La vie n’est pas un long fleuve tranquille. C’était le genre de conneries qu’on nous insufflait dans le crâne tout gosse pour être sûr de s’y acharner plus tard. Une maxime irréalisable et déraisonnablement optimiste, comme si à huit ans on allait pouvoir affirmer que non, on galèrerait toute notre putain d’existence et qu’ils étaient de fieffés menteurs. L’abrutis qui avait pondu cette idée de me connaissait pas. Et certainement pas davantage Sil Myers.
« J’sais pas où crécher, j’peux débarquer chez toi ce soir ? Vers vingt heures… VOULEZ-VOUS REECOUTER VOTRE MESSAGE ? » Il y eut quelques secondes de flottement durant lesquelles je parcourais du regard mon petit intérieur. Pas bien grand, certes, mais cosy, décoré au moyen de meubles design et d’autres jolies choses. Un chez-moi où je m’y sentais bien, et surtout, enfin débarrassé il y a peu de ma colocataire forcée : Baya la déjantée. Tout ça pour dire que cet environnement déjà mis à mal n’était pas du tout prêt à recevoir en son sein une catastrophe naturelle. Genre tsunami, doublé d’un typhon, triplé d’une éruption volcanique. Genre Sil. J’éloignais le combiné de mon oreille et le reposais sagement sur la table basse. C’était ça ou l’envoyer s’exploser contre un mur en essayant de gérer la panique qui montait. Un rapide coup d’œil à l’horloge m’apprit qu’il me restait une petite vingtaine de minutes avant l’impact. La faute à cette batterie merdique qui m’empêchait de recevoir des messages d’une telle importance en temps et en heure. P’t’être que si je me barricadais dans le noir en faisant aucun bruit il finirait par déguerpir ? Bien sûr, je rêvais éveillée moi… Y avait deux solutions : où je le laissais entrer et mon espace vital de solitude volerait en éclat pour une durée indéterminée, ou bien je le rembarrais sur le palier. La deuxième proposition, qui me permettait pourtant de sauvegarder ce havre de paix, n’avait bien évidemment aucune chance d’aboutir. J’avais jamais pu lui dire non. Suffisait qu’il me regarde avec sa jolie gueule et ses yeux de cocker pour que je rende les armes. Là, c’était comme regarder cette fameuse scène dans Titanic où le bateau heurtait l’iceberg. On avait beau l’avoir visionné un paquet de fois y avait toujours ce minuscule espoir pour que ce gros morceau de glace ne perce pas la coque et qu’on découvre une fin alternative. Mais à chaque fois le rafiot faisait irrémédiablement naufrage en envoyant un maximum de ses passagers par le fond. Un soupir s’envola d’entre mes lèvres. Autant s’y préparer puisque je pouvais pas l’éviter. Je fis un rapide tour des lieux en vérifiant qu’aucun sous-vêtement ne se baladait dans un endroit insolite (bien m’en prit puisqu’un string avait élu domicile sur une chaise de cuisine… Demandez pas pourquoi). Puis j’exécutais un repoudrage éclair devant la glace. Dernière étape, le dressing (une armoire gigantesque mais malheureusement pas autant que je l’aurais souhaité) pour enfiler une jupe patineuse et un caraco d’un beige miroitant. A l’opposé du jogging délavé qui m’habillait les minutes d’avant. Ça devrait faire passer le message sur la faveur incommensurable que je faisais au blondinet en lui ménageant une place dans mon agenda de ministre. J’avais pas ton temps mon p’tit gars. J’allais me percher à la fenêtre, une clope au bec pour patienter. Sil avait au moins eu la décence de laisser un message cette fois-ci, même s’il s’agissait d’une demande purement rhétorique. J’étais déjà habituée à le voir passer du temps ici, mais jusqu’à maintenant la plus longue durée avait été deux ou trois