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 Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden

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MessageSujet: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyLun 19 Juin - 0:29

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Cela faisait quelques jours que l’été s’était installé à Savannah, faisant fi du calendrier qui n’annonçait pas son arrivée avant le vingt-et-un juin. Mais cela faisait plusieurs années déjà que temps et saisons n’étaient plus dans les normales. La chaleur était revenue, une chaleur moite, lourde, qui présageait un nouvel orage. Parfois le vent était brulant, donnant l’impression que l’on se trouvait devant un sèche-cheveux lancé à faible volume ; les autres jours, une petite brise fraîche venait rendre le climat un peu plus supportable. C’était le cas aujourd’hui, pour le plus grand plaisir de Landon. Il n’aurait pas été étonné de finir rôti d’ici la fin du mois, si les choses continuaient de la sorte.

Le brun n’avait jamais été un garçon particulièrement casanier. Au contraire. De nature active, il passait la majeure partie de son temps à faire du sport, ou à simplement se promener. Sur la plage, dans les jardins publics, dans les rues de sa ville… Le but était pour lui d’explorer le moindre recoin de la cité dans laquelle il avait grandi, avide de nouvelles découvertes. Aussi, ce n’était pas la chaleur écrasante qui régnait actuellement qui allait le confiner chez lui, et ce malgré la température agréable qui habitait son loft, les murs épais de l’ancienne bâtisse conservant la fraîcheur à l’intérieur.

Il avait passé l’après-midi entière à la plage, après une matinée occupée par les entraînements quotidiens avec son équipe de football, mais avait fini par déserter l’étendue de sable doré aux alentours de dix-huit heures. Les gens ne cessaient d’affluer, envahissant la plage, phénomène courant en période quasi caniculaire. Sauf que le monde, il ne le supportait plus Landon. Les gamins qui passaient en courant, aspergeant tout le monde dans leur sillon, ou encore les gens qui installaient leur serviette à trente centimètres de la sienne pour déblatérer au téléphone deux heures durant, il en avait eu sa dose. Il s’était donc rhabillé, avait ramassé ses cliques et ses claques et avait quitté la plage, maudissant toute la populace amassée au bord de l’eau tel un vieillard aigri.

Il ne souhaitait pas rentrer tout de suite, pour autant, aussi il décida de faire un détour par Wormsloe, qui devait probablement être le plus beau parc de Savannah. Il prendrait une douche approfondie en rentrant chez lui ; pour l’heure, le rinçage qu’il s’était octroyé sous la douche publique située à l’entrée de la plage suffirait bien. Ce n’était pas comme s’il allait croiser qui que ce soit de sa connaissance, de toute manière. Il se déplace naturellement d’un pas hâtif, et c’est donc sans surprise qu'il gagne rapidement le fameux jardin. Léger sourire qui étire ses lèvres lorsqu’il sent le petit vent frais de fin de journée souffler dans ses mèches déjà sèches, mais plus en bataille que jamais car privée de leur coup de peigne habituel. Il flâne dans le parc le jeune homme, son sac à dos sanglé à ses deux épaules, il s’aventure hors des sentiers bien tracés pour aller marcher dans l’herbe, goûtant à la fraîcheur que dégagent naturellement les végétaux. Il se perd dans ses pensées, ralentissant le rythme maintenant qu’il se trouve à l’ombre des arbres centenaires plantés là. Il se perd dans ses pensées, pensées qui retrouvent tout naturellement un chemin qu’elles n’ont que trop emprunté. Eden.

Il avait bien tenté de ne pas penser à elle au cours des derniers jours, mais elle se rappelait sans cesse à son bon souvenir. Il ne voulait pas repenser à cette après-midi passée sur le toit, trop honteux qu’il était. Honteux d’avoir prononcé de telles paroles, d’avoir manqué lever la main sur celle qui avait été, depuis toujours, la seule fille qui ait eu droit à une place de maître dans son cœur. Mais le pire dans cette histoire, c’est que s’il se souvenait mot pour mot de la moindre parole assassine qu’elle lui avait adressée, il était des remarques qu’il avait prononcé qu’il était incapable de se remémorer. Il ne savait donc pas exactement quelle était l’étendue des dégâts. Jusqu’où il était allé. Et c’était encore pire ainsi, car il pouvait envisager les choses les plus épouvantables. Peut-être était-ce ce soudain afflux de colère, ou bien la chaleur qui lui avait tapé sur le système, mais il y avait quelques trous noirs dans les dialogues. Ou peut-être avait-il tellement honte que son conscient avait mieux aimé oublier certaines salves malheureuses. C’était bien plus facile comme ça.

Il ferme les yeux quelques secondes, tente de chasser dégoût de lui-même et culpabilité de sa personne. Mais la tâche s’avère ardue. Il n’arrive toujours pas à croire qu’elle soit parvenue à le pousser ainsi dans ses retranchements, en quelques minutes à peine. Les années ont passé, mais elle demeure la seule personne qui compte tant à ses yeux que son avis a plus de poids que celui de quiconque. Il est fatigué d’être hanté par la jeune femme, par son regard rieur et son immense sourire, par son expression blessée, plus récemment. Il est fatigué, et il commence à comprendre quelques trucs. Il est intelligent le garçon, mais y a des sujets sur lesquels il devient complètement con. À commencer par les rapports humains, en particulier les relations amoureuses. Peut-être est-ce le retour d’Eden dans sa vie, bon gré mal gré, qui a fini par allumer la petite ampoule dans son cerveau. Toujours est-il qu’il commence à se dire que peut-être que s’il ne parvient pas à l’oublier, sept ans plus tard, ce n’est pas pour rien. Peut-être que s’il n’a jamais retrouvé ce qu’il éprouvait à ses côtés dans les bras d’une autre, s’il attache toujours autant d’importance à la jolie blonde, à ce qu’elle pense et à ce qu’elle ressent, s'il est tout bonnement incapable de se tenir dès qu'elle lui fait la moindre remarque, ce n’est pas par hasard. Peut-être que s’il se sent complètement à côté de ses pompes depuis sept ans, s’il a perdu de vue le Landon qu’il était auparavant, ce n’est pas anodin. Peut-être. Peut-être que ça ne tient qu’à cela finalement, que si la providence a remis Eden sur son chemin, c’est pour une raison bien précise. Peut-être que le remède à tous ses maux ne tient qu’à elle. Mais comment renouer avec elle alors que les deux dernières fois qu’ils se sont vus, ils se sont étripés comme des bêtes sauvages ?

Et c’est à ce moment-là qu’il la voit. Éclair blond platine qui attire son regard, silhouette qu’il reconnaîtrait entre mille, même accroupie, ramassée au sol pour mieux prendre une photo. Ça lui fait un coup de la revoir avec un appareil dans les mains, comme avant. Il l’avait si souvent vue ainsi qu’il avait fini par considérer l’objectif comme une extension directe de son bras. Il a cessé de marcher ; les pieds fermement plantés dans l’herbe, il la regarde, immobile. Détaillant le moindre de ses gestes, la manière dont elle se voute un peu pour adopter la position parfaite, ses doigts qui se déplacent sur l’appareil. L’espace de quelques instants, il se perd dans ses souvenirs, se remémorant les heures qu’il a passées à ses côtés, l’embêtant tandis qu’elle prenait de beaux clichés. Il a perdu le compte du nombre de fois où elle a fini par braquer l’objectif sur son visage à lui, sur son sourire goguenard, sur ce regard si particulier qu’il n’accordait qu’à elle. Il se rappelle lui avoir chipé l’appareil plus d’une fois pour immortaliser son beau visage, bien qu’il n’ait clairement pas son œil, son talent pour sublimer l’anodin. Il revoit les tirages éparpillés sur le lit de la demoiselle, sur le sol de sa chambre, il se souvient les avoir regardés un à un, la gratifiant de petits commentaires amateurs pour lui dire quelles photos il préférait.

Il ne sait que faire. Aller la voir, reprendre de force une place dans sa vie ? Ou tirer un trait définitif sur elle, la délester de sa présence dans sa vie puisqu’elle est manifestement bien mieux sans lui ? Il hésite le jeune homme, pesant le pour et le contre. Et comme toujours, la balance penche de son côté. Il est égoïste Landon, même s’il refuse de se l’avouer, et envoyant balader le bonheur de la demoiselle, il décide de reprendre une place dans sa vie. Qu’importe laquelle, amour, amitié, il a simplement besoin de sa présence à ses côtés. Et puis, il le sait, il peut la rendre heureuse. De nouveau. Rien n’est joué, après tout. Il est encore temps pour lui de se rattraper. Comme elle l’a si bien dit l’autre jour, il ne sait plus rien d’elle. Et c’est sans doute par-là qu’il faut commencer, finalement. Réapprendre à se connaître.

Il se remet en marche, direction la photographe blonde trop concentrée sur son travail pour l’entendre arriver. Il pose son sac dans l’herbe, à ses pieds, et s’accroupit aux côtés d’Eden, risquant un regard vers l’écran numérique de l’appareil. Il retire ses lunettes de soleil, inutiles en ce lieu où de faibles rais de lumières flirtent étroitement avec l’ombre, et les pose sur son sac.

- T’as donc vraiment continué la photo, alors, commence-t-il, le visage tourné vers la jeune femme qui ne lui accorde pas un regard. Ça fait plaisir de voir ça, je sais qu’il n’y avait rien d’autre qui te faisait vibrer comme ça… T’as trouvé un taff ici, du coup ? Comme t’es rentrée y a pas longtemps…

Il attend. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Les secondes s’égrènent lentement, et il finit par comprendre qu’elle n’est pas décidée à lui répondre. Bien. Ce n’est pas ça qui va l’arrêter. Il baisse un instant les yeux vers sa main droite, parsemée de petites croûtes rouges, vestiges de leur dernière rencontre. Il n’est pas passé loin de se briser les os, c’est ce que lui a dit le médecin de son club de foot, qui avait tenu à l’examiner en le voyant arriver le lendemain la main défoncée. Mais franchement, il aimait mieux se casser la main qu’abimer Eden. Il relève la tête, promène son regard sur le feuillage des arbres qui les surplombent, qui ne laisse filtrer que des petites taches de lumière. Il hausse les sourcils, esquisse une petite moue approbatrice.

- Jolie luminosité, hein… T’as bien choisi ton lieu et ton moment.

Il attend un peu. Toujours pas de réponse. Mais il a fait l’armée le brun, il a connu bien plus difficile à gérer qu’une fille qui lui fait la gueule – à juste titre, qui plus est. Elles ne lui font pas peur, elle et sa froideur. Alors il s’accroche, il continue de regarder autour de lui, cherchant un truc à dire, n’importe quoi. Nouveau coup d’œil à l’écran.

- Si j’étais toi je dézoomerais un peu. C’est pas mal aussi de prendre des plans d’ensemble, avec tout un contexte autour de l’objet…

Il la regarde, lui adresse un petit sourire, pas bien sincère mais pas vilain pour autant. Allez, Eden. Allez. On renvoie le soldat James au front. But de la mission ? Faire craquer la princesse des glaces.
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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyLun 19 Juin - 3:19

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Chaleur insoutenable sous laquelle la fille aux cheveux couleur platine marche avec son appareil entre les mains. Elle n’a aucune inspiration aujourd’hui la poupée de Savannah. Elle arpente les longues rues de la ville qui l’a vue naitre en soupirant ; l’œil grand ouvert à la recherche d’un simple mouvement, une image, une personne qui lui offrirait le parfait cliché ou alors assez d’inspiration pour trouver le thème parfait. Une série de cliché qu’elle devra sous peu exposer à son potentiel nouveau patron si elle arrive à trouver ce satané thème à la con. Mais ça fait des heures qu’elle est sur le coup, ça se compte même en jour en fait. Elle commence à désespérée Eden, elle se dit qu’elle n’arrivera jamais à trouver quoi photographier et qu’elle ferait mieux d’annuler le futur rendez-vous avec le journal local qui cherche une photographe pour couvrir ces évènements. Eden, elle a oublié le mot ‘’inspiration’’ tant ça fait longtemps qu’elle ne l’a pas croisée. L’inspiration, elle a très certainement foutu le camp à partir du moment qu’elle a remis les pieds ici. De toute façon, depuis qu’elle est revenue en Géorgie tout va de travers. Que ce soit la santé de sa grand-mère ; sa vie sociale ou professionnel. Non, après rectification c’était depuis qu’elle avait croisé le chemin de son ex petit-ami que tout allait mal.

Mais depuis l’épisode sur le toit, avec tout le mal et la peine qu’il avait pu lui faire. Elle s’était juré de ne plus penser à lui ; de ne plus prononcer son prénom que ça soit à voix haute ou même dans sa tête. Elle l’avait éliminé de son existence. Complètement rayé. Une sorte d’autothérapie pour aller mieux. Elle s’était juré de ne plus jamais posé son nom sur tous les malheurs qui lui tombait dessus. Il était temps de passer à autre chose ; il était temps pour elle d’ouvrir de nouveau ses ailes qu’elle avait mis tant de temps à faire pousser. Des ailes qu’elle n’avait plus jamais déployée par peur de se les faires de nouveau arracher. Mais à vingt-six ans, on ne peut pas, on ne peut plus vivre que dans la peur ; on ne peut pas se contenter de voir sa vie défilée et contempler nos petites histoires passées à côté de la grande. Surtout quand la personne vous dit en face à face sept ans après que même dans un univers alternatif il n’y aurait jamais eu d’avenir commun possible entre eux.

