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| I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Dim 7 Mai - 23:06 | |
| Lenny a toujours une sensation étrange quand il est avec Toots, encore plus à l’extérieur de l’appartement. Une sorte d’angoisse, qui lui tenaille le ventre, la peur d’un imprévu, de l’imprévisible. Parce que Merle n’est pas facile à suivre, et même si sa terreur s’est un peu amenuisée depuis qu’ils ont parlé sans qu’il n’y ait d’insulte, de moquerie ou de menace, que Merle lui a confié un secret gros comme une maison, ce serait mentir de dire qu’elle s’est envolée. Il y a toujours une part d’incertitude, avec Toots, Lenny se sent toujours aussi intimidé, et il sait que l’autre n’aura sans doute aucun scrupule à disparaître au coin d’une rue, en le laissant derrière lui. Il croit, il suppose, il n’en sait rien, au fond. Mais il n’a pas l’impression que Merle l’aime plus qu’avant. Il est juste devenu utile pour lui. Ça fait bizarre, quand même, de marcher à côté de lui, et pas derrière, en retrait, comme il le faisait au début. Ils marchent en silence, sans vraiment se regarder, parce que Lenny l’a croisé en rentrant de l’université et bon, autant faire le trajet retour ensemble, que de faire comme s’ils ne se connaissaient pas, non ? Peut-être que quelques semaines avant, il aurait simplement baissé la tête et pris un autre chemin. Sûrement, même. Il n’allait pas volontiers vers lui, sauf quand il le repérait et qu’il le hélait, parce que, de toute façon, ils se retrouveraient tôt ou tard l’un en face de l’autre. Lenny ne fuit pas quand il a le sentiment que fuir va juste empirer la situation. Fuir, ça fonctionne devant des types qu’il croise une fois et qu’il ne reverra jamais, pas lorsqu’il revoit le gars le soir même affalé sur le matelas à côté du sien. Il a appris ça à l’école, s’il échappait à ses bourreaux un jour, c’était pire le lendemain, une corrélation parfaite qu’il a vite érigée en loi scientifique pour survivre.
Au détour d’une rue, son pied bute dans quelque chose et ses yeux tombent sur un portefeuille sur le trottoir. Il le ramasse, jette un œil à la carte d'identité pour voir s'il reconnaît un passant. Il n'a pas vraiment le temps de regarder la photo que Merle s'en empare déjà, le vide de ses billets et fourre l'argent dans sa poche. « Mais… » Lenny récupère le portefeuille avant qu'il ne le remette par terre, dépité. Il ne peut rien dire à Merle. C'est logique, d'agir comme il le fait, c’est compréhensible, et même si c’est vrai qu’il ne trouve pas ça bien, il n’a pas envie d’en débattre maintenant, encore moins envie d’énerver Toots avec ses valeurs morales. Il sait que ça ne passera pas, et il se sent trop lâche et faible pour argumenter, aujourd’hui. « Il faut le– » ramener à la police, c'est ce qu'il voulait dire, mais un homme est en train de fondre sur eux avec un air de bouledogue enragé. « COURS », entend-il. La main de Merle se referme sur son poignet et l’entraîne, il se met à courir malgré lui, entré dans un mode par défaut, mélange d’adrénaline et de peur. Merle le libère de son emprise peu après, plus facile pour courir. L’homme les a pris en chasse et Lenny ne se rend pas compte qu’il a toujours le portefeuille dans les mains, qu’il serre fermement entre ses doigts comme si sa survie en dépendait. C’est absurde, mais il n’arrive pas à réfléchir en courant, bouffé par la peur. Il perd Merle de vue, il ne sait pas s’il a tourné là ou plus loin. Il prend une décision, ne le retrouve pas au carrefour suivant, et son poursuivant ne semble pas vouloir abandonner. Il tourne encore, il commence à être essoufflé, à ne plus sentir ses jambes, à avoir envie de pleurer, il prend la suivante à gauche, puis à droite, puis–
Il faut toujours regarder devant soi. Sinon on se cogne et ça peut mal finir. Là, Lenny s’est heurté à un autre corps, solide, mais pas trop, il n’a pas le temps de voir autre chose que l’uniforme noir, le badge doré en reprenant son équilibre, et ça suffit pour lui faire savoir qu’il est maudit, surtout quand il réalise enfin ce qu’il tient toujours dans la main gauche. Il regarde derrière lui, à bout de souffle. L’homme a cessé de courir, lui aussi, probablement parce qu’il a vu qu’il était fait comme un rat, puis ramène ses yeux humides sur l’agent de police qui lui barre le passage, a une nette envie de mourir en voyant son visage. Il ouvre la bouche, la referme. Il a l’impression que le temps s’arrête, sauf que ce n’est pas le cas, et il sent son bras se tordre violemment tandis que l’homme lui arrache son portefeuille. « Ce petit merdeux a volé mon portefeuille. Ils étaient deux, l’autre a pris l’argent. » Instinctivement, Lenny courbe l’échine, baisse la tête, parce qu’il a honte, devant Asher, il a honte, d’avoir agi aussi impulsivement, d’avoir suivi Toots, même s’il est assez sûr que le type ne l’aurait pas laissé s’en sortir comme ça s’il lui avait simplement rendu le portefeuille. Mais il aurait dû le jeter en cours de route. Il croise les bras, frottant son coude meurtri, les yeux rivés au sol. |
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| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Mar 9 Mai - 19:05 | |
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Lenny & Asher Cowards die many times before their deaths; The valiant never taste of death but once © creditimage|tumblr Il n’attend pas beaucoup des gens. Ça fait amer, dit comme ça, amer et méchant et cynique, plein de trucs qu’il n’aime pas être, Asher. Il est cynique, et il en a conscience. Il a toujours été comme ça, en fait, d’aussi loin qu’il se souvienne. Toujours à voir les choses de manière un peu binaire, les bons et les méchants, à penser que l’espèce humaine ne mérite pas vraiment d’être sauvée. Il a toujours été comme ça, mais il essaie de ne pas se laisser submerger, la plupart du temps. De garder son objectivité, de ne pas mettre de l’affect dans tout ce qu’il fait. Il essaie de ne pas être cynique, Asher, mais pour autant, il n’attend pas beaucoup des gens. Ç’avait commencé avec Scarlett, quand il lui avait demandé de lui pardonner et qu’elle l’avait giflé, quand elle avait attrapé son verre d’eau et lui en avait jeté le contenu à la figure, quand elle avait fourré trois affaires dans un sac et l’avait balancé sur le paillasson pour bien lui montrer qu’il n’avait plus sa place à ses côtés. Ça s’était poursuivi avec Samuel, qui avait nié le truc en boucle, qui avait fait comme s’il ne s’était rien passé, « quoi on a vécu une histoire d’amour ? », vous voyez. Il avait pas pu lui en vouloir d’être dans le déni parce que lui-même avait voulu passer le truc sous silence, parce que c’était Samuel qu’avait vendu la mèche et qu’il avait peut-être bien fait, peut-être pas. Il n’avait pas eu tort, si ? De nier, de dire qu’il n’était pas l’initiateur, que Samuel lui avait sauté dessus et qu’il n’avait rien pu faire. Il n’avait pas eu tort, hein ? Il essaye de se le répéter, j’ai fait ce qu’il fallait, c’était de leur faute ; c’est pas efficace. La culpabilité est là, comme un poison, à s’insinuer dans chacun de ses pores, à le rendre méchant et menteur et déloyal. La vérité, c’est qu’Asher est cynique parce qu’il se connait et que c’est suffisant pour établir un ressenti sur le monde entier. Il n’attend rien du monde parce qu’il espère, très sincèrement, que le monde n’attend rien de lui. Ce serait une grossière erreur si c’était le cas. Mais y a des comètes, pourtant. Des gens qui passent rapidement, qui font belle impression, des gens qui brillent plus fort que les