jours quand il avait envie de changer d’air. J’pouvais pas l’en blâmer, pour ma part j’aurais été incapable de supporter un tel nombre de personnes au mètre carré. Mon côté casanier avait toujours réfréné efficacement les envies de coloc pouvant me traverser l’esprit. La nuit commençait doucement à trouver ses marques dans la ville alors que le soleil tirait sa révérence. Dans peu de temps la plupart des mômes de Savannah iraient dormir, rejoins dans la foulée par leurs parents. Les noctambules commenceraient leur ballé bien rodé. Les lumières scintilleraient en poussière crue ou douce. Le bâtonnet de cendre finit de se consumer entre mes doigts. La pause était terminée, il allait falloir affronter son petit ouragan personnel. Et quand on parlait du loup on en voyait la queue. Des coups intempestifs résonnèrent contre ma porte d’entrée. Je m’y dirigeais d’une démarche féline, ouvrant le battant sans hésitation. Il était là. De toute sa hauteur dans l’embrasure, paré de ce sourire en coin si sexy. Son odeur, un mélange de tabac et de savon mentholé, me frappa de plein fouet en éveillant immédiatement l’attention de mes sens. « Salut le gosse. Alors prêt pour des vacances à Barlowland ? » Je m’effaçais en lui indiquant un coin où déposer ses affaires, non mécontente de constater qu’il n’y avait qu’un seul sac. « Faut te déplier le canapé pour faire les draps au fait. » Ouais, ouais, j’avais pas proposé mon lit. Sil venait ici pour squatter, pas dans un objectif galant. La chambre à part était donc de mise, non ?
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Sujet: Re: Space invader _(Silan) Jeu 1 Juin - 12:39
Ca fait déjà près de deux semaines que tu t’es barré de chez les LB. Deux semaines que tu squattes le matelas de Nora au milieu d’une bande de Caldwell. Et t’as beau avoir toujours vécu avec tout un tas d’autres gens, tu commences à étouffer. Parce que les Caldwell, ils prennent sacrement de place. Pas forcément physiquement -et encore, tu comptes plus les fois ou t’as dû repousser Nora qui s'étalait dans le lit- mais métaphoriquement. Difficile de faire son nid au milieu de ces grandes gueules. Ce soir, t’as besoin de prendre l’air. D’aller voir ailleurs. Et puis, Nash vous a plus ou moins fait comprendre que ça serait bien si vous dégagiez. Pas besoin de faire un dessin. Sans que tu ne saches bien pourquoi, c’est son visage qui s’impose devant tes yeux. Comme une évidence. Peut-être parce que t’as un peu envie de la voir pour te glisser entre ses reins. Ou peut-être surtout pour dévorer son rire et ses sourires en coin. Sans que t’arrives vraiment à poser un mot dessus, elle te manque. Mais ça, plutôt crever que de l’avouer. Pourtant, tu l’appelles. Sans tellement hésiter. Mais évidemment, elle ne répond pas. Alors tu laisses un messages. Un truc bref. Concis. T’as jamais été un grand fan des messageries. T’espères juste qu’elle s’est pas barrée de la ville ou quoi. Parce que t’as pas franchement envie de dormir dehors ce soir.
Tu ranges des flingues dans une boite après les avoir vérifier un par un. Un boulot long et peu gratifiant. Pourtant, il faut que quelqu’un le fasse pour éviter les emmerdes que vous avez eu dans le passé. Alors forcément, c’est toi qui s’y colle. Parce que Nash te prend encore pour un gosse, refusant de te donner un peu plus de responsabilité. Parce que t’es juste bon à faire les tâches ingrates et te prendre des putain de balles. T’es sur les nerfs lorsque tu finis enfin par te diriger vers chez Soan. Tu t’allumes une clope, pressé malgré toi de voir la petite brune.
