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| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: damn fuck. (mars) Ven 30 Juin - 15:54 | |
| tu l'as dit, max. tu l'as promis, juré, craché. hier encore tu l'as certifié haut et fort. tu t'arrangeras toi-même pour péter les rotules au premier abruti qui s'y risquera, juste pour être sûre de lui faire intégrer la notion de respect. c'est trop facile de tout perdre sinon. juste une fois, ça suffit. une misérable fois où t'aurais oublié de t'affirmer suffirait pour que ces chiens galeux se croient tout permis. mais toi, tu n'es pas de cet avis. dans ce monde cruel qui fonctionne à la loi du plus fort, tu as autant ta place que n'importe lequel d'entre eux. il faut juste que tu te battes un peu plus. un peu plus fort, un peu plus longtemps. il faut juste que tu te montres sans pitié, qu'aucune exception ne te fasse plier. ici c'est chez toi. c'est ton spot, ton royaume. c'est ton inspiration qui coule sur ces murs. ce sont tes rêves qui comblent leurs fissures. c'est ici que ta liberté commence, là où s'arrête la leur. amis d'infortune ou crétins égarés, pour tous c'est la même sentence qui les attend au tournant. et, ce soir n'y fera pas exception. l'inconscient qui s'est permis de marcher sur tes plates-bandes n'y échappera pas. une dizaine de minutes se sont écoulées depuis que tu t'es posée là pour l'observer. visage caché par la nuit, gestes appliqués, mystère insoupçonné. il a l'air serein à laisser sa trace sur ton bout de quartier comme s'il lui appartenait. toi, t'as le nez qui se plisse, la rage qui gronde. dans ta tête un millions de tortures qui fusent pour le lui faire payer. parce que c'est décidé, tu ne le laisseras pas repartir en paix. tu pourrais lui faire manger sa bombe jusqu'à la dernière miette. tu pourrais casser son sourire sur le vieux crépi sale et usé des murs, en signature de chair et de sang à son art. tu pourrais, avec un peu de volonté, convaincre jimmy de lui croquer un morceau bien stratégique qui lui couperait toute envie de répliquer. mais, malgré toute ton imagination débordante, il n'y a rien qui se révèle réellement à ta portée. seulement des idéaux sadiques qui n'arriveront jamais. pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque. pour soulager tes instincts destructeurs et vengeurs du moment. pour palier à ces besoins belliqueux trop réprimés ces derniers temps. tu devrais peut-être pas penser aussi déraisonnablement. foncer tête baissée en attendant de voir ce qu'il adviendra. tu ne le connais pas, tu ne sais pas de quoi il est capable. malgré sa silhouette frêle d'adolescent pas fini de se faire sevrer, ta conscience te hurle de te méfier. c'est toujours les plus insoupçonnables qui finissent par imploser. il y a encore les derniers restants de ton face à face avec cash qui marbrent ta peau un peu partout pour te le rappeler. cette douleur lancinante qui irradie encore comme si c'était hier que la bombe à retardement venait d'exploser. tu ne l'avais pas vu venir et, pourtant. pourtant c'est encore là qui tourne dans tes tripes au point de t'en filer la nausée. non, tu devrais pas penser si grand quand tu as d'autres moyens qui s'offrent à toi pour ne pas trop risquer. c’était là pourtant. juste sous tes yeux. les vieux réflexes de pickpocket qui fourmillent dans tes doigts. ceux-là même qui se prennent d’envie de lui voler autant qu’il a pu te prendre involontairement. du temps et de la patience. à toi d’en faire autant. maintenant. t’as plus l’envie d’attendre, seulement l'envie d’agir. l’adrénaline débordante qui te pousse à le faire sans même vraiment y réfléchir. tu prends cette ultime bouffée brûlante d’air en murmurant un dernier ordre à jimmy pour qu’il reste sagement assis en attendant et tu t’élances. t’as pas envie qu’il fasse tout foirer avec ses envies adorablement exaspérantes de faire la fête au premier idiot qui croise sa route. non, t’as besoin d’être seule sur ce coup. seule et discrète. comme un courant d’air. tu rabats ta capuche sur la tête pour te donner un peu plus d'assurance et finalement enclencher le mode ninja. tant pis si tu te rates, t'auras au moins la certitude de pouvoir rester dans ton anonymat. mais, tu ne penses pas au pire pour l'instant. tu ne le vois pas arriver derrière les oeillères de ta détermination. ombre furtive, tu t'avances avec soin pour éviter les jeux d'ombres chinoises en dansant avec les angles morts des réverbères. il n'y a que quelques mètres qui te séparent de ta proie. misérables mètres que tu dévores en quelques secondes à peine pour te planter derrière son dos. c'est là que toute la difficulté commence. le jeu des illusions, tour de passe passe et partira. valse hasardeuse qui épouse ses gestes pour ne pas se faire remarquer le temps de plonger les mains dans ses poches pour en extirper tout ce que tu pourrais y trouver. tout ou rien. strictement rien hormis de la déception et une insupportable frustration. tu rages, assez