autres, des gens plus purs et honnêtes et foncièrement bons. Y a des gens comme Lenny. C’est son ami, Lenny. Enfin, c’est ce qu’il pense. Il ne sait pas vraiment comment se positionner par rapport aux gens, Asher. Y a Swann, c’est sa coloc ou sa pote, ou personne ? Elena, c’est sa copine ou son plan cul ? Minerva, son amie ou sa mission ? Merle, son protégé ou son plus gros problème ? Jael, sa sœur de cœur ou une inconnue ? Y a pas tellement à en dire, en fait, il pourrait faire une liste longue comme le bras de relations qu’il ne sait pas définir. Il a du mal, Asher, à comprendre les rapports entre les gens, à savoir s’il ressent de l’amitié ou de l’amour, ou rien du tout. Il a du mal parce qu’il n’a pas été éduqué dans une vision sentimentaliste des choses, parce que les amis de ses parents étaient souvent des gens qu’ils avaient côtoyés car il y avaient été forcés. Y avait pas forcément d’amour, d’amitié, y avait juste des desseins à plus ou moins long terme. Asher avait même douté de leur pseudo amitié avec les parents de Scarlett, pour tout dire. Il avait toujours pensé que le but avait toujours été d’unir leur progéniture et qu’au fond, ils ne s’appréciaient pas tant que ça. C’est triste, c’est cru, ça devrait pas être comme ça dans un monde idéal mais il a été élevé avec cette idée-là, que les gens sont placés sur notre route pour une raison bien définie, et qu’il n’y a pas forcément besoin de les aimer ou de les détester, qu’y a juste besoin de comprendre pourquoi ils sont là. Pourtant, il peut affirmer avec un brin de certitude que Lenny est son ami. C’est un constat qui n’est pas forcément évident à faire, parce qu’il y a quinze ans et une vie qui les séparent, parce qu’ils ne sont pas nés dans le même monde, parce qu’ils n’ont certainement pas vécu les mêmes choses. Parce qu’à l’âge de Lenny, Asher conduisait une Porsche, parce qu’il bouffait du caviar au petit déjeuner, parce qu’il avait une domestique qui l’aidait à faire ses devoirs. On peut pas vraiment comparer les enfances, quand elles sont si fondamentalement différentes, quand y a rien qui se rejoint à part les insécurités communes à tous les gamins. Ils se seraient détestés, s’ils avaient été au lycée ensemble. Et pourtant, Asher considère Lenny comme son ami. Pas un pote, pas une connaissance, mais un véritable ami, parce qu’il y a plein de choses qui les différencient mais aussi beaucoup qui les rapprochent. Il n’attend pas beaucoup du monde entier, mais il attend beaucoup de ses amis, Asher. Et de Lenny en particulier.
C’est un peu cruel, quand on y pense, parce qu’il sait que Lenny n’est pas né avec les mêmes chances que lui, parce qu’il est conscient qu’il ne peut pas agir de la même façon que lui, même s’il essaie. Il n’a jamais eu à se battre, Asher, jamais eu à se défendre face au monde entier. Il a toujours fait partie des nantis, de ceux qui sont nés avec une cuillère en or entre les doigts, de ceux qui ont le monde dans le creux de leur main, même maintenant, même en n’ayant plus rien. C’est un peu cruel, mais l’abnégation d’Asher a des limites, sa tolérance aussi, et il y a des choses qui restent coincées en travers de sa gorge, comme lorsqu’un corps se heurte au sien alors qu’il patrouille. Il est sur le point de sourire à Lenny, manque plus qu’une poignée de secondes pour que sa lippe se torde, mais le badaud l’interpelle et accuse le gosse, et Asher se fige sur place. Ce qui est injuste, quelque part, c’est qu’il pardonnerait à Merle, à River, il pardonnerait aux gamins qu’il a toujours connus comme ça, à pas trop respecter la loi et à se débrouiller comme ils le peuvent pour survivre. Quelque part, il s’était imaginé que Lenny était au-dessus de ça, au-dessus du vol et de la malhonnêteté, au-dessus des petits délits et des embrouilles. Quelque part, il pensait que Lenny valait mieux que ça. Et y a ce mec qui hurle, qui l’accuse de quelque chose que le Lenny qu’il connait n’aurait jamais pu faire, sauf qu’il n’y croit pas à cet instant, sauf qu’il ne voit que les preuves, le portefeuille qu’on arrache des mains du gamin et ses yeux baissés vers le sol. Il aimerait dire au passant qu’il a tort, que c’est pas son genre, qu’il le connait et que c’est un gosse gentil, mais au lieu de ça, il regarde l’homme avec beaucoup trop de solennité. « Désolé pour cet incident, monsieur, ça ne se reproduira pas ». Sa main attrape le bras de Lenny, l’entraîne avec lui un peu plus loin. Y a pas grand-chose à dire quand les mots manquent comme maintenant, pas grand-chose à dire quand l’odeur de la trahison se fait brutalement sentir. Il marche un peu, quelques mètres, sans desserrer les doigts qui agrippent le biceps de l’adolescent, furieux, furieux, furieux, le sang qui bat à 200 à l’heure dans les veines, les joues rosies par la honte. « Ça sera quoi, la prochaine fois ? » C’est une question sans en être une. Il regarde droit devant, n’accorde pas un seul coup d’œil à Lenny. Furieux. « Un braquage, un viol, un meurtre ? » Il demande même pas pour l’autre dont parlait le type. Sûrement un autre gamin désœuvré qui l’a entraîné dans l’un de ses plans foireux. « J’espère que tu m’étonneras et que t’agiras seul, pour une fois, histoire de montrer que t’es pas seulement un mouton qui suit le troupeau ». Il a conscience de la violence de ses mots mais ne s’arrête pas, ne le regarde pas, ne relâche pas son emprise sur son bras. Furieux, il l’est, mais plus que tout, il est déçu.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Mer 17 Mai - 16:47 | |
| Asher. Et ça pulse dans sa tête, c’est le sang qui bat dans ses tempes, les battements de son cœur qui se réverbèrent dans tout son corps. Asher. Il n’arrive pas à reprendre son souffle, après la course effrénée dans un dédale de rues, la peur au ventre, la peur de se faire choper par le type qui le poursuit, de se faire hurler dessus, d’être emmené de force au commissariat de police, et que tout s’effondre, tout le fragile château de cartes de son existence détruit d’une pichenette, tout ça parce qu’il a été trop bête pour lâcher un portefeuille. C’est Asher, répète la petite voix dans sa tête, et il ne sait pas si elle est censée sonner soulagée, parce que c’est sûrement ce qui se passe dans l’esprit de Merle ou de River quand Asher les capte en plein délit, Asher, heureusement, et pas un autre flic beaucoup moins compréhensif, qui les jetterait au trou sans hésiter un quart de seconde. Mais elle ne sonne pas soulagée, la petite voix de Lenny, elle sonne brisée, bousillée, elle défaille et elle déraille, elle sonne coupable, la petite voix, et il aurait préféré n’importe quel flic à Asher, même si ça rimait avec centre pour délinquants juvéniles et retour en foyer, même si ça signifiait fini les études et fini les beaux préceptes moraux qu’il a toujours scrupuleusement respectés. Il n’arrive pas à reprendre son souffle, parce qu’il a du mal à respirer, en pleine crise de panique, les joues qui lui brûlent et les larmes qui se pressent violemment contre ses paupières, la tête baissée, pour ne pas avoir à supporter le regard d’Asher. Tout, mais pas la déception d’Asher. Il a mal au bras que l’homme lui a tordu, il a mal aux poumons qui se gonflent et se dégonflent chaotiquement, il a mal, et il se dit qu’il le mérite, qu’il ne mérite que ça. Il se sent entraîné, la poigne autour de son bras, ne relève pas les yeux, n’essaye pas de dire quelque chose, il se sent écrasé sous le poids de la honte, il ne sait même pas si Asher pose son regard sur lui, mais il le sent peser, malgré tout, même s’il ne veut pas savoir.