Tu souris lorsqu’elle ouvre la porte, posant ton regard sur cette créature de rêve. « Salut le gosse. Alors prêt pour des vacances à Barlowland ? » Le gosse. Tu lèves vaguement les yeux au ciel en entrant à l'intérieur, posant ton sac là où elle t’indique. « Tu dis pas ça d’habitude » Tu souris avec malice, faisant référence sans dissimulation à vos parties de baise. « Faut te déplier le canapé pour faire les draps au fait. » Tu hausses les sourcils en te redressant posant ton regard sur sa jupe un peu courte et un joli haut, mettant parfaitement en valeurs ses formes. “Canapé ?” Tu l’attires par la hanche lorsqu'à ce que son corps vienne rencontrer le tient “Pour quoi faire ?” Tu souris, venant capturer sa lèvre inférieure entre tes dents. Tu n’as pas vraiment l'intention de dormir dans son canapé. Ni même de dormir tout court d’ailleurs. Sans vraiment te gener, te glisse tes mains sous sa jupe pour les poser sur ses fesses, les caressant un instant avant de glisser un doigt sous le fil de son string. “Tu devrais virer ca …” Tu rigoles doucement avant de t'éloigner d’elle, ton regard en disant tellement plus que tous les mots du monde. Et tu ‘abandonnes la, allant t’assoir sur son canapé sans une once de gêne, sursautant presque lorsqu’une boule de poil vient se sauter sur les genoux. “Bah … t’es encore là toi ?” Il secoue sa queue, semblant heureux de te voir. Tu esquisses un sourire malgre toi. Il faut l’avouer, il est bien mignon quand il interrompt pas tes moments d'intimité avec Soan. Alors tu glisses tes doigts sans ses poils bien plus propres que la dernière fois, le caressant un instant.
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Sujet: Re: Space invader _(Silan) Jeu 15 Juin - 10:38
Sil avait pris possession des lieux en l’espace d’une seconde. Déjà, il prenait toute la place chez moi, dans cet appart’. Dans mon esprit. C’était d’une simplicité déroutante. Même mon palpitant s’était joyeusement accéléré à sa vue, comme conscient des plaisirs que le jeune homme ne manquait jamais d’amener. Il eut un haussement de sourcil totalement désapprobateur à la mention du canapé. Mais je n’y réagissais pas, bien décidée à camper sur mes positions. J’ignorais même ses grandes mains sur mes fesses et ses doigts insidieux. Il était pas là en visite de courtoisie et on parlait pas de partie de jambes en l’air. Simplement, il avait besoin d’un endroit où se pieuter, et j’étais bien trop gentille pour lui indiquer d’aller se faire foutre. Sa fameuse phrase résonnait encore dans ma tête. Ah bah heureusement ! Heureusement que j’étais pas dans ses pattes à lui compliquer la vie. Soso t’es juste un passe-temps. Quelque chose qui adoucit l’existence l’espace d’un instant. Soso t’es bienfaitrice quand tu arrives avec cette chaleur au creux de tes reins, mais sans intérêt une fois que le feu est éteint. Ca m’avait meurtris plus que de raison. Plus encore que ses lèvres mordant les miennes, amenant un goût de rouille le long de ma langue. Il m’avait égratigné en profondeur. Avec douleur. « C’est mon appart. J’ai pas à payer le loyer, même pas en nature. » Je le laissais se vautrer dans le canapé, allant m’accouder à nouveau à la fenêtre, les mains avides d’une nouvelle dose de nicotine. Puff profita de cet instant pour montrer le bout de sa truffe. Lui qui était la plupart du temps occupé à roupiller dans le moindre rayon de soleil choisissait pile poil le bon moment pour faire diversion en sautant sur les genoux de Sil. Je l’avais lavé en revenant chez moi. Le lendemain, j’étais partie lui acheter de quoi le nourrir, dormir et jouer. L’attirail m’avait coûté un bras et deux reins mais cela ne m’empêcha pas d’appeler un vétérinaire dans la foulée pour y lâcher un chèque à trois chiffres. Au moins ses vaccins étaient à jour maintenant. Le chiot m’apportait une présence réconfortante au quotidien, et j’avais constaté avec soulagement qu’il dédaignait mes paires de pompes pour se faire les dents. Je m’attendais à ce qu’il l’envoie balader. Il avait réagis tellement violemment lorsqu’on l’avait trouvé… « Fais gaffe je l’ai dressé à attaquer alors t’as pas intérêt à être relou. » Première pierre qui éclata la surface tranquille de l’atmosphère. C’était plus fort que moi : j’arrivais pas à étouffer le fantôme de rancœur qui s’était niché dans ma poitrine, aussi confortablement que Puff sur Sil. « Tu t’es fait viré de chez les LB ? Avec qui tu t’es pris la tête ? » Son caractère ombrageux faisait pas un pli. Ça m’étonnait même qu’il ait réussi aussi longtemps à vivre en communauté. Il avait pas sa langue dans sa poche et une tendance poussée à chercher la petite bête. La preuve avec moi quand il balançait des phrases d’une désarmante franchise. Je voulais que ça me glisse dessus, sans m’atteindre ; pourtant je passais mon temps à essayer de les oublier. « Faut qu’on aille faire des courses avant que ça ferme, le frigo est vide. Y a une petite épicerie juste en bas et je vais avoir besoin de tes gros bras pour monter les courses. » Mes prunelles papillonnèrent vers lui, attendrie par l’image de ce grand mec en train de jouer avec la boule de poils. C’était chiant d’être aussi faible. « Et on va en profiter pour sortir Puff. » Je me dirigeais dans l’entrée en me saisissant de mon sac et balançais la laisse dans la direction des deux mâles. Si le blond voulait squatter ici à sa guise, mais il allait falloir mettre la main à la pâte. Et sans rechigner.