Boum. Coup dans le cœur, même une semaine après elle encaisse encore très mal les horreurs qui ont été dites. Elle n’arrive pas à s’en foutre comme elle aime le prétendre. Eden reste sensible, Eden elle vacille entre l’envie de se laisser couler dans la tristesse et celle de vivre pleinement sa vie. Mais elle se rattache à l’une des phrases de Landon pour sourire, pour trouver du gout à la vie. Elle ne veut finalement pas tomber dans l’oubli ; elle aussi elle veut se fixer des objectifs. Alors, elle n’abandonne pas, elle zappe de son cortex les images sanglantes de sa dernière rencontre avec le brun sur le toit et se focalise de nouveau sur ce qu’il y autour d’elle. Elle a des photos à prendre la belle, elle a un job à gagner la demoiselle.

Après un nombre incalculable de photo prise dans le centre de la ville, Eden elle en a marre de prendre des natures vivantes au travers de son appareil Nikon. Elle trouve ça complètement chiant. Rien ne lui plait, elle ne trouve aucun plaisir à prendre des voitures en photo, des gens qui ont l’air encore plus morose, fatiguant et fatiguée qu’elle-même. Alors elle arrête. Elle se dit qu’aujourd’hui n’était pas la bonne journée et que demain ça ira mieux, qu’elle trouverait autre chose de plus intéressant à capturer. Il lui reste tout de même cinq jours et une poignée d’heures avant d’avoir réellement aucun autre choix que celui d’abandonner et d’annuler ce fichu rendez-vous dans le vieux quartier de Savannah. Ainsi, elle décide de rentrer chez elle, car il se fait tard de toute façon. Et pour en rajouter une couche elle a chaud, elle crève de chaud dans son short en jean noir destroy et son débardeur blanc, dénué de tout motif qu’elle a porté toute la sainte journée. Elle n’a qu’une hâte et c’est celle de se changer et se déchausser car elle n’en peut plus. La faute à elle-même d’avoir autant marché et trainé dans ses vieilles converse blanche d’un bout à l’autre de la ville pour n’avoir que de pitoyable cliché.

Soleil de plomb qui vient taper à l’arrière de sa jolie petite tête pendant qu’elle s’active pour rentrer chez elle. La Géorgienne elle passe par des raccourcis que seul elle connait d’après elle. Elle passe par les chantiers du parc historique de Wormsloe entre les grands arbres et les ruines de l’ancien quartier de la ville. Elle fait son bout de chemin, la tête dans les nuages Eden, le cerveau très certainement mit en off et se laissant guider par sa simple connaissance par cœur des lieux qu’elle arpente. Elle pense à tout et à rien. Du genre :  à ce qu’elle mangera ce soir et se demandant si elle sortira plus tard pour boire un verre ? Après tout, passera-t-elle par la case nourriture avant d’aller s’enfiler des shots de tequila les uns derrières les autres même ? Aucune idée. Des fois elle le fait, des fois elle ne le fait pas. Mais elle devrait y penser plus souvent la poupée. Vomir lorsque l’estomac est vide est un réel supplice. Elle le sait, pourtant elle continue de vivre ce calvaire qu’elle s’inflige de temps à autre, lorsque le moral n’est pas au beau fixe. Elle se met une race, vomit ses tripes et retourne à sa vie de mélancolie. Elle vomit tout ce qu’elle a dans le bide en se disant que ça la lave de l’intérieur sans quoi elle serait certainement pourrie depuis le temps. Elle est étrange Eden, elle se fait du mal sans s’en rendre compte. Elle continue de faire des conneries à son grand âge car personne ne lui a jamais donné la notice de la vie.

Bruit qui surgit au-dessus de son crâne de façon inattendue lorsqu’elle entre dans les bois ; Elle sursaute la demoiselle au cheveux platine. Mais elle se concentre sur ce qu’elle entend :  le chant des oiseaux qui répondent les uns aux autres d’un bout à l’autre de la forêt miniature. Elle est ébahie Eden par l’intelligence qu’ont les animaux pour communiquer entre eux. Elle est certaine de les entendre se répondre par cris interféré. Elle reste là, sans bouger. Elle regarde la cime des arbres en plissant les yeux pour y voir un quelconque volatile continuer de fredonner. Après quelques secondes de silence, ça reprend. Elle dégaine son appareil photo et vise là où elle croit percevoir les nids des oisillons. La voilà son inspiration, le voilà son thème parfait : Le parc de Wormsloe et ses animaux.

Sans se rendre compte, elle y passe du temps Eden perdue dans le parc. Elle qui ne devait qu’y passer pour rentrer à Tybee Island elle se retrouve à photographier tout ce qu’elle y voit et se passionne de tout et n’importe quoi. Que ce soit le petit écureuil au sol attrapant une noix ; ou le canard prenant un bain dans sa marre. Elle s’exalte de la beauté, la fragilité de ces animaux dans leurs habitats quasi-naturel. Elle ne s’approche pas de trop près, elle ne veut certainement pas les déranger. Heureusement pour elle, elle a du bon matériel qui lui permettent de prendre des clichés d’exception sans empiéter, stresser ses modèles. Elle est à même le sol, accroupie et silencieuse. Elle attend le moment parfait pour illustrer la beauté du Paon à quelques mètres d’elle.

Clic, clic. Elle s’approprie la beauté de l’animal, de ses plumes d’un éclat sans terme maintenant qu’il les déploie. Elle est à deux doigt de lui parler à l’animal, de lui dire de continuer à faire le beau, de faire la ‘’roue’’ comme ils l’appellent à la télévision lorsque celui-ci met sa queue en éventail. Mais elle a peur qu’il l’entende, elle a peur qu’il s’enfuisse avant même qu’elle n’ait pu avoir la photo parfaite. Elle est tellement concentrée dans ce qu’elle fait la belle, qu’elle n’entend pas le sac qui se pose derrière elle, elle ne voit pas son ex le mercenaire s’accroupir à côté d’elle.  

Voix douce qui parvient aux oreilles de la blonde, voix trop proche qui lui arrache un frisson et un sursaut par la même occasion. Elle tomberait presque sur le côté tant celui-ci lui a fait peur. Comment est-il venue jusqu’à elle sans qu’elle ne le voie ou l’entende ? Pourquoi se retrouve-t-il toujours là où elle est ? Beaucoup de question mais peu de réponse. Puis elle n’est pas là pour lui et ses réponses en fait. Si elle ne devait lui dire qu’une seule chose ça serait lui demander de se la fermer car il va finir par effrayer l’animal en face d’eux à parler avec sa voix portante. Mais non, elle oublie très vite cette idée Eden car elle s’est jurée de ne plus jamais lui parler. Ce n’est pas lui parler de sa passion, faire comme si il se rappelait du bon vieux temps lorsque la blonde découvrait encore à peine les fonctionnalités de son vieil argentique qui renouera les choses. Ja-mais. Elle n’est pas aussi faible Eden. Pas après tout ce qu’il a dit la semaine passée.

Il tente le garçon, il ne lâche pas prise mais en face de lui y’a encore plus bornée. Y’a la mauvaise graine qui ne répond pas, ni la première fois, ni la deuxième fois. Elle reste les yeux rivés sur le Paon qui s’est assis à même le sol terreux, mangeant des verres de terre d’un air satisfait. Clic. Nouveau cliché attrapé, elle baisse l’appareil photo au niveau de sa poitrine et à son plus grand désarroi elle remarque que Landon est encore là. Il ne s’est donc pas volatilisé en même temps qu’elle appuyait sur le bouton de son appareil. Bien. Elle va donc devoir le supporter. Ça va être gé-nial. Elle soupire de nouveau et c’est à ce moment-là qu’il décide de s’adresser de nouveau à elle. Il a les yeux rivés sur elle et elle le sent. Elle aimerait lui dire d’arrêter de faire ça mais non, elle préfère rester de nouveau muette. Même lorsqu’il se met à donner son avis sur le cadre et la luminosité elle reste de marbre.

Secrètement, elle se demande ce qu’il peut bien lui vouloir. Car après tous les mots échangés il devrait autant la détester que ce qu’elle le déteste lui. Mais non, il a l’air paisible, tranquille. Il a retrouvé son air serein et il en rajoute une couche en lui donnant son avis sur sa manière de prendre la photo. Elle tourne la tête vers lui blasée. Elle le regarde dans les yeux et il tente un petit sourire. Un sourire auquel elle ne répond pas. Alors là, plutôt crever que se laisser embobiner par un sourire en coin. Aussi parfait soit-il. Il devrait pourtant le savoir depuis le temps qu’elle hait ça lorsqu’un novice, quelqu’un sans aucune connaissance pour la photo vient rajouter son petit grain de sel. Et il devrait aussi savoir qu’elle ne se laisse pas avoir par des regards de cocker et des sourires de star de ciné. « Laisse-moi tranquille. » dit-elle d’une voix monocorde, d’un ton sec. Voilà on y est. Première promesse rompue avec elle-même. Elle lui a parlée alors qu’elle s’était juré le contraire trente seconde avant encore. N'a-t-elle aucune pitié pour elle même ? Et l'histoire de la mort avant le déshonneur elle l'a oubliée ou quoi ?

Mais, car le mais est important : elle le fait en se disant qu’il n’y a que comme ça qu’il la laissera pour de bon. C’est une promesse rompue pour un bien sur le long terme non ? Non. Même elle n’y croit pas, elle regrette déjà de l’avoir fait. Elle lui donne ce qu’il attend comme une imbécile. Pour ne pas continuer à s’enliser dans la merde elle préfère se lever, elle préfère abandonner les jolies prises du Paon et s’en aller. Elle préfère s’éloigner plutôt que rentrer de nouveau dans une guerre qu’elle n’est plus prête à assumer. Elle attrape son sac contenant son matériel et le laisse planté là.

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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyLun 19 Juin - 18:10

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Jeune homme qui souffre de son silence, qui se demande s’il va donc passer un quart d’heure à converser avec un mur, à enchaîner les banalités dans l’espoir de lui arracher un regard, un mot, un sourire. Si les minutes à venir se poursuivent de la sorte, probablement va-t-il finir par lâcher l’affaire. Abandonner, la laisser là pour cette fois, car bien que plein de bonne volonté, il a ses limites, Landon. Ou plutôt, sa fierté a ses limites. Faire le premier pas est difficile pour lui. S’accrocher à elle, prendre le temps de rester à ses côtés pour tenter d’apprivoiser la bête sauvage qu’il a retournée contre lui, ça aussi ce n’est pas une tâche aisée pour lui. Mais il est prêt à le faire, car il tient à elle, mine de rien, et qu’il est probablement celui qui a eu le pire comportement lors de leur dernière rencontre, bien que la faute soit partagée. C’est bien elle, et non lui, qui a mis le feu aux poudres. Et si le fait qu’elle ait tout fait pour le provoquer n’excuse pas les terribles paroles qu’il a prononcées, elle a tout de même ses torts, elle aussi. Et contrairement à lui, elle n’a pas fait l’effort de s’en excuser, acte d’une difficulté suprême pour une personne comme lui. Aussi, s’il est prêt à revenir vers elle, à mettre rancœur et ressentiment de côté, il n’y est prêt que dans une moindre mesure. S’il essuie trop de vents, si elle s’obstine à le traiter comme une vague entité insignifiante, eh bien… Il tournera les talons, et basta.

Espoir qui renaît en lui en la voyant entrouvrir les lèvres, en voyant un petit bout de langue apparaître entre ses dents. Espoir qui aurait dû n’être que de courte durée, qui aurait dû s’évanouir dès l’instant où de l’air s’était insufflé dans sa gorge, faisant vibrer ses cordes vocales pour lui demander de s’en aller, de la laisser. Pourtant, il n’est même pas déçu. Il s’en doutait même, à vrai dire. Il n’est pas naïf Landon, il n’avait pas la prétention de s’imaginer qu’il lui suffirait de débarquer avec un sourire charmeur et quelques clins d’œil et que ça y est, Eden tomberait une nouvelle fois dans ses bras. Encore moins après qu’il l’ait blessé comme il l’a fait. Il la connaît bien la jolie blonde, il sait combien elle peut être difficile à dérider lorsqu’elle fait la gueule, il n’a pas oublié la froideur inaccessible dont elle peut faire preuve quand elle s’y met. Avant même de l’apercevoir dans l’herbe, il s’attendait à une telle réaction. Il l’avait vue venir. Il savait déjà, en s’approchant d’elle pour lui adresser la parole, qu’elle l’enverrait balader plus d’une fois. Qu’il lui faudrait déployer une batterie d’efforts pour doucement remonter la pente de leur relation, l’échelle de l’estime qu’elle avait pour lui. Mais il y arriverait. Centimètre par centimètre, barreau par barreau, il finirait par y parvenir. Il le savait. Et ces quelques mots qu’elle venait de lui adresser pour lui dire de déguerpir ne faisaient que nourrir son espoir, renforcer ses convictions. Il avait réussi à la faire craquer en quelques secondes à peine ; cela se reproduirait forcément sans tarder.

Elle se relève, le laisse planté là, le cul à dix centimètres du sol et une main plongée dans l’herbe tendre. Il suit ses gestes du regard, la voit se redresser, s’emparer de son sac et tourner les talons. Ni une ni deux, il récupère de ses lunettes, les coince dans le col de son T-shirt et passe son sac à dos sur l’une de ses épaules, avant de s’élancer à sa poursuite, faisant par la même détaler le paon pour de bon. En voilà une preuve de son engagement, tiens : lui courir à moitié après, alors que la température excède les trente-cinq degrés. Il la rejoint en quelques foulées, se place à ses côtés comme si de rien n’était, cale son pas sur le sien, une main glissée dans la poche de son bermuda. Il s’apprête à lui dire qu’il comprend qu’elle ne souhaite pas lui parler, pas après tout ce qui s’est dit sur ce toit d’immeuble, mais il refuse de ne serait-ce que faire référence à leur dernière dispute. Il faut que les choses se passent bien, aujourd’hui. Qu’ils retrouvent peu à peu le chemin d’une relation normale, et cela commence par faire des conflits des évènements épisodiques, et non systématiques. Aussi il s’est juré de ne plus mentionner la dispute du toit, ni même celle de River Street, d’éviter à tout prix les sujets épineux, bien que tout sujet puisse devenir épineux, avec Eden. La preuve, il avait suffi qu’il lui demande où elle avait passé ces dernières années pour qu’une scène de guerre se déclenche au sommet de l’immeuble. Regardant droit devant lui, il marche à ses côtés, bien décidé à ne pas la lâcher, plus collant qu’un chewing-gum pris sous sa semelle.

