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petit poney ▹ posts envoyés : 2027 ▹ points : 56 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign) ▹ avatar : Taylor Lashae ▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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| Sujet: drapeau blanc (seranca) Dim 26 Mar - 23:52 | |
| Elle sait pas pourquoi elle avait cru que ça pourrait marcher. Elle sait pas pourquoi elle avait cru espérer ne serait-ce qu’un instant que tout pourrait fonctionner. L’annonce, l’entretien d’embauche, et le besoin absolu de se trouver un travail pour continuer à gagner de l’argent. Parce que la sécurité sociale n’est qu’un doux rêve aux Etats-Unis et que les factures de l’hôpital s’entassent petit à petit. Elle a pas le droit Anca, de continuer à se reposer, de continuer à se cacher. Elle pas le droit, maintenant que son visage commence enfin à reprendre une couleur normale, les dernières marques camouflées habilement sous une couche de maquillage. Et puis elle a besoin de sortir de cette prison, respirer un peu d’air, ne pas finir comme sa mère. Jamais. Des jobs y en a des tonnes, si on sait où chercher et en quelques jours Anca avait décroché une période d’essais dans un bar le soir, surement pas au goût de Lucian, mais tant pis. Elle mentirait en prétendant se rendre à ses cours, comme si la vie repartait comme avant l’ouragan. Le truc c’est que les bars, elle avait jamais réussi, elle s’était toujours sentie extrêmement mal à l’aise dans cet environnement, préférant largement les cafés et servir en plein jour que dans un club renfermé. Alors elle appréhende Anca, quand elle enfile sa tenue, jupe trop courte, collants presque transparents et la chemise manche courte qui lui donne envie de grincer des dents. Elle déteste dévoiler son corps marqué, les gens finissent par se focaliser sur ses cicatrices, se posent des questions, la prennent pour une junkie ou bien une tarée avant même d’essayer de la comprendre. Anca fait tourner machinalement les bracelets qu’elle a piqué à Tereza pour cacher les anciennes coupure, inspirant lentement pendant que la serveuse qui s’occupe d’elle lui explique ce qu’elle doit faire. Courage Anca, baisse pas les bras. Mais c’est pas l’envie qui manque, le besoin de se carapater, d’aller se cacher dans les toilettes et de ne plus en sortir. Elle a du mal à affronter les foules Anca, surtout maintenant, après tout ça, après les coups et les hurlements de Jemmy, les souvenirs de la voix de Michael dans ses oreilles et la façon dont il l’a serré contre lui, après l’ouragan. Le putain d’ouragan. Et les hurlements de Seven me laisse pas, j’ai besoin de toi.
Elle se retrouve propulsée dans une salle comble, en équilibre ses talons aiguilles, plateau à la main et le regard hésitant. Elle se sent comme une putain de proie au milieu d’une foule de prédateur, et la panique qui se glisse derrière elle, l’enlaçant tendrement comme une amante désireuse. Elle essaye Anca, tant bien que mal, à porter les verres, noter les commandes, repousser les mains tendues avec un sourire désolé. Me touche pas, parce qu’elle veut pas recommencer, sa joue contre le pavé et les doigts de Jemmy dans sa chaire. Ils ont réussi à retrouver leur équilibre et c’est mieux, plus simple, plus naturel. Me touche, parce qu’elle déteste ça, les regards sur ses jambes, sur son décolleté, sur ses lèvres trop marquées. Elle a l’impression d’étouffer. Après deux heures en apnée complète, elle prend sa pause, file dehors à la vitesse de l’éclaire sans même penser à attraper un gilet pour se couvrir. Une fois dehors elle se laisse tomber sur le trottoir, un peu à l’écart des gens déjà bourrés, les mains agripés à son téléphone elle compose le numéro à l’aveugle. « Serghei ? C’est moi… Tu peux venir me chercher s’il te plait… Je. Je suis pas loin, tu sais le bar où j’ai eu un entretien » elle ferme les yeux, frissonne de peur ou de froid, elle sait pas vraiment. « J’y arrive pas je peux pas… » et sa gorge qui se serre, parce qu’elle se dit qu’elle n’arrivera pas à continuer, ou à dire qu’elle veut partir, entre les deux. Piégée. « Tu peux venir me chercher s’il-te-plait ? » qu’elle murmure, la voix étranglée, comme une supplique. Elle se sent gamine de nouveau, à 15 ans après la sortie de l’hôpital, quand se balader seule en ville la faisait flipper et qu’elle avait besoin de la main rassurante de Serghei pour avancer. Et déjà la pause qui prend fin, Anca qui se redresse tant bien que mal et qui oscille jusqu’à l’intérieur, comme une condamnée se préparant à rejoindre la potence. De nouveau l’intérieur l’agresse, les odeurs de cigarette, d’alcool renversé et les rires qui fusent de partout comme des fusées. Elle a la tête qui tourne Anca, entre les médicaments qu’elle avale à longueur de journée et la fatigue qui se fait sentir, la douleur dans son abdomen et l’impression d’avoir trop tiré. Elle vascille, tangue, danse, se retient au comptoir et le plateau qui s’écrase au sol, sans qu’elle ne puisse rien faire pour le rattraper. « Merde » Et déjà qu’elle s’agenouille au sol, la main qui rappe contre le verre et le sang qui se mêle à l’alcool. Ca pique, ça brule, elle a les larmes qui commencent à perler et sent ses joues s’échauffer. Trop de gens qui la regardent, trop de gens qui rigolent, trop de tout, de rien. Elle a l’impression de crever, encore et encore.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Lun 27 Mar - 21:33 | |
| « Serghei ? C’est moi… Tu peux venir me chercher s’il te plait… Je. Je suis pas loin, tu sais le bar où j’ai eu un entretien … J’y arrive pas je peux pas…Tu peux venir me chercher s’il-te-plait ? »
J'inspire doucement, essayant de garder un tant soit peu de sang-froid et de ne pas trop dépasser les limites de vitesse alors que je pousse la poubelle qui me sert de voiture en direction de Tybee Island. J'ai jamais su si je détestais ou pas ce coin. Parce que d'un côté, c'est plein de gens friqués qui se la pètent et, de l'autre, il y a l'océan. Un des rares trucs qui arrive à m'apaise, qui arrive à me faire voir les choses du bon côté. Mais là, autant dire que ce serait Tybee Island ou New-York, j'en aurais absolument rien à foutre. Parce que les quelques mots échangés avec ma sœur résonnent dans ma tête pendant que je serre tellement fort le volant que j'en ai les jointures toutes blanches.
C'est la seule qui a toujours été là Anca. Oh, elle a lâché prise, plein de fois. Mais elle s'est jamais tirée, elle en a juste eu marre. Et quand moi j'allais cogner des inconnus dans les bars ou me sauter la première venue pour passer mes nerfs, elle perdait pied. Ce petit roc si fragile, qui survit à des tempêtes mais pourrait s'effondrer dans un souffle. Je sais pas comment gérer, comment l'aider, si même je peux le faire. J'arrive à la faire sourire des fois, pas souvent, encore moins ces derniers temps, mais au moins, c'est déjà ça de pris.
Alors, quand elle m'a appelé, quand elle m'a demandé de venir, j'ai tout lâché. Je serais d'ailleurs infoutu de me rappeler ce que j'étais en train de faire ou avec qui. Mais, dans le fond, ça importe pas vraiment. Je fronce les sourcils alors que je finis par me garer, un peu à l'arrache, et que je stoppe devant le bar où elle devait faire un essai ce soir. Quelle idée à la con. Heureusement que le paternel n'est pas au courant, sinon ce serait un coup à ce qu'il fasse une attaque. Remarquez, ce serait pas un moindre mal. Bon, on va éviter de trop se focaliser là-dessus mais plutôt de penser à Anca. La petite Anca, celle qui serrait ses petits doigts dans les miens pour que je l'aide à traverser la rue. Celle qui riait aux éclats quand je m'amusait à faire des bulles de chewing-gum et qu'elles m'éclataient dessus. Celle dont la main reste toujours aussi petite dans la mienne, malgré les années.
Celle qui est donc à genoux par terre, les mains en sang alors qu'elle ramasse du verre et que tout le monde se fout de la voir en train de trembler. Je ferme les yeux une seconde, essayant de ne pas me précipiter vers elle en poussant tout le monde. Parce que ce serait pas le truc à faire. Je sais. Alors je m'avance doucement et je souffle, d'une voix bien plus douce que ce que je me serais cru capable.
"Anca … ?"
Elle continue de ramasser les bouts de verre et pas besoin d'être le mec le plus futé du monde pour voir qu'elle est au bord de la crise de nerfs. Elle est comme ça Anca, elle prend tout tellement à cœur, même un putain de verre brisé dans un bar à la con. Plein de mecs suffisants qui ont dû passer la soirée à lui mettre la main au cul et à lui faire des avances. J'aurais jamais dû lui dire que c'était une bonne idée, mais elle avait besoin de sortir de la baraque. Ca, je peux pas lui en vouloir. Et elle avait l'air d'être capable de tenir le coup. Comme quoi, j'ai vraiment été trop con sur ce coup-là.
"Oh va falloir qu'elle paie tout ça cette cruche… c'est pas permis d'être aussi maladroite… Et elle va rester plantée au milieu du chemin ou pas ?"
Je jette un regard en direction du patron du bar, ou son gérant, ou je sais pas quelle connerie, qui débarque probablement au pire moment du monde. Et autant dire que ce qu'il balance me plait pas des masses. Je l'ignore pour le moment, détachant la main d'Anca des bouts de verre, retirant les petits morceaux qui se fichent dans sa peau, prêts à s'incruster, à la marquer, comme si elle en avait besoin. Quelle merde. J'inspire doucement alors que le type recommence à parler, à redire qu'elle devra payer les conso ou je sais pas quoi du même genre. Je relève le menton d'Anca et je lui souris, effleurant sa joue du pouce.
"Soeurette ? Je suis là."
Et voilà que l'autre me tapote du bout du pied. Il est sérieux là ? Il est vraiment en train de me toucher.
"Oh vous êtes sourds ou quoi ?"
