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| if I ever leave this world alive (Serenasher) | |
| Auteur | Message |
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donne coeur, pas cher, déjà utilisé ▹ posts envoyés : 1889 ▹ points : 16 ▹ pseudo : Unserious/Agnès ▹ crédits : WHI, tumblr, bazzart / avatar : balaclava / AES : moi / gif : camille ▹ avatar : Ben Barnes ▹ signe particulier : un accent de liverpool, un tatouage "bad" au creux du coude, et une chevalière à l'index gauche. oh, et totalement casher. en théorie.
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| Sujet: if I ever leave this world alive (Serenasher) Mer 2 Aoû - 0:02 | |
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Serena & Asher if I ever leave this world alive © creditimage|tumblr Y a pas assez d’air. Y a pas assez d’air quand il repose le téléphone, pas assez d’air quand il se laisse tomber en arrière sur le matelas, pas assez d’air quand il sent les larmes creuser des sillons brûlants sur ses joues. Il cligne des yeux un peu trop fort, un peu trop vite, essaie de se concentrer sur le Chopin qui tourne dans sa chaine hi-fi et qui se mue en son de plus en plus sourd, lointain, comme un écho à des kilomètres de là. Il l’a prévenu, le docteur, que ce genre de choses pouvait arriver. Des crises d’angoisse, il appelle ça. C’est bizarre parce qu’Asher n’a jamais connu ça auparavant, bizarre parce qu’habituellement il aime bien vivre seul, réfléchir, élaborer des théories pour lui-même, des pensées qu’il n’a besoin de partager avec personne. Les crises d’angoisse, c’est nouveau, c’est inconnu, c’est terrifiant. Il déteste cette sensation, la perte de contrôle, la gorge qui se serre toute seule et les muscles qui se raidissent, le pouls qui s’accélère et les veines qui semblent enfler sous l’épiderme. Son portable vibre, et il a à peine la force de le prendre. Il tape deux messages à la hâte, garde l’appareil dans la main, peut-être parce qu’il a espoir que la réponse vienne sans trop tarder. Serena. Il a besoin de Serena. C’est drôle parce qu’il aurait pu demander à Caïn, à Minnie, à n’importe quelle autre personne qu’il aurait vue depuis moins de six mois. Mais c’est elle qu’il veut, ses longs cheveux blonds et ses dents du bonheur, son rire et la manière qu’elle a de soupirer quand il la serre contre lui. Serena Serena Serena, les trois syllabes tournent en boucle dans sa tête et progressivement, son cœur regagne une cadence presque normale. C’est peut-être pour ça qu’il fait appel à elle et pas aux autres. Peut-être parce qu’elle sait pas, ou parce qu’elle sait mais qu’elle ne jugera pas. C’est pas sa place à Serena, celle d’un magistrat en pleine audience, le doigt pointé dans sa direction alors qu’il est assis sur le banc des accusés, à plaider coupable d’un crime qu’il n’a même pas réussi à commettre. Quel homme a la lâcheté suprême de ne pas réussi à s’ôter sa propre vie, hein ? Quelle espèce de raté n’arrive même pas à se passer la tête dans le nœud d’une corde et à en crever ? Lui, assurément. D’autres, peut-être. Généralement, les gens à qui ça arrive ne vivent pas suffisamment longtemps pour le raconter. On ne se loupe pas deux fois. Il se dit que c’est pour ça qu’on lui a retiré son arme de service et que le médecin lui a prescrit un arrêt de travail. Pour pas se laisser happer, pour pas se laisser mourir. Pour avoir une chance de regagner la surface avant d’être englouti sous les vagues. C’est raté, s’il peut se permettre de le dire tout haut. C’est raté, parce que ses poumons manquent d’air quoiqu’il arrive, et que Serena tarde trop (quarante-deux secondes depuis son message) pour arriver chez lui. Quand il entend finalement toquer à la porte, il se lève, chancèle un peu, ne prend même pas la peine de remettre un t-shirt. Il sera vite débarrassé de ses fringues, de toutes façons. Y a les médocs qui agissent et ça lui tombe dessus comme si on l’enfouissait sous une chape de béton, les poumons secs, les jambes cotonneuses, les gestes engourdis. Tout se vit au ralenti, depuis qu’il y a les pilules, depuis qu’on l’a intimé de s’en gaver s’il ne voulait pas réitérer. S’il ne voulait pas crever. Sauf que pour lui, c’est juste une sorte de mort assistée. Y a rien qui l’en différencie, à part le fait qu’il ne soit pas dans une chambre d’hôpital mais chez lui. Le reste, c’est pareil, des petits smarties bleus et blancs pour voir la vie en rose mais qui ne sont en réalité qu’une manière de retarder l’échéance. Elle en pensera quoi, Serena ? Elle a connu le Asher d’avant, celui qui balance des blagues alors qu’ils sont à poil, celui qui est capable de la réveiller en plein milieu de la nuit pour tenir une discussion enflammée sur la raison pour laquelle les capibaras sont les meilleurs animaux au monde. Elle a connu le Asher vivant. Elle pensera quoi de la version cadavérique, de celle qui vomit tout ce qu’elle mange et qui pleure plus qu’elle ne parle ? Elle l’aimera toujours autant ? C’est un tas de questions qu’il se poserait s’il n’avait pas le cerveau en purée, évidemment. Il peut même pas cogiter, pas autant, pas comme ça. Il arrive tout juste à marcher vers la porte avec un léger chaloupé, comme s’il avait bu alors que sa dernière bière remonte à trois semaines. Il jette à peine un regard à Serena quand il ouvre enfin, chope ses lèvres comme s’il avait erré en plein désert pendant des mois et qu’elle était la première oasis à se trouver sur son chemin. Ses mains s’emparent d’elle, la retrouvent comme si elles ne l'avaient jamais quittée, une sur les hanches et l’autre le long de sa mâchoire, caresse timide sur sa peau trop fine. Il ne se souvenait pas qu’on sentait autant ses os au toucher, qu’elle était si mince et si frêle, tellement ténue qu’il a peur de la casser s’il serre un peu trop. « Je t’aime », il murmure entre deux baisers. C’est une phrase anodine qu'il lui a déjà avouée auparavant, y a longtemps. Il l’a trop dite, trop murmurée entre les draps, mais il a besoin de la répéter, encore et encore, pour toutes les fois où il aurait dû la prononcer mais où il ne l’avait pas fait. Je t’aime Elena, je t’aime Caïn. Les mots sortent parce qu’ils lui font du bien, parce qu’ils lui donnent l’impression qu’il a quelque chose d’important, quelque chose qui vaille la peine qu’il se batte. C’est pourtant une règle tacite de leur relation, le fait de ne pas s’appartenir, de ne pas jalouser ceux qui s’approchent trop, de ne pas en attendre plus que ce que l’autre peut donner. La voilà donc, l’abominable transgression qu’ils avaient juré ne jamais commettre et qui, pourtant, franchit la barrière de ses lèvres. Et il l’embrasse encore pour éviter qu'elle ne le regarde, pour qu’elle ne remarque pas la marque au creux de son cou, pour qu’elle ne pose pas trop de questions. Et ses doigts se resserrent sur ses côtes trop saillantes, continuent d’ignorer cet infime détail. Comme s’il avait peur, lui aussi, d’obtenir certaines réponses.
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too soon :'( ▹ posts envoyés : 1299 ▹ points : 0 ▹ pseudo : a maze lie | birds ▹ crédits : ava;eriam – quote : d. lauzon – signa;beerus ▹ avatar : georgia may jagger ▹ signe particulier : les dents du bonheur et bercée par le soleil. actuellement en pleine rechute d'un cancer de l'estomac et refuse le traitement
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Sam 5 Aoû - 19:46 | |
| j’ai besoin de te voir j’arrive pas à réfléchir je sais pas
Ces mots sont si étrangers à Asher que ça lui a fait un peu peur. Alerte dans le ventre qui lui a fait oublié le reste et tous ses derniers choix. Au moins, elle a réussi à le tenir éloigné de son appartement qu’il ne reconnaîtrait pas tellement il s’est vidé depuis la dernière fois qu’il est venu. Mais ça aussi c’est étranger à Serena, cette boule au ventre provoquée par Asher. Parce que maintenant, elle tisse des plans au lieu des vêtements, elle prévoit les choses, définit la suite, sa fin. Et qu’il lui demande de venir, ce n’était pas prévu. Elle n’avait pas décidé de le voir. Peut-être pas du tout même ? Ou pas tout de suite en tout cas. Derrière les barrières qu’elle se forge pour la première fois de sa vie, elle sent bien qu’elle n’est pas à l’aise avec les distances. Qu’un rien pourrait les briser si on insistait. Mais elle n’a toujours pas trouvé les mots, ni le courage pour le dire. Alors Serena va essayer de s’obstiner encore un peu plus. Parce que c’est dur de regarder ceux qu’on aime en sachant que c’est le moment de partir.