Il retient ses larmes, Lenny, il retient, il retient, les lèvres tordues à force de les pincer, et il a mal aux yeux. Mais il n’a pas le droit de pleurer, pas quand c’est de sa faute, il aurait trop l’impression de quémander de l’indulgence, quand il n’en mérite pas. Il comprend Asher, il comprend tout ce qu’il dit, et ça résonne, dans son crâne, et c’est légitime, tout à fait légitime. Au fond, qu’aurait fait Darja, face à ça ? Elle l’aurait probablement giflé jusqu’à ce qu’il saigne, puis enfermé dans le cagibi sans nourriture pendant trois jours, pour qu’il médite à ce qu’il a fait, et ça aurait été normal. Lenny aurait trouvé ça normal, parce que c’est impardonnable, ce qu’il a fait, parce que Darja ne l’a pas éduqué comme ça et qu’il est mortifié à l’idée d’avoir couru au lieu d’avoir rendu le portefeuille. Il ne s’en pensait pas capable, il ne pensait pas pouvoir aller à l’encontre de ses propres principes moraux, de ceux qu’il avait songés à transgresser, une fois, quand il était arrivé en famille d’accueil, et qu’il avait finalement décidé de respecter coûte que coûte, parce que c’était lui, qu’il était comme ça, qu’il ne voulait pas être autrement. Il est mortifié à entendre la voix furieuse d’Asher, il est mortifié qu’il puisse penser qu’il pourrait faire pire, il est mortifié de l’avoir déçu, de le décevoir, il est mortifié, mortifié, mortifié, et les larmes dévalent ses joues sans qu’il ne puisse plus les en empêcher. « Asher. » Sa voix tremble, étouffée par les sanglots. Il a envie de l’appeler, Asher, Asher, Asher, encore et encore, comme si ça pouvait les faire revenir en arrière, comme si ça pouvait aider. Il tire sur son bras, pas pour se libérer, juste pour qu’il ralentisse, juste pour qu’il le regarde, même s’il n’a rien, strictement rien pour se justifier. « Asher, s’il te plaît, Asher. » Il répète son nom, mais ça ne le rassure pas, parce qu’Asher n’est pas son ami, à cet instant, ou il l’est trop, et il est en colère, et il est déçu, et Lenny ne veut pas qu’il le soit. Il essaye de réfléchir, pourquoi il a fait ça, pourquoi il a écouté Merle, pourquoi il n’a même pas hésité avant de se mettre à courir. Et il connaît trop bien la réponse, et il sait trop bien pourquoi. « Je suis désolé, je suis vraiment, vraiment désolé, j’ai eu peur, je sais que ça ne justifie en rien ce que j’ai fait, mais j’ai paniqué, il a pris l’argent et j’ai eu peur que si je rendais le portefeuille, l’homme, j’ai eu peur qu’il– » Il s’interrompt net, se remet à fixer le bout de ses baskets. Il ne peut pas lui dire, il ne veut pas lui rendre les choses faciles pour qu’il se débarrasse de lui, comme tous les autres avant lui. C’est trop tard, maintenant, Asher l’emmène probablement au poste, de toute façon, et il y aura bien un de ses collègues pour lancer un hey, mais il est pas dans notre fichier de gosses disparus, ce môme ?, quoiqu’il dise ou fasse. Il le mérite sans doute, d’y retourner, de ne pas pouvoir faire ses études, ou danser, d’être condamné à n’être qu’un autre gamin paumé qui ne fera rien de sa vie. Il le mérite, après tout ce qu’il a fait, après avoir fermé les yeux sur tout ce que ses amis peuvent faire de mal, à rester avec eux malgré tout, parce qu’il n’a jamais été fichu de se débrouiller seul. Alors il se tait, essuie ses larmes de sa main libre et arrête de faire comme si ça aurait pu tourner autrement. Il a juste eu droit à un peu de sursis, c’est tout. |
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| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Dim 21 Mai - 19:56 | |
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Lenny & Asher Cowards die many times before their deaths; The valiant never taste of death but once © creditimage|tumblr Il sait qu’il est injuste, Asher. Y a son pragmatisme qui lui hurle que non, que Lenny a fait quelque chose de mal et que n’importe quel autre gamin serait puni pour ça, surtout s’il était tombé sur l’un de ses collègues, l’un des connards qui s’approprient des pouvoirs qui ne sont pas les leurs. Y a sa sensibilité, d’un autre côté, tout ce qu’il ressent pour le gamin, la tendresse et l’affection, jamais la colère, jamais la méchanceté, jamais ce qu’il lui montre en ce moment. Ça lui brise le cœur d’entendre la voix chevrotante de Lenny, de croiser son regard et de constater qu’il pleure. C’est plus simple quand il ne parle pas, quand il ne dit rien, plus simple quand il ne peut pas penser que s’il en est arrivé là, c’est qu’il y a une raison, c’est qu’il y a un ensemble de choses qui l’ont conduit à agir comme il le fait. C’est pas évident à admettre, tout ça, parce qu’y a une part de lui qui aurait aimé que Lenny soit le meilleur d’entre tous, celui qui sauverait les autres à ses côtés, celui qui resterait en dehors des petits délits et des gros problèmes. C’est pas évident non plus parce que quand Lenny tire sur son bras pour qu’il s’arrête, il sent que ses mains tremblent, il comprend qu’il est ému, vraiment ému, et il se déteste soudain. Ça lui arrive régulièrement, de se haïr, lorsqu’il ne dit pas les mots justes et lorsqu’il est trop dur, parce que son compas moral est adapté à trop peu de personnes et qu’Asher est bien trop rigide pour l’accommoder quand la situation l’exige, pour arrondir les angles, pour sortir du cadre. Il en a conscience, conscience qu’il n’est pas parfait et qu’il ne peut pas exiger que les autres le soient, conscience qu’il en demande trop à Lenny. Il a pas eu de chance, Lenny, c’est un fait, pas eu de chance et il vit une situation merdique, une situation qu’Asher n’aurait pas pu gérer à son âge, une situation qu’il n’aurait pas su gérer. Il sait pertinemment, au fond de lui, que s’il s’était retrouvé tout seul, s’il avait été accueilli par la rue, il n’aurait pas eu la force d’esprit de son ami, celle qui fait que très souvent, il ne se retrouve pas dans les mauvaises combines de Merle, que plus souvent encore, il ne fait rien d’illégal lorsqu’il a le choix de dire non. Il aurait pas pu, Asher, pas pu tenir tête aux caïds, pas pu assumer cette foutue éthique qui le guide encore aujourd’hui, il serait devenu comme Merle ou pire, à chourer des trucs à droite à gauche, à bouffer à tous les râteliers en espérant calmer les gargouillis de son ventre. Quelque part, il en est conscient et quelque part, il admire Lenny lorsqu’il lui dit qu’il n’a pas pris l’argent, lorsqu’il lui explique qu’il a juste agi sous l’effet de la panique. « Je te crois », il finit par dire quand