La porte claque. Bruit violent a quelques centimètres de ton nez, sourire amusée sur les lèvres. T'as la main qui palpe la poche de ta veste, trop fière du butin volée avant de te faire renvoyer dehors. T'as déjà la clope au bec en t'engouffrant dans l'air frais. retour du chien errant. T'en reviens toujours là Baya, chercher le gîte et le couvert, gamine de nulle part qui s'incruste partout. Le nez qui se fronce, le pied qui tape sur le sol en examinant les possibilités. Bref soupire pour marquer l'ennui. La solitude en pire ennemi. T'as jamais aimé ça, le silence et le vide, l'air frais qui mord ta peau dans la nuit noir pour te rappeler que t'as rien. T'as personne. Y a que toi et le froid. Pathétique a outrance. Silence. Pas un bruit. Pas une respiration. Y a que la nuit et des pensées volages. La solitude et l'ennui. Y a déjà l'irritation qui te prend aux tripes, face à ta vie qui tourne en rond, t'as besoin d'occupations, d'un truc qui t'empêche de réfléchir, de quelqu'un qui te fera oublier tout ce que t'es incapable d'apprécier dans ce vieux monde. cinq minutes. ça suffit pour trouver un plan B. une, t'observe le quartier du city market comme si tu cherchais un chemin lumineux pour te mener là ou tu serais le mieux. deux, t'es arrivée devant l'immeuble comme si t'y venais souvent. Peut-être trop d'ailleurs. trois t'as fini la cancéreuse en soupesant le pour et le contre. Mais y a jamais rien qui va a l'encontre de ta propre moral. Y avait que des pour. quatre t'écrases le mégot et tu gravis les marches menant au bon palier sans fait l'effort d’éviter de trop claquer des pieds. cinq Le poing tape la porte. Silence. C'est le pied qui bat en rythme le sol en attendant une réaction qui vient trop lentement. Le monde va pas a ton rythme, Baya, toujours trop lent, toujours trop vite. Y a rien qui va, rien qui te conviens. T'es toujours à ce degré d'irritation qui flirte avec la rage sourde, le mécontentement qui frise les écarts de folie. Alors tu martèles plus fort la porte en bois, presque sûre de pouvoir la défoncer si tu continuais assez longtemps. Y a les échos des voisins ennuyés par ton arrivée en fanfare qui laissent l'écho de leurs voix perforés les murs et hurler des insanités. T'as envie de rire, t'as envie d'aller frapper a chacune de leur porte, leur cracher a la gueule, les écouter déblatérer des insultes, sourire. Sourire encore, juste pour les emmerder. Mais la porte s'ouvre et t'oublie que t'as envie de brûler le monde entier. pas ce soir. Un jour, mais pas ce soir. « J'te dérange? » Sourire éclatant d'hypocrisie, l'épaule qui se fraye déjà un passage dans l'appartement exiguë, le sac jeté à la volée juste derrière l'entrée. Sans embarrassée de politesses surjouées. Tu veux pas savoir comment elle va Soan, pas plus qu'elle s'inquiète de savoir comment tu peux aller toi. C'est pour ça que t'es là, c'est simple, si facile d'y venir sans avoir le poids de quelqu'un qui se demanderait comment tu fonctionnes. Tu te hisses sur le plan de travail de la cuisine, une assiette qu'elle était visiblement en train de manger que t'attrapes sans rien demander, picorant déjà la nourriture comme si on l'avait faite pour toi. « J'me suis fait virer. » Tu parles comme si ça allait l'intéresser. Mais même toi t'en a rien a faire dans le fond. Tu le dis juste pour combler le silence, pour meubler le mutisme, remplir les vide pour entendre la cacophonie qui rassure. Qui prouve qu'on est pas seul. Peut-être que t'évite aussi d'être trop désagréable, histoire que la brune incendiaire ait pas dans l'idée de te mettre dehors avant le levé du jour. avant que toi, tu l'es décidé. « Je squatte ici ce soir. » Et demain. Peut-être le jour d'après. Le temps de trouver de quoi te retourner, un nouveau pigeon a plumer, le temps de pas trop emmerder Jill, juste prendre un peu l'air avant de repartir en guerre. Tu lèves même pas la tête vers elle, tout t'es dû Baya. Tout même ce qui ne t'appartiens pas. Tu t'approprie chaque parcelle de ce monde qui t'intéresse un peu, qui t'es utile. Tu dépossèdes n'importe qui tant que t'y trouve ton compte. Elle le sait bien, Soan, t'as tenté de lui prendre un bout de son corps sous la forme d'un homme, t'as blessé juste par plaisir avant de te faire avoir. Toi aussi. Puis t'es là, à manger dans son assiette, a t'approprier son canapé pour la nuit, les boissons dans son frigo et les cochonneries dans ses placards. Tu t'approprie tout mais finalement, t'as jamais rien eu vraiment.