Mais elle a failli. Incapable de résister à l’urgence du besoin d’un autre. Appel de détresse sans fard comme il en est rare. Son coeur trop humain ne peut pas l’ignorer malgré tout ce qu’elle fera pour le retenir (ou le noyer avant l’heure). Elle ne voulait pas qu’il la voit. Elle ne veut pas qu’ils la voient. Qu’elle est en train de changer, change et changera encore. Qu’elle se dissout lentement mais sûrement. Que le soleil s’éteint pour laisser la lune respirer. Alors dans un moment ingrat et inhabituel, juste avant de toquer à sa porte, elle espère. Elle se convainc que l’état d’Asher embrouillera ses sens et qu’il ne verra pas. Et elle soupire d’aise quand c’est le cas. Quand le désespoir semble saler ses lèvres mais qu’il l’étreint comme avant, comme d’habitude. Insuffle moi de l’air, pour vivre ou au moins en avoir l’air. Sensation fulgurante. Elle ne s’y attendait pas non plus, à ce besoin là. Et ça fait mal, pince les cordes de sang disséminées dans son corps, commence à s’embourber dans sa chair. Elle se dit qu’il faut qu’elle le retienne ; ses mains se plantent sur ses épaules saillantes. Toi tu dois rester. Et ne pas rester seul. Quoiqu’il en dise, la blonde a toujours pensé qu’il n’était pas fait pour ça. Alors elle l’incite à respirer plus fort, comme on le fait au contact d’un air de haute altitude. Elle s’enfonce contre son torse, même si elle appréhende douloureusement que leurs peaux ne se parlent plus comme avant. Et elle l’embrasse aussi plus fort puisque c’est ce qu’il veut là tout de suite. Elle y met tout le restant de sa douceur, tout ce qu’elle a en magasin, tout ce qui est encore ardent et vivant ; elle va lui céder tout ça si il lui demande. Chuchoter à ses démons comme elle a l’habitude de le faire. Les écraser avec la vitalité qu’elle lui permettra de voler. Comme avant. Une dernière fois.
Je t’aime. Murmure interdit. C’est pas à elle qu’il devrait le dire mais à tous les autres, et ils le savent tous les deux. Don’t do that to yourself. Pourtant elle lui a toujours répondu la vérité. Je t’aime aussi. Parce que Asher a tendance à transformer son coeur en un musée dédié aux personnes qu’il aime pour les garder en vie, à l’intérieur de lui. Et peut-être qu’ils se ressemblent sur ce point. Mais elle est persuadée que c’est elle qui l’a dit en premier. Il tergiversait sur les probabilités qu’un tremblement de terre ne secoue Savannah à cet instant et qu’une fissure ne tranche l’immeuble en deux. Il avait appuyé sa théorie des gestes du théâtre qu’il sait si bien jouer et avait tracé l’éventuelle cassure du lit où ils se trouvaient. Serena n’avait rien dit pendant quelques secondes… Ensuite, comme si elle s’adressait à elle-même, elle avait dit Je t’aime, tu sais. dans un souffle. C’est resté suspendu là. Vrai. Parce que l’italienne Aime. Elle cisaille son coeur en part égale et donne les morceaux à qui veut. Asher, Jael, Leo, Mad, Chief, Tereza, Caïn. Elle coupe et redécoupe l’absolue affection qu’elle éprouve pour l’Autre. Ce débordement dévoué qui s’offre de lui-même, elle ne l’a jamais contrôlé, Serena. Nouveau baiser-caresse quand il l’entraîne un peu plus dans son appartement, quand la courbe de ses hanches croise son bassin. Nouveau murmure charnel quand ses doigts se faufilent dans es cheveux bruns. Toute cette équation au résultat de plus en plus impatient est aussi un ‘merci d’exister’. Un de ceux qu’on ne devrait pas avoir à dire. Il devrait le savoir. Il ne devrait pas douter comme elle le fait. Même si bientôt, Serena mettra cette phrase au passé, elle qui a toujours préféré le présent et n’a peut-être jamais vraiment cru au futur. Ash... Ses lèvres pleines se détachent des siennes et bien sûr qu’elle le voit. Le blanc pâle de sa peau comme la marque de l’hôpital. La trace sur son cou comme le souvenir d’une guillotine. Elle déglutit et retient l’émotion qui voulait grignoter ses yeux clairs. Inspire. Elle voit et elle comprend qu’il l’a appelé pour ne pas avoir à parler, alors qu’ils pourraient -ils le faisaient. Alors, elle ne dira rien, promis. Son corps a toujours plus parler pour elle de toute façon. Il traduira comme il veut cette main qui s’échoue tendrement sur sa joue, ce sourire doux (et triste) qui caresse autant que l'empreinte de ses doigts sur sa peau fatiguée. Il en fera ce qu’il veut quand c’est elle qui revient l’embrasser pour mieux murmurer. Je suppose que je visiterais ton nouvel appart’ un autre jour... Elle n’a jamais été très exigeante ou chiante. Conciliante aussi. Mais résignée, c’est nouveau. Si il a besoin qu’elle soit aveugle, elle le fera malgré elle. Parce qu’elle apprend à changer, à omettre, comme eux tous. Alors oui, elle repassera certainement un autre jour. Et ils s’embrasseront à nouveau sans se voir.
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Mar 15 Aoû - 19:50 | |
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Serena & Asher if I ever leave this world alive © creditimage|tumblr Impossible de se rappeler comment il l’a rencontrée. Il aime pourtant se souvenir du premier regard, du premier mot, de la première étreinte. Y a trop de gens dans sa vie, trop de gens qui gravitent autour de sa vie, trop de gens qui le percutent comme des comètes inlassablement attirées par sa gravité. Trop de gens pour se rappeler les détails, sûrement, mais il s’en souvient pourtant toujours et il en a fait, avec le temps, une histoire d’honneur. Savoir quel était le ton de la voix la première fois qu’on a ouvert les lèvres, revoir le premier regard comme si l’on revivait le souvenir. Sauf qu’avec Serena, ça lui a échappé. Il pense que c’est dans un bar, il sait pas trop. Elle est l’une des premières personnes qu’il ait connues à Savannah, l’une des seules à laquelle il ait vraiment succombé, sans savoir pourquoi. Il aurait pu détester Serena parce qu’elle aurait pu lui rappeler ses jeunes années, la décadence de l’adolescence, les soirées trop alcoolisées et les filles trop dénudées. Il aurait pu ne pas supporter de voir en elle tout ce qu’il avait raté, tout ce qu’il avait malheureusement réussi, tout ce qu’il n’avait pas eu le courage d’entreprendre. Sauf que non. Sauf que Serena a toujours été son échappatoire, le phare dans la nuit, l’espoir dans le foutoir qu’est sa vie. Serena a toujours été ça et bien plus encore, plus qu’il n’aime se l’avouer, et c’est pour ça que son je t’aime n’est pas déplacé, ne pourrait jamais l’être. Ouais, il l’aime, il l’aime sûrement plus qu’il ne le devrait et moins qu’il ne le pourrait, il l’aime à en sourire quand elle lui répond la même chose alors que ses yeux ne demandent qu’à pleurer, il l’aime à faire semblant de ne pas voir qu’elle regarde la marque à son cou. Touché coulé, on recommence. On fait comme si t’avais rien vu, comme si je n’avais rien vu non plus. Comme j’avais pas remarqué que t’as les joues creuses et le teint farineux, comme si je n’avais pas senti que tu pesais quasiment rien. Sauf qu’il a vu tout ça. Il a vu, et il perd son sourire, l’observe fixement alors qu’elle se penche pour l’embrasser, comme s’il n’était plus vraiment là. Silhouette, ombre. Ils sont tous les deux fantomatiques, tous les deux délicieusement perdus dans leur déni. Ils vont finir par se noyer, par s’entraîner l’un l’autre au fond de l’océan, dans les abysses, incapables de refaire surface. Ils vont s’entraîner parce qu’Asher n’écoute plus Serena, parce qu’il resserre ses doigts sur ses hanches trop fines et parce qu’il a l’impression de perde l’équilibre. Il tombe, mentalement, il tombe alors qu’il se tient toujours droit sur ses pattes. « Serena », il murmure, en écho au Asher d’il y a quelques instants. Ils ont toujours plein de trucs à se dire mais jamais le courage de le faire vraiment. C’est con, quand on y pense. C’est con parce qu’ils se connaissent par cœur, parce qu’elle est sûrement ce qui se rapproche le plus d’une petite-amie pour lui. Parce qu’ils ont déjà discuté de plein de choses, philosophiques, scientifiques, ésotériques, stupides parfois. Parce qu’ils sont souvent sur la même longueur d’ondes, parce qu’ils se comprennent en se regardant à peine. C’est pas difficile de voir qu’ils vont mal tous les deux, c’est même une évidence. « Serena. » Il répète le prénom entre deux baisers pour l’obliger à s’interrompre, pour qu’elle l’entende, pour qu’elle l’écoute. Ils n’ont pas envie d’avoir cette conversation, parce que c’est une chose dont ils ne parlent pas. Eux, la vie, leur santé, leurs bonheurs, leurs problèmes. Ils ne l’évoquent pas, parce qu’ils savent tous deux ce qu’il en est, parce qu’ils savent l’un comme l’autre que c’est merdique, que c’est dur, que c’est compliqué. Mais y a peut-être besoin de creuser, là. Y a besoin parce qu’il sent comme elle se presse contre lui, comme elle embrasse ses lèvres, comme elle détourne les yeux pour éviter de le fixer trop longtemps. Et il connait suffisamment Serena pour savoir que l’évitement ne lui ressemble pas, sauf lorsqu’elle a une bonne raison. « J’étais à l’hôpital. » Ça n’est sûrement pas la manière la plus subtile qu’il pouvait trouver pour l’informer de sa tentative de suicide. En même temps, il n’a pas envie de mentir. Il sait même pas s’il aurait l’inventivité nécessaire pour le faire. Ça demanderait trop de boulot, de penser tout un scénario, de réfléchir à la raison pour laquelle il pourrait avoir une marque violacée au cou, de broder autour d’un scénario digne d’une série B. Ça demanderait trop de boulot et trop de temps, qu’ils ne peut décemment pas se permettre de gaspiller. « Et j’vais pas bien. » Deuxième confession, plus lourde, celle-là. C’est un euphémisme que de dire qu’il ne va pas bien alors qu’il est au fond du trou. Il n’a jamais vraiment du employer les bons mots, Asher. Toujours en décalage par rapport à la réalité. Quand il était gosse, c’était une qualité. Ses instituteurs adoraient le voir raconter les choses à sa manière, diluer les évènements pour rendre le tragique seulement triste. C’est ce qu’il fait en ce moment, rendre le dramatique plus doux, moins déchirant. Ça n’aide pas, elle n’en gobe pas un mot. Il la connait, il le voit. Mais il en a déjà dit plus que ce qu’il pouvait. Les mots ne sortent pas, la vraie raison de son absence, de la marque qui se dessine sous sa mâchoire. Y a une larme qui coule sur sa joue, qu’il ne retient pas, qu’il n’essuie pas non plus. Il pince ses lèvres pour retenir les sanglots, accroche quelques mèches blondes du bout des doigts. « Mais j’vois que tu ne vas pas bien aussi, et j’vais devenir dingue si tu ne me dis pas pourquoi. » Il colle son front à celui de Serena, glisse la main dans sa nuque. Y a qu’eux et le silence, elle peut tout dire, elle va pas le faire. Il la connait vraiment trop bien.
