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MessageSujet: all night. +nadja   all night. +nadja EmptyMar 30 Mai - 22:30

Putain de mauvaise journée. Tu venais de rentrer chez toi. Tu sais, dans cet appartement ridiculement petit. Pas ultra propre non plus. C’était le cadet de tes soucis. T’avais pas trop eu une seconde à toi ces derniers temps. Puis aujourd’hui, ça avait été que des emmerdes. Une journée pas facile. Un petit con qu’avait cru pouvoir te dépouiller. Te piquer ta came. Il voulait pas la payer. Il avait dit que t’étais trop cher. Alors gentiment. Avec douceur. Celle qui te caractérisait. Tu lui as expliqué le prix. Et puis tu t’es niqué la main. Il réessayera pas d’aussitôt. Pas avec toi en tout cas. Petit merdeux. T’avais besoin de te détendre. Prendre l’air. Laissez les problèmes derrière. Parce que ça commençait un peu à te bouffer. A toujours être sur les nerfs. Juste te poser cinq minutes. Alors tu t’affales sur ce qui ressemble à un canapé. Un truc sur lequel traîne de vieux vêtements. Ceux que tu dois laver. Et puis tu vides tes poches. Tu déposes la coke sur la petite table. Ton flingue, que tu retires de ta ceinture, juste à côté. Et puis tu passes les mains dans tes cheveux. Tu te tiens la tête. Putain, tu daubes. T’as quelques taches de sang sur le tissu qui recouvre tes tatouages. Le petit merdeux. Il s’en était pris plein la gueule. T’y pense encore. T’essayes de te contrôler. Les laisser suffisamment vivant. Pour pas refaire la même connerie. Pour pas replonger. Ce serait trop con. Tu te relèves. Direction la douche. T’enlèves tout et te faufiles sous l’eau brûlante. Qui te pique la chair. L’ecchymose sur la main. Tu fermes les yeux. T’aurais pu l’éviter. Mais tu préfères arrêter d’y penser. Tu sens l’eau ruisseler sur ta peau. Retirer ta nervosité. Comme si elle venait te purifier. De l’extérieur uniquement. Tu restes un moment-là. A penser à après. T’as pas envie de rester ici. Dans ce taudis. Aller t’exalter. Ouais. C’est de ça que t’as besoin. Alors après vingt minutes sous l’eau brûlante, tu finis par sortir. Te sécher puis enfiler des vêtements propres. Rien de très classe. Des affaires basiques, passe partout. Tu balances tes cheveux d’un côté. Et puis tu retournes récupérer ton flingue. Tu sors jamais sans. Tu le traînes partout celui-là. Le seul qu’à le droit de te suivre. Question de sécurité. Ta marque de fabrique.

Quand tu rentres dans le club. Y a le grand chien fou qui t’observes. Ton homologue. Lui aussi, là pour casser des nez. Pour faire respecter la politique de la maison. T’allonges ou tu te casses.  Et puis t’avances dans la salle. Tu zieutes autour de toi ce qui se passe. Sans trop vraiment t’attarder sur le genre de business qu’il peut s’y tramer. De toute façon, c’est partout pareil. Tous les bars sont pourris. Y a du trafic de partout. Toi, tu viens juste pour elle. Nadja. La jolie Nadja. T’es habitué à elle. T’en veux pas d’autre. Parce que vous avez ce semblant de relation. Un truc malsain. Ta pute. T’aimes pas forcément que d’autres mecs baisent avec celle que tu te tapes. Tu défends ton territoire. Comme un chien qui pisserait sur l’arbre ou l’alpha qui prendrait la meilleure part du festin. Et puis parce qu’elle t’obéit. Parce qu’elle te pose jamais de questions. Ça t’arrange plutôt bien, faut le dire. Qu’est-ce que t’irais raconter. Tout ça juste pour un bon billet. Ça arrive que tu lui donnes un extra. Pas toujours. Mais c’est déjà pas mal. Alors, au beau milieu de la salle, tu la cherches du regard. Mais tu ne la vois pas. Tu esquives quelques propositions. Puis tu finis par aller t’asseoir dans un coin tranquille. Ou personne ne viendrait te faire chier. Avec un verre de scotch pris en passant. T’attends un peu mais toujours rien. Hormis bien sûr les deux chiennes qui repassent vers toi. Tu leur abois que t’es pas intéressé. Que tu la cherche elle. Elles s’obstinent mais finissent par te répondre. Elle est déjà occupée. Fais chier. Alors tu te lèves et te  traines jusqu’au carré vip. Le verre à la main. Tu la trouve là. Avec un client. Un vieux dégueulasse. Que tu vas t’empresser de faire fuir. Et elle, toujours aussi sexy dans sa tenue légère. T’avances, avec les yeux rivés sur le gars. Elle tourne la tête et tu devines son regard sur toi. Mais. « Vas-y dégages. » que tu lui lances à la gueule. En faisant un grand geste pour lui montrer la sortie. Renversant au passage ton verre sur lui. « Ouais ouais, allez, va-t’en trouver une autre. C'est pas ce qui manque ici. » Le regard méprisant et l’agressivité dans ta voix. Ça fait froid dans le dos. Il finit par dégager, bougonnant des trucs dans ton dos. Te chauffe pas trop. T’aimerais pas qu’on te foute à la porte. Et avant même qu’elle est le temps de répliquer quoi que ce soit. « Ça va, je te payerais double si tu veux. » Tu souffles et t’assois. Puis tu poses ton verre. Vide. Avec l’ecchymose sur ta main toujours visible.