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Sujet: Re: Space invader _(Silan) Mar 27 Juin - 11:38
Gnagnagna. Tu grimaces en allant t’étaler sur le canapé, ignorant son rejet comme si celui ci ne te faisait rien. Mais ton ego prend un coup. Parce que tu sens bien qu’il n’y as même pas d’espace pour la provocation ici. Elle te rejette, et c’est tout. Tu fronces un peu les sourcils, comprenant pas bien ce que t’as fait de mal. T’es pas différent de d’habitude pourtant. La même lueur maligne au fond des yeux. Le même sourire au coin des lèvres. Mais non. Ce soir, elle ne semble pas d’humeur à jouer. Peut être qu’elle a ses règles. L’excuse magique.
T’es un peu boudeur mais sa remarque sur le bebe chien près à attaquer t’arrache un petit sourire. Tu imagines la boule de poil t’attaquer sans grand succès. Surtout lorsqu’il te regarder comme ca, cherchant ton affection. Tu passes la main dans ses poils, le caressant. C’est vrai qu’il t’avait agacé la dernière fois. A débarquer d’un coup, arrachant l’attention de Soan. Tu t'étais énervé pour une connerie. Et Soan doit te prendre pour un taré. A grogner sur un chien un jour, puis à le câliner le lendemain. Tu relèves les yeux lorsque soan commence à s’aventurer vers des chemins dangereux. Tu te renfrognant immédiatement à sa question. « Tu t’es fait viré de chez les LB ? Avec qui tu t’es pris la tête ? » Ton regard se noircit à l'idée même de repenser à tout ça. T’as pas envie d’en parler. Ni a elle, ni à personne. Surtout pas a elle même. Parce qu’elle aussi elle déconne niveau drogue. Elle aussi elle s'égare dans la perdition de ces merdes. En fait, t’attires que des junckies. C’est comme si toutes les personnes autours de toi passaient leur temps le nez dans la poudre. Si ce n’est l’aiguille au bras. Ca t’donne envie de vomir. “C’est pas tes affaires”. Ta réponse est un peu froide. Définitivement distante. Et ca t’emmerde aussi qu’elle assume directement que tu t’es pris la tête avec quelqu’un. Comme si t'étais juste le gros chieur qui cherche la merde avec tout le monde. Bon … y’a peut être un petit fond de vérité la dedans, mais ça t’emmerde quand même. Tu te concentres plutôt sur le chien, jouant avec distraitement. T’es pas certain d’avoir eu l'idée du siècle en venant ici. Parce que t’as aucune envie de voir les yeux de Soan explosé à la drogue. Et ton ventre se serre un peu a cette pensée. Il manquerait plus que Nora s’y mette tient.