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Jeu 24 Aoû - 19:45 | |
| (( dans la vie, on peut être quelqu’un de différent aux yeux de chacun ))
Il a toujours eu un sourire sublime, prêt à accueillir toutes les humanités. Mais là, quand elle s’en approche, ce sont plutôt deux ombres qui glissent -tout ce qu’il y a de plus artificiel, tout ce qui ne leur ressemble pas. Et peut-être qu’ils sont émotionnellement dépassés, moralement épuisés, spirituellement morts, et que seule la physique en marche d’un sourire -même bancal- peut les soulager. Peut-être que c’est pour ça qu’ils continuent, ou qu’elle continue. Un peu plus de ce faux sourire qui écorche, un peu plus de ces baisers qu’il faudrait oublier et son prénom qui sonne à deux reprises. Elle en fronce le nez, se crispe légèrement, refusant de l’entendre, comme si elle préférait qu’il le raye de son vocabulaire. Ne le prononce pas, ne m’appelle pas, tais-toi. J’étais à l’hôpital. Elle peut essayer d’ignorer ce qu’elle voit, mais ça, elle ne peut pas. Ses gestes se figent une seconde, puis ses mains glissent lentement sur son torse, juste le temps de se dire qu’il est temps d’affronter son regard. J’vois ça..., qu’elle souffle tout bas. Et pendant une seconde, elle espère que c’est à cause de son travail, qu’un voyou a essayé de l’étrangler, de l’tuer. Et j’vais pas bien. Mais c’est pas du tout ça. Et cette larme qui roule, ces quelques mots trop vrais la bouleverse. Le palpitant qui trébuche, la gorge qui se resserre brusquement. Certainement parce qu’elle sent que l’euphémisme est trop doux pour être aussi violent. L’instinct la fait se rapprocher, ses doigts cherchant à attraper sa peau pour qu’il ne tombe pas. Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que tu veux- Ses doigts au bout de ses cheveux, la proximité douleureuse de l’éloignement à venir. Mais j’vois que tu ne vas pas bien aussi, et j’vais devenir dingue si tu ne me dis pas pourquoi. Et Asher s’accroche. C’est ce qu’on est censé faire quand on aime. On s’incruste, on s’agrippe, on se cramponne, on rampe, parce qu’il n’y a pas de limites, parce qu’il n’y a pas de choix possibles. Et ça peut créer des plaies, des cicatrices plus ou moins larges, plus ou moins secrètes. Asher en est couvert, alors que Serena a toujours vécu à découvert, toujours exposée. Qu’elle soit aimée ou utilisée, ça n’a jamais eu d’importance parce que ce qui a toujours compter pour elle, c’est qu’elle puisse aimer librement. Et elle a toujours voulu laisser les gens qui l’entourent en faire autant. Mais maintenant, elle ne peut plus les laisser faire. Parce qu’elle a des tumeurs qui grignotent ses organes. Ces tumeurs ne sont pas belles, elles sont terrifiantes, intelligentes et destinées à étouffer la vie d’une personne. Ces tumeurs, elles sont une part d’elle maintenant, et elle fait de la place pour elles comme elle a fait de la place dans son appartement. Et il va y avoir de moins en moins de place pour le reste, pour les autres. Alors elle laisse le silence se loger dans sa gorge et reprend un peu d’air, cherchant à s’alléger encore plus, certainement. La dernière chose que l’italienne souhaite, c’est peser, laisser un mauvais souvenir. Il vaut mieux se retirer avant ; ça fait partie de son plan.
On ne perd pas ce qu’on a jamais eu. On ne garde jamais ce qui n’est pas à nous. On ne peut pas s’accrocher à ce qui ne veut pas rester. Faut pas qu’il fasse ça, faut pas qu’il oublie ce qu’ils sont et ont toujours été. Que les rencontres sont autant des portes que des fractures qui marquent le temps et créent un avant et un après. C’est tout ça qu’elle murmure avec ses mots du silence, dans des gestes infimes et des mimiques immobiles. Ces mots qui ne sont plus faits pour passer les bouches, ni même pour être entendus. Ils sont faits pour être lus, les yeux fermés. Mais ce n’est peut pas assez. Moi ça va passer... À nouveau ce souffle trop flou, pour une fois trop doux, appuyé par un autre baiser. Pas sur ses lèvres, mais sur sa joue salée. Puis ce sont ses bras qui l’embrassent, l’enlacent, coulent sur ses épaules pour mieux le rapprocher ou simplement le consoler, le bercer contre elle. Et elle ne ment pas. Pas vraiment. Ça va vraiment passer, et elle aussi. Elle ne fait que passer maintenant -un adn fait pour se volatiliser. Mais elle n’arrive pas à lui dire. Ça reste bloqué au bout de ses lèvres. Elle aussi elle aimerait ne pas y penser à ce puit qu’elle creuse à chaque pas qu’elle fait. Alors finalement, c’est plus simple de se concentrer sur les problèmes des autres. Qu’est-ce qui t’arrives Asher ? Ses doigts dans ses cheveux bruns qui tissent ou défont inconsciemment des noeuds, comme avant, comme toujours. La blonde se détache pourtant un peu pour amarrer ses yeux aux siens. Pourquoi tu deviens dingue si facilement ? Et ils bondissent entre ses iris inquiets, l’appréhension suspendue entre eux comme les restes d’un vieux tricot humide et piquant l’âme. Est-ce que tu vas me raconter ? Mais ce que Serena demande restera toujours sincère. Elle veut vraiment savoir ce qui l’étreint, ce qui le heurte, ce qui l’atteint. Parce qu’il l’a toujours touchée. Depuis ce bar où elle lui a offert des verres pendant son service. Où elle l’a fait resté assez longtemps pour qu’elle puisse s’asseoir à ses côtés et qu’il ait l’air un peu moins seul. Que quelqu’un l’accompagne juste un peu, un bout d’chemin. Parce qu’il y a des êtres qui nous touchent plus que d’autres, sans doute parce que, sans même que nous le sachions nous-mêmes, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque.* Et parce que Asher est de ceux-là, quoi qu’elle tente de planifier, et peu importe dans combien de temps elle se détachera finalement de sa route à lui.
