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| (fever); datt ned fra himmelen | |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: (fever); datt ned fra himmelen Ven 21 Juil - 4:32 | |
| I am glad it cannot happen twice, the fever of first love. For it is a fever, and a burden, too, whatever the poets may say ☾ Historic district, ou le domaine des Lost Boys, à ce que t'as entendu dire. Parce que ouais, t'as mené tes recherches sur ce fameux Peter, tu t'es lancé dans la traque dès que tes pieds ont de nouveau touché le sol, à quatre mille kilomètres de chez toi. T'as mis tes quelques semaines passées ici à profit, même si tu connais pas grand-monde, voire personne, en fait. T'as su approcher les bonnes personnes, connecter les pièces du puzzle et retrouver sa trace. Sa trace à lui, à l'amant dont le visage te hante trop souvent, au garçon qui a partagé ta vie et ton appart pendant plusieurs mois. Tu parcoures le quartier, de jour, parce que tu sais que si t'étais venu le soir, t'aurais pas supporté de le voir faire le trottoir. Trop jeune, trop innocent pour déjà avoir recours à ce genre de choses pour vivre. T'es pas encore assez fort pour voir ça, pour affronter cette réalité. Tu te voiles trop la face, de toute façon, et t'es parti pour des retrouvailles fracassantes avec le bitume quand tes ailes brûleront enfin. Tu crois que t'es amoureux, Felix, tu le crois du fond de ton cœur, peut-être parce que c'est la seule chose à laquelle tu peux te raccrocher, peut-être parce que t'as l'impression que si ça c'est faux, alors tout le reste l'est aussi. Peut-être parce que c'est la seule chose qui te donne envie d'avancer, qui te donne un but dans la vie, une raison de te lever le matin. Tu crois que t'es amoureux, mais tu te raccroches à des chimères. Des souvenirs agréables d'un garçon aux cheveux blonds et aux yeux clairs, aux gestes doux et au sourire à faire trembler la terre. Peut-être que t'étais amoureux, là, ouais. Peut-être bien. Tu marches dans la rue, le soleil dans les yeux et l'espoir dans le cœur. T'as le regard qui scrute, qui fouille, qui cherche. Mais tu cherches pas la bonne personne, parce que celle que tu cherches, elle existe plus. Le River que t'as connu, il a disparu, il a rejoint les nébuleuses et les souvenirs. Toi aussi t'as changé, au fond. On change tous un peu, tout le temps, d'ailleurs même Alice a dit qu'en une journée, on peut changer du tout au tout, et ne plus savoir qui on est. Alors imagine deux ans après. Tu cherches quelqu'un aux cheveux blonds, à la carrure d'enfant encore, alors que tu devrais plutôt chercher quelqu'un aux cheveux décolorés, qui a bien grandi. Tu sais pas qu'il est là, tout près, qu'il t'observe, peut-être. Tu continues de chercher, de racler des yeux le trottoir pour inspecter chaque clodo qui croise ton regard. Et puis enfin, tu fixes une paire d'yeux bleus qui te semble plus que familière. C'est comme si des pièces de puzzle s'étaient enfin emboitées dans ta tête, comme si un os s'était remis en place après des mois à devoir apprendre à vivre sans. Comme si t'étais de nouveau à la maison, enfin chez toi, pour de vrai. « River ? » C'est incertain, c'est maladroit. Tu sais pas trop ce que t'espères. Que ce soit pas lui, qu'il fuie, qu'il te sourie ? Tu sais pas. Tu sais plus trop pourquoi t'es là. - Spoiler:
le titre ça veut dire "tombé du ciel" en norvégien, c'parce que j'écoutais ça en écrivant le rp et je trouve ça stylé, voilà
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fleuve ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 6 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : camille ♥ (avatar) ; sial (sign) + rhyssa (icn) ▹ avatar : Paul Craddock ▹ signe particulier : gueule de petit prince un peu cassé, naturellement stone
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| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Mar 25 Juil - 8:38 | |
| Il lève les yeux sur lui et il refuse de le reconnaître. Ça ne peut pas être lui, pas ici, pas maintenant. Pourtant il n'y a aucun doute. Il l'a reconnu avant même de lever les yeux du gobelet posé devant lui. Il l'a reconnu au son de sa voix, à son intonation, à sa façon de prononcer son nom. River ? Il l'a reconnu à la façon dont sa voix l'a électrifié sans prévenir, un courant à mille volts qui lui remonte la colonne vertébrale et vient lui vriller le cerveau. « Felix. » Sa voix est faible, hésitante, mais il en chasse le ton d'interrogation. Il refuse de le reconnaître mais ça ne vaut pas la peine de le nier, pas même de poser la question, bien sûr que c'est Felix qui vient de se planter devant lui. Felix qui ne devrait plus exister dans cet espace-temps. Felix et ses boucles brunes qu'il aimait entortiller entre ses doigts. Felix et ce regard qui lui fait remonter le temps.
Il se lève de son bout de trottoir et réalise qu'il a grandi, parce que Felix ne le dépasse plus autant qu'avant. C'est ce qui permet de le maintenir dans le présent. C'est ce qui retient son envie de se retourner pour voir s'il aperçoit la Space Needle qui domine Seattle et qui lui donnait l'impression de vivre dans un décor de science fiction. C'est ce qui l'empêche de faire un pas de plus et de se dresser légèrement sur la pointe des pieds pour embrasser Felix, comme s'ils s'étaient quittés ce matin et se retrouvaient après sa journée de cours. Comme avant. C'est le passé, c'est déjà loin tout ça, mais le présent lui fait mal et n'a plus aucun sens. Felix ne devrait pas être dedans. Felix devrait l'avoir oublié et vivre sa vie à Seattle, devenir docteur, aider des gens parce que c'est ce qu'il est, Felix, son héros, le héros qu'il a fui pour ne pas le pourrir.
« Comment tu... » La question meurt entre ses lèvres parce qu'il en connaît déjà la réponse. Comment il l'a trouvé ? C'est à cause de lui. C'est sa faute. Il n'aurait pas dû l'appeler la dernière fois. Il aurait dû continuer à faire le mort, laisser son fantôme s'évaporer de la mémoire de Felix pour qu'il puisse reprendre une vie paisible. Il regrette son appel depuis la seconde où il a raccroché, mais il n'était pas dans son état normal ce jour-là. Il était à deux doigts de se jeter du haut de l'immeuble. Vraiment à deux doigts. Il était sur le toit de l'immeuble quand il l'a appelé. Il déglutit en y repensant et il cherche une autre explication à la présence de Felix ici, parce qu'il n'a aucune raison de venir le chercher. « T'es en vacances ici ? » Et la question sonne creux parce qu'au fond il se doute bien que ce n'est pas ça. Depuis la fin brutale de son enfance, Felix a été la seule personne pour qui il a réellement compté. Jusqu'à Rhoan peut-être. Tout court peut-être. Il n'a jamais compris pourquoi Felix était prêt à des sacrifices pour un être aussi insignifiant que lui, il a toujours eu du mal à accepter l'idée qu'il puisse compter, mais il avait fini par le reconnaître. C'est pour ça qu'il est parti.
