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 bad at love (landoira)

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Moira Benssaïd

Moira Benssaïd
accident à chaque feu tricolore
▹ posts envoyés : 588
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▹ pseudo : zoé
▹ crédits : elodie la queen (ava) & anesidora
▹ avatar : Anna Speckhart
▹ signe particulier : achromate, elle voit le monde en noir et blanc - rescapée de la vague de kidnapping, elle a le bras en écharpe et un reste de PTS qui ressort
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MessageSujet: bad at love (landoira)   bad at love (landoira) EmptyDim 2 Juil - 22:56

Elle est fatiguée Moira, fatiguée des sentiments, de la peur permanente qui s’installe, qui la compresse, encore, encore. Elle fait trop souvent semblant de rien entendre, mais y a des soirs comme ça où ça ne trompe pas, des soirs où ça sert à rien de fermer les yeux. C’est l’engueulade de trop avec Ismaël, avec le frère miroir quoi finit en larme quand elle est incapable de verser ne serait-ce qu’une goutte salée. Y a les cris, les hurlements, y a le passé qui revient et des choses qui ne devraient pas être dites qui sont balancées. Elle a mal Moira. Mal là où elle ne pensait pas pouvoir, dans son cœur qu’elle a pourtant blindé. Elle a mal Moira et bon sang ce qu’elle est fatiguée. Elle voudrait s’échapper d’ici, de la colocation qui lui semble soudain bien trop étroite. Tu fais quoi ? et la voix d’Adam quand elle traverse la cuisine comme une furie pour ouvrir les placards, le frigo. Moira ! Mais y a rien, juste le silence qui répond et Adam qui se replie dans sa chambre. Ils savent tous que c’est rare. Extrêmement rare. Pour ça aussi que y a personne qui l’arrête quand elle attrape la bouteille de vin de Rose dans le frigo, qu’elle enfile ses talons et son sac et qu’elle claque la porte derrière elle. Personne. Pas même Meora.
Elle étouffe Moira, et le besoin de prendre l’air. Si elle s’écoutait elle foncerait à la plage et plongerais nue dans les vagues, qu’importe les regards des autres, juste sentir l’écume sur sa peau, le sel dans ses cheveux. Mais à la moitié du chemin elle se rend compte que c’est stupide, que de toute façon il va pleuvoir et que si elle décide de boire, pas question qu’elle aille se baigner ensuite. Manquerait plus qu’elle finisse noyée pas vrai ? Alors à la place elle s’assoit sur un banc, passe la main dans ses cheveux en pagailles, les boucles brunes emmêlées par le vent qui souffle depuis ce matin. Elle ne s’est pas changée depuis le travail, le maquillage qui s’affadie un peu, le rouge usé de ses lèvres qu’elle commence à rafraichir tout en réfléchissant à la suite de la soirée. Elle doit avoir l’air stupide sur son bang, la bouteille contre sa poitrine et les yeux qui fixent le vide. Mais Moira s’en fout au fond, du regard des autres, des gens. Y a jamais eu de honte en elle, ni même de gêne. Qu’elle porte une tenue ridicule ou qu’elle sorte en pyjama elle a toujours tout fait avec fierté. Et ce soir elle a pété un câble avec fierté. Foutu frère stupide.
Rapidement elle relève la tête, regarde autour d’elle pour essayer de repérer l’endroit où elle s’est arrêté. C’est étrangement familier et Moira met quelques instants avant de se rappeler qu’elle connait le quartier puisque Landon habite à trois rues plus loin. Landon. Et l’idée qui germe dans son crâne, les sms qui fusent et le sourire qui renait sur ses lèvres. Parce qu’elle est frivole la brune, et qu’elle sait comment apaiser les maux. Parce qu’il y a le baume qu’on met sur le cœur, y a les bras et la chaleur des autres. Vorace, vampire, elle s’impose sans demander l’avis des autres, vole tout ce qu’elle peut prendre et plus encore à la fin. Et aujourd’hui sa cible c’est Landon. Pauvre Landon sans doute qu’il ne s’attend pas à l’ouragan qu’elle s’apprête à apporter. Y a trop de besoin qui la brule, qui coule en elle. Trop de besoin et une éternité pour les combler, ce qu’elle n’aura jamais.
Sur le chemin elle sautille, la bouteille qui se balance et les cheveux qui reprennent une forme plutôt présentable. Y a la chemise qui se dégrafe de quelques boutons et les plis de la jupe qu’elle efface du bout des doigts. Métamorphe Moira, Caméléon Moira, et l’art avec lequel elle change, bascule de la colère à l’attente. ding dong le doigt sur la sonnette, la pose dans l’embrasure de la porte et le sourire volcan quand il lui ouvre.  « Monsieur Bond, j’ai une mission pour vous, si vous l’acceptez » et l’accent russe qu’elle imite, joueuse, actrice, avant de s’autoriser à entrer. Elle a l’habitude Moira, depuis le temps maintenant qu’ils dansent ensemble bien trop souvent. Y a ce vide qu’elle vient combler et y a la chaleur qu’il accepte de lui donner. Landon, Landon, les yeux bleus à la faire frissonner et le sourire trop charmeur pour être négligé. Faut pas lui faire ça à Moira, la fossette au creux des joues, elle a le cœur qui balance trop facilement. Alors elle tend sa bouteille indéterminée, sans doute que c’est du vin blanc finalement. Ou du rosé. Rose et rosé. La connaissant elle aura surement acheté ça et est sans doute entrain de rouspéter que Moira ai osé la dévaliser.  « J’avoue, j’avoue y a du goût dans la tenue » qu’elle annonce enfin, moqueuse -un peu- les doigts qui se baladent sur le col du costume parce qu’ils ne savent pas rester en place. Et y a tout en elle qui le supplie de répondre, de rentrer dans le jeu, d’oublier un instant avec elle le reste, les autres, les poids imaginaires qui les entrainent vers le fond.
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MessageSujet: Re: bad at love (landoira)   bad at love (landoira) EmptyLun 3 Juil - 15:09

Il revoit ses cheveux blonds détrempés par l’averse, ses prunelles d’azur rendues ardentes par la haine à des mètres de hauteur sur ce toit. Il entend résonner son rire lorsqu’elle a fait un vol plané dans la fontaine, il revoit ce faciès maquillé, bien maquillé, trop maquillé pour qu’il puisse croire que cet exquis assemblage de traits soit bien le visage d’Eden, cette gamine un peu trop sauvage qu’il connaît trop bien. Il a ces images infernales qui tournent en boucle dans sa tête, images auxquelles viennent se mêler ses éclats de voix, putain de disque rayé, bloqué en mode répétition. Et cela fait trop longtemps qu’il a perdu la notice pouvant lui indiquer comment l’arrêter. Ça le rend dingue, Landon. Un mois qu’il l’a revue la demoiselle à la crinière platine. Un mois tout pile, cinq jours après son anniversaire. Quelle vie ; tu parles d’un cadeau… Un mois et tout autant de temps qu’il a passé de nouveau sous son emprise, avec l’envie de la revoir, dans l’attente d’un geste de sa part lorsqu’elle se trouve enfin sous ses yeux. Trente jours, déjà quatre fois qu’ils se sont revus, par hasard qui plus est, le monde est petit, n’en déplaise à la jolie blonde. Quatre fois mais c’est déjà trop, les jours se mêlent, les paroles et les images se mélangent dans son esprit ravagé, formant un amas de souvenirs emmêlés, indissociés. Il a un peu plus envie de mourir sur place à chaque fois qu’il la voit, parce qu’il veut pas d’une vie comme ça, une vie creuse comme la sienne qui ne peut lui apporter nulle félicité, une vie où il risque de recroiser à chaque instant le spectre d’un amour avorté, seulement là pour rappeler à son bon souvenir l’unique grand échec de son existence. Il a envie de crever quand il y repense, alors il prend un verre et une bouteille de scotch dans les placards de sa cuisine, triste espoir de pouvoir noyer dans l’alcool les réminiscences qui dansent la valse dans son cortex.