- Savannah est une grande ville, on pourrait se trouver n’importe où en ce moment, mais le hasard a fait qu’on est tous les deux ici. C’est une chance, autant la saisir ! Ce serait trop con de se tourner le dos, prétendre qu’on ne s’est pas vu… C’est pas des manières, fallait bien que je vienne te saluer !

Il tourne la tête vers elle sur cette dernière phrase, lui adresse un gentil sourire. Il n’est rien de faux dans ce qu’il dit. Le hasard a bien fait les choses pour une fois, et il n’a rien fait de flippant pour la croiser, comme la suivre depuis chez elle, par exemple. Tout est vrai dans ses paroles, si ce n’est les derniers mots. C’est plus qu’une question de politesse, pour lui. Il avait sincèrement envie de venir la voir, se rattraper, échanger quelques mots avec elle. Même si pour l’instant, l’échange est surtout à sens unique.

Il regarde autour d’eux, cherchant quelque chose à lui dire. Le sujet de conversation, l’élément qui saura de nouveau déclencher la mécanique, qui donnera un peu de travail aux zygomatiques de la demoiselle.

- J’peux t’aider, peut-être ? C’est pour quoi les photos que tu prends, juste comme ça ou t’as un contrat à remplir ?

Il baisse les yeux, aperçoit une pomme de pin à ses pieds. Il se penche, ramasse le petit cône desséché et le montre à Eden.

- Ça pourrait peut-être faire l’affaire ça, nan ? Tu pourrais faire une jolie mise en scène avec des feuilles, peut-être, et quelques brins d’herbe… Un bon cadrage, et ça passera crème avec la chouette luminosité qu’il y a là !

Il dit de la merde Landon, et il le sait. Nul doute que ses conseils ne valent rien. Nul doute que son idée ne rendrait rien si elle la mettait en œuvre, mais il essaie. On ne peut pas lui enlever cela, il tente tant qu’il peut, il fait de son mieux avec son petit cerveau dénué de toute fibre artistique. Comme il s’y attendait, elle n’en fait rien, et il balance la pomme de pin par-dessus son épaule. Tant pis. Il trouvera autre chose. Il essuie les vents, mais peu importe. Elle a craqué une fois, aussi il y a de grandes chances pour que cela se reproduise.

Il se tait quelques instants, se contentant de marcher à ses côtés en silence. Prenant garde de toujours laisser une certaine distance entre eux deux, de ne pas la toucher, afin de ne pas trop l’envahir. Il lui impose déjà sa présence, il ne faut pas trop lui en demander non plus. Elle ne doit probablement rien comprendre, la pauvre. Un jour il lui hurle dessus, lui dit des atrocités, et la fois suivante il revient la voir comme si de rien n’était. Mais il est comme ça Landon, il s’emporte vite, mais retrouve tout aussi rapidement son habituelle tranquillité. Il revient vers elle comme si la dispute sur le toit n’avait jamais existé, et c’est là tout le but de la chose. Secrètement, il espère qu’en faisant cela, cette sombre après-midi finira par s’effacer d’une manière ou d’une autre, et avec elle toute la douleur qu’elle a amenée.

Il lève les yeux vers la cime des arbres, aperçoit un couple d’écureuils qui saute de branche en branche. Large sourire satisfait qui se dessine sur ses lèvres, visage qu’il tourne vers Eden en pointant du doigt les bestioles.

- Eh, regarde-les ! Ce serait pas génial à prendre en photo ? Je suis sûr que tu peux réussir à les capturer en plein mouvement, ça pourrait donner un résultat super !

Il a l’air content Landon, vraiment heureux, fier de lui d’avoir repéré les rongeurs. On dirait un peu un enfant trop enthousiaste pour vraiment pas grand-chose, un enfant d’1m73 tout en muscles, mais tout de même. Il se donne du mal pour aider Eden, pour la faire rire, sourire, et ça se voit. Peut-être le trouve-t-elle agaçant, ou ridicule. Peut-être ne va-t-il faire que l’énerver de nouveau. Peut-être éveille-t-il sans le vouloir la facette hargneuse de sa personnalité, peut-être va-t-elle lui hurler de dégager, à la longue, comme la dernière fois qu’ils se sont vus. Mais il a déjà fait trop d’efforts pour s’arrêter maintenant. Il fait un pas vers elle Landon, un pas maladroit, mais il fait comme il peut, avec les moyens qu’il a à sa disposition.
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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyLun 19 Juin - 22:49

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Elle l’a abandonnée sans même se retourner ; elle marche vite Eden quand elle s’y met. On entend ses pieds frôler les feuilles mortes. Elle en oublie qu’elle était ici pour un but précis. Tout est chamboulé dans sa cervelle. Elle n’a qu’un but précis qui est celui de s’en fuir. Elle va au pas de course pour peut-être avoir la chance de le semer ; lui faire comprendre qu’elle ne veut pas être à ses côtés. Mais elle n’y croit guère, maintenant qu’elle lui a parlé ; maintenant qu’il a pu entendre le son de sa voix elle sait que ça détermination ne fera qu’augmenter au grand garçon. C’est pour ça qu’elle fuit la blonde. Elle essaie de se volatiliser, de se fondre dans le décor fait de verdure et de terre. Elle emprunte un chemin par la gauche, puis tourne directement à droite. Mais c’est loupé, elle discerne le bruit de ses pieds juste derrière elle. Il a quasi couru pour la rattraper l’enfoiré. Elle grince des dents face à tant de volonté lorsqu’il se retrouve à sa gauche. Une volonté à vouloir lui parler qu’elle ne partage pas. Elle c’est tout le contraire qu’elle s’est juré. Alors, elle l’ignore quand il se met à lui parler. Elle roule des yeux lorsqu’il ose mêler le destin à cette rencontre quasi impossible. Mouais, elle a du mal à croire que ça soit réellement du pur hasard qu’ils soient là, tous les deux à la même heure le même jour. Pour elle, il l’a cherché sa destinée. Il a tout fait pour savoir où elle était. Elle s’imagine presque s’être fait suivre à son insu. Mais elle ne se prononce pas sur le sujet. Elle préfère le laisser gamberger et ne pas lui donner satisfaction en répondant une nouvelle foi.

Du coin de l’œil, elle voit le visage de son ex tourné vers elle. Elle voit ce sourire tendre, bienveillant qu’il lui adresse mais elle préfère détourner le regard, tourner la tête au total opposé pour ne pas craquer. Il sait comment l’endormir le petit. Il joue trop bien de ses anciens charmes sur elle. Elle préfère détourner son attention sur les arbres, leurs écorces brutes plutôt que ne lui laisser qu’une seule seconde la chance de pouvoir croiser son regard. Non, non et non. Il ne l’aura pas merde. Pas après l’avoir tant pourrie la semaine dernière. C’est mort pour elle, il ne mérite même pas d’être là, à ses côtés. Elle devrait le frapper même tellement il s’est montré mauvais avec elle. Mais non, le silence est le meilleur des mépris il parait. Elle se fie à cette vieille phrase que sa mère lui rabâchait lorsqu’elle était plus jeune. A son grand âge, Eden se dit qu’elle n’avait pas tort sa mère. Le mépris est finalement bien meilleur ; bien plus fort que la violence. Violence qui lui rappelle celle de Landon sur le toit. Violence qu’il n’avait pas su contenir pour la toute première foi. Discrètement, trop curieuse la belle vient glisser ses yeux sur la main endommagé du soldat pour voir ce qu’il en est. Elle grimace en percevant les croute qui ont pris forme sur ses phalanges, la couleur violacée de son poing. Elle aimerait l’engueuler, faire du sarcasme sur le sujet mais non toujours pas. Elle n’a pas le droit de lui parler. Aussi frustrant que ça puisse l’être.

Pour se donner un peu de contenance, ne pas paraitre trop bouleversé par son arrivée surprenante Eden fait mine de regarder autour d’elle. Elle colle son œil dans le viseur et prend les troncs d’arbre en photo, elle s’amuse à capturer le soleil qui est en train de se coucher ; ses rayons qui se faufilent entre les branches. Elle fait retentir le bruit de son reflex pour combler le vide qu’elle ne peut combler en lui parlant. Tout et n’importe quoi devient faussement intéressant.

Un ange passe, peut être deux même tant le temps parait long lorsque la conversation ne va que dans un sens. Elle continue de marcher, doucement n’ayant même plus envie de faire semblant de prendre quelque chose en photo. Ça la fatigue de faire semblant au bout d’un moment. Elle abandonne, elle traine juste la patte en attendant que le chemin se fasse. Une nouvelle foi, Landon se porte volontaire pour briser la glace.  Il lui demande si il peut l’aider et elle fait non de la tête. A défaut d’ouvrir les lèvres elle s’autorise à bouger la tête. Non elle ne veut certainement pas de son aide, car elle ne veut plus rien de lui tout court. Il lui demande alors si elle a un contrat et de nouveau, sans grand suspens elle fait non de la tête la poupée. A croire qu’elle ne sait faire que ça la poupée dire non non non, toute la journée. Ce n’est pas à lui qu’elle dira qu’elle est en pleine recherche d’emploi ; que si elle est là c’est pour appâter son potentiel patron.

Pigne de pin qui vient se placer sous ses yeux ; main qu’elle reconnait que trop bien qui vient la lui montrer. Elle arque un sourcil et remonte son regard d’albâtre sur le visage de Landon. Elle est intriguée, elle ne comprend pas ce qu’il veut dire par là. Alors elle le regarde avec insistance, le genre de regard qui lui hurle de parler avant qu’elle ne la prenne le cône et lui envoie au visage. Elle est à deux doigts de l’attraper lorsque celui-ci recule sa main et lui comte ce qu’elle pourrait faire de cette pomme de pin. Une mise en scène digne des plus grands à l’en écouter. Elle croise les bras et le toise du regard. Est-il une seule seconde sérieux ou se paie-t-il sa tête ? Lorsqu’il parle une nouvelle foi de la luminosité elle ne peut s’en empêcher et sa main vient taper son biceps. Deuxième règle qu’elle enfreint en moins de dix minutes. Elle déconne Eden, elle abuse à agir de la sorte. Quelle audace de venir le toucher alors qu’elle est censée agir comme si il était invisible… mais il est saoulant Landon quand il dit de la merde juste pour parler ; il l’énerve vraiment quand il joue les connaisseurs alors qu’il ne doit même pas savoir à quoi sert la luminosité dans un putain de cliché. Elle aimerait lui dire d’arrêter avec sa luminosité. Elle ouvre même la bouche pour le faire mais elle la referme directe.  Elle aimerait avoir l’air menaçante la jolie Eden, elle aimerait que son air soit assez fort pour qu’il la prenne au sérieux pour une foi mais c’est une cause perdue. Elle soupire et reprend la marche, elle se remet à trotter rapidement car elle a encore craquée, d’une autre façon mais elle a craquée putain d’merde.

Pour une foi, Landon ne fait pas le gamin. Le brun ne fait aucun commentaire sur le fait qu’elle ne parle pas ; ni sur le fait qu’elle agisse bizarrement un coup sur deux. Car elle est bizarre l’attitude de la blonde. Elle ne le calcule pas mais s’autorise à hocher la tête ou lui répondre par la négation. Elle le tape mais l’ignore la minute d’après. Elle agit comme une demeurée Eden, il doit réellement avoir l’impression de parler à une attardée. Mais il n’en dit pas un mot et ça la calme. Elle a un peu moins peur ; beaucoup moins l’appréhension d’être à ses côtés. Car elle l’avait redouté ce moment où il se reverrait. Elle s’était déjà imaginé la guerre froide alimenté par les regards de travers et les paroles crachés. Mais il devait surement avoir beaucoup à se reprocher ; c’était certainement pour ça qu’il agit de cette façon. Qu’il se montre plus calme que de raison. Elle, en tout cas elle n’oublie pas ce qui a été dit et fait. Eden Rancunière Howard, ce n’est pas pour rien qu’il l’avait surnommé comme ça.

Bien trop concentré sur ses propres faits et geste, la demoiselle n’entends pas le raffut que font les deux petits rongeurs au-dessus de leurs têtes. C’est Landon qui lui pointe du doigt les deux écureuils qui s’amusent à sauter d’une branche à l’autre. Elle regarde le spectacle hébété et écoute d’une oreille peu concentrée le garçon. Elle dégaine son appareil avant même qu’il n’est fini sa propre phrase et elle enchaine les photographies, elle capture chaque mouvement dans les airs jusqu’à que le petit couple se retrouve à la cime d’un arbre à se lécher les pattes. Elle sourit et prends encore deux photos avant de laisser de nouveau son appareil pendre autour de son cou grâce au cordon de sécurité.