* Anima Wajdi Mouawad |
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Dim 10 Sep - 22:11 | |
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Serena & Asher if I ever leave this world alive © creditimage|tumblr Tous les ouragans commencent par un coup de vent. Il n’y a pas de mot approprié pour qualifier la détresse et l’alerte qui s’emparent d’Asher, jusqu’à paralyser chacun de ses muscles, lorsque Serena parle enfin. Lorsqu’elle élude, comme elle sait si bien le faire. Il a l’habitude, avec elle, des discussions qui tournent court parce qu’elle saute du coq à l’âne. Sauf que là, ce n’est pas ce qu’elle fait. Là, elle ment. Il le sait parce qu’étrangement, il a l’impression de la connaître, comme si leurs âmes étaient entremêlées l’une à l’autre et qu’il était impossible de toucher l’une d’elle sans que l’autre ne sente la pression et y réagisse. Drôle, d’avoir une connexion aussi forte avec un autre être vivant mais de ne pas pouvoir dire les choses clairement. Tout serait plus simple avec Elena, avec Caïn, avec Jael. Les aveux, les reproches, les larmes et l’amertume pinçante dans les syllabes, l’acide dans la verve et la séparation finale à la larme facile. Sauf qu’il ne s’agit pas de toutes ces personnes pourtant tellement importantes qui gravitent autour de lui. Sauf que c’est Serena, qu’il a trop souvent su que ses oui signifiaient non et que lorsqu’elle refusait de dire quelque chose, il était impossible de lui faire cracher la vérité. Il pourrait être comme elle, il devrait. Ça lui éviterait d’avoir mal au creux du cœur, de sentir son souffle se couper, de nouveau, comme quelques minutes auparavant. Ça lui éviterait de céder trop facilement à la panique et d’expirer lourdement lorsqu’elle lui pose des questions, trop de questions. Elle sait qu’il répond toujours, qu’il est mauvais menteur. Elle le sait, elle en joue même, et ce n’est pas fair-play mais c’est impossible de lui en vouloir. Il ferait pareil s’il le pouvait. « Serena », première supplique murmurée alors qu’elle réitère, lui demande pourquoi il devient dingue, « arrête » il murmure, arrête de faire semblant t’intéresser et arrête de me laisser penser que tu ne fais pas vraiment semblant. Arrête parce que les larmes se pressent au seuil de ses yeux et que les vannes menacent de céder à tout moment, et ce n’est pas ce qu’il souhaite. C’est bête, parce que Serena est sûrement la seule personne avec laquelle il ait l’impression de pouvoir totalement se laisser aller, casser les barrières et enfoncer les portes. Elle ne le rejettera pas, Serena, elle ne partira pas. Pas comme Elena qui fait la morte, pas comme Caïn qui feigne d’être présent alors qu’il ne l’est pas. Serena est là, sous ses doigts, Serena est palpable et définitivement présente, aussi amaigrie et faible soit-elle, aussi désespérément têtue et incapable de lui donner des explications. De lui dire ce qu’il veut entendre. Il ne l’aimerait peut-être pas autant si elle était comme ça, si elle n’était pas sauvage, si elle était docile. Il aurait peut-être moins envie de cueillir chaque bribe de souffle qui émane de ses lèvres, chaque sanglot informulé qui transpire de ses mots. Il l’aime, Serena, à s’en crever le cœur, à percer des trous dans ses espoirs à chaque mensonge qu’elle prononce, à répondre par un simple « non » lorsqu’elle demande s’il va raconter.
Ouais, il l’aime. Il l’aime et c’est pour ça qu’il ne lui dira rien. Pour ne pas lui faire encore plus mal, pour ne pas voir se dessiner sur ses traits les rides de la culpabilité, les sourcils en circonflexe et la bouche entrouverte, les yeux larmoyants et les mains trop timides, comme si elle craignaient de le briser. Il l’aime et pour cette raison, il refusera d’avouer, même sous la contrainte, même si c’est la dernière fois qu’ils se voient. Surtout si c’est la dernière fois qu’ils se voient. Y a le bout de ses doigts qui s’enflamme presque à son contact, contagieuse Serena, l’amour au bout de la bouche et son haleine douce-amère trop proche, trop attirante, trop familière. Les paumes d’Asher qui connaissent trop bien la carte de son corps, se posent au bas de ses reins et l’attirent contre lui alors qu’il l’embrasse de nouveau, lèvres soudain avides et dents qui s’entrechoquent presque, la chamade de son cœur tellement forte qu’il pense un instant le voir bondir de sa poitrine. Il la guide lentement, un pas après l’autre, jusqu’à son lit au matelas presque moulé sur les courbes de l’italienne, sa plus belle conquête et bientôt sa plus douloureuse. Ce qui est terrible, c’est qu’elle n’a pas besoin de parler, Serena. Il devine. Il a toujours été bon pour ça, c’était ce qui faisait de lui un bon avocat. Sa capacité à lire dans les autres comme dans des livres ouverts, de la première à la dernière page en l’espace de quelques minutes, avec la facilité d’un rat de bibliothèque. Les doigts se posent une nouvelle fois sur la silhouette de la blonde, le long des côtes et puis des hanches, remarquent les os trop saillants, suivi du murmure de douleur qu’elle tente de cacher entre ses gémissements et tout l’esprit d’Asher s’active, met les rouages en marche, rembobine le film, tente de trouver une cohérence. Elle est toujours malade. Et elle refuse de lui dire. Putain.
Y a pas beaucoup de choses à faire de cette information, de ce qu’elle provoque dans son palpitant, des larmes qu’elle laisse de nouveau couler le long de ses joues alors qu’il continue de taquiner ses lèvres des siennes, les sanglots contenus dans son souffle. Dieu qu’il l’aime. « Ça t’irait si on faisait l’amour là, maintenant ? » C’est un murmure, et il se redresse un instant sur ses bras, histoire de la regarder dans les yeux, d’éviter un instant les mensonges qu’ils se lancent à la face depuis plusieurs minutes déjà. Il n’avait pas ça en tête quelques minutes plus tôt, pas vraiment. Il sait même pas s’il est capable de coucher avec elle alors que c’est le bordel à l’intérieur de lui, que son esprit fout le camp aussi, qu’il part à des kilomètres de là. Ses bras tremblent un peu, effet collatéral des médicaments et de la peur. Faut pas qu’elle remarque, il se dit, alors il plonge de nouveau sur elle. Une main cueille le visage de l’italienne, ses iris cherchent leurs jumeaux. C’est terrible, oui. Terrible comme il a l’impression de la perdre doucement.
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too soon :'( ▹ posts envoyés : 1299 ▹ points : 0 ▹ pseudo : a maze lie | birds ▹ crédits : ava;eriam – quote : d. lauzon – signa;beerus ▹ avatar : georgia may jagger ▹ signe particulier : les dents du bonheur et bercée par le soleil. actuellement en pleine rechute d'un cancer de l'estomac et refuse le traitement
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Mer 18 Oct - 15:54 | |
| Une demi-vérité. Une moitié de mensonge. Est-ce qu’il lui pardonnera cette eau vague dans laquelle elle les plonge ? Elle essaye de limiter les dégâts, mais c’est déjà trop sombre pour elle, pour lui -elle n’aime pas ça. Et son prénom entre ses lèvres, ses murmures qui en disent long, ça résonne faiblement entre ses côtes, comme les couperets d’une justice qu’elle n’a pas demandée. Non. Non, il ne lui dira rien. Comme une punition. Elle baisse le menton et sourit douloureusement. Boomerang qu’elle a envoyé. Boomerang qu’elle a récupéré et qu’elle a pourtant du mal à accepter.
D’habitude, c’est facile, presque automatique. Les gens s’ouvrent, se confient, racontent et, elle, elle écoute, elle absorbe, elle éponge. Mais ça y est, le faux-contact est là. Ça ne fonctionne plus. Ça ne fonctionnera plus. [!]Parce que t’as retiré un des reflets du miroir, Serena. Si tu souris pas, si tu t’ouvres pas, si tu te confies pas, si tu racontes rien : t’auras rien.[/i] Y a plus de communication, plus d’échanges, plus de partages, plus rien. Tout se délite. Tout s’effrite. Surtout l’âme et le coeur. Ça fait déjà mal. Ça commence mal. Et pendant une seconde, elle se dit, elle espère que tout se terminera vite. Parce qu’elle ne supportera pas de vivre comme ça longtemps. Les douleurs dans le ventre comme des fractures, le cancer qui revit, les tumeurs qui se régalent, l’appétit qui fout l’camp, la toux qui s’accroche dans la gorge, la force qui s’échappe des muscles, la décharnation, la dégradation, la peau en miettes et les cheveux avec : elle saura gérer, elle y croit à ça, elle en est certaine. Elle pourra encaisser. Elle a déjà appris tout ça une première fois, même si Tyfy l’a prévenue que ça serait forcément plus pénible cette fois-ci. Ça va de paire avec le stade terminal. Mais cette absence de dialogue qui réduira ses relations à, finalement, rien de tout à fait humain : elle n’y arrivera pas. Elle s’en doutait, mais n’imaginait pas à quel point. Voir, sentir Asher se cloisonner -encore seul avec ses pensées- ça la fusille. Ses émotions qui s’emmêlent, trébuchent et s’éparpillent ; elle vacille, tremble et se crispe, tout à la fois, tout ça qui se perd dans les craintes et les angoisses. Ça lui est si étranger. C’est si effrayant de se défaire de ce qui fait de nous des êtres humains.
Alors juste encore un peu, juste une fois, une dernière fois, elle se repose sur l’alchimie. La rencontre de tous les langages de la communication humaine : sentiments, désirs, émotions, inconscient et sens. Juste ce contact incontrôlé et naturel. Quand ses mains dévalent sa peau pour être sûre de conserver son exacte image dans son esprit, il répond enfin. Les coeurs en canon, les chairs en transe et les lèvres qui s’appellent, s’attrapent -refusent de se quitter. Juste encore un peu, juste une fois, une dernière fois. C’est ça, pas vrai ? Juste ça ? Même quand il la guide doucement vers ce lit où elle a déjà été tellement de fois, entremêlée dans ses draps où s’étaient agités leurs ébats ? Oui peut-être bien. Pourtant elle sait déjà que c’est justement comme ça qu’elle va s’ouvrir et qu’il va voir, comprendre. Parce qu’Asher décèle déjà trop facilement ce que les gens souhaitent cadenasser au fond d’eux, alors c’est presque une autre peine perdue. Peine abandonnée entre ses doigts, sous sa bouche qui lui fera toujours autant d’effet, peu importe l’état dans lequel ils sont. La sensibilité qui s’effeuille à mesure qu’il l’envahit, qu’il saisit… qu’il éprouve. Elle le sent aussi. Et le boomerang revient à nouveau. Ses larmes à elle qui coulent sur ses joues à lui. C’est injuste. Il devrait pas la toucher comme ça.