Il se hisse au comptoir de sa cuisine américaine, se sert un verre du liquide brunâtre, le vide d’une traite, les yeux perdus dans le vague face aux grandes baies vitrées de son loft, égarés dans la vue du soleil déclinant sur Savannah, pas encore couché mais moins chatoyant qu’une heure plus tôt, n’apportant qu’une faible luminosité à cette pièce dont il a laissé les lumières éteintes. Il se concentre sur ce qu’il peut, le large canapé qui trône au centre du salon, Porthos, son chien, qui somnole à un mètre de là, les briques du mur de la cuisine qui s’effritent avec le temps, n’importe quoi pourvu que ça tienne ses pensées éloignées d’elle. Il se ressert, dépité de voir que le breuvage n’a nul effet sur son cerveau. Mais il est trop pressé, Landon. Il sait pourtant comment ça marche ; il n’a pas encore bu assez pour que l’alcool se montre clément et l’aide à diluer ses pensées sombres, les diluer dans la teinte grisâtre d’une pathétique mélancolie.

Comptoir qu’il sent vibrer sous ses doigts tandis qu’il achève de vider son second verre, écran de cellulaire qui s’éclaire dans la légère obscurité de l’habitation. Un nom qui s’affiche. Moira. Il repose le contenant transparent, déverrouille l’appareil pour lire le message. Sourcils qui se haussent, mince sourire qui renaît sur ses lèvres à la lecture des quelques mots. Il est soulagé le garçon, soulagé d’être tiré de sa morne solitude par la venue de la jeune femme qui tombe à pic. Apaisé par l’idée que dans dix minutes elle sera à ses côtés, qu’elle insufflera une fois de plus sa fougue dans le loft, qu’il pourra noyer son chagrin et se perdre entre ses bras. Doigts qui s’activent à l’écran pour taper rapidement une réponse, cul qui se lève de la chaise à la seconde suivante sans même attendre le SMS suivant. Il se rue vers sa chambre, se dépêche de fouiller dans son placard pour retrouver ce vieux costard qu’il ne porte qu’une fois tous les trente-six du mois, rendu sensiblement trop petit par le passage du temps sur son corps. Le temps lui est compté, il le sait, aussi il se hâte d’enfiler l’ensemble, tenue un poil plus présentable que son T-shirt trop grand et son short de sport. Rien ne l’oblige à faire cela, et il le sait ; mais c’est pour le délire, pour amuser la galerie, entrer dans le jeu de Moira car il sait que se perdre dans un personnage est le meilleur moyen de s’oublier soi-même, pour quelques instants au moins. Il a même revêtu une cravate, sans quoi ce n’est pas drôle. Faut jouer le jeu jusqu’au bout. Retour dans la spacieuse pièce à vivre, bouteille de scotch et verre qu’il pousse dans un coin du comptoir, parce que ça peut toujours servir après tout, même si sa compagne du soir amène sa propre bibine. Bibine pour laquelle il sort deux verres à pied, juste pour le style une fois de plus, histoire d’entrer dans son jeu, de faire les choses bien lorsqu’il sait qu’ils finiront probablement la bouteille directement au goulot. Sonnerie qui retentit alors dans l’appartement, elle aura fait vite, elle est ponctuelle Moira. Il ouvre la porte, s’autorise un sourire face à l’apparition qu’il a sous les yeux, face à cet accent qu’elle singe. Prunelles azurées qui glissent sur ce corps bien sculpté, qui se perdent dans un décolleté plongeant et des jambes découvertes, être de nature rendu faible par un peu de chair dénudée.

- Je l’accepte, quelle est-elle ? Mais attendez, les James Bond girls étaient un peu moins vêtues dans mon souvenir… Va falloir remédier à ça.

Sourire en coin, doigts qui se perdent sur les hanches de la jeune femme à son passage près de lui, qui effleurent son derme à travers l’étoffe de ses vêtements tandis qu’il referme le battant dans son dos. Bouteille qu’elle lui tend, bouteille dont il se saisit, dont il lit l’étiquette avec un air de connaisseur lorsqu’il ne s’y connaît pas tant que ça en matière de vin. Bouteille qui atterrit sur le comptoir aux côtés des verres, tête qu’il tourne vers Moira, yeux qu’il se retient de lever vers le ciel à l’entente de sa remarque.

- T’as vu ça, j’t’avais pas menti hein ? J’peux faire des efforts quand j’veux.

Il s’échappe un instant pour aller chercher un tire-bouchon, ouvre la bouteille.

- Mademoiselle, vous prendrez bien un verre de vin ?

Sommelier improvisé qui lui présente la bouteille, ton de sa voix qui lui arrache un rictus moqueur, moqueur envers lui-même. Parce que c’est tellement pas lui d’agir ainsi. Mais c’est bon, parfois, de s’éloigner des sentiers battus, de s’éloigner de qui on est, loin, très loin jusqu’à se perdre.


Dernière édition par Landon James le Mer 12 Juil - 21:44, édité 1 fois
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Moira Benssaïd

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MessageSujet: Re: bad at love (landoira)   bad at love (landoira) EmptySam 8 Juil - 20:12

Il a le sourire gamin Landon, le même sourire qui l’a faite tomber le premier soir, dans ce bar ou dans cette boîte, elle a la mémoire fugace Moira et ne retient des rencontres que les embrassades et le dénouement. Elle aime quand il sourit comme ça, en noir et blanc dans son costume légèrement trop juste au niveau des épaules, un vrai James Bond des anciens temps, des films à la télé quand les couleurs n’existaient pas encore. Comme ça elle voit pas la différence Moira, avec son cerveau bugué qui lui enlève le droit d’apprécier le bleu de ses yeux ou encore la légère teinte rosée de ses joues.
Il la regarde, de haut en bas, et elle se laisse faire, un peu plus et elle tournerait sur elle-même, les bras en l’air et la musique fredonnée avant de déboutonner un peu plus ce foutu chemisier. Pour le show, toujours pour le show. Mais pas tout de suite, pas maintenant. Je l’accepte, quelle est-elle ? Mais attendez, les James Bond girls étaient un peu moins vêtues dans mon souvenir… Va falloir remédier à ça. Comme quoi lui aussi il se fait la réflexion, et ça la fait marrer. Elle aime qu’il rentre dans son jeu de rôle, elle aime qu’il ne l’envoi pas bouler elle et ses idées barrées. « Patience monsieur Bond, la mission n’a pas encore commencé, pour le moment la James Bond girl ne se dévoile pas » clin d’œil, baiser dans l’air envoyé du bout de ses lèvres joliment ourlées. Elle se laisse faire Moira, quand elle sent ses doigts le long de ses courbes, ça la fait frissonner comme à chaque fois, à croire qu’elle ne s’en lassera jamais, du toucher des autres. Elle vit pour ça Moira, pour la chaleur humaine, pour la peau de l’étranger au contact de la sienne, encore et toujours, ça deviendra jamais une routine, jamais une foutue rengaine. Du moins pas pour elle.
Elle lui tend la bouteille qu’il récupère, observe d’un œil expert qui la fait rigoler. Bon sang ce qu’elle a besoin de rigoler, envoyer bouler ses tourments, les choses qui prennent trop de place dans le crâne, les sentiments. Il est bon pour ça Landon, tout évaporer en un regard, faire fondre le cœur quand y a la glace qui menace. T’as vu ça, j’t’avais pas menti hein ? J’peux faire des efforts quand j’veux. « Fais attention, après je vais m’attendre à te trouver comme ça à chaque fois, pas de retour en arrière monsieur » mauvaise Moira, moqueuse Moira, et les dents qui étincelles dans un sourire carnassier. Parce que prochaine fois il y aura, jusqu’au jour où ça les lassera, où les choses merderont comme à chaque fois. Mais pour le moment Moira veut pas y penser, elle veut juste s’amuser. Alors sans attendre elle se hisse sur un des tabourets pendant que Landon s’occupe de l’alcool. Sans un mot elle l’observe, elle observe sa maison, son appartement tellement grand qu’elle pourrait loger deux fois sa tribu à elle. Il est riche, parait même qu’il est célèbre, le corps sculpté par les entrainements Moira ne retient que le passé militaire, comme quelque chose en commun. Y a les cicatrices, les balles qui effleurent la vie, jouent les provocatrices. Plus maintenant les balles, plus maintenant. Y a d’autres tourments pour eux deux et c’est un tout autre combat qu’ils mènent chacun de leur côté.
C’est le pop du bouchon qui la sort de ses pensées Mademoiselle, vous prendrez bien un verre de vin ? « Avec plaisir monsieur, il m’a l’air délicieux. Tout comme le serveur » phrase de drague pourrie, le sourire exagéré et la façon dont elle s’affale sur le bistrot, tendant son verre à Landon pour qu’il le remplisse. Elle aime ça Moira, jouer les séductrices en carton-pâte, c’est plus marrant que d’être trop sérieux, que de mettre sa vie en jeux pour une valse ou un chacha. Elle aime pas le sérieux Moira. Elle déteste même ça. Ca fait bouger des trucs en elle qu’elle veut pas voir bouger : taisez-vous les sentiments on vous a pas appelé. Alors elle se hisse sur la table Moira, le verre à la main et les jambes qui viennent capturer le torse de Landon pour l’attirer plus proche. Fais moi oublier qu’elle voudrait lui hurler, mais ça serait trop honnête, trop sincère, et c’est pas leur genre. [color=#ff9966] « Alors monsieur Bond, cette mission, on en n’a toujours pas parlé » elle a les bras qui entourent son cou, le verre de vin en équilibre derrière la nuque du jeune homme et les lèvres qui viennent titiller son oreille. « Parait qu’il y a une dangereuse espionne israélienne qui s’est infiltrée en ville, il serait grand temps de la démasquer avec qu’elle ne mette son plan diabolique en action » et l’accent qui devient britannique, posch au possible, à se croire dans un épisode de Dowtown Abbey. Parfois Moira se dit qu’elle aurait aimé être actrice, puis elle se souvient à quel point elle préfère être derrière l’écran, le casque sur les oreilles et la perche entre les doigts. Mais ça ne l’empêche pas pour autant de jouer, reste plus qu’à voir si Landon est inspiré. Faut dire que James Bond est un rôle de légende, et malgré la largeur de ses épaules, est-il vraiment taillé pour ? Elle ne demande qu’à voir la suite Moira, un, deux, trois, prêt, partez.
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MessageSujet: Re: bad at love (landoira)   bad at love (landoira) EmptyLun 17 Juil - 14:31