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MessageSujet: Re: all night. +nadja   all night. +nadja EmptyMer 31 Mai - 5:40

rush hour à l’inferno. nadja, elle est bien loin, comme d’habitude. jamais vraiment dans la grande salle, toujours planquée au carré vip. ça l’arrange, elle s’évite les mains les plus pâteuses, les gueules les plus affreuses. nadja, elle récupère les gros bonnets et les gros billets. ça vient pas toujours gratuitement, nadja, elle a toujours trouvé que ceux qui alignaient les billets étaient les pires de tous. à cacher leurs désirs misérables sous une montagne d’argent. nadja, elle finit toujours pas découvrir leur vrai visage, jamais le plus beau. lui, son client du soir, elle est presque sûre qu’elle ne l’appréciera pas plus pour les autres. il n’a rien pour se démarquer du lot, pourtant. c’est juste un instinct qu’elle a, mais elle le charme quand même, l’accent tchèque sussuré à l’oreille, le rire cristallin ponctuant chaque phrase. et il la touche. ça l’écoeure, nadja. mais elle dit rien. elle se contente de sourire, c’est ce qu’elle fait toujours. ce qu’elle arrête de faire brutalement, quand le client est poussé ailleurs, dirigé vers une autre des filles. y a la carrure imposante de waël qui se dessine aisément derrière l’homme, la voix grave qui ne laisse pas de place à la négociation. et le verre, intentionnellement renversé sur lui, sous les yeux horrifiés de nadja qui ne fait rien d’autre que de voir l’homme s’éloigner. waël. il n’y a plus qu’eux maintenant. waël qui récupère son bien, ce qu’il pense être sa propriété, et nadja pas prête de le laisser s’en tirer comme ça. c’était quoi ça ? y a pas de sourire sur le visage de nadja. pas de douceur. y a que le regard dur mais jamais trop non plus posé sur lui, en attente de réponses, et les connotations de l’est qui résonnent avec un peu moins de mélodie, ce soir. le dos bien droit, et le regard qui va tout aussi loin, parce que nadja, elle cèdera pas. pas tout de suite en tout cas. nadja, elle veut pouvoir se dire qu’elle a encore son libre arbitre, mais elle sait bien qu’il est parti depuis longtemps. on le lui a enlevé, comme tout le reste, quand elle a fait ses premiers pas ici, quand on lui a vendu l’amérique comme un rêve à portée de main, une vie meilleurs pour quelques poignées de dollars. conneries. il allait payer. moue renfrognée alors qu’elle se tourne vers le bar, sans plus un regard. elle est blessée nadja. elle veut qu’il le sache. elle veut qu’il sache qu’il a pas le droit de faire ça. d’intervenir auprès de ses clients, juste parce que monsieur n’a pas sa place régulière. elle veut qu’il sache qu’elle sera pas clémente, nadja, qu’elle se contentera pas de tout laisser passer pour éviter les représailles. nadja, elle aurait eu la nuit presque tranquille, avec lui. beaucoup plus qu’avec n’importe qui d’autre, en tout cas. mais non, même ça, il faut qu’on le lui arrache, rien que pour le désir de se l’approprier une fois de plus. comme si les autres fois n’avaient pas suffi, qu’il y avait quelque chose à prouver, encore et encore. mais waël, y a rien de tranquille chez lui. rien de calme, rien de même un tant soit peu gentil. waël, y a que la colère, tout le temps, que l’impatience, que ce désir d’enfant gâté de la prendre tout de suite, quand il veut et où il veut. sans attendre. sans se soucier qu’on la passe de mains en mains, et qu’elle ne fait que ça. qu’elle n’est bonne qu’à ça. que ce soir c’est trop, comme tous les autres soirs d’ailleurs, mais que ce soir, c’est particulièrement insupportable parce qu’il ne la regarde pas. il ne la considère pas. il ne la respecte même pas. je ne veux pas que tu me payes le double. nadja, elle veut même pas qu’on lui paye le prix simple. elle veut pas qu’on la paye du tout, et elle se vexe un peu plus de cette remarque, parce que ça n’en revient qu’à ça finalement. il paye. les autres payent. et par ce biais, il a le droit de la traiter comme il le souhaiter. avec méchanceté. dédain. ou bien juste avec indifférence. si elle pouvait, elle lui balancerait le contenu de son verre au visage avant de s’en aller sans plus de regard. mais elle peut pas. s’il y a bien quelque chose qui la maintient sur cette chaise, c’est la pression qu’on lui incombe. et les bénéfices, seul mot à la bouche des bourreaux, sans quoi elle ne survivrait pas une nuit de plus. les poules pondeuses rapportent ou bien s’en vont. et les poules pondeuses s’en vont jamais comme elles le veulent, toujours au beau milieu de la nuit, arrachées à leur lit, avant que leur nom ne devienne banni sur toutes les bouches et dans tous les esprits. peut-être qu’elle devrait dire oui, nadja. sûrement. elle devrait, oui, dire oui à la double paye. mais elle peut pas s’y résoudre. c’est plus fort qu’elle, elle peut pas se laisser piétiner plus que ça. y a dans sa tête l’idée étrange qu’elle est encore quelqu’un, qu’elle veut pas disparaître complètement. c’est si drôle. tout le monde en rirait ici, de cette idée. tout le monde sauf elle. alors elle laisse couler, nadja. comme d’habitude. y a le goût d’amertume sur sa langue, l’injustice qui fait rage, au creux de sa poitrine. elle se contente de tourner de nouveau la tête vers waël, les yeux se posant sur la blessure. perdant la colère, comme d’habitude. tu t’es battu ? y a pas grand chose à faire dans ces cas-là, à part changer de sujet. prétendre que rien n’est arrivé. ne pas éveiller le lion, sous peine de représailles. elle sait qu’elle finira avec lui quand même, qu’il s’en ira pas, peu importe ce qu’elle dit. mais si elle peut éviter la soirée d’être mouvementée, nadja ne va pas s’en priver. traité de paix pour éviter la guerre. ah, nadja, si seulement tu pouvais lui dire.