Comme pour changer de sujet et évitez ceux difficiles, Soan s’exprime de nouveau. Plus légèrement cette fois. « Faut qu’on aille faire des courses avant que ça ferme, le frigo est vide. Y a une petite épicerie juste en bas et je vais avoir besoin de tes gros bras pour monter les courses. » Tu relèves les yeux vers elle, prêt à grogner. Et comme un con, t’es presque surpris par sa beauté. Comme si tu l‘avais oublié. Elle baigne dans le coucher de soleil qui traverse la fenêtre, éclairant comme si elle était un ange tombé du ciel. BAM. Il sort d'où ? Ce battement de coeur qui s'égare un instant. Quel connard. Tu hésites un instant, restant un peu interdit. « Et on va en profiter pour sortir Puff. » Le chien se met à remuer sa queue avec enthousiasme lorsqu’il voit sa nouvelle maitresse attraper la laisse. Toi, tu grognes un peu. C'était pas vraiment le programme que tu avais en tête. Tu imaginais des trucs plus marrants. Mais tu finis par te lever quand même « Tu pourrais au moins enlever ta culotte, au mois ca serait marrant » Tu marmonnes avec une moue avant de te mettre à genoux pour mettre la laisse à Puff, te relevant ensuite à son niveau.
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Sujet: Re: Space invader _(Silan) Dim 16 Juil - 20:56
Sil semblait déçu. Je le voyais à cette petite moue qui lui plissa fugacement les lèvres, déception plongeante qui eut tôt fait de disparaître. Un pâle fantôme de celle qui m’avait accroché le myocarde lors de notre dernière entrevue. Alors je poussais les limites un peu plus loin, curieuse de voir jusqu’où il faudrait aller pour retrouver ces yeux noirs et cette mimique dure qu’il aimait afficher quand les choses ne se déroulaient pas selon sa manière. Le sujet des enfants perdus était sensible, comme une balafre encore rosée refusant de cicatriser. Une peau tendre prête à saigner à la moindre sollicitation. « Pas de soucis, c’était par politesse. » A l’époque, en apprenant où il avait pris ses quartiers, j’en avais été surprise. Le repère de Peter était connu pour être le meilleur endroit où se fournir en termes de stupéfiants. Quasiment tout y circulait : marijuana, cocaïne, amphétamine, kétamine, héroïne, et tout un tas d’autres trucs qui rimaient. J’avais même entendu jurer un type en soirée d’avoir réussi à choper de l’éther. Alors dans cette caverne d’Ali baba des poudres et cachetons, y imaginer Sil serein, roupillant dans un coin, m’avait paru totalement incongru. Il nous avait fallu passer une dizaine de soirées ensemble avant que je ne me décide à sortir le sachet froissé de délicate poudre blanche pour lui proposer un rail. Le dégoût que j’avais lu dans ses yeux m’aurait englouti s’il avait été matérialisé. Évidemment j’avais pas insisté. Mais j’étais pas non plus revenue sur mes positions et avais inspiré un grand coup de poudreuse sans tenir compte de l’orage qui grondait dans ses pupilles. Au début il avait rien dit, se contentant simplement d’ériger ses premières défenses à coup de vannes et de réflexions peu charmantes. Ça me faisait rire. Et plus il en rajoutait, plus je multipliais les respirations. A la septième, et aux environs de cinq heures du matin, il avait littéralement pété un plomb. Ses hurlements m’avaient percé les tympans et déchiré la nuit tandis qu’un début d’information s’insinuait lentement dans mon cerveau pétillant. Je ne m’étais pas excusée de mon geste, ni fais mon mea culpa. Je lui avais simplement répondu que je m’abstiendrais en sa présence si ça le dérangeait tant que ça mais qu’il y avait vraiment pas mort d’homme. Jamais je n’avais réitéré ce geste devant lui. Chacun des mots crachés alors avaient eu sur moi une espèce d’effet méditatif, de réflexion en gestion. Si Sil avait un problème avec la drogue alors il n’aurait plus à le subir en ma présence.