Okay. Je me relève et je me frotte le menton, la mine mauvaise. L'avantage de ma grande taille, c'est que je dépasse ce genre de connards d'une tête. Et, comme je le supposais, il ose même pas me regarder dans les yeux.
"Ta gueule. Si tu veux pas que je m'énerve."
Simple, clair, précis. Et ça marche. Le type recule d'un pas mais semble commencer à chercher des gens des yeux. Du genre des vigiles je suppose. Pas que j'ai pas envie de me battre, au vu de l'état d'Anca, ça me ferait du bien de me défouler quelque chose pour oublier à quel point le monde peut être pourri, mais je me dis que je dois avant tout la sortir de là. Alors, je ravale ma colère, parce que c'est ce que j'ai de mieux à faire, parce que c'est ce qu'il faut faire pour la protéger, pour veiller sur elle. Et je tends la main pour qu'elle la prenne et qu'on sorte de là. Pour aller prendre l'air, marcher, boire un coup, j'en sais rien. Juste qu'on s'éloigne. Et que j'arrive à l'empêcher de sombrer pour de bon. Ou alors c'est moi, j'en sais trop rien. |
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petit poney ▹ posts envoyés : 2027 ▹ points : 56 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign) ▹ avatar : Taylor Lashae ▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Sam 8 Avr - 17:25 | |
| C’est un trop plein de tout, de bruit, de gens, de ricanements. Et encore, encore. Et le rouge qui s’étale sur ses mains et y a plus que ça. Le rouge. Le rouge qui le renvoi en arrière, il y a sept ans. Le rouge qui s’étend, qui coule, qui coule. Et la douleur. Tranche la chaire, laisse la vie partir. Parce que c’est mieux comme ça, que de continuer à agoniser, à étouffer. Oui au fond c’est mieux tellement mieux. Non. Elle bloque Anca, le verre planté dans la peau. Le verre balancé par terre. Il faut pas. Anca … ? Elle entend pas, elle entend pas. Elle devrait pourtant, elle qui a été formé a suivre le moindre murmure prononcé par ceux de sa chaire. Mais là elle entend pas. Elle voit pas non plus Serghei qui se baisse doucement pour se mettre à son niveau, trop obstinée à ramasser ce verre qu’elle a brisé. Elle se dit que si elle arrive à tout rassembler, peut être que sa vie n’explosera pas de la même façon. Peut être que Seven reviendra vers elle, peut être que Ioan ne sera plus drogué, peut être que Jemmy ne sera plus jamais violent, peut-être, peut-être, peut-être. Ah si seulement. Et la boule qui grandit dans la gorge, l’impression d’étouffer, comme si quelqu’un s’amusait à pincer sa trachée, ses artères. « Pardon ». Pardon à qui ? Pardon pour quoi ? Pardon de tout faire foirer, de pas être assez forte, de pas réussir à avancer. Pardon de se laisser de nouveau aspirer dans la spirale infernale qu’elle pensait avoir fui depuis tout ce temps. Elle coule Anca. Encore et toujours. Pourtant c’est pas aujourd’hui qu’elle restera au fond. Non. Car soudain y a Serghei qui prend sa main et le contact qui la ramène brutalement à la réalité. Le bruit, les gens, les voix, et les regards. Les rires. Concentre toi. Lentement elle dévisage son grand frère qui commence à retirer les morceaux de verres fichés dans sa peau. La douleur est fugace, mais Anca ne grimace même pas. A ce stade ce n’est rien de plus qu’une piqûre, un ajout, tant tout son corps hurle à l’agonie. Soeurette ? Je suis là. sa main sur sa joue, et sa voix. Anca sent ses lèvres trembler et elle hoche doucement la tête pour lui montrer qu’elle a bien entendu. Il est là Serghei. Il est là, et le sera toujours. Elle le sait. Il a jamais bougé, toujours présent, le roc parmi les autres, constante dans la foule familiale. Il est là Serghei quand les autres lui filent entre les doigts. Quand Seven lui file entre les doigts. Seven. C’est sans doute pour ça. Et les mots du jeune homme qui ruissèlent, qui s‘infiltrent. Elle revoit en flash son regard qui s’est durcit trop rapidement, la façon dont il a rigolé, non, ricané. Et de nouveau Anca a l’impression d’étouffer. »Serghei ? » la voix qui se fissure et Anca qui le cherche du regard, parce qu’il n’est plus devant elle. Pendant un instant elle se dit qu’il est parti lui aussi, puis soudain la voix de son frère résonne de nouveau à ses oreilles. Il s’est levé et se tient face au patron du bar. Il n’y a pas vraiment de dispute. Juste Serghei qui parle, et les autres qui se taisent. Parce qu’il est imposant Serghei, plus que les autres, avec ses tatouages et son regard brulant. Héritage du paternel, regard qu’ils partagent un peu tous, sauf quelqu’un, ceux qui ont pris plus de Lavinia que de Lucian. Elle le regarde, fixe l’image dans son cerveau, et pendant un instant elle se prend à regretter de ne pas être née homme. Peut-être alors qu’elle aurait été à la place de Serghei, dominante et non dominée, piétinant plutôt que piétinée. Mais la vie est injuste et Anca est Anca, pauvre gamine au corps fracassé trop de fois par les autres.
Serghei lui tend la main et Anca glisse ses doigts entre ceux de son frère, grimaçant légèrement quand sa peau à vif rencontre celle de son frère. Mais c’est mieux que rien, mieux que tout. Elle le laisse l’aider à se relever. Elle le laisse la tirer hors du bar, hors de cet endroit anxiogène, des lumières blafardes et de la musique trop fade. Et quand elle se retrouve de nouveau à l’air libre, elle a l’impression de respirer pour la première fois de la soirée. « Merci » qu’elle murmure trop bas, serrant doucement la paume de Serghei dans la sienne. « Merci d’être venu, je savais pas… je savais pas si tu viendrais. Car après tout pourquoi pas lui aussi ? Après les autres ? Touche finale au tableau déglingué qu’ils forment tous sans vraiment le vouloir ? Elle s’arrête doucement et détache sa main pour la porter à ses yeux. Le sang commence déjà à sécher, et les entailles ne sont pas trop profonde. Pourtant elle arrive pas à se détacher du carmin qui colore sa peau, des fines lignes qui cisaillent sa paume, comme un écho lointain à celles qui ornent son corps. Pas encore. Pourtant si, elle sait. Y a cette foutue petite voix qui gueule dans sa tête : encore, encore. Et Anca qui fait de son mieux pour ne pas écouter. « Il faut passer à une pharmacie » qu’elle reprend, plus pragmatique, comme si tout ce qui venait de se passer n’était jamais arrivé et qu’elle était tout simplement tombée par terre, se râpant les mains. « Sinon ça risque de s’infecter ». Un peu comme tout en ce moment. Elle a l’impression que si elle se plongeait dans une cuve d’antiseptique, ça serait peut-être plus efficace. Peut-être. Et c’est un sourire dépité qu’elle offre a Serghei, comme pour le rassurer lui, comme pour se rassurer elle.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Lun 10 Avr - 9:22 | |
| Elle tremble.
Je déteste tellement ça, la voir aussi fragile et ne pas savoir quoi faire pour empêcher qu’elle éclate en mille morceaux. Avant, c’était facile, on arrivait à oublier, à faire comme si rien de ce qui nous pourrissait la vie n’existait. Oh, ça durait pas bien longtemps mais c’était suffisant pour continuer de tenir bon, jusqu’à la fois d’après. Mais là, alors que moi j’ai l’impression d’arriver enfin à surnager un peu, à réussir à respirer convenablement, Anca, elle coule. Elle arrive plus à remonter à la surface pour inspirer un coup et continuer à s’accrocher. J’ai beau lui tendre la main, j’ai peur qu’un jour, je finisse par ne rencontrer que du vide au lieu de l’attraper elle. Et putain, autant perdre les autres, j’ai réussi à … ouais non, pas à l’accepter, parce que faut pas déconner, mais à faire avec on va dire, mais autant, Anca, je pourrais pas. Si ça arrive, je serais obligé de tout casser, moi y compris, parce que le monde, mon monde, tourne déjà pas très bien, mais sans elle, il tournerait plus du tout.
Et là, quand je vois qu’elle se rend même pas compte que je suis là, j’ai la trouille. Le genre de trouille qui vous prend aux tripes, qui vous donne l’impression que, quoi que vous puissiez faire, c’est trop tard, c’est foutu. Comme si elle était déjà partie loin de moi et que je pouvais pas la récupérer. Mais j’essaie, parce que je la lâcherais jamais. Jusqu’au bout je serais là, quelle que soit la façon dont toute cette merde finira. Je l’entends murmurer, mais je suis même pas sûr de comprendre ce qu’elle vient de dire. Pardon ? A quoi ? A moi ? Au bar ? Au verre ? Ouais, je commence à craquer un peu moi aussi, mais la voir aussi fissurée, ça me donne envie de casser tout ce qu’il y a autour, pour éviter qu’elle craquelle pour de bon et qu’on soit infoutus de la recoller. Mais elle finit par me voir et je retiens difficilement un soupir de soulagement alors qu’elle hoche la tête.
Ca va aller. Suffit juste que je me le répète assez longtemps dans ma petite tête pour finir par le croire non ? Ca marche pas comme ça ? J’entends sa petite voix alors que je me suis relevé pour affronter le connard qui lui sert de patron et elle me serre le cœur. Mais je peux pas la regarder, pas tout de suite, sinon je vais sentir ma colère s’envoler. Ou, pire encore, je vais avoir envie de tuer tout le monde dans le bar juste parce qu’à cause d’eux, elle a la voix qui tremble. Alors oui, je sais bien qu’ils sont pas vraiment responsables. Mais je m’en fous, si je dois le faire payer à la terre entière, je le ferais sans hésiter. Alors je me focalise sur le patron du bar, me réjouissant de cette étincelle de peur que je peux lui dire dans ses yeux. Je devrais pas, je le sais bien, mais y a quelque chose de jouissif à faire reculer un gars juste en le regardant d’un air mauvais. Quand bien même ça arrive assez souvent depuis que je fais une tête de plus que la plupart des gens, c’est un des rares trucs dont je me lasse pas. Même si ça m’apporte plus d’emmerdes qu’autre chose, je veux bien l’admettre. Au moins un des rares trucs que je tiens de mon père et que j’apprécie. Comme quoi, tout arrive.