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Ven 3 Mar - 15:17
J'me plantais devant le miroir de la salle de bain, attentive à scruter le moindre détail du visage me faisant face. Deux yeux, un nez, une bouche. On était pas mal. Les prunelles en question se moiraient d'un dégradé de bleu puis de vert avant de finir en noisette félin. Les lèvres étaient pulpeuses, féminines à souhait. Le nez légèrement retroussé dans un froncement dubitatif. C'était ça que les photographes recherchaient? Un masque charmant à présenter pour vendre? Ils ne voyaient pas les aspirations qui brûlaient derrière, en tornade dévastatrice frustrée de ne pas être reconnue? Je me détournais, fatiguée de cette introspection. Épuisée. J'voulais oublier le temps d'une soirée les démêlées de mon cerveau, zapper toute cette merde. Je fouinais dans le programme de location de DVD avant d'arrêter mon choix sur un film d'horreur banal. Certainement une bouse mais qui aurait le mérite de me déconnecter un peu. J'avais revêtu un legging douteux et un Tshirt devenu trop petit depuis mon adolescence. Une tenue simple et douillette pour rester glander chez soi. Tranquillement. Enfin c'était mon programme jusqu'à ce que des coups retentissent contre le battant de ma porte. Je me figeais en plein élan, puis, alors que seul le silence continuait, reprenais le roulage religieux de mon joint. Mais de nouveaux tambourinements vinrent me tirer de ce doux rituel, me contraignant à abandonner le beau bébé sur ma table basse. "Ça va, pas la peine de défoncer la porte." grommelais-je tout bas. C'était pas comme si j'en avais quelque chose à foutre que les voisins viennent se plaindre. Entre ceux qui s'engueulaient tous les soirs, ceux qui baisaient tous les soirs et ceux avec des marmots sûrement désinscris de l'école pour mettre le boxon à n'importe qu'elle heure, ils pouvaient bien se la fermer. Avec appréhension, parce qu'un vacarme pareil ça annonçait jamais rien de bon, je tirais la poignée pour découvrir l'objet de mon dérangement. Et j'avais raison de me méfier. La silhouette longiligne se découpait dans les veilleuse du palier. Elle fleurait bon la nicotine et le jasmin, avec son visage dédaigneux mais si joli à contempler. Les ennuis personnifiés venaient de se matérialiser sur mon pas de porte, et entraient sans y être invités. "Salut." trouvais-je seulement à rétorquer, trop abasourdie par le sans-gêne évident. Je refermais derrière elle avant de reprendre contenance. Alors que Baya étendait ses longues jambes sur mon canapé en balançant un énorme fourre-tout dans un coin de mon salon. "Ça va je te dérange pas? C'est vraiment con que tu sois une simple mortelle, si t'avais été un vampire j'pourrais te refuser l'entrée ad vitam eternam." Ulcérée je me plantais devant elle, les poings sur les hanches et les yeux qui lançaient des éclairs. "Alors quoi, tu t'es faite virée de chez ton dernier pigeon? Et tu t'es dit que peut-être chez Soan c'était open house?" Ok, c'était un peu open house. Et ce qui m'énervait c'était qu'elle savait que je savais que j'étais incapable de la foutre dehors. Parce que si elle en était à venir squatter chez moi c'était qu'elle devait vraiment pas avoir d'autre option. Malgré l'envie pressante de l'immoler là, entre mes coussins à coup d'essence, j'allais accepter de mauvaise grâce ses caprices. Malgré le fait qu'elle ait mangé mes restes en alpaguant ce pauvre type de Jake, mon petit-ami officiel d'il y a quelques années. Malgré le fait que ce soit une profiteuse finie. Que je sois jalouse de sa beauté. Qu'elle me calcine mes paquets de clopes sans demander. Au lieu de la tirer par la tignasse pour la remettre dans la rue, je déclarais une trêve en me laissant tomber à côté d'elle. Je fis tournoyer le joint entre mes doigts fins pour finalement l'allumer. J'allais avoir besoin de plus d'un bâtonnet de détente à fumer pour les sombres heures à venir...
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Mar 7 Mar - 8:49
T'es une illusion, tout est poudre aux yeux. Baya l'éternelle indomptable emmurée dans une solitude qu'elle tente de combler en trouvant refuge chez tout ceux qui voudrait bien lui ouvrir la porte. Reine d'un monde vide de sens, vide même de vie. Puis tu te retrouves dans le canapé a demi confortable de celle qui t'a jamais vraiment apprécié, que t'a jamais trop aimé non plus. T'es là sans savoir pourquoi, sans le justifier, sans même le comprendre. c'est comme ça, voilà. Y a pas d'explications plus vrais venant de toi que celle qui affirme que tu fais, de toute façon, absolument ce que tu veux. Tâche sombre incrustée dans la blancheur des murs de ceux qui t'entourent, la marque indélébile qu'on s'évertue a ne plus voir, à faire disparaître. l'oeil sur l'écran et la fourchette dans la bouche, en train de contempler la télé comme si c'était chez toi, qui diffuse des images mal cadrées et des plans ensanglantés sans aucune crédibilité, tu poses même pas les yeux sur elle quand elle s'approche. « Tu cherches des idées pour me tuer? » Fourchette pointée sur l'écran avec l'éternel visage amusé que t'affiches avec tant de détachement, qui s'élargit quand elle ouvre la bouche. T'es l'obscurité dérangeante dans l'univers de tout ceux que tu touches, à casser tout ce qui est encore beau pour voir le monde aussi fêlé que ton âme. Soan elle a jamais fait exception, ça commence par une fêlure, par un truc que t'as cassé, briser, piétiné. T'as cherché l'absolution dans ton imposante fierté, des excuses dans les gestes chaque fois que t'as posé ton cul chez elle, sans jamais avoué que peut-être. peut-être bien que t'avais merdé. T’octroieras pourtant jamais le plaisir de lui faire savoir, tu te contentes de t'imposer dans sa vie comme tu t'étais imposé dans son histoire. Glorieux carnage. « chérie, j'te manque à la seconde ou je me casse de chez toi. T'es heureuse de me voir. » Le sourire carnassier qui s'élargit, les doigts qui martèlent l'accoudoir du canapé. « Tu veux bien te pousser maintenant ? T'es devant la télé là. » Fourchette a nouveau pointé sur un point derrière elle, l'écran caché par son corps. Jambe tendue vers elle pour passer sa jambe un peu sur le côté, sans aucune gêne. T'as aucun intérêt pour le mauvais film qu'elle a mit pourtant, le regard en coin qui scrute les mouvements de ses doigts qui roulent le joint qu'elle prépare comme si c'était le saint graal, affalée sur le canapé à côté de toi. T'as les yeux qui coulent un instant sur son corps, ses vêtements plutôt. « C'est quoi ces fringues? » Haussement de sourcil réprobateur, moue amusée sur les lèvres. Elle est naturellement belle Soan, avec ses yeux clairs de biche au aboie qui savent si bien lancer des éclairs, ses mots tranchant qui passent la barrière de ces lèvres. Elle a pas besoin de faire d'effort, pas beaucoup en tout cas. « T'as l'air d'une clocharde. » Le sourire s'aiguise, dévoile une rangée de dent prête à mordre à la moindre occasion, trop contente d'avoir lancée ta pique. Tu sais vivre que comme ça, irriter les gens, attiser les braises, faire exploser les flammes. Enfant puérile, capricieuse adolescente qui trouve son plaisir dans la colère d'autrui. Pathétisme ambiant. « C'est open house, tu m'as bien laissé rentrer. Entre nous t'aurais mieux fait d'éviter mais t'as jamais vraiment fait le poids face à moi de toute façon. Gamine vicieuse qui ose rappeler aux bons souvenirs d'une brune bafouée les instants d'une vie qu'elle a perdue. Dans leur combat puéril pour un mec stupide c'est elle qui en avait sans doute le plus pâtit, qu'est-ce que t'en avais a faire toi, qu'il reste ou qu'il parte ? T'étais juste là pour le plaisir éphémère d'une victoire insignifiante. T'as perdu finalement. Mais moins que Soan. Et y a cette infime part de toi perdu dans le tréfonds d'une âme mise en sourdine qui éprouve peut-être un ridicule remord quand tu regardes dans ses yeux clairs. Petite culpabilité que tu as besoin d'étouffer. « Tu veux un truc a boire ? » La politesse des hôtes qui n'en sont pas, comme si t'étais chez toi, t'ouvres les placards un à un jusqu'à trouver le graal, une bouteille et deux verres chopé en ouvrant une nouvelle porte. T'es presque sûr de pouvoir dormir dans le lit et la faire dormir sur le canapé si t'en avais envie, rien que pour le plaisir de t'approprier les lieux. L'idée laisse flotter un sourire aux coins de tes lèvres quand tu t'affales a nouveau a côté d'elle, remplissant les verres avant de descendre le tien en vitesse.