Il a ce sourire un peu con au bord des lèvres Landon, le sourire de celui qui a trop encaissé en quelques semaines et qui est bien content de pouvoir enfin souffler le temps d’une soirée, le sourire de celui qui est soulagé de trouver son salut contre des lippes pulpeuses, contre la peau chaude d’une femme. Il se laisse aller, c’est pourtant rare, trop rare pour lui. Parce qu’il a habitué personne à ça Landon, et lui-même n’y est pas habitué, à avoir ce rictus au coin des lèvres, rictus indélogeable en cette fin de journée étouffante. Il sait même pas pourquoi il sourit le jeune homme, il est juste heureux de revoir Moira, Moira et ses yeux bleus à l’extérieur, gris à l’intérieur, il se demande parfois ce que ça fait de voir le monde en noir et blanc. Moira elle est légère, sans attaches, presque volatile, et ça lui fait du bien à Landon de côtoyer des gens comme ça, avec qui tout se décide sur un coup de tête, avec qui on vit juste ce soir et on avise le lendemain. C’est pas bien sain pourtant, et il le sait le garçon. Il sait que ça va le mener nulle part de se constituer un entourage pareil, fait de filles frivoles et de potes qui ne viendront pas le chercher s’il ne les rappelle jamais. Mais il s’y accroche à cet entourage fragile, il patauge volontiers dans sa médiocrité sociale, parce que c’est plus simple comme ça, même s’il sait qu’il le regrettera probablement d’ici quelques années. Il se projette pas Landon, il a jamais su faire ça. C’est tellement plus simple d’aborder la vie sans se soucier du lendemain.

Elle l’intrigue Moira, avec ces phrases énigmatiques dont elle a le secret, cette manière bien à elle qu’elle a d’entretenir le suspense. Elle esquive ses questions, se glisse dans le loft en agrémentant son passage d’un baiser volatil, et lui il referme la porte derrière elle, la bouteille en main, direction la cuisine. Tiroir qui s’ouvre avec fracas, main qui se perd entre les ustensiles pour dénicher le tire-bouchon, volonté de faire les choses dans les règles de l’art. Toujours ce même sourire qui s’étire sur ses lèvres à l’entente de ses mots, il se détend Landon, lâche un peu de lest le temps d’une soirée, s’accorde le droit de rire à des phrases bateaux. Outil trouvé, tiroir refermé, silhouette masculine qui pivote sur ses talons pour faire face à sa compagne de la nuit.

- Alors quoi, tu ferais plus rien avec moi si je t’accueillais en tenue lambda ? C’est bien audacieux de ta part.

Il a cette lueur confiante dans le regard et la démarche assurée, parce qu’il sait ce qu’il fait. Il sait ce qu’ils font, il sait ce qu’ils sont. Il sait que jamais il n’y aura la moindre esquisse de sentiments entre eux deux, que tout n’est que désirs des corps et qu’ils s’utilisent l’un l’autre pour assouvir un manque physique et émotionnel, alors au diable leurs tenues, ils pourraient être vêtus de toile de jute qu’ils se sauteraient quand même dessus. Bêtes sauvages avides de luxure.

Il s’improvise sommelier Landon, lui qui n’a aucune connaissance en la matière, qui boit l’alcool sans plus prendre la peine d’en apprécier la saveur, mais il a vu des films, pleins de films où l’on servait du vin, alors il imite comme un enfant qui reproduit avec application ce qu’il a vu à la télévision. C’est le bouchon qu’il vient poser sur le comptoir, ses doigts qui se referment autour de la bouteille puis le liquide qu’il laisse s’écouler dans le large verre, qu’il ne remplit même pas de moitié tant il contient, et il tourne même un peu la bouteille en la redressant, s’assure que pas plus d’une goutte ne dégouline le long du goulot. Un vrai pro, ou pas, plutôt un vrai acteur tout droit sorti d’un film amateur.

Elle le drague Moira, à coup de phrase tout droit sortie du même type de film à petits budget, le genre à faire un joli flop auprès des spectateurs. Duo de comédiens ratés qui se retrouvent ce soir autour d’un verre, de la promesse d’une étreinte partagée et de soupirs mêlés. Mais plus tard l’ivresse des corps, il est temps pour une ivresse d’un autre genre. Il baisse les yeux pour remplir son propre verre, grand sourire qui se dessine sur ses lèvres, dents blanches dévoilées, éclat de rire qui se perd dans le calme du loft. Elle l’amuse Moira avec sa drague à deux balles, à jamais se prendre au sérieux, elle l’amuse et ça lui fait du bien de rire un coup, c’est libérateur. Il a son verre à la main lorsqu’elle vient s’agripper à lui, enlacer son torse de ses jambes pour mieux l’attirer à elle, et il se laisse faire, docile Landon, bête sauvage laissée à terre par la fatigue des dernières années, le trop-plein de sentiments des dernières semaines. Il a une main qui se glisse sur sa taille, dans le creux de ses reins, à travers l’étoffe du chemisier de la James Bond girl d’un soir, le visage qui s’approche du sien, le regard qui se fait ardent, qui se plante dans le sien le temps de lui dire, faussement sérieux, trahi par un sourire espiègle :

- On ne vous a jamais dit qu’on ne draguait pas les serveurs ? Qu’il ne fallait pas les distraire dans leur exercice ? C’est déjà assez dur comme ça de rester impartial face à une femme comme vous…

Il s’en fout, dans le fond, ça lui plaît même plutôt bien toute cette situation, mais c’est juste histoire de, parce qu’il est comme ça Landon, faut toujours qu’il trouve un truc à redire, quelque chose pour contrer l’avis des autres. Puis il la complimente, il se la jouerait presque timide, le rôle du gamin un peu gauche qui lui sied si bien mais qui n’a pourtant rien de lui. Et elle reprend la parole, flambeau qu’ils s’échangent au gré de la conversation, remet sur le tapis la question qu’elle a éludée quelques instants plus tôt, éveille de nouveau l’intérêt du brun.