Calme qui retombe, moment de silence qui en devient gênant. Ils se fixent sans un mot. Elle a envie de parler, ça la démange mais elle hésite, elle s’en mordille la lèvre sous ses yeux et passe une main stressée dans ses cheveux ondulée. Elle ne veut pas se trahir, mais elle veut pas non plus regretté. Elle lui doit bien ça, au moins la poupée. Car à sa façon, même nulle il l’a aidé. C’est lui qui lui a montré les deux rongeurs et puis … Il fait des efforts, elle peut au moins le remercier. « Merci » Dit-elle, très rapidement. Un mot en deux syllabes qu’elle lâche dans la nature comme ça. De but en blanc. Elle l’assume pas trop de l’avoir remercié après toutes les patacaisses qu’elle avait faite pour ne pas lui parler, les promesses et tout le bordel qu’elle avait murement réfléchi. Elle tourne la tête, se balance d’un pied à l’autre comme une enfant face au silence. Elle sent son regard sur elle, amusée et elle se braque un peu, elle dévie ses opalescences sur lui en fronçant des sourcils. « T’es chiant Landon sérieux ! » Elle soupire, elle déteste avoir l’impression qu’on se moque d’elle. Comme si il savait qu’elle s’était promis de ne plus jamais lui parler qu’il avait réussi à la faire craquer. Elle hait cette sensation, elle ne veut pas lui donner raison. Alors, elle saisit sa chance. A peine lui tourne-t-il le dos un instant pour reprendre le chemin qu'elle s’enfuie en prenant le chemin inverse, le chemin à l'envers. Eden agit comme une enfant... Encore. Rapidement elle se faufile dans la faune, elle s’en va vite. Trop pour qu’il comprenne où elle est partie, elle court pour lui échapper elle et se cache derrière un immense platane en espérant qu’il ne la retrouvera jamais.

Elle reprend doucement son souffle, son cœur tambourine dans sa cage thoracique alors qu’elle s’appuie nonchalamment contre l’écorce de l’arbre qui la cache entièrement. Eden c’est le genre de fille qui s’en tape d’avoir de la résine à l’arrière de son tee-shirt, d’avoir des petits copeaux de bois dans les cheveux. Surtout lorsqu’elle se retrouve à jouer à cache-cache, elle s’en fout des risques de se fouler une cheville en tapant dans une racine trop sortie de la terre, elle s’en fout de passer dans les buissons d’orties. Elle veut juste décamper, ne pas lui faire face maintenant qu’il a réussi son défi. Elle ferme les yeux un instant, elle inspire et expire lorsque soudainement une main vient se poser sur son poignet. Elle pousse un cri de surprise et ouvre les yeux en se retrouvant face à celui qu’elle était en train de fuir. Non, elle ne lui criera pas dessus qu’il lui a fait peur, il doit le savoir ça vue le cri de surprise qu’elle vient de pousser. Alors elle joue les filles blasées, ce qu’elle fait de mieux quand elle ne sait plus comment faire, comment agir en société. « T’aurais pas pu faire semblant de pas me voir … ? »


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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyMar 20 Juin - 2:38

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Les oiseaux chantent, berçant le parc tout entier de leur douce mélodie ; la légère brise de début de soirée caresse les branches d’arbres, faisant bruire leurs feuilles ; au loin, on peut entendre les autres visiteurs converser, rire, vivre. Le moindre son semble décuplé lorsque l’on est confronté au mutisme, lorsque chaque parole que l’on prononce est accueillie par un silence implacable. Il perçoit ce doux remue-ménage, si léger qu’il n’apparaîtrait en temps normal que comme une faible musique de fond. Mais là, ses oreilles qui n’ont que ce matériel sur lequel se concentrer se focalisent sur ces bruits insignifiants, alors même que tout ce qu’il souhaiterait entendre, c’est la voix d’Eden. De nouveau. Ne serait-ce qu’à travers un mot ou deux, un éclat de rire. Mais non. Elle est forte la poupée, elle reste aussi fermement campée sur ses positions qu’il le fait lui-même, elle se refuse à lui accorder la moindre parole. La mission sera ardue, Landon, mais t’en as connu des plus dures.

Il lui parle sans se décourager, s’accrochant à son « laisse-moi tranquille » comme aux plus belles paroles qu’il soit, alors qu’elle lui a clairement demandé de dégager. Mais ces paroles sont porteuses d’espoir à ses yeux. N’importe qui cède, à l’usure, c’est dans la nature même de l’Homme. Il s’agit simplement pour lui de faire en sorte qu’elle cède dans le bon sens du terme, s’assurer qu’elle ne finisse pas par lui crier dessus, déclenchant un énième conflit entre eux deux. Il lui parle, et ses efforts paient. C’est du moins ce qu’il se dit en la voyant hocher la tête, réponse silencieuse qu’elle apporte à ses questions. Si elle ne lui accorde toujours pas un mot, elle a au moins cessé de l’ignorer. Et rien que ça, c’est une victoire à ses yeux. Le premier pas vers l’amélioration de leurs rapports.

Elle le regarde avec éloquence, lui donne une tape sur le bras. Autant d’actes à première vue insignifiants, mais bel et bien encourageants. Car qu’elle le veuille ou non, elle communique avec lui en faisant cela. Elle communiquerait tout autant avec lui en l’ignorant, ceci dit, car le silence constitue un message en lui-même, mais c’est différent. Là, elle fait des gestes dans sa direction, infimes mais pas négligeables pour autant. Il voit sa carapace se fissurer peu à peu, l’armure de mépris qu’elle semblait s’être construite contre lui, il l’entend craquer à pas de fourmi, comme un œuf ayant commencé à éclore. Probablement est-elle énervée contre lui. Cela se lit sur son visage, cet agacement qu’il nourrit à chaque pas qu’il fait, à chaque conseil de merde qu’il lui apporte. Et pourtant, il ne peut retenir un petit sourire. Rictus victorieux qui étire sensiblement ses lèvres, il jubile intérieurement de lui avoir arraché ce geste. Geste qu’elle faisait souvent par le passé, dès lors qu’il racontait des bêtises ou qu’il la taquinait un peu trop. Aujourd’hui, ce geste ne respire plus autant l’amusement insouciant de jadis, mais tout de même. Il voit qu’elle n’a pas perdu ses habitudes, ses gestes fétiches, et ce malgré le passage des années, et cela le met en joie.

Et puis elle recommence à l’ignorer. Il a du mal à comprendre Landon, il a le sentiment de s’être réjoui un peu trop vite, d’avoir considéré la victoire comme acquise un peu prématurément. Mais comment la blâmer, comment pourrait-il se permettre la moindre remarque sur ses changements d’humeur inexpliqué, lorsque lui-même passe de la haine pure à une attitude joyeusement innocente ? Ils sont peut-être bien frappés, tous les deux. Complètement cinglés, changeants sans cesse d’humeur. Et puis il se souvient que, plus jeune, sa mère lui répétait souvent qu’ils vivaient dans une société où l’on se posait trop de questions, que l’on cherchait trop à mettre des diagnostics sur tout. Que l’expression « Jean qui rit et Jean qui pleure » illustrait à la perfection la nature humaine dans toute sa complexité. Alors peut-être leur comportement à tous les deux était-il finalement des plus normal. Peut-être ces réactions à premières vues incohérentes étaient en réalité des plus logiques, suivant leurs émotions à l’un et à l’autre, inconnues de l’autre. Probablement Eden était-elle prise en plein conflit intérieur, en ce moment-même. Hésitant à lui accorder un regard, un geste, une parole. Se laissant aller un instant, freinant des quatre fers l’instant suivant. Ce serait cohérent. Et il aurait été bien inconvenant de sa part qu’il lui fasse la moindre remarque à ce sujet alors même qu’il était à l’origine du dilemme qu’elle subissait, suppôt de Satan près à tout pour faire craquer la demoiselle.

Nouveau rictus qui étire ses lèvres en la voyant dégainer son appareil d’une main experte, braquer l’objectif sur les écureuils qui s’amusent clairement cent fois plus qu’eux au-dessus de leurs têtes. Sans doute était-il plus simple d’être un animal qu’un être humain. C’est du moins la réflexion qu’il se fait en voyant le couple de rongeurs qui se chamaille gaiement, saute de branches en branches, roule dans un fouillis de poils bruns. Ils ont l’air heureux, insouciants… Comme Eden et lui avant. Avant la rupture, avant la guerre, avant les disputes devenues presque systématiques à chaque fois qu’il rentrait en permission. L’espace d’un instant, il imagine une version plus jeune d’eux-mêmes mutée en écureuils, et cette vision lui arrache un sourire amusé. Il faut vraiment qu’il cesse de se perdre dans ses pensées, il formule bien trop aisément des idées totalement absurdes.

Il reporte son attention sur Eden, laissant ses yeux suivre le dessin de son profil. L’os de son crâne. Son arcade sourcilière avancée. Son nez droit. Ses lèvres pulpeuses. Son menton prononcé. Il regarde la manière dont son visage tout entier se crispe sensiblement lorsqu’elle se concentre avant de prendre la photo, tous les sens convoqués pour ne pas bouger, pour adopter l’angle optimal. Il espère qu’elle aura été si bien focalisée sur son travail qu’elle n’aura pas remarqué sa contemplation minutieuse. Il détourne le regard avant qu’elle ait relâché l’appareil, relève les yeux vers la cime des arbres et vers les deux boules de poils qui ne semblent guère abruties par la chaleur. Comment font-elles ?

Du coin de l’œil, il la voit laisser retomber l’appareil, et s’autorise enfin à la regarder en face. Les secondes s’égrènent, paires de prunelles d’azur ancrées l’une dans l’autre sans que ni l’un ni l’autre ne prononcent un mot. Et puis il se souvient que la demoiselle semble avoir fait vœux de silence, et il entrouvre la bouche, n’espérant plus la moindre parole de sa part. Pourtant, contre toute attente, la poupée se décide à parler. Couple de syllabes prononcé avec empressement, expulsé bien loin de sa bouche aussi vite que possible, comme s’il pouvait lui brûler la langue. Mais elle l’a dit, sans l’ombre d’un sourire, mais elle l’a bel et bien remercié. Et cela lui arrache un sourire à lui, un vrai sourire, le premier qu’il lui adresse depuis bien longtemps. Même la dernière fois qu’ils se sont vus il y a sept ans il ne lui avait pas adressé le moindre rictus sincère, puisqu’ils s’apprêtaient à rompre. À vrai dire, il est incapable de se souvenir de la dernière fois qu’il lui a souri ainsi. Un vrai sourire, le genre qui remonte ses pommettes pour de bon et plisse ses yeux bleus. Il se doute que ce ne doit pas être facile pour elle de prononcer ce mot, mais elle l’a fait. Il n’est peut-être pas le seul à faire des efforts, finalement.

- C’est normal, ça m’a fait plaisir, répond-il simplement.

Elle n’a pas l’air bien à l’aise d’ailleurs, comme si elle regrettait déjà de l’avoir remercié, comme si elle hésitait encore entre rester braquée contre lui et lâcher un peu de lest. Ça l’amuse Landon, ça l’amuse de voir qu’il la met dans tous ses états, qu’il lui fait encore assez d’effet pour qu’elle ne sache plus comment se comporter face à lui. Ça l’amuse de voir qu’il n’est probablement pas le seul à vouloir arranger les choses, qu’il est simplement le seul à le montrer clairement. À l’assumer. Et quand il est amusé, il arrive rarement à le cacher le jeune homme. Ça se voit à son regard rieur, aux sourires qu’il retient tant bien que mal – plus mal que bien, d’ailleurs. C’est comme ça, il est de bonne humeur aujourd’hui, malgré la chaleur, malgré les chieurs de la plage, malgré sa main qui le lance dès qu’il tend les doigts un peu trop brusquement, alors il a laissé au placard son masque de mauvaise humeur pour la journée. À tel point qu’il ne peut s’empêcher d’éclater de rire en l’entendant lui dire qu’il est chiant, sans se douter que cela ne fera probablement que l’agacer davantage, renforcer l’impression qu’il se fiche d’elle. Seulement, s’il perçoit son agacement, cette exclamation lui semble dénuée de méchanceté, de haine pure. Il a le sentiment que les petites victoires se succèdent sur son compteur, comme lorsqu’il marque un but, et encore un, puis un dernier pour la route, et que les points s’ajoutent au fur et à mesure sur le grand panneau affiché au-dessus du terrain. Elle lui rappelle inconsciemment les nombreuses fois où elle lui a dit cela lorsqu’ils étaient encore au lycée et qu’il l’embêtait un peu trop, la poussait un peu trop à bout. Sans se douter qu’aujourd’hui, elle ne se sent plus aussi joueuse, un poil plus énervée. Mais ça, il ne s’en rend compte qu’au bout de quelques pas, après s’être retourné en ne sentant plus sa présence à ses côtés. Et pour cause, Eden s’est tout bonnement volatilisée. Il met quelques secondes à comprendre qu’elle s’est tout simplement tirée loin de lui – face à son refus de la laisser tranquille, elle a très logiquement pris les devants – et l’information parvient à son cerveau juste à temps pour qu’il aperçoive un éclair blond platine disparaître entre les arbres.

Sans perdre plus de temps, il s’élance à sa poursuite, courant vraiment, pour le coup, malgré la chaleur qui colle son T-shirt dans son dos et fait perler de fines gouttes de sueur sur le haut de son front. Mais il sent qu’il est en train de la récupérer. Qu’il n’est pas loin de la faire craquer pour de bon, de briser sa carapace d’ignorance. Et la connaissant, c’est probablement la raison pour laquelle elle s’est enfuie loin de lui. Parce que ça la fait flipper. Il ne peut se permettre de la laisser filer maintenant. Il la suit tant bien que mal, tâchant de ne pas perdre de vue sa crinière presque blanche, se fiant à son intuition lorsqu’il l’a laissée échapper de son champ de vision. Mais il l’a perdue. Pour de bon, la diablesse a réussi à se dérober à sa vigilance. Ça l’énerve pour le coup, il tourne en rond comme un imbécile, jurant dans sa barbe. Putain. Comment a-t-il pu être aussi con ? Il aurait dû se douter qu’elle tournerait les talons à la première occasion. Il passe une main dans ses cheveux, lâche un soupir. Et puis, au loin, il reconnaît une mèche blond platine portée par le vent, qui dépasse du tronc d’un platane. Sourire satisfait qui étire ses lippes, colère bien vite envolée. Il se dirige vers l’arbre en silence, s’approche de la jeune femme à pas de loup, lui arrachant un cri de frayeur lorsqu’il apparaît dans son champ de vision, s’emparant du même coup de son poignet pour s’assurer qu’elle ne parte pas à toutes jambes en le voyant. Il se mord la lèvre pour retenir un nouvel éclat de rire en l’entendant hurler, comprenant pour une fois qu’elle n’est pas d’humeur à s’esclaffer avec lui, et libère son poignet pour poser sa main, celle qui est intacte, à côté de la tête de la jeune femme, contre le tronc du platane. Baissant la tête vers elle, il lui adresse un sourire amusé.

