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 under your spell. (mera)

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MessageSujet: under your spell. (mera)   under your spell. (mera) EmptyLun 7 Aoû - 6:50

quand t’es perdue, c’est simple: suis les étoiles. tu s’ras jamais perdue, toi, parce que savannah, tu la connais comme ta poche. les rues dévalées depuis gamine déjà, trop étroites, trop petites pour ton besoin d’air et tes envies d’ailleurs. les pieds au sol et la tête dans les étoiles, parfois, quand personne ne te regarde. à rêver d’ici et d’ailleurs. d’ailleurs, surtout. mais tu le sais que trop bien, nora, y a rien de plus pour toi là-bas. pas de promesses, pas d’espoir. pas de possibilité de t’enfuir et de ne jamais revenir, comme t’en as tant rêvé par le passé. condamnée à rester ici, pourchassée par les démons qui ne s’en iront jamais vraiment. ils prennent toutes les formes, quand vient le temps de fermer les yeux. des monstres sans tête ni forme. parfois nash, souvent ike. et tous ceux que t’as laissé tomber au passage, ceux que t’as déçu. ceux qui sont partis, que tu ne reverras jamais. ceux qui laissent un trou béant au fond de la cage thoracique, un puits sans fond dans lequel tu continues encore de tomber. t’étouffes, ici. partout. t’étouffes ici et tout le temps, parce que y a plus rien à quoi tu puisses tu raccrocher. pas d’amis, de mec ni de famille, éloignés par la force de ton orgueil. et il te reste quoi, alors ? rien que le poids des souvenirs, des erreurs qui te pèsent. impossible de pardonner, encore moins de t’excuser. ça gronde dans ta poitrine comme un volcan en éruption, pourtant ça ne sortira jamais. parce que t’es pas capable de tout ça, des excuses ni du pardon. tu sais pas faire toi, tu sais que détruire avec tes mots-poignards et tes regards-fusils. tu sais que repousser, encore et encore, toujours plus loin, jusqu’à ce qu’il ne reste ni rien ni personne. même sil, aura fini par y passer, le double maléfique sans qui tu ne fais pourtant jamais rien. et tu leur en veux à tous ces gens, simplement parce que t’es pas capable de t’en vouloir à toi-même, parce que le fardeau est déjà trop lourd et que c’est beaucoup plus simple de les détester eux, plutôt que de te détester toi. alors tu préfères errer, errer plutôt que d’attendre tout ce qui n’arrivera pas. le sommeil, les retours, les excuses. t’es pas celle qui attend nora, pas celle qui te cache non plus, trop longtemps terrée dans cette petite chambre que tu squattes parce que t’as même plus ta place chez toi. tant pis s’ils le voient, tant pis si c’est écrit sur ton visage, à coup d’arcade recousue à la va-vite et d’hématomes qui crient que t’as perdu. tu te montres une fois la nuit tombée, les rues vidées, tu te montres quand y a plus personne et tant pis si c’est pas le courage auquel est habituée nora caldwell, tant pis si t’es faible et que t’es fatiguée, y a le ciel étoilé pour te guider et te mener jusqu’au sommeil. ou bien peut-être jusqu’à elle, la crinière rousse soulevée par la brise du soir, le rire cristallin qui creuse un peu plus les plaies, à l’intérieur. est-ce que tu devrais y aller ? traverser le parc et rejoindre sa silhouette, là. sans doute que non. t’as pas besoin de ça, nora. pas besoin d’elle. parce qu’elle ne vient plus te voir, parce qu’elle t’a oubliée elle aussi. mais tes pas ne t’écoutent pas, ils parcourent déjà la distance qui vous séparent. tu veux pas lui pardonner, à elle non plus, de te laisser tomber. mais t’es quand même un peu curieuse de savoir ce qu’elle fait ici, au beau milieu de la nuit. avec tous ces détraqués qui pourraient lui faire tout ce qu’ils voudraient. y a l’oeil suspicieux qui jauge la scène, l’innocence même cueillant les fleurs, comme si c’était parfaitement normale. est-ce qu’elle sait, medbh ? que c’est pas normal. y a rien de normal dans tout ça, pas même votre rencontre impromptue au milieu de la nuit, quand t’as cessé de l’attendre depuis des semaines déjà. tu t’approches encore un peu, en silence. tu sais pas quoi dire, les sourcils froncés, le palpitant las et agité à la fois, comme chaque fois qu’elle est dans les parages. c’est interdit tu sais. c’est tout ce que tu trouves à dire, la voix sortant de l’ombre. un putain de commentaire sur un truc inutile quand y aurait vraiment tout un tas d’autres trucs à dire. et c’est bien la dernière chose dont t’as quelque chose à foutre, des pauvres fleurs du parc.
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MessageSujet: Re: under your spell. (mera)   under your spell. (mera) EmptyLun 14 Aoû - 21:54



i'm rotten to the core
Call me a schemer, call me a freak. How can you say that? I'm just... unique! So I'm a misfit, so I'm a flirt. I broke your heart? I made you hurt? The past is past, forgive, forget.