- Non, à vrai dire j’attendais votre signal puisque vous semblez décidée à entretenir le mystère…

Il a ce sourire pas un brin sérieux qui demeure sur les lèvres, et il sent ses bras se glisser dans sa nuque, le pied du verre cogner le haut de son dos durant une fraction de seconde. Prunelles azurées qu’il braque sur elle, qui fouillent impatiemment son visage, elle a toute son attention la demoiselle. Puis ce sont ses lippes qu’il sent glisser contre son oreille, il se mord sensiblement l’intérieur de la lèvre, il est sur des charbons ardents le jeune homme, rendu sensible au moindre contact.

Il l’adopte son accent britannique, accent dangereux, accent qui ne sonne pas des plus justes, mais cela ne fait rien, il n’est pas là pour livrer une performance de maître, puis ça se saurait si James Bond était américain. Et le voilà qui remonte sa main libre, main qui se perd sur l’étoffe du chemisier, qui défait un bouton, deux boutons, attaches qui roulent entre ses doigts, quittent leur étau de tissu tandis qu’il répond :

- Vraiment ? L’heure est grave alors, on vous a dit quel était son plan ?

Il a ce verre qui lui encombre une main, aussi il profite du fait que Moira abaisse le sien un instant pour venir l’y entrechoquer, comme pour trinquer, déclarant dans la foulée :

- On ne va pas pouvoir mener à bien cette mission le ventre vide.

Et le verre qu’il porte à ses lèvres, en prend deux gorgées, esquisse une moue approbatrice en le reposant sur le comptoir, parce qu’elle s’est pas fichue de lui Moira, il s’attendait à quelque chose de moins savoureux pour une entrevue improvisée.

- Le temps presse alors, on n’a pas une minute à perdre, qu’il dit doucement, trop doucement pour la gravité de la situation, mais il y a cette pointe d’urgence qui rôde dans sa voix.

Alors il se rapproche d’elle, un peu plus encore, ramène les longues mèches brunes sur l’une des épaules de la jeune femme et glisse ses lèvres dans son cou, dépose de rares baisers sur le derme mat en tirant les pans du chemisier hors de la jupe.

- J’crois bien qu’on ne va pas pouvoir élaborer de plan d’action précis malheureusement, le temps nous manque, il va falloir improviser…

Et le voilà qui mordille un peu sa peau, qui glisse ses doigts toujours glacés, même en été, à même le derme de son ventre. Parce qu’il a pas le temps d’attendre Landon, il est insatiable, avide de contacts humains, de souffles qui se confondent, de chairs qui se rencontrent, de pensées qui s’enfument et de mémoire qui se perd.
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Moira Benssaïd

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MessageSujet: Re: bad at love (landoira)   bad at love (landoira) EmptyLun 24 Juil - 20:20

Alors quoi, tu ferais plus rien avec moi si je t’accueillais en tenue lambda ? C’est bien audacieux de ta part. Peut être, qui sait. Elle est frivole Moira, incapable de rester sur une même idée pendant un temps trop long. Elle a besoin d’aventures, d’espace, de nouveauté, Landon c’est déjà long et elle sait pas pourquoi ça dur autant. C’est comme avec Leonard, une sorte d’alchimie un peu particulière qui fait qu’au prochain sms elle reviendra là où les autres elle se serait déjà enfuie. Y a pas d’amour dans tout ça, juste un besoin primaire, un jeu qu’ils connaissent par cœur, pro dans leur league et avec pas de meilleur adversaire. Alors elle rigole Moira hausse les épaules sans vraiment répondre, laissant planer le doute comme une idée à garder sous le coude. La vérité c’est que même si Landon l’accueillait avec un sac poubelle ça ne changerait rien, elle viendrait encore se coller à lui jouer les félins réclamant un peu d’attention, un peu de chaleur.
Alors elle joue Moira, avec les mots, avec les sens. Elle fait tout pour que la banalité ne retombe pas, pour que le sourire sur le visage de Landon ne s’éteigne pas, pour que leurs cœurs continuent de battre à un rythme trop saccadé. C’est un accord tacite entre eux, jamais trop sérieux, du moins pas tout de suite. D’abord y a le jeu, y a la foutue partie de bataille navale, et quand il faudra compter les points, là ils pourront parler. C’est pour ça qu’elle se fait pas farouche Moira, les jambes qui capturent le brun et lui qui se laisse rapprocher, la main qui vient se caler au creux de ses reins et elle qui se cambre imperceptiblement, yeux dans les yeux, et la flamme qui brûle. On ne vous a jamais dit qu’on ne draguait pas les serveurs ? Qu’il ne fallait pas les distraire dans leur exercice ? C’est déjà assez dur comme ça de rester impartial face à une femme comme vous… Une autre que Moira rougirait surement du compliment, mais pas elle. Non. Moira rigole, Moira scintille, Moira brille. Elle sait qu’elle est belle et elle sait quel effet elle a sur Landon. Elle sait aussi qu’elle n’attend que ça, le distraire et que c’est son utilité première. Et inversement. Parce que c’est plus simple comme ça, d’embrasser, d’embraser, plutôt que de se laisser consumer par la vie. « Et moi qui croyait que les serveurs devaient rester de glace en toute circonstance, je ne fais que tester la vérité » et sa voix qui devient un peu plus rauque, chatouilleuse, dangereuse. Elle le défie de continuer à rester de marbre, à lui résister alors qu’elle attaquera ses défenses, les faisant tomber une à une. C’est son oreille qu’elle attaque en premier, le sentant réagir quand elle vient l’agacer du bout de ses lèvres, le sourire qui s’étire, victorieuse. Non, à vrai dire j’attendais votre signal puisque vous semblez décidée à entretenir le mystère… Et le jeu qui continue, comme une valse ou plutôt un tango, parce que ça brûle entre eux et qu’ils s’affrontent du regard, cherchant à savoir qui craquera le premier. Pas elle. Pas lui. Qui sait. Et l’accent britannique qui continue, comme un vieux fantasme qui traine dans le grenier de leurs idées, elle rigolerait presque si elle n’était pas concentrée sur les doigts de Landon qui commencent à déboutonner son chemisier. Vraiment ? L’heure est grave alors, on vous a dit quel était son plan ? et lui qui abandonne le tissus, alors qu’il ne reste qu’on bouton pour la délivrer. Tant pis, il fait durer. « Presque, une sombre histoire de poison versé dans la Tamise pour empoisonner les citoyens de Londres » Et les verres qui s’entrechoquent comme pour porter un toast, Moira qui se décale un peu pour imiter Landon et porter le sien à ses lèvres pendant que le jeune homme reprend. On ne va pas pouvoir mener à bien cette mission le ventre vide. Le vin est bon, sans doute que Rose lui piquera une crise quand elle découvrira que la bouteille a disparue, et la compagnie est encore meilleure. Elle a la tête qui tourne un peu Moira, de l’euphorie du moment, du rire qui franchit ses lèvres devant l’accent de Landon, et lui qui continue sans lui laisser le temps de répondre, d’improviser. Le temps presse alors, on n’a pas une minute à perdre « Non pas une minute » qu’elle répond plus doucement à son tour, comme pour l’imiter, et le rire qui se termine quand il se rapproche de nouveau. Lentement elle pose son verre, un peu au hasard et au fond elle s’en fout s’il s’écrase par terre. Elle est concentrée sur Landon sur la façon dont il repousse ses cheveux pour venir l’embrasser dans le cou, le frisson que ça lui arrache et elle qui ferme les yeux profitant de l’instant. J’crois bien qu’on ne va pas pouvoir élaborer de plan d’action précis malheureusement, le temps nous manque, il va falloir improviser… « Non en effet » qu’elle murmure tout bas alors que ses doigts viennent s’accrocher à sa veste de costume, comme pour se retenir, pour pas chuter, et elle qui se rapproche un peu plus de lui, encore, encore, étouffer le vide. « Mais j’ai confiance en votre capacité pour improviser monsieur Bond » qu’elle reprend entre deux soupires quand il vient soulever le tissus de son chemiser, ses doigts habiles qui se glissent le long de sa peau, ainsi que ses dents, un trop plein de sensations qui allument un brasier dans son ventre, sans qu’elle arrive à l’éteindre.
A son tour elle s’attaque à sa veste, qu’elle fait tomber un peu plus loin derrière lui, puis à sa chemise : un bouton, deux boutons, elle a du mal à se concentrer sur ce qu’elle fait, l’esprit qui divague et le rire qui reprend. Alors elle s’écarte un peu Moira, libère sa peau des lèvres de Landon comme pour lui rappeler qu’ils ont le temps, que c’est pas une course, ou alors au mieux un marathon. Elle vient poser ses mains derrière sa nuque l’attirant à elle pour l’embrasser, une fois, deux fois, trois fois, elle dépose des baisers le long de sa joue, agace sa mâchoire avec ses dents avant de revenir à ses lèvres, plus sérieusement. « Mais pour le moment vous me semblez un peu…Distrait » et de nouveau elle rigole Moira, se redressant et faisant sauter le dernier bouton de son chemisier qu’elle s’empresse de retirer. « C’est la vue qui attire votre attention ? Je vous voyais plus sérieux monsieur Bond» Elle fait quelques pas en arrière, se mordillant la lèvre pour essayer de retrouver un peu de sérieux, sans succès. « Je n’aimerais pas être accusée de vous avoir fait rater votre mission, il serait peut être plus judicieux pour moi d’attendre votre retour » Elle tourne le dos et se dirige vers le canapé, balançant outrageusement ses hanches comme pour le défier. Attrape moi si tu peux car elle a pas finit de jouer.
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MessageSujet: Re: bad at love (landoira)   bad at love (landoira) EmptyMar 25 Juil - 19:49