- Ben déjà, je trouve pas ça très poli de pas se mettre d’accord sur le jeu avant de se mettre à jouer… J’veux dire, c’était un cache-cache ou un trappe-trappe ? Parce que ça change tout. Mais dans tous les cas, j’pouvais pas me permettre de faire semblant de pas t’avoir vu parce que ça m’aurait empêché de gagner, et tu sais aussi bien que moi que je déteste perdre.

Faisant fi de l’attitude indifférente de la jeune femme, il repart dans ses monologues, préparé psychologiquement à goûter de nouveau aux vents dont elle le gratifiait quelques minutes plus tôt. Mais cela ne fait rien. Il commence à se faire à ses sautes d’humeur. Se tenant face à elle, le bras tendu entre eux, il arque un sourcil, les yeux toujours baissés vers elle. Il n’a posé qu’une seule main sur le tronc, afin qu’elle soit libre de s’échapper par l’autre côté si elle le souhaite. Mais il la rattrapera, cette fois encore.

- Bon, tu comptes me dire pourquoi tu prends des arbres, des paons et des écureuils en photo, ou tu préfères me laisser mariner dans ce suspense insoutenable ?

Il doute qu’elle daigne lui répondre, mais cela ne coûte rien de poser une question ouverte. Lui laissant l’occasion de renouer le dialogue avec lui. De faire un pas vers lui, ce même pas qu’il fait dans sa direction à chaque instant, depuis qu’il l’avait aperçue accroupie devant l’oiseau bleu.
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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyMar 20 Juin - 18:19

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Il ne la laissera donc jamais filer le beau Landon … Cette fois elle est une femme emprisonnée. Il s’assure de la garder. Il encercle son poignet de ses doigts. Il ne serre pas sa prise, il ne lui fait pas mal pourtant elle ressent ce touché comme une brûlure qui s’intensifie au fil des secondes qui passent. Elle baisse la tête un instant, soupirant qu’il l’ait si aisément retrouvée. Elle qui se pensait discrète… C’est loupé. Après tout, si il ne l’avait pas retrouvé dans ces minuscules bois elle se serait certainement dit qu’il devait être un piètre soldat pour sa patrie. Il avait dû en trouver des hommes, des ennemies qui se cachaient un peu partout autour du globe pendant ses missions. Des hommes qui voulaient sa peau, des hommes prêts à dégainer les armes et le tuer si ils ne les trouvaient pas lui le premier. Alors ce n’était certainement pas une petite blonde sans arme, sans enjeux risquée qui allait lui échapper dans un parc que tous les deux connaissaient que trop bien pour l’avoir arpenté de long en large. Elle se sent ridicule tout à coup Eden d’avoir crue un seul instant qu’il puisse la laisser si facilement se volatiliser.

Contre toute attente, lorsque la brûlure que les doigts de Landon contre son derme provoquait commence à peine à ne plus la brûler, ne plus lui picoter ; c’est à ce moment-là qu’il il se décide à la lâcher. Mouvement libérateur, automatiquement elle vient frotter son poignet à l’aide de son autre main. Comme si il lui avait trop serré, comme si elle essayait plutôt d’enlever toute trace de son ADN sur sa peau à peine bronzée. Enfin elle est libre, enfin la poupée n’est plus retenue comme un oiseau en cage, comme un chien en laisse. Elle est prête à déguerpir de nouveau. Mais finalement, lui tenir le poignet c’était que le début de l’emprisonnement. La suite est encore plus troublante, elle le voit se rapprocher, elle le voit son bras venir se poser nonchalamment à coté de sa tête. Elle les voit les muscles tendus qui le retiennent contre l’écorce de l’arbre. Son cœur rate un battement. Elle relève les yeux vers lui, intriguée par son comportement. Elle comprend que pour lui, tout est un jeu. Pour lui, elle s’amuse. Pour lui, elle fait ça pour qu’il lui court après et qu’il n’est que question de perdant et de gagnant. Elle le sait qu’il déteste perdre, il n’a même pas besoin de lui rappeler. Elle s’en rappel du peu de match qu’il avait pu perdre au lycée et ô combien ça le rendait dingue ; combien il faisait la gueule en se disant qu’il aurait pu faire mieux. Elle s’en rappel car elle était celle qui venait lui masser les épaules pour le détendre après une journée épuisante mené par les entrainements et suivi par les matchs de qualification. Elle était celle qui l’embrassait tendrement pour le faire taire lorsqu’il partait loin dans sa colère contre lui-même. Landon, était et restera un vainqueur. Quoi qu’il fasse il veut toujours être le champion dans tous les domaines. Donc non, ça ne l’étonne même pas qu’il puisse prendre son désir de s’échapper comme un challenge. Mais du coup, il n’a rien compris Landon, il comprend pas qu’elle a tout sauf envie de rire et être avec lui. Il ne comprend pas que cette proximité, ça lui coupe la respiration à son ex petite-amie en plus. Il ne saisit pas, que ce n’est pas un défi qu’elle lui lance. Elle ne veut pas être près de lui, encore moins comme actuellement alors d’elle-même elle choisit d’agrandir la distance entre leurs deux corps un peu trop proches à son gout. Elle se retrouve obligée de reculer d’un pas, coller un peu plus son dos contre le tronc derrière elle et elle le regarde dans les yeux, ne supportant pas son air amusé. Il s’amuse trop d’elle, comme toujours, toujours la même rengaine.

Elle ne lui répond pas la reine des emmerdeuses. Le mutisme, le silence d’une lourdeur sans pareil est de retour. Elle ne réplique pas, elle le laisse croire qu’il est gagnant en l’ayant retrouvé ici. Puisqu’il n’a pas l’air enclin à la laisser partir elle croise les bras en dessous sa poitrine, elle s’installe confortablement contre l’arbre bien qu’elle puisse s’en fuir par la droite puisque doux comme il l’est aujourd’hui. Landon lui a quand même laissé un accès libre. Quelle bonté, quel homme de gentillesse qu’il fait. Elle bouge machinalement, de façon nerveuse sa jambe. Elle la fait tressauter, le fixant dans le blanc des yeux pendant qu’il lui demande si elle compte un jour lui dit ce qu’elle fout dans ce parc à photographier les animaux. Il parait que le suspense est insoutenable, elle roule des yeux. Tu parles d’un suspens … C’est le sujet de conversation le plus nul qui puisse exister. Que ça soit pour le divertissement ou le travail ça revient au même en plus. Alors elle fait non de la tête. Tout doucement elle bouge la tête de gauche à droite ; faisant bouger ses longs cheveux blonds d’un coté à l’autre. Non elle ne lui dira pas pourquoi elle est ici, et oui elle le laissera dans son soi-disant suspense. Pas de pitié pour les méchant garçon, pour les briseurs de cœur. Il ne mérite aucune réponse à ses questions. Elle sourit machiavéliquement la diablesse. Elle sait très bien ce qu’elle fait, elle sait aussi que c’est inutile d’agir de la sorte puisqu’elle a déjà craqué, elle lui a déjà parlé.

Prunelles d’azur qu’elle détail en silence, yeux en amande qui n’ont pas changé depuis l’époque du lycée. Seul quelques petites ridules au coin externe se sont creusé, des cils toujours autant épais et ce regard un peu plissé qui lui donne des airs charmeurs. Comme si il sondait son âme en même temps qu’il la regarde … Pupilles d’une douceur sans mot. Elle s’y perd dans ce regard Eden, elle se laisse envouter comme une pauvre proie. Il a ce magnétisme naturel Landon, cette force attractive sur elle dont elle ne peut pas se défaire. Même après tant de temps, elle se rend finalement compte qu’avec toute la volonté du monde, si il veut quelque chose d’elle. Il l’obtiendrait. Qu’importe la force avec laquelle elle combattrait avec elle-même pour ne pas lui donner satisfaction, à l’usure des choses il l’aurait car elle est comme ça Eden. Avec lui du moins.

Cerveau qui se remet en marche après avoir trop vagabondé, trop trainé sur des détails de son adversaire. Yeux qui glissent maintenant sur l’ensemble du visage du brun. C’est en voyant la fine pellicule de transpiration sur son faciès qu’elle se rend compte d’ô combien il fait chaud en cette fin d’après-midi à Savannah. Elle aussi la ressent la chaleur. Elle aussi elle a le visage certainement un peu brillant, elle a même les mains moites actuellement. Même en forêt, caché des rayons brulant de l’astre roi il fait une chaleur d’enfer dans les parages. Une chaleur qui lui monte à la tête, une chaleur qui la rend lunatique. De but en blanc, sans qu’il ne s’y attende elle se met à parler. Elle aborde cet air joueur à son tour comme si une idée lui trottait derrière la tête. Elle a toujours quelque chose en tête la blonde de toute façon quand elle prend cet air enjoué, ce sourire presque trop parfait pour être réel sur son visage. Ce n’est pas naturellement son genre de battre presque des cils et montrer ses dents d’un blanc immaculé. « Au fait, Il s’appelle Eden veut pas te voir, ni te parler le jeu… C'est ni un cache-cache, ni un trappe-trappe... On est plus des gamins pour ça ....» Elle laisse sa phrase en suspens la belle. Elle le voit arquer un sourcil en la toisant, ce demandant ce qu’elle veut bien vouloir dire en disant ça … Elle se délecte de son air intrigué, elle adore ça. « Comme t’as l’air d’être toujours autant joueur qu’avant, moi aussi je veux m’amuser ! » Elle est obligée d’ironiser bébé Eden, puisque lui veut jouer au gamin elle rentre dans son jeu. Elle saute les deux pieds joint dans la flaque la garce. « Pour gagner le jeu il faut … » Une nouvelle foi elle laisse sa phrase sans la finir. Elle se joue de ses réactions. Elle voit qu’il est très clairement à l’écoute de ce qu’elle dit, qu’il boit ses paroles pour n’en perdre aucune miette. « Pour gagner il faut que tu me laisses ; que tu t’en ailles … Du coup t’as pas gagné en me retrouvant bien au contraire … » Elle lève les yeux vers le ciel en riant, elle ne sait même pas pourquoi elle-même elle fait ça ; pourquoi elle invente ce jeu pitoyable.

Peut-être pour voir s’il veut vraiment se faire pardonner ? Voir si il veut tant que ça lui parler ? Car pour elle, si il est là. Ce n’est qu’un jeu, il s’en fout de lui avoir fait du mal la semaine précédente. Il croit que ses mots sont passé au-dessus de sa tête, qu’ils sont rentrés par un trou et ressortie par un autre. Non, elle en a souffert et même si il n’en pense rien elle peut pas passer outre. Elle veut voir si il est prêt à perdre pour une foi la partie, si il est prêt à abandonner une seule fois le titre de grand gagnant pour rester avec elle et lui parler, tenter d’arranger les choses à sa manière. Ça la stress un peu à Eden de jouer à ça avec lui. Car d’un côté si il reste avec elle, elle devra arrêter de le snober, elle devra lui parler et d’un autre coté… Elle a peur, peur qu’il décide de s’en aller car perdre n’en vaut pas la chandelle. Comme un air de déjà vue, elle a l’impression de retourner des années en arrière. Ce fameux jour où elle lui a demandé de choisir entre sa carrière dans l’armée et elle. Ce jour-là, elle avait perdu la manche, ce jour-là il avait choisi les armes et la séparation.

Électrochoc bien trop violent que de repenser à ça. Son estomac se tord, ça lui fait mal. Elle cligne des yeux et perd un peu de son air joueur. Elle veut sa réponse, tout de suite maintenant mais elle ne veut pas être aussi proche de lui, dans cette position dans laquelle ils sont actuellement. Elle préfère alors se faufiler sous son bras, retrouver la liberté, ne plus être coincé contre cet arbre et le corps robuste de l’homme. « Alors tu décides quoi ? Tu pars et tu gagnes, ou tu restes et tu perds ? » Elle attrape son appareil photo lorsqu’il se retourne pour la regarder et elle capture à l’aide de son reflex son expression du visage, son regard, ses lèvres pincées. Il a l’air blasée Landon, mais il devrait le savoir lui aussi depuis longtemps combien elle fait chier Eden quand elle s’y met. Il aurait dû se contenter d’aimer les moments lorsqu’elle se la fermait.

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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyMer 21 Juin - 15:29

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Nonchalamment appuyé contre le tronc du platane, la main posée à quelques centimètres à peine du visage d’Eden, Landon reproduit une position qu’ils n’ont que trop souvent adoptée, que ce soit contre un arbre, comme présentement, contre un casier ou contre un simple mur. Posture venue du passé qu’Eden achève de reproduire en s’appuyant pour de bon contre le pilier d’écorce, le corps du jeune homme à moins d’un mètre du sien. Il sait ce qu’il fait Landon, il redonne vie à leurs souvenirs passés, à ces étreintes passionnées plaqués l’un contre l’autre, faisant fi des badauds qui pouvaient passer par-là et les surprendre. Il sait ce qu’il fait, sauf qu’il se retrouve pris à son propre piège. C'est elle qu’il voulait faire céder, c’est elle qu’il voulait faire sombrer sans égards dans les méandres d’un amour perdu, et pourtant. Pourtant, c’est lui qui se surprend à détailler ses lippes rosées, les petites mèches blondes qui se collent à son front avec la chaleur ; ce sont ses propres yeux qu’il surprend à glisser sur sa poitrine moulée par son débardeur, à descendre le long de ses jambes galbées. Il reporte son attention sur son visage avant qu’elle ne le surprenne en train de la reluquer, il ne manquerait plus que ça. Il est gêné Landon, embarrassé par sa faiblesse, par sa volonté vacillant au premier bout de chair dévoilé. Mais ce n’est pas n’importe quelles étendues de peau qui lui font cet effet, et il le sait. Y a pas de fille autre qu’elle qui soit capable de le faire flancher sans esquisser le moindre geste aguicheur, qui parvienne à envoyer valser son habituelle assurance en matière de séduction. C’est Eden, ça n’a toujours été qu’Eden. Il soupire, se force à focaliser son attention sur son regard d’azur, sur ses mèches blondes qui rebondissent sur son doux visage lorsqu’elle secoue la tête, ne parvenant même plus à s’offusquer de son sourire de diablesse. Putain de chaleur qui lui embrouille l’esprit.