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Jeu 9 Mar - 19:29
J'pouvais pas m'empêcher de ricaner devant ses traits d'esprits. Je supportais pas la demoiselle, mais il fallait lui reconnaître de savoir me changer les idées. Baya venait parfois s'inviter dans mon intérieur sans prévenir, sans tenir compte d'aucune règle. De toute manière elle avait l'habitude de brûler n'importe quelle forme de contrat sans états d'âme. Elle se repaissait de la fumée qui s'en dégageait, délicieusement toxique. Alors d'accord, j'allais pas obtenir une soirée de tranquillité, mais elle prenait tellement de place, occupait tant tout l'espace par sa simple présence, qu'elle avait au moins le mérite d'accaparer toute mon attention. Évidemment j'préférais avaler une couleuvre plutôt que de le reconnaître. "Tu rêves éveillée ma pauvre. J'me demande juste combien de temps j'vais pouvoir te supporter cette fois-ci. J'devrais peut-être investir dans un doberman que je dresserais à chiquer tes mollets rachitiques." Boudeuse, je finissais par allumer mon joint d'une longue flamme avant de propulser la première bouffée droit dans son joli visage. Accompagné d'un haussement de sourcil dubitatif elle détailla mon accoutrement pré-dépressionnaire du bout des yeux. C'était certain qu'en comparaison d'elle, à qui même un sac poubelle passerait pour un vêtement de créateur, je brillais pas d'élégance. "La ferme, j'te signale que si je paye un loyer c'est pour pas avoir de compte à rendre sur ma façon de m'habiller." Baya souriait façon requin, toutes dents dehors, prête à arracher le moindre morceau d'estime qui pouvait traverser son champ de vision. J'essayais tant bien que mal de me reconcentrer sur le début du film. Le groupe de jeunes explorateurs avaient finis par entrer dans des catacombes mais se retrouvaient mystérieusement bloqués dans des couloirs sans issue avec l'impossibilité de faire marche arrière. Tiens, tiens... C'était pas sans me rappeler ma situation actuelle. Celle de rat de labo coincé dans un labyrinthe avec son minotaure personnel. Si ce n'était que le monstre mythologique n'était pas sensé parler alors que Baya ne se privait pas pour sortir des piques de mieux en mieux ajustées. "Chérie..." soupirais-je avec lassitude "A l'époque tu es parvenue à m'ôter d'un boulet, et pour ça c'est clair je t'en remercie. Jake était un abruti finis et un coureur de jupons notoire. Si ça avait pas été toi y en aurait eu une autre pour s'en charger. T'as juste été une allumeuse un peu plus efficace, voilà tout." L'arbitre imaginaire siffla le carton jaune et ordonna un temps mort. Le silence s'installa pendant quelques minutes, uniquement troublé par les hurlements de frayeurs des nanas claustrophobes à l'écran. Avec son sans-gêne caractéristique elle osa sans rougir me proposer à boire. Mais j'avais les nerfs solidement ancrés, et si n'importe qui lui aurait probablement hurlé de foutre le camp immédiatement je me contentais de répondre d'un air absent: "Ouais un jus d'ananas s'te plaît." J'avisais son air excédé alors qu'elle levait les yeux au ciel. "Quoi? Depuis le temps tu sais bien que j'évite de boire." Et c'était pas pour sa frimousse diaboliquement angélique que j'allais m'y mettre. Elle aurait beau me rabâcher que j'étais "une putain de coincée" et "une fille pas marrante" j'en avais rien à foutre. Je savais même plus si je lui avais déjà expliqué la raison. Probablement pas. Baya se fichait bien des problèmes du commun des mortels. Seule sur son Olympe y avait que le moment présent qui l'intéressait, qu'elle pompait jusqu'à la trame. Une philosophie qu'il m'arrivait d'envier: être un électron libre sans contraintes. Carpe diem et tout le bordel. Mais le reste du temps cela me faisait juste éprouver un vague à l'âme. Pas d'attaches physiques, même pas spirituelles, aucun chez-soi où pouvoir se poser. Condamner à planer parmi les nuages jusqu'à ce que l'épuisement entraîne la chute. Je m'amusais à projeter des ronds de fumée, la laissant fureter dans les placards. Moi et ma trop grande générosité on étaient prêtes à la laisser se percher ici pendant quelques temps. "J'ai faim. Tu fais à manger?" Mon ventre grognait depuis un moment déjà, mais défoncée comme je commençais à l'être y avait de grandes chances que je trouve juste la force de me verser un bol de céréales à engloutir devant le navet à l'écran.
