcasse qui se cale contre le chambranle de la porte, ses os qui menacent de céder à tout instant, son regard qui la fusille. Il la hait parce qu'elle prend trop de place, parce qu'elle ne le laisse pas l'atteindre, parce qu'elle n'a pas peur même quand elle est à terre. Il la hait parce qu'elle a gagné.

« Une nuit, après tu dégages. »
Il serre les dents. Ils savent tous les deux qu'il ment.

( RP TERMINÉ )
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