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MessageSujet: Re: all night. +nadja   all night. +nadja EmptyJeu 1 Juin - 0:34

T’es un connard. Mais tout le monde le sait. C’est écrit sur ton front. En lettre majuscule, même. Puis t’as toujours cet air sur le visage. Celui du gars pas content de ce qu’il voit. Celui du gars qu’aime tout contrôler. Jamais rien de travers sinon ça t’énerves. Forcément que ça te bouffe de voir des gars rodés autour d’elle. Parce qu’elle t’appartient. Tu lui dictes ce qu’elle doit faire. Et elle t’obéit. C’est comme ça que ça marche. Pas autrement. En l’occurrence, elle a pas le droit de te demander ce que tu fous de tes journées. Ou ce que tu fous les soirs où t’es pas déjà avec elle. C’est primordial. Que personne ne sache rien de ta vie. Que personne ne puisse te localiser précisément. Parce que les coups foireux tu connais. Et t’aimes pas ça. Quand tu t’assois, tu peux pas t’empêcher de l’ignorer l’espace de deux minutes. Juste de la laisser là. Sans trop rien dire de plus. La laisser dans l’incompréhension. Avec sa question qui reste en suspens. Pourquoi tu fais ça. Parce que tu la veux, bien sûr. Parce qu’elle est à toi. Que personne d’autre n’a le droit. Même si t’es pas con et que tu sais qu’elle fait que ça de ses journées. Mais un de moins c’est toujours ça. C’est toujours un de moins à lui passer dessus. Mais toi tu ne fais plus que passer. T’y reviens. Encore. Et encore. Un peu comme un comprimé d’ecstasy qui te monterai au cerveau. Y a l’envie de toujours y revenir. Pour avoir les mêmes sensations. Ou au moins quelque chose de semblable. Sans toutes les emmerdes qu’une gonzesse pourrait t’apporter. Alors finalement, tu penches la tête sur le côté. Puis tu souffles. « Je passe pas après les blaireaux. » Puis y a tes yeux qui dévient sur elle. Tu t’attardes sur sa poitrine. Joliment découverte. Jamais déçu de ces deux-là. Et t’as ce sourire difforme qui t’étire les lèvres. Ou bien tu l’imagines. Peut-être bien qu’il est juste présent dans tes pensées. Peut-être qu’elle voit que tes deux yeux noirs la mater. Puis tu remarques la raideur de sa nuque. Elle est pas contente. Ça se lit sur son corps. Chaque muscle tiré. Étendu. Crispé. Tu la vois droite comme un i. Et y a encore des mots qui sortent de sa bouche. Jolis lèvres. Elle veut pas de ton argent. Ah bon. Pourtant elle en a besoin. Elle serait pas là sinon. Puis pour toi, c’est inévitable. Passer à la caisse. Sinon t’aurai l’impression de baiser une inconnue. Comme ça, croiser au détour d’une rue. Chose que tu ne fais pas. Plus. Depuis la taule. Parce qu'étonnement, tu ne la considérais plus comme telle. Elle, Nadja. « C’est pas assez ? Tu veux combien? Et tu vas bouder parce que je t’ai épargné ce boulet ?  Lui, il t’aurait pas payé plus. » Estimes-toi heureuse. C’est vrai. C’est connu. Dans le business, y en a toujours qui refuse de payer. Qui s’estiment pas content de ce qu’ils ont. Une jolie fille sous le bras, ça suffit pas toujours à ses gars-là. Elle devrait pourtant le savoir. Tu lèves le regard. T’attrapes le sien. Fébrile. Peut-être un peu fuyard. Mais teinté d’une jolie couleur. Avec une sorte de lueur à l’intérieur. T’y détecte quelque chose, mais tu saurais pas trop dire quoi. Qu’elle t’en veuille si ça lui chante. De ça, tu t’en fous. Après avoir posé ton verre vide, tu viens entourer son corps. Larguant ta main à sa taille. Puis t’exerces une légère pression pour qu’elle se rapproche de toi. « J’ai une gueule à tricoter toute la journée peut-être. » Réponse trop conne. A une question inutile. Mais t’as pas besoin de penser à l’autre connard là tout de suite. Tu viens pas là pour y penser. « Qu’est-ce que t’en à foutre d’abord ? » Tu parles mal Waël. Trop mal pour la douceur de cette fille. Mais t’es comme ça. Tu connais pas la douceur. Tu connais pas la gentillesse. C’est toujours trop exagérer. Tu prends toujours tout pour toi. T’es presque insultant. Encore, là, c’est tendre. Parce qu’elle te connaît plus féroce. Elle te connait prêt à tout. Prêt à faire mal. Lui faire mal. Ça fait suffisamment longtemps que tu te la tape. Elle sait ce que t’aime. Et à défaut, ce que t’aime pas aussi. « Et puis je te payes pas à parler. Les autres peut-être, mais pas moi. » Petit soupir de satisfaction. Assumer ta domination. Assouvir tes pulsions. C’était tout ce que t’attendais. Alors tu te mures ensuite dans le silence. La déshabillant du regard. T’apprécie la vision de son décolleté. Et ta main va se balader dans son dos. Caressant la douceur de sa peau de tes doigts trop rugueux. Et