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Lun 13 Mar - 16:38
Dans la définition foireuse que tu fais du terme, Soan c'est ton amie. Elle est chiante, fatigante, jamais d'accord avec toi, toujours a t'insupporter mais c'est ton amie. Ou quelque chose qui s'en rapproche, une personne que tu supportes. Une de ces quelques rares que tu rechignes pas à voir. Parce qu'elle s'en fout Soan, elle râle pas quand tu disparaît, elle te demande rien, se fiche bien de ta vie et répond a tes attaques parce que c'est ton jeu préféré. Elle l'avouera sans doute pas plus que toi, mais dans toute votre dimension conflictuel y a une affection désagréable qui vous lie. T'observes la flamme qui danse sur le bout du joint, qui consume le fin papier avant de disparaître. « Rachitique? » Haussement de sourcil et sourire amusé quand ton regard se porte sur les dit mollets, puis sur les siens. C'est certain, elle a des formes plus avantageuse que les tiennes, tu peux pas gagner sur tout les plans. « Apprend-moi Soan, Apprends-moi a être aussi sexy que toi, pitié. » Tu minaudes avec un ton railleur alors que tes doigts attrapent déjà le joint à peine entamé pour le porter à tes lèvres. Tu t'affales un peu plus dans le canapé inconfortable, ramène tes jambes sur les coussins, presque posé sur elle comme si t'étais chez toi, que t'avais le droit, que ça la dérangeait pas. Tu souffles la fumée et observe les volutes qui tournoient dans l'appartement exiguë, le sourire qui réapparaît sur les lèvres quand elle montre les crocs, crache un peu son venin. Riposte pour mieux t'amuser. « Je faisais juste un constat en toute amitié, détends-toi. » Les deux mains en l'air en signe ironique de reddition avant de lui rendre le joint, visiblement elle en a plus besoin que toi. Tu reportes toi aussi ton attention sur l'écran, des fois qu'il devienne intéressant puisque Soan, elle, décroche pas ses yeux du film. Pas même quand elle lâche un surnom mielleux dans un soupir consterné en se remémorant les bons souvenirs – et le très bon type – qui vous a conduit à être là, ce soir, comme bien d'autres avant et bien d'autres encore. « C'est pour ça que tu voulais le garder bec et ongles avant qu'il nous entube toutes les deux? » Tu fais mine de pas lui jeter un coup d'oeil, de rester fixé sur l'ecran, brin de sourire aux lèvres, comme si tu lui rappelais juste une bonne histoire drôle et pas un souvenir pathétique de vous deux, a faire les harpies pour mieux finir comme des connes. Tu te demandes encore ce qui t'as pris, sur l'instant. C'était marqué dans chaque trait de son visage pourtant, que ce mec était un connard, une source d'emmerdes intarissables. Rétrospectivement, c'est surtout de savoir qu'il avait une foutue bombe pour copine qui t'as donné envie de mettre en coup de pied dans leur merveilleuse histoire vacillante. Il en fallait peu, quelques sourires et des battements de cil. Mais t'as fermé les paupières trop longtemps et prince connard avait disparu en te laissant perdre et en laissant Soan tout aussi seule. Bilan du jeu : t'as gagné quand même, d'une certaine façon, bien plus que le confort éphémère que pouvait t'offrir un nouveau pigeon. « Un jus d'ananas? » Tu lèves les yeux au ciel. « T'évite de boire. Ok. Mais moi je sers aucun verre qui contiens pas d'alcool, c'est contre ma religion. » Alors forcément, celui que tu lui tends il a une jolie couleur de jus d'ananas dilué dans la vodka que t'avais dans ton sac, sourire poli et cynique sur les lèvres quand elle le prend avant de retourner fureter dans les placards, que t'ouvres, que tu claques. « J'suis pas ta mère Barlow. » Pourtant en même tant que tu lui réponds d'un ton acerbe t'attrapes tout ce qui tombe sous ta main, les quelques gâteaux et trucs gras qu'elle a dans ses placards. Tu devrais pas être surprise, une mannequin passe pas sa journée à manger du saucisson mais ça laisse pas beaucoup de stock qui te font envie. Tu retombes sur le canapé à côté d'elle, lâchant tout ce que t'as récolté, les trucs qui peuvent se manger sans que vous ayez besoin de faire quoi que ce soit. « Dîner de roi pour la princesse, ne me remercie pas. » Tu le dis en récupérant le joint, piètre récompense avant de reporter ton attention sur le film insipide qu'elle s'évertue à laisser tourner devant vous.« Faudrait que je t'emmène boire un soir, je jure que je te laisserais pas partir avant que t'ai vomi dans les toilettes. » L'idée te fais sourire, des plans sur la comète que vous réaliserez sans doute pas, parce que Soan et toi ça marche surtout quand ça se prévoit pas. Quand ça se passe là, dans des instants d'éphémère inattendu qui s'envoleront au levé du soleil.
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Dim 19 Mar - 14:01
Sans résistance, j'abandonnais le spliff entre les doigts impatients alors que je réfléchissais à ce qu'elle venait d'affirmer. Jake, en dépit de sa pitoyable prestation d'homme digne de ce nom, fut une véritable révélation. De prime abord il m'avait séduite avec sa tronche et son bagout me rappelant familièrement le déchu Faust. J'm'étais dis qu'en retrouvant une de ses pâles copies j'arriverais à me consoler. La rupture avec cet idiot était encore fraîche et la blessure vive, alors pourquoi pas envisager la relation "pansement"? Au final cet idiot était parvenu à me dégoûter irrémédiablement de ce genre de mec. On reprendrait plus Soso la patte dans le piège à loup. Puis ça m'avait permis de rencontrer Baya. Baya la dresseuse de flammes. Qui claquait d'un fouet de velours pour se faire obéir. Elle avait débarqué dans le bar où on buvait un coup avec Jake. Son regard avait ricoché sur elle avant d'y revenir, plus attentif. Comme beaucoup d'hommes autour en réalité. Même le mien l'avait détaillé de la tête aux pieds avant de décider par obscure fierté féminine que jamais je lui adresserais la parole, même pas pour lui demander l'heure. J'avais été aveugle devant la faiblesse de Jake. Nié l'évidence jusqu'à avoir le nez dedans. Avec ce putain de texto dégueulant de sexe. Pas besoin d'un dessin j'avais vite compris et tout aussi vite pris mes jambes à mon cou. Surtout après avoir javelisé l'intégralité de la garde-robe de mon ex histoire qu'il se souvienne bien de la leçon. Les yeux fixé sur une scène sanglante, je saisis distraitement le verre préparé par les soins de ma meilleure ennemie. Si ça se trouvait elle avait foutu du poison dedans. Chose presque confirmée lorsque je fis passer la première gorgée en grimaçant. "Putain! On est mardi soir, j'ai aucune envie de me la coller! T'es chiante!" Mais j'étais trop bien, enfoncée et vautrée sur mon immense canapé pour daigner me relever. Tant pis, j'crèverais de soif. Ou j'finirais p't'être par le boire. En revanche je me précipitais sur les douceurs qu'elle fit dégringoler sur la table basse. Une barre au beurre de cacahuète fini à moitié dans mon gosier pendant que je