les mots cessent de sortir d’entre ses lèvres, quand il s’interrompt parce que les larmes le submerge, quand il n’arrive plus à dire autre chose, à s’exprimer d’une autre façon qu’en pleurant. Il a la gorge qui se tend douloureusement lorsqu’il le regarde, lorsqu’il comprend qu’il a les yeux dans les baskets parce qu’il a honte, lorsqu’il le voit essuyer ses larmes, et il doit se faire violence pour ne pas le serrer contre lui, pour ne pas embrasser son front, pour ne pas lui murmurer à l’oreille que tout ira bien, qu’il le croit, qu’il le comprend, qu’il l’aime. Il l’aime, Lenny, parce que c’est impossible de ne pas l’aimer, parce que c’est impensable de ne pas s’attacher à quelqu’un comme lui, quelqu’un de droit et courageux et honnête, quelqu’un de doux, tendre, remarquable, profondément sensible. Il lui rappelle Maxine, un peu, parce qu’elle a toujours la tête trop pleine d’idées malicieuses, parce qu’elle sait beaucoup de choses mais ne sait pas toujours mettre en application ce qu’elle a appris, parce qu’elle est trop appliquée et consciencieuse et géniale. Il lui fait penser à Maxine, et ce n’est pas forcément une bonne chose, parce que ça veut dire qu’il l’aime trop, qu’il l’aime mal, et il n’a pas une bonne expérience de ce genre de sentiment, pas une bonne expérience de la passion de manière générale, la passion brute et froide et sans compromis, la passion qui tisse les liens et les brise tout aussi vite. Y a sa main qui finit par se glisser sur la joue de Lenny, son pouce qui caresse sa pommette, comme si ça pouvait rattraper les débris consécutifs à la putain de grenade qu’il lui avait lancée. « Je suis désolé, Lenny », il souffle, glisse ses doigts dans sa nuque qu’il effleure avec la même tendresse. Y a des gens qui passent et qui regarde, parce que c’est pas commun de voir un type en uniforme toucher un gamin comme ça, d’autant plus lorsque le gamin en question vient d’être interpellé, mais il s’en fout, Asher, y a son cœur qui s’est brisé depuis que Lenny a fondu en larmes et il se sent obligé de réparer ce qu’il a commis, autant que possible. « J’en demande trop de ta part, j’en ai conscience ». C’est insultant, peut-être, parce que ça signifie qu’il ne devrait pas être aussi exigeant, qu’il devrait attendre de Lenny autant que de Merle, qu’il ne devrait pas lui en demander plus ni moins, et que si au final il ne tue personne, y a pas de quoi fouetter un chat. C’est insultant et c’est le but, indirectement parce qu’Asher a un côté cruel lorsque il le souhaite, lorsqu’il est à court de mots, lorsqu’il ne comprend plus les choses, Asher est cruel lorsqu’il ne peut plus rien être d’autre, lorsque son cerveau court-circuite parce qu’il y a les informations qui se bousculent et le submergent. « J’vais pas t’arrêter, Lenny. T’es mon ami. J’vais pas t’arrêter », et il éloigne sa main du visage du gosse, recule, semble réfléchir encore mais se ravise alors qu’il s’apprête à parler, comme s’il avait peur d’en dire trop. « J’sers à rien, hein, et il sourit tristement, hausse les épaules, j’sers à rien si j’arrive même pas à faire quelque chose pour toi, si j’arrive même pas à empêcher que tu te retrouves dans ce genre de situation ». Le constat établi, il déglutit, regarde les gens qui les contournent avec l’impression qu’ils agréent tous, ouais tu sers à rien, et il ne repose surtout pas les yeux sur Lenny, de peur qu’il comprenne que ce n’est pas simplement un constat, que c’est une vérité qui bout à l’intérieur d’Asher, le pire de tous ses échecs, celui qui s’ajoute tout au bas de la liste des choses qu’il a ratées.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Mer 24 Mai - 11:56 | |
| Il ne peut pas en vouloir à Asher, d’être en colère, d’être déçu. Il ne peut pas lui en vouloir, parce que c’est la réaction normale, celle que Darja aurait eue, celle qui fait qu’un enfant ne recommence pas une bêtise, pour peu qu’il soit assez malléable. Lenny a toujours été malléable, contrôlable, il suffisait de lui faire une remarque pour qu’il change son comportement, pour qu’il s’adapte. Pour qu’il devienne un peu plus comme on veut qu’il soit. Le problème, c’est qu’il n’avait qu’un carcan, avant, un seul modèle auquel se conformer, carré, sans bavure. C’était plus simple. C’était plus simple de voir le monde divisé en deux parties bien distinctes, tout blanc ou tout noir, et les gens qui se droguaient, qui volaient, qui tabassaient, qui tuaient, étaient du mauvais du côté du tableau, certainement pas dignes d’être aimés. A dix ans, Lenny pensait comme ça. Puis Darja a tué deux personnes et il a continué à l’aimer, malgré tout. Il l’aime toujours, Darja, et de tout blanc ou tout noir, le monde et les autres sont devenus gris, des entre-deux, des gens avec qui il se surprend d’être amis, qu’il n’a pas envie de quitter, qu’il veut aider, qu’il veut aimer encore longtemps. Lenny a appris, à ses dépens, qu’on ne fait pas toujours les bons choix, que les bons choix eux-mêmes sont parfois absurdes, que la justice, c’est plus nuancé que de décider arbitrairement ce qui est bien, ce qui est mal. Il a pris que mauvais, ce n’est pas complètement mauvais, il a appris que tout le monde a des raisons derrière ses actes, que l’on croit souvent que ces raisons sont justes et, qu’au fond, qui peut vraiment en juger ? Il a appris, surtout, qu’il peut aimer des personnes qui font des choses qu’il trouve horribles, et qu’on ne peut pas définir quelqu’un sur un jour, un instant, une parole, un geste. Parce que les gens, ce n’est pas une seule chose, les gens, ce sont des multitudes de mots, de gestes, de sentiments, d’actes et de non-actes, et que ce n’est pas parce que Peter lui a tendu la main que c’est un homme bien, pas parce que Merle l’a toujours persécuté qu’il est foncièrement cruel, pas parce que Jael se drogue qu’elle n’est qu’un déchet de la société, pas parce qu’Otto se prostitue qu’il ne peut pas être avec lui. Ce serait trop facile, de penser comme ça, aujourd’hui, de réduire son entourage à un mot, un seul, de les classer du meilleur au pire, de décider qui est irrécupérable ou non. Il en veut un peu à Asher, pour ça, derrière les larmes de honte, il en veut à Asher parce qu’il sait, Lenny, qu’il n’est pas meilleur que Merle ou que River. Et Asher est plus cruel que Merle, quand il lui dit qu’il en demande trop de sa part, et sa main sur sa joue, ses doigts contre sa nuque, ne lui apportent pas grand réconfort, quand il doit s’affronter lui-même, à l’intérieur.
