C’était devenu un rituel, la salle chaque après-midi, à frapper des sacs de sable ou bien des visages pour écumer sa rage. C’était devenu un putain de rituel, une habitude qu’elle aurait du mal à se défaire et l’impression d’être à sa place quelque part dans cette foutue ville. Ca avait commencé par des visites régulières, juste histoire de pas rouiller, les poings enroulés dans le bandages à finir ensanglanté à force de frapper jusqu’à n’en plus pouvoir. Puis un jour elle était montée dans la cage, pour tester. La fille d’en face n’avait pas vraiment duré. Faut dire que les filles ça a jamais été sa catégorie, plutôt dans le genre masculin et les soirées à boxer avec Tom pour se défouler. Elle est violente Penelope, le sang qui bout dans les veines quand elle sautille sur le tapis, quand elle envoi son pied dans le plexus de l’adversaire. Elle a cette faim Penelope, insatiable depuis trop longtemps, quand elle était gamine de 7 ans et qu’on lui avait mis les gants pour la première fois.
Alors doucement elle s’était faite une place, refusant les combats officiels et toutes les conneries du genre pour pas trop briller. Mais elle s’était faite une place. Même qu’elle avait décroché un petit job pour s’occuper, aider les filles à apprendre à parer, à forger leurs corps d’acier. Elle s’était faite une place dans une famille bariolée, petit secret bien à elle camouflé comme elle le pouvait.

Quinze heure, le cours qui se termine et les gamines qui s’envolent vers le vestiaire pendant qu’elle reste sur le tapis, le cœur battant juste assez pour la motiver à bouger. Y a son regard qui sonde la salle, les machines, les gens. Y a son regard qui sonde la salle avant de se poser sur Nicky et le sourire qui s’étire sur ses lèvres. Nicky c’est une longue histoire, Nicky c’est des défis permanents, c’est son attitude de macho qui la fait plus rire que grincer des dents, Nicky c’est la montagne à abattre comme une case à cocher dans sa liste avant de s’envoler. « Yo Nichols » l’accent du sud qui chante dans sa voix, trahie depuis trop longtemps elle sait pas le camoufler, et d’un bond elle se redresse pour aller le rejoindre, lui donnant un coup d’épaule quand elle arrive à sa hauteur. « Un tour dans la cage ça te dit ? Ou t’as trop peur » ça commence toujours comme ça, ptites piques qu’ils s’échangent pour déconner, provocations à peine dissimulées. « Faut dire que je t’ai bien amoché la dernière fois, ptêtre que t’as pas envie d’y gouter de nouveau » elle fait la douce, Penelope aux yeux de biches, lui rappelle leur dernier combat où elle avait réussi à quand même le toucher, aller plus loin que d’habitude avant de se faire étendre sans pitié sur le tapis. L’Everest ne se gravis pas en un jour, elle a bien retenu la leçon et se contente de prendre un peu plus de terrain à chaque fois. Doucement mais surement. « Ou alors tu préfère faire gonflette pour impressionner miss alerte à malibu là bas ? » elle montre d’un coup de tête la blonde qui vient d’entrer dans la salle, la brassière tellement serrée que Penelope se demande à quelle moment ses seins vont imploser. Ca la fait rire ce genre de nana, et elle espère que Nicky aussi, qu’il la choisira pas. Parce qu’elle a envie de frapper Penelope. Elle a envie d’hurler. Y a le trop pleins d’énergie qui demande qu’à sortir, qu’à s’échapper.

C’est une montagne Cash, avec ses muscles et son regard de tuer. C’est le genre de gars qu’elle aurait rêvé d’être si elle était née dans un corps moins féminin. Le genre de gars aux tatouages et à la barbe, le genre de gars qui porte le cuir comme pas deux. Elle le regarde Cash, depuis longtemps, depuis son arrivée à la salle même, de lui puis de près, les poings dans les dents et les acharnements perpétuels. Elle veut le mettre à terre. Comme une obsession, un besoin vital. Elle veut le mettre à terre, pour se prouver qu’elle est la meilleure, meilleure que lui, meilleure qu’eux tous. le seul endroit où tu m’amoches, c’est dans tes rêves ma belle. Essaye encore Nichols, même pas sûr qu’elle le voit dans ses rêves, son sourire de loup elle en a que faire Penelope, elle fond pour les agneaux, ceux qu’elle peut bouffer d’un coup de dent. Il a la séduction facile Cash, Nicky, Nichols. La réputation qui le précède et les sous-entendus qui vont de pair. Mais ça la touche pas Penelope, ou peut être un peu trop, quand il devient explicite quand elle essaye de le maitriser, son bras coincé entre ses cuisses, prise commune pourtant mais qui devient tout autre quand il s’amuse à faire le con. Parfois elle voudrait juste arrêter de le fréquenter, mais y a le défi qui revient en boucle, encore, encore, et l’envie de sentir le sang dans sa bouche quand ils s’enferment dans la cage. un j’te mets à terre quand tu veux « Parfait, maintenant alors, t’es prêt cow-boy ? » mais il est pas prêt le cow-boy. Pas prêt du tout. Il a les yeux rivés sur la blonde qui vient d’entrer, sur sa poitrine trop gonflée, sur les courbes que Penelope n’obtiendra jamais. « Putain t’es grave Nichols » qu’elle soupire dans le vide, pas sur qu’il l’entende avec le sang qui doit battre dans ses tempes et dans son corps à cet instant. Ptêtre qu’elle pourrait en profiter pour le frapper, le foutre au sol et crier victoire une bonne fois pour toutes. Mais elle est pas lâche Penelope. Pas lâche du tout. Alors à la place elle croise les bras sur sa poitrine, le regard qui va et vient entre miss Malibu et Cash.
tu crois que tu peux m'avoir son numéro ? Il a le regard suppliant, le même que Tex a quand il lui demande de changer la chaine pour regarder le télé shopping. Les mecs, un mystère entier. « Je suppose que si je dis oui tu viens t’entrainer avec moi ? » qu’elle répond sur le même ton, sans doute un peu plus blasée, le regard qui se vrille sur la blonde, ptêtre que ça peu marcher. « Tu me promets Nichols, si j’ai le numéro tu t’entraines avec moi toute cette semaine sans rechigner » parce qu’elle sait bien qu’un jour ça suffira pas, et que Nicky a beau être imbuvable la plus part du temps, pour s’entrainer elle peut pas rêver mieux. C’est un roi après tout. Le roi du ring. C’est la première à l’avouer.