⋅ ⟐ ⋅ ⟐ ⋅ ⟐ ⋅

Je me suis perdue en chemin. Quelque part entre l’envie de dormir et l’incapacité à y arriver. Parce qu’il y a un trou béant dans mon lit ce soir. Normalement, je m’y niche. Je m’y perd. Pas ce soir. C’est rarissime – pathétique aussi – mais ce soir il me manque. Mon démon. Ma faiblesse – parfois. Pas assez souvent, je suppose. Sinon, il serait à nouveau dans mon lit. Sinon c’est moi que j’aurais perdu, comme un prix de consolation. Tyfy pour Medbh. Sauf que non. Je refuse et j’ai fuis mon lit. Champ de guerre abandonné, les cris comme des échos dans mon esprit. Pas ce soir. Pas cette nuit. J’ai bien songé à réclamer une petite place dans le lit d’Arthur, mais j’ai croisé Tyfy en route. Le mal rôde toujours, quand le soleil se couche. Quand la nuit devient reine. Sauf que je suis la sienne, de reine. Il c’est contenté d’un sourire en coin, avant de rejoindre Nur. Sa nouvelle souveraine – en devenir. En perdition. La pauvre fille. Arthur aurait été assez mignon pour me consoler – pour me faire oublier. Il veut me protéger, n’est-ce pas? Oui, chevalier dans sa sainte armure. Celle souillée de tout ce qu’il fait de travers à côté. Mais j’ai préféré me réapproprier la nuit. Rejoindre des amies, danser avec elles. Jusqu’à ce que la nuit me semble innofensive. Mon lit, toujours trop vide, mais pas la nuit. Pas le parc. J’ai à peine remarqué le départ de mes trois compères – elles ne comptent déjà plus. Pas maintenant que le comprimé pulse en moi. Jamais les soirs de semaine, hein? Il ne faut jamais dire jamais, ça me fait presque glousser.

Alors quand elle me trouve, je suis la joie incarnée. Je suis une petite fée, une luciole, qui hante le parterre fleurit du parc. Tant pis pour les panneaux d’avertissement, tant pis pour les plates-bandes. Je cueille des fleurs, m’en prépare une jolie couronne. Toute reine en mérite une, je ne vois pas pourquoi je ferais exception. « C’est interdit tu sais. » Je reconnais sa voix et déjà mon sourire brille plus fort. Un pivot sur mes talons et je fais enfin face à la jolie Nora. Reine des ténèbres. Jamais heureuse. Jamais contente. Perpétuellement déchirée par la vie, par ses tourments. Mais ça lui va si bien, toute cette noirceur, tout ce malheur. « Je sais, mais il fait nuit et il n’y a personne… je n’en prendrais pas beaucoup, tu sais. » Je parle doucement, gentiment. Une voix chantante, presque une berceuse alors que je l’observe. De l’adoration dans le regard. De l’amour dans le ventre. Je ne suis pas son ennemie, mais Nora aime bien faire comme si. M’en vouloir de ne pas être assez présente. Pas suffisamment dépendante. À chacun son poison, celui-là n’est pas le mien. Mais je m’avance, non pas sans attraper une autre fleur. La démarche un peu chancelante, un gloussement dans la voix. Parce que je ne suis que joie, même face à la nuit fait femme. Nora, enfant de Nyx, déesse de la nuit. Ça lui va si bien. Si bien. « Je me tresse une couronne de fleur, je vais t’en faire une aussi, vient. »