Décevoir Asher, c’est se décevoir lui-même, pour Lenny, parce qu’Asher a les mêmes principes, parce qu’Asher lui rappelle pourquoi il ne voulait pas devenir un gamin paumé qui se tourne vers la violence comme un exutoire. Peut-être que Lenny a trop d’espoir, peut-être qu’il ne pourra pas empêcher sa chute, peut-être qu’il l’a déjà entamée. J’vais pas t’arrêter, dit-il, et ça le soulage à peine, comme s’il s’était déjà fait à l’idée de retourner en foyer, retourner chez des gens qui se fichent de ses rêves. Il le mérite, pas vrai ? « T’en demandes pas trop, Asher. » Et sa voix tremble encore, alors qu’il essuie ses larmes du revers de la main. « Je n’ai pas le droit à l’erreur, moi. J’y ai jamais eu droit. Mange bien, tiens-toi bien, travaille bien, fais tout bien. Sois parfait, Lenny. Je fais de mon mieux pour l’être, Asher, je te le promets. » Il n’est même pas amer, Lenny, quand il dit tout ça, il est seulement en colère contre lui-même d’avoir autant dérapé. « Tu ne sers pas à rien. J’ai besoin de toi, Asher, j’ai besoin de toi pour me rappeler ce que je voulais être, pour me dire quand je franchis la ligne, pour me dire quand ça ne va pas. Parce que je n’arrive plus à savoir, je n’arrive pas à leur en vouloir, mais toi, tu m’en veux, pas vrai ? » Il essaye de capter le regard d’Asher, derrière la buée, les yeux encore humides. Et puis, il les détourne, ils reviennent au sol, sur ses baskets, un silence, un soupir. « J’ai fugué. » Rien qu’un murmure, vérité avouée du bout des lèvres, honteuse vérité. « C’est pour ça que j’ai peur d’aller au poste », il ajoute, la boule au ventre et la gorge nouée, sans savoir à quoi il doit s’attendre. |
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donne coeur, pas cher, déjà utilisé ▹ posts envoyés : 1889 ▹ points : 16 ▹ pseudo : Unserious/Agnès ▹ crédits : WHI, tumblr, bazzart / avatar : balaclava / AES : moi / gif : camille ▹ avatar : Ben Barnes ▹ signe particulier : un accent de liverpool, un tatouage "bad" au creux du coude, et une chevalière à l'index gauche. oh, et totalement casher. en théorie.
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| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Sam 27 Mai - 17:50 | |
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Lenny & Asher Cowards die many times before their deaths; The valiant never taste of death but once © creditimage|tumblr Il peut pas savoir, Lenny, il peut pas s’imaginer, ce que c’est que de voir des gosses perdre pied et de ne pas pouvoir les rattraper, parce qu’ils tombent pas dans le vide, ça serait trop simple, ils se font happer par des putain de sables mouvants et y a rien à faire, rien à dire, y a juste à les regarder s’enfoncer sans pouvoir tendre une main pour les sortir de là. Il peut pas savoir, Lenny, et c’est normal, il est trop jeune, trop innocent, trop inconscient, c’est normal à son âge et dans ces circonstances, c’est normal de pas voir ce qui est en train de se péter en mille morceaux quand l’univers tout entier semble déjà ébréché. C’est normal mais en même temps, c’est décevant, oui, c’est décevant parce que ça signifie que les efforts sont vains, que peu importe ce que fera Asher, rien ne changera. Demain il chopera encore Merle au volant d’une bagnole qu’est pas à lui, demain il surprendra River sur un bout de trottoir, demain il verra Jael en train de se fourrer des cachets dans la bouche, demain rien n’aura changé et ouais, c’est un putain d’échec, y a pas d’autres mots, un échec pour lui et pour eux, toute la bande de paumés qui se serrent les coudes et qui s’escortent jusqu’en enfer. Il est pas en colère, Asher, pas vraiment, si ce n’est après lui-même. Il devrait en faire davantage, il devrait louer un appartement plus grand et accueillir tout le monde chez lui, il devrait leur proposer une alternative, un moyen de ne plus jamais avoir à mendier, à voler, à faire le tapin, un moyen d’échapper à toutes ces choses dégueulasses pour de bon. Merle, River, Lenny, Jael, Ruth, même Nadja. Avec un appart’ assez grand, ça passerait. Avec un appart’ assez grand, ils auraient plus à se poser de questions, ils auraient plus à vivre sous la coupe de gens qui se foutent ouvertement de leurs gueules. Ça le tue de constater que ça serait aussi facile, ça le tue de comprendre qu’il est aussi inutile, aussi impuissant, aussi nul à chier comme flic et comme grand-frère et comme ami. Ça le tue et quand Lenny parle, quand il lui confirme qu’il n’en demande pas trop, il a immédiatement envie qu’il se taise parce qu’il a tort, évidemment qu’il a tort, y a des choses qu’il dit sous le coup de la colère et de la déception et de la tristesse, des choses qu’il ne pense pas, des choses qu’il ne pensera jamais. « J’t’en veux pas, Lenny », il répond simplement lorsqu’il lui pose la question, lorsque la question n’est que rhétorique mais qu’il a tout de même envie de répondre. Non, il ne lui en veut pas, il ne pourrait pas lui en vouloir même s’il le souhaitait de tout son cœur. Il voudrait lui dire, lui faire comprendre qu’il l’aime, que c’est maladroit, brouillon, que c’est un amour vache, que c’est le sentiment qui l’anime lorsqu’il pense à chacun de ses amis, mais Lenny le coupe et le surprend, une nouvelle fois, la bouche ouverte et incapable de rétorquer quelque chose.