C’est les minutes qui passent, la discussion qui s’engage, les rires, les regards en arrière vers Nicky resté dans son coin. Y a un téléphone de sorti, un numéro enregistré et le clin d’œil de Penelope quand elle tourne les talons pour rejoindre Nicky. Elle a le rouge aux joues et le sourire gamin, ptêtre le cœur qui bat un peu vite, et ça la fait marrer. « Bon Nichols, désolé. Je crois qu’elle joue pas dans la même cours que toi. Si tu vois ce que je veux dire » C’est des conneries, bien sur, ou peut être pas. Un peu des deux. « Non en vrai si tu veux son numero faut que tu vienne me le prendre maintenant Nichols. Allez mon vieux hop hop hop » pas chassés sur le côté, deux ptits coups de poings dans l’air, elle tourne les talons en sautillant pour se diriger vers la cage qui vient de se libérer, s’installant dans un coin pour commencer à bander ses poings. « Eh Cash, elle a dit qu’elle venait regarder, t’as encore plus de raison de venir » comme une dernière tentation pour le faire succomber.

j’savais bien qu’il y avait quelque chose à ton propos... Elle le regarde un instant, interloqué par l’air soudain plus que satisfait de Nicky. On dirait un chat qui vient d’attraper une souris bien dodue et qui se demande comment la bouffer. C’est elle la souris ? Merde. Y a le sourcil qui se lève, la tête qui se balance de droite à gauche, l’air totalement exaspéré. « comment ça un truc à mon propos tu t’imagine des trucs Nichols » ou alors si y a bien un truc, mais surement qu’il a des kilomètres de deviner que Pene elle braque des banques depuis qu’elle a 13 ans et qu’elle est recherchée dans beaucoup trop d’Etats qu’on peut pas les compter sur les doigts des mains. Non ça clairement il devinera jamais. Et c’est tant mieux. Alors elle change de sujet Penelope, elle le provoque, fait valser ses poings dans sa direction et attend que Nicky morde à l’hameçon. Parce qu’il va mordre ce con, elle est certaine, parce que y a les seins de la blonde à la clé, parce que c’est Cash et qu’il pourrait remplir une piscine avec la bave qui coule quand il regarde les filles passer. Est-ce qu’il arrive à draguer au moins ? Il a le charisme pourtant, mais elle le voit rarement partir avec une fille sous le bras. A étudier.
Sans prévenir il attaque, la balance sur son épaule et ça arrache à Penelope un hurlement de surprise. Mais merde à la fin, c’est pas fair-play ça. Elle se débat, essaye de trouver un point mort pour se dégager mais elle y arrive pas. Il est trop fort, bien plus qu’elle, mais ça c’est pas une suprise, le vrai combat n’est pas là. ça t’dit pas de rendre les choses un peu plus intéressantes ? genre, un pari. Merde. Qu’est-ce qu’il raconte encore ce con. Elle s’arrête un instant, tordant le cou pour pouvoir le regarder, même si c’est pas très concluant. si je gagne, non seulement tu me donnes son numéro mais tu me dois quelque chose. Un pari alors. Vraiment ? et si tu gagnes… enfin pas besoin de parler de ça, on sait déjà qui de nous deux va gagner. Y a un rire qui lui échappe, un rire moqueur et elle qui lui donne une petite tape dans le dos. « C’est pas très juste ce que tu propose mec » non pas juste du tout. Le truc c’est que Pene elle a un honneur en acier inoxydable et que les remarques comme celles du jeune homme ne font que la provoquer. « Le numéro plus quelque chose ? Et ça serait quoi hein ? » souplement elle profite d’un petit relâchement pour balancer ses jambes contre le torse de nicky et essayer de le faire bouger, histoire de l’entrainer avec elle au sol. Il vacille, elle vacille, un peu, ça marche pas vraiment. Tant pis elle aura essayé ça aussi. « Mais si je gagne tu me dois quelque chose. Non. Pas si je gagne parce qu’on sait tous les deux que ça marchera pas » De nouveau elle recommence, se tortille entre ses bras pour se libérer. « Plutôt si j’arrive à te toucher suffisamment de fois. La j’ai le droit à quelque chose » sourire sur son visage parce qu’elle sait qu’elle va lui faire une offre qu’il ne pourra refuser. « t’en dis quoi Nichols ? Tu me pose et on joue vraiment ? Où t’as trop peur de perdre et tu préfère continuer de tricher ? » S’il peut atteindre son honneur, elle aussi. C’est facile, c’est évident, c’est un coup en plein dans le flanc en attendant la suite. Dis oui Nicky, dis oui.