Dangereuse Moira, il commence à la connaître à la longue, à saisir ses attitudes, comprendre ses petits fonctionnements. Elle est joueuse la brune, animée par la soif de défier les autres, valser avec leurs limites. Il en a pris le pli, Landon, s’est fait au jeu permanent, à la taquinerie des limites de l’autre, c’est son âme de sportif qui parle, il aime le jeu, l’enjeu, l’idée qu’il y ait un gagnant et un perdant et la lutte pour ne pas être le premier à craquer. Alors ça ne l’étonne même pas que la jeune femme avoue le tester, ça ne l’étonne même pas d’apprendre qu’elle se perd une fois de plus dans ces petites manœuvres, la manipulation sensuelle de l’autre pour l’amener à céder avant elle. Y a le sourire qui vient effleurer ses lèvres à l’entente de sa réponse ; nul doute qu’elle est bien décidée à mettre ses nerfs à rude épreuve, ce soir. Il s’y est habitué à tout ça, habitué à réprimer ses sensations, à montrer aussi peu que possible. Juste pour gagner, juste pour être le premier, tenter de battre la maîtresse du jeu, il a ça dans le sang l’ancien militaire, contenir pour mieux s’abandonner une fois la victoire décrochée. Et pourtant, pourtant il a beau être plein de bonnes résolutions, il lui suffit à la jeune femme de venir agacer son oreille pour que réaction survienne, réaction qui ne se fait pas attendre, elle sait trop bien où attaquer pour le faire réagir à coup sûr. Il est dans un tel état d’épuisement nerveux, la partie va s’avérer ardue, ce soir.

Lèvres charnues qui se meuvent pour l’informer de l’enjeu de la mission, lui parler d’une histoire d’empoisonnement ; sourcils qui se froncent en apprenant la sombre nouvelle, il hoche sensiblement la tête, l’air concerné, affecté, à croire qu’un délire de menace fictive est bien tout ce qu’il a en tête ce soir. Mais il doit rester professionnel, n’est pas James Bond qui veut, alors il garde sérieusement le cap, colle fidèlement à son personnage, jeune homme dénué de toute expérience sur les planches, minces talents d’acteurs acquis à la suite de jeux de rôles occasionnels ces dernières années.

Alors ils trinquent, y a les verres qui s’entrechoquent en l’honneur de la catastrophe à arrêter et l’alcool qui se répand sur les langues, l’ivresse qui arrive à pas feutrés, goutte après goutte, s’approchant sans encore être là. Parce qu’il finira les idées pas bien claires Landon, il le sait déjà, il sait pas boire sagement, tel l’adulte qu’il est supposé être, un adulte en parfaite maîtrise de son corps. Lui il suffit qu’il boive un verre et ça dérape, faut qu’il embraye sur un verre de plus et encore un autre, encore un autre, encore un autre… C’est pas sérieux, ça le mène nulle part ailleurs que droit dans les conneries, mais c’est une tendance qui est devenue sienne avec les années, la faute à l’armée, la faute à ces images de cheveux qui repassent en boucle, ces cheveux si clairs qu’ils sembleraient presque teintés d’ivoire. Mais il veut plus penser à tout ça, il veut plus être Landon James, il veut se libérer le temps d’une soirée au moins d’un personnage trop dur à tenir, personnage avec lequel il est coincé jusqu’à la mort, et il a l’impression de perdre son temps à laisser ses pensées divaguer comme ça, de laisser s’évanouir en fumée de précieuses minutes de l’égarement que lui permet son amie. Alors il se concentre Landon, son nom redevient son prénom, et James Bond est de retour ; il la presse un peu la demoiselle, lui rappelant que le temps presse, qu’il leur faut se hâter. Demi mensonge divulgué par le beau brun, vérité énoncée par l’agent secret en carton-pâte, bobard du sportif qui sait, aussi bien que Moira, qu’ils ont tout le temps qu’ils souhaitent à leur disposition.

Y a la voix de la jeune femme qui se fait un peu plus faible, qui fait écho à la sienne tandis qu’il s’approche, glisse ses lèvres dans son cou, orne le derme délicat de baisers épars. Ils ont le temps, il le sait, les aiguilles tournent plus lentement que monte le désir, mais il a une partie à gagner, une jeune femme à aider aussi, l’aider à se perdre entre ses bras, lui rendre la pareille du service qu’elle lui rend souvent, trop souvent, au gré de ses envies. Il les sent ses doigts qui s’agrippent à sa veste, tirent sur le tissu épais, puis y a les soupirs qui se perdent entre les lippes rosées, les soupirs qu’il entend au creux de son oreille, qui effleurent ses tempes, les soupirs qui lui arrachent un rictus satisfait contre la peau de son cou tandis que les mains viennent tirer sur les pans du chemisier, la déshabiller, passer à la vitesse supérieure pour oublier, tout oublier.

- Vous savez que je suis passé maître en l’art de rattraper in extremis les missions foireuses…, qu’il lâche doucement, le timbre toujours un peu ébréché et la voix rendue chaude.

Ça veut tout et rien dire ça, ça fait référence à ces nombreuses fois où elle s’est ramenée à peu près aussi dévastée qu’ils le sont tous les deux ce soir, ces fois où il a su arranger les choses à coups de baisers volés et de coups de reins libérateurs. Parce que c’est comme ça entre eux, un échange de bons services, la promesse de pouvoir compter sur l’autre lorsqu’on sait pas vers qui se tourner, qu’on n’a pas envie de parler, juste s’éloigner un temps de ce qui va pas pour repartir du bon pied, plus fort, plus solide, ils prennent soin l’un de l’autre finalement, préfèrent simplement l’acte aux paroles, et la relation bancale, mal fixée, l’indécision, les entrevues qui continuent sans qu’ils sachent déterminer quand elles cesseront, quand tout foutra le camp, comment, pourquoi, ils en savent trop rien, ils profitent juste de ce qu’ils ont à s’apporter jusqu’à ce que le château de cartes se casse la gueule.