Mais là, le plus important, c’est pas de remettre à sa place un connard trop lâche pour assumer ce qu’il pense. Ce qui compte vraiment, c’est la main d’Anca dans la mienne. Elle est glacée et, pourtant, impossible de ne pas sentir la chaleur du sang qui perle doucement mais surement contre ma peau. Je déteste les voir saigner. Chacun des membres de cette foutue famille. Que je me prenne des coups, je m’en fous, mais eux, non. Mais c’est pas comme si j’avais réussi à empêcher que ça arrive hein.
« Merci … Merci d’être venu, je savais pas… » Je m’arrête au beau milieu de la rue alors qu’elle vient de nouveau de murmurer. Et je la fixe quelques secondes avant de soupirer doucement pendant qu’elle regarde ses mains blessées.
"… Anca, tu savais pas quoi ? Si j’allais venir ? Je viendrais toujours pour toi, t’as pas à en douter, même une seconde. Si je le fais pas, c’est que je suis mort. Et t’as pas à remercier pour ça. C’est normal. C’est pas à ça que je sers ?"
Je passe mon bras autour de son épaule et je la serre contre moi brièvement, sans savoir quoi dire de plus. Je suis pas du genre tactile, mais alors pas du tout. La seule dont je supporte les assauts en temps normal, c’est Rez, parce qu’elle me laisse pas bien le choix en fait. Mais sinon, je peux pas. Je sais pas faire. Parce que si je le fais trop souvent, je vais finir par me fissurer moi aussi et je suis pas sûr d’aimer ce qu’il y aura derrière. J’inspire et je me contente alors de reprendre, d’un ton léger.
"Je suis là. D’accord ?"
Et je hoche la tête au reste de ses propos, plissant des yeux alors que je regarde autour de moi. J’aime pas vraiment le quartier mais on va faire avec hein.
"On va te trouver ça. Et on trouvera des super pansements comme ça je pourrais te rafistoler."
Ça marche juste avec les mains ou je peux avoir un truc plus gros pour tenter de réparer le reste ? Je demande hein, on sait jamais. Et après, on ira manger une glace. Ou une de ces énormes barbapapas qu’on regardait en bavant quand on était mômes et qu’on pouvait pas se payer. N’importe quoi, du moment qu’elle réussit à tenir le coup un peu plus. |
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| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Jeu 20 Avr - 22:09 | |
| Elle se sent comme une noyée en pleine tempête, qui plante ses ongles lamentablement dans un morceau de bois égaré pour pas couler. Pour pas chuter. Les bruits, les regards, les rires. Et la douleur. Bon sang la douleur. La douleur qui lui lacère la paume et qui ne lui laisse aucun répit. Un peu comme avant. Un peu comme tout le temps. Depuis l’ouragan qu’elle dit, mais la souffrance fantôme la hante depuis bien plus longtemps. Encore. Et l’impression de tourner en rond, dans une bulle temporelle qui se fout de sa gueule, l’impression qu’elle pourra jamais sortir la tête hors de l’eau. Malgré ce foutu bout de bois. Mais y a Serghei. Serghei et sa présence rassurante, Serghei et sa chaleur de grand frère qu’elle ne voudrait pour rien au monde oublier. Elle se raccroche à lui plutôt qu’au bruit, à ses yeux bruns trop semblable et aux tatouages qui courent sur sa peau. Voila. Elle compte, encre après encre, histoire après histoire, essaye de se souvenir, de se rappeler, jusqu’à ce qu’enfin l’air frais de la nuit lui donne l’occasion de reprendre un peu ses esprits, d’arrêter de d’étouffer. … Anca, tu savais pas quoi ? Si j’allais venir ? Je viendrais toujours pour toi, t’as pas à en douter, même une seconde. Si je le fais pas, c’est que je suis mort. Et t’as pas à remercier pour ça. C’est normal. C’est pas à ça que je sers ? Elle sait pas Serghei. Elle sait plus. Parce qu’en ce moment y a toutes ses fondations qui s’effondrent, et qu’elle n’a plus rien de stable au quel se rattraper pour pas chuter. Parce que Seven disparait quand Valerian revient, un frère pour un autre, elle devrait trouver le deal intéressant pourtant. Mais non. Elle voudrait ne pas douter, elle voudrait continuer à savoir que si elle tombe y aura au moins Serghei pour la rattraper dans sa chute. Mais c’est difficile ces derniers temps. Trop difficile. Elle se laisse aller doucement quand il passe son bras autour d’elle, la gorge nouée. « Pardon. Je sais. C’est juste… Je me suis engueulée avec Seven, ça bouscule un peu tout dans ma tête en ce moment. J’ai du mal à… Je sais pas. J’ai du mal tout simplement » qu’elle avoue dans un murmure, presque honteuse parce qu’elle n’a pas l’habitude de dire les choses réellement comme elles sont, trop occupée à faire semblant que les bleus sur ses joues sont de jolies décorations. « Tu sers à plus que ça sinon. » Plus que venir la chercher quand elle panique comme une folle au milieu de la foule, plus que l’accompagner quand elle n’arrive pas à mettre un pied dehors pour faire les courses, plus que tout simplement jouer la béquille. Serghei c’est plus que tout ça réuni. Serghei c’est le roc, c’est l’inébranlable, c’est la constante dans l’horizon. Et l’entendre se réduire à une seule utilisation donne à Anca l’envie de pleurer, parce qu’en réalité il est toute cette infinité de nuances que personne ne semble jamais remarquer. Je suis là. D’accord ? Il est là. Avec elle. Bien présent. Il est là, et pas absent. Anca qui ferme les yeux un instant pour s’imprégner de sa présence, pour se rassurer complètement. « Je sais. Tu es là. Toujours » et à jamais, qu’elle voudrait continuer. Mais elle avale les derniers mots, offrant un pâle sourire à ce frère qu’elle aime tant.
Finalement Anca regarde ses paumes, le verre enlevé il ne reste que de fines lignes et le sang qui colle à la peau. Ça fera pas de cicatrices, du moins pas si c’est soigné correctement. Tant mieux. Elle a pas envie de devoir argumenter sur l’état de ses mains, parce que ça pourrait conduire à l’état de sa tête et ça c’est pas vraiment mieux. On va te trouver ça. Et on trouvera des super pansements comme ça je pourrais te rafistoler. Elle rigole doucement en secouant la tête, chassant avec le rire les dernières secousses de détresse. C’est mieux comme ça. Bien mieux. Et lentement elle se redresse avant de se mettre à marcher, tirant son frère derrière elle. « Pour une fois que c’est dans ce sens-là ! » Et pas dans l’autre. Pour une fois que c’est elle qui se fait réparer. Ca lui fait drôle. Elle a plus l’habitude de se retrouver cassé. Enfin. Plus l’habitude, c’est pas vraiment vrai, parce qu’avec l’ouragan elle a eu un rappel de ce que ça faisait. Mais là, c’est différent. C’est comme avant. C’est difficile. Finalement Anca fait signe à Serghei de la suivre dans une pharmacie encore ouverte avant de demander au vendeur des compresses, sparadrap et antiseptique. Puis y a ses mains qui se referment dans le vide, et son visage qui pâlit instantanément. « Serghei… » c’est qu’un murmure et la voix qui tremble. « J’ai oublié mes affaires au bar » dans le casier à l’arrière, là où on lui a dit de ranger son sac et son manteau. Son sac avec tout, les clés, sa carte d’identité, l’argent et toutes les conneries essentielles qu’elle se trimballe constamment. « Jvais faire comment ? » et déjà la revoila qui tangue, qui s’agrippe au bord du comptoir pour pas chuter. Parce qu’elle s’imagine déjà devoir retourner là bas, affronter les gens, les hommes, les remarques. Elle veut pas. Bon sang non elle veut pas. Et les larmes qui remontent déjà, encore, toujours. Elle a l’impression qu’elle n’en finira jamais de pleurer. « Je suis tellement débile » débile d’oublier quelque chose d’aussi important, débile de même pas réussir à servir correctement, débile d’avoir un cerveau qui fait la samba avec ses sentiments. Foutu Anca. Débile, débile, qu’elle répète tout bas.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Ven 21 Avr - 21:16 | |
| Tenir bon. Quoi qu'il en coûte. Même si ça fait mal, même si, bien souvent, je me demande pourquoi je continue. Par habitude, parce que je sais pas quoi faire d'autre en réalité. Si je lâche prise, il se passera quoi ? Je sais pas, je n'ai pas envie de savoir et, pour être parfaitement honnête, ça me fait flipper, alors je peux pas me permettre de vaciller, même si, parfois, je me demande si ça en vaut vraiment la peine.
Et puis, dans ces moments comme celui-là, je sais pourquoi je tiens. Pour ne pas qu'elle sombre entièrement, parce que je sais faire que ça, que je sais surtout pas quoi faire de plus pour l'aider. Même si j'en crève à petit feu, même si ça me bouffe, encore plus que de me demander ce que je fous encore à venir inlassablement tous les dimanches, comme un brave petit soldat. J'essaie de la rassurer, de la ramener sur terre, avec moi, pour pas qu'elle aille trop loin et ça a l'air de marcher. Un peu en tout cas. Suffisamment pour qu'elle parle. Et qu'elle s'excuse encore. Je lève les yeux au ciel quand elle commence avant de me figer au reste de ses propos.