« Felix, j'suis désolé... » il lâche dans un souffle. Il le lui avait déjà dit au téléphone. Il l'avait appelé pour lui dire au revoir, et désolé, et peut-être en réalité pour se faire réconforter. Il s'était excusé d'être parti mais avant tout il s'était excusé d'avoir eu l'arrogance d'entrer dans sa vie. Mais puisqu'il est là autant le faire de vive voix, en face à face, même si regarder son visage lui fend le cœur, un fragment toujours accroché au présent et l'autre renvoyé dans l'avant. Et de toute son âme il a envie qu'il le ramène deux ans plus tôt dans son studio et il a envie de retourner dans ses bras. Il a envie de recommencer et de ne pas tout gâcher cette fois. Il a envie de réussir à l'aimer parce qu'il croit qu'il en serait peut-être capable maintenant et ce serait tellement plus facile de l'aimer lui plutôt que celui qui lui apprend l'amour à la dure. Il voudrait lui montrer qu'il est plus fort qu'avant mais il n'y peut rien, ses yeux le brûlent et bientôt il sent une larme glisser sur sa joue.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Mar 25 Juil - 17:10 | |
| I am glad it cannot happen twice, the fever of first love. For it is a fever, and a burden, too, whatever the poets may say ☾ Tu sais qu'il t'a reconnu, tu sais que c'est lui, que c'est bien lui, avant même qu'il n'ouvre la bouche. « Felix. » Et ça y est, t'es transporté dans ton studio de Seattle, dans ton grand lit deux places aux draps froissés, dans les bras de celui qui fait battre ton cœur plus vite. T'es transporté à ce moment hors du temps, celui où un murmure suffisait pour te combler. Tu frissonnes, tu cherches à en sortir, à fuir, parce que ça fait mal, ça fait trop mal de penser à tout ce que vous aviez et de savoir que ce sera plus jamais pareil. C'est douloureux un souvenir heureux, parce qu'on donnerait tout pour y retourner, on s'arracherait les yeux les veines le cœur pour retrouver ce moment qui nous a fait sentir vivant, qui nous a donné l'impression que peut-être la vie valait la peine d'être vécue, au final. Tu refuses de sombrer, tu luttes, tu te débats, y a ton cœur qui se noie mais y a rien sur ton visage, parce que t'es trop doué à ce jeu, à celui de tout dissimuler, tout cacher, à celui de paraître plus fort que tu l'es. Il se lève, et ça te fait bizarre d'avoir les yeux presque au même niveau que les siens. Il a grandi, beaucoup. Pour une raison étrange, ça te fend le cœur. T'aurais aimé le voir grandir à tes côtés, t'aurais aimé sentir le changement de son corps, t'aurais aimé mais il t'en a pas laissé la chance. C'est amer. Mais tu lui en veux pas. Comment tu pourrais, alors que t'as enfin retrouvé ses yeux bleus, son regard outre-mer, sa douceur toute entière ? Comment tu pourrais, quand t'as enfin retrouvé ton chez toi ? « Comment tu... » Il ose pas finir sa phrase. Tu vois les engrenages qui tournent, mais t'as pas le cœur de lui dire la vérité, de le faire culpabiliser, de le faire fuir une nouvelle fois. Parce qu'il pense qu'il en vaut pas le coup, mais c'est tellement, tellement faux. Tu serais capable d'étaler ta vie à ses pieds, tu te taillerais les veines, tu te jetterais dans la Seine que t'en aurais rien à foutre. Parce qu'il mérite qu'on lui offre la lune et toutes les étoiles de l'univers. Il mérite d'être heureux, d'être aimé. Personne n'a le droit de souffrir comme lui, personne n'a le droit de souffrir tout court, dans ta tête, et t'es là pour les sauver, tous, un par un, là pour ramener le bonheur dans la vie des gens qui l'ont jamais connu, là pour ramener l'espoir où y en a jamais eu. Et tu vas te tuer à la tâche, tu le sais, mais au fond, à qui ça importe ? « Je t'ai cherché », que tu lâches. C'est simple, c'est la vérité, mais c'est édulcoré. Ca tait toutes tes souffrances et toutes tes nuits sans sommeil. Ca tait toutes tes crises d'angoisse, de panique, de rage que ton frère a dû endurer. Mais tu t'en fous. Il a pas besoin de le savoir, ça le rendrait malheureux, ça le rendrait coupable, et c'est tout sauf ce que tu veux. « T'es en vacances ici ? » T'aimerais tellement que ce soit le cas. T'aimerais tellement lui mentir, lui faire plaisir, lui dire que ce n'est qu'un hasard, que tu vas repartir d'où t'es venu, que tu venais juste voir si ça allait bien, pas trop mal, pas du tout. Mais tu peux pas lui faire ça. « Non. » C'est un murmure, c'est une excuse, c'est un espoir lancé dans l'air, comme ça. Est-ce que je suis de trop ? Dis, est-ce que tu me reprends dans ta vie ? T'élabores pas. T'expliques pas ce que tu fais là, concrètement, ce que t'as prévu, t'expliques pas parce que toi-même tu sais pas. T'as recommencé ta vie à zéro, plus ou moins, loin de tous ces souvenirs qui te hantent depuis trop longtemps dans ton petit coin des Etats-Unis. T'as trouvé ta place dans la coloc, plus ou moins. T'as cherché ton premier amour et tu l'as trouvé. Maintenant quoi ? Tu sais pas. Tu veux pas savoir, pas vraiment, parce que ça sort du domaine de l'abstrait et ça devient concret, trop. Un souvenir, un fantasme, tu peux les modifier, les embellir, les modeler à ton goût pour que ça fasse moins mal, que ça tourne pas au drame. Mais la réalité elle est dure, tu la choisis pas, elle te fait mal et c'est comme ça. Elle va pas s'arrêter et se retourner pour te demander si ça va, si ça te va, ou si tu veux y changer quelque chose. Parce que tu pourras pas. Tu pourras rien y faire. Et il lâche la phrase que t'as tellement l'habitude d'entendre, celle que tu hais du plus profond de ton être. « Felix, j'suis désolé... » Tu vois rouge, t'as la rage, mais pas contre lui. Non, tu pourrais jamais être énervé contre lui, tu pourrais jamais lui en vouloir, il est trop doux, trop innocent, trop fragile. Tu veux pas, tu veux jamais t'énerver contre lui. Mais contre toi, tu peux. Parce que s'il dit ça, c'est qu'il pense avoir fait quelque chose de mal, quelque chose qu'il fallait pas, mais c'est faux, c'est faux c'est faux c'est faux et ça te fait mal, ça te tue de te dire que lui aussi se torture chaque jour pour un choix qu'il a fait, pour un lambeau de bonheur qu'il a réussi à tirer de la vie, pour une décision qu'il pensait être la bonne. « Mais désolé de quoi ? » Y a une larme qui roule sur sa joue et ton cœur qui se brise, et tu sais plus quoi faire, t'es perdu, tu voudrais le prendre dans tes bras l'embrasser le rassurer lui dire que tout va bien vu que t'es là maintenant, lui dire que tu vas le ramener à la maison. Mais t'es même pas sûr que ce soit ce qu'il veut. T'es même pas sûr d'être encore sa maison, son refuge, les bras dans lesquels il veut se perdre. Et ça te fait mal, tellement tellement mal, mais tu fais pas gaffe, tu t'en fous, parce que tout ce qui importe pour l'instant c'est lui, lui et ses grands yeux bleus, lui et ses larmes qui n'ont rien à faire là. Alors tant pis. Tu le prends dans tes bras, tu le berces, t'embrasses ses cheveux blonds. « T'as rien fait de mal, River. Jamais. Je t'interdis de penser ça. »
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| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Jeu 27 Juil - 11:20 | |
| Il a des nœuds dans l'estomac et le cœur dans la gorge. Il essaie de s'empêcher de pleurer parce qu'il n'en peut plus d'être cet être faible qui fond en larmes à la moindre occasion, à la moindre émotion qui lui rappelle ce qu'il est, qui il est, où il est, où il va. Il essaie mais c'est difficile quand Felix lui dit qu'il l'a cherché, qu'il n'est pas en vacances ici non. Ça veut peut-être dire qu'il est là pour rester. Ça veut peut-être dire qu'il est là pour lui. Non. Y a cette voix qui le gronde, cette voix qui lui rappelle toujours qu'il n'est qu'un parasite, un moins-que-rien, que sa vie n'a aucune valeur, aucun impact sur celle des autres, sur leur monde, qu'il n'est qu'un insignifiant objet du décor qui ne laisserait aucun vide s'il venait à disparaître. Y a cette voix qui lui dit non, t'as pas le droit de penser ça, River. Sois pas si présomptueux. Pour qui te prends ? Mais pour une fois il ne l'écoute pas vraiment, il lui résiste, parce que ce n'est pas n'importe qui en face de lui, c'est Felix. Il n'a pas tort sur toute la ligne ici, et si Felix n'est pas là pour lui, en tout cas il est là à cause de lui. Peut-être qu'il serait parti quand même, qu'il aurait quitté Seattle même si River n'existait pas, River sait qu'il a des mauvais souvenirs attachés à cette ville, mais il ne serait pas venu ici, à Savannah, si River n'y était pas. Il n'aurait pas fui maintenant, pas comme ça, pas pour les mêmes raisons si River n'avait pas contribué aux mauvais souvenirs qui jettent leur ombre sur la ville de son enfance.