Il est nul comme flic, putain. Comment il a pu passer à côté de ça, comment il a pu ne pas remarquer ? Comment il a pu ne pas voir son visage sur le fichier central et sur les affiches placardées au poste, comment il pu ignorer un truc aussi évident ? S’il était quelqu’un de raisonnable, quelqu’un de bon, cette révélation suffirait à ce qu’il le conduise au poste immédiatement, pour qu’on rende le gosse à ses parents, pour qu’on retrouve sa famille. Mais il n’est pas vraiment rationnel, Asher, pas vraiment impartial lorsqu’il s’agit de ses amis, et c’est pour ça qu’il attrape Lenny par les épaules et l’emmène dans un recoin au calme, là où les gens ne pourront pas les entendre. « Pourquoi t’as fugué, Lenny ? » La question est murmurée, susurrée discrètement pour que les passants n’arrivent pas à comprendre leur échange. C’est simple, ça appelle une réponse courte, une réponse sans fioritures, mais il voit que l’adolescent hésite, qu’il garde les yeux plantés sur ses baskets. Il glisse son index sous le menton du blondinet, lui relève la tête pour le forcer à le regarder dans les yeux. « Lenny, je sais que tu ne te serais pas cassé de chez toi sans raison. Je te connais. Alors dis-moi, s’il te plait. Dis-moi, et je te protègerai, autant que possible, dis-moi et je t’aiderai. Fais-moi confiance. » Il parle tout bas, penché sur le gosse, tout bas pour pas que quelqu’un puisse tendre l’oreille, tout bas pour lui faire comprendre, aussi, qu’il n’est pas en colère, qu’il ne l’est plus. Maintenant, seul son secret compte, cette confidence et l’aide qu’il pourra lui apporter. « Laisse-moi t’aider », il finit par souffler, et il attrape sa main pour l’inciter à parler, pour lui montrer que ça ira, qu’il restera là, qu’il ne bougera pas, qu’y a rien à craindre de lui et surtout pas la trahison.
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| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Ven 16 Juin - 20:34 | |
| Il regrette de l’avoir dit à l’instant même où les mots ont franchi ses lèvres. Ce n’est pas seulement qu’il ne veut pas y retourner, même si, oui, c’est vrai, il donnerait tout ce qu’il possède pour ne pas replonger dans le système des foyers et des familles d’accueil. Il est fataliste, Lenny, et s’il y retourne, il supposera que c’est parce qu’il l’a mérité, que c’est son destin, qu’il faut bien que les gens soient punis quand ils agissent à leur guise, au détriment des règles de vie en communauté. Il connait bien les textes de loi qui expliquent qu’il n’est pas majeur et ne peut pas se prendre en charge seul. Il connait encore mieux les textes de loi qui condamnent les activités de Peter. Il ne peut pas en vouloir à Asher, s’il décide de l’emmener au poste et de le remettre entre les mains d’une assistante sociale. C’est son travail, après tout. Ce serait normal, ce serait juste. Il regrette de l’avoir dit parce qu’il a l’impression de décevoir Asher, encore une fois. Il a menti et Asher ne s’en est même pas rendu compte, et peut-être qu’il va encore se dénigrer en tant que flic à cause de ça. Mais ce n’est pas sa faute, à Asher, comment peut-il le savoir, puisque Lenny lui a menti, puisqu’il a tout fait pour qu’il ait confiance en lui. Il a l’impression d’avoir manipulé Asher, au fond, de lui avoir vendu une version de lui-même totalement fausse et d’être la cause de toutes ses remises en question. Il sent qu’il l’emmène à l’écart, le tenant par les épaules, et il ne relève pas la tête, se laisse faire, abattu. Asher lui demande pourquoi, et Lenny sent à nouveau les larmes couler sur ses joues, les yeux résolument baissés. Il a envie de le supplier, de lui dire qu’il ne veut pas y retourner jusqu’à ce qu’il lui promette qu’il ne le renverra pas là-bas. Il se sent ridicule, aussi, parce qu’Asher s’attend sûrement à des choses horribles, à des histoires d’enfants abusés, battus, exploités, et que sa raison d’avoir fugué est pathétique, à côté de tout ce qu’ont pu vivre les autres Lost Boys, avec qui la vie a toujours été sans pitié. Il n’a pas de quoi se plaindre, Lenny, pas vraiment.
Un doigt sous son menton, Asher l’oblige à relever la tête, à affronter son regard. Il essuie rapidement les larmes qui engloutissent son visage, du revers de la main, toujours honteux. « Y’a personne à protéger et personne à aider », il a du mal à dissimuler les sanglots dans sa voix, « Je voulais seulement aller à Harvard. » Et il se sent pitoyable, n’arrive même pas à expliquer sa fugue mieux que ça, comment d’Harvard, il avait fini par atterrir à Savannah, dans une Université d’Etat qui n’a pas franchement le prestige de la Ivy League. C’est pathétique, ridicule, pitoyable, et Lenny a l’impression de n’être qu’un enfant gâté qui fugue parce qu’on lui a refusé le dernier jouet à la mode. Il est sûr qu’Asher n’a jamais entendu un motif de fugue aussi stupide et égoïste de toute sa carrière, et Lenny ne pense plus qu’à disparaître. Mais il sait que s’il ne dit rien de plus, il est bon pour le commissariat, la paperasse et le retour en foyer jusqu’à ses dix-huit ans, sans plus beaucoup de chance de faire des études un jour. « Darja est en prison. Ma mère. J’étais en famille d’accueil et ils voulaient que je travaille à la boucherie familiale au lieu d’aller à l’université, alors je suis parti. Je ne savais pas quoi faire d’autre. » Il a toujours ce même nœud dans la gorge, cette même craint au creux du ventre alors qu’il s’humecte les lèvres, en essayant d’anticiper la réaction d’Asher. « Je sais que je n’aurais pas dû faire ça et que j’aurais dû te le dire, je suis désolé. Je sais ce que tu dois faire maintenant et je ne t’en voudrai pas, c’est ton travail. » Il y a bien une partie de lui qui proteste, qui veut dire à Asher qu’il n’est pas obligé, qu’il est majeur dans quelques mois et qu’il pourrait fermer les yeux jusque-là. Mais ce ne serait pas très juste, ce serait lui demander d’enfreindre la loi parce qu’ils sont amis, et Lenny ne peut pas faire ça à Asher, ni à personne, au fond. |
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| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Mar 4 Juil - 18:53 | |
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Lenny & Asher Cowards die many times before their deaths; The valiant never taste of death but once © creditimage|tumblr Il y a une part de lui qui se dit qu’il ne peut pas comprendre, qu’il ne pourra jamais comprendre. Il est né avec absolument tout, une petite cuillère en or dans la bouche et le cul dans du satin, l’appartement de luxe et les meilleures études possibles. C’est une contradiction terrible, le fait de s’être toujours senti proche des gosses des cités alors qu’il n’a aucun point commun avec eux, si ce n’est son penchant pour les ennuis. Il est trop propre, Asher, trop lisse, il n’a pas les écorchures qu’ont les enfants qui ont vécu une vie simple, parce qu’il n’y a rien de simple dans son existence, si ce n’est la simplicité avec laquelle tout se faisait, avec l’argent et le bon nom. Il n’a jamais eu à vraiment forcer, Asher, parce qu’il est naturellement brillant et que toutes les portes lui ont toujours été ouvertes, il n’a jamais eu besoin de quémander de l’aide non plus. Ça vient naturellement, quand on est riche et que nos parents sont des membres éminents de la société, ça arrive tout seul, les gens qui redoublent de courbettes pour se faire bien voir. C’est débectant mais c’est comme ça, et ce qu’il a longtemps considéré comme un fardeau ne l’est pas tant que ça. Elle est où, l’enfance malheureuse du petit bourgeois de Brooklyn ? Ils sont où, ses malheurs, ses problèmes, ses préoccupations ? Nulle part et partout à la fois. Il se complait dans ce rôle, Asher, celui du mec qui a toujours tout eu mais n’a jamais su quoi en faire. Et quand il voit Lenny, ça lui fend le cœur. Il aurait mérité tout ça, Lenny, Harvard, les soirées avec le gratin de la société, le stage d’avocat à la sortie de la fac. Il l’aurait mérité, mais il n’a rien eu. A la place, le grand et magnifique cycle de la vie a redistribué ces avantages à des gens comme Asher qui, par habitude, par lassitude, n’ont jamais compris la chance qu’ils avaient. Il voulait aller à Harvard, Lenny, et ça semble complètement con, dit comme ça, parce qu’il a atterri à Savannah et qu’il a que dalle, parce qu’il est à des kilomètres de la vie qu’il rêvait d’avoir, parce qu’il donnerait sûrement tout pour être à la place d’Asher mais qu’il n’a pourtant aucune idée du bordel qu’est sa vie. Ou peut-être qu’il sait, mais que ça n’est rien comparé à ce que traverse Lenny. C’est possible, et ça fait mal, encore une fois, ça file un coup en plein dans le cœur, et il l’écoute parler sans broncher, incapable de l’interrompre alors qu’il s’est enfin décidé à lui parler. Y a tout qui lui tombe dessus, parce qu’il ne s’imaginait pas que ça pouvait être aussi dramatique, que Lenny pouvait être autant dans la merde. Une mère en prison, des familles d’accueil. Il a vu des foyers comme ça, Asher, quand il avait ramené à quelques reprises des gosses fugueurs. C’était jamais folichon et ça lui foutait toujours un cafard pas possible. Non, pas Lenny. Pas lui. Pas avec des gens qui lui donnent juste l’envie de se tirer, qui ne prêtent pas attention à ses envies, à ses aspirations. Il mérite mieux, tellement mieux. Et même si c’est son devoir, comme il lui rappelle, il est hors de question qu’il fasse ça.