Y a la veste qu’il sent glisser sur ses épaules, sur ses bras, choir au sol ; les boutons de la chemise qui sautent, juste assez pour découvrir le haut du torse, les gestes saccadés par les éclats de rire, puis la jeune femme qui s’écarte, ralentit le rythme au grand désarroi du garçon qui n’attend qu’une chose, voir ses pensées éclipsées par le plaisir des corps. Puis y a la main qu’il sent se glisser dans sa nuque, le visage qui se rapproche, le corps qui suit, répondant à l’attraction animale, les baisers qui s’échangent, se succèdent, la fièvre presque désespérée du jeune homme qui pose ses doigts sur les hanches de sa partenaire, oublie un instant de rester de marbre, impénétrable. Il en a trop besoin ce soir, elle est tombée à pic Moira.

Elle lui en fait la remarque d’ailleurs, l’accuse d’être distrait, distrait de sa mission, qu’il se perd trop aisément contre ses lèvres, et lui ça le fait sourire, ça le fait même rire parce que si elle savait Moira, elle a pas idée du bordel que c’est dans sa tête, du bordel que c’est dans un cœur depuis trop longtemps étouffé. Elle a pas idée de combien il a besoin d’elle, là, maintenant, tout de suite, mais il lui dira jamais parce que c’est pas comme ça que ça marche, ils sont pas là pour enfiler des perles en se contant fleurette, et de toute façon il en a aucune envie. Elles sont ailleurs ses envies, les yeux qui se perdent vers le chemisier désormais ouvert, le chemisier qui glisse, les prunelles qui s’égarent bien peu discrètement dans le décolleté dévoilé, qui se redressent vers le visage féminin, le sourire au coin des lèvres.

- Je crains que vous vous mépreniez mademoiselle, c’est plutôt ce grain de beauté qui m’intriguait…

Y a le pouce qui s’approche, qui vient innocemment effleurer la petite tache sombre sur le haut de la poitrine, le sourcil qui se hausse, l’air de dire « tu vois, j’raconte pas de conneries », et les accusations habilement esquivées, il s’abaissera pas à reconnaître qu’elle a le corps qui le distrait, ses gestes réflexes s’en sont déjà chargés pour lui. Puis elle s’éloigne, le sourire dansant toujours sur les lèvres, mauvaise comédienne Moira, mauvais comédiens tous les deux, prestation de bas étages qu’ils livrent ce soir. Jeune femme qui se détourne, part un peu plus loin encore, la démarche qui amuse le beau brun, les dents qui viennent se nicher dans la lèvre pour retenir un éclat de rire et le regard qui s’attarde sur les hanches moulées dans la jupe.

Alors il reprend une gorgée de vin, joue distraitement avec le pied en verre glissé entre ses doigts, il prend son temps Landon avant de la rejoindre, prenant garde de ne pas la quitter des yeux un seul instant, toujours garder sa proie en ligne de mire. Elle se dirige vers le canapé, semblant décidée à en faire l’une des étapes de sa traversée du salon, il réfléchit pas plus longtemps Landon, le verre à la main il s’élance à sa poursuite, sans hâte néanmoins, mais lui il est pas perché sur des talons, rien que ça ça lui permet de la rattraper lorsqu’elle atteint le canapé, la plaquer contre le dossier du sofa, posant une main de part et d’autre de son corps pour s’assurer qu’elle ne se dérobe pas, le verre en équilibre entre les doigts et le visage qui s’approche du sien, les lèvres proches, si proches l’une de l’autre, la voix qui se ferait presque doucereuse.

- Vous êtes sûre de vouloir attendre mon retour ? Je crains que vous ne me regrettiez un peu trop lorsque je serais occupé à sauver Londres.

Y a le sourcil qui s’arque et l’éternel sourire confiant, trop confiant, la main qu’il décolle du dossier pour reprendre un peu de vin, laissant à dessein la jeune femme lui échapper. Il savait qu’elle ne cracherait pas sur pareille occasion pour s’évader, toujours lui filer entre les doigts, elle est comme ça Moira. Mais il la laisse partir pour mieux la rattraper, marche tranquillement derrière elle, la laisse faire quelques pas avant de la saisir par le poignet, la faire se retourner vers lui.

- Vous me serez bien plus utile sur le terrain qu’à m’attendre sur ce pauvre canapé… Vous n’êtes pas une James Bond girl pour rien, après tout. Mais…

Et y a la main qu’il glisse dans la sienne, la jeune femme qu’il entraîne avec lui, les talons qu’il entend claquer dans son sillage. Il la fait asseoir sur le canapé, s’installe à ses côtés, pose sa main sur sa cuisse découverte et joue avec l’ourlet de la jupe, les doigts qui effleurent la peau de ses jambes et l’air détaché, distrait lorsque chaque geste est calculé.

- Si vous craignez tant que ça de me distraire, on peut toujours s’en tenir à une simple discussion.

Et il joue avec le pied de son verre, le fait tourner entre ses doigts, la regarde dans les yeux, sachant parfaitement ce qu’il fait. À son tour de la défier, de se défier lui-même, seraient-ils capables de tenir une conversation sans se sauter l’un sur l’autre ? Rien n’est moins sûr, il en doute, se le demande, lui laisse les clés, la liberté de décider, curieux.
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Moira Benssaïd

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MessageSujet: Re: bad at love (landoira)   bad at love (landoira) EmptyJeu 3 Aoû - 17:39

Vous savez que je suis passé maître en l’art de rattraper in extremis les missions foireuses…, vraiment ? Elle ne l’avait pas remarqué Moira. Menteuse. Et les situations foireuses bien sur que ça les connait, depuis le temps qu’ils dansent ensemble, entre les pièges, qu’ils font de leur mieux pour sa retrouver étalé sur le sol à agoniser. Il y a eu de ces soirées, de ces crises de larmes avant de sonner à la porte, les baisers violents et les dents qui s’entrechoquent, un peu de désespoire dans une relation sans lendemain, basée sur quoi au fond ? Mais bon sang ce que ça fait du bien. « Je compte sur vous pour me sauver si la situation dégénère alors Mr Bond. » qu’elle murmure doucement, le souffle court et le regard qui se perd dans celui de Landon. Me lâche pas. Me lâche pas ce soir, pas maintenant, et je te lâcherais pas non plus. C’est équivalent, ce besoin de se maintenir à flot, profitant de l’autre comme radeau de fortune dans la mer déchainée qu’est la putain de vie. C’est presque un aveu. Presque. Si elle n’était pas si hermétique à toutes formes de faiblesse Moira. Presque un aveu qu’elle a besoin d’aide elle aussi et que ce soir y a tout qui se bouscule dans son cerveau. Mais c’est presque. Donc ce n’en n’est pas un. Et pas question de laisser la discussion retomber là-dessus.