Puff s’anima encore davantage en voyant la laisse retomber avec un bruit mou à côté du grand dadais qui lui tenait compagnie. Celui-ci la lui attacha rapidement avant de se relever. A ce moment là je me tenais assez près pour le frôler en étendant la main. J’en mourrais d’envie. Je retins un sourire devant sa blague idiote avant de leur ouvrir la porte. J’avais pris mes résolutions : je ne craquerais pas. Nous descendîmes dans la rue où rayonnaient encore les derniers éclats de soleil. On était là tous les trois, nos ombres se découpant abruptement sur le bitume, étirées jusqu’à en paraître ridicules. Dans cette atmosphère d’été promis j’eus brusquement envie de l’embrasser. Impérieusement. Comme si c’était la chose la plus naturelle à faire. Je sus alors qu’il me serait impossible de cohabiter avec lui tant que je n’aurais pas oser poser des mots sur ce qui avait franchi ses lèvres. « Dis Sil, ça te dérangerait tant que ça de t’afficher avec moi ? » C’était lancé dans la brise chaude d’un ton désinvolte. Légèrement. Le cœur avide de savoir. Je me considérais pourtant assez agréable à regarder. J’avais de la conversation, un peu d’humour, de la sensualité à revendre. Oh, j’avais aussi mes travers, nombreux. Mais de là à ce que ça le rebute carrément… Et lui, dans la lumière chaude qui allumait sa chevelure d’incroyables reflets d’or en fusion. Lui avec ses paillettes parsemant ses iris. Lui avec ses traits de jeune premier fringuant mélangés à cette expression de mauvais garçon qui le rendait si désirable. « J’suis pas en train de te faire une déclaration, hein, mais je me posais la question l’autre fois. » Depuis l’autre fois aurait été plus juste.
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Sujet: Re: Space invader _(Silan) Mer 19 Juil - 23:07
Elle esquisse même pas un sourire à ta remarque provocante, se contentant d’ouvrir la porte pour sortir. Une petite moue se dessine sur ton visage. T’as pas vraiment l’habitude de provoquer l'indifférence. L’agacement ou la colère, oui. Mais pas juste l'indifférence. Tu tiens la laisse du chien entre tes doigts tandis que tu avances dans la rue, la suivant en silence. Le soleil balaye tes cheveux qui ont finalement perdu leur décoloration, revenant à leur blond cendré naturel. Nora dit qu’elle te préfère comme ça. Toi, ça t’amusait de les décolorer. D’avoir l’air différent. De te distinguer dans la foule. Au fond, c’est pas tellement important. Comme ça, c’est bien aussi.
Tu relèves les yeux vers elle lorsqu'elle s’adresse à toi. “De m’afficher avec toi ?” Tu hausses les sourcils sans comprendre la question. Tu fais quoi la ? T’es bien avec elle, non ? “Bah … on fait quoi la ?” Tu évites le sujet inconsciemment. Comme si tu préfèrerais ne pas comprendre. Parce que c’est plus simple comme ça. Pourquoi est ce qu’elle ne peut pas juste profiter de ce que vous avez maintenant ? Pourquoi toujours chercher à mettre un mot sur les choses. Comme s’il fallait tout catégoriser. Célibataire. En couple. Gay. Herero. Bi. Ca t’emmerde de choisir. Toi, tu veux être tout et rien à la fois. Qu’on arrête de te foutre dans une case en fonction d’un petit choix. Pourtant, il faut bien l’avouer, Soan, elle a ce truc. Ce truc qui fait que tu te lasses pas. Tu sais pas vraiment d’ou ca vient. Mais parfois, t’as juste envie de la voir. De voir son sourire à la con. Ou de l’entendre rire. C’est limite flippant. Parce que tu laisses pas beaucoup de gens s’approcher. Et quand ça arrive, tu fais en sorte que ça reste purement amical. Foutre du sexe au milieux de tout ça, tu sais parfaitement que c'est le meilleur moyen de se perdre. T’as déjà fait l'expérience avec Milo, t’es pas certain de vouloir la réitérer. Et pourtant. T’as beau voir le ravin, tu freines pas. Tu accélères même. Tu te réfugies chez elle parce que t’as nul par ou aller. Pas que ça soit désagréable hein. Mais c’est étrange. Et puis, c’est pas forcément le mouvement le plus intelligent vu la situation. Mais aller quoi, personne n’a dit que t’étais l’gars le plus intelligent du monde.