Ça t’irait si on faisait l’amour là, maintenant ? Regards en suspension. Elle y voit une certaine peur, une impatience aussi, le tout enrobé par toutes les formes d’amour qu’il veut lui donner. Elle ne veut pas avouer que son coeur s’est gonflé en comprenant toutes ses nuances et qu’il crève d’envie de dire merci. Depuis quand tu te retiens, Serena ? Peut-être parce qu’il a avoué ne pas aller bien et qu’elle a fait le lien avec la marque à son cou, dessinée comme une faille dans l’âme d’Asher qui tremble à cet instant. C’est ce qu’elle perçoit, c’est ce qui le rend si sensible et émotif là maintenant. Alors elle tourne une seconde son visage loin d’ici malgré sa grippe, inspire fortement en cherchant sa salive et ravalant l’affliction qui se précipitait au coin de ses cils. Ses mains l’ont relâché pour passer sur son visage, comme pour tout laver, comme si ça suffirait à effacer la honte qui la saisit alors qu’il la regarde avec ces yeux-là. Il n’est pas état, mais il s’efforce déjà. Parce qu’elle a provoqué les émotions qu’elle redoutait le plus. Non. Elle le repousse doucement d’une main contre son torse et se redresse dans le même mouvement. Mais suis-moi. Elle le guide à travers l’appartement qu’elle ne connaît pas bien, l’emmène par la main jusqu’à la salle de bain qui ressemble un peu à la sienne. Juste un évier, un miroir accroché et une baignoire plus carré que rectangulaire. À mesure que l’eau chaude s’y déverse, l’italienne se dévêtit avant de l’entraîner... de l’intimer à s’installer entre ses bras, entre ses cuisses, tout contre elle, et qu’elle puisse l’envelopper comme elle aime le faire. J’aurais toujours envie de te faire l’amour, Ash. Mais là maintenant, je… ça te ferait du mal., qu’elle affirme enfin par un souffle du coeur, ses lèvres contre son oreille, ses mains cherchant les siennes, son corps cherchant peut-être à l’enfermer un peu plus dans ce cocon de chaleur. Juste une fois. Juste une exception. Juste un instant où elle garde la liberté d’un autre rien que pour elle. Tu décryptes les gens, je sens les choses et aucun de nous deux n’est idiot. Mais je ne sais pas... Petit éclat douloureux perçant ses derniers mots. C’est son “j’y arrive pas, me demande pas de le dire tout haut, pas tout de suite.” Est-ce qu’on ne peut pas juste rester comme ça ? Besoin de rien d’autre, pas vrai ? Elle a juste ce besoin de pouvoir l’enlacer, de l’adorer. Lui donner ce qu’il est en état de prendre, et elle de s’en contenter. Juste ça. Juste une fois. Une dernière fois ? Ça la rassurerait déjà un peu si ils retrouvaient leur équilibre au milieu de leur monde en désharmonie.
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Mer 18 Oct - 18:54 | |
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Serena & Asher if I ever leave this world alive creditimage|tumblr Fiasco ambulant, catastrophe avec deux bras et deux jambes, peut-être un semblant de cœur derrière la chair. Peut-être qu’il ne bat plus, d’ailleurs, ou qu’il bat trop fort, ça tape contre ses tempes, sous les mèches brunes sûrement trop longues, il a la flemme d’aller chez le coiffeur pour rafraîchir tout ça, c’est un truc de gens heureux d’bouffer son fric là-dedans. Il n’a pas besoin de le verbaliser, de mettre des mots sur son malaise, Serena le connaît trop bien et elle le voit sûrement, l’évidence n’a pas besoin qu’on l’explique, par définition. C’était plus facile quand elle n’était pas là, plus facile d’envoyer des textos à la volée sans vraiment penser qu’ils trouveraient une réponse chez l’italienne, sans anticiper, sans se dire qu’il devrait s’expliquer, justifier la trace à son cou et les larmes sur ses joues. C’était plus facile quand y avait pas ses grands yeux bleus face à lui et sa silhouette décharnée, quand il pouvait se dire que ses problèmes étaient sûrement les plus importants et que rien ne pourrait aller plus mal. Mais Serena ne va pas bien. Elle essaie de le cacher, de détourner l’attention, elle fait comme lui et il peut pas lui en vouloir, lui dire qu’elle se fout de sa gueule, il se prendrait la même remarque dans les dents deux secondes plus tard. C’est un juste retour des choses, au final, on se ment, on ne se dit rien, on refuse de trop donner ou de trop prendre. Et qu’est-ce qu’on fait ensuite ? On baise pas, apparemment, c’est Serena qui décide, qui le repousse et l’attire vers la salle de bain. Chaque pas est plus douloureux que le précédent, il aimerait crever sur place et qu’on recouvre juste son cadavre d’un drap, pas besoin de grand cérémonial. C’est la panique, c’est la peur, c’est la dépression mélangée aux médicaments, ça lui coupe la respiration et ça lui donne l’impression d’avoir un corps en sucre qui se délite sous ses larmes. Il prononce de nouveau son prénom, elle l’entend pas, ou elle fait semblant de ne pas l’entendre. Il a envie de s’écrouler là, de plus bouger, de foutre sa joue contre le carrelage pour faire tomber la fièvre, il capte même pas que Serena remplit la baignoire qu’elle se déshabille, parce qu’il voit trouble, parce qu’il va pas bien. Ses sapes tombent par terre à leur tour, pourtant, il sait même pas comment il arrive à entrer dans l’eau, il sent même pas la chaleur lui cramer les jambes, il a la peau ignifugée et il aimerait que son cœur le soit aussi mais il est en putain de coton, il s’imbibe, gonfle, se délite. Il colle son dos contre la poitrine de Serena, ferme les yeux. Elle parle et il voudrait lui dire de se taire parce que ses mots n’ont aucun sens, parce qu’il ne veut pas qu’ils en aient, parce qu’il refuse de décrypter ce qu’ils peuvent bien signifier, il veut pas lire entre les lignes, il veut maintenir l’illusion que tout va bien. « Si, on peut », murmure, vaine tentative de faire croire qu’il n’est pas détruit. Sauf qu’il l’est, sauf qu’elle l’entoure de ses bras, que ses mains trouvent celles d’Asher et entremêle leurs doigts. Sauf qu’il explose en sanglots.
Y a pas que des larmes de tristesse dans ce qu’il pleure, y a aussi des larmes de colère, d’incompréhension, de douleur, un mélange de tous ces sentiments qui s’incrustent dans son âme jusqu’à la pourrir complètement, jusqu’à n’en laisser qu’une épave grignotée, putrescente. Il lui en veut, bordel, il lui en veut terriblement, il s’en veut à lui-même, aussi. Il s’en veut parce qu’il refuse de dire ce qu’il a fait à Serena, parce qu’il en fait une question de principe, parce que l’aveu ne franchira pas la barrière de ses lèvres, pas maintenant, pas comme ça. Il ne se voit pas lui dire au fait, j’ai essayé de me tuer alors qu’il ignore ce qu’elle a elle, alors qu’il en crève, alors que la panique se charge de le mettre à terre, de lui couper le souffle, de le faire hurler « ne m’touche pas » alors qu’il sent les bras de son amie se resserrer autour de lui. Il le pense pas, pas vraiment, pas comme ça mais c’est comme ça que ça sort et c’est comme ça qu’il se referme en à peine plus de temps qu’il en faut pour cligner des paupières, serre ses propres bras contre lui, recroquevillé sur son corps, tremblant et suffoquant, c’est les médicaments il se dit, c’est les médicaments il se répète, c’est pas le fait qu’elle te cache quelque chose, ni le fait que ta vie soit un désastre absolu. Les secondes tournent, on entend presque les aiguilles de l’horloge du salon discuter entre elles à coups de tics et de tacs. Sa main glisse maladroitement sur ses joues, essuie les larmes, il déglutit, pour un peu on dirait que c’est sa fierté qu’il ravale. « Pardon Serena », il souffle, c’était pas contre elle, pas vraiment, c’était plutôt contre l’univers qui semble s’acharner contre lui. C’aurait été plus facile de faire semblant, de baiser, de se cacher derrière des faux sourires. Plus facile, mais moins eux. Ça ne leur ressemble pas d’esquiver les grandes conversations, ils se sont toujours tout dit depuis qu’ils se connaissent, n’ont jamais rien gardé pour eux. Sauf là, sauf maintenant. Ils sont têtus, ces deux gamins, à pas savoir lequel doit faire le premier pas, déballer ce qu’il a sur le cœur histoire de passer à autre chose. « Tu crois qu’on est trop bousillé pour pouvoir être sauvé ? » Pour elle, au sens propre, pour lui au figuré. Ouais, sûrement. Sûrement trop esquintés pour qu’il y ait quoi que ce soit de récupérable. « M’abandonne pas, s’il te plait. » Il sait que c’est une promesse qu’elle pourra pas tenir. Il veut juste l’entendre de sa bouche.