Tu vois, la voix, tu te trompes, tu vois qu'elle touche des vies, ma pauvre vie de rat, elle les grignote, elle les ronge, elle perce des trous dans les belles étoffes et ne laisse que des miettes des bonnes choses. Bien sûr sa vie elle pourrit tout, il pourrit tout, c'est pour ça qu'il ne peut tolérer que Rhoan dans sa vie son cœur son lit parce que Rhoan il est comme lui, Rhoan il veut bien l'entraîner avec lui dans sa chute et il le suivra en Enfer s'il le faut. Pas Felix. Felix il mérite mieux, il mérite de l'amour et juste des larmes de joies. Et c'est pas des larmes de joies qu'il verse là devant lui. La vie de Felix il l'a marquée aussi, il l'a marquée avec du sang le premier jour et des larmes le dernier jour et il s'en voudra toujours pour ça. Maintenant il a mal River le voit et ça le tue, parce que c'est sa faute, parce que c'est pour ne plus lui faire mal qu'il est parti. C'est difficile c'est impossible de retenir ses larmes quand il voit Felix craquer, Felix le super-héros qui ramasse et rafistole les rats blessés et qui non content de prendre soin d'eux leur fait même la grâce de les aimer, là où toute leur vie on n'a fait que les chasser comme de la vermine.
Alors il ne peut pas, il n'est pas assez fort River, il se dissout entre ses bras. Il courbe la nuque, lui présente le sommet de son crâne platine comme quand il faisait cinq centimètres de moins, comme avant, comme avant. Il a toujours la même odeur Felix, il ne sait pas si c'est sa lessive son savon ou juste son odeur à lui mais elle est chargée en souvenirs en émotions en nostalgie et la nostalgie c'est quelque chose que River fuit. Il se souvient comme elle imprégnait tout cette odeur, tout l'appartement, toutes ses affaires, tous ses vêtements qui tenaient dans un sac à dos et pourtant il avait mis des semaines à s'en débarrasser, des semaines de squat et de crasse pour chasser Felix de sa peau. Il glisse les mains dans le dos de Felix et c'est bon de le sentir là solide contre lui, pas juste un fantôme, un souvenir trop tenace, mais quelque chose de réel de tangible qui sent comme l'espoir et une deuxième chance. Mais il sait qu'il n'a pas le droit de la saisir cette deuxième chance, pas comme un fragment de son cœur crève d'envie de le faire. Il n'a plus le droit. Felix a raison sur beaucoup de choses mais là-dessus il se trompe, River a fait du mal. Et quand il lui interdit de penser ce qu'il pense, River s'écarte et secoue la tête. Ce n'est pas parce qu'il en a assez des ordres et des interdictions, ce n'est pas parce qu'il en a assez d'obéir aux autres et jamais à ses envies. L'interdiction de Felix il aimerait la suivre, il aimerait croire qu'il n'a rien à se reprocher, qu'il peut faire comme s'il était le garçon pur et innocent auquel il est arrivé des choses sales mais dont le cœur a tenu bon, mais ce serait encore un mensonge. Il n'est plus ce garçon depuis ses quatorze ans. Il lui a fait du mal à Felix, il a menti, il lui a fait croire qu'il était quelqu'un qui valait la peine de traverser un pays pour le retrouver. « Si Felix j'ai de quoi être désolé. Tu sais pas tout, tu sais pas... Je t'ai trompé, pas avec quelqu'un, pas comme ça, mais je t'ai pas tout dit, je t'ai pas tout montré... » Il hésite, il se demande s'il doit expliciter, il se demande si Felix a cru à ses « je t'aime » au creux de son oreille, s'il y croit encore. S'il y croit est-ce que ça vaut la peine de le détromper ? Est-ce qu'il ne lui ferait pas encore plus de mal s'il lui disait tout, s'il lui disait que les mots d'amour et le sexe ce n'était que du compromis, ce n'était que pour le remercier de tout ce qu'il faisait pour lui ? Il ne veut plus le blesser.
Et puis maintenant qu'il le voit là il se demande si c'était vraiment un mensonge. Son regard se perd dans les boucles brunes et les yeux bleus, sur les grains de beauté qui forment des constellation sur ses joues et les lèvres qui l'ont tant embrassé et tant rassuré, qui l'ont raccroché à la vie beaucoup plus de fois qu'il ne le sait, et il se dit qu'après tout peut-être bien qu'il l'aime, qu'il l'aimait et qu'il l'aime encore. Bien sûr qu'il l'aime Felix, il l'aime même s'il n'en est pas amoureux, il l'aime et c'est pour ça qu'il est déchiré entre l'envie d'être honnête avec lui et celle de ne plus jamais lui faire de mal.
« J'étais égoïste. J'ai été égoïste quand je suis parti. J'voulais te laisser vivre ta vie, j'voulais que tu sois heureux, ça c'est vrai, et j'pensais que c'était impossible tant que j'étais encore là. J'y croyais, j'te jure. J'y croyais encore jusqu'à y a trente secondes. Mais j'pensais pas assez à toi, à ce que tu ressentirais. J'pensais que tu serais soulagé de voir que j'étais plus là, que tu te sentirais allégé d'un fardeau, que tu t'en remettrai vite, que t'aurais même pas à t'en remettre en fait parce que c'était tout ce que t'attendais. J'ai pas pensé que tu te sentirais abandonné, que t'aurais mal. » Il y a son cœur qui lui bloque la voix un moment, les sanglots qui luttent dans sa gorge mais il les retient parce qu'il n'a pas fini, parce qu'il doit faire face. « J'arrivais pas à croire qu'on puisse m'aimer. » Il n'a même pas eu cette décence. La meilleure chose qu'il aurait pu faire pour Felix c'est de ne jamais entrer dans sa vie. C'est vrai il le sait il l'a toujours su et là-dessus il ne reviendra pas, mais il ne peut pas lui dire parce que Felix lui répondra que c'est faux et il cherchera à le rassurer et River sera tenté de le croire parce que se voir à travers les yeux de Felix a toujours été trop tentant, c'était sa faiblesse. « J'suis pas innocent Felix. J'suis pas qu'une victime. Tu méritais pas ça. T'as fait que me donner et moi j'ai fait que prendre. » Et il lui jette un regard malheureux mais empli de certitude. Ose prétendre le contraire. « J'me rattraperai. » |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Ven 28 Juil - 4:48 | |
| I am glad it cannot happen twice, the fever of first love. For it is a fever, and a burden, too, whatever the poets may say ☾ Tu fermes les yeux, le nez emplit de son odeur familière, les lèvres caressant ses cheveux comme t'as si souvent eu l'habitude de le faire. C'est plus dur de l'envelopper dans tes bras aujourd'hui, il est plus grand, plus fort, mais tu sens qu'il en a besoin et ton cœur rate un battement quand ses mains glissent dans le bas de ton dos pour se rapprocher de toi se coller à toi se fondre en toi. T'es au bord de l'implosion, t'as le palpitant qui saute qui s'arrête qui bugue qui cavale, tu sais plus ce qui t'arrive mais tu t'en fous parce qu'il est là. T'oses pas y croire. T'oses pas te dire que c'est réel, que c'est pas un énième fantôme apparu dans la pénombre de ton studio, revenu pour te hanter, te torturer de ces souvenirs heureux, de ces batailles d'oreillers le dimanche de ces bacs de glace devant la télé de ces soirées serrés l'un contre l'autre. Tu murmures son prénom, encore et encore et encore jusqu'à ce qu'il perde son sens, les bras autour de lui comme une cage dorée une cage humaine où tu voudrais le conserver. Mais tu peux pas. Tu veux pas l'emprisonner. Tu veux pas qu'il se sente obligé de rester là, obligé de t'aimer, obligé de te rendre heureux. Parce que, même si ça te tue, même si ça te détruit, tu sais qu'au fond tu veux que son bonheur, son bonheur à lui, et si t'en fais pas partie, tant pis. Tu te contentes d'apprécier le moment, quelques instants, quelques secondes égoïstes dans l'immensité de ta vie pour réapprendre à aimer, pour réapprendre à être heureux, pour de vrai. Parce qu'être dans les bras de River, c'est comme remettre son pull préféré après des mois