Elle peut tenter de m’échapper, mais c’est peine perdu. Je le sais. Elle aussi. Je finirais par reconquérir son coeur. Par récupérer son attention. Je suis une addiction dont on ne se remet pas. Jamais vraiment. « Je serais la reine joyeuse et toi, celle qui tire la gueule. » Alors je passe un bras autour d’un des siens et je l’entraine dans mon sillon. En direction de plus de fleur encore. Je pose même un baiser sur son épaule, avant d’y déposer la joue. L’ai-je seulement avertit que je disparaissais trois mois? Je crois que non. Un oubli comme un autre, entre les bêtises de Tyfy et mes propres études. Puis ma famille, mes nombreux cercles d’amitié et les préparatifs. J’ai du oublié. « Je t’avais dis que je partais pour New York? Tu sais, il y a trois mois? Je crois avoir oublié... » j’ai au moins la décence de prendre un air navré. Un peu contrit – je déteste oublier des choses. Ne pas être parfaite, c’est mon propre tourment. Je ne bosse pas aussi fort sur ma personne, sur mon armure, pour me planter aussi facilement. Or, Nora à tendance à voir trop de faille chez moi. Alors je tourne la tête vers elle, lui embrassant tendrement la joue, mon regard cherchant le sien. « Je viens de rentrer… tu ne m’en veux pas, Nora? ... »
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MessageSujet: Re: under your spell. (mera)   under your spell. (mera) EmptyDim 20 Aoû - 21:36

tu sais pas pourquoi t’as dit ça. c’est interdit. tout le monde s’en fout, non ? toi la première. tu respectes pas les règles, jamais. c’est toi qui fait les règles, inventées autour de tes propres actes, pour ne jamais être en dehors des lois. c’est toi qui la dicte, toi qui la fait respecter. et quiconque n’obéissant pas à tes règles se retrouve bien souvent au même endroit que tous les autres : au fond du néant de l’oubli, du tourment de la rage. c’est injuste. peut-être un peu trop facile. mais c’est comme ça, nora. tordant les corps jusqu’à l’obéissance d’un regard un peu trop noir. t’essayes de te convaincre de toutes tes forces que c’est pour cette raison, cette unique raison, que t’es plantée dans ce parc au beau milieu de la nuit. face à elle et toute l’innocence qui la caractérise. mais t’as beau faire comme si nora, t’as beau te voiler de faux semblants, t’armer d’excuses à peine branlantes, c’est pas les fleurs volées qui te causent un problème, c’est elle. fantôme d’une autre vie. d’une existence où tout allait encore bien. disparition soudaine, comme souvent. et puis le vent. et puis le vide. pendant trois mois. peut-être plus ? un arrière-goût amer d’éternité sur le langue. trois mois, ça aurait pu en être cent. des années d’absence, à contempler le vide, le manque que tu pensais pas ressentir. mais la voilà qui se pare des mêmes maux que tous ceux avant elle. de ces jack et de ces farrah, de ces atlas qui partent sans jamais dire un mot. sans jamais une excuse, pas même un au-revoir. et tu les détestes. tu les détestes tellement d’entrer dans ta vie et d’en repartir comme un souffle silencieux, une vague à l’horizon, emportée par le torrent. et parmi les rangs des traitres elle est là, aussi étincelante que jamais. une étoile brillante et brûlante dans une galaxie noire. jamais vraiment dans le camp des disparus. jamais vraiment dans celui qui restent, les soldats vaillants sur lesquels tu peux compter. medbh, elle vogue entre les deux, à mi-chemin entre ange et fantôme, présence et souvenir. medbh elle provoque la morsure amère de la colère de son absence et le velours doux du confort de sa présence, et tu te contentes d’osciller entre les deux, comme l’aiguille d’une boussole cassée qui chercherait son nord sans jamais le trouver. je veux pas d’une couronne de fleurs. c’est sec dans la fraîcheur de la nuit. c’est sec pour lui faire mal, pour stopper son venin salvateur qui chercherait encore et toujours une blessure par laquelle s’infiltrer. répandre la douceur sur le malheur, prétendre le bonheur pour oublier la colère. t’as pas envie d’être gentille avec medbh. pas envie de lui montrer que tu t’accroches trop, toujours trop. pas envie qu’elle sache que tu sais pas aimer à moitié, que t’aimes toujours trop fort, et donc que tu détruis avec autant de puissance. mais tu protestes pas quand elle t’entraines par le bras. tu protestes jamais vraiment, comme une faiblesse qu’elle toucherait de sa simple présence. comme un palpitant trop abîmé qu’elle fait revivre d’un sourire joyeux, d’un oeil malicieux. et ça devient trop dur, trop insupportable à la minute où tu le réalises. qu’est-ce que t’attends, nora ? qu’est-ce que tu fais là ? va-t’en. dégage. fuis. reste pas là, dans son sillon délicieux et destructeur. parce que de vous deux, c’est toi qui va plonger. et de vous deux, c’est toi qui va tomber. pas elle. medbh se laisse jamais avoir, par rien ni personne. pas même par toi. alors quand elle prend son air incongru, quand Lilith prend des airs de Gabriel pour te demander si tu savais, qu’elle partait, y a la colère qui gronde à nouveau au fond de l’estomac. le regard dur qui n’a pas envie de lui pardonner. mais qui sait très bien qu’il le fera quand même, comme une finalité sur laquelle tu n’as aucun contrôle. tu me l’avais pas dit, non. ya le regard dur, les poings sans doute trop serrés, malaisés de cette proximité entre vous. t’aimes pas le contact des gens, mais tu t’en passes pas non plus. perdue entre deux antipodes, sans jamais parvenir à se décider pour l’un ou pour l’autre. mais t’en dis rien, aspirée par sa lumière tout en tentant de toute tes forces d’y résister. tu tomberas pas. pas encore. pourquoi je t’en voudrais ? t’hausses les épaules, prétend que ça ne t’atteint pas. mais y a le goût amer dans tes paroles, de celle qui ne pardonne pas. de celle qui en veut pour la moindre petite banalité, mais qui ne sait pas lâcher prise. la femme mesquine derrière l’enfant blessée. t’es partie, et moi j’suis restée ici. la cruelle vérité. m, partie. et toi, toujours dans les vieux travers. à te débattre d’une vie dont tu ne veux pas. les égratignures sur le visage, qu’elle ne voit même pas. qu’elle ne remarque, parce que ça ne l’intéresse sûrement pas. parce que m ne voit que ce qui l’intéresse, l’âme égoïste, le coeur encore plus. et t’aimerais bien que ça ne t’atteigne pas. que ça ne te fasse rien. t’aimerais bien, mais t’y arrives pas. parce que tu fais rien à moitié, sauter pour mieux tomber, écraser pour mieux déchirer. on peut pas tous avoir la belle vie. y a tes yeux qui essayent de trouver les siens, dans l’obscurité. sans trop savoir quel genre de regard tu lui lance. peut-être un peu en colère, au fond. peut-être un peu blessé. peut-être un peu compromis, parce que tu sais que rien ne changera jamais vraiment. m sera toujours m et toi, tu pourras jamais te détacher d’elle.
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MessageSujet: Re: under your spell. (mera)   under your spell. (mera) EmptyMer 6 Sep - 21:08