« T’es bientôt majeur, hein. » C’est pas vraiment une question. Lenny a toujours menti sur son âge en sa présence, et même si c’est pas crédible, Asher a toujours fait semblant de le croire. C’est faux, évidemment, il ne l’a jamais cru quand il s’agissait de ça, n’a jamais pensé qu’il pouvait avoir dix-neuf ans alors qu’il avait encore l’air d’un enfant. C’est une affirmation, en fait, le début d’un postulat qui prend doucement naissance dans ses pensées et dont il veut lui faire part. « Viens habiter chez moi. » C’est lâché directement, sans équivoque, c’est ordonné comme s’il lui demandait de le suivre au poste. C’est pas gagné d’avance, il le sait, et il ne comprend pas vraiment pourquoi, mais s’il ne le dit pas explicitement, il sent qu’il va amèrement le regretter, parce qu’il y a son ventre qui se tord quand il pense qu’il pourrait arriver malheur à son ami. « Quelques mois, le temps que tu sois majeur. Je te donnerai de l’argent, t’auras pas à voler ni à mendier. Je te donnerai à manger. T’auras ta chambre. Je te filerai des bouquins de droit et j’appellerai les deux-trois personnes qui ne me détestent pas encore pour voir si tu pourrais candidater à Harvard. » C’est lancé comme une promesse, à la volée, parce qu’il n’est pas sûr que Swann accepte un troisième coloc qui serait hébergé gratuitement mais il est prêt à se battre avec elle, s’il le faut. Tout pour que Lenny ne soit pas en danger. Il plonge les mains dans ses poches, Asher, regarde le gamin qui n’a encore rien dit, peut-être parce qu’il ne sait pas quoi lui répondre. « Je sais que tu ne veux pas, que tu as toujours refusé. Mais j’ai pas envie que tu gâches ton avenir si y a un moyen de t’aider à réaliser tes rêves. » Et il y a des certitudes dans ce qu’il dit, des envies aussi, parce qu’il a toujours considéré Lenny comme un petit frère et qu’il aimerait pouvoir l’aider, pouvoir le tenir hors de portée des grands méchants loups et le laisser se faire sa place tranquillement dans le monde. « Si tu veux pas, j’te filerai de l’argent. Tout ce dont tu auras besoin. Et t’as pas intérêt de refuser, Lenny. Y aura suffisamment de gens pour te mettre des bâtons dans les roues, repousse pas ceux qui veulent t’aider. »
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Ven 7 Juil - 23:01 | |
| T’es bientôt majeur, hein. Il acquiesce en silence, même si au ton d’Asher, il sait que c’est une affirmation plus qu’une question. Il entend toutes les fois où il a menti sur son âge résonner dans cette simple phrase et il entend Asher qui ne l’a jamais vraiment cru mais n’a jamais insisté. Asher est comme ça, il ne force pas la main, il la tend, simplement, qu’on le veuille ou non et un peu l’air de rien. Bientôt majeur, oui, c’est l’affaire de quelques mois jusqu’à décembre, et il s’en mord les doigts de ne pas avoir tenu jusque-là sans avoir été démasqué. Dix-huit ans, et ce sera la liberté, pas une liberté fantastique, juste l’assurance que les services sociaux rangeront son dossier dans un tiroir et ne se soucieront plus de lui. Même ça, il n’a pas réussi. Il aurait suffi qu’il fasse bonne figure assez longtemps, qu’il reste éloigné des ennuis, de la rue, de la manche et du vol, qu’il se contente d’être un étudiant modèle et qu’il ne fréquente pas les autres Lost Boys de trop près. Qu’il ne rencontre pas Asher, un flic, qui soit assez zélé pour s’intéresser à son sort. Pourtant, Asher ne parle pas de commissariat, ni d’assistante sociale. Et Lenny n’arrive pas à détacher son regard humide de son visage lorsqu’il lui dit de venir habiter chez lui. Il a toujours eu l’air d’un chiot abandonné, ça doit être la raison pour laquelle il a toujours été facilement adopté provisoirement, peu de temps en foyer, souvent en famille d’accueil. Peut-être que c’est ça, qu’Asher voit quand il pose les yeux sur lui, un autre gamin livré à lui-même qui ne s’en sortira jamais, un gosse perdu à secourir. Peut-être qu’il le prend en pitié, oui. Lenny a toujours été dépendant des gens, de ce qu’on voulait bien lui donner. C’est bien son grand malheur, d’être incapable de se débrouiller tout seul, d’avoir dû compter sur quelqu’un comme Peter pour ne pas mourir de faim ou de froid. Et la vérité, c’est qu’il ne peut pas quitter Peter, pas maintenant, pas comme ça. Il lui dirait quoi ? Salut, je vais vivre chez un policier, bisous ? « C’est gentil, Asher. Merci, vraiment. » Et le mais reste bloqué dans sa bouche une seconde de trop.