« Pardon. Je sais. C’est juste… Je me suis engueulée avec Seven, ça bouscule un peu tout dans ma tête en ce moment. J’ai du mal à… Je sais pas. J’ai du mal tout simplement »
Seven. Non. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Ma main qui serre son épaule se crispe malgré moi et je la relâche en inspirant doucement. Il a fait quoi encore ce sale con ? Ca l'amuse de la mettre dans cet état, de faire payer la seule ou presque qui serait prête à tout pour lui ? Comme si elle avait besoin de ça. Comme si moi, j'avais envie d'entendre ce nom. Je sais, c'est puéril, c'est ridicule et une part de moi me souffle que je devrais faire des efforts. Mais je peux pas. Pas avec lui. Parce que son nom, nos prises de tête, ses conneries qui s'accumulent, s'entrechoquent avec les bons souvenirs qui subsistent, tenaces, comme s'ils refusaient de lâcher l'affaire, comme s'ils voulaient m'empêcher d'oublier que le même sang coule dans nos veines et que j'aurais dû être là pour lui. Mais je peux pas prendre la tête d'Anca sur ça. Parce qu'elle tient à lui, parce qu'elle assume de l'aimer. Parce qu'elle est comme ça Anca. A trop aimer les gens, malgré les blessures, malgré la douleur. Je sais pas comment elle fait. Enfin, en l'occurrence, elle fait pas vraiment là, de suite. Et elle a mal. Alors, plutôt que de me focaliser sur ça, sur moi, je préfère lui sourire et attraper son menton du bout des doigts pour lui relever la tête. « Tu sers à plus que ça sinon. »
"On s'en fiche dans le fond à quoi je sers d'autre. Tant que je suis là pour ça."
Parce que je lui dois au moins ça. Surtout quand elle vacille comme ça et que j'ai l'impression qu'elle me file entre les doigts. Je me trouve tellement idiot à lui dire que je suis là pour elle mais sa réponse m'arrache un sourire.
Toujours.
"Ouais, un truc dans le genre."
J'aimerais ne jamais la lâcher, que personne ne puisse lui faire du mal mais, le pire, c'est que je me rends compte que moi aussi je pourrais lui en faire, sans même le vouloir. Elle est tellement fragile que j'ai l'impression que la moindre petite bourrasque pourrait l'emporter au loin ou la faire tomber. Je baisse les yeux, suivant son regard, alors que ses mains semblent moins abîmées que je l'aurais cru au premier abord. Il faut dire que le sang, c'est tout de suite impressionnant. Et autant, quand c'est le mien, c'est pas vraiment un souci, mais quand c'est celui de mes sœurs c'est pas du tout la même. Mais alors vraiment pas. Ca me donne encore et toujours envie de cramer le monde entier, comme si ça allait atténuer un peu sa douleur. « Pour une fois que c’est dans ce sens-là ! »
Je grimace alors que, l'espace d'une seconde, je repense à toutes les fois où elle a sorti la trousse de soins, parce que le vieux avait cogné trop fort. Et sa main qui ne tremblait même pas, son calme qui me permettait de reprendre une respiration normale, de m'apaiser alors que moi j'arrivais pas à m'arrêter de trembler. Je sais même pas comment j'aurais fait sans elle. J'essaie de lui sourire, sans grand succès, alors que je souffle, à mi-voix, d'un ton un peu bourru.
"Alors à choisir, je préfère encore quand c'est toi qui joue à l'infirmière hein. J'aime autant, ça fait… moins mal."
Je déteste tellement la voir cassée comme ça, me demander quand est-ce que ce sera la fissure de trop. Peut-être que ça va être maintenant en fait, parce que là, quand je la vois, blafarde, sous les néons de la pharmacie, je me dis que ça va pas le faire du tout. Que les choses vont salement déraper. Parce que la façon dont elle prononce mon nom ne me plait pas du tout, mais alors vraiment pas. Ca me tord le cœur, ça me prend aux tripes parce que là, les larmes recommencent déjà à couler.
"Et merde."
Oui, je sais, je pourrais être plus prolixe. Surtout que là, je vais pas du tout l'aider. Alors je secoue la tête, je sors mon portefeuille et je paie sans même y réfléchir, essayant de garder mon calme, surtout pour pas qu'elle panique. Je pose ma main sur la sienne, celle qui agrippe le comptoir et je détache ses doigts doucement, cherchant son regard, essayant de ne pas faire attention à ses larmes.
"T'es pas débile soeurette, je t'ai pratiquement kidnappée. Je vais te dire ce qu'on va faire. On va se trouver un banc à coté du bar, je vais te soigner tout ça et après, j'irais chercher ton sac. Et pour me remercier, tu me paieras une gaufre. D'accord ?"
Et je l'entraine hors de là, sans lui laisser vraiment le temps de trouver une excuse pour ne pas y retourner, pour me dire que c'est une mauvaise idée, parce que je vais surement m'énerver. Et puis, de toute façon, elle risque pas de rentrer dedans, c'est juste hors de question. Ca me prendra pas bien longtemps et, au pire y aura deux, trois trucs de cassés, rien de bien grave. Tant que c'est pas elle. Tant qu'on la touche pas. |
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petit poney ▹ posts envoyés : 2027 ▹ points : 56 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign) ▹ avatar : Taylor Lashae ▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Lun 1 Mai - 20:14 | |
| Ca lui fait mal de parler de Seven. Terriblement mal. Ca lui fait presque aussi mal que lorsqu’elle a du couper les ponts avec Junior, et l’impression que le monde autour d’elle s’effrite et qu’un jour il ne restera plus qu’elle. Seule. Eternelle rangaine qui commence à devenir lassante. Mais pour le moment elle a Serghei avec elle, Serghei envers et contre tout. Parfois elle a du mal à y croire Anca, à se dire qu’il est encore là, même après tous ce temps. Alors elle comptes les jours, fait des croix mentales jusqu’au moment où lui aussi cessera d’être là. On s'en fiche dans le fond à quoi je sers d'autre. Tant que je suis là pour ça Oui. Tant qu’il est là. Tant qu’il reste près d’elle, tant qu’il la protège du reste du monde, des patrons dégueulasses et des enfoirés qui gravitent autour d’elle. Parfois elle se dit qu’elle aurait aimé naitre comme lui, comme eux, garçon, même si ça signifie devoir supporter les coups de Lucian. Parce qu’être garçon c’est aussi rendre les coups, c’est serrer les poings et frapper jusqu’au sang ceux qui ont osé se dresser en travers de leur chemin. Mais Anca n’est que fille, à peine femme au cœur trop grand et aux poings trop faibles. Alors elle se raccroche à ses affirmations. Tant que je suis là pour ça. Et encore pleins d’autres trucs. Beaucoup trop. Ouais, un truc dans le genre Le sourire sur son visage, le sourire sur le sien parce que c’est contagieux, et la détresse qui s’espace lentement, comme chassée par les rayons de soleils qui pointent enfin. Il lui propose de l’aider à la soigner, et la tristesse dans leur voix, qui se cache derrière les mots. Parce que c’est pas comme ça que ça se fait d’habitude, que normalement c’est elle qui répare et eux qui souffrent. Egoïstement elle se dit qu’elle préfère cette situation, que la douleur elle connait que trop bien, malgré ce qu’on pourrait penser et que c’est pas quelques coupures à même la chaire qui vont la faire tourner de l’œil. Popescu un jour, Popescu toujours, et cette passion pour la souffrance qui leur colle à la peau depuis bientôt trop longtemps. Merci Papa. Elle regarde son frère, les cicatrices effacées qu’elle sait encore observer. Alors à choisir, je préfère encore quand c'est toi qui joue à l'infirmière hein. J'aime autant, ça fait… moins mal. Anca rigole, parce qu’ils sont terriblement synchro et qu’ils pensent exactement la même chose, que c’est mieux quand c’est soi-même qui souffre plutôt que l’autre, que c’est bien plus simple à gérer. « On a pas toujours le choix » malheureusement, et on n’obtient pas toujours ce que l’on veut. Ils devraient le savoir maintenant. Depuis tout ce temps.
Et voila, la chute trop rude, encore, et les mains qui s‘agrippent au comptoir pour pas chuter. Elle tremble Anca quand elle réalise que la tempête n’est pas passée, qu’elle a oublié ses affaires là-bas et qu’elle risque surement de devoir y retourner. Elle tremble à l’idée des rires qui l’attendent, des remarques désobligeantes. Pas encore. De nouveau y a plus de Serghei, y a plus de pharmacie, y a plus que la peur viscérale et les tremblements de son corps. Idiote. Même pas foutue de faire quelque chose convenablement ces derniers temps, parce que tout se barre dans tous les sens et qu’elle ne contrôle plus rien. Elle y avait cru pourtant, à la foutue rééducation que lui avait promis Jedediah. Pourtant là voilà, sept ans après et peut être encore plus bousillée. Ouais. Peut être. Qui sait. Soudain elle sent qu’on lui attrape la main doucement, la forçant à relâcher le comptoir. Au début elle résiste, un peu, pour finalement abandonner. C’est de nouveau Serghei qui envahit son champ de vision. Serghei qui l’entraine en dehors de la pharmacie comme il l’a sorti du bar. Serghei encore et toujours, et le cœur d’Anca qui se gonfle d’amour parce qu’elle se dit que sans lui y aurait plus rien de droit. T'es pas débile soeurette, je t'ai pratiquement kidnappée. Je vais te dire ce qu'on va faire. On va se trouver un banc à coté du bar, je vais te soigner tout ça et après, j'irais chercher ton sac. Et pour me remercier, tu me paieras une gaufre. D'accord ? Elle hoche doucement la tête en l’écoutant parler avant de s’accrocher à lui, les bras autour de son torse et la tête enfouie dans son t-shirt. Rien qu’un instant. Un tout petit peu, quand lui au moins ne la rejette pas. « Merci Serghei. Merci d’être là et arrête de dire que c’est normal, c’est ton rôle ou un truc comme ça. » Finalement elle s’écarte de lui, inspire un grand coup et chasse les larmes de ses yeux avant d’observer sa paume une nouvelle fois. La douleur la brûle légèrement mais c’est gérable, y a pire. Vraiment pire. Alors ils reprennent leur marche, sens inverse vers le bar avant de s’arrêter pas trop loin, pas trop près non plus, sur un banc. Anca s’y laisse tomber doucement avant de fouiller dans le sac de sa main valide pour sortir ce qu’il faut. « Tiens le coton et le désinfectant, et après tu passes la pommade, puis la gaze et l’agrafe » c’est méthodique, c’est instinctif, les cours qui lui reviennent en tête, comme au dernier examen qu’elle avait passé avant d’abandonner définitivement ; Pourtant elle avait géré, meilleure de sa classe, encore une fois. Puis y avait eu l’ouragan et tout avait changé. La jeune fille regarde son frère commencer à lui panser la main, grimaçant légèrement quand la solution antiseptique rencontre sa chaire à vif. « Ils étaient vraiment nul dans ce bar tu sais, ça aurait pas pu marcher. Avec leurs cocktails aux noms tous pourris…. Genre tu sais les trucs de riches en français » elle murmure doucement, parle un peu trop vite, peut-être pour pas penser au reste, à la peur, à la douleur. Elle fixe le large, l’océan qui se découpe au loin à l’horizon. « Peut être que je devrais penser à changer de domaine » retourner laver les toilettes à l’hôpital, parce qu’au moins là bas personne ne lui mettra une main aux fesses à cause de la jupe qu’elle porte. Qui sait.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Mer 3 Mai - 11:27 | |
| Je sais que ça suffit pas. Que ça suffira jamais. Que je pourrais pas les remplacer, compenser leur absence qui nous pèse à tous les deux. Que j’aurais beau essayer, ce vide, ce creux, juste là, en plein milieu de la poitrine, rien ne pourra jamais le combler. Autant pour elle que pour moi. Alors, des fois, je me demande pourquoi tenir bon. On devrait lâcher l’affaire nous aussi, après tout c’est pas ce qu’ils ont fait ? Et on dirait qu’ils s’en sortent mieux que nous au final. Et puis, je la regarde, je la vois trembler, vaciller, manquer de tomber sans savoir si elle pourra se relever. Alors je reste debout et je bouge pas, parce que ouais, elle a beau dire le contraire, je vois pas trop à quoi je sers d’autre. Déjà que là, c’est pas vraiment glorieux. Mais si je fais même pas ça, je risque de la voir s’effondrer pour de bon. Parce que là, juste ce petit sourire, cette petite flamme qui refuse encore de s’éteindre, c’est bien là, c’est pas dans ma tête. Même si ce sale petit con de Seven pourrait la souffler pour de bon.