dans le placard ou rentrer chez soi après une longue journée de travail. Les bras de River c'était ton cocon, ta bulle hors du temps. Le monde n'existait plus quand t'étais avec lui. Y avait juste ses yeux bleus, son regard pétillant, son rire à te filer des frissons jusqu'au bout des doigts. Juste lui. Et ça te suffisait. Parce que River, c'est pas juste ta maison, c'est pas juste ton monde. River, c'est ton univers, tes étoiles tes planètes tes satellites, ton vide intersidéral qui remplit chaque parcelle de tout ce que tu connais. Et puis il recule. Tu perds son corps sa chaleur son odeur et ton cœur le supporte pas. Tu te fracasses sur le bitume, t'as voulu voler trop près du soleil et tes ailes ont brûlé. T'as cru que t'avais retrouvé ton bonheur d'avant. T'as cru que t'aurais une seconde chance, que tu pourrais remonter le temps. T'avais tort. T'avais tort et tu t'es brisé en un millier de morceaux, comme du verre tout juste soufflé, comme du cristal fragilisé. C'est fou la facilité avec laquelle il t'atteint, encore, même après tout ce temps. T'as jamais été du genre expansif, du genre à mettre des mots sur tes émotions , à expliquer ce qui se passe dans ta tête. T'as tendance à tout garder pour toi. Mais avec River, c'est différent. Tu te sens vulnérable. T'as l'impression qu'on peut lire chacune de tes expressions, chacun de tes gestes comme un signe néon au-dessus de ta tête, que tes émotions se peignent sur ton visage comme tu les peints sur tes toiles, que tes sensations sont dédoublées, décuplées quand t'es avec lui. Il te rend dingue, y a pas d'autres mots. C'est comme une drogue dure, quand on pense qu'on a enfin fini avec, qu'on est enfin sevré, on en reprend une dose et on replonge encore plus profondément. Et t'aimes pas voir à quel point ça peut te rendre égoïste cette drogue de l'amour, t'aimes pas parce que t'as l'impression que c'est pas toi, mais en même temps, comment condamner quelque chose qui te fait sentir aussi bien, aussi vivant ? « Si Felix j'ai de quoi être désolé. Tu sais pas tout, tu sais pas... Je t'ai trompé, pas avec quelqu'un, pas comme ça, mais je t'ai pas tout dit, je t'ai pas tout montré... » Tes sourcils se froncent de leur propre accord, t'as plus aucun contrôle sur ton corps, avec ton cœur qui bat trop vite et ton cerveau qui roule à cent à l'heure. Tu sais pas pourquoi ton souffle s'accélère imperceptiblement, pourquoi y a les premiers signes de panique qui font leur apparition dans ta boîte crânienne. Et puis il continue, il se lance du haut du gratte-ciel et t'es pas sûr de pouvoir le rattraper, t'es même pas certain que tes ailes elles puissent encore fonctionner. Y a les mots qui coulent de sa bouche, épais comme du miel, difficiles à prononcer, la gorge nouée et la voix cassée. Tu voudrais l'interrompre, le contredire, arrêter le massacre de ton cœur et du sien, parce que tu vois ses larmes couler et que ça te fend de part en part et que t'as juste envie de t'écrouler à genoux sur le trottoir et de pleurer aussi parce que vous avez été trop jeunes trop cons pour savoir garder votre propre lambeau de bonheur. Ca fait mal, tout fait trop mal, tu veux pas croire qu'il puisse penser ça de lui de toi de vous, ça te blesse trop, ça te rend malheureux et lui aussi et tu le vois dans ses yeux et ça te tue à petit feu. T'en peux plus, enseveli sous des émotions trop longtemps enfouies. « Oh River... » Tu soupires, tu sais plus trop où te mettre. Tu danses d'un pied à l'autre, les mains hésitantes, jusqu'à finir par attraper les siennes, ne serait-ce que pour s'assurer qu'il ne disparaitra pas une fois de plus. « Je sais même pas par où commencer, parce que tout ce que t'as dit c'est tellement, tellement faux. Tu m'as rendu heureux alors que je croyais être au fond du trou, t'as été là, tu m'as tenu la main pour pas que je sombre. Tu peux pas savoir à quel point j'étais mal quand j'ai commencé la fac. J'avais ni Mags ni Jacob ni Levi, j'étais seul. Entièrement, complètement seul. » Tu prends son visage entre tes mains, doucement, délicatement, parce que tu sais qu'il peut fuir à tout moment, s'évanouir dans la nature, s'évaporer comme un mirage, et t'es pas prêt pour ça, pas tout de suite, pas maintenant. « Jusqu'à ce que t'arrives. » Tu m'as sauvé, tu comprends, ça ? Tu m'as ramené à la vie. Tu fouilles ses yeux du regard, ses iris tellement bleus qui t'ont fait rêver plus que le ciel. « Tu m'as tellement donné, River. Je t'ai peut-être offert un toit et de la bouffe, mais toi tu m'as offert ton sourire et ta tendresse et ton calme, tu m'as offert une nouvelle raison de me lever le matin. Dis pas que tu m'as abandonné par égoïsme, parce que ça aussi, c'est faux. T'as essayé de penser à moi avant de penser à toi, et de toute façon, si on y va par là, on a tous les deux merdé. Je... » T'hésites, t'appuies ton front contre le sien et ton souffle vient effleurer ses lèvres, pas plus fort qu'un murmure. « J'suis content de t'avoir retrouvé. »
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| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Mar 1 Aoû - 19:43 | |
| Plus il passe de temps dans ses bras, plus il a envie d'y rester. Plus il l'écoute, plus il se souvient pourquoi Felix a toujours été une telle faiblesse. C'est tellement facile de rester là à l'écouter, de le croire, d'en être réconforté, de se laisser bercer d'illusions. Felix n'a jamais rien eu à lui reprocher. À ses yeux, River semble n'être qu'un ange échoué sur Terre par erreur qu'il s'est donné pour mission de protéger dans les contrées hostiles. Felix a toujours compris comment raisonnait River, il ne lui a jamais souligné ses erreurs que si elles entachaient l'image qu'il se faisait de lui, et toujours avec délicatesse. Ce n'est pas une mauvaise chose, à petites doses. Le problème, c'est qu'il est trop tentant d'en demander plus et trop facile de l'obtenir. Felix ne reconnaîtrait un tort à River que s'il lui en agitait la preuve sous le nez, et encore. C'est tellement, tellement faux. Il soupire entre les coins retroussés de ses lèvres. « T'as pas changé Felix. J'arriverai pas à te faire penser le moindre mal de moi, hein ? » Ce n'est pas ce qu'il cherche non plus, il ne veut pas que Felix le déteste, il ne veut pas qu'il lui en veuille, qu'il lui dise qu'il l'a fait souffrir. Il voudrait seulement qu'il reconnaisse qu'il y a bien quelque chose à pardonner, à rattraper, qu'il lui donne une chance de le faire. Et Felix qui s'accuse avoir merdé lui aussi. River se demande bien ce qu'il pense avoir fait de mal, il se le demande mais il n'est pas curieux, il n'a aucune envie de le savoir parce qu'il sait que ce ne sera rien. Il sait que Felix est un être imparfait, la preuve c'est qu'il se laisse avoir, parfois par des blonds amochés sur le bord des trottoirs, il n'est qu'humain lui aussi, mais dans leur histoire il n'est pas celui qui a blessé l'autre.
Mais il n'est pas parfait, non. Il a tort de s'approcher si près, il a tort d'effleurer sa bouche, de le tenter encore, comme si la réunion de leurs lèvres pouvait annuler les mois passés l'un sans l'autre. Il a tort de lui faire croire à un monde plus beau tant qu'ils se tiennent par la main, de faire comme la dernière fois. Il avait eu besoin de piqûres de rappel, River, pour réaliser que ça ne pouvait pas continuer, pour voir que le monde n'avait pas changé, qu'il n'avait pas changé lui non plus, qu'il faisait semblant, qu'il vivait avec Felix dans un fantasme dont le cocon protecteur finirait forcément par s'effriter, comme des enfants qui oubliaient le temps et le monde qui existaient hors des murs de leur cabane de couvertures.