puis tu l’attires encore plus près. Elle n’est jamais assez près à ton goût. Tu tapotes sur tes genoux. Pour lui faire comprendre de te chevaucher. Pour lui faire face. L’avoir encore plus près. Pouvoir déposer tes mains sur son fessier. Et puis nicher ta bouche dans son cou. T’es entreprenant. T’aimes pas perdre ton temps. Le blabla, ça sert à rien. T’avais jamais rien à raconter. T’es un sauvage, toi. Tu la touche sans lui demander son avis. T’écoutes jamais ses reproches. T’ignores toujours ses regards remplis d’un mélange de tristesse et de haine. Ceux qu’elle t’adresse parfois. Quand tu sais qu’elle pourrait te dire non. Quand elle ne le fait pas. Comme une supplication visuelle. Un cri du désespoir. Tu fais ton affaire. En somme, c’est comme dans le business. T’achète un service. Et tu veux pas être déçu. Parce que le client est roi. Il décide de tout.
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MessageSujet: Re: all night. +nadja   all night. +nadja EmptySam 3 Juin - 6:35

elle n’est plus certaine, nadja. plus certaine de vouloir que la soirée se déroule sans aucun écart. elle a la rebellion qui s’éveille, fait battre son palpitant de fureur. fatalité quand elle est trop près de lui, lui qui ne laisse rien passer, lui qui la traite simplement comme une poupée de chiffon, à sa guise, à sa merci. qu’est-ce qu’elle peut faire, nadja ? rien. absolument rien, à part s’étrangler avec sa colère, laisser ses yeux furieux se poser sur lui rien que pour lui montrer qu’elle n’est pas d’accord. qu’elle n’approuve rien de tout ça. qu’il la traite comme rien d’autre qu’un objet, et qu’elle le sait. elle le sait et ça la consume peu à peu, nadja. et il ne répond pas, pas tout de suite, la laissant bouillir dans sa fureur. il s’en fiche, comme d’habitude. c’est sûrement ça, le pire. ça ne lui importe pas, pas le moins du monde. nadja, c’est qu’un divertissement comme un autre, qu’une pute qu’on payera pas pour parler, simplement pour se taire. il ne la regarde même pas. s’asseoit mais ne fait que l’ignorer, pendant un temps, un temps de trop durant lequel nadja voit son humanité s’envoler. et elle se débat, nadja. elle se débat comme elle peut, assez pour lui faire comprendre que ce soir, ce ne sera pas comme les autres soirs. mais pas non plus trop pour qu’elle puisse s’attirer des ennuis - plus d’ennuis que ceux qu’elle s’attire déjà dernièrement. rien du tout. c’était pour faire la conversation, c’est tout. réponse fermée, yeux fureurs. nadja, elle fait comme lui. répond sans réfléchir, calque son attitude. prétend ne pas s’en soucier. et c’est vrai, elle s’en soucie pas vraiment, nadja. il y a juste cet éclair de curiosité qui s’allume à l’intérieur, à force d’habitude, à force de le côtoyer. est-ce qu’il s’est battu ? peut-être même qu’il s’est fait mal. il y a son esprit qui divague, deux vagues secondes avant de se rappeler à l’ordre. lui, il ne se soucie pas de toi. s’amuse même à la torturer, la diminuer, ne lui faire aucun cadeau. alors nadja, elle n’a pas envie d’être gentille. pas envie d’être douce, ni même réconfortante. ce soir, elle n’offrira pas ses bras pour qu’il vienne s’y perdre, il les prendra de force comme si son corps lui appartenait. comme si elle était sienne toute entière. et elle déteste ça. elle veut qu’il sache, qu’elle déteste ça. tu ne me payes à rien du tout, pour l’instant. qu’elle fait remarquer, le ton dur, presque vexée. nadja, elle est femme libre encore un peu, aussi libre qu’une traînée dans son genre puisse l’être. il ne veut pas qu’elle parle, juste qu’elle l’attise, suffisamment pour qu’il décide que c’en est assez de cet endroit, qu’ils seront sans doute mieux ailleurs, une chambre peut-être. il ne veut pas qu’elle parle, il veut juste la toucher, la baiser. et ça la dégoûte. ça la dégoûte tellement qu’elle peut simplement pas se taire, qu’elle pousse la limite un peu plus loin, flirte avec en oubliant qu’elle regrettera sûrement d’aller trop loin. donc je suis libre de parler si j’en ai envie. et je suis aussi libre d’aller chercher cet homme que tu as fait fuir et de le convaincre de rester. c’est de la provocation pure, rien que pour pouvoir observer sa réaction. rien que pour lui montrer qu’elle aurait peut-être préféré la soirée avec cet homme bedonnant plutôt que de la passer avec lui. elle devrait pas, nadja. mais ça lui échappe, ce soir, comme ça lui échappe ces derniers temps. elle est plus aussi douée pour se faire invisible, raser les murs la tête baissée. nadja, elle a le feu qui se ravive, un peu, celui qu’elle tente d’étouffer