Difficile de pas entendre sa tristesse qui fait écho à la mienne quand je propose de jouer à l’infirmière. Parce que c’est pas comme ça que ça marche. Les coups, je peux les prendre, je sais faire. La douleur physique, on s’y fait, c’est pas pire que le reste quand on sait comment gérer. Mais sentir mon estomac qui se tord en voyant son sang perler, ça, je maitrise pas du tout. « On a pas toujours le choix » J’ai un sourire triste à ses propos et je souffle, dans un murmure qui pourrait presque faire écho à son rire.
"Tu le crois toi si je te dis que, malgré tout, je suis encore assez con pour me dire qu’on pourrait l’avoir ce choix ?"
Ouais, je suis pourtant bien placé pour savoir que tout ça, c’est des conneries. Mais quand je la vois, je peux pas m’empêcher d’espérer que si, on pourrait. Avec un peu de bol. Ouais, un Popescu qui parle d’avoir de la chance, je sais, c’est encore plus débile que le reste. J’ai même pas le temps de réfléchir à tout ça qu’elle manque de tomber. Au sens propre comme au sens figuré. Je la récupère et je l’entraine loin d’ici, loin des néons qui lui donnent un air blafard de malade, qui me filent des frissons, un peu comme l’odeur lancinante des hôpitaux qu’on connait tous un peu trop bien. Et je me fige quand elle se réfugie contre moi, avant de passer mon bras autour d’elle et de la serrer brièvement. C’est rien, c’est juste quelques instants, juste pour qu’elle oublie pas qu’elle peut se raccrocher à moi. « Merci Serghei. Merci d’être là et arrête de dire que c’est normal, c’est ton rôle ou un truc comme ça. » Je fronce les sourcils et je secoue la tête alors qu’elle se détache, plissant des yeux, avec cette mine butée que je pouvais avoir étant gosse et qui faisait marrer le reste de la fratrie. Vous savez, du genre « attention Serghei a entendu un truc qui lui plait pas, il va aller taper dans un mur ».
"J’arrêterais de le dire quand t’arrêteras d’en douter. C’est mon rôle Anca. Si je suis pas là pour le faire, qui le sera ? Et surtout, je ferais quoi de mon temps libre hein ?"
Je m’assois à côté d’elle sur le banc, la suivant des yeux et hochant la tête quand elle parle. Ouais, si elle est habituée, c’est pas vraiment mon cas. Après tout, c’est elle qui soigne les bleus, les bosses, les coups à l’âme. D’aussi loin que je me souvienne. Lena me changeait les idées, Anca me guérissait. Et ça a pas trop mal marché non ? A dire vrai, j’en sais rien et je m’en fous. C’est pas comme si certaines blessures ne guérissaient jamais. Ça se saurait. J’essaie d’être aussi doux que possible, même si je peux pas m’empêcher de remarquer sa grimace et d’en faire une en retour, comme pour lui dire que je suis désolé. Parce que je le suis bien évidemment. Elle reprend la parole dans un murmure, comme pour chasser l’obscurité qui nous entoure et je peux pas m’empêcher de sourire avant de souffler, sur le même ton qu’elle.
"Un bar plein de mecs snobs qui savent même pas prononcer le nom de ces foutus cocktails, c’est ça ? Je parie qu’ils avaient du brie aussi. Ou un fromage tout aussi dégueulasse."
Et j’ajoute, avec précaution.
"Peut-être que tu devrais reprendre tes études."
Je toussote avant de me relever et de finir par lui lâcher la main. Un de ces nombreux sujets qu’on a esquivés, comme si de rien était. Comme si éviter de parler de ce qui cloche pouvait faire disparaitre les emmerdes. Il y a un tas de non-dits entre nous, comme le fait que moi aussi, j’ai même pas cherché à étudier, comme le fait que je passe mes soirées à faire des tucs pas très légaux, comme le fait que j’essaie de filer de la thune aux jumeaux avec plus ou moins de succès pour qu’ils arrivent à les faire leurs études et que je garde le reste de côté, pour quand l’un d’eux en aura besoin.
"Tu bouges pas, je reviens dans deux minutes. D’accord ?"
Et je lui laisse pas le temps de me répondre que, déjà, je suis parti en direction du bar. Bon, autant dire que ça se passe peut-être pas super bien. Que le gérant tire la gueule en me voyant et qu’il finit peut-être plaqué contre un mur parce qu’il me menace déjà de me foutre dehors. Peut-être qu’aussi je casse deux trois trucs en passant, genre des verres ou des bouteilles. Et que récupérer le sac de ma soeurette est un peu plus compliqué que prévu. Que le vigile prend peut-être quelques coups et moi aussi. Mais que bon, j’arrive quand même à me faufiler dans les vestiaires pour repartir avec ce que je veux. Peut-être que j’attrape une bouteille pour la lancer à la gueule du vigile et qu’heureusement que je le rate sinon, j’aurais probablement des problèmes. Et peut-être que je me retrouve assis à côté d’Anca, sur le banc, le souffle un peu court et la mâchoire un peu en vrac, grimaçant alors que je lui tends le sac.
"Alors, évite de mettre le nom du bar en référence pour ton prochain boulot. Je dis ça, je dis rien. Et je suis pas sûr qu’ils me laisseront goûter leurs cocktails un jour. Par contre, je suis à peu près sûr que c’était du brie. Donc, tes études et des gaufres, c’est ça le truc ?"
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petit poney ▹ posts envoyés : 2027 ▹ points : 56 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign) ▹ avatar : Taylor Lashae ▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Ven 19 Mai - 16:04 | |
| Tu le crois toi si je te dis que, malgré tout, je suis encore assez con pour me dire qu’on pourrait l’avoir ce choix ? Il a ce quelque chose Serghei, qui réussit à foutre sur le visage d’Anca un sourire en moins de quelques secondes. C’est rarement l’inverse avec lui, jamais des larmes et toujours des rires. Elle voudrait que tu le reste de la famille soit comme ça, le cœur gonflé d’amour à partager, les pieds ancrés dans la famille et non à fuir l’ombre qui s’étend autour d’eux depuis la naissance. Utopiste Serghei, sans doute même plus qu’elle, mais les gens se trompent souvent. Ils pensent qu’avec ses grands sourires Anca rêve de prince charmants, de jours dorés et de draps de soie. Non. C’est finit depuis longtemps tout ça, écrasé sous les semelles d’un gars qu’a tout pillé. Anca regarde son frère avant de soupirer « oui. Je le crois, y a bien que toi dans la famille pour penser comme ça. Puis Rez aussi. Vous êtes un peu pareille elle et toi » léger sourire à l’évocation de la petite dernière. Rez le soleil, Mihail la lune, les deux jumeaux qu’elle essaye de protéger du mieux qu’elle peut de la brutalité du monde, sans comprendre que c’est déjà trop tard. Que Rez y a son âme ravagée et Mihail son corps trop souvent couvert de coups. Merci Seven. J’arrêterais de le dire quand t’arrêteras d’en douter. C’est mon rôle Anca. Si je suis pas là pour le faire, qui le sera ? Et surtout, je ferais quoi de mon temps libre hein ? De nouveau il touche juste et de nouveau le cœur d’Anca se gonfle d’amour pour ce frère toujours présent, jamais absent. Elle se souvient des heures passées avec lui à l’hôpital quand elle refusait encore de parler, la persévérance qu’il avait mis à chaque refus, à chaque crise, à chaque moment où elle était à deux doigts de chuter de nouveau. Mais aujourd’hui elle se dit qu’elle commence à être égoïste, que Serghei faudrait qu’il vive aussi pour lui, qu’il ne fasse pas comme elle et qu’il s’enferme de trop dans cette bulle toxique. « Tu irais draguer des filles, fumer des cigarettes et devenir le roi du monde » qu’elle finit par répondre en rigolant, lui donnant un léger coup de coude dans les côtes. Oui. Que ferait-il de son temps libre hein ? Il vivrait pour lui, et ça serait bien. « Tant que tu me gardes une petite place, ce plan me plais plutôt bien pas toi ?»