Il fronce les sourcils en sentant son téléphone vibrer dans sa poche, hésite à lire le message reçu maintenant. Il pourrait s’agir de n’importe qui, et il craint un peu que, si la demoiselle se débrouille pour déchiffrer le texto elle aussi, cela soit l’élément déclencheur d’un nouveau conflit. Qui sait. Tout est sujet à la dispute, avec elle. Oh, et puis tant pis. Une main toujours posée sur le tronc, il s’empare de son portable, prêt à découvrir ce qu’on peut bien lui vouloir à un moment où il a envie de tout, sauf d’être dérangé. Sourcils qui se froncent instantanément à la lecture de trois simples mots. « EMBRASSE LA PUTAIN. » C’est quoi ce bordel, encore ? Le numéro lui est inconnu ; spontanément, il redresse la tête et regarde autour de lui, scrutant les silhouettes qui se distinguent entre les arbres les entourant. À la recherche d’un indice, un visage connu ou tourné dans leur direction, n’importe quoi qui puisse lui indiquer d’où provient le mystérieux message. Mais rien, ses recherches s’avèrent être vaines. Il verrouille l’appareil et le fourre dans sa poche, étouffant un soupir agacé. Cela devait n’être qu’un simple hasard, une erreur de numéro ou un petit malin qui s’amuse à envoyer le message à des inconnus à la pelle. Oui, probablement cela ne tenait-il qu’à ça.

Mais maintenant qu’il y pense… Maintenant qu’il y pense, il doit bien avouer que l’idée est tentante. Il n’a jamais réussi à oublier la sensation des lèvres d’Eden contre les siennes, tous les trucs que lui faisaient ressentir un simple baiser échangé avec elle, et peu importe combien elle pouvait être agaçante lorsqu’elle s’y mettait, ces images d’un temps passé le hantaient à chaque fois que son joli minois se postait sous son nez. Et puis, il faut dire que la situation est plutôt optimale. Vu leur position à l’un et à l’autre, il lui suffirait de s’approcher un peu plus encore, de fondre sur elle pour épouser ses lèvres des siennes… Mais non. Non, concentre-toi Landon. Ne fous pas tout en l’air à cause d’un canular et de la chaleur qui te donne des idées pas très malignes. Il a déjà fait trop d’efforts, ignoré à de trop nombreuses reprises sa fierté légendaire pour tout réduire à néant. Car c'est exactement ce qui se passerait s’il faisait le moindre geste dans cette direction, il le sait. Elle le repousserait, l’enverrait chier et se faire foutre en Enfer, par la même occasion. Il n’avait plus aucun droit sur elle désormais. S’il avait perdu le privilège de l’embrasser le jour où il l’avait laissé rompre avec lui, il avait achevé de le perdre en la foudroyant de ses paroles assassines sur le toit. Si les années lui avaient peu à peu fait perdre ses principes, ils lui revenaient peu à peu en sa présence. Car il la respectait suffisamment pour savoir qu’on ne pouvait rabaisser une fille plus bas que terre pour ensuite se permettre de l’embrasser, comme si de rien n’était.

Il ferme les yeux un instant, passe une main dans ses cheveux. Sans doute faudrait-il qu’il s’hydrate, parce que son esprit part clairement en roue libre. Et il préfère se dire que c’est la faute de la chaleur, et non pas de la présence d’Eden à moins d’un mètre de lui, parce que c’est plus facile comme explication, une fois encore. Il est resté sur un échec, Landon. L’échec d’une tentative de conversation avortée, avortée par le mépris que la jeune femme a pour lui, par son acharnement à ne pas lui adresser un mot – alors même qu’elle lui a déjà parlé plus d’une fois au cours des dernières minutes, mais ce détail semble lui échapper. Il est resté sur un échec, et il est déjà en train de chercher un nouveau sujet, un nouveau moyen de la dérider dans les tréfonds de son cerveau embrumé, lorsqu’elle prend la parole. Alors là, c’est bien la dernière chose à laquelle il s’attendait. Il l’écoute, dubitatif, sachant déjà qu’il ne doit pas crier victoire trop vite. On ne sait jamais à quoi s’attendre, avec elle, et une main tendue peut s’avérer être un vrai coup fourré, lorsqu’elle fait la gueule. Elle a l’air joueur, et il ne sait qu'en penser. Il doute que cela présage quelque chose de très bon, mais il l’écoute avec attention, profitant au moins du fait qu’elle daigne enfin lui adresser la parole.

Il l’écoute, et son mauvais pressentiment se confirme à chaque instant, à chaque parole prononcée pour bien lui signifier qu’elle ne veut toujours pas de sa présence à ses côtés en cette chaude soirée du mois de juin. Il perd son air confiant Landon, il perd son assurance démesurée, et fronce les sourcils en l’entendant dire « on n’est plus des gamins pour ça ». Sérieusement, Eden ? Ça lui va bien de dire cela lorsqu’elle est celle qui part se cacher en courant dès qu’il a le dos tourné, celle qui, quelques jours plus tôt, a tout fait pour le faire sortir de ses gonds, comme une enfant testant les limites de ses parents. Mais il n’en dit rien. Il la laisse parler, édicter ses petites règles stupides, si ça lui fait plaisir… Il n’en fera rien, de toute manière. Il ne s’abaissera pas à se plier à son jeu. L’intérêt qu’il manifestait au début, pensant qu’elle faisait preuve d’un tant soit peu de bonnes intentions, s’est évanoui en fumée pour céder la place à une forme de détachement. Il est blasé Landon, blasé face à ses bêtises, face à ses attitudes de petite garce sous couvert d’innocence. Et puis elle formule les paroles qui l’interpellent. Qui le heurtent. Comment gagner le jeu. C’est plus fort que lui, il a toujours été attiré par l’enjeu grisant de la compétition, par l’euphorie de la victoire. Il veut gagner. Il est comme ça Landon, et elle le connaît suffisamment pour savoir que c’est exactement ici qu’il faut viser pour capter son attention.

Elle recommence à l’agacer, la gamine. Avec son jeu débile. Avec ses éclats de rire niais, ses yeux qui se lèvent tout naturellement vers le ciel d’un air moqueur. Avec son histoire de défaite. Il refuse de perdre, Landon. Il est comme ça, c’est stupide, primaire, mais dès qu’une quelconque compétition se dessine, il n’est rien qu’il désire plus que de la gagner. La vie elle-même est d’ailleurs une compétition à ses yeux, qu’il est bien décidé à remporter. Pourtant… Pourtant, il hésite, là. Il est partagé, pas si sûr que ça de vouloir tant gagner à son petit jeu. Pas si cela implique devoir se barrer, la laisser là, envoyer valser l’éventail d’efforts qu’il a déployés pour rester à ses côtés jusqu’à maintenant, depuis de longues minutes désormais. Il la regarde pensivement, sans un mot. Tentant de ne rien montrer du combat acharné qui se joue dans son crâne.

Il comprend ce qu’elle fait. Elle joue avec le feu Eden, consciemment ou non, elle reproduit ce qui s’est passé sept ans plus tôt, lui demandant une nouvelle fois de choisir entre elle et une victoire personnelle. Probablement souhaite-t-elle qu’il la délaisse une nouvelle fois, qu’il choisisse ses intérêts personnels plutôt que ses sentiments. Ce serait pour elle le prétexte idéal pour le détester pour de bon. C’est puéril. C’est carrément foireux comme idée, comme si elle aimait qu’on lui fasse du mal, qu’elle faisait tout dans ce but. Ça le peine et ça l’énerve à la fois, et il reste muté dans son silence, ce silence qu’elle aime tant pour l’avoir si souvent adopté cet après-midi. Il ne régit même pas lorsqu’elle se glisse sous son bras, ne fait pas un geste pour la retenir. Il sait qu’elle ne partira pas sans sa réponse. Et il joue avec ça Landon, il reste silencieux, se refusant à lui répondre. Alors même que lui connaît déjà la réponse, qu’elle tourne en boucle dans son cerveau, glisse dans sa gorge, roule sur sa langue, nuée de mots ne demandant qu’à être prononcés. Il la regarde sans rien dire, le regard neutre, la laisse dégainer son appareil. Il joue avec ses nerfs, il voit bien qu’elle se déstabilise peu à peu à mesure qu’elle attend une réponse qui tarde à venir. Il voit bien comme elle perd son air joueur à chaque instant, il s’en délecterait presque, de la voir mise à mal par son propre dilemme. Le temps d’un instant, il cesse de faire des efforts dans sa direction. Parce qu’il s’apprête à en faire un bien plus grand, probablement le plus gros effort qu’il ait fait depuis longtemps. Renoncer.

- J’reste. J’ai donc perdu, j’imagine, y a quand même une médaille en chocolat pour les perdants, ou même pas ?

Renoncer à ce qu’il faut. À une victoire puérile, et non pas à un amour mourant. Il arque un sourcil, la toise en réprimant un sourire, se délectant de sa réaction. Il fait quelques pas dans sa direction, se rapproche d’elle malgré la chaleur étouffante, s’autorise enfin un sourire.

- Mais du coup, si j’ai perdu, t’es bien obligée de me laisser rester. De me parler. C’est dommage pour toi, ça doit bien t’embêter nan ?

Rictus en coin qui étire ses lèvres, sourcil arqué dans sa direction. Il a perdu, et elle avec lui. Il l’a entraîné dans sa chute, mais c’est une chute bénigne, alors tout va bien. Cette défaite, finalement, n’est pas si dure que cela à encaisser. Il la vit même bien, pour la première fois de sa vie, car il sait que ce n’est rien de plus qu’une petite défaite pour une victoire, un mal pour un bien. Un échec placé sur son chemin pour le conduire, peu à peu, vers la réussite suprême : reprendre sa place dans la vie d’Eden.

- Parlons, donc.

Sourire goguenard de celui qui a gagné dans sa défaite, signe de tête vers l’appareil photo.

- Tu comptes faire quoi de ce cliché ? Il va pas te servir à grand-chose, j’appartiens ni à la faune, ni à la flore du parc… À moins que t’ai décidé de changer de thème ? J’peux probablement t’aider, dans ce cas, hésite pas à demander…

Il sait qu’elle aimerait mieux crever que de lui demander son aide, mais il s’amuse un peu, joue avec elle. Parce qu’après tout, mieux vaut prendre toute cette petite histoire à la rigolade plutôt que de laisser l’animosité le gagner.
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Dernière édition par Landon James le Ven 23 Juin - 3:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyJeu 22 Juin - 4:00

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Elle le sent mal Eden. Elle le sent hésiter, encore une foi. Elle l’imagine déjà dire qu’il s’en va, elle en est certaine. Landon n’est pas Landon si il se cantonne à la défaite. Si de lui-même, il décide de perdre la manche. Elle n’y croit pas. Et elle s’en veut d’avoir jouée cette carte-là. Elle va encore passer pour une imbécile Eden, elle va encore passer pour celle qui pensait passer avant la victoire, celle qui pensait aussi passer avant sa carrière fut un temps... Haha, la belle et bonne blague lorsqu’elle l’avait vue sept ans plus tôt lui dire que non, il ne changeait pas d’avis il allait à la guerre et tant pis pour leur avenir. Il continuait l’armée que ça lui plaise ou non. Ce jour-là, il avait coupé net à tous leurs projets futurs, à toutes leurs promesses et envies futur. Il lui avait coupé l’herbe sous le pied le brun, et elle était certaine qu’il allait réitérer.  Elle se déteste soudainement Eden, elle hait se silence qui règne, cette hésitation qu’il fait persister. Elle le regarde avec insistance ; elle a envie de lui arracher elle-même les mots des lèvres. Elle a envie de lui hurler dessus pour qu’il dise une bonne fois pour toute que finalement le jeu n’en vaut pas la chandelle. Que la victoire aura toujours la première place dans sa vie et qu’importe laquelle de victoire hein, même la plus puéril. Il préfère tout à elle en fait, elle a toujours été le dernier de ses soucis Eden. Elle a la gorge qui se serre au fil des minutes qui défilent dans le silence, son sourire joueur disparaît subitement. Elle a mal au cœur Eden, elle a l’impression de faire un bond en arrière dans le temps.

Elle sort de sa transe la belle, elle pose subitement la main sur la poche de son short en jean délavé quand elle sent quelque chose vibrer contre sa cuisse. Elle attend un instant pour voir si elle n’a pas rêvé mais après vérification, ça tremble vraiment là-dedans. Elle n’attend d’appel de personne et elle s’imagine bien que si c’était ses parents pour une urgence il l’aurait plutôt appelé, pas laissé un simple message écrit non ? Elle ne sait pas. Ça l’intrigue, elle n’a pas la tête à fixer quelqu’un d’autre que Landon actuellement mais elle a des obligations, elle a peur que ce soit réellement pour sa grand-mère qu’on essaie de la joindre. Elle attrape donc son téléphone et fixe l’écran, numéro inconnu et un message digne de l’un des plus connues des comtes Disney. Elle fronce les sourcils face au message, elle ne comprend pas. Le prince charmant ? Pardon ? Elle regarde autour d’elle, elle ne saisit pas grand-chose et ne voit personne à l’œil indiscret qui serait susceptible de les espionner. Elle soupire, quand même bien malaisée face à ce message qui veut tout et rien dire à la foi. Ça cogite dans sa tête mais elle n’a pas que ça à faire, vraiment pas. Certainement pas maintenant, à ce moment précis de la journée alors qu’elle attend une réponse à sa question. Elle range son portable rapidement de nouveau dans la poche de son short. Elle se sent défaitiste de ne pas saisir le message cachée, codée qu’on essaie de lui envoyer mais ce n’est pas sa priorité. Elle a un Landon hésitant face à elle ,un Landon qui lui rappelle celui de ses vingt-ans qui n’ose répondre à sa question.