par tous les moyens. c’est mal, très mal. mais elle s’en préoccupe pas même un peu, nadja. encore moins quand il l’attrappe par la taille pour la rapprocher un peu plus de lui. quand il lui désigne ses genoux pour qu’elle vienne s’y asseoir, comme une petite fille sage. l’image la révoltait. elle voulait rien faire de ce qu’il demandait, juste s’échapper de son emprise et partir. la seule chose qu’elle pouvait pas faire. alors elle jette un autre regard sur ce genou qui n’attend qu’elle. et elle pousse le second, le plus près d’elle, s’immisce entre ses jambes. charmeuse. diablesse. se colle tout contre lui, perché sur sa chaise, le toucher doux du doigt qui remonte son visage vers elle. pour qu’il la regarde elle. nadja. pas le reste. elle ne s’asseoit pas. n’obéit pas. rien que par satisfaction de prouver qu’elle aussi peut lutter, à sa façon. lutter jusqu’à le rendre fou, en pressant un peu plus sa poitrine contre lui, le regard brûlant ancré dans le sien. il voulait la dominer. et nadja, elle voulait le faire céder. j’ai changé d’avis. ce soir ce sera plus cher. les souffles de l’est se perdent contre le visage de l’homme. elle prendra bien son argent finalement, et tout ce qu’il possède. elle s’arrêtera pas avant, de mettre la main sur tout ce qu’il a, le ruiner s’il le faut. comme lui prend tout ce qu’elle a, à l’intérieur, prend sa douceur et son humanité, n’en fait qu’une boule de papier mâché qu’il jette au bûcher. une autre petite pression, l’espace inexistant. et les lèvres qui viennent caresser son oreille, se fondent dans un murmure. le triple ou rien. l’audace. elle se sent même pas coupable, nadja. elle met les répercussions à plus tard, elle est presque certaine qu’il y en aura. pendant une petite seconde, c’est elle qui a le pouvoir. et ça fait du bien. tellement de bien qu’elle se sent presque revivre, l’espace d’un instant. il y a quelque chose qui gigotte, à l’intérieur, qui s’éveille doucement. le refus. la rébellion. l’espoir. tout ce qu’elle regrettera plus tard. elle se laisse un peu plus sombrer dans le précipice, comme une suite qu’elle est déjà capable de dessiner. elle sait de toute façon qu’elle s’en sortira pas vivante. la petite mort, elle se débat avant qu’il ne soit trop tard.
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MessageSujet: Re: all night. +nadja   all night. +nadja EmptyJeu 8 Juin - 23:46

T’es un gars exigeant. T’aimes pas que les gens te déçoivent. T’aimes pas rester sur ta faim non plus. Tu veux l’ultra. Le top du top. La meilleure poudre. Les meilleurs flingues. Les plus chers quoi. Pareil au pieu. Tu veux t’éclater. Après tout, t’as qu’une vie. T’as déjà pourri cinq ans derrière les barreaux. C’est le temps de profiter. Parce qu’après ce sera trop tard. Si t’y retournes, t’es cuit. T’auras plus de gonzesse à baiser. Plus de came à sniffer. Plus de flingues à astiquer. Vie misérable. Dans un trou à rat. Et elle te tient tête. Ça, t’aimes pas non plus. T’aimes pas qu’on te contredise. T’es le client, c’est toi qui décide. Si tu veux la baiser, tu la baise. Sans vraiment lui demander son avis. Parce qu’elle était bonne qu’à ça de toute façon. T’as aucun respect. Ni pour toi. Ni pour elle. Franchement pour personne. Parce qu’une pute, c’est à peine plus respectable qu’un gars comme toi. Vous êtes aussi pourri l’un que l’autre au final. Alors quand elle te balance ses mots à la gueule, ça t’emmerdes. Elle t’aime pas, ça c’est clair. Tu le sais depuis longtemps. Tu savais déjà qu’elle préférait l’autre gars tranquille à toi. Elle avait même pas besoin de le dire. ça s’était vu à la façon dont elle t’avait regardé l’envoyer chier. Puis parce que t’es un gars tordu. Qui lui demande des trucs dégueulasses. Parce que tu la retournes sans te préoccuper de ce qu’elle ressent. Parce qu’elle a pas le droit de toute façon. Elle sert qu’à ça. Même si il faut le dire, elle est bien roulée pour son genre. Avec sa presque gueule d’adolescente. Et la naïveté qui se lit toujours dans ses yeux. Elle est encore trop jeune pour toi. T’es clairement pas le gars le plus attachant. Le plus doux. Et encore moins le plus agréable à vivre. Ça, elle le sait. T’as que des préjugés. Quand tu la regardes, tu vois qu’une pute. Une de ses filles qui se font payer pour leur service. Une fille qu’a aucun respect pour elle-même. Qui se fout de tout. Qui se fout d’être maltraité. De se faire baiser chaque soir par un gars différent. Qui se fout d’être impliquée dans des histoires louches. Et quand elle te repousse, t’as la grimace au coin de la bouche qui se forme. Le