pour oublier de jouer sur ta discrétion. si tu veux te venger, tu n'as probablement plus d'autres choix que de l'affronter. ah mais tu sers à rien en fait. comment tu fais pitié sérieux ! que tu t’offusques, méprisante en dégageant tes mains pour le repousser de toutes tes forces. t’es prête à défendre ta place comme un os pour t’assurer qu’il mette les voiles et alors que tu te prépares à le bousculer une seconde fois, tu distingues ce bout de visage trop familier dans une lueur flottante de réverbère. révélation du siècle ou cauchemar devenu réalité. y’a ce hoquet étranglé qui traduit ta surprise. ton geste se suspend le temps que l’information se fraye un chemin jusqu’à ton encéphale en sous-régime. tu déchantes, max. le sol s'effondre, le monde bascule. y'a quelque chose que t'as loupé. un piège que tu n'as pas vu se refermer. woah mais qui vois-je ?! d’un revers de la main t’envoies valser ta capuche pour confirmer tes craintes ou balayer cette hallucination du bout de la nuit. mais non, rien ne bouge, rien ne change. c’est bien lui. c’est bien lars dans toute sa splendeur de fuyard pris la main dans le sac. tu serais incapable de dire si ça te donne envie de rire ou d’en pleurer. tout va trop vite dans ta tête. la rancoeur longtemps domptée tend à se réveiller d’un claquement de doigt et tout s’effondre à l’intérieur de toi. pourtant, tu n’en montre rien. la tête haute, les bras croisés, sourire carnassier planté sur le bout des lippes, t’accuses le poids des années qui sont passées sur vous. et, tu te souviens de tout. tu te souviens des désillusions, de la frustration, de la trahison. tu te souviens de cette maudite peine que t'as éprouvée quand il s'est barré et cette promesse personnelle que ça n'arriverait plus jamais. tu te souviens que c'est le seul à qui tu as laissé sa chance avant qu'il ne décide de tout gâcher. tu te souviens, aussi, que tu t'étais juré de le torturer jusqu'à ce que tes propres plaies s'arrêtent de saigner, si jamais un jour que tu le recroisais. mais, hormis amertume et déception, c'est tout ce qu'il t'inspire pour ce soir, comme si la rancoeur avait eu le temps de se pétrifier toutes ces années. et, même si par fierté tu n'oserais pas, tu préférerais partir plutôt que de rester là à prétendre malgré toi qu'il a encore une quelconque espèce d'importance à tes yeux. crois-le max mais, ce soir c'est bien l'adolescente blessée qui parle. j'aurais dû m'en douter, ça t'a pas suffit la dernière fois peut-être ? ça ne t’a pas suffit tout ce que t’as pris ? les croyances naïves et les espoirs innocents. du temps et des sentiments. même si ça s’évapore avec légèreté dans l’amusement d’un gloussement, tu n’en penses pas moins. c’est encore là sous ta peau à brûler, à hurler. c’est encore là sous la peau à te rappeler qu’il a pris bien plus qu’un été et quelques billets. qu’il aurait mieux fait de rester où il était dans les méandres de l’oubli. ne jamais plus refaire surface au beau milieu de ta vie. t'as même pas envie d'écouter ses excuses foireuses si l'envie lui prenait de soulager sa conscience. t'as même plus envie de rester là à te laisser dompter par une semi-constance. t’as même plus besoin d’hésiter. lui ou un autre, qu’est-ce que ça pourrait changer ? dégage hunter, t’as rien à faire ici. dernier relent de volonté qui s'obstine à le repousser de tes bras frêles. comme t'aurais dû le faire y'a longtemps déjà. comme t'aurais dû le faire avant d'en arriver là. comme tu l'as toujours fait depuis, pour qu'il disparaisse de tes souvenirs dont il a terni l'éclat. comme tu l'as toujours fait pour qu'il s'évapore de ta vie. c'est ce qu'il voulait, non ? disparaître juste comme ça. comme s'il n'avait jamais été, comme si jamais rien n'avait existé. devenir fantasme à peine frôlé. un songe non désiré. alors, qu’il recommence cette fois encore. qu’il s’échappe avant que ça ne fasse trop mal une fois encore.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: damn fuck. (mars) Mer 19 Juil - 4:56 | |
| J'me sens comme un ninja. L'agilité et la discrétion en moins. Un ninja qu'aurait oublié de venir aux entraînements, mais un ninja quand même. Parce que j'me fonds dans les ombres, capuche enfoncée sur la tête, sac accroché sur le dos. J'avance dans la nuit et c'est un truc que j'adore – les rues sont vides, c'est calme, sur mon chemin y a juste la lumière des lampadaires et sur ma peau y a que l'air frais nocturne. Comme si j'étais seul au monde et pourtant j'sais que les gens sont là, partout autour de moi. Derrière les portes closes, les volets fermés, les fenêtres parfois encore éclairées. Couchés pour certains, bien réveillés pour d'autres, j'devine la lumière d'écrans de télévision et j'entends des rires étouffés, j'vois des ombres se mouvoir et le point rouge d'une clope à un balcon. Les gens sont là sans l'être et moi ça m'va, parfois j'ai besoin de ça. Le calme qui n'est qu'une apparence, juste une pause et on sait que le marathon reprendra au petit matin.