Couperet qui tombe, couperet en sa faveur pour la première fois depuis des années : Il reste. Elle cligne des yeux la blonde, elle penche sa tête sur le côté et le fixe réellement étonné. Elle ne s’y attendait guère à cette réponse venant de Landon. Elle pensait plutôt qu’elle allait devoir rebrousser chemin en s’injuriant elle-même d’avoir pu croire même le temps d’une seconde qu’il la choisirait elle. Elle n’était vraiment pas prête à ça et ça doit surement se voir à son expression faciale qu’elle ne voyait pas les choses de cette manière la langue de vipère. « Ah. » Onomatopée qui sort d’entre ses lippes charnue, rosie à force d’être trop mordillé au cours des dernières minutes. Elle ne sait pas quoi dire l’américaine tout à coup. En voilà une de situation cocasse, le genre de situation dont la réponse était tellement évidente que voir le contraire se produire sous ses yeux lui en bouche un coin. « Je ne m’attendais pas à ça en fait … » Non, vraiment pas. Elle se gratte l’arrière de la tête de façon gênée, elle se demande même si il ne lui fait pas une caméra caché le garçon qu’elle avait tant aimé par le passé. Il aurait donc autant changé ? Au point de laisser passer une victoire sous son nez de façon volontaire ? Elle a vraiment du mal à y croire Eden.

Des médailles en chocolat pour les perdants …. Et puis quoi encore ? Un bisou peut être ? Elle soupire d’un air agacé alors qu’elle ne l’est pas plus que ça en réalité. Elle a même ce petit sourire satisfait sur les lèvres, bien qu’elle essaie de le cacher il faut être aveugle et à des milliers de kilomètre pour ne pas le remarquer. Pourtant elle se pense discrète Eden, elle pense qu’elle a une visage impartiale, démunie d’expression la belle.  Elle pose ses yeux sur lui et fait non de la tête. Une nouvelle foi, comme toujours la réponse avec la princesse du sud de Savannah est négative. « Un perdant n’a rien non, pas même du chocolat. » Elle hausse les épaules et prend un air faussement attristé alors que le brun se rapproche de nouveau d’elle, un sourire sur les lèvres. A peine a-t-il annoncé sa défaite qu’elle sait déjà qu’il a un truc en tête, elle le connait trop bien Landon, un peu trop même. Elle reconnait chacun des visages qu’il peut emprunter, chacune des expressions qu’il utilise et ça lui fait un peu chier d’en savoir autant qu’elle doit déjà se préparer mentalement à ce qu’il tourne la situation qu’elle pensait avoir entre les mains à sa sauce, en son pouvoir.

Bien qu’il ait décidé de se rapprocher pour lui parler, elle recule d’un pas la demoiselle. Une distance de sécurité qu’elle lui impose et s’impose elle-même discrètement. « Hmm…  Et bien, j’imagine que je suis obligé de te supporter ouais. » Ajoute-t-elle en hochant de la tête, regardant ses converses avec beaucoup d’intérêt. Pourquoi s’impose-t-elle cette distance Eden ? Peut-être car elle a du mal avec le rapprochement de leurs deux corps ? Oui c’est exactement ça. Elle a encore du mal à être si proche de son ex amant. Trop de souvenir lui viennent en tête et elle ne veut pas avoir ces réminiscences dans le crâne. Elle ne veut pas avoir le cœur au bord du précipice comme il y a quelques minutes contre cet énorme platane. Elle n’aime pas se sentir toute chose, toute bizarre à ses côtés. Elle craint cette alchimie indomptable qui persiste entre eux. Une alchimie dont elle n’a pas conscience car elle ne veut pas en prendre conscience présentement lorsqu’il s’agit de Landon. Elle ne veut pas croire qu’après toutes ces années elle puisse encore être autant attiré par le vétéran. Elle ne veut certainement pas assumer qu’elle puisse s’imaginer avoir autant envie de goûter à ses lèvres dont elle ne se rappel plus le gout, dont elle ne se rappel plus la texture de ses lippes contre les siennes. Elle en a des souvenirs mais lointain Eden. Des souvenances beaucoup trop vagues et vieilles pour qu’elle puisse y mettre des mots dessus. Elle sait juste qu’elle les adorait ses lèvres rosée et fine à Landon, elle aurait tué pour sentir sa bouche se presser contre la sienne fut un temps et aussi bizarre que ça puisse l’être, que la situation puisse sembler loufoque elle s’est même demandé contre cet arbre qu’est-ce que ça donnerait de réitérer l’expérience, elle aurait presque aimée savoir qu’est-ce que ça lui aurait fait d’embrasser son ex, la seule personne qu’on avait considérée et réellement aimé des années après.

Elle est sadique Eden, elle est maso très certainement. Seule une femme aux envies suicidaire peut penser à la sensation que ça peut faire d’embrasser un homme qui nous as trahi par le passé. Un homme pour lequel elle aurait fait beaucoup de chose, beaucoup de sacrifice fut un temps. Ouch, sang qui se glace, douche froide instantanée de toujours ressasser le passé. Elle doit se mettre en tête qu’avant elle l’aimait, qu’elle l’avait quitté car il l’avait décidé et qu’il n’avait jamais regretté cette décision et si ils en été là aujourd’hui, au fait qu’elle ne puisse plus savoir quelle saveur ont ses lèvres contre les siennes c’est entièrement de sa faute à lui, la faute à son égoïsme. Donc très rapidement, la blonde se remet du plomb dans la tête. Elle se rappelle que maintenant elle ne l’aime plus, bien au contraire : Elle le hait, elle lui en veut Eden à Landon James et elle préfère préserver sa haine que rendre utopique une vie qu’ils ne pourront jamais s’offrir. « J’ai juste mal calculé mon jeu et mon coup … Tu ne mérites tellement pas que je te parle Landon … » Elle expire bruyamment et Landon ne fait pas de commentaire sur cette phrase remplie de sous-entendue, emplie de reproche. Il préfère focaliser sur autre chose, il préfère garder son sourire désabusée, son air vainqueur pour entamer réellement une conversation que la blonde ne désire guère. Du moins, c’est ce qu’elle sous-entend la belle qu’elle ne veut pas parler, mais maintenant qu’ils ont joués, qu’il a rempli sa part du marché c’est à elle de remplir la sienne et ça, même si ça ne l’enchante guère. Elle reste loyale Eden, même lorsque ça ne l’enchante pas, même lorsqu’elle perd au change elle tient ses promesses.

Il est énervant Landon, il a toujours LA question qu’il ne faut pas poser. Il a toujours cet air malicieux lorsqu’il sent que la situation tourne à son avantage. Comme si l’avoir pris en photo attester d’un engouement certain de son ex petite-amie envers lui… Comme si elle l’avait choisi comme model. Alors que compte-t-elle en faire de ce cliché volé Eden ? Elle réfléchit un instant, elle se demande elle-même pourquoi elle l’a pris en photo à Landon, elle cherche une explication rationnelle mais rien ne vient. Juste un vieux reflex débile d’antan finalement. « Pas tous les clichés servent à quelque chose tu sais… Des fois je photographie les chewing-gum sur la chaussée donc …. » Elle lève les yeux au ciel, comme toujours. Fâcheux tic dont elle n’arrive à se défaire. Yeux d’un bleu lagon qui font des cercles, des loopings pour signaler ô combien elle le trouve bête quand il agit de la sorte avec elle. Lorsqu’il prend ce petit air égocentrique et bombe presque le torse sous ses yeux. « T’en fais une belle de plante pourtant …. » Dit-elle moqueuse. Quelle audace, quel toupet de sa part d’oser prétendre que Landon soit une plante verte. Juste lui, l’homme vif qu’il est ; l’homme toujours dans le feu de l’action dans chaque situation. Il est tout sauf une plante verte Landon dans la vie. Il est un leader, un meneur. Elle lui fait juste une blague facile, une blague de gamine la blondinette.

Toussotement pour faire passer la boutade, pour attirer l’attention sur autre chose que les mots qui viennent de sortir d’entre ses lippes. Comme si de rien était, comme si elle n’avait rien dit, elle retrouve un peu de sérieux et hausse les épaules défaitistes de ne pas pouvoir lui donner une seule et unique raison de cet acte pas du tout pensée. Bien hésitante tout de même de lui dire la simple vérité. « En vrai, c’est juste un reflex à la con, j’veux certainement pas de toi comme sujet de photo, ça serait mainstream de t’utiliser une nouvelle foi… Vue et revue comme sujet dans mon répertoire. » Elle laisse sa voix trainée, elle laisse ses pieds l’emporter par la même occasion, tout doucement elle se remet en route, elle se remet à marcher avec Landon à ses côtés. Reprenant le chemin des sentiers battue, regagnant le chemin basique qu’utilise tout le monde pour sortir des bois. « T’es vraiment dans ce parc par hasard ou bien c’est un plan échafaudé tout ça … ? » Enfin elle se risque à le lui demander, le destin est-il vraiment prêt à tout pour les rabibocher ou c’est lui-même qui prend les directives et essaie tant bien que mal de se faire pardonner ? Elle a du mal à croire au destin Eden, elle a du mal à se dire qu’à peine pose-t-elle un pied à l’extérieur de la maison Howard qu’elle se retrouve sur le chemin de la seule personne qu’elle ne voulait pas voir à la base. La seule personne qui lui fait autant de bien que de mal.


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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyVen 23 Juin - 3:39

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Petit sourire satisfait qui étire ses lippes, lueur victorieuse qui illumine ses prunelles d’azur. Il jubile Landon, il peine à contenir le contentement que lui provoque la réaction d’Eden. Ça le fait sourire, ça l’amuse de voir une surprise non feinte se peindre sur les traits de la jeune femme. Elle qui est d’ordinaire si cassante, s’appliquant à garder son masque de froideur bien en place, n’arrive plus, pour une fois, à dissimuler ses émotions. Il est content de lui, content d’être parvenu à fissurer le masque au point de le faire tomber, au moins pour quelques instants. Preuve qu’il n’est pas le seul à n’avoir rien oublié de ces trois années de relation, à être toujours un peu troublé par la présence de l’autre à ses côtés. Petite victoire qui s’ajoute aux précédentes, nouveau point inscrit sur son compteur mental. Car elle ne s’en rend pas compte Eden, mais ce qu’elle considère comme une défaite pour lui n’est finalement qu’un énième succès en cette soirée estivale.

Rictus en coin à l’entente de l’onomatopée exclamative, de l’aveu qu’elle ne soupçonnait pas pareille réponse de sa part. Elle est surprise Eden, et il y a de quoi. Probablement s’attendait-elle à l’entendre dire qu’il la laissait là, qu’il préférait abandonner la mission Howard en cours de route que de foncer droit dans le mur de la défaite. Probablement le voyait-elle déjà la planter là, tourner les talons comme il l’avait fait sept ans plus tôt, laissant lâchement s’éteindre les braises d’un amour pur, trop pur peut-être. Et pourtant, pourtant il a choisi de faire tout l’inverse. De la surprendre. Car rien ne vaut l’effet de surprise, leçon qu’il a apprise et qui n’a cessé de témoigner de son efficacité, aussi bien sur terrain de football que de guerre. Ainsi il l’a surprise, et il ne cessera de le refaire, peut-être bien dans les minutes suivantes, assurément les prochaines fois qu’ils se verront. Après tout, pourquoi cracher sur une recette qui marche ?

Et puis la surprise cède la place à la satisfaction. Il voit clairement les émotions se succéder sur le visage de la blonde, maintenant qu’elle a ôté son masque, comme un miroir reflétant sa propre jubilation. Ils ne sont pas discrets tous les deux ; s’ils croient leurs faciès indéchiffrables, imperméables à ce qu’ils ressentent aux tréfonds de leurs entrailles, ils sont en réalité aussi transparents que de l’eau de roche. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Il sourit un peu plus en la voyant secouer négativement la tête, vilaine habitude qu’elle a toujours eue de tout refuser en bloc ; il sourit un peu plus encore lorsqu’elle lui répond naïvement que son statut de perdant ne lui apporte rien, alors même qu’il sait avoir bien plus gagné au change qu’elle ne le soupçonne. Il n’arrive pas à se décoller ce rictus des lèvres, et cela lui fait bizarre à Landon, car il a perdu l’habitude de sourire autant. Enfant, adolescent, il a toujours eu le sourire facile, un peu trop même, c’en était presque agaçant. Mais l’armée et le déchirement amoureux étaient passés par-là, et Landon souriant était devenu Landon aigri. Il ne s’en rendait même pas compte, en fait. La flamme qui l’animait s’était simplement éteinte sans qu’il y prenne garde, et il n’avait pas conscience de la froideur qui était devenue la sienne. Et personne n’était là pour lui en faire la remarque, car il restait le même qu’avant avec ses connaissances de longue date. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’il s’en aperçoit, maintenant qu’il sourit tant que ses zygomatiques le lancent. Il n’a pourtant nulle raison de sourire ; Eden n’a cessé de l’envoyer balader, depuis leur rencontre dans l’herbe. Mais il aime mieux prendre toute cette situation à la rigolade que de s’offusquer de ses paroles ; il n’a pas le choix de toute manière, car s’il choisit d’y accorder un peu trop d’attention, s’il se risque à laisser ce rictus éblouissant aux vestiaires, il sait déjà que la situation va partir en vrille. Et le but de cet après-midi n’est pas de reproduire le genre de conflits qui les opposent à chaque fois qu’ils se voient, depuis leur retour à Savannah.