Et il sent son souffle sur ses lèvres et ses doigts comme autant de caresses sur sa mâchoire. Quand il lui prend les poignets, c'est pour les écarter de son visage, pas pour s'y accrocher plus fort, c'est pour lui dire arrête Felix, c'est plus possible ça, et pourtant il resserre ses doigts et il ressent comme une poussée le pas qu'il fait en avant pour se rapprocher de lui et coller ses lèvres contre les siennes. Merde. Il pense à Rhoan bien sûr et il pense à Felix. Il pense qu'il n'a pas le droit de leur faire ça ni à l'un ni à l'autre et surtout pas à Felix parce qu'il ne veut plus lui faire croire à des rêves impossibles, il ne veut plus lui faire croire qu'il est autre chose que le gosse paumé et condamné qu'il est. Et il y a une part de lui, comme un petit diable sur son épaule, qui lui murmure que c'est peut-être le meilleur moyen de lui prouver ce qu'il est. En le trompant une fois de plus, en l'abandonnant encore après, et peut-être que cette fois il comprendra qu'il n'y a rien à sauver chez lui. Mais la cruauté n'a jamais été le fort de River, même si c'était pour le bien d'autrui. Alors il lâche ses poignets et décolle ses lèvres, il recule et le regarde sans trop oser rencontrer ses yeux. « Désolé, » il dit dans un souffle. Il sait qu'il n'est pas le seul coupable ici mais Felix n'a pas tous les paramètres dans cette histoire, il ne sait pas à quel point ils ne doivent pas recommencer. Il baisse les yeux sur ses pieds comme un gamin pris en faute. « Felix, t'étais plus qu'un toit et de la bouffe aussi, d'accord ? Je serai sûrement déjà mort sans toi, d'une façon ou d'une autre. » Laissé pour mort dans un caniveau ou le crâne explosé contre un trottoir au bas d'un immeuble quelque part. Sûrement. « J'suis content de te revoir aussi, mais ça pourra pas être... » Il fait un geste vague, un sourire triste. « Ça. Comme avant. » Il cherche dans son regard la réponse à la question qu'il n'ose pas poser : est-ce que c'est ce que tu étais venu chercher ? Parce qu'il ne sait pas ce qu'il fera, si Felix lui propose pour de bon de revenir s'enfermer dans leur cocon douillet, il a peur de céder, il a peur d'être la pire des ordures, envers Felix, envers Rhoan, envers le morceau de son cœur qui n'est pas encore pourri, celui qu'il se représente toujours comme le Petit Prince qui le regarde sévèrement depuis une planète rouge et palpitante. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Sam 5 Aoû - 16:39 | |
| I am glad it cannot happen twice, the fever of first love. For it is a fever, and a burden, too, whatever the poets may say ☾ Il a l'air malheureux comme ça, le coin des lèvres retourné et le cœur renversé. Tu connais ce regard, très bien, trop bien, celui qui dit je te crois pas Felix. Mais t'y crois bordel, t'y crois tellement fort que ça t'arrache le cœur, parce qu'il arrive pas à voir ce que tu vois toi, parce qu'il veut pas se laisser une chance au bonheur, parce qu'il a déjà abandonné tout espoir en pensant ne pas le mériter. Mais c'est faux. C'est ridicule. Tout le monde mérite d'être heureux, et lui encore plus que le commun des mortels. Ca te rend dingue qu'il puisse se détester à ce point quand tu vois tellement de lumière dans son âme fragile. « T'as pas changé Felix. J'arriverai pas à te faire penser le moindre mal de moi, hein ? » Tu souris, tes mains dans ses cheveux le long de sa mâchoire de ses lèvres, tes yeux dans les siens, si bleus. « Non. » Parce que River est pas parfait mais River c'est River, et dans ta tête, ça suffit. Dans ta tête, c'est tout ce dont t'as besoin tout ce dont il a besoin tout ce qu'il peut être. Tu l'aimes comme il est, même s'il refuse de le voir, avec toutes ses qualités ses fautes ses insécurités ses manies à la con, parce qu'elles sont rentrées dans ta peau en intraveineuse et que tu pourras jamais les en sortir à moins de t'arracher les veines. Y a eu un avant et un après River, et même si tu sais que tu pourrais vivre sans lui, t'en as pas envie. La vie elle était tellement mieux quand vous étiez tous les deux. Y avait rien qui pouvait vous battre. T'avais réussi à être heureux après Mags, malgré Mags. T'avais repris goût à la vie, la vraie, celle qui rend égoïste dans son bonheur, et quelque part, ça te manque. Il te manque. Alors tu prends ton courage à deux mains pour lui dire vraiment ce que tu ressens. Les mots coulent de ta bouche mais c'est dur, t'as pas l'habitude de te confier, c'est pas naturel pourtant tu continues, tu forces le passage, pour lui, pour River et ses yeux bleus et son sourire d'ange tombé du ciel. Tu te noies dans ses iris, tu te rapproches sans t'en rendre compte, tu recherches son contact sa chaleur son odeur. Vos souffles se mêlent s'emmêlent et il se tend, il saisit tes poignets, ton cœur bondit t'as peur tu veux pas qu'il fuie, mais ses lèvres s'écrasent sur les tiennes et tu perds les pédales. Tes paupières se ferment toutes seules, mues par l'automatisme de te plonger dans une autre galaxie, celle dont la toile noire connaît tous tes rêves et tous tes fantasmes, parce que y a que là que t'as l'impression que c'est réel. T'es en apesanteur t'oublies ton nom mais peu importe parce que t'as la bouche de River sur la tienne et c'est la seule chose qui te maintient en vie. C'est doux et c'est chaotique, ça fait fourmiller tes orteils et flamber ton ventre, ça se termine trop vite. « Désolé. » Tu rouvres les yeux, loin de River, loin de sa chaleur, du réconfort des souvenirs. Tu veux le récupérer mais tu sais pas comment t'y prendre, t'es même pas sûr d'en être capable au fond, plus t'essayes plus il s'éloigne, il s'esquive s'échappe et t'arrives pas à le rattraper. « Felix, t'étais plus qu'un toit et de la bouffe aussi, d'accord ? Je serai sûrement déjà mort sans toi, d'une façon ou d'une autre. J'suis content de te revoir aussi, mais ça pourra pas être... Ça. Comme avant. » Ses yeux d'animal apeuré se plongent dans les tiens, sa question silencieuse évidente, un néon au-dessus de ses deux billes de ciel bleu. Tu paniques Felix, tu sais que ce que tu vas répondre va le faire fuir ou rester, tu sais que tout se joue là, sur les mots qui vont rouler de ta langue, et ça te terrifie, de te dire que tu vas peut-être le perdre de nouveau alors que tu viens tout juste de le retrouver. Les syllabes dégoulinent trébuchent se chevauchent s'entrechoquent dans ta hâte de le rassurer, de le garder près de toi. « Je sais. Je m'en fous River, je te veux juste toi. J'ai besoin de toi. » C'est douloureux, c'est dur à sortir, t'as la gorge qui se noue de paraître aussi faible devant celui que t'es censé sauver. Les rôles se sont inversés, l'ange devient héros et le héros gît sur le goudron, les ailes cramées. Mais c'est vrai. T'as besoin de lui comme t'as besoin de rire, c'est pas vital mais c'est nécessaire, et sans lui ta vie serait pas pareille. Tu veux pas qu'il se sente enchaîné obligé écrasé sous le poids de la responsabilité que tu viens de lui donner, tu veux pas mais tu l'as fait, c'est dit, c'est trop tard pour tout retirer. T'as jamais eu aussi peur de ta vie. C'est pire que la pleine mer, pire que les falaises au-dessus des vagues. T'as mal t'as mal tu sais plus quoi faire t'as plus d'air. « Me laisse pas River. M'abandonne pas. Pas encore une fois. » C'est un murmure, c'est une supplique, c'est le dernier recours pour le garder dans ta vie. S'il t'abandonne une deuxième fois, tu sais pas si t'y survivras.