Elle sait pas ce qu’elle fout là, où ça a déconné, dans quoi elle s’est embarquée. A la base elle voulait juste s’entrainer, frapper contre quelqu’un – Cash de préférence – et se défouler. Puis y a eu cette sombre histoire de numéro, de provocation, lui et elle et l’orage qui gronde. Comme toujours. C’est l’impression d’affronter une montagne qui ne bouge pas, Nicky et la façon qu’il a de la frustrer au plus au point avec ses sourires à la con et son imagination tordue. Lâche moi qu’elle voudrait hurler quand il l’attrape, l’emprisonne. Mais y a son honneur qui étouffe les mots et à la place elle essaye de tourner la chose en sa situation, titiller l’ego surdimensionné de cet homme trop stupide, essayer de le faire craquer. perdre, moi ? « ouais toi, c’est fou comme idée hein Nicky ? » la colère qu’elle refoule au fond de son crâne pour laisser place aux moqueries. Elle sait qu’il est déjà en train de mordre à l’hameçon, mais il faut pas le laisser filer.
voilà ce qu’on va faire. Il ne la laisse toujours pas tomber, et au fond d’elle, Penelope est bien heureuse qu’il n’y ai plus grand monde dans la salle pour la voir se faire humilier de la sorte, parce que ça va la suivre pendant des semaines avant qu’ils n’oublient la façon dont Cash est entrain de la traiter. si - seulement si - t’arrives à me toucher suffisamment, tu peux avoir ce que tu veux. ce que tu veux. A ces mots elle s’arrête de lutter, l’oreille soudain tendue. « Ce que je veux hein ? Fais gaffe à tes promesses mec, ça pourrais te jouer des tours » qu’elle répond doucement, faignant la fierté et l’assurance, même si pour le moment y a rien qui lui promet qu’elle pourra gagner ce foutu pari. Mais elle fera tout pour que ça soit le cas. Vraiment tout.
Penelope se tait un instant, parce qu’elle attend la suite. Ya toujours une suite avec Nicky. Toujours. Alors elle tend l’oreille, se contorsionne un peu pour essayer de le dévisager. Pas facile quand on est réduit à un état de sac à patate. mais si je gagne avant que t’arrives à me mettre un coup, alors là, tu me donnes le numéro de ta nouvelle copine. « Rien de nouveau sous le sol… » et tu me payes un verre en prime. Pardon ? Trop estomaquée pour répondre, elle met une seconde avant de comprendre qu’il est entrain de la lâcher, les mains qui glissent sur ses fesses le temps d’un instant avant qu’elle ne se retrouve au sol. « Tu me touche encore Nichols et je t’explose ta jolie gueule » elle est sérieuse Penelope, vraiment sérieuse, même si surement Cash ne le prendra pas sur ce ton-là. Sans doute qu’il rigolera, comme toujours. Mais cette fois ci il a intérêt à ne pas la sous-estimer parce qu’elle a la rage au ventre et qu’elle est bien décidée à gagner. alors monroe, prête à te faire battre ? Bien sûr qu’elle est prête. Plus que prête. Elle le regarde s’écarter un peu, se mettre en position, position qu’elle imite à son tour. « Et toi Nichols prêt à exaucer tous mes souhaits ? » y a ses deux poings qui s’entrechoquent, et déjà elle se lance, parce que l’attente n’a jamais été son point fort, et qu’elle a ce besoin urgent de lui faire payer l’affront de tout à l’heure. Y a son pied qui s’écrase contre l’avant-bras du jeune homme, puis son poing. Elle n’a peut être pas la force de Cash mais elle a la vitesse. De nouveau son pied contre le plexus du jeune homme et cette fois ci elle fait mouche. « Combien de fois je dois te toucher pour ça soit suffisant chéri ? » non pas qu’elle soit confiante, juste préventive, et le sourire qui vient illuminer son visage. C’est l’heure de jouer.