En attendant y a que moi. Un chat au coin d'la rue, un type sur un banc. Abel dormait quand j'suis parti, j'ai fait attention à pas le réveiller. C'est juste moi, et la nuit.
D'habitude je sais pas vraiment où je vais mais ce soir si, j'ai repéré un coin y a quelques jours et j'arrête pas d'y penser. Y a déjà des tags et ils sont vraiment trop classes, j'peux pas ne pas m'y incruster. J'veux laisser ma trace là moi aussi, j'veux laisser ma trace partout je crois, comme beaucoup. On nous écoute pas alors ça sert à rien d'parler, mais si on écrit ils nous voient. Ils nous voient et ils râlent et ils nous traitent de délinquants qui dégradent les biens publics. Moi j'appelle ça de l'art – sauf quand j'laisse juste des messages pour me foutre de leur gueule. Mais eh, c'est des messages du karma.
Mes graffitis ont jamais fait partie des plus beaux, parce que j'ai rien d'un artiste, j'suis pas franchement doué en dessin et j'suis pas de ceux qui font des fresques dingues. J'suis plus du genre à laisser des messages. Mais j'ai réfléchi à c'que je vais faire, j'ai pas envie de gâcher la beauté de ce que j'ai vu alors j'me suis entraîné pour que ça soit potable ; contrairement à mes capacités de ninja. J'devrais demander à Abel de m'apprendre, il est carrément plus discret que moi. Dommage qu'il s'en serve pas franchement à bon escient, si j'étais aussi doué que lui j'ferais un malheur. En attendant j'suis là, à surveiller que le coin est bien vide avant d'ôter mon sac à dos et d'en extirper ma bombe de peinture. Et j'me mets au travail. Je m'applique, j'y vais doucement, je prends mon temps. Je finis par enlever ma capuche parce qu'elle me gêne dans mes mouvements et je trace, je trace, je trace. La silhouette d'un homme préhistorique et puis l'évolution, le squelette qui s'redresse et le crâne qui s'affine, jusqu'à nous ressembler à nous, les gens d'aujourd'hui. Et je continue. La carcasse qui s'affine et se fond étape par étape, jusqu'à n'être qu'un trait trop large. Puis plus fin. De plus en plus fin, jusqu'à faire une succession de bâtonnets bien alignés, comme on les connaît.
Un code barre. C'est plutôt ressemblant et j'observe le résultat en m'frottant le front, sans voir que j'ai du noir sur les doigts et que je viens de l'étaler sur ma tronche. J'suis plutôt fier de moi, sourire aux lèvres et soupir satisfait. J'commence tout juste à tracer les chiffres qui vont avec quand j'me rends compte qu'un truc cloche. Je sens la présence trop tard et déjà la voix me fait sursauter. « Ah mais tu sers à rien en fait. Comment tu fais pitié sérieux ! » « Hein ? » Très éloquent. Très utile aussi. J'ai un peu envie d'me frapper la tête contre le mur et je crois que mes vœux ont décidé d'être exaucés pour une fois, parce qu'une paire de mains me pousse violemment alors que j'me retournais. Résultat, je m'écrase contre le mur. Je sens l'impact vibrer dans tout mon squelette et je lâche un gémissement de douleur, restant collé là, comme un chewing-gum qui vient d'se faire jeter. J'me sens un peu comme ça à vrai dire, j'attends juste de me faire piétiner.