mâchais avec bonheur. La bouche pleine je me tournais vers elle en me décidant à sourire (sans les dents). " Jamais j'me laisserais embarquer par toi." je déglutissais péniblement. "J'ai pas besoin de me faire dévoyer." Ouais finir sur la route du diable me tentait pas trop. J'avais peur que le démon m'emporte avec elle, et si elle semblait être née pour danser au milieu du brasier moi j'avais la peau trop tendre pour ce genre de folie. Y avait pas d'entre-deux avec Baya, juste les extrêmes. Tout noir ou tout blanc, exit les nuances de gris, ça foutait les jetons. Et en dépit de toute ma rancœur, adoucie avec le temps, je ne lui souhaitais pas de mal. Au contraire je préférais la tenir à l'écart des emmerdes pour autant qu'on puisse réaliser un tel tour de force. Mon portable vibra d'un bel élan. En soupirant je tendis la main pour le récupérer. J'savais déjà ce que ça allait être, ou qui plutôt. David dans toute sa chiantise. Je l'avais esquivé au mieux ces dernières semaines en espérant qu'il comprenne ce que le silence impliquait. En vain. Et ce fut en jetant un coup d’œil à ma voisine qu'un plan germa. Le genre qui vous refilait une impression de déjà-vu satisfaisant parce qu'on savait que ça marcherait. "Hé, puisque tu crèches ici tu dois payer un loyer." Je laissais une petite pause théâtrale s'installer avant de reprendre. "Je sais que t'as pas un rond donc je parle pas de thunes. Mais je sais aussi que t'es douée en détournement de mec et justement y en a un qui me lâche plus. Tu voudrais pas t'en charger?" C'était vilain. Vicieux même. Foutre ma presque copine sur le chemin d'un idiot afin d'obtenir la tranquillité. Y avait quelque part en moi où la décence n'existait plus, ou la bienséance était en zone de non-droit. J'avais profité sans vergogne de l'argent de David et des cadeaux luxueux qu'il avait pu m'offrir. Tout pris en donnant peu avant d'arrêter tout bonnement. Et maintenant que la manne financière ne contrebalançait plus assez ses défauts il fallait s'en débarrasser. Mais je proposais aussi à Baya une occupation. De quoi tuer le temps en faisan ce qu'elle affectionnait le plus: réduire en cendre la vie de quelqu'un. La pyromane avait un boulot sur-mesure qui lui assurerait gîte et couvert pendant au moins une bonne semaine. Occasion à ne pas louper.
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Jeu 13 Avr - 9:03
Soan, elle te dit démon mais elle n'est pas en reste. Y a derrière l'océan d'un regard tout une mer déchaînée, derrière les courbes de mannequin les ongles bien aiguisés et dans les jeux de langues sensuels l'acide qui brûle la peau. Y a derrière le sourire enjôleur la dentition carnassière, la violence douce-amère. Subtilité mortelle. Elle est serpent, elle glisse gracieusement, siffle comme une caresse sur l'épiderme, aux morsures douloureuse, au venin dévastateur. Elle en a pas l'air, pas souvent, pas toujours. Elle est parfois colombe, parfois vautour. Elle est deux face de la même pièce, les deux versants de la colline, celle qui accueille la lumière et celle qui laisse l'ombre envahir. Elle oscille, ruisseau calme et tempête violente. Y a ceux qui on vu l'éclat, ceux qui ont vu le terne. Et t'as vu les deux, toi. T'as vu la clarté a péter la rétine quand elle arborait, sensuelle, des sourires amicaux et des gestes tentateur. Des éclats de rire résonnant en musique, des regards doux comme les tissus de soie. Et t'as vu l'obscure, le trouble, le gris nuancé, le rien de son tout. Avec Jack, quand t'étais cible a abattre. Tu l'as vu douée de ses mots et de ses actes pour ne pas perdre la bataille. Elle pourra bien dire ce qu'elle veut, elle est pas si différente de toi quand la situation s'y prête, elle a la même hargne qui ronge les tripes, qui met le feu à l'âme, embrase les sens, qui fait perdre toute logique parfois. Simplement Soan, elle l'a fait taire souvent. C'est un feu discret, planqué en elle, qui ressurgit seulement quand elle en a besoin. Surtout quand t'es là Peut-être qu'elle est douce. Peut-être qu'elle est dure. Sans doute bien les deux. Peut-être que c'est ce qui te plaît finalement. Peut-être pas tout le temps. « Ca va détend toi c'est que de l'alcool j'ai mis dans ton verre pas du GHB. » Soan la douce, discrète, pudique. Soan qui se laisse pas vraiment aller, qui reste sur ses gardes comme si t'étais prête à lui sauter dessus pour lui arracher la carotide. Bonne idée. Baiser mortelle, embrasser avec les dents, arracher avec amour. Belle fin, douce apothéose. Mais t'es pas un mosntre Baya, pas vraiment, t'es juste une paumée comme tant d'autres, de celle qui savent pas ou aller, qui font n'importe quoi, qui se laisse guider. T'attrapes le premier morceau de bouffe qui te tombe sous la main pour grignoter, le regard rivé sur un sourire paré de joues gonflé par la nourriture qu'elle a encore dans la bouche. un hamster qui sourit, tout a fait charmant. « Tu me fais pas confiance? » Visage théâtrale de la femme blessée, la main sur la poitrine et un air outrée. La totale. « j'suis pas du genre a etre de mauvaise influence Soan, tu sais bien. » Elle connaît les vices Soan, surtout les tiens, elle les a vu a l’œuvre presque comme un spectacle, elle en a fait les frais. Elle a gagné et perdu. Tout ça dans le même temps. T'es loin de la candeur immaculée, t'es plutôt le genre sale, pureté retrouvée, nettoyée par le feu. Des cendres pour masquer les failles. Tu lances un regard outrée quand elle parle de loyer. payer., l'argent tu le prends, tu le donnes pas. Jamais. T'aurais pas assez si tu devais payer chaque fois que tu crèches chez quelqu'un. Aucun bénéfice, plus rien dans les poches – dans lesquelles t'as déjà pas grand chose – et t'es déjà prête a lui lancer une remarque bien sentie sur le sujet quand elle te coupe l'herbe sous le pied. Lance l'idée l'air de rien, comme si vous étiez des acolytes, comme si c'était normale de faire affaire, que vous vous rendiez souvent service. Et t'as un sourire qui éclot là, à la fin de sa question. Un pacte déjà presque scellé. Presque. T'as jamais fait dans la facilité. « Tu veux que je le tue ? Parce que je fais pas ça souvent tu sais. » Pas souvent. Jamais. Jamais sciemment. « Genre gros relou fou amoureux de tes beaux yeux? » Tu comprendrais presque, quand elle parle pas trop, elle est plutôt attirante Soan, tant qu'elle ne pique pas pour attiser la colère. Elle est pas mannequin pour rien, on se retourne sur son passage, on la regarde et sans doute qu'elle ça aussi. Elle s'en lasse sans doute aussi vite. « Et tu veux faire ça quand, au juste? » Tu te cales un peu plus dans le canapé, en sirotant ton verre comme si vous parliez simplement d'aller boire un verre en ville ou de faire quelques courses. C'est jamais qu'un petit job, un service rendu à une quasi-amie, presque ennemie. Mi-chemin entre les deux. Soan et toi, c'est l'histoire d'un désamour que vous aimez un peu trop.