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| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Mer 30 Aoû - 17:16 | |
| « Je sais. Je m'en fous River, je te veux juste toi. J'ai besoin de toi. »
Le « je sais » le rassure mais Felix ne s'arrête pas là et River perd ses moyens. Est-ce que Felix réalise que ses mots sonnent exactement comme ses échanges avec Rhoan ? River se souvient d'un « je m'en fous » qu'il a prononcé quelques jours plus tôt, et son « je m'en fous » à lui avait résonné de la même manière. Est-ce que celui de Felix veut dire la même chose : « je m'en fous » et tout le contraire, je m'en fous parce que je supporterais l'insupportable pour être avec toi ? River est pris au piège dans un tourbillon d'émotions, de questions qui s'entrechoquent dans sa tête, dans son cœur, sur sa langue. Est-ce qu'il surinterprète, est-ce qu'il se fait des idées, est-ce que Felix s'en fout simplement, comme il le dit ? On ne dit pas je te veux et j'ai besoin de toi dans ces cas-là. Il veut bien croire que Felix essaie de lui dire qu'il le veut comme ami, mais ce ne sont pas des mots qu'on adresse à ses amis. Alors il reste interdit, incapable de réagir ou d'articuler, terrifié à l'idée de faire fausse route, terrifié à l'idée d'avoir raison. Il laisse Felix poursuivre et décidément c'est fou comme ça leur ressemble à Rhoan et lui. C'est pour ça que la pensée le frappe à ce moment-là, plus fort encore que lorsqu'il a compris que Felix était venu jusqu'ici pour le retrouver — « T'es encore amoureux de moi ? » C'est presque une affirmation mais il parvient à glisser le ton interrogatif au dernier moment, quand il réalise qu'il a parlé tout haut. Car c'est juste une pensée qui s'échappe à son insu d'entre ses lèvres, mais maintenant il a beau les bouffer pour la récupérer, c'est trop tard, c'est lancé. Il le regrette avant d'avoir terminé.
La vraie question n'est pas là. La vraie question, elle est dans le encore. Est-ce qu'il aime le souvenir d'un River de seize ans, le souvenir voilé, sublimé peut-être par le temps et la distance qui les ont séparés, ou River tel qu'il est, River pour lui-même ? Est-ce qu'il l'a vraiment aimé, est-ce qu'il le connaissait assez pour ça ? River s'est persuadé, depuis le jour où il est parti, qu'il avait manipulé Felix, qu'il ne lui avait révélé de lui que ce qu'il voulait bien lui révéler, qu'il ne l'avait jamais laissé le toucher complètement, qu'il lui avait menti quand il avait prétendu l'aimer aussi, mais sa réapparition soudaine aujourd'hui chamboule toutes ses préconceptions. C'est à lui-même qu'il a menti. C'est lui qui a laissé le souvenir de sa relation avec Felix muter en quelque chose de moche, quelque chose d'avilissant pour lui — pas pour Felix, jamais —, quelque chose dont il devait avoir honte et ne jamais répéter. C'était devenu facile d'y croire, de se donner le mauvais rôle comme s'il devait forcément y en avoir un. Mais maintenant ? Felix fout le bordel. Lui qui pensait être en train d'arriver à un semblant de stabilité, basée sur des idées fausses peut-être mais stable au moins, voilà qu'il peut y dire adieu.
En même temps il ressent un plaisir presque masochiste quand il entend Felix lui dire : « M'abandonne pas. Pas encore une fois. » Le choix de ses mots comme une admission, finalement, du fait que River lui a fait du mal et qu'il peut, non, qu'il doit réparer ça. Enfin.
« Je... Pardon. Laisse tomber, j'suis à la ramasse. » Comme si son petit rire d'auto-dérision pouvait chasser ce qu'il vient de lui dire. Et maintenant, il faut qu'il lui promette. River ne promet pas à la légère, et les mots ne sortent pas si facilement parce qu'il pense à tout un tas de raisons qui pourraient le pousser à laisser à nouveau Felix, s'il était forcé de fuir Savannah, si Rhoan le lui demandait, s'il retombait dans un épisode sombre qui le rende trop égoïste pour accorder une pensée à Felix. Mais il le faut. « J'te promets, je t'abandonnerai pas. » S'il doit partir, il préviendra Felix. S'il ne le prévient pas avant, il trouvera un moyen de le faire après. Il ne laissera pas Felix souffrir encore à cause de lui, il ne lui laissera pas croire qu'il vaut si peu à ses yeux. C'est ce qu'il se promet à lui-même.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Jeu 7 Sep - 11:33 | |
| I am glad it cannot happen twice, the fever of first love. For it is a fever, and a burden, too, whatever the poets may say ☾ Y a River qui reste silencieux qui dit rien rien rien les yeux bleus écarquillés la peur la douleur au fond des prunelles et des mots lancés comme des flèches dans ton cœur. « T'es encore amoureux de moi ? » Oui oui oui oui oui. T'as jamais arrêté de l'aimer. Parce que River c'est River et que personne pourra jamais le remplacer. Tu l'expliques pas, tu sais pas pourquoi c'est tombé sur lui et pas quelqu'un d'autre. C'est lui que ton cœur a choisi, encore et encore et encore, malgré les épreuves malgré la douleur malgré tout. C'est lui que tu choisiras, toujours, lui et son bonheur avant toi et tes propres besoins. Il est devenu plus important que ta propre vie, et c'est peut-être malsain, mais t'as tellement toujours mis les autres avant toi que ça te surprend même pas. T'as peur, un peu, que son bonheur ne te comprenne pas, toi, que tu sois obligé de le laisser partir de l'abandonner aux bras de quelqu'un d'autre de quelqu'un de mieux, peut-être. Mais si c'est ce qu'il veut, si c'est ce qui le rend heureux, tu mettras tes propres sentiments de côté t'iras lécher tes plaies dans un coin isolé. C'est pas grave. Tu t'en fous. Y a que lui qui compte. Y a que River dans tes yeux et dans ton cœur. Pourtant y a son encore qui te taraude, qui griffe tes oreilles et fait vibrer ton cœur. Y a une sourde terreur qui vient glacer tes veines. Et s'il avait raison ? Et si t'aimais que son souvenir ? Et si tu te battais pour des bribes de sentiments, des lambeaux d'un avant dispersés dans les brumes du temps ? Tu sais pas Felix, t'as jamais aimé avant River et t'es pas certain de pouvoir aimer après. Pas aussi fort, pas aussi profondément. Peut-être. Personne peut prédire l'avenir. Mais t'es tellement sûr qu'il est tout ce qu'il te faut. T'as besoin de personne d'autre, de rien d'autre. T'as traversé un pays pour lui, t'as changé de vie pour lui, tu regrettes rien. C'est bien la preuve que t'es encore amoureux de lui, non ? De ses sourires discrets de son regard ailleurs de ses manies étranges de ses défauts si terriblement attachants. De tout ce qu'il est. Tu saurais pas l'expliquer. Tu saurais pas dire pourquoi tu l'aimes, ce que t'aimes chez lui, parce que c'est un tout. C'est entier c'est puissant c'est irrésistible. Et puis dans ses yeux y a soudain comme une sombre résignation, une obscure joie. T'as utilisé un mot fort. M'abandonne pas. Peut-être que c'est trop fort. Mais non, c'est la vérité, t'as ressenti ça comme un abandon et lui-même avoue t'avoir abandonné laissé tomber. Il a disparu comme un mirage, te laissant seul dans ta douleur. Tu lui en as jamais voulu. Inconsciemment, peut-être, et peut-être que ça ressort là. Peut-être que c'est justement ce qu'il attendait, une reconnaissance de ses fautes une occasion de rédemption. Peut-être peut-être peut-être. « Je... Pardon. Laisse tomber, j'suis à la ramasse. » Tu souris tu passes une main sur sa joue mais tu dis rien parce que tu dirais quoi ? Je t'aime ? Ca servirait à rien, sauf à le faire fuir. Peut-être. « J'te promets, je t'abandonnerai pas. » Ton souffle se coince dans ta gorge et t'es sûr que ton cœur vient de rater un battement. Tu glisses tes mains sur son visage et tu te penches vers lui, doucement, et tu chuchotes : « Je vais t'embrasser. »