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Je suis une coriace, Nora l’a peut-être oubliée? Non. Je sais bien que non, Nora n’oublie jamais. Elle est de celle qui veille, qui se rappelle. De ces pauvres âmes incapable de laisser aller le passé et le revisite, encore et encore. Moi pas. Pas sans qu’il m’ait laissé un goût ferreur en bouche. Du sang jusque dans la gorge, hein Medbh? Oui. Sans sang, ça n’a guère d’importance. Tout comme les enfantillages de Nora, ses caprices de petite fille. Mal aimée, mal traitée. Je suis un bourreau de plus. De trop. Mais je l’entraine, faisant fit de son rejet – une vaine tentative, allons donc. Personne ne me rejette. Personne. « Je veux pas d’une couronne de fleurs. » Je me contente de glousser et de serrer son bras un peu plus fort. Contre ma poitrine. Là où elle peut sentir mon coeur battre. Palpiter. Je t’aime Nora, ne fait pas ça. Je t’aime si fort. C’est dans le baiser que je dépose contre son épaule, contre mon sourire, celui qui glisse contre sa peau. « Bien sûr que oui, tu en veux une. » Et elle le voudra, bientôt. Elle veut toujours, Nora. Te pardonner. Recommencer à te regarder avec cet amour terrible, celui d’où les monstres se dégagent doucement. L’obscurité réconfortante, tiède, presque chaude. Parce que Nora, elle ne sait retenir personne, ça tu l’as compris. Parce qu’elle est toujours – ou trop souvent, au choix – toute seule. Avec cet air malheureux. Avec cette colère qui lui tapisse le ventre. Les doigts, aussi. Aimante et à la fois intolérante. Parce qu’elle sait, que je la laisserais tomber. Encore et encore. Elle n’a pas encore compris qu’il suffit alors de se relever. Que c’est là, la base de toute chose. Parce que moi, je me redresse toujours. Phoenix dans l’âme, prête à mourir encore et encore, ne serait-ce que pour brûler plus fort. Moi et tous les autres. Jusqu’au troisième degré.