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Lun 8 Mai - 20:23
Au sourire qui vint s'épanouir sur ses lèvres j'en déduisis un incroyable enthousiasme. C'était comme présenter un nouveau moyen de torture à l'empereur du mal: on s'en sortait avec les honneurs. Pour l'instant. Mais évidemment ç'aurait été trop beau qu'elle me réponde simplement par l'affirmative. Et moins drôle. "S'il suffisait de le tuer j'aurais trouvé à qui m'adresser dans cette ville." ricanais-je, mauvaise. A Savannah c'était pas les types louches en mal de cash qui manquaient. Derrière ses façades roses de cité du bonheur, les loups rôdaient sous couvert de la nuit. Et si j'étais pas un enfant de chœur je préférais m'abstenir d'échanger avec ce genre d'individus. P't'être qu'au fond je désespérais pas de sauvegarder mon intégrité réduite à peau de chagrin. "Le genre narcissique despotique qui veut que je me cantonne au rôle de jolie chose accrochée à son bras. J'pensais qu'à force de l'éviter il comprendrait mais à la place il s'est donné la mission de saturer ma boîte vocale. C'est insupportable." D'une nature indépendante, je détestais avoir un pleurnichard accroché à mes basques. Il me happait tout mon oxygène à sa seule vue et m'enfermait un peu plus dès que j'avais le malheur de me radoucir. David était un boulet accroché à mon pied délicat. Et à scier d'urgence. Quelle meilleure experte que Baya? A nous deux nous n'avions rien à envier aux Némésis de l'antiquité. Nous fonderions sur ce crétin aux humeurs ombrageuses pour le réduire en charpie. "Sa jugeote doit être de la taille d'une bille." continuais-je en roulant entre mes doigts l'emballage d'une friandise. "Mais son égo en revanche... J'pensais que je pourrais te donner ton numéro. Approche classique, tu sors le grand jeu comme tu sais si bien le faire. C'est pas très difficile de le rendre accro." Au début de notre relation il s'était montré parfaitement gentleman: romantique lorsqu'il le fallait, presque drôle (sûrement des blagues apprises par cœur dans des talkshow) et prévenant. Tellement que s'en était presque flippant, surtout quand il avait commencé à se montrer plus agressif pour se faire comprendre. Le mois dernier j'avais du remplacer mon portable qui avait fini contre un des murs de sa somptueuse villa. ET vu ma propension à la provocation, le fait que je claque la porte en refusant de foutre à nouveau un pied chez lui l'avait amené à proprement péter les plombs. Au point d'en venir à me demander si le gentil David ne cachait pas en lui un psychopathe Hitchcockien à la Norman Bates. Ce qui pourrait potentiellement m'amener à finir empailler dans sa cave. "Puis après tu lui fais passer le goût de vouloir harceler à nouveau une délicate demoiselle." J'hésitais un peu à prononcer la suite, puis me décidais en réalisant qu'il en faudrait plus pour effrayer son coeur en acier trempé. Baya était une amazone, pas une princesse en détresse. C'était elle qui vous faisait couler. "Méfie-toi quand même, il est un peu réac' sur les bords. Genre flippant." J'voulais pas qu'elle se mette en danger. La seule personne qui avait le droit de botter le joli derrière de Miss Amar c'était moi. J'avais le monopole pour lui rendre la vie infernale, avec toute l'affection qu'elle méritait. Bisous et doigt d'honneur. Joignant le geste à la parole je lui tendais mon cellulaire avec le numéro en évidence. Attention mesdames, messieurs, veuillez attacher vos ceintures nous traversons une zone de turbulences. Par les hublots de droite vous pourrez apercevoir la tornade Barlow. Sur votre gauche l'ouragan Amar. Pas de panique ils ne feront que traverser l'Etat. J'observais avec une jouissance dissimulée ses doigts fins s'emparer de l'appareil en reportant la série de chiffres sur le sien. Mon rythme cardiaque s'accéléra légèrement alors que nous échangions un sourire vilainement complice. J'étais prête à monter dans l'attraction à sensations fortes que nous avions imaginé sans vraiment redouter les conséquences que cela pourrait avoir. Comme pour trinquer à notre accord je levais mon verre en direction de Baya pour descendre une gorgée amère. Exit les petites filles modèles, au vingt-et-unième siècle seuls les duos démoniaques se faisaient une place de choix. Quitte à marcher sur des cadavres.