pli entre les deux yeux. Signe que tu risques de t’énerver plus vite que prévu. Et puis ça te grille les trois neurones survivants de cette journée merdique. Qu’elle quitte tes bras. Qu’elle se lève pour te faire face. Comme pour te dire ‘non’. Que tu joueras pas ce soir. Que t’auras pas ta marionnette. Tu veux pas qu’on te repousse. Qu’elle le fasse. Pourtant elle sait très bien que ça va pas te plaire. Que tu t’empêcheras pas de la prendre comme à chaque fois. Juste parce que ça lui déplaît. Ce serait lui accorder de l’attention. Ce serait changer tes habitudes. La laisser te dominer. Alors que toi, personne ne te domine. T’as les brebis galeuses aux pieds. Toi. T’es le grand méchant loup. Celui qui bouffe tout le monde. Qui se laisse haïr de tous. T’as aucune pitié, et t’en auras jamais. Pas pour une fille comme elle. Alors tu restes toujours silencieux. T’écoutes ce qu’elle a à dire de plus. Et tu l’observes. Alors qu’elle prend un vilain plaisir à t’aguicher. Qu’elle fasse la fière. Qu’elle te demande le triple alors que t’étais prêt lui proposer seulement le double. Qu’elle veuille te ruiner. Peut-être pour pas que tu reviennes. Mais tout ce à quoi tu penses, c’est ce que tu pourrais lui faire. Juste pour le triple. Parce qu’avec un prix pareil, tu comptais pas la lâcher si facilement. A ce prix-là, t’as plutôt pas intérêt d’être déçu. « Le triple, tu dis ? » Tu fais mine de réfléchir, mais t’as déjà l’idée bien en tête. Tu l’attrapes par les mains et la force à s’abaisser à ta hauteur. A s’asseoir sur tes genoux. Pas moyen pour elle de se défiler encore une fois. Peut-être même que tu la serres trop fort. T’as désormais le nez au-dessus de ses seins et tu peux alors l’observer de plus près. Plonger ton regard dans le sien et laisser quelques secondes s’écouler. Sans même encore dire si t’es partant pour le triple. Et puis y a une de tes mains qui va pincer ses fesses. T’as le sourire de psychopathe au coin des lèvres. T’as l’air amusé sur le visage. Tu veux la mettre mal à l’aise. Lui faire reconnaître que c’est toi qui décide. Et tu prépares déjà ton plan. Aussi salace soit-il. « Je suis pas sûr que tu les valent… C’est beaucoup pour une fille comme toi. » Hum. Ton regard s’échappe du sien et tu la jauges. La juge du regard. Vas falloir donner de ta personne, ma petite. T’es le roi. Tu la domines. T’attrapes sa nuque et tu glisses tes lèvres dans son cou. De la carotide à l’oreille. T’effleures sa peau et tu finis par lui murmurer. « J’ai toute la nuit à te consacrer, ça tombe bien… ». Autant de sous-entendus en quelques mots. Autant dire, qu’elle allait en prendre pour son grade la gamine. Tu fais comme elle. T’uses des mêmes techniques. Genre de chantage. Si tu payes pas le triple, tu l’as pas. Mais si t’as pas ce que tu veux, elle aura pas non plus sa triple paie. Faut donner pour recevoir. Tout le monde sait ça. Le donnant-donnant classique. Et tu viens finalement poser tes lèvres contre les siennes. Et tes dents agrippent sa lèvre inférieure pour l’empêcher de répliquer. L’air de dire que c’est toi qu’aura le dernier mot. Qu’elle avait voulu jouer. Et que maintenant, elle avait plus qu’à se la fermer.
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MessageSujet: Re: all night. +nadja   all night. +nadja EmptyVen 16 Juin - 9:18

c’est comme un frisson d’effroi qui parcourt son échine quand elle voit la lueur malveillante au fin fond du regard de waël. le triple ne lui fait pas peur. elle aurait pensé, pourtant. un mec comme lui, un peu débraillé. sûrement pas quelqu’un qui se frotte aux grosses têtes de ce monde. waël, c’est plutôt le roi des bas mondes, à régner sur les rues sombres. waël, il a la main trop brusque, le coeur trop froid pour nadja. y a rien qui transperce, rien dont elle puisse se servir pour rendre les nuits un peu plus confortables. rien qui ne lui permette de l’apprivoiser comme elle le fait souvent avec d’autres et c’est sans doute ce qui l’effraie le plus, nadja, parce qu’il n’y a que la pire des espèces qu’elle n’arrive pas à cerner. que celle qui lui donne du fil à retordre, chaque soir, que celle qui laisse sa trace indélébile sur son passage. alors elle ne dit rien quand il la force à s’asseoir sur son genou d’un geste brusque. elle dit rien, mais y a sa mâchoire qui se serre, une petite montée d’adrénaline durant laquelle elle se dit qu’elle est sans doute mal partie. qu’elle devrait refuser, aller trouver l’autre homme. parce que nadja, elle les connaît suffisamment les hommes comme lui, les soirées comme celle-ci où rien ne tourne en