Finalement ils s’installent sur un banc et Anca explique à son frère comment soigner la plaie : elle grimace quand il applique l’antiseptique, quand il serre le bandage, mais la douleur est supportable. Minimale. Oui. Cette douleur ce n’est rien face à celle de se retrouver entre la vie et la mort par deux fois à l’hopital. Alors elle serre les dent et ne gémit pas. Rien du tout. Elle est fière Anca. Terriblement fière. Au moins un des gènes qu’elle a hérité de son père. Un bar plein de mecs snobs qui savent même pas prononcer le nom de ces foutus cocktails, c’est ça ? Je parie qu’ils avaient du brie aussi. Ou un fromage tout aussi dégueulasse. « Hey le brie c’est bon ! » Anca réplique en rigolant, faisant les gros yeux à son frère. La vérité c’est que tous ces milieux huppés elle les connait, du temps où elle sortait avec Caleb. Le brie, la cuisine française et les conneries du genre, elle en garde un goût amer sur le palais, un goût de souvenir quand les choses allaient bien. Il lui manque parfois, Caleb. Malgré la douleur, malgré la tristesse. Elle y pense trop souvent ces derniers temps. Peut-être que tu devrais reprendre tes études. Et Serghei qui la ramène tout droit sur Terre. Anca se fige, le dévisageant. Les études hein ? C’est plus pour elle tout ça. Elle a essayé de persévérer, avec l’aide de Blake qui l’avait orientée vers les cours du soir. Mais même ça elle n’avait pas réussi à le terminer. Alors elle laisse la phrase mourir dans l’air et ne répond pas, se contentant de fixer son pansement et du rouge qui s’étend timidement quand elle serre le poing. Tu bouges pas, je reviens dans deux minutes. D’accord ? « Seghei att… » mais il est déjà parti et Anca se retrouve seule sur son banc, dans le noir. Y a son cœur qui accélère le battement et la peur qui frissonne doucement le long de son corps. Deux minutes c’est long. Même trois ou cinq, le temps que son frère revienne Anca a la tête dans les bras et les genoux repliés contre sa poitrine. Ce n’est que lorsqu’elle entend son frère parler qu’elle daigne relever le visage. Elle ne fait pas attention au sac qu’il lui tend et déjà qu’elle porte la main à la mâchoire abimée de son frère, la gorge serrée « Mais Serghei…Pourquoi tu… » Pourquoi tu te bas comme ça ? Pourquoi il a fallu que tu prenne des coups pour ses bêtises ? Pourquoi tu fais ça à chaque fois. Elle se sent coupable quand elle voit le corps de son frère en pâtir à cause d’elle. « C’était stupide » qu’elle souffle doucement avant de finir par récupérer son sac. Alors, évite de mettre le nom du bar en référence pour ton prochain boulot. Je dis ça, je dis rien. Et je suis pas sûr qu’ils me laisseront goûter leurs cocktails un jour. Par contre, je suis à peu près sûr que c’était du brie. Donc, tes études et des gaufres, c’est ça le truc ? « Non, des glaces plutôt, faut mettre quelque chose de froid sur ta mâchoire, allez vient » Encore une fois elle esquive le sujet et attrape la main de son frère pour la tirer derrière elle. Après quelques minutes de marche en silence, ils arrivent sur le bord de la plage, les lampadaires et les guirlandes lumineuses des restaurant faisant contraste avec le noir du ciel. Elle désigne de la tête une petite cahute avec quelques gens assis en terrasse et fait signe à Serghei de prendre place « Tu veux quoi comme parfum ? » Elle attend que son frère lui donne sa réponse puis se dirige au comptoir pour commander à tous les deux, ainsi qu’un sachet de glaçons. De retour avec le plateau, elle enlève son pull et l’utilise pour entourer les glaçons avant d’appliquer la poche de fortune sur le visage abimé de son frère. C’est rare qu’elle accepte de montrer ses bras en public, mais soigner son frère l’emporte sur sa pudeur, sur sa gêne, des cicatrices multiples qui barrent ses veines. « Tu vas avoir un bleu » Anca remarque, et le regard qui désapprouve fiché dans les pupilles de Serghei.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Ven 26 Mai - 20:09 | |
| Je n'y crois pas vraiment. Enfin j'y ai jamais vraiment cru en fait. Qu'on a le choix. Pas quand on nait dans une famille comme la notre, pas quand on est obligé de se battre bec et ongles ne serait-ce que pour ne pas se faire casser la gueule à la récré. Mais pour elle, je le fais. Juste pour voir ce sourire, aussi fugace et rare soit-il. Parce que c'est ma petite sœur et qu'à défaut de l'aider à s'en sortir, je peux au moins lui faire croire que c'est possible non ? Je sais, c'est un peu ridicule pour pas dire que c'est carrément pathétique mais si ça marche, dans le fond, on s'en fout non ? Vu qu'au final, c'est pas comme si on savait pas que les choses ne s'arrangent jamais vraiment. « Oui. Je le crois, y a bien que toi dans la famille pour penser comme ça. Puis Rez aussi. Vous êtes un peu pareille elle et toi » Et je la fixe, incapable de ne pas lui sourire, même si je secoue la tête. "Moi, comme Rez ? Cette gosse est un rayon de soleil, j'en suis loin moi. Mais tu sais, si t'essaies de t'en persuader, qu'on peut choisir, ça pourrait peut-être marcher. Sur un malentendu, tout ça." Je lui décoche un clin d'œil avant quand même de grimacer, mon regard se perdant un instant dans le vide. Ouais, l'auto-conviction a ses limites, surtout quand elle se heurte à l'obscurité qui nous entoure constamment et qui menace de nous dévorer à chaque pas qu'on fait de travers.
Mais si moi, je crois jamais qu'on va s'en sortir ou qu'on aura toujours une main tendue pour nous aider à nous relever, je refuse qu'elle le pense elle. Je me doute bien qu'elle a pris bien plus de coups que je le saurais jamais, qu'elle me dit pas tout. Après tout, je fais bien pareil de mon côté. Mais merde, si je peux pas au moins faire en sorte qu'elle croit un peu en nous deux, je suis vraiment bon à rien. « Tu irais draguer des filles, fumer des cigarettes et devenir le roi du monde. Tant que tu me gardes une petite place, ce plan me plais plutôt bien pas toi ? » J'ai un ricanement alors que je la fixe avec un sourire en coin. "Je drague, je fume et je suis déjà le roi du monde soeurette. Alors t'en fais pas pour moi, y a rien qui risque de changer de ce côté-là. Et t'auras toujours toute la place que tu veux. Tant que tu me demandes pas te redire ce genre de trucs qui me donnent l'impression que je vais vomir des paillettes tellement je fais dans la guimauve." Manquerait plus que je lui dise que je l'aime ou une connerie dans le genre. Je fonctionne pas comme ça et y a pas de raison que ça change. Et puis, j'ai largement de quoi m'occuper même en passant du temps avec la famille, c'est pas comme si j'allais tomber sur une fille qui me… qui me rien du tout en fait. Personne, jamais. C'est parfait comme ça. Aucun risque de pris comme ça.
J'ai du mal à la soigner. Parce que la voir souffrir, physiquement s'entend, j'aime pas. Enfin, c'est logique de pas aimer, je sais bien, mais c'est surtout que c'est passé d'inhabituel à beaucoup trop fréquent ces derniers temps. Elle a mal et ça se voit. Et je peux rien y faire, comme j'ai rien pu faire pour le reste. En plus, elle a jamais voulu dire d'où ça venait. Les bleus. Ces foutus bleus autour de son cou et son mutisme. Et c'est encore plus rageant que le reste. Parce que personne ne peut payer. Je lâche, par automatisme, la mine toujours concentrée sur ses mains. "Le brie c'est dégueulasse. Y a du lait dedans, t'as oublié ?" Ou alors j'ai oublié de lui dire que j'étais allergique, ce qui serait pas totalement improbable. Bref, tant pis, c'est pas important. Ce qui compte, c'est qu'elle occulte sans la moindre subtilité le fait que je lui parle de reprendre ses études. Je fronce les sourcils alors qu'elle me dévisage, le silence se faisant presque pesant l'espace d'un instant.
Et puis, je préfère aller récupérer son sac. Ca m'évite de me focaliser sur sa douleur, physique ou non, sur le fait que je sois infoutu de vraiment l'aider et qu'on finira par se noyer si on y prend pas garde. Et puis moi, qui me tendra la main si ça m'arrive ? A qui j'ai envie de demander de l'aide ? Personne en fait. Surtout pas Anca qui serait foutu de crever à vouloir me sortir de là. Alors je me contente de ruminer ma colère, ce qui va pas, sans rien dire à haute voix. Je me défoule un peu, pas assez à mon goût pour être parfaitement honnête mais je finis par me poser à côté d'elle, reprenant mon souffle tant bien que mal. « Mais Serghei…Pourquoi tu… C’était stupide » Je laisse filer un silence, grimaçant au contact de sa main avant de fixer le vide et de souffler, sans même savoir si elle m'écoute vraiment. "Pourquoi ? Parce que c'est le seul moyen que je connaisse de faire tomber ces foutus murs. Qui passent leur temps à se reconstruire tous seuls ces saloperies." Ouais, je sais, l'image est pas terrible mais c'est la seule qui me vient alors que je sens mon poing se fermer et s'ouvrir sans que j'arrive à m'en empêcher. Je grimace quand elle parle de glace et je soupire en me laissant entrainer, incapable de dire quoi que ce soit.