« Mais ça va pas bien ?! » Quand je tague je m'inquiète pour les flics, pas pour les voyous à deux balles. Pourtant quand j'aperçois la silhouette responsable de tout ce grabuge, j'lâche un ricanement tout sauf élégant. Alors quoi, c'est un môme de douze ans qui est venu m'emmerder ? Soit ça, soit le type a eu un sacré problème de croissance. J'devrais pas rire mais c'est plus fort que moi. « Retourne manger d'la soupe au lieu de faire le caïd. » Tout c'que je vois, c'est un fil de fer et une capuche où il fait trop sombre, on dirait un méchant de jeu vidéo. Pas le boss de fin, juste l'un des sbires à deux balles, ceux qui s'accrochent à vos mollets et qui vous mordent les pieds. « Woah mais qui vois-je ?! » J'ai pas le temps de réagir ou de répondre, la capuche valse et mon agresseur apparaît enfin.
J'ai jamais fait d'arrêt cardiaque, mais j'suis à peu près sûr que mon cœur vient de faire un breakdown.
Max. C'est Max. J'la reconnaîtrais entre mille, avec ses yeux d'lutin et ses tâches de rousseur et sa tignasse blonde et son foutu sourire. C'est pas l'même qu'avant. Pas l'même qu'elle me réservait à l'époque, en tous cas. Celui-là a un air trop carnassier et je m'attends presque à ce qu'elle me saute à la gorge, mais vu son gabarit je crois que je risque pas grand-chose. Quoi que les trucs les plus petits sont souvent les plus teigneux, et j'sais combien elle peut se rendre insupportable. Pourtant là tout d'suite j'ai presque envie qu'elle tente de m'étriper, au moins ça me donnera une excuse pour la serrer contre moi. Mais elle bouge pas. Le point positif, c'est qu'elle fait pas partie des bestioles enragées. On se console comme on peut.
« J'aurais dû m'en douter, ça t'a pas suffi la dernière fois peut-être ? » J'la fixe en silence, parce que je sais pas trop quoi lui répondre. J'ai bien envie de jouer l'idiot, celui qui comprend rien, mais ça serait hypocrite. Je sais. Et elle sait que je sais. Tout c'que je peux faire c'est hausser les épaules en faisant des mouvements de mains incompréhensibles, mon soupir se noyant dans le gloussement qu'elle laisse échapper. Comme la sale môme capricieuse qu'elle est. « Dégage Hunter, t’as rien à faire ici. » Cette fois c'est à mon tour de lâcher un rire, alors que je porte une main à mon cœur d'un air presque dramatique. « Ouch Reid, pourquoi une telle hargne ? J'étais prêt à te prendre dans mes bras, tu m'brises le cœur. » Le pire c'est que j'mens seulement à moitié – à un moment j'ai vraiment eu envie d'la serrer contre moi. J'vois bien que c'est pas au programme alors tant pis, j'me contente de la bombe que je tiens toujours aussi fermement. Mes yeux plantés dans les siens, j'la provoque avec mon sourire en coin. « De toute façon, pourquoi je dégagerais ? Tu vois bien que j'suis occupé. » D'un geste nonchalant, je désigne mon œuvre pas tout à fait terminée, sans jamais la quitter du regard. « Et puis c'est plutôt à moi d'te dire ça, t'as essayé d'me faire les poches pas vrai ? » Sur le coup j'ai pas compris, mais les pièces s'assemblent d'elles-mêmes. Si j'ai vu juste elle a dû être déçue et j'comprends mieux sa première remarque. Mes poches sont désespérément vides – mauvaise pioche.
« Moi aussi ça m'fait plaisir de te voir, j'peux même te payer un verre un d'ces jours. Mais là j'ai du travail. Du coup, si tu veux bien m'excuser. » Au final j'attends pas sa réponse, j'lui tourne le dos comme si elle n'avait aucune importance, et j'fais mine de reprendre mes occupations comme si de rien n'était. Bien sûr c'est que du vent, bien sûr ça m'fait quelque chose de la revoir après tout ce temps. Mais on dirait qu'elle fait la fière et j'veux voir ce que ça cache, j'veux voir si j'arrive à la titiller en jouant l'indifférent alors que j'le suis pas. Je l'ai jamais été avec elle. C'est p't'être ça le fond du problème. |
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