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| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Sam 9 Sep - 19:00 | |
| « Je vais t'embrasser. » Ce n'est pas une question. Est-ce qu'il a le droit de dire non ? Est-ce qu'il a le droit de dire non à quoi que ce soit qui vienne de Felix ? Je vais t'embrasser. Il lui doit bien ça, il lui doit tout. Mais il lui doit l'honnêteté surtout. Il ne peut pas recommencer. Il ne peut pas lui laisser voir des étoiles seulement pour le laisser dans le noir après. Il hésite pourtant. Il y a les mains de Felix douces sur ses joues et ses lèvres qui s'approchent et son souffle sur les siennes quand il chuchote. Il y a l'impulsion de tout à l'heure qui veut le pousser en avant, le faire tomber dans ses bras pour qu'il s'y abandonne pour toujours. Il y a sa tête qui tourne parce qu'il ne sait plus rien de ce qu'il veut, où il est, pourquoi il hésite, ce qu'il ressent pour Felix, ce qui est vrai maintenant, ce qui ne l'était pas avant, il ne sait plus rien du tout. La vraie question c'était Je suis encore amoureux de toi ?, c'était est-ce que je l'ai déjà été ?, voilà ce que c'était. Mais Felix ne peut pas répondre pour lui et il n'en est pas capable non plus. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il y a le grincement dans son cœur. Il y a Rhoan. Il pose deux doigts sur la bouche de Felix et secoue légèrement la tête. « Non Felix. J'peux pas. » Il lui a bien dit qu'ils ne pourraient plus, que ça ne serait pas comme avant. Felix a dit qu'il savait. Felix ne sait rien. Felix est aussi paumé que lui. Il le serre encore dans ses bras, pose le menton sur son épaule, ignorant les quelques passants qu'il voit leur jeter des drôles de regards. « J'veux plus jamais te mentir. J'te mènerai pas en bateau, j'te traiterai pas comme... Je sais pas. Je sais pas comment je t'ai traité. » C'était pas tout blanc mais c'était pas tout noir non plus. Ils étaient heureux la plupart du temps et River était sincère la plupart du temps. « J'veux pas te mentir mais c'est pas si simple la vérité... Tu sais. Pas juste parce que ça peut faire mal mais surtout parce que j'sais pas toujours... J'sais pas ce que j'ai dans la tête. » Il soupire. Il tourne autour du pot. Il ne sait pas vraiment ce qu'il essaie de lui dire alors comment trouver les bons mots pour le faire ? Il s'écarte pour le regarder, comme s'il espérait trouver ses mots dans ses yeux, comme si ce visage surgi du passé pouvait l'aider à remettre de l'ordre dans ses idées. Il fronce un peu les sourcils. « J'crois que j'étais pas prêt. » À le revoir, à lui parler, à lui expliquer, à l'avoir à nouveau dans sa vie, sa vie qui n'est plus le même bordel qu'avant mais qui est toujours un sacré bordel. Il ferme un instant les yeux et inspire lentement. « C'est pas pour te rendre malheureux que j'refuse de t'embrasser, tu le sais hein ? C'est tout le contraire. J'veux pas te pourrir la vie. » Pas encore. Plus jamais. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Dim 10 Sep - 0:17 | |
| I am glad it cannot happen twice, the fever of first love. For it is a fever, and a burden, too, whatever the poets may say ☾ Tu t'approches et il se retire pas. Il reste. T'y crois pas, t'oses pas y croire, et pourtant. Y a ton cœur qui trotte qui trébuche qui se reprend qui galope qui s'emballe qui s'envole. « Non Felix. J'peux pas. » Tu recules, un peu trop violemment, peut-être, un éclat de douleur dans les yeux, sûrement. Tu veux pas montrer à quel point ce refus te blesse. Tu veux pas montrer que ton organe vital vient de se fracasser comme du cristal dans ta cage thoracique, que chaque fragment s'est logé dans ta poitrine dans tes poumons, que ça fait mal mal mal. Tu veux pas montrer de faiblesse, pas maintenant, pas devant lui, parce que tu sais que ça lui fera mal, et même si tu souffres le martyre, tu veux pas lui infliger la moindre douleur. Toi tu survivras, tu t'en remettras tu te relèveras et t'iras de l'avant. Lui tu sais pas. T'as toujours envie de le protéger, de lui éviter les galères de la vie parce qu'il en a déjà eu bien assez. Alors tu dis rien, tu baisses les yeux et t'avales ta salive, les fragments de ton cœur rendant ta respiration difficile. Et puis il te prend dans ses bras. Sa tête se loge tout naturellement dans le creux entre ton cou et ton épaule, la familiarité du geste te donnant la nausée. Tu trembles tu vacilles t'as la tête qui tourne mais tu laisses rien paraître. « J'veux plus jamais te mentir. J'te mènerai pas en bateau, j'te traiterai pas comme... Je sais pas. Je sais pas comment je t'ai traité. J'veux pas te mentir mais c'est pas si simple la vérité... Tu sais. Pas juste parce que ça peut faire mal mais surtout parce que j'sais pas toujours... J'sais pas ce que j'ai dans la tête. » Tu le laisses parler, sa voix douce qui flotte dans l'air qui coule sur ta peau au point où t'es même pas sûr d'avoir saisi tous ses mots. T'es même pas sûr de savoir de quoi il parle, et lui non plus, vu qu'il se recule pour te regarder dans les yeux. T'es vaguement mal à l'aise, conscient qu'il pourra lire tout ce qu'il veut dans tes prunelles bleues, mais il se contente de froncer les sourcils, sa profonde réflexion affichée clairement sur ce visage que t'aimes tant, que tu connais par cœur. Ce visage dont tu saurais pas te séparer, et pourtant. T'as le sentiment que tu vas en être obligé. Parce que c'est plus pareil, parce que c'est cassé brisé fragmenté, parce que tu réalises que peut-être lui ne t'a jamais aimé comme tu l'as aimé. Parce qu'il est peut-être temps de le laisser aller. D'accepter qu'il fait partie de ton passé. « J'crois que j'étais pas prêt. C'est pas pour te rendre malheureux que j'refuse de t'embrasser, tu le sais hein ? C'est tout le contraire. J'veux pas te pourrir la vie. » Bien sûr que tu le sais, que t'as été trop brusque que t'as pas prévenu que t'as pensé que tout serait comme avant. Ou presque. Pas aussi différent en tout cas. Tu peux pas t'empêcher de sourire, un peu triste un peu mélancolique, de passer ta main dans ses cheveux décolorés, de graver chaque trait de son visage sur tes rétines. « Tu vois River, j'avais raison. T'es quelqu'un de bien. Laisse-toi une chance. » Tu fourres tes mains dans les poches de ton jean, le regard un peu hésitant mais toujours fermement planté dans le sien. T'es encore proche de lui, très près, trop près même, t'es envahi par son odeur par sa personne, mais d'un coup, il te paraît tellement loin. Comme s'il appartenait à une autre galaxie, une étoile que tu pourras jamais atteindre et qui ne fera que te brûler. Tu prends une forte inspiration et tu recules légèrement, les yeux baissés et les mains qui fouillent tes poches à la recherche de ton éternel carnet de croquis. Tout pour mettre de la distance entre lui et toi. Tu t'en saisis enfin, griffonnes ton numéro de téléphone dessus, déchires le bout de papier. « Je te laisse le temps qu'il faut, le temps dont t'as besoin. Si t'as envie de me revoir, tu m'envoies un message, sinon, je comprendrai aussi. » Tu voudrais lui dire autre chose quelque chose n'importe quoi. Des belles paroles des belles promesses des mots d'amour tu sais pas, tout mais pas ça. Pas des mots banals des mots normaux qui veulent rien dire. Mais ça se coince dans ta gorge, ça veut pas sortir, alors tu dis rien. Tant pis pour les non-dits.