« Tu veux quoi comme parfum ? » Je grimace avant de commander n'importe quel sorbet avant de m'assoir sagement. Quand Anca fait cette tête, mieux vaut pas la contrarier. Elle a ce pli entre les sourcils et cette mine préoccupée, celle qu'elle a eu si souvent quand on était plus jeunes. Et que j'aurais aimé ne plus jamais lui voir arborer. Je fais en sorte qu'elle me voit pas quand je me prends des coups donc. Et ça marche plutôt bien en général. J'ai un mouvement de recul au contact de la glace et j'inspire à son regard désapprobateur. « Tu vas avoir un bleu » Comme si c'était jamais arrivé, comme si j'avais même fini par arrêter de faire gaffe à la longue. J'attrape sa main et je fixe ses poignets avant de hausser une épaule. "C'est pas bien grave si ? Ca passera. Ca passe toujours. Pas comme tout le reste." |
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petit poney ▹ posts envoyés : 2027 ▹ points : 56 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign) ▹ avatar : Taylor Lashae ▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Dim 4 Juin - 13:07 | |
| Moi, comme Rez ? Cette gosse est un rayon de soleil, j'en suis loin moi. Mais tu sais, si t'essaies de t'en persuader, qu'on peut choisir, ça pourrait peut-être marcher. Sur un malentendu, tout ça. Anca soupire doucement. Il ne voit pas Serghei. Non. Il ne voit pas qu’il est lui aussi un rayon de soleil pour qui veut bien le voir. Pour qui veut bien y croire. Elle a envie de lui montrer comment elle le voit, rien qu’une fois, pour qu’il se rende compte qu’il est plus que de des muscles et un mec qui fait la gueule. Qu’il est bien plus que ça. Sans lui ça fait longtemps qu’elle serait paumée dans le noir, alors elle se raccroche du mieux qu’elle peut à sa lumière, à son sourire trop rare, à la chaleur qui émane de ses mains, de ses doigts. Je drague, je fume et je suis déjà le roi du monde soeurette. Alors t'en fais pas pour moi, y a rien qui risque de changer de ce côté-là. Et t'auras toujours toute la place que tu veux. Tant que tu me demandes pas te redire ce genre de trucs qui me donnent l'impression que je vais vomir des paillettes tellement je fais dans la guimauve « C’est pas mauvais de vomir des paillettes de temps en temps » qu’elle répond en rigolant. Parce que Serghei a toujours cet effet-là, le mec qui s’en bat les couilles mais qui au fond sera toujours présent. « Enfin tu vois ce que je veux dire Serghei, fais pas semblant que t’as déjà tout parce que c’est faux » parce qu’ils ont les poches vides et les cœurs qui fuient. Parce qu’ils ont froid trop souvent la nuit et que même s’ils essayent de sourire continuellement, de bouffer la vie, d’avancer coûte que coûte, y a la misère qui attend sur le pas de la porte, qui toque sans relâche pour qu’on la laisse entrer. Elle la connait bien la misère Anca. Une de ses amies les plus proches avec la dépression et la solitude. C’est pathétique. Elle secoue la tête pour chasser la mélancolie qui revient toujours au grand galop, se concentrant sur son frère qui commence à la soigner. Ca lui fait drôle d’être de l’autre côté, d’être celle qui serre les dents parce que le désinfectant pique. Elle a pas l’habitude qu’on la répare Anca, trop habituée à se recoudre elle-même dans la salle de bain quand tout le monde à les yeux fermés. C’est sa spécialité : souffrir en silence parce qu’elle veut pas déranger. Mais rien qu’une fois elle se laisse faire, elle se laisse porter par Serghei qui fait de son mieux, et ça l’apaise étrangement. Le brie c'est dégueulasse. Y a du lait dedans, t'as oublié ? elle le dévisage, le provoquant du regard, sourire en coin. « C’est pas parce que tu peux pas en manger que c’est forcément dégueulasse, soit pas amer Serghei, la jalousie ça te va pas » elle lui tire la langue en rigolant avant de reprendre «non vraiment c’est pas mauvais tu sais. Juste très pompeux. » et comme tout ce qui est pompeux, ça finit par écœurer quand on en a trop.
Finalement Serghei la laisse seule sur le banc pour aller récupérer son sac et revient la gueule amochée. Comme toujours. Et ça fait mal. Encore plus mal que le verre qui a lacéré ses paumes. Encore plus mal que les souvenirs des coups de Jemmy. Ca fait mal de savoir qu’il a souffert à sa place, pour elle, rien que pour elle. Et ça la bouffe Anca, comme lorsque Mihail avait décidé de se venger de ceux qui s’étaient moqué d’elle au lycée. Elle supporte pas ça, de les voir saigner pour elle. De les voir saigner tout court tout simplement. Pourquoi ? Parce que c'est le seul moyen que je connaisse de faire tomber ces foutus murs. Qui passent leur temps à se reconstruire tous seuls ces saloperies. Le pire c’est qu’il a raison Serghei. Trop souvent y a que la violence qui résout les problèmes. Un coup de poing dans la tronche et on en parle plus pas vrai ? Mais quand elle voit ça elle a juste envie de chialer, de tout envoyer bouler, d’hurler de frustration et de rage. « Même. C’est pas une raison putain. Y a toujours d’autres moyen de les faire passer ces murs. » pourtant elle-même n’est pas convaincue de sa propre phrase. C’est ridicule. « Merci » qu’elle finit quand même par murmurer. Parce qu’elle a son sac et que le bar n’est plus qu’un horrible souvenir qu’elle pourra stocker avec les autres, dans son coffre spécial. Et sans attendre Anca entraine Serghei dans la nuit vers le glacier, l’installant à une table elle commande son sorbet pour lui et une boule vanille et fraises pour elle ainsi que le sachet de glaçons avant de s’installer en face de son frère. Elle est fatiguée Anca. Terriblement fatiguer de tout, de cette vie à nager à la surface pour pas se faire entrainer. Doucement elle applique la glace sur les blessures de Serghei pour faire diminuer le bleu qui se formera dans quelques instants. Serghei lui attrape la main et elle lève la tête pour le dévisager. Il ne ressemble pas à Lucian. Du moins, pas complêtement, pas comme Seven ou Valerian. Y a plus de douceur en lui, quelque part, bien caché pour qui veut le voir. Elle s’y rattache du mieux qu’elle peux. C'est pas bien grave si ? Ca passera. Ca passe toujours. Pas comme tout le reste. « Dis pas ça s’il te plait » qu’elle murmure tout bas, reposant le sachet de glaçon sur la table. « Une fois qu’on commence à dire ça c’est fini, on accepte tout sans rechigner en se disant que ça va passer » un peu comme elle, piégée dans la toile des c’est pas si grave, ça va aller . « Et c’est pas normal tu trouve pas ? » Non. Pas normal du tout. Elle recommence à appliquer la glace en silence encore quelques instants avant de poser définitivement la poche de glaçons pour se concentrer sur sa coupelle où la glace commence à fondre doucement. La main gauche toujours accrochée à celle de Serghei elle commence à manger, incapable de soutenir un peu plus longtemps le regard de son frère. « L’image qu’on doit renvoyer actuellement doit être assez comique tu ne trouve pas ? »
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Mar 6 Juin - 14:29 | |
| Des fois, je demande comment ça doit être la vie d’une famille normale. Vous voyez ? Les trucs plein de clichés qu’on voit dans les séries merdiques de début de soirée. Je me demande à quoi on aurait pu tous ressembler si on était tombés ailleurs, si cette vieille pute de karma avait pas décidé de faire de nous cette mauvaise graine qui s’empêche pas de pousser, même si on essaie constamment de nous arracher, de nous faire disparaitre. Est-ce qu’on aurait fait autant de conneries ? Est-ce qu’on marcherait un peu plus droit ? Est-ce qu’on nous regarderait encore de travers quand on a le malheur de lever la tête et de marcher fièrement dans la rue ? Est-ce que je serais là, à vouloir jeter ma colère sur le monde entier sans bien arriver à savoir comment ou, pire encore, pourquoi ? Probablement pas.
Et puis je me dis que si tout ça était arrivé, j’aurais probablement jamais connu Anca. Ce petit bout de femme si forte et si fragile, qui va bientôt trébucher pour de bon. Et qui pourrait lui tenir la main si je suis pas là hein ? Déjà que je sers pas à grand-chose, me faut au moins ça pour pas me dire que je passe à côté de tout ce qui compte. Mais elle aurait pu être tellement heureuse dans une autre vie. Si elle avait pas le sang des Popescu, si elle avait pas nos noms à tous tellement gravés en elle qu’elle souffre pour nous tous réunis quand elle s’y met. Et autant dire que ça fait un paquet de saloperies à digérer. Je me dis que là, au moins, j’ai le sentiment de la retenir, au moins un peu. De la tenir à bout de bras et de me dire que je dois surtout pas la lâcher. Mais je fais comme si de rien était, comme d’habitude quoi. « C’est pas mauvais de vomir des paillettes de temps en temps Enfin tu vois ce que je veux dire Serghei, fais pas semblant que t’as déjà tout parce que c’est faux » J’arque un sourcil à ses propos et je hausse les épaules, faisant mine que rien de tout ça n’est un problème. "Je te laisse les paillettes alors. Et je fais pas semblant… c’est juste que pourquoi je vais soupirer sur les trucs que j’ai pas et que je risque jamais d’avoir ? On sait très bien toi et moi qu’on sera ni riches, ni célèbres, ni je sais pas quelle connerie que tu peux avoir dans la tête." Genre ni heureux ? Pourquoi on aurait pas le droit ? Non mais, c’est vrai quoi, surtout elle. Moi, je m’en branle complètement, je fais ma vie, j’emmerde personne, je crois en tout cas. J’ai pas besoin de plus. Non, vraiment. Mais elle mériterait tellement qu’on la sorte de là. De voir un vrai sourire sur ses lèvres, sans cette putain de tristesse qui est toujours là, au fond de ses yeux. C’est peut-être nous le problème. Surement même. Elle devrait peut-être faire comme Valerian et partir loin sans se retourner, nous oublier pour oublier qui elle a pu être avant. Enfin, ça marche ptet pas comme ça vu qu’il est revenu. On n’oublie jamais qui on est dans cette foutue famille ? C’est ça l’idée ? Quelle merde. Et puisqu’on peut jamais oublier, rien du tout, je la répare comme je peux, grimaçant à l’odeur bien trop familière de l’antiseptique. Mais je vais pas me plaindre, c’est juste des coupures, rien de bien méchant cette fois.
