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| Hitch your wagon to a star (Siam) | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Hitch your wagon to a star (Siam) Sam 7 Oct - 17:04 | |
| Aujourd'hui c'est dimanche. La boutique du Troisième Œil est fermée et toi, tu reste enfermé au sous-sol. Pas de passages de clients, pas de faux-semblants ni même de gamine rousses à supporter des heures durant. T'es peinard. Le dimanche, tu continues quand même de taffer, qu'ce soit du côté mécano ou du côté plus sale de la chose; entre deux flexions, parce que tes haltères ne t'quittent jamais vraiment.
Joint au bec, t'es même pas encore sorti du pieu, et pourtant tu sais bien qu'là-haut tout le monde a déjà graillé. C'est l'après-midi, mais t'en as putain de rien à foutre. C'est pas vraiment ton problème, et si t'arrives à passer la journée sans sortir de là avant ce soir, tu seras bien heureux. Parce que ouais, faut quand même l'avouer, ça te ferait chier d'pas saluer Diamond, ou même Madame. Parce qu'elles sont des meufs que tu respectes, contrairement à Gengis. Et puis Bambi... c'est Bambi. Toujours muette. Toujours effacée. Elle casse les couilles de personne et t'fera jamais de scène pour c'genre d'inattention. Une brave fille, quoi.
Et d'l'autre côté t'as Ken. Ken qui t'envoie des snaps caca, parce que ça l'fait kiffer d'se prendre en photo en train d'pousser sur l'trône. T'as l'habitude, tu lui réponds qu'il est con. Mais au fond ça t'fait plaisir de lui parler, même via un écran, même s'il n'est qu'à quelques mètres de toi. Parce que c'est Ken et pas un autre. Et puis surtout, il est pas chiant. Il sait très bien que le dimanche faut pas t'faire chier, et il a toujours su respecter ça.
Mais faut croire qu'c'est pas le cas de tout le monde.
Ça l'est pas parce que ton téléphone sonne, affichant un numéro qu't'as jamais vu auparavant. Et machinalement, tu raccroches. Qu'ils aillent au Diable. Seulement, il continue de vibrer, de sonner, et même si t'es tenté de juste l'éteindre, de bloquer le numéro appelant, ou même de le balancer contre un mur, tu soupires un bon coup. On sait jamais, c'est peut-être abuela qui a un problème, et qui n'a pas accès à son téléphone. « Ouais ? » A l'autre bout, une voix de meuf. Jeune. Pas abuela, donc. Tu sais pas vraiment si elle est à crans ou juste aussi blasée qu'toi, mais tu comprends aux premières secondes que t'as pas affaire à une Medbh numéro 2. Pas de miel accroché aux lèvres, pas de sous-entendus, aucun mot chantant, juste la voix d'une meuf qui sait ce qu'elle veut. « Ouais, c'est moi. Et j'peux savoir qui t'a filé mon numéro ? » Pas un pote en tout cas. Parce qu'aucun pote ne donnerait ton numéro de téléphone sans préciser au préalable de pas t'faire chier le dimanche. Et tu râles d'une voix cotonneuse, la faute à la fumée qui s'échappe d'entre tes lèvres. « J'arrive. Tu m'expliqueras ça sur place ok ? Adiós. » Encore heureux qu'elle te balance l'adresse, parce que t'en as rien à foutre du blabla et que t'étais prêt à raccrocher sans même t'en inquiéter. La tête dans le chou à cause de Marie-Jeanne. Tu te redresses, tirant encore un peu sur ton joint, la tête embuée de fumée, parce qu'elle n'a pas d'échappatoire ici-bas.
Sérieux, si elle avait été un mec, t'aurais même pas pris la peine de bouger ton cul de ton matelas. Les mecs peuvent bien attendre lundi, comme tout le monde. Mais là, agrippé à ta bécane, tu défies le vent; parce qu'il a décidé de souffler aujourd'hui, et qu'c'est au fond la meilleure sensation qui soi. Seulement t'en profites pas assez, parce que la gonz taffe (même le dimanche, sérieux?) juste en bordure de la ville. Elle t'attend avec l'air de se faire chier à mourir, les bras croisé sous sa poitrine et c'est à peine si elle décoche un sourire quand tu la salue. M'ouais. T'as l'habitude des petites geignardes. Rien de bien grave.
Moteur éteint, tu tires un coup sur l'élastique de tes cheveux, parce qu'il est détendu et qu'il résiste pas vraiment à la vitesse. Et dans le coffre, tu soulèves ta boite à outils, à l'air au moins aussi lourde que ta bécane elle-même. « Alors, où est la bête ? » Sous tes yeux, Chief. Seulement, qui pourrait seulement imaginer que quelqu'un puisse encore rouler dans une carcasse pareille ?