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Mar 16 Mai - 18:40
s'il suffisait de le tuer. mais non, évidemment. « Tu choisis jamais la facilité. » Rictus amusé, elle en a pas l'air comme ça Barlow mais par moment elle semblerait presque plus vicieuse que toi, a échafauder des plans tordus pour accomplir sa petite vengeance plutôt que de céder à la simplicité du pardon ou de l'oubli. Les guerres sont bien plus belles que les paix et les batailles, elle sait les mener, après tout t'es certaine qu'elle a déjà souvent subi les hommes lourds qui ne lâchait plus son bras. T'imagines carrément Soan attiser la gente masculine narcissique et libidineuse a la recherche d'une jolie plante a leur bras, on fait difficilement mieux dans le genre. Trophée et bras et idées alléchantes dans la tête, y en a sûrement eu a la pelle des types plus ou moins classe qui rêvait de se trimballer a son côté pour la gloire de pouvoir la présenter aux yeux des confrères et leurs femmes beaucoup moins jolis et bien plus grosse. Le type le plus inaperçu aurait tout les projecteurs sur lui avec une femme comme Barlow a son bras, même si ça t'écorche la bouche de l'avouer même si tu ne le dis pas a haute voix. Tu ricanes quand elle se décrit comme délicate, c'est pas le premier mot qui te viendrais à l'esprit en parlant de Soan. Elle a le raffinement des félins, la démarche gracile mais les griffes aiguisés quand elle veut bien les sortir, des crocs assassins quand on la titille un peu trop. T'en sais quelque chose, toi. « Il a de l'oseille? » T'as du mal a croire l'inverse de toute façon, y a que les imbéciles profond ou les imbéciles pété de thunes pour avoir un égo surdimensionné mais t'es obligé de demander, pour pas te privée au passage d'un pourboire que tu pourras t’octroyer en profitant un peu trop de la cible. T'es pas contre une petite vengeance savamment orchestrée par Barlow mais si t'y trouves plus que ton compte au passage t'en seras que plus pressée. Les filles comme toi, elles ont que ce choix-là, elles roulent jamais sur l'or, vivent de tout, de rien qui leur appartient. Tes nuits dans les appartements des autres, tes repas offert pour un battement de cil ou piquer dans les placards d'inconnus. De l'argent attrapé ça et là, vider les poches de ceux qui passent, les bibelots de ceux qui ont le dos tourné. Des caresses enjôleuse pour vous piquer le portefeuille, une midinette un peu idiote qu'on laisse dans le salon une seconde de trop, assez pour se remplir les poches. Ton travail c'est de l'art Baya, jouer des faux-semblants pour obtenir tout ce que t'attend. Ou ce qu'on t'offre. « Dans le genre final en apothéose ? Humiliation publique et tout ça? Ou le très soft coup de pied dans les couilles en lui jurant de plus toucher a tes beaux yeux ? » T'es plus de celle qui aime se donner en spectacle, un dernier acte qui reste dans les mémoires. Soan en reine pour juger une déchéance. Mais pour ses combats tu lui laisse le choix, t'attrapes simplement le telephone qu'elle te tend, dans un haussement de sourcil quand elle décrit l'homme comme flippant « Faudra m'expliquer pourquoi tu fini toujours avec des blaireaux comme ça, comparé a ce que tu pourrais trouver. » Parce que Soan elle est canon, avec son regard sulfureux et son corps tout en courbe. Elle est intelligente aussi, bourrée de répartie. Elle allie le corps et l'esprit, tu peux pas nier ça mais elle fini toujours avec des cons autour d'elle. Déjà son ex c'était clairement pas une perle mais visiblement elle remet ça avec un portrait tout sauf charmant d'un énième prétendant peut-être intéressant de prime a bord mais aussi creux qu'une coquille vide. Elle a peut-être tout qui lui réussi, Soan, mais l'amour c'est toujours sur la mauvaise pioche qu'elle tombe. Comme l'amitié sans doute, après tout, t'es bien là avec elle. Tu reportes le numéro sur ton téléphone, enregistré au doux nom de target. « Y a un endroit ou il traîne souvent? » Y a pas meilleur approche que de feindre le naturel alors que tout les engrenages sont déjà enclenchés, rien de plus appréciable que d'être maître du jeu.
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Ven 28 Juil - 15:15
Baya se foutait de ma gueule. Ouvertement pour pas changer, mais ça sentait quand même l'intérêt derrière ses piques. L'argent. Ça, ça lui parlait. Des porte-feuilles plein à craquer et des comptes en banque sans plafonds, ça c'était sa came. "Il est blindé aux as, à plus savoir quoi en foutre. Son dernier truc c'était de s'acheter un jet-ski dernier cri pour se la jouer rider de l'extrême. J'suis même pas sûre qu'il sache nager..." C'était toujours le grand défi de David: parvenir par tous les moyens que l'argent pouvait lui procurer à se placer au-dessus des autres. Il ne vivait que par ça, en vous regardant de haut, le nez relevé dédaigneusement pour vous détailler combien il avait payé sa dernière voiture. Humour zéro. Absence totale de second degré. Néant sur une quelconque spiritualité dont il aurait pu faire preuve. Bref, c'était pas pour rien que la seule chose qui m'ait attiré chez lui ait été son compte en banque... "Aucune jolie nana n'aurait du mal à lui faire cracher du fric. Surtout pas une experte comme toi." Je me renfonçais dans le dossier moelleux du canapé et vains caler ma tête contre l'épaule tout en os de Baya. "Tu gères comme tu veux, simplement faut vraiment qu'il me lâche la grappe ou je risque de finir en tôle pour meurtre." lançais-je négligemment en écoutant ma voix résonner contre sa peau. "Remarque, avec mes antécédents familiaux j'pourrais peut-être plaider la folie." Fallait mieux en rire qu'en pleurer comme on disait. Je pris quelques minutes le temps de réfléchir. Mes escapades "romantiques" avec David s'étaient surtout limitées à des soirées importantes où le paraître avait plus de valeur que "l'être". Et puis les restaurants ou les boîtes branchées. J'aimais assez ces dernières: je parvenais toujours à y dénicher des cachetons pour me dissoudre dans l'obscurité ambiante. J'évitais de me rapprocher des hommes, allant plus volontiers vers la gente féminine et sa douceur innée. Au lieux de déclencher le courroux de mon accompagnant cela l'excitait. Un fantasme qu'il aurait voulu se voir réalisé aussi fort que son début d'érection sur l'instant. Et qui ne restait, à chaque fois, qu'un début. Un autre de mes petits plaisirs en sa compagnie; tenir quelqu'un grâce à une chose aussi triviale qu'une suggestion de sexualité était grisant. Ça vous donnait une impression de pouvoir. Vous deveniez impératrice des temps anciens, encore chaude de son bain parfumé, fardée et parée de ses plus beaux bijoux. Le regard tigresse et un sourire de louve. "Y a le pôle sportif où il aime bien traîner pour entretenir sa musculature de rêve. J'crois qu'il adore tous les miroirs en pied qui lui permettent de s’admirer. Ça, ou mater les p'tits culs." Malgré l'invasion attenté par Baya je me sentais bien plus détendue qu'une vingtaine de minutes plus tôt. Dans son aura ténébreuse je trouvais un réconfort inattendu mais bienvenu. C'était comme avoir une des furies de l'antiquité à son service. Capricieuse divinité, certes, mais rassurante si elle s'avérait de votre côté. Je ramenais les jambes vers moi et basculais en position allongée, le crâne au chaud, blotti dans le giron de la jeune femme. Semblable à un chat trop envahissant quémandant de l'affection. J'espérais l'agacer, ou mieux, carrément l'énerver. La marijuana commençait à faire son œuvre en s'insinuant le long de mes muscles, relaxante. Au devant de mon inhibition. Au mépris des limites fixées. D'en bas j'observais ses yeux noirs et ses traits de poupée émaciée. Ses pupilles qui détaillaient vivement le déroulement pitoyablement prévisible de l'intrigue à l'écran. Et cet air d'ennui intransigeant qui continuait à flotter autour d'elle. Reflet trompeur de la face la plus sombre de moi-même.