Alors elle joue Moira, elle joue quand on lui renvoit la balle, et Landon aussi. Faut croire que même en dehors du terrain il continue de courir pour l’avoir cette foutue balle, et Moira qu’est bien heureuse de pouvoir la lui refiler, encore, encore, jusqu’à ce qu’il finisse par marquer. Touchdown et l’allégresse qui va avec ? Pitié. Mais rien qu’un instant ça leur fait du bien à tous les deux, ces jeux de rôles ridicules, ces accents à deux balles et les mains qui se balades. Y a les peaux qui se découvrent, les soufflent qui s‘accélèrent et ça brûle dans son ventre à elle, surement autant que dans son ventre à lui. Y a les regards qui ne trompent pas, celui qui dérivent sur son torse qu’elle dévoile avec amusement, provoquante. Je crains que vous vous mépreniez mademoiselle, c’est plutôt ce grain de beauté qui m’intriguait… Oh ? Un grain de beauté, vraiment ? Sourcil qui se lève alors qu’il se rapproche, passe son pouce sur la fameuse marque. touché. « Une marque laissée lors d’une séance fort déplaisante, serum de vérité et autres poisons. On le méprend souvent pour un grain de beauté » qu’elle répond le plus sérieusement possible (c’est-à-dire pas vraiment beaucoup), avant de s’écarter de Landon. Parce que c’est pas assez, que s’ils foncent maintenant il restera plus rien à brûler, que c’est mieux de prendre le temps de tout effacer.
Elle vise le canapé Moira, s’y laisse choir avec légèreté, certaine qu’il ne se fera pas attendre. Et il ne le fait pas. Y a lui trop près, ses mains de part et d’autre de son visage comme pour l’empêcher de s’échapper. Putain ce qu’il a la gueule parfaite Landon, le genre de gars qui brille en noir et blanc, alors elle imagine même pas en pleine résolution, couleurs et hd. C’est un de ses regrets Moira, de pas pouvoir savoir, quelle couleur foutre sur ses iris, bleus ou verts, peut être gris, ils sont trop clairs pour le marron. Vous êtes sûre de vouloir attendre mon retour ? Je crains que vous ne me regrettiez un peu trop lorsque je serais occupé à sauver Londres. « Vraiment Mr. Bond ? Je vous trouve un brin trop confiant » et ses dents qui viennent agacer sa lèvre, juste un instant, comme un baiser à semi amorcé, avant qu’elle ne file de nouveau devant l’opportunité laissé. Elle est pas stupide Moira, elle sait bien qu’en quelques instants il sera de nouveau là. Mais c’est ça qu’est marrant, la course poursuite permanente, les rires et les sourires, redevenir des gamins l’espace d’un instant. Parce que bon sang ce qu’elle déteste vieillir Moira, et les années qui s‘entassent, la trentaine qui s’annonce bien trop vite et déjà trop loin sur le chemin pour faire marche arrière. Alors elle file Moira, danse, puis finit par se faire attraper, main sur le poignet et elle qui lui fait face. En talons elle le dépasse, quelques centimètres de provocation, elle a toujours été cette grande perche au corps musclé par les heures à nager. Vous me serez bien plus utile sur le terrain qu’à m’attendre sur ce pauvre canapé… Vous n’êtes pas une James Bond girl pour rien, après tout. Mais… « Mais ? » et lui qui l’embarque à sa suite, de retour sur le canapé, la phrase en suspens dans l’air et le défi qui semble poindre son nez. Elle est bonne pour repérer les défis Moira, pis aussi pour y sauter à pieds joints dedans. Alors docile elle se laisse faire, se laisse asseoir sur le canapé et le regard qui dérive sur Landon qui s’installe à ses côtés.
Il a les doigts baladeurs Landon, un vrai gamin qui sait pas se tenir en place. Elle pourrait taper dessus, comme une petite réprimande touche pas à la confiture. Ca la ferait marrer, lui aussi. Elle va le faire d’ailleurs, mais y a Landon qui reprend la parole, la coupant dans son élan. Si vous craignez tant que ça de me distraire, on peut toujours s’en tenir à une simple discussion. Et le petit air du je dis ça je dis rien qui s’installe sur ses lèvres. Le voilà le foutu défi, putain, elle l’avait vu venir, gros comme une maison. « Parler ? je pensais que les James Bond Girl n’avaient que quelques que lignes de script, si l’on m’avait dit je serais venue mieux préparée » elle rigole un peu Moira, la main qui vient attraper celle de Landon, qu’elle place au creux de ses reins avant de s’installer à califourchon sur les cuisses du jeune homme. Doucement elle s’approche de lui, les lèvres sur son torse, qui remontent jusqu’au cou, patiemment, lentement, elle sait. Elle connait. Ils connaissent. C’est l’habitude de toutes ces fois, les chemins qui restent les même malgré les différents embranchements. Elle ferme les yeux Moira, profite de la chaleur de Landon, de sa peau contre la sienne, les lèvres qui viennent chercher les siennes encore une fois avant qu’elle ne vienne chercher son oreille. « Et vous voudriez parler de quoi Monsieur Bond ? Le temps presse, l’Israël gagne du terrain » et ça bien sur qu’elle en gagne, elle qui bouffe le vide entre eux, qui se colle contre lui, les ongles qui viennent agacer sa chaire. Puis doucement elle s’écarte de nouveau, le regard plongé dans celui de Landon, ptêtre un brin de nostalgie ou de tristesse qui passe dans le sien. Alors elle attrape le verre de Landon, parce qu’elle a perdu le sien quelque part et qu’elle n’a pas envie de le retrouver, verre qu’elle descend d’une traite avant de le poser au sol. « On joue encore Landon ? » qu’elle finit par demander, abandonnant le rôle un instant, l’accent américain qui reprend ses droits et le cœur qui bat.
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MessageSujet: Re: bad at love (landoira)   bad at love (landoira) EmptyMar 29 Aoû - 11:33

Légère Moira, volubile Moira, Moira qui lui glisse entre les doigts, Moira qui s’échappe à la conquête de la vaste pièce à vivre. Liberté regagnée qui n’est pourtant qu’éphémère, il le sait pertinemment Landon que ce n’est guère plus qu’un jeu, une chasse à l’homme dans un espace clos qui ne prendra fin qu’avec la prise de l’autre. L’art de retarder les retrouvailles soupirantes, repousser, encore et toujours, pour gagner du temps, ce temps si précieux qu’ils s’offrent l’un l’autre, loin, bien loin de leurs vies trop ternes, insipides. Et le jeune homme qui s’élance à sa poursuite, la démarche tranquille, détachée, presque féline. Il prend son temps Landon, il prend son temps car il est bien conscient qu’il refermera ses griffes sur la tornade brune quoi qu’il advienne, dans trente secondes ou dans dix minutes, peu importe, tout ce qui compte c’est que c’est bien l’unique issue possible à cette nouvelle partie de leur jeu favori.

Silhouettes adultes qui s’échouent sur le sofa, oiseau emprisonné entre les griffes du chat. Sauf qu’elle n’a rien d’un fragile oisillon Moira, au contraire. Elle n’en a ni le gabarit, ni la vulnérabilité, et encore moins la stupide innocence. Non, Moira c’est une bête sauvage, un félin sans doute, comme lui, et le combat de fauves qui se poursuit tandis qu’elle lui mord la lèvre, rétorque qu’il use d’un peu trop de confiance en lui. Et le sourire qu’il sent poindre au coin de ses lippes sitôt libérées des dents d’ivoire de sa compagne de la soirée, le sourire contenu, réprimé.

- Car vous avez déjà vu James Bond douter de lui ? Ne jouez pas la surprise voyons, pas avec moi.

Sylphide insoumise qu’il laisse alors échapper, volonté partagée de ne pas en rester là, de poursuivre un peu plus encore les festivités, dés lancés pour une nouvelle chance de prolonger la partie. Car l’acte en lui-même se fait bien insipide sans le lot de chasse qui va avec, les adultes qui redeviennent gamins des bacs à sable le temps de pimenter un peu la chose. Elle fuit loin de lui, gracieuse Moira, dansante Moira, ballerine à demi dévêtue qui arpente la pièce, le brun nonchalamment lancé sur sa piste, l’éternel sourire de celui qui prend un peu trop de plaisir à ce petit jeu et le regard appréciateur qui se perd sur ses courbes, jusqu’à ce qu’il la saisisse par le poignet, la pousse à lui faire face ; et les paroles énigmatiques libérées, mystère qu’il est nécessaire de faire planer à la moindre occasion, toujours cette histoire de saveur piquante qu’il se doit d’apporter au quotidien. Ancien militaire qui se voit obligé de sensiblement relever la tête vers elle pour la regarder, constat qui pourrait le vexer s’il ne savait pas que la silhouette longiligne était juchée sur une paire de talons.

Jeune femme qu’il entraîne dans son sillage sans plus de formalités, carcasses désenchantées qui s’échouent une nouvelle fois sur le canapé trônant en plein milieu du salon. Proximité des corps, genoux qui s’effleurent, nuques à portée de bras, et le sportif qui se fait joueur, qui vient taquiner l’ourlet de la jupe l’air de rien, comme s’il ne savait pas parfaitement ce qu’il faisait lorsque ses doigts se glissent sous l’étoffe serrée, le regard braqué sur elle le plus sérieusement du monde. Car c’est un défi qu’il lui propose, et qu’il n’est plus primordial, il n’est plus grave à ses yeux que les défis. Car qui dit défi dit enjeu. Qui dit enjeu dit victoire. Gagnant. Perdant. Médailles en chocolat et coupes de pacotille. Et l’esprit compétitif qui reprend ses droits sur cet homme, cet assemblage de débris de celui qu’il était fut un temps, de celui qu’il n’a plus croisé dans le miroir depuis loin, si loin qu’il a oublié à quand remonte la dernière fois.