Il a peur de ne jamais pouvoir partir, de s’être enfermé dans un marché qu’il ne pourra jamais rompre. Mais il ne peut pas en parler à Asher, Peter a trop fait pour lui, et ça causerait des ennuis à toute sa petite équipée. « Je n’ai pas besoin d’argent, j’ai tout ce qu’il faut là où je vis, la nourriture, les livres, le toit, tu n’as pas à t’inquiéter pour moi. » Il soupire, passe une main dans ses cheveux, visiblement embarrassé. Il ne veut certainement pas se confier à Asher sur ce coup-là, même si c’est son ami, même s’il lui fait confiance. Vivre chez un trafiquant de drogue qui exploite des gamins sera sans doute de trop, la goutte d’eau qui transforme le vase en tsunami. S’il accepte de ne pas l’emmener au poste, autant ne pas lui donner plus de raisons de le faire. « Je ne mens pas, je ne vais pas profiter de ton argent parce que j’en ai déjà, ce n’est pas une question de fierté ou je-ne-sais-quoi. » Il baisse les yeux un instant sur le trottoir pour réfléchir, les relève vers Asher parce qu’il sait qu’un regard franc est un gage de sincérité. « Je n’ai pas menti non plus quand je faisais la manche, j’étais venu avec une amie, c’est tout. Je n’ai pas été forcé de le faire. Je ne dois pas voler non plus, j’ai eu peur et j’ai fui, j’espère que tu me crois. C’est important pour moi. » Il sait qu’il en demande beaucoup, il sait qu’Asher ne lui accordera peut-être pas le bénéfice du doute. Il sait aussi que lorsqu’il l’apprendra, pour Peter, ça sera cent fois, mille fois pire, et ça arrivera, tôt ou tard. Mais il ne veut pas risquer ses études maintenant qu’Asher lui a dit qu’il fermera les yeux le temps qu’il soit majeur, encore moins entraîner tous les Lost Boys dans sa chute. |
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| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) Ven 14 Juil - 21:39 | |
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Lenny & Asher Cowards die many times before their deaths; The valiant never taste of death but once © creditimage|tumblr Y a un truc qui reste en travers de la gorge d’Asher, un autre truc qui lui tourne en boucle dans la tête, comme s’il n’arrivait pas à démêler le vrai du faux. Il a conscience que son référentiel n’est pas celui de tous, que certaines personnes préfèreraient crever que de côtoyer des milliardaires tous les samedis soirs comme c’était le cas pour lui lorsqu’il habitait encore New-York. Mais tout de suite, Asher n’arrive pas vraiment à l’admettre, à comprendre ce que veut lui dire Lenny, à le croire lorsqu’il dit qu’il n’a pas besoin d’aide. Peut-être parce qu’il a une trop haute opinion du gamin, peut-être parce qu’il ne veut pas croire qu’il mènerait ce train de vie s’il n’y était pas contraint. Sauf que Lenny lui dit l’inverse, sauf que Lenny bouscule toutes ses convictions. « Tu », il commence lorsqu’il a fini d’expliquer, n’ajoute pas un mot de plus. Il ignore ce qu’il peut lui dire. S’il devait parler en toute franchise, il lui dirait qu’il n’est qu’un enfant, stupide de surcroit. Il lui dirait qu’il ne pourra jamais survivre dans la rue, pas en faisant ça, pas en suivant ses amis dans leurs idées stupides. Il lui dirait qu’il voudrait crever le type qui les garde avec lui dans son appartement, qu’il voudrait le retrouver et lui planter une lame dans le bide, pour tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il n’a pas fait. Merle qu’il a brisé, Jael qu’il manipule comme une poupée de chiffon. Il n’est pas bête, Asher, il a compris, depuis quelque temps déjà. Il sait que tous les gosses trainent tout le temps ensemble, sait aussi qu’ils gravitent autour de quelqu’un qu’ils prennent pour leur soleil, quelqu’un d’adulte et de normalement responsable, quelqu’un qui les oblige à mendier, à voler, à faire des choses bien pires s’il compte River dans le lot. Il voudrait le tuer, Asher, si seulement l’un des petits crachait le morceau et lui disait où il peut le trouver. Il n’a pas cherché à le savoir. Ce serait les trahir, aller contre ce qu’ils souhaitent, tous autant qu’ils sont. S’ils avaient voulu qu’il fasse quelque chose, ils lui auraient révélé son identité depuis longtemps, ils auraient au moins lâché une adresse, innocemment. Ils n’ont rien fait de tout cela. Ils l’ont laissé dans le flou et maintenant, il se retrouve devant le fait accompli, à regarder Lenny lui débiter des phrases insensées pour justifier une vie qu’aucun enfant de dix-sept ans ne devrait connaitre. « Je te crois », il dit alors, frotte sa langue contre ses lèvres comme si ça allait rendre ses prochains mots moins durs. Ce n’est pas le cas. Ils sortent de manière froide, monotone, le reflet parfait des sentiments qui le bouffent. « Mais tu me déçois. » La phrase résonne un instant dans l’air, reste en suspens entre leurs visages alors que les yeux d’Asher se détournent de Lenny. Il colle ses yeux sur les visages des passants qui flânent à quelques mètres d’eux, réfléchit un moment. Il ne sait pas s’il devrait laisser la conversation à ce stade, tourner le dos à Lenny pour ne plus jamais revenir. Y a la colère qui commence à lui bouffer les veines, comme à chaque fois que le train de vie de ses protégés est évoqué. Sauf que là, c’est pire, parce que Lenny choisit cette vie, parce que ce n’est pas une obligation, parce qu’il pourrait se trouver à mille autres endroits mais qu’il choisit de mener cette vie. Cette vie toxique qui lui crève le cœur quand il y pense trop. « Je pensais que tu étais intelligent, Lenny. Je pensais que tu étais tellement intelligent. Suffisamment pour ne pas faire quelque chose uniquement parce que les autres le font, alors que tu n’y es pas obligé. C’était ça que tu avais en tête quand tu as quitté ta famille d’accueil ? C’était ça, ce que t’envisageais comme étant ton avenir ? » Il serre les dents, ne le regarde toujours pas. Les mots sortent comme des lames, comme des couperets bien affûtés qui viendraient se planter dans chaque centimètre carré de chair pour saigner son ami à vif. Il est blessant, Asher, quand il le souhaite, et il n’y a rien qu’il veuille davantage à cet instant. « Je m’en veux d’avoir pensé qu’il y avait quelque chose à sauver chez toi, Lenny. T’as même pas envie de te sauver toi-même. » Le plus douloureux, sûrement, c’est qu’il le pense, il le pense plus qu’il ne l’a jamais pensé. Ses yeux se posent de nouveau sur le blondinet, l’observent. Y a des larmes qui pointent aux coins de ses paupières, de colère, de déception. Des larmes qui restent figées en bordure de cils, qui ne tombent pas, qui se cramponnent comme son self control qui lui hurle de ne rien dire de plus, au risque de le regretter. « J’dois y aller », il finit par lâcher dans un souffle avant de tourner les talons et de s’insinuer dans la foule, le bout de ses doigts vissant davantage la casquette sur son front, peut-être pour cacher son regard qui se fait la malle, qui se laisse submerger, qui n’arrive pas à retenir les quelques larmes qui coulent sur ses joues et qu’il essuie d’un revers de la main.
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| Sujet: Re: I'm afraid I'll be just like my friends (Asher) | |
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