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| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Lun 11 Sep - 9:36 | |
| Il croit voir passer une ombre sur le visage de Felix. Il se dit qu'il l'a blessé, tout ce qu'il ne voulait pas faire. Il est toujours convaincu que c'était la meilleure chose à faire pour tout le monde mais la petite voix railleuse dans sa tête lui rappelle que ses convictions, elles ne valent pas un clou. Il a dû mal faire, il n'a pas dit ce qu'il fallait, pas comme il fallait. Et juste quand il est pris de remords, Felix interrompt le fil de ses pensées comme s'il les avait lues. Avec les bons mots. T'es quelqu'un de bien. Laisse-toi une chance. Ces mots que River n'a jamais réussi à croire malgré les dizaines de fois que Felix les lui a répétés mais qui lui réchauffent quand même le cœur. C'est fou comme il a l'air de savoir tout ce qui lui passe par la tête. Peut-être qu'il est juste prévisible, lui qui est lent et simple, pour quelqu'un de vif et intelligent comme Felix. Il lui fait un sourire gêné, presque d'excuse pour tout ce qu'il l'oblige à dire pour le rassurer alors qu'il est celui qui fait mal à l'autre.
Ce qui suit le frappe comme un coup accidentel à l'estomac. Felix qui le libère déjà de la promesse qu'il vient de faire quand il lui dit qu'il comprendrait qu'il ne le contacte plus. River reste sans voix quand il attrape le papier qu'il lui tend. S'il croit vraiment que River est quelqu'un de bien, pourquoi lui fait-il si peu confiance ? Parce qu'il l'a trop déçu. Parce qu'il l'a abandonné. C'est sa faute évidemment. Et puis Felix a raison. Felix a toujours raison. Il a besoin de temps. Juste pas autant qu'il le pense. Il reconnaît à retardement le carnet auquel Felix vient d'arracher une page et un sourire s'invite sur son visage. « Tu dessines encore. » Ce n'est pas une question. Il aurait dû s'en douter mais il n'y pensait plus. Ça le rend heureux de voir que Felix est toujours le même, toujours là, qu'il ne l'a pas complètement pourri. « C'était pas des paroles en l'air, ok ? Tu crois quand même pas que j'vais faire comme si t'étais pas là, comme si on s'était pas vus aujourd'hui... Bien sûr que j'vais t'appeler. Et toi aussi tu peux. » Il sort son téléphone, entre le numéro de Felix et lui envoi un sms contenant juste le mot River. « Faut juste... Faut juste que j'enregistre que t'es là maintenant, que j'me fasse à l'idée que j'vais pouvoir te voir et te parler et... 'fin, tu sais, il s'est passé des trucs depuis Seattle, pour toi aussi non ? On peut pas rattraper le temps comme ça, en dix minutes, hein ? » Seattle dans la bouche de River, ça désigne une époque autant qu'un lieu, et il sait que Felix comprendra. Avant de s'en aller, il s'avance pour l'embrasser furtivement sur la joue, même si c'est égoïste parce qu'il a bien vu que Felix venait de remettre de la distance entre eux. Mais il faut qu'il comprenne. Il ne compte pas le lâcher cette fois.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen Mar 12 Sep - 18:32 | |
| I am glad it cannot happen twice, the fever of first love. For it is a fever, and a burden, too, whatever the poets may say ☾ C'est gênant, c'est étrange, c'est empli de mots que vous crevez d'envie de dire, mais c'est trop tôt trop frais, ça sert à rien de vouloir tout dire maintenant, de vouloir accélérer les choses remonter le temps redevenir comme avant. Faut que tu t'enlèves de la tête que ce sera comme dans votre cocon de Seattle. Tout simplement parce que c'était exactement ça, un cocon irréel dans lequel vous évoluiez sans croire au temps à la vie à toutes ces notions qui font qu'on vieillit, qu'on change, qu'on se perd de vue, qu'on souffre. Faut que t'oublies tout et que tu recommences à zéro. Mais tu peux pas. C'était trop bon trop beau, ton bout de paradis après ta descente aux enfers, le bonheur que tu pensais avoir mérité après toutes ces épreuves. Le bonheur est éphémère, maintenant t'en as la preuve. « Tu dessines encore. » Il dit ça avec le sourire, comme si t'étais le même, que t'avais pas changé, que t'étais toujours son refuge sa solution de sécurité. T'as beau dire, son abandon t'as marqué. Un peu. Peut-être. Tu sais pas, tu t'appesantis jamais sur ta personne tes ressentis tes sentiments. Et c'est tant mieux comme ça. J'ai changé River. Tu me manques. Tellement de choses que tu dis pas. Tu te contentes de sourire et de hocher la tête. Oui, tu dessines encore, même si t'as toujours préféré la peinture. Le truc, c'est que la peinture, en extérieur, c'est pas forcément toujours pratique, et comme l'inspiration peut frapper n'importe quand... Tu préfères t'assurer que t'auras toujours de quoi immortaliser ce qui t'as frappé. Immortaliser. C'est ce que t'aimes le plus, Felix, quand tu mets des couleurs sur une toile. Immortaliser une personne un lieu un souvenir. Les garder pour toujours, emprisonnés dans des coups de peinture. T'as peur de tout perdre un jour, comme t'as perdu Mags, comme t'as perdu River. Les peintures au moins ça part pas sans prévenir. « C'était pas des paroles en l'air, ok ? Tu crois quand même pas que j'vais faire comme si t'étais pas là, comme si on s'était pas vus aujourd'hui... Bien sûr que j'vais t'appeler. Et toi aussi tu peux. » Ton cœur rate un battement, oiseau fou d'espoir dans la cage de ton torse, mais tu te rends compte de l'ironie de la situation. Tu l'as suivi à l'autre bout du pays sur un coup de tête après un simple coup de fil sans rien savoir de sa vie de ce qu'il était devenu de ce qu'il voulait vraiment. T'as déboulé sans prévenir, t'as sûrement tout chamboulé. T'as été égoïste. Egoïste dans ton aveuglement à le sauver. T'es pas sûr que ce soit une bonne idée de t'être incrusté imposé comme le parasite que t'as l'impression d'être à ce moment-là. Il a fui pour une raison. Peut-être pas la bonne, mais t'es qui pour le juger ? T'es qui pour croire que tu sais mieux que lui ce qu'il veut ? Tu te sens nul ridicule tellement idiot de t'être cru prince charmant parti à l'assaut de son happy ending. Tu doutes de tout d'un coup, t'as envie de laisser tomber de tout arrêter de le laisser filer mais t'as pas le temps de protester que River a déjà envoyé son message. C'est fait, c'est scellé. Plus de retour en arrière possible. « Faut juste... Faut juste que j'enregistre que t'es là maintenant, que j'me fasse à l'idée que j'vais pouvoir te voir et te parler et... 'fin, tu sais, il s'est passé des trucs depuis Seattle, pour toi aussi non ? On peut pas rattraper le temps comme ça, en dix minutes, hein ? » Tu souris, soulagé. « Ouais. On a changé, on a beaucoup de choses à se raconter pour rattraper le temps perdu. Je bougerai pas. Appelle-moi quand tu veux, quand tu te sens prêt, je serai là. » Et c'est vrai. T'as beau douter du bien fondé de ton action impulsive, te demander où ça va vous mener tout ça, ce qui vient après, t'as pas envie d'y penser. T'as juste envie de laisser couler pour voir où ça ira. Tu veux y croire, tu veux pouvoir te dire que tout ce que t'as fait pour lui c'était pas en vain, mais tu sais pas ce que l'avenir te réserve et c'est tant mieux. Les courants contradictoires de tes émotions t'enserrent la poitrine, et tu crois défaillir quand tu sens les lèvres de River passer telles une brise sur ta joue. Il se retourne et part, silhouette longiligne aux cheveux décolorés, et tu paniques. T'as peur. Une terreur telle qu'elle te glace les veines te cloue sur place. Tu dois te forcer à te rappeler qu'il ne t'abandonne pas de nouveau, qu'il se laisse juste du temps, qu'il a promis. Il a promis il a promis il a promis. Et tu te raccroches à ça comme à une bouée, et tu le regardes disparaître au coin de la rue.
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| Sujet: Re: (fever); datt ned fra himmelen | |
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| | | | (fever); datt ned fra himmelen | |
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