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Jeu 19 Oct - 15:25 | |
| Elle aimerait bien comprendre pourquoi tout se fissure en lui. Pourquoi son coeur éclate en sanglots ? Même si elle aurait pu voir venir le débordement, c’est trop tard, elle ne peut pas le rattraper, pas même en désirant le réconforter, le serrer encore plus entre ses bras. Chose qu’il lui interdit illico, provoquant un arrêt sur image et presque un arrêt cardiaque tellement le rejet est violent. Mais elle obtempère, trop facilement, trop docilement. Normalement, elle n’aurait pas cédé à son triste caprice. Elle aurait insisté, forcé le contact, tenu bon, tenu fort, à ce qu’il ne se sente pas seul même si il croit que c’est ce qu’il veut ou ce dont il a besoin. Elle se serait fait une place comme elle a l’habitude de faire. Mais non, pas cette fois. Elle le laisse pleurer loin d’elle qui ne peut rien faire à part laisser son coeur courir comme un dératé, comme si il cherchait à rattraper ses larmes avant qu’elles ne se noient dans le reste de l’eau. Elle est juste là en témoin. Elle voit son dos se courber dans une détresse, une mélancolie qu’elle ne lui a jamais connues, et ça lui fait peur. Sa voix qui s’excuse et glisse ressemble à du papier de verre. Je sais., qu’elle tente de le rassurer avec le plus de solidité possible, tout ce qu’elle peut donner en deux maigres mots. Et bien qu’elle ait accepté de lui laisser la place qu’il voulait pour pleurer, elle n’a pas eu un seul instant l’intention de partir. Y a au moins cette stabilité-là qui transpire de sa peau. Elle bougera pas. Pas même lorsqu’il raconte des conneries. Elle ne se considère pas comme bousillée, et lui encore moins. Mais il n’y aurait que lui pour lui prouver le contraire si il acceptait de lui raconter pourquoi il se sent comme ça. M’abandonne pas, s’il te plait.
Son palpitant se rétracte violemment dans sa cage d’os. Le souffle volé. Il est terrible à lui demander ça. Il sait bien que peu importe la situation dans laquelle elle est, elle ne peut pas y répondre. L’électron, l’esprit libre qui ne fait que graviter autour des gens, ne fait que les croiser un bout de chemin… C’est contre sa nature de rester accrochée, fixée quelque part, à quelqu’un, définitivement. Serena n’a jamais pu accepter cette notion trop immuable pour elle. Alors tant pis pour la douceur et le miel. Autant qu’il souffre pleinement aujourd’hui plutôt qu’il ne traîne une peine quotidienne. Désolée mais… J’vais mourir Asher. C’est pas un abandon, elle ne veut pas qu’il pense ça. J’vais partir, qu’elle aurait pu dire pour que ce soit moins brutal. Même pour elle, elle aurait pu essayer de réduire l’effet glaçant. Mais c’est peut-être bizarrement ce qu’elle cherche à faire maintenant, à se rattraper quand elle pose ses lèvres sur les siennes avec une certaine chasteté. Un effleurement bref, fragile, bouches closes. Comme si l’embrasser ainsi pouvait la camoufler ou minimiser l’impact. Sur elle un peu, sur lui beaucoup plus, sur eux tout simplement. Pourtant, aucun des d’eux n’a jamais eu peur de mourir apparemment. Mais t’es pas bousillé Ash. Elle s’est rapprochée avec plus de détermination et ses mains se sont plaquées sur ses joues pour forcer son regard à se river au sien, que ses mots s’incrustent pleinement. Pourquoi tu penses ça ? Dis-moi. Laisse-moi voir ce que tu vois. Et laisse-moi te montrer que tu te trompes. Ton état actuel… il n’est pas gravé dans le marbre. C’est pas fini Asher.
Même si elle le libère, relâche tout contact pour reculer contre la paroi de la baignoire et peut-être bien grappiller un peu de chaleur en se laissant glisser légèrement dans l’eau… Ses yeux clairs eux ne bougent pas, ne le quittent pas. Comme si elle n’avait finalement pas besoin de le toucher pour l’étreindre et l’atteindre. Est-ce que tu vas m’obliger à te faire promettre de continuer ? Toujours se battre, résister malgré les tortures du destin, n’avoir besoin de personne pour se sentir sauf et juste vivre ? C’est culotté. Elle le sait.
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Jeu 19 Oct - 20:03 | |
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Serena & Asher if I ever leave this world alive creditimage|tumblr Ça flotte dans l’air embué de la salle de bain, ça menace d’exploser à tout moment, ce que Serena insinue entre les lignes brisées de ses mots, ce qu’elle semble vouloir lui dire autant qu’elle a l’air de vouloir lui cacher. Il reste recroquevillé sur lui-même, les yeux paumés dans l’eau, il se sent mal, préfèrerait partir loin, très loin, c’est son truc à Asher, fuir les problèmes, se casser à des milliers de bornes pour pas qu’ils le rattrapent, pour pas qu’ils le percent à jour, pour pas qu’ils montrent qu’il n’est qu’un putain d’incapable qui ne sait pas affronter les obstacles. Manque de courage, manque de volonté, un peu des deux sûrement. Manque de bol aussi, parce qu’il avait fallu qu’il naisse avec un cœur trop grand pour lui et l’envie de distribuer son amour au plus grand nombre, parce qu’il l’avait toujours fait de la mauvaise manière et que ç’avait toujours été un drame de devoir expliquer, de tenter de le faire. Y a son esprit qui lui dit de fuir, de s’barrer avant qu’il ne soit trop tard, avant que Serena ne crache les mots qu’elle retient derrière ses dents et qui le laissent complètement paralysé. Il y a un moment de flottement, un moment pendant lequel il ne sait pas comment réagir, parce qu’il ne l’a pas vraiment écoutée, il a juste compris le dernier mot et ça lui suffit, c’est juste ce qu’il faut pour le détraquer, pour le bousiller, pour l’anéantir. Elle parle, parle encore, il n’entrave rien, il s’en fout. Y a que cette phrase qui compte et pas les mains de Serena sur son visage ni ses yeux dans les siens, d’ailleurs il les fixe sans trop savoir pourquoi, comme le chien qui regarde le doigt quand on lui montre un bout de steak, stupide et mécanique, complètement incapable de dire le moindre mot, de faire le moindre geste. J’vais mourir Asher, putain mais pourquoi tu l’as pas dit plus tôt, j’vais mourir Asher, et moi j’vais faire quoi si tu meurs, j’vais mourir Asher, non bordel de merde, tu vas pas mourir, arrête ces conneries. Elle dit d’autres choses mais c’est cette phrase qui revient en boucle, comme si quelqu’un avait appuyé sur repeat, ça fait des boucles dans sa tête et ça enraye les engrenages qui lui servent de cerveau, il est quasi certain de ne plus jamais pouvoir mettre les pieds hors de cette foutue baignoire. Y a la dernière question qui claque dans l’air, et Asher qui murmure « non. » Sauf qu’il ne répond pas à ça. Sauf qu’il est resté bloqué sur la révélation morbide qui lui crève le cœur, qui lui entrave les membres, qui lui donne envie de foutre sa tête sous l’eau et s’laisser définitivement crever. Il se tourne pour faire face à Serena, les pieds glissés de chaque côté de son bassin, les yeux paumés dans les siens dont l’azur porte des teintes d’orage, il avait jamais remarqué que le gris se mêlait au bleu quand elle était inquiète. Quand elle est inquiète. Faut pas oublier qu’il vient de répondre non à son je vais mourir. Avec trente secondes de retard, mais ça compte quand même. Et peu importe si son cerveau lui dit que c’est normal, que la première étape du deuil est le déni. Non, elle va pas mourir, pas tant qu’il est là, pas tant qu’il l’interdit, il est comme un gosse capricieux, impuissant, vulnérable, un demi-dieu infoutu de tourner la roue du destin à l’envers pour sauver son amie. Putain d’incapable, Asher. Et pourtant, il a l’aplomb de la regarder, les lèvres qui ne tremblent pas et les larmes qui ne coulent plus, sûrement parce qu’il n’a pas encore compris, parce qu’il ne veut pas encore comprendre. Pas tout de suite. « Tu suis un traitement hein ? Tu veux que je t’accompagne ? Tu veux vivre ici, que j’vive chez toi ? J’sais que t’as jamais voulu t’attacher à personne mais je m’occuperai bien de toi, Serena, j’t’emmènerai à tous tes rendez-vous et tu m’auras toujours près de toi si tu sens que ça ne va pas. » Un plan sans faille, si on compte pas le fait qu’elle va vraiment mourir. C’est comme s’il avait déjà tout calculé sur vingt piges, au moins. Il la regarde pas, ça lui évite de lire dans ses yeux à quel point il la déçoit, à quel point il est à côté de ses pompes, à quel point il comprend vraiment rien à la vie, à la mort. « J’resterai avec toi, j’te lâcherai pas », même quand elle n’aura plus de cheveux, même quand elle passera son temps à vomir dans les toilettes, quand elle aura tellement perdu de poids qu’elle pèsera plus rien du tout. Sauf qu’y aura jamais tout ça. C’est précisément à cause de trucs comme ça qu’elle doit pas avoir envie de se soigner, et il peut pas la blâmer. Personne ne voudrait passer ses derniers jours à souffrir le martyre juste pour être maintenu en vie. Personne. Lui non plus, surtout pas. Pourquoi ne pas l’accepter, alors ? Pourquoi ne pas juste lui dire qu’il la soutiendra même si elle ne se soigne pas, même si elle se laisse crever.
Parce que ça fait mal.