sa faveur. elle sait qu’il n’y a aucune lumière sur le chemin dans lequel il la plongera et malgré tout, elle reste. parce qu’il y a les mots bienveillants de caïn qui lui apportent un confort qu’elle n’attendait plus. le feu sacré qui se réveille au fond de sa poitrine, signe stupide et sûrement naïf d’espoir quand elle y repense. si tu restes dans cette situation, tu ne t’en sortiras pas. alors elle se met à penser de ce qu’elle pourrait faire de tout cet argent, nadja. une somme comme elle en a jamais vue auparavant. plus de billets qu’elle ne pourrait compter. elle n’est même pas obligée d’offrir la totalité à anton, à son retour, puisqu’il n’en saura rien. pour lui, ce sera qu’une nuit fructueuse de plus. pour nadja, c’est une porte qui s’ouvre. une sortie qui s’innonde de lumière. et soudain, il y a l’espoir. l’espoir de ne pas passer le reste de son existence enfermée dans ce club miteux. l’espoir de ne pas tomber quand tout autour d’elle s’effondrera. l’inferno n’est pas éternel et elle sait de source sûre qu’anton, lazare, bran et tous ces hommes peu scrupuleux ne le sont pas non plus. parce qu’il y a ce flic qui la demande un peu trop souvent. qui fouine un peu trop à son goût. pose des questions dérangeantes, gratte là où il devrait rester calme. elle sait, que les doutes s’élèvent, que rien de tout ça ne sera éternel. pas même elle. et nadja, elle refuse de tomber avec eux. elle refuse de se faire arrêter, pire encore, de faire partie des dommages collatéraux. même si ça les fait tomber, nadja, elle restera debout, libre. elle sait que y a pas d’autre choix, pour ça. elle pensait même pas en avoir un, avant ce soir. alors ça change tout. c’est pas par obligation qu’elle reste. pas parce qu’elle a peur des représailles, pas parce qu’elle pensait pouvoir vivre une vie plus ou moins tranquille à la vivre effacée. c’est pas par obligation qu’elle reste auprès de lui, à lui obéir, à se réduire à une moins que rien. qu’une de ces poupées bonnes qu’à se faire toucher, qu’à s’offrir. c’est par choix. et elle se déteste nadja, de tomber si bas. peut-être même tout autant qu’elle le déteste lui. mais elle sait très bien que son choix n’en est pas vraiment un, au fond. c’est sa seule issue. le prix à payer pour acheter sa liberté, c’est lui. qu’est-ce que tu attends alors ? c’est presque au-dessus de ses forces, de prétendre. ça lui demande toute son énergie, creuser un sourire charmeur là où il n’y a que les traces de dégoût. elle devrait savoir passer au-dessus de tout ça maintenant, nadja. elle y arrive toujours pas. en particulier quand il s’évertue à la diminuer avec autant facilité. quand il ne lui laisse pas le choix, volontairement. rien que parce que ça l’amuse. rien que c’est parce que c’est comme ça qu’il aime que les choses se déroulent. c’est même pas contrôlé par le désir, pas même par une pulsion sauvage. non, c’est juste vicieux, calculé. méchant. alors qu’est-ce qu’elle peut faire contre ça, nadja ? elle refuse de baisser les bras. y a le souffle chaud de l’est tout contre son visage quand elle murmure ces quelques syllabes, comme un air de défi dans l’oeillade qu’elle lui lance, quand elle le repousse légèrement rien que pour qu’il puisse décoller ses lèvres de son cou. elle prétend que c’est pour s’y rapprocher encore, se montrer plus entreprenante, mais c’est juste pour qu’il ne la touche plus, ou du moins pas complètement. c’est pour s’éloigner de son emprise, le début d’une rébellion qu’elle ferait sans doute mieux de garder silencieuse. elle en est pas capable. juste capable de pousser un peu plus le vice, de souffler un à moins que tu n’aies pas la somme ? au creux de l’oreille, la main remontant contre la cuisse. je comprendrais tu sais, pour quelqu’un comme toi quelqu’un qui doit pas brasser des millions chaque jour. pas le genre de clientèle à qui elle a à faire d’ordinaire, pour sûr. pourtant il vient encore et encore, waël. toujours. et il ne manque jamais de payer. alors s’il n’est décemment pas le genre d’hommes d’affaires corrompus auxquels elle tient souvent compagnie, nadja sait qu’il n’est pas non plus à quelqu’un à sous-estimer. elle sait pas trop comment il se débrouille, pourtant. ça se lit sur lui, les démons. il sent les problèmes à des kilomètres, le danger dans lequel elle refuse de plonger. est-ce qu’il sent, waël ? qu’elle veut en finir, vite. cesser la torture. prendre la somme et la cacher dans la boîte à musique qu’elle garde cachée sous son lit, s’enfuir pour ne plus jamais avoir à lui faire face. et surtout ne jamais revoir son visage.