Défi qui a plus d’importance qu’il n’y paraît, défi plus sournois qu’il l’aurait soupçonné, mais cela il ne le réalise qu’à l’instant où il prononce ces paroles aux vagues relents provocateurs, car ce n’est pas que Moira qu’il met au défi. C’est lui-même. Car parler implique de retrouver un semblant de sérieux, quitter leurs costumes clinquants de médiocrité pour de nouveau faire face à ceux qu’ils sont vraiment, regarder dans les yeux leurs vies véritables et les crasses qu’elles impliquent, et interdiction de ciller s’il vous plaît. Et le truc c’est qu’il n’est même pas sûr qu’ils soient capables de cela, tous les deux. En temps normal, peut-être. Mais si c’était simplement trop leur en demander, ce soir ? S’ils étaient juste trop épuisés, si cela les menait sur des terrains glissants, des terrains jusqu’alors inexplorés car marqués de l’écriteau « attention, honnêteté sous-jacente » ? Il en sait trop rien Landon, et Moira n’a pas l’air bien plus fixée que lui puisqu’elle esquive la question, habilement, comme à son habitude, ramenant le fil de la conversation sur ce jeu de rôles bêtement réconfortant.

- C’est vrai, elles ont peu de dialogues, mais vous ne pensez pas qu’il serait justement temps de rectifier ça ? Vous avez d’ailleurs un script flambant neuf, bien plus complet, quel dommage que je ne l’ai pas sur moi, nous allons être obligés d’improviser.

Et l’improvisation qui ne se fait pas prier, les doigts fins qu’il sent se refermer sur sa main, main qui trouve sa place aux creux des reins de la James Bond Girl d’un soir, doigts glacés qui se posent sur la peau chaude de la jeune femme. Jeune femme qui s’installe à califourchon sur lui, main libre qui vient se déposer sur la taille de sa complice, l’attirer à lui, contre lui, la fusion des dermes entrants en contact. Et les lèvres qu’il sent se déposer sur son torse, remonter jusqu’à son visage avec une lenteur exaltante, pour finalement venir étouffer d’un baiser le soupir prêt à lui échapper. Et les lèvres qui se rencontrent en une étreinte désespérée, carcasses laissées à terre par la vie qui se retrouvent, serrées l’une contre l’autre à la recherche d’un peu de chaleur humaine. Étreinte au terme de laquelle elle lui pose la question, cette fameuse question à laquelle il n’avait même pas pris la peine de réfléchir. De quoi vont-ils parler ?

- Nous sauvons le monde tous les jours, l’Israël pourra bien attendre une minute ou deux, le temps d’écouter l’âme en peine d’un vieil ami…

Et les paroles aussi bien lourdes de sens que celles de la brune, les paroles pourtant prononcées avec le sourire dans la voix et la lueur espiègle dans les yeux, car il parle trop Landon, il raconte n’importe quoi, gagne du temps comme il peut. Car la vérité c’est que, si son âme est bel et bien en peine, Moira n’a pas à l’écouter ce soir. Ils n’ont pas de temps à perdre avec ça, ce n’est pas ça le plan, ça ne l’a jamais été, et il ne lui reste plus qu’à espérer qu’elle ne prenne pas ces paroles trop au sérieux, ne lui demande pas de délester un cœur trop lourd. Car c’est totalement exclu.

Elle s’écarte de lui un instant, le temps de vider le verre avec lequel il jouait machinalement un peu plus tôt, minces secondes qui s’écoulent dans le silence, mutisme partagé, ambiance joueuse laissée en suspens pour la première fois de la soirée. Et c’est la question qu’elle lui pose alors, la question tant redoutée, la question qui implique bien trop de choses, qui le fait trop réfléchir tout d’un coup le garçon. Jouent-ils encore… ou pas ? Bien évidemment qu’on joue, on ne cesse jamais de jouer, Moira, qu’il aimerait lui rétorquer. Car c’est bien ce qu’ils savent faire de mieux les deux gosses perdus, jouer, se perdre dans de joyeuses mascarades pour mieux mettre à distance leurs misères de vies. Mais que se passerait-il s’ils cessaient soudainement de jouer ? La vérité c’est qu’il n’en a pas la moindre idée Landon, car ils ne se s’y sont jamais risqué, n’ont jamais approché de si près le soleil, au point de prendre le risque de voir leurs ailes partir en fumée. Que se passerait-il s’ils devenaient sérieux ? Probablement qu’ils se fileraient le bourdon à se psychanalyser mutuellement à longueur de temps, à contempler les échecs qui constituent leurs vies dans leurs totalités, existences certifiées label rouge de la médiocrité. Seraient-ils un couple ? Non, par pitié non. Il veut pas de ça Landon, et il mettrait sa main à couper que c’est réciproque. Alors quoi ? À quoi bon cesser de jouer, à quoi bon quitter ce confortable cocon qu’ils se sont constitués mutuellement pour s’embourber dans un fatras de merdes en tous genres ? Il le regrette bien tout d’un coup son défi à la con, il regrette d’avoir proposé de préférer les paroles aux actes, le sérieux au ludique. Il regrette mais il peut plus se dégonfler, plus maintenant, plus après avoir dit cela, il est sans doute un peu trop fier le beau brun, et s’enlise allègrement dans les emmerdes.

- Non, Moira. J’pense pas. Plus pour l’instant, j’crois qu’il serait intéressant de mettre le jeu sur pause quelques minutes.

Intéressant, vraiment ? Il sait plus ce qu’il raconte Landon, il essaie juste de se tirer comme il peut du merdier dans lequel il les a foutus tous les deux, et pour la première fois de la soirée il appelle la jeune femme par son nom véritable. Alors il la pousse doucement, sans lui faire mal, juste pour la remettre sur le canapé et, enfin libre, se relève, reprend le chemin de la cuisine, tente de gagner du temps pour tâcher de comprendre où ils vont sur le chemin plein de ronces dans lequel il les a engagés. Bouteille de vin qu’il récupère sur le comptoir avant de revenir s’installer à ses côtés, verre qu’il remplit en silence, il en boit deux gorgées, peut-être trois, le propose à Moira, des fois qu’elle souhaite de nouveau étancher sa soif.

- Alors dis-moi, Moira, t’as passé une bonne semaine ?

Garçon qui n’y connaît rien en relations humaines, qui se casse allègrement la gueule dès lors qu’il s’agit de se comporter de manière normale, équilibrée avec ses pairs, plus particulièrement de la gent féminine. Garçon qui essaie pourtant, qui tente, pour une fois, de s’intéresser à elle, de s’intéresser à une fille qu’il baise, et ce malgré tout le grotesque de la situation, ces deux silhouettes débraillées, âmes en peine qui partagent à elles deux un unique verre de vin. Et le ridicule qui lui saute aux yeux, soudainement, il est pas bien sûr de pouvoir tenir une conversation normale bien longtemps, aussi il saborde tout, comme à son habitude, car c’est plus simple d’anticiper que de laisser les choses se foutre en l’air d’elles-mêmes.

- C’est vraiment pas pour nous toutes ces conneries de bla bla, hein ? J’sais pas c’qui m’a pris, j’suis désolé, la fatigue sans doute ?

Et l’aveu de la défaite, l'aveu qui se fait dans un rire aux relents d'amertume, l’aveu difficile pour le jeune homme, à peine plus aisé que de voir son unique source de réconfort depuis des mois lui filer entre les doigts car il a déconné, il aurait pas dû. Alors il porte sur elle son regard, ce fameux regard si particulier, celui qu’elle ne percevra qu’en monochrome, celui qui lui signifie qu’elle n’a qu’à presser le bouton play pour que le jeu reprenne. À elle de voir si elle veut reprendre la partie là où ils l’ont abandonné, ou poursuivre le hiatus pour un moment encore.
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