« C’est pas parce que tu peux pas en manger que c’est forcément dégueulasse, soit pas amer Serghei, la jalousie ça te va pas …non vraiment c’est pas mauvais tu sais. Juste très pompeux. » Je laisse filer un rire et je lui jette un regard en coin, reposant doucement ses mains sur ses cuisses. "Pompeux ? Je pensais même pas entendre ce mot-là dans ta bouche un jour tiens. Et moi, jaloux ?" Je souffle sur une mèche de cheveux qui vient m’emmerder et j’ai un clin d’œil, sans même lui répondre. J’ai mieux à faire de toute façon, d’autant que ouais, la jalousie c’est pas trop mon délire. En tout cas, je crois. J’ai déjà assez de défauts comme ça de toute façon. Du genre la violence ou la colère. Ca je connais, je maitrise pas mal. Même si je m’en sors bon pour un joli bleu. Mais cette souffrance-là est presque rassurante, bien plus que de voir le regard un peu perdu d’Anca sur son banc. J’ai un profond soupir et je hausse une épaule, mon regard se perdant un instant dans le vide, cherchant une réponse miracle, un truc intelligent, le truc qui nous sortirait de tout ça sans trop de casse. « Même. C’est pas une raison putain. Y a toujours d’autres moyens de les faire passer ces murs. Merci » Bien sûr que si c’est une raison. "Si t’as un autre plan, je suis tout ouïe. En attendant, tant que je pourrais casser les murs pour pas qu’on finisse totalement étouffés, je le ferais. Et tu deviens presque aussi malpolie que moi tu sais ?" J’ai pris une mine butée, je le sais bien, mais je réponds quand même, dans un murmure. "De rien soeurette." Avant de me laisser entrainer avec elle. Pour oublier, même cinq minutes, que ça finira toujours de la même façon. Elle aura mal, d’une façon ou d’une autre, j’irais taper un mur quelconque, au sens propre ou au sens figuré. Et demain, ça recommencera. En attendant, elle s’applique à me soigner, comme toujours et je laisse filer un silence, incapable, une fois de plus, de trouver les bons mots. Je suis pas vraiment doué pour ça de toute façon, c’est pas moi l’intello de la famille. Heureusement d’ailleurs. Et je me fige, mon regard accrochant le sien. « Dis pas ça s’il te plait. Une fois qu’on commence à dire ça c’est fini, on accepte tout sans rechigner en se disant que ça va passer. Et c’est pas normal tu trouves pas ? » J’essaie de sourire, même si ouais, c’est pas franchement convaincant et que j’ai la moitié de la gueule anesthésiée par la glace. Ouais, demain, je vais douiller. "Pourtant, ça finit toujours pas passer non ? Et je préfère me dire ça que de me laisser entrainer tout au fond. Au moins là, je me dis que quand ce sera passé, on pourra penser à autre chose." Même si ouais, ça revient inlassablement. "Tu voudrais que je fasse quoi de plus hein ?"
Et je serre ses doigts entre les miens, comme si ça pouvait nous sauver là, comme ça, pshit. Comme si tout allait s’arranger pour elle et que demain, son sourire gagnerait vraiment ses yeux, sans qu’il y ait un « mais », sans que j’ai à chercher pour que ça arrive.« L’image qu’on doit renvoyer actuellement doit être assez comique tu ne trouves pas ? » J’ai un rire silencieux avant de rétorquer, avec une pointe de malice. "Oh, je me dis que la plupart des gens qui nous croisent doivent penser que tu m’en as collé une et qu’ils ont partir dans des théories fumantes. J’ai reluqué une autre fille ? Je t’ai trompée ? J’ai dit que ta jupe te faisait des grosses fesses ? Et que je t’offre une glace pour me faire pardonner. Mais que je suis puni, j’ai même pas droit à une vraie crème glacée." Ou qu’on est juste deux paumés sur un banc au milieu de la nuit. C’est pas mal aussi. |
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petit poney ▹ posts envoyés : 2027 ▹ points : 56 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign) ▹ avatar : Taylor Lashae ▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) Dim 25 Juin - 13:19 | |
| Je te laisse les paillettes alors. Et je fais pas semblant… c’est juste que pourquoi je vais soupirer sur les trucs que j’ai pas et que je risque jamais d’avoir ? On sait très bien toi et moi qu’on sera ni riches, ni célèbres, ni je sais pas quelle connerie que tu peux avoir dans la tête Il a les mots amers Serghei, remplis de réalité et de désillusion. Pourtant c’est là où il se trompe. Des conneries elle en a pas en tête. Elle sait parfaitement qu’ils ne seront jamais riches, jamais célèbres. Y a bien longtemps qu’elle a arrêté de se gaver d’utopies et de rêveries pleines de rose et d’or. Ouais. Depuis le jour où Brandon l’avait laissée, regard méprisant dans le couloir et personne pour lui expliquer. C’était ce jour là où elle avait balayé tous l’espoir de s’en sortir et qu’elle l’avait foutu à la poubelle, avant de plonger. Encore. Encore. Plonger jusqu’à ne plus jamais crever la surface pour respirer. Alors elle ne répond rien Anca, se contente de sourire comme toujours, ce sourire trop doux qu’elle ne réserve qu’à ceux qu’elle de trop. Ils continuent de discuter, de fromage et autres conneries. Le brie. Le foutu brie. Et Serghei qui vient la taquiner sur les mots qu’elle utilise : Pompeux ? Je pensais même pas entendre ce mot-là dans ta bouche un jour tiens. Et moi, jaloux ? elle hausse les épaules en rigolant avant de répondre « Eh oui tu sais, y a au moins un de nous deux qui a eu une éducation et qui a retenu ses leçons » tu parles. Les Popescu célèbres pour leurs échecs scolaires, Anca et la bourse qui lui file entre les doigts. Pourtant elle en aurait rêvée, ces études à l’université, Columbia ou Harvard, les grands noms qui s’étalent sur toutes les brochures lors des salons étudiants. Rêve qu’elle regrette parfois aujourd’hui, quand son seul espoir c’est de trouver un taff qui lui permet de gagner assez d’argent pour aider Mihail et Rez, pour donner quelques billets à Seven ou tout simplement pouvoir payer la prochaine sortie au ciné avec Jemmy. Y a plus beaucoup d’attente maintenant, plus vraiment.
Finalement il revient, le visage amoché et le cœur d’Anca qui se brise un peu plus comme à chaque fois qu’elle les voit revenir dans cet état. Le pire c’est sans doute Seven, et les ecchymoses qui couvrent son corps constamment, les bleus sur son visage et ses lèvres craquelées. Mais Serghei c’est tout aussi douloureux. Parfois elle voudrait devenir une éponge, absorber toute leur souffrance, parce qu’au fond elle est bonne à encaisser, alors que certains, se laissent totalement submerger. Si t’as un autre plan, je suis tout ouïe. En attendant, tant que je pourrais casser les murs pour pas qu’on finisse totalement étouffés, je le ferais. Et tu deviens presque aussi malpolie que moi tu sais ? Elle a les mots qui restent coincés dans la gorge quand Serghei parle, elle a les mots qui refusent de sortir et elle voudrait juste tout effacer. Elle n’aime pas quand il parle comme ça, quand il est trop vrai, quand il touche trop juste. Timidement elle le remercie pour couper court à la conversation, parce qu’elle ne veut pas s’aventurer sur ce chemin-là. De rien soeurette. Et le sourire qui revient lentement sur son visage fatigué. Elle commence à le soigner à son tour, les deux bras cassés de la famille, s’en est presque comique. Et de nouveau ils s’affrontent sur leur façon de voir le monde, de voir la vie. Elle n’est aps d’accord Anca et lui non plus. Pourtant, ça finit toujours pas passer non ? Et je préfère me dire ça que de me laisser entrainer tout au fond. Au moins là, je me dis que quand ce sera passé, on pourra penser à autre chose. Elle secoue la tête doucement, serrant les lèvres. Non. Parfois on en revient pas, parfois on se laisse entrainer par la vague même si on essaye de résister, de rester comme avant, de pas bouger. Parfois on a pas le choix. "Tu voudrais que je fasse quoi de plus hein ? Elle a les doigts qui viennent se poser sur la main de Serghei, caresse timide elle baisse les yeux pour regarder leurs deux peaux qui se touchent. « Tu pourrais résister. Tu pourrais gueuler. T’as ça dans le sang Serghei. Bien plus que nous autres. » Bien plus que Seven ou elle, bien plus que Iulia, que Rez, qu’Elena. Bien plus que tous les autres et pourtant il reste là, immobile, à attendre sagement que la vie avance. Mais déjà Anca efface les mots, le sérieux pour rigoler. Et Serghei joue le jeu, éternel blagueur, on a du mal à l’imaginer comme ça, pourtant elle le sait. Elle le connait si bien. Oh, je me dis que la plupart des gens qui nous croisent doivent penser que tu m’en as collé une et qu’ils ont partir dans des théories fumantes. J’ai reluqué une autre fille ? Je t’ai trompée ? J’ai dit que ta jupe te faisait des grosses fesses ? Et que je t’offre une glace pour me faire pardonner. Mais que je suis puni, j’ai même pas droit à une vraie crème glacée. « HEY Ma jupe me fait pas des grosses fesses ! » Elle prend un air outré, lui donne une tape sur la main avant de rigoler un peu plus fort. « Ou alors tu t’es battu pour sauver mon honneur et tu as le droit à un rendez vous galant en remerciement. Mais pas de crème glacée parce que c’est mauvais pour les abdos » clin d’œil elle donne une petite tape sur le ventre de son frère avant de reprendre la dégustation de sa glace. « Ils devineront jamais de toute façon. On est trop loin pour eux, trop différents » Anca sourit doucement. Oui. Bien trop différent. Qui pourrait comprendre les Popescu si ce n’est un Popescu. Une fois la glace terminée Anca empile les coupelles et va ranger le plateau avant de faire signe à Serghei de se lever. « Je peux dormir chez toi ce soir ? J’ai pas envie de tomber sur papa dans cet état » et fort probable que Lucian soit encore debout à cet heure, les pieds sur la table basse, la bière à la main, et la télé allumée. Et ça Anca n’a pas envie de l’affronter. Alors elle glisse son bras sous celui de Serghei et le suit, histoire de se sentir encore quelques temps protégée.
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| Sujet: Re: drapeau blanc (seranca) | |
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