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Hitch your wagon to a star (Siam) Dim 22 Oct - 19:21 | |
| Aujourd’hui c’est dimanche mais ça ne t’arrête pas. Quand on est son propre patron on fait bien un peu ce qu’on veut, on se fout des lois du travail, on peut ne rien foutre toute la semaine et être au boulot quatre-vingts heures la semaine suivante. C’est peu conseillé certes mais techniquement on peut. Et être techniquement correct est la meilleure façon d’avoir raison. Bref. Le repos dominical, t’en as autant quelque chose à foutre que les grands patrons des chaînes de supermarché. C’est-à dire qu’à ce sujet les couilles sont battues, voilà. Tu as bien prévu de continuer à travailler sur la commande que t’a passée le cinéma et de songer à d’autres projets. Puis tu voudrais échapper à l’ambiance étrange qui flotte dans l’appartement de Seven. Il n’est pas énormément là mais éclopé comme il l’est vous passez trop de temps à ne pas savoir quoi vous dire. Tu ne pensais pas un jour avoir à fuir sa présence. Quant à son absence elle n’est guère plus salutaire, si tu es familière des logis vides et que cela ne t’a jamais dérangé avant, la solitude est bien moins supportable lorsque l’ombre de ton ami flotte dans chaque recoin de chaque pièce. Impossible de s’en détacher, impossible d’oublier la distance. Mieux vaut te réfugier à la forge. Là quand les flammes ronronnent et que le métal siffle, là quand le marteau mécanique s’abat dans un va-et-vient infernal, la chaleur et le vacarme noient toute réflexion. Ne restent que toi et cet embryon d’épée, ce but à atteindre. Les gouttes ruissellent le long de ton front et de ton dos, ton débardeur se transforme en test de rorschach, ton épaule te rappelle sans cesse qu’elle n’est pas censée être dans une attelle parce que c’est à la mode. Pourtant c’est libérateur le travail physique bordel, sentiment d’accomplissement, juste à se concentrer sur la tâche et oublier certains connards et autres problèmes.
Levée trop tôt, déjà cinq heures de travail abattues alors que le soleil a à peine dépassé son zénith. Les muscles qui protestent, l’estomac qui crie famine. La lame est formée, tu la poliras plus tard, c’est une question de dalle là. Hors de la grange où tu travailles, dans le local où ton bureau est établi, le Graal, le frigo. Vachement moins arthurien quand il est vide non ?
Malédiction. Trahison. Disgrâce. Ô rage. Ô désespoir. (KHAAAAAAAAAAAN)
Des centaines de mots, un sentiment, celui de la fatalité, de la vie qui se fout de ta gueule. Tragédie grecque ou plus proche de clerks, c’est à voir. Ton royaume pour un cheeseburger. Tu devras faire sang. Tu t’apprêtes à retourner au travail mais c’est une rébellion à grands cris dans ton estomac. Et putain. Bon, l’épée attendra, tu la poliras demain. Ou un autre jour. Tu éteins toutes les machines, ranges le matériel, agrémentes la porte de la grange des trois cadenas et deux chaînes en acier qui lui vont si bien. Tant pis pour la productivité, l’appel de KFC se fait entendre jusqu’à cette campagne. Plus dégoulinante mais portant toujours tes vêtements trempés et le sensation poisseuse de l’effort sur ta peau, tu te laisses tomber dans le siège conducteur de ta skoda avec un soupir profond.
Contact, allumage du monteur. Calage. Contact, allumage du moteur. Calage. Allumage du moteur on a dit putain. Contact. Allumage du moteur. Instant suspendu de satisfaction. Pétarade. Toute vibration cesse et une fumée épaisse commence à filtrer de sous le capot. « Merde merde merde putain chiottes ! » En vitesse tu sors de la bagnole et ouvre le capot mais à part te faire cracher tes poumons ça ne sert à rien. Les moteurs tu n’y connais rien. La fumée s’estompe mais le mal est fait. T’es coincée là, à de trop nombreux kilomètres du KFC le plus proche. Tout ce que tu voulais c’était la douce étreinte du Colonel Sanders putain. La tragédie tisse sa toile. Tu te souviens cependant qu’on t’a mentionné un mec qui travaillait sur les bagnoles pour pas cher et qui faisait un bon boulot. Un coup de fil et ton maître d’armes te file le numéro, n’insistant pas pour tailler une bavette vu le ton que tu lui rends. Il est temps d’appeler ce miracle.
Sonnerie dans le vide, sonnerie dans le vide et… Oh ce bâtard. Il a raccroché. La messagerie commence à te faire son laïus mais tu n’abandonneras pas. Tu rappelles. Et tu rappelleras jusqu’à-ce qu’il se mette une balle dans le crâne pour t’éviter ou qu’il décroche. Il décroche. Sage homme. Il ne te faut pas longtemps pour lui expliquer ton problème – parce que tu ne sais pas ce que c’est donc une description rapide est le mieux que tu puisses faire – mais tu élucides la question de l’informateur. Tu n’es pas une balance. Enfin, tu jetterais parfaitement ton maître d’armes sous un train si ça servait tes intérêts mais en l’occurrence ça ne vaut rien pour toi. Heureusement, l’inconnu accepte de se déplacer.
En attendant son arrivée tu fumes clope sur clope, assise dans le bureau face à une paperasse qui te dépasse et des chiffres qui te donnent envie de mettre ta tête sous le marteau. Vivement que Benjamin t’aide. Puis le moteur d’une moto se fait entendre et tu sors à sa rencontre. Le voilà, sorti droit d’un film, sur sa grosse bécane, crinière au vent, lunettes de soleil, le look qui dit ‘je suis un bad boy mais je tuerai quiconque essaie de te toucher bébé’. Mais tout ce que tu espères ce n’est pas qu’il soit célibataire, c’est qu’il sache effectivement réparer les voitures. Sinon cette beauté ne servira à rien. Claudiquant sur ton plâtre tu te diriges en silence vers lui et lui tends la paluche gauche pour une poignée de mains puisque tu as remis l’attelle sur l’épaule droite. Parce que quand même le mec s’est déplacé un dimanche hors de la ville, tu ne vas pas lui cracher dessus. « Merci d’être venu. » Maintenant sortez-moi de là.
Monsieur montre ses muscles avec sa grosse boîte à outils. « Alors, où est la bête ? » Ah, monsieur a oublié de développer le muscle qui se trouve dans sa boîte crânienne. Circonspecte, tu hausses un sourcil. Tu ne savais pas que ta bagnole avait l’option camouflage. Tu la pointes du doigt nonchalamment. « Ben là, ça se voit pas ? »
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