« Tu me l’avais pas dit, non. » Sauf que je me suis planté avec elle. J’ai oublié de lui dire, de lui raconter mon voyage. Ma superbe opportunité. Je n’ai pas même du lui raconter comment Tyfy avait pu être con – salement demeuré, oui. Comment j’ai du le virer, avant qu’il ne songe à m’oublier. Peut-être qu’elle pourrait apprendre quelque chose et en échange, elle m’apprendrait à nouveau à marcher. Parce que je tangue dangereusement maintenant. Un fou rire roulant dans la gorge, s’arrachant à ma trachée. « Oopsie? Ha ha ha, ce parc a un drôle d’angle! » Sauf que non, c’est l’alcool qui me guide. L’alcool qui fait danser le monde. Qui me pousse à me serrer plus fort à ma douce Nora. Perpétuellement enragée. Assez pour que sa nouvelle question m’arrache un rire de gamine : « Pourquoi je t’en voudrais ? » Elle peut essayer, mais je ne la crois pas. « Roooh, Nora. Mon petit chat, je te connais. Tu es toujours en colère, les griffes sorties et le poil hérissé. C’est a-do-rable ceci dit…! » Mais elle feint l’indifférence et je glousse. Parce que ça me plait bien, ce petit numéro, cette comédie. Elle ne sait pas jouer. Pas mentir. Et moi, je suis aux anges. Je ronronne presque contre elle, enfonçant mon visage dans son cou. Pour inspirer son odeur profondément. Mélange de regret, de colère et d’un besoin terrible d’être aimé. Plus fort. Pour de vrai. Mais l’amour, ça ne fait jamais que mal. Sinon, ce n’est pas de l’amour. « T’es partie, et moi j’suis restée ici. » Et la voilà, la douce tempête, la raison pourquoi tu reviens toujours à elle. Nora, comme une tempête où l’air est trop doux encore, où l’eau est tiède. Jamais entièrement furieuse, pas contre toi. Toujours prête à t’accueillir. À te laisser t’enrouler autour d’elle. « On peut pas tous avoir la belle vie. » Non, elle dit vrai et je recule le visage. Pour croiser son regard. Y rencontrer toute l’amertume qui y vit. Ses démons personnels. Des enfoirés, mais chacun en possède un groupe.

Alors je lui souris. Doucement, même. J’étire un peu le cou et je lui embrasse tendrement le coin des lèvres. En fait, je les laisse là un instant de plus. Un battement de coeur. Le mien. Le sien. Un moment de flottement. Puis, mon sourire revient, plus lumineux. Un peu de soleil en pleine nuit. L’envie de glousser dans le ventre. « Non, c’est vrai… on ne peut pas tous avoir la belle vie, mais avec une couronne, je t’assure qu’elle est foutrement plus belle! » Cette fois, je ris pour de bon et je me détache d’elle, pour terminer, les fesses dans un autre parterre. Des fleurs partout autour de moi. Mes jambes, mes fesses, mes bras. Tout est dorénavant fleuris et j’en arrache avec une joie enfantine, me mordillant les lèvres. Ma main droite tire sur la jambe de Nora, l’encourage à me rejoindre et je me met enfin au travail. Tressant une première couronne, alternant les fleurs. « C’est vrai que je suis partie, mais je suis aussi revenue. Et ça… c’est pas rien, Nora chat chat. » Tout à fait et je lui décoche même un regard bien insistant. Je suis revenue. Arrête de faire la gueule. Aime moi, parce que tu perds du temps. Parce que tu fais fausses route. « Et puis, je sais que je t’ai manqué » que je souffle tout bas, comme s’il s’agissait d’un secret, un petit sourire adorable aux lèvres. Je lui décoche même un regard complice. Parce que je sais. Que je lui manque, perpétuellement. Que je suis un poison. Un cancer. Et ma main abandonne un instant ma couronne pour plutôt lui caresser une jambe, l’attirer un peu plus près. Hanche contre hanche, sur notre royaume fleurit. Mon visage retournant contre la tiédeur de son cou, là où je frotte mon visage, petite fille en quête d’affection. « Toi aussi, tu m’as manqué… je t’ai ramené un cadeau, tu sais… chez moi. » À elle, à tout le monde aussi. Parce qu’il y a toujours des gens à consoler, à reconquérir. À rassurer. Nora, la première. Mais je me remet à nos couronnes, la sienne terminant aussitôt sur sa tête. Halo de lumière sur sa tête sombre. « Voilà! Awwwn, je savais que tu serais à tomber avec une couronne. » Je ris encore, mais de ravissement. Et elle se mérite, encore, un baiser au coin des lèvres. Plus tendre encore. Puis un second, contre la courbe de sa joue. « Ne soit pas triste Nora chat chat, je devais y aller… c’était pour mes études… et puis, je suis rentrée, mmn. » Elle n’a pas le choix de te pardonner. Pas intérêt à refuser.
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