La réalisation prend quelques secondes, quelques minutes, alors qu’il la regarde de nouveau et qu’il voit dans ses yeux qu’elle lui dit non, non j’me soignerai pas et non j’survivrai pas. « Serena », il souffle, les larmes au bord des yeux et le hoquet de sanglot qui s’échappe de sa gorge alors qu’il se détourne d’elle, va se raccrocher au bord opposé de la baignoire, s’effondre par-dessus, à deux doigts de gerber tout ce qu’il peut, de tomber dans les vapes. Ça fait mal quand il respire, l’air s’échappe en bribes sifflantes qui demanderaient presque qu’on l’achève, qui piquent le fond de sa gorge, qui le laissent muet, incapable de lui dire à quel point il la déteste et à quel point il l’aime. C’est injuste. C’est injuste qu’une fille de vingt-quatre balais soit au crépuscule de sa vie alors que lui va parfaitement bien. Ça devrait pas être comme ça. Ça devrait être l’inverse. Il lui donnerait sa vie si ça pouvait la sauver, c’est pas possible hein ? Ils peuvent pas lui faire une greffe, un truc du style ? S’il se tire une balle en pleine tête, y aura encore plein d’organes à sauver. Pourquoi pas les lui donner ? Putain faut faire quoi dans ce putain de pays pour sauver une fille qu’a même pas passé le quart de siècle ? « J’me suis pendu, j’le referai, et j'me râterai pas », il murmure quand il est de nouveau capable d’articuler les syllabes. Au jeu du plus gros briseur de cœur, il est pas persuadé d’arriver dernier. Et avec un haussement d’épaules, les yeux toujours plantés sur la putain de cuvette de chiotte qui fait face à la baignoire, à l’opposé de Serena, il ajoute : « on s’est tout dit. On est quitte. »
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too soon :'( ▹ posts envoyés : 1299 ▹ points : 0 ▹ pseudo : a maze lie | birds ▹ crédits : ava;eriam – quote : d. lauzon – signa;beerus ▹ avatar : georgia may jagger ▹ signe particulier : les dents du bonheur et bercée par le soleil. actuellement en pleine rechute d'un cancer de l'estomac et refuse le traitement
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Lun 30 Oct - 14:45 | |
| Non ? Elle aimerait être sûre que ce soit la vraie réponse à sa question. Elle voit bien qu’il n’est pas là. Ailleurs dans ses pensées qu’il tisse bien trop vite avec les fils de sa déraison. Ça l’angoisse un peu Serena. Elle n’arrive pas à le prédire, plus bien à le lire. Y a une boule opaque qui se forme dans son ventre, un truc nerveux… Elle regretterait presque que ce ne soit pas une nouvelle tumeur. Est-ce que ça serait plus facile à gérer qu’un Asher en pleine déroute et si… versatile ? Et à chaque mot qu’il ajoute, la panique s’enroule un peu plus à sa voix, comme un serpent dans sa gorge prêt à l’étrangler. Elle ne comprend pas. Il ne comprend pas. Il fait l’enfant et elle n’a pas les armes pour le maîtriser. Elle n’est jamais armée Serena. Et tout ce qu’elle voit, c’est qu’ils pataugent l’un en face de l’autre, au lieu d’essayer de se sortir de là ensemble. C’est pas censé être un cauchemar. À vrai dire, c’est plutôt simple.
Y aura pas d’enterrement. Pas de cercueil. Pas de tombe. Je serai partie avant. Elle aussi elle a tout calculé. Mais merde. Elle va être incapable de le dire à qui que ce soit d’autres si ils réagissent tous comme lui, la forçant à être froide et cruelle. Elle pourra pas. Peut-être qu’il vaut mieux qu’elle ne dise rien. C’est mieux pour tout le monde. Et elle regrette de lui avoir dit. Elle ne veut pas qu’il imagine une seule seconde ce que ça pourrait être. Quand ses joues, son cou, ses mains, ses bras auront disparus. Que sa peau sera jaunie au point de menacer de craquer à chaque contact. Quand sa mâchoire manquera de se décrocher, que ses yeux auront l’air de manger son visage alors que c’est ce fichu cancer qui lui bouffe tout le ventre. Quand elle ne sera plus qu’odeur médicaments au lieu d’encens. Quand elle refusera leur perruque synthétique pour assumer son crâne rasé ou les chèches vainement colorées. Quand son sourire en deviendra effrayant. Elle déteste le voir comme ça, imaginer un seul instant subir tout ça. Elle refuse qu’il l’accepte. C’est pas à lui de se décomposer petit bout par petit bout. C’est à personne, excepté elle. C’est le deal.
Qu’est-ce qu’elle le déteste quand il est comme ça. Quand il bute et trébuche à force de s’aveugler. Quand il s’échorche jusqu’à ce que la réalité le frappe. Mais comme on dit : qui ne pleure pas, ne voit pas. Au moins, ils n’ont pas à être de bons comédiens, à se sourire quand ils sont malheureux, à hausser les épaules quand ils sont désagréables ; la gorge sèche et la répartie heureuse. Surtout pas apparemment. Parce que quand il reprend la parole, il la pétrifie. Sa confession et son défi puérile lui ôtent tout son air. La plongent dans un état de sidération glaçant. La douleur est telle que le cerveau renonce à faire son boulot de transmetteur. Cette hébétude entre le drame et les hurlements. C’est aussi ça qu’il vient de vivre… probablement.
On est quitte. On est quitte ? Il croit que c’est un jeu ? Que ce sera à celui qui fera le plus souffrir ? Mais est-ce qu’il a conscience qu’ils vont perdre tous les deux ? Est-ce qu’il saisit ce qu’il vient de dire au moins ? Il croit que la vie c’est comme ces jeux dans les fêtes foraines où dès qu’on attrape un gain, un autre disparaît. Ces jeux enfantins un brin énervant voire même décevant. C’est ça qu’il veut qu’elle lui dise ? Jamais. Jamais elle lui dira ça. Jamais elle ne se complaira dans la peine comme lui s’y enroule… s’y suspend… presque dépendant.
C’est une menace ? Tu fais du chantage maintenant ? Il ne regarde peut-être pas les perles de sel qu’elle perd. Mais il n’entend peut-être pas non plus ses mots, tellement sa tristesse cascade jusque dans sa gorge pour se briser sur ses cordes vocales et en redessiner ses reliefs. Peut-être qu’en réalité, j’ai toujours été une fuyarde… Ou peut-être que ta lâcheté m’a contaminée… Mais j’veux plus te voir, Asher. Les vagues se calment dans de faibles sursauts. Elle renifle. Plonge ses mains dans l’eau du bain et tente d’effacer toutes les traces de ce rideau sombre, mauvais déclin, qui a coulé sur sa peau. Et elle se relève. Quitte ce bassin devenu terrifiant. Mais se stoppe dans l’entrebâillement de la salle de bain. C’est la dernière fois qu’elle le voit. Elle ne regrette pas d’avoir refusé de faire l’amour avec lui. Mais elle est accablée de le voir dans cet état. J’espère sincèrement que tu trouveras quelqu’un qui te fera grandir, en vouloir plus... vouloir vivre. Quelqu’un ou quelque chose sur lequel ton coeur s’écrasera si fort que tu voudras plus jamais rien lâcher, pas même toi. Il n’a jamais été prévu que cette personne, ce soit elle. Les quelques heures, les quelques jours qu’ils ont passé ensemble depuis qu’ils se connaissent, ça a toujours suffit. Aucun d’eux n’a jamais demandé de plus, sinon ils auraient déjà fait changer les choses. Il sait qu’il n’en a pas besoin. Il n’en a jamais eu besoin. Asher a tout d’un artiste torturé, incompris et fantasque. Avec cette humeur particulière… et cette mélancolie unique, indéfinissable, rien de palpable excepté pour lui, et c’est à fendre l’âme, stranguler le coeur. À croire qu’il est déterminé à rester complètement insatisfait. Enfin pas complètement, juste parfaitement. C’est peut-être ça qui m’avait attiré la première fois…
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donne coeur, pas cher, déjà utilisé ▹ posts envoyés : 1889 ▹ points : 16 ▹ pseudo : Unserious/Agnès ▹ crédits : WHI, tumblr, bazzart / avatar : balaclava / AES : moi / gif : camille ▹ avatar : Ben Barnes ▹ signe particulier : un accent de liverpool, un tatouage "bad" au creux du coude, et une chevalière à l'index gauche. oh, et totalement casher. en théorie.
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Jeu 2 Nov - 19:14 | |
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Serena & Asher if I ever leave this world alive creditimage|tumblr Ça fera moins mal si tu la laisses partir. Petite voix dans sa tête, qui résonne beaucoup trop dans l’atmosphère confinée de la salle de bain. Ça fera moins mal si vous quittez vos destins respectifs, si vous arrêtez de vouloir vous imposer à l’autre, si tu la laisses crever de son cancer et que tu tires une balle dans ta jolie tête. Ça fera moins mal si vous êtes pas au courant, si vous vous pourchassez pas comme des rêves qu’on n’aurait pas fini de faire, à rattraper la nuit alors qu’elle ne dure que quelques heures. Petite voix noyée par les reproches de Serena, par les mots qui fusent hors de ses lèvres, s’accrochent à Asher pour lui donner l’impression de patauger dans une eau sale et râpeuse, incapable pourtant de se redresser sur ses pattes. Ça fera moins mal si tu te dis qu’elle ment, qu’elle dit des conneries, que t’es très mature et que tu réagis à cette putain de bombe comme un adulte. T’as plus vingt ans. T’en as plus trente. C’est elle qui devrait péter un câble, pas toi. Y a ses mains qui tremblent un peu, les mots de l’italienne qui le blessent comme si elle enfonçait des lames dans sa chair, y aurait pas à forcer beaucoup plus pour toucher un organe vital. L’eau qu’est trop froide maintenant qu’elle l’a laissé tout seul, la chair de poule qui se dresse sur son épiderme. C’est un moment hors du temps, un cauchemar éveillé, il prierait presque pour ouvrir les yeux et se retrouver dans son lit, les yeux plantés au plafond dans une expression horrifique. Il essaie. Ça n’arrive pas. Putain, c’est réel. Ça fera moins mal si tu la laisses dire ce qu’elle pense, si tu ne réponds pas, si tu la regardes juste se rhabiller et se barrer de l’appartement sans essayer de la retenir. « Je sais qu’j’suis un lâche, Serena. J’ai jamais caché c’que j’étais. Toi, si. » Toi, tu fais croire que t’es courageuse alors que tu baisses déjà les bras, que t’essaies même pas. Une sale gosse à qui on ne donnerait aucune vignette à l’école, t’as pas un poil de bravoure pour au moins tenter de t’en sortir. Lui, il a toujours été fuyard, il a toujours refusé de prendre ses responsabilités. Avec Scarlett, avec Sam, avec d’autres. Il a jamais voulu se dévoiler totalement, a toujours préféré prendre la porte dérobée avant qu’on ne l’attrape. Peut-être parce qu’il n’aime pas qui il était, qui il devient, même s’il pense que cette personne est sûrement meilleure que la précédente. C’était un petit con, avant. Un petit con avec du pognon, la pire espèce. Il l’est plus, il croit. Rien de sûr quand on voit comment il réagit, comment il repousse Serena, comment il sous-entend qu’ils se livrent un genre de guerre à la souffrance. Brûlure indienne, yeux qui piquent. C’est à qui sera le plus puéril, et il est bien parti pour gagner la course. « T’es censée être courageuse. T’es censée survivre. » Il l’a toujours pas regardée, les yeux plantés sur le chiotte, sent à peine quand elle quitte le bain. Ça devrait pas lui faire du mal, ils sont rien. Rien ou trop de choses, qu’ils se sont autorisé à devenir au fil des années. Ça devrait pas lui faire du mal, sauf que ça en fait. Sauf qu’il réalise qu’elle se barre, qu’elle lui dit des mots qui le cassent un peu plus, ouais il est gamin, ouais il le sait, non il changera pas. Faudra qu’elle fasse avec pour le peu de temps qu’il lui reste à vivre avant de clamser. Cerveau de côté, il sort de l’eau, réfléchit pas vraiment, trébuche presque sur le rebord de la baignoire et fout de la flotte partout sur le sol. « Fais pas ça. Pars pas. » La voix qui se rattrape à des bouts d’air, chevrotante, alors qu’il s’approche et attrape sa main de ses phalanges frissonnantes, les yeux plantés dans les pupilles azurées de Serena, ciel de traine derrière les larmes qui se devinent encore, elle lui brise le cœur encore une fois mais il s’en fout, il l’attire contre lui et l’enlace doucement, comme s’il avait peur de la briser. « J’suis désolé », il souffle, elle le connait par cœur et elle doit le savoir, le sentir, ça se voit dans sa façon de se mouvoir, de parler, de s’exprimer avec un venin trop tranchant pour être vraiment le sien. Ses mains qui s’agrippent doucement aux épaules de l’italienne, elle semble minuscule dans ses bras comme elle l’a toujours été dans ses draps, quand ils s’aiment et se perdent, se retrouvent brûlants l’un contre l’autre. « J’veux pas de tes couplets sur l’amour, Serena. J’m’en fous. » Il s’en fout, et c’est trop convenu. On dirait Gerard Butler dans PS: I love you, quand il dit à sa femme de continuer de vivre même si elle est dévastée par sa mort. Ça ne lui ressemble pas vraiment à Serena, ce genre de discours, ça sous-entend trop de trucs et il ne veut pas y penser, à elle, à eux, et si, et si t’étais pas presque morte, et si j’étais pas aussi torturé, et si j’t’avais fait des enfants, putain ils auraient été si beaux. « Simplement. Reste. » Reste et rhabille-toi, bois un thé, raconte-moi ta vie, parle-moi du dernier livre que tu as lu et de l’odeur de ton bain moussant, raconte-moi la plus grosse bêtise que tu aies faite en étant gamine, ton premier baiser, ton film préféré. Reste et dis-moi tous ces trucs que j’sais déjà mais qui n’ont d’importance que lorsqu’ils sont dits par toi, j’ai pas envie de me souvenir ta vie avec ma voix en narrateur, elle est trop froide et impersonnelle, et elle pourrait pas s’empêcher de pleurer. Reste et aime-moi ou ne m’aime pas du tout, traite-moi de connard, frappe-moi ou embrasse-moi. Mais pars pas.
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) Mer 8 Nov - 16:07 | |
| Elle pourrait être vexée, triste, déçue, mais il ne la comprend simplement pas. C’est pas d’sa faute, c’est pas d’leur faute. C’est pas grave. Ça passera. Ils oublieront bientôt ce moment et ces mots. Elle l’espère en tout cas.
C’est pas une question de courage ou de lâcheté. C’est plutôt que je suis prête… Consciente de ce qui va suivre. J’ai pas à le combattre. Ça fait partie de la vie, et c’est juste à moi de choisir comment je veux la vivre tant que je peux. Ce n’est pas parce qu’elle a déjà fait face à sa mortalité la première fois quand on l’a diagnostiquée qu’elle a plus de facilité. Ça n’a rien à voir. C’est toujours aussi difficile. Et ça ne veut pas dire qu’elle n’a pas peur ou qu’elle aborde les prochains mois sereinement. Elle sait qu’elle va souffrir, perdre ses repères comme si une tempête de sable allait bientôt raser tout son quotidien et ses familiarités. Je ne suis pas en train de me cacher moi. Elle a l’impression qu’il préfère se consoler en se rappelant inlassablement que c’est lui qui subit. Rêver ou regretter, ça semble tellement plus simple pour lui. Mais ce n’est pas le bon choix. Vivre, c’est plus que rester en vie. Plus que survivre. Et elle a pesé son choix. Elle a discuté avec son médecin et a compris que le traitement proposé n’offrait qu’une fin faussement retardée et pas forcément plus rose. Encore un délai. Un nouveau et faux sursis. Comme ce dont elle a déjà pu profiter ces quatre dernières années. Mais quelque chose, quelques mois supplémentaires plus... chimiques, artificiels, déconnectés de tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle veut. Alors oui, elle a choisi ce qui lui correspond à elle. Égoïstement. Mais en respect avec elle-même, ses valeurs, sa vie. Pas de traitements excessifs et indésirés. Elle a le droit de dire “non”. Elle a le droit de choisir. C’est sa liberté qui comptera toujours plus que tout le reste, et surtout plus que de futurs traumas qui pourraient aussi déteindre sur ses proches. En sortant de l’hôpital la première fois, elle s’est fait une promesse : vivre de la façon qu’elle veut. Et elle s’y tiendra. Qu’elle doive le faire seule ou accompagnée.
Moi aussi j’suis désolée. Désolée pour l’épisode nunuche. Désolée pour les mots de l’effraction, les mots qui fracturent. Désolée que tout ça ressemble bêtement à un désistement. Comme si quelque chose, quelqu’un, la vie, avait éteint la lumière. Elle ne le voit simplement pas de cette façon. Il ne faut pas qu’il soit en colère. Il ne faut pas qu’il soit aussi triste. Alors elle enroule ses bras autour de lui comme il l’enlace trop tendrement. Elle a envie de lui assurer qu’elle ne va pas se briser si il veut serrer plus fort, mais elle ne dit rien. Son coeur est trop bien à l’abri au milieu d’eux. Frémissant silencieusement quand il lui dit de rester au lieu de faire plus. D’accord. Cette fois. Juste une dernière fois. Elle ne le dit pas quand son son sourire s’étire, rayonnant, ce sourire qu’on peut pas ignorer, malgré les mots d’avant et les baisers de maintenant, qu’elle sème doucement dans son cou. Des baisers erratiques, tendres, rassurants, embués de fatigue, de fatigue physique, mentale. Mais des baisers pour assurer que ça ira, que ça va finalement. Elle ne lui en veut pas. Elle comprend. Et elle préfère qu’il garde des souvenirs flous mais extrêmement doux pour bercer et éloigner ses craintes. Tu as quelque chose à grignoter ? Elle se détache de ses bras, glisse sa main dans la sienne pour se défaire de son emprise -doigts au bout des siens, bras tendus entre eux, presque un adieu. Elle a l’oeil brillant, la voix douce, terriblement douce. Comme s’agrippant à ces dernières minutes de conversation, s’agrippant à une envie qui s’évaporera au lever du jour. Ton popcorn préféré ? Celui qu’il balance trop chaud dans un saladier, celui qu’elle tient entre ses cuisses quand ils s’emmêlent l’un contre l’autre, celui qu’il picore sans lui laisser le temps de piocher dedans. Parce qu’il l’a toujours faite parler. Toujours trop. Y a pas de films à regarder, juste les anecdotes qui prennent vie entre ses lèvres et ses mains d’italienne. Alors d’accord, elle reste encore un peu. Elle parlera encore un peu et ils ne reviendront pas sur ce qu’ils viennent de se dire. C’est une promesse. Juste pour que son absence puisse se frayer un chemin comme un fil dans une aiguille et que tout le reste le pique simplement de sa couleur à elle.
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| Sujet: Re: if I ever leave this world alive (Serenasher) | |
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