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Sujet: Re: douce inimitié (soan) Sam 12 Aoû - 18:15
« J'ai toujours voulu avoir un jet-ski. » Air rêveur un brin ironique. Qu'est-ce que tu rêves pas d'avoir Baya, de toute façon ? Dès que ça brille, que c'est clinquant tu veux te l'approprier. Comme ces enfants capricieux qui veulent le dernier jouet a la mode, qui s'en lasse au bout d'une semaine et passe a un autre. T'es comme ça avec les choses, t'es comme ça avec la plupart des gens. Passé l'attrait de la nouveauté tu commences a asphyxier, besoin d'air pour mieux revenir. Pour mieux s'enfuir parfois. Un jet-ski ou un château, tant que ça t'appartient pas, t'en rêve toujours. « Il habite ou? » Des plans sur la comète, une fenêtre ouverte, une ombre dans la baraque. Un sac a remplir de babioles et des la thunes à se faire. Soan et ses conquêtes bien nés qui font miroiter l'or dans l'oeil de la pie que t'es devenue. Tout ce qui brille crée l'intérêt. Si c'est pas David qui t'emmène chez lui, tu trouveras toi-même le chemin sans aucun problème. « Y a des antécédents dans ta famille ? » Esquisse de sourire, vague instant d'intérêt qui s'essouffle dès que t'as fini de poser la question. Parfois t'as des élans de curiosité, besoin étrange de t'intéresser aux gens qui t'entourent. Une dizaine de seconde tout au plus avant que ça se dissipe aussi vite que c'est venu quand tu prends conscience que t'en a pas grand chose a foutre en réalité. Puis tu saurais pas quoi répondre, les banalités à répondre quand l'un ou l'autre te raconte sa vie tu les connais pas. T'as le sourire amusé quand elle décrit son Don Juan, beauf en puissance qui jette son dévolu sur la dernière jolie fille qui lui résiste un peu. Défi des vaniteux qui ne veulent jamais perdre quitte à forcer un peu trop la main. « Je comprend mieux comment il t'a repéré. » Œil lascif, caricatural mais pas vraiment. Tu l'as déjà maté toi aussi, le cul de Soan, c'est pas comme s'il était désagréable a regarder. T'es pas franchement surprise qu'elle puisse attirer les lourdaud d'un roulement de hanche. T'aurais pas la mauvaise foi de prétendre qu'elle laisse indifférent qui que ce soit. Non, Soan c'est plutôt ce genre de femme magnétique à l'air toujours inaccessible même quand elle est souriante et avenante, comme si y avait cette part d'elle quelque part qu'elle partageait pas vraiment. Des yeux océans qui engloutissent et un rictus au dents blanches qui ébloui pour mieux vous mordre. Personne cracherait sur Barlow, même pas toi. « Il en a un beau, lui ? De cul? » Autant joindre l'utile a l'agréable, t'aides déjà Soan juste par intérêt, le portefeuille plein a craquer de son harceleur qui te fait de l'oeil, si en plus tu pouvais te le rincer au passage tu cracherais pas dessus. C'est peut-être un peu pour l'emmerder aussi, l'écouter sans rien prendre au sérieux. Tu prends notes des informations mais tu vas pas faire un tableau organisé d'un plan d'attaque. De toute façon si elle voulait quelqu'un de fiable, elle t'aurait rien demandé, elle sait très bien que miser ses points sur toi c'est le risque de les perdre aussi. Ou d'y trouver son compte si t'es dans un bon jour. Fort heureusement pour elle, elle fait partit des rares personnes que t'apprécie. Un peu. Assez pour venir poser ton sac chez elle et discuter de David en tout cas. « Mais puisque je te rends service je suppose que j'peux poser mon sac ici pour la semaine? » Négociation unilatéral, c'est pas comme si t'acceptais vraiment qu'elle refuse. T'es qu'une vagabonde, fille des rues passants d'appartements bien décoré à squat malfamé, tes nuits elles sont là ou tu trouves de quoi te poser. Soan c'est le quatre étoiles de tes nuits volées. Un appart en bon état et quelqu'un que tu détestes pas, t'y trouves ton compte avec elle. « J'dors a gauche. » Parce que tu dormiras pas sur le canapé, évidemment. Parce qu'entre deux piques lancées dans un sourire, y a quand même cette affection qu'on n'avouera jamais. Assez pour que tu la laisse s'étendre un peu trop, empiéter sur ton espace vital, la tête posé sur ton corps comme si elle avait toujours eu le droit de faire ça, avec un naturel déconcertant. Presque apaisé par sa présence, parce que Soan que t'exaspère si souvent, Soan qui te supportes qu'en demi-teinte c'est pourtant l'une des seules qui te comprends. Même toi, ça te sembles normal là, dans cette bulle hors du temps, enfermé entre quatre murs. Né dans le néant, achevé dans le vide. Secret de femmes dans une nuit unique. Et tes doigts volatiles qui glissent dans ses cheveux, regard vissé sur l'écran pour pas te noyer dans son océan.