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MessageSujet: Re: all night. +nadja   all night. +nadja EmptyJeu 22 Juin - 23:58

T’aimes pas quand elle te résiste. Quand elle prend cet air de fille sûre d’elle. Ça crève les yeux qu’elle est aussi misérable que toi. Elle se prend pour une pute de luxe. Comme si t’avais besoin de t’emmerder avec ça. Tu prends pas la plus dégueulasse du coin. C’est vrai. Mais t’estimes finalement qu’elle les vaut pas vraiment. Tout cet argent. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien en foutre ? Se payer un spa. Peut-être. C’est bien ce qu’elles font les catins de luxe. Enfin, tu crois. T’as la fureur qui t’embrase quand elle s’éloigne. Qu’elle essaye. Parce que tu la maintiens. Tu la contraints à rester suffisamment près. Tu veux pas qu’elle te file dans les pattes et qu’elle t’abandonne là. Comme un con. Qu’elle bousille tes plans. Déjà qu’elle veut te ruiner. Qu’elle se fout de ta gueule. Elle le fait que pour le fric. Sûrement pas pour le plaisir de se faire aboyer dessus par un gars dans ton genre. T’es pas agréable. Tu claques. Tu frappes. Et tu t’en fous de donner du plaisir. En général. Toi t’en as et ça suffit. T’es un putain d’égoïste. Elle le sait. Elles le savent toutes. Toutes celles que tu baise. Elles savent toutes que t’es un putain d’animal. Qui s’en fout de faire mal. Qui s’en fout de la tendresse. De la douceur. Ça sert à rien. C’est que du faux. Des trucs de romantiques qu’elles disent toutes. T’en est pas un. Toi. T’es loin de tout ça. Et c’est peut-être pour ça, qu’elle te demande autant ce soir. Parce qu’elle sait qu’elle va prendre. Parce qu’à force, elle te connaît. T’as « connard » étiqueté sur le front. Ou pire encore. T’as pas la gueule du type bien. C’est clair. T’as la gueule du mec louche qui traîne ses magouilles partout. Le type qui traîne avec les poches remplis de trucs pas très légaux. Un gars pas commode. Un gars qui ressemble à celui pour qui elle bosse. Parce que dans le coin, ils sont tous comme toi. Des boss. Des raclures qui profitent des autres et qui se font un max de pognons sur leurs dos. « T’es sûre de vouloir jouer à ça avec moi? » Elle te sous-estime. Qu'elle est trop chère pour toi. Trop bonne peut-être. Quoique. T’as toujours un moyen de pression. Parce que tu pourrais sans doute lui faire baisser le prix. Peut-être passer au double au lieu du triple. Catin de luxe en solde. T’as la voix rauque. Tu rentres dans son jeu. Parce qu’elle t’aguiche la salope. Parce qu’elle veut te faire avouer qu’elle est trop bien pour toi. Peut-être qu’elle préférerait que t’aille en baiser une autre. Que tu lui foutes la paix pour ce soir. Au moins. Mais t’as jeté ton dévolu sur elle. T’as posé la patte sur ses fesses. Tu veux la posséder. Et tu la lâcheras pas de sitôt. « Tout ce pognon, faut le mériter, tu sais… » Et tu plonges ton regard dans le sien. Tu le quitte pas. Tu l’obliges même à te confronter quand elle essaye de fuir. T’as la main qui se pose sur son visage. Les doigts rugueux qui viennent agripper son menton. Tu la domines. Et tu l’observes faiblir. Tu sais qu’elle peut rien contre toi. T’as la poche qui te démange. Tu flanques ta main à la ceinture et va tâtonner la bête. Tu le sors doucement. Genre, pour pas l’effrayer. Pas la faire hurler de peur en tout cas. Même si tu la vois tressaillir.  « Je suis un client fidèle, tu pourrais faire un petit geste nan ? » T’as le rire sauvage. Catin qui s’auto-solde. Du jamais vu. Puis tu dirais ça presque pour détendre l’atmosphère. Mais faudrait pas non plus qu’elle devienne trop confiante. Et qu’elle demande à chaque fois le triple. A l’avenir. T’es un bon négociant. Puis t’es un homme puissant. Et t’as l’arme mortelle dans la main droite. Ton précieux glock. « Le double et je dis rien à ton boss ? Ça te laisse une jolie part, je crois. » Confiance en toi. Tu reprends ton air sérieux. Tu la menace pas directement. Disons que tu appuies ta position de mâle dominant. T’es le client, tu décides. Tu payes ce qui te semble juste. T’es fidèle à toi-même. Tu négocies tout.  Tu l’agites un peu devant son nez. Savourant le sentiment de terreur que tu peux lui infliger. Torture psychologique. Parce que t’en a finalement marre de bavarder. C’est trop long à ton gout. « Si on allait ailleurs. » Pas chez toi. Ni dans un coin à la va-vite. Mais cette piaule où tu l’emmène à chaque fois. La planque secrète. Et avant de te lever, t’attrapes encore une fois ses lèvres. Parce qu’elle avait rien dit la première fois. Etonnant. Alors ça te donnait tous les droits. Enfin tu crois. Tu l’embrasses expressément. T’écrases tes lèvres sur les siennes violemment. Et t’en profite quand même un peu. Puis tu te sépares vite d’elle et tu viens soulever ton tee-shirt. Tu le remets à sa place, à la ceinture. Tu traînes toujours avec. Jamais trop prudent. C’est toujours plus discret de le ranger avant de sortir. Puis tu t’attardes encore un peu sur la fille. Elle te fait face. Elle est plutôt grande pour son genre. Ou peut-être que les deux perches qu’elle a aux pieds aident un peu. Et t’as le sentiment qu’elle commence à se faire plus docile. A l’usure. Mais c’est peut-être qu’une façade. Parce qu’elle continue de te résister par moment. Dans un élan de désespoir sans doute. Et puis parce que tu lui avais encore jamais fourrer le glock sous le nez. la pauvre salope.
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