Il la laisse se reculer sans retourner la coller dans l’instant, sachant pertinemment qu’il trouvera une bonne raison de se rapprocher d’elle bien assez tôt. Rictus amusé qui plane sur ses lèvres, yeux qui se lèvent au ciel un instant lorsqu’elle se plaint de devoir supporter sa présence, vilaine habitude de la jeune femme qui s’avère contagieuse. Il se retient de lui dire qu’une partie des demoiselles de Savannah seraient enchantées de passer l’après-midi avec lui, le brillant footballeur de l’équipe locale, bon parti loin d’avoir des soucis financiers et loin d’être désagréable à regarder, on ne va pas se mentir. Il se garde de lui dire tout cela, car il se doute qu’elle doit déjà le savoir. Ou pas. S’il se souvient dans les grandes lignes de ce qu’il lui a révélé de sa vie au cours de leurs récentes entrevues, il ne sait plus exactement ce qu’il lui a confié. Jusqu’à quel point il s’est autorisé à lui livrer les détails de son nouveau quotidien, s’il lui a dit avoir intégré l’équipe de foot de la ville il y a déjà un an, et que si tout se passe comme prévu, il compte bien écoper du poste de quarterback. Il ne sait plus, il a la mémoire courte Landon, du mal à se focaliser sur l’instant présent depuis quelques années.

Elle lui porte un coup Eden, elle ne peut pas s’en empêcher, lutter contre ce besoin qu’elle a manifestement de sans cesse se venger des torts qu’il lui a causés. Se venger de l’avoir assommée à coup d’abominations une semaine plus tôt, se venger de ne pas avoir esquissé un geste pour sauver leur relation sept ans plus tôt. Sauf qu’elle est incapable de se venger normalement la diablesse, incapable de se venger comme tout le monde en gueulant un bon coup, en obtenant à son tour la victoire en un coup bien porté. Non, non. Il faut qu’elle le fasse pas à pas, distillant les phrases lourdes de sous-entendus au compte-gouttes, comme on arracherait millimètre par millimètre un pansement hyper-adhésif. Lentement. Douloureusement. Sadiquement. Avec elle, l’expression « la vengeance est un plat qui se mange froid » prend tout son sens.

Il le sait qu’il ne mérite pas qu’elle lui parle, inutile de le lui rappeler. Mais elle est rancunière la poupée, il ne le sait que trop bien. Il sait qu’elle ne va cesser de faire des allusions à ces paroles prononcées sous le coup d’un cocktail de rancœur et de colère, et qu’elle en parlera encore dans six mois. Il sait qu’elle se fait un plaisir de remuer le couteau dans la plaie. Comme s’il ne s’en voulait pas déjà suffisamment d’avoir prononcé ces horreurs, d’avoir laissé ses paroles lui faire perdre le contrôle de sa bouche et de ses poings. Il le sait tout ça. Il le sait déjà, il ne le sait que trop bien. Alors qu’elle arrête avec ça, qu’elle change de sujet, qu’elle passe à autre chose, par pitié. S’il s’est juré de ne pas faire ne serait-ce qu’allusion à l’épisode du toit, c’est pour une bonne raison. Il ne veut pas générer de nouvelles tensions entre eux. Il apprécierait donc qu’elle ne ruine pas tous ses efforts en une fraction de seconde. Il sent l’agacement pointer le bout de son nez, mais il se contient. Il s’efforce de maintenir son grand sourire, qui a peut-être l’air un peu moins naturel qu’avant, pour la simple et bonne raison qu’il l’est, en effet. Mais il doit rester de bonne humeur, continuer de faire comme si de rien n’était en adoptant encore et toujours ce rictus victorieux, sans quoi la colère finira par le gagner pour de bon. Et ce n’est pas ce qu’il souhaite. Haussement de sourcils amusé à l’entente de sa réponse, éclat de rire faussement choqué. Colère bien vite envolée.

- Alors comme ça j’vaux pas mieux qu’un vieux chewing-gum ? Je vois… D’ailleurs, faudra que tu m’expliques pourquoi tu prends ce genre de truc en photo… T’as toujours eu des idées farfelues, Eden.

Il se souvient comme si c’était hier des fois où il passait chez elle et où elle lui montrait ses derniers clichés en date, où se succédaient portraits, plantes et bestioles, mais également des objets qui lui faisaient se demander ce que pouvait bien fumer sa petite amie avant de dégainer l’appareil. Il étouffe un nouvel éclat de rire, affiche un air faussement étonné, avant de se plonger dans une réflexion feinte de A à Z.

- Du coup j’suis une plante verte ou un vieux chewing-gum collé à la chaussée ? Nan parce qu’il faut me dire hein, ça va me poser des soucis d’identité sinon, genre qui suis-je, où vais-je, ce genre de choses…

Il hausse les épaules et prend un air concerné, comme s’il s’agissait là d’une réelle question existentielle à ses yeux. Plante verte ou chewing-gum ?

- Ceci dit, si j’avais le choix, je pense que je choisirais quand même la plante. Parce que bon, on va pas se mentir, vaut mieux être vivant qu’être un vieux bout de truc mâchonné englué sur le bitume…

Il se remet en marche à ses côtés, prenant garde à rester très légèrement en retrait, des fois qu’elle tenterait de fuir une nouvelle fois. Il s’est fait avoir une fois, pas deux. Il sourit légèrement lorsqu’elle le qualifie de mainstream et lui répond, sur le même ton :

- Bah, ce serait pas le premier sujet vu et revu que tu photographierais hein… J’veux dire, des arbres ? Des animaux ? Ça respire pas franchement l’originalité tout ça.

Il roule des yeux une nouvelle fois, par naturellement cette fois-ci, mais dans un but bien précis. Il singe clairement Eden, reproduit ses petites manies agaçantes, juste pour qu’elle voit une fraction de seconde ce que ça fait. Et puis peut-être, peut-être aussi parce qu’il avait pour coutume de l’embêter à longueur de journée, dans le temps, et que les vieilles habitudes ont tôt fait de revenir. Humeur gentiment taquine qu’il perd bien vite lorsqu’elle formule une question qui, il l’ignore, lui brûle les lèvres depuis de longues minutes, et qui a pour seul résultat de l’arrêter quelques secondes dans sa marche tant le choc est fort. Il peine à croire qu’elle lui ait posé pareille question, en venant même à se demander si elle ne se moque pas de lui. Si elle ne lui fait pas une blague en le soupçonnant de l’avoir suivie. Il cligne des yeux à quelques reprises, les sourcils dressés, avant de se remettre en marche. La surprise s’efface de son visage, pour être remplacée par une expression par laquelle il feint d’être impressionnée par ses déductions dignes des plus grands détectives.

- Waouh, j’sais pas comment t’as fait Eden mais tu m’as percé à jour ! J’suis bien obligé de te l’avouer maintenant, j’ai passé l’aprem à te suivre depuis chez toi, en plein cagnard, caché derrière un journal avec deux trous percés à l’emplacement des yeux. J’l’ai planqué dans mon sac, j’peux même te le montrer si tu veux ! Nan, sérieux, bien essayé Sherlock mais j’suis tombé sur toi par hasard. Tu t’imagines vraiment que je t’aurais suivie ? Tu m’prends pour quel genre de psychopathe, en fait ?

Il secoue la tête d’un air désabusé, laisse échapper un éclat de rire. Elle avait toujours eu une imagination débordante la gamine, qui avait d’ailleurs bien souvent conduit à des disputes infondées entre eux deux. Il est plus amusé qu’énervé contre elle, en fait. Amusé de voir qu’à vingt-six ans, elle continue d’élaborer des théories totalement farfelues. Il faut croire qu’elle a finalement moins changé qu’il le craignait. Se tournant brusquement vers elle, il s’écrie, entrant dans son jeu :

- Eh, mais attends une seconde toi ! Qu’est-ce qui me fait dire que c’est pas toi qui me suivait, et qui t’aies placée de manière à ce que je tombe sur toi « par hasard » ? C’est bien connu que celui qui accuse est souvent le coupable !

Il pointe un doigt accusateur vers elle, s’efforçant de conserver un visage sérieux, presque parano. Mais la lueur rieuse qui brille dans son regard bleuté le trahit. Reprenant ensuite son sérieux, il glisse nonchalamment ses mains dans ses poches, et reprend :

- Nan, sérieusement, si j’avais vraiment voulu forcer les choses j’aurais erré sur la plage toute la journée. Bon d’accord, j’ai passé une partie de l’aprem là-bas, mais c’était pas pour te voir, j’ai juste suivi la moitié de la ville. À ce propos, t’es revenue habiter dans la maison en bord de mer de tes parents ?

Question qu’il pose de manière presque anodine, dans le fil de la conversation. Question qui l’intéresse dans le fond, moyen pour lui d’apprendre où loge la jeune femme. Probablement la demeure familiale accueille-t-elle toute la petite famille, grand-mère malade comprise. À moins que cette dernière soit si mal en point qu’elle doive rester à l’hôpital ? Peu importe combien son inquiétude pour la vieille femme est forte, il ne se risque pas à la questionner à ce sujet ; la dernière fois qu’il l’a fait, ça n’a fait que mettre le feu aux poudres. À la place, il aime mieux se taire, la laisser tranquille quant à son aïeule. C’est plus prudent. Il plisse les yeux, passe une main dans ses cheveux en sentant la sueur recommencer à couler sur son front. L’allée où ils se trouvent présentement est l’une des rares parties du parc ne bénéficiant pas de l’ombre bienfaitrice des arbres, et le soleil tape en plein sur leur tête à tous les deux. Soupir qui franchit ses lippes, tête qu’il tourne de nouveau vers Eden.

- Pourquoi t’as voulu qu’on marche ici ? On était mieux dans cette espèce de forêt là, à l’abri des arbres… On va frire si on reste sur ce chemin deux minutes de plus.

Sans cesser de marcher pour autant, il retourne son sac à dos sur son ventre et récupère sa bouteille d’eau, plus que tiède mais surtout à moitié vide – ce n’est pas pessimiste de sa part de la considérer comme à moitié vide et non à moitié pleine, elle est clairement plus vide que pleine. Mais bon, de l’eau restait de l’eau. Il la débouche, s’apprête à la porter à sa bouche pour se désaltérer un peu sous cette chaleur écrasante, avant de se raviser pour la tendre à Eden.

- T’en veux ? On a fait meilleur en matière d’eau, mais…

Il hausse les épaules. Même si l’eau était bouillante, cela resterait dans l’intérêt de la jeune femme de l’accepter, au vu de ces températures caniculaires. À elle de voir si elle décide de faire la fière, comme de coutume… Ou pas.
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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyVen 23 Juin - 18:38

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Avait-elle insinué que Landon ne valait pas mieux qu’un chewing-gum écrasé sur le béton ? Non. Certainement pas, elle lui avait juste fait remarqué qu’elle prenait simplement tout en photo. Que ce soit un misérable détail comme un bout de gomme à mâcher écrasé au sol, comme un bellâtre comme lui dans les bois sans qu’il ne prenne la pose. Elle veut juste lui faire comprendre qu’elle ne se cantonne pas qu’à un style, un modèle de photographie. Elle a un large panel Eden, elle aime varier les plaisirs. Elle aime donner des émotions à tout le monde la belle. Mais bien évidemment, Landon même pour rire il cherche la petite bête. Il joue les offusqués, il fait comme s’il n’avait pas compris. Comme si il ne savait pas de quoi elle parle lorsqu’elle dit ça. Mais elle le sait qu’il ment, qu’il sait déjà la réponse à ses propres questions. Il l’a déjà vue à l’œuvre, il lui a déjà demandé un millier de foi pourquoi au travers de son appareil photo tout l’interpellait alors qu’en réalité, lorsqu’elle se baladait sans son reflex dans les rues de Savannah elle semblait désintéressée de tout la blonde. « Toi ça ne te parle peut-être pas les chewing-gums écrasés au sol mais on m’a acheté une impression de ce genre-là humm… six cent dollars y’a deux ans ! » Ouais, quelqu’un avait réellement payée cette somme aux enchères pour un cliché format poster d’une simple plaque d’égout. Le pire restait la suite de l’histoire, car ce même homme avait acheté la quasi-totalité des clichés pour cette exposition. Un fan du style il parait, il lui avait rapporté un bon paquet de fric et … Une invitation au restaurant. Une proposition qu’elle avait gentiment déclinée ne se sentant pas l’âme d’une femme redevable car l’acquéreur avait décidé d’acheter toutes sa collection d’image juste pour l’appâter.

Elle sourit en bougeant nonchalamment la tête de gauche à droite lorsqu’il lui demande si il est plutôt plante ou chewing-gum. Elle aimerait lui dire qu’elle le trouve vraiment bête avec ses questions sans intérêt. Qu’il n’est en rien ni une plante, ni un bout de chewing-gum. Mais quand elle y réfléchit un tout petit peu… Lorsqu’elle doit s’imaginer entre les deux ce qui lui va le mieux la réponse devient subitement évidente. Oui, il est peut-être son chewing-gum. Il est ce bout de pâte à mastiquer qui reste et restera toujours collé à sa semelle. Celui qu’elle ne peut enlever, celui auquel elle s’est habitué à l’usure du temps. Même lorsqu’elle essaie de l’enlever, il en reste toujours un morceau coincé. Le morceau collant qu’on lui aurait collé dans les cheveux, n’ayant que pour choix de : soit coupé la mèche entière soit le laisser là, s’adapter avec le désastre qu’il crée. C’est ce qu’elle fