quand t’es perdue, c’est simple: suis les étoiles. tu s’ras jamais perdue, toi, parce que savannah, tu la connais comme ta poche. les rues dévalées depuis gamine déjà, trop étroites, trop petites pour ton besoin d’air et tes envies d’ailleurs. les pieds au sol et la tête dans les étoiles, parfois, quand personne ne te regarde. à rêver d’ici et d’ailleurs. d’ailleurs, surtout. mais tu le sais que trop bien, nora, y a rien de plus pour toi là-bas. pas de promesses, pas d’espoir. pas de possibilité de t’enfuir et de ne jamais revenir, comme t’en as tant rêvé par le passé. condamnée à rester ici, pourchassée par les démons qui ne s’en iront jamais vraiment. ils prennent toutes les formes, quand vient le temps de fermer les yeux. des monstres sans tête ni forme. parfois nash, souvent ike. et tous ceux que t’as laissé tomber au passage, ceux que t’as déçu. ceux qui sont partis, que tu ne reverras jamais. ceux qui laissent un trou béant au fond de la cage thoracique, un puits sans fond dans lequel tu continues encore de tomber. t’étouffes, ici. partout. t’étouffes ici et tout le temps, parce que y a plus rien à quoi tu puisses tu raccrocher. pas d’amis, de mec ni de famille, éloignés par la force de ton orgueil. et il te reste quoi, alors ? rien que le poids des souvenirs, des erreurs qui te pèsent. impossible de pardonner, encore moins de t’excuser. ça gronde dans ta poitrine comme un volcan en éruption, pourtant ça ne sortira jamais. parce que t’es pas capable de tout ça, des excuses ni du pardon. tu sais pas faire toi, tu sais que détruire avec tes mots-poignards et tes regards-fusils. tu sais que repousser, encore et encore, toujours plus loin, jusqu’à ce qu’il ne reste ni rien ni personne. même sil, aura fini par y passer, le double maléfique sans qui tu ne fais pourtant jamais rien. et tu leur en veux à tous ces gens, simplement parce que t’es pas capable de t’en vouloir à toi-même, parce que le fardeau est déjà trop lourd et que c’est beaucoup plus simple de les détester eux, plutôt que de te détester toi. alors tu préfères errer, errer plutôt que d’attendre tout ce qui n’arrivera pas. le sommeil, les retours, les excuses. t’es pas celle qui attend nora, pas celle qui te cache non plus, trop longtemps terrée dans cette petite chambre que tu squattes parce que t’as même plus ta place chez toi. tant pis s’ils le voient, tant pis si c’est écrit sur ton visage, à coup d’arcade recousue à la va-vite et d’hématomes qui crient que t’as perdu. tu te montres une fois la nuit tombée, les rues vidées, tu te montres quand y a plus personne et tant pis si c’est pas le courage auquel est habituée nora caldwell, tant pis si t’es faible et que t’es fatiguée, y a le ciel étoilé pour te guider et te mener jusqu’au sommeil. ou bien peut-être jusqu’à elle, la crinière rousse soulevée par la brise du soir, le rire cristallin qui creuse un peu plus les plaies, à l’intérieur. est-ce que tu devrais y aller ? traverser le parc et rejoindre sa silhouette, là. sans doute que non. t’as pas besoin de ça, nora. pas besoin d’elle. parce qu’elle ne vient plus te voir, parce qu’elle t’a oubliée elle aussi. mais tes pas ne t’écoutent pas, ils parcourent déjà la distance qui vous séparent. tu veux pas lui pardonner, à elle non plus, de te laisser tomber. mais t’es quand même un peu curieuse de savoir ce qu’elle fait ici, au beau milieu de la nuit. avec tous ces détraqués qui pourraient lui faire tout ce qu’ils voudraient. y a l’oeil suspicieux qui jauge la scène, l’innocence même cueillant les fleurs, comme si c’était parfaitement normale. est-ce qu’elle sait, medbh ? que c’est pas normal. y a rien de normal dans tout ça, pas même votre rencontre impromptue au milieu de la nuit, quand t’as cessé de l’attendre depuis des semaines déjà. tu t’approches encore un peu, en silence. tu sais pas quoi dire, les sourcils froncés, le palpitant las et agité à la fois, comme chaque fois qu’elle est dans les parages. c’est interdit tu sais. c’est tout ce que tu trouves à dire, la voix sortant de l’ombre. un putain de commentaire sur un truc inutile quand y aurait vraiment tout un tas d’autres trucs à dire. et c’est bien la dernière chose dont t’as quelque chose à foutre, des pauvres fleurs du parc.
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Sujet: Re: under your spell. (mera) Lun 14 Aoû - 21:54
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Sujet: Re: under your spell. (mera) Dim 20 Aoû - 21:36
tu sais pas pourquoi t’as dit ça. c’est interdit. tout le monde s’en fout, non ? toi la première. tu respectes pas les règles, jamais. c’est toi qui fait les règles, inventées autour de tes propres actes, pour ne jamais être en dehors des lois. c’est toi qui la dicte, toi qui la fait respecter. et quiconque n’obéissant pas à tes règles se retrouve bien souvent au même endroit que tous les autres : au fond du néant de l’oubli, du tourment de la rage. c’est injuste. peut-être un peu trop facile. mais c’est comme ça, nora. tordant les corps jusqu’à l’obéissance d’un regard un peu trop noir. t’essayes de te convaincre de toutes tes forces que c’est pour cette raison, cette unique raison, que t’es plantée dans ce parc au beau milieu de la nuit. face à elle et toute l’innocence qui la caractérise. mais t’as beau faire comme si nora, t’as beau te voiler de faux semblants, t’armer d’excuses à peine branlantes, c’est pas les fleurs volées qui te causent un problème, c’est elle. fantôme d’une autre vie. d’une existence où tout allait encore bien. disparition soudaine, comme souvent. et puis le vent. et puis le vide. pendant trois mois. peut-être plus ? un arrière-goût amer d’éternité sur le langue. trois mois, ça aurait pu en être cent. des années d’absence, à contempler le vide, le manque que tu pensais pas ressentir. mais la voilà qui se pare des mêmes maux que tous ceux avant elle. de ces jack et de ces farrah, de ces atlas qui partent sans jamais dire un mot. sans jamais une excuse, pas même un au-revoir. et tu les détestes. tu les détestes tellement d’entrer dans ta vie et d’en repartir comme un souffle silencieux, une vague à l’horizon, emportée par le torrent. et parmi les rangs des traitres elle est là, aussi étincelante que jamais. une étoile brillante et brûlante dans une galaxie noire. jamais vraiment dans le camp des disparus. jamais vraiment dans celui qui restent, les soldats vaillants sur lesquels tu peux compter. medbh, elle vogue entre les deux, à mi-chemin entre ange et fantôme, présence et souvenir. medbh elle provoque la morsure amère de la colère de son absence et le velours doux du confort de sa présence, et tu te contentes d’osciller entre les deux, comme l’aiguille d’une boussole cassée qui chercherait son nord sans jamais le trouver. je veux pas d’une couronne de fleurs. c’est sec dans la fraîcheur de la nuit. c’est sec pour lui faire mal, pour stopper son venin salvateur qui chercherait encore et toujours une blessure par laquelle s’infiltrer. répandre la douceur sur le malheur, prétendre le bonheur pour oublier la colère. t’as pas envie d’être gentille avec medbh. pas envie de lui montrer que tu t’accroches trop, toujours trop. pas envie qu’elle sache que tu sais pas aimer à moitié, que t’aimes toujours trop fort, et donc que tu détruis avec autant de puissance. mais tu protestes pas quand elle t’entraines par le bras. tu protestes jamais vraiment, comme une faiblesse qu’elle toucherait de sa simple présence. comme un palpitant trop abîmé qu’elle fait revivre d’un sourire joyeux, d’un oeil malicieux. et ça devient trop dur, trop insupportable à la minute où tu le réalises. qu’est-ce que t’attends, nora ? qu’est-ce que tu fais là ? va-t’en. dégage. fuis. reste pas là, dans son sillon délicieux et destructeur. parce que de vous deux, c’est toi qui va plonger. et de vous deux, c’est toi qui va tomber. pas elle. medbh se laisse jamais avoir, par rien ni personne. pas même par toi. alors quand elle prend son air incongru, quand Lilith prend des airs de Gabriel pour te demander si tu savais, qu’elle partait, y a la colère qui gronde à nouveau au fond de l’estomac. le regard dur qui n’a pas envie de lui pardonner. mais qui sait très bien qu’il le fera quand même, comme une finalité sur laquelle tu n’as aucun contrôle. tu me l’avais pas dit, non. ya le regard dur, les poings sans doute trop serrés, malaisés de cette proximité entre vous. t’aimes pas le contact des gens, mais tu t’en passes pas non plus. perdue entre deux antipodes, sans jamais parvenir à se décider pour l’un ou pour l’autre. mais t’en dis rien, aspirée par sa lumière tout en tentant de toute tes forces d’y résister. tu tomberas pas. pas encore. pourquoi je t’en voudrais ? t’hausses les épaules, prétend que ça ne t’atteint pas. mais y a le goût amer dans tes paroles, de celle qui ne pardonne pas. de celle qui en veut pour la moindre petite banalité, mais qui ne sait pas lâcher prise. la femme mesquine derrière l’enfant blessée. t’es partie, et moi j’suis restée ici. la cruelle vérité. m, partie. et toi, toujours dans les vieux travers. à te débattre d’une vie dont tu ne veux pas. les égratignures sur le visage, qu’elle ne voit même pas. qu’elle ne remarque, parce que ça ne l’intéresse sûrement pas. parce que m ne voit que ce qui l’intéresse, l’âme égoïste, le coeur encore plus. et t’aimerais bien que ça ne t’atteigne pas. que ça ne te fasse rien. t’aimerais bien, mais t’y arrives pas. parce que tu fais rien à moitié, sauter pour mieux tomber, écraser pour mieux déchirer. on peut pas tous avoir la belle vie. y a tes yeux qui essayent de trouver les siens, dans l’obscurité. sans trop savoir quel genre de regard tu lui lance. peut-être un peu en colère, au fond. peut-être un peu blessé. peut-être un peu compromis, parce que tu sais que rien ne changera jamais vraiment. m sera toujours m et toi, tu pourras jamais te détacher d’elle.
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Sujet: Re: under your spell. (mera) Mer 6 Sep - 21:08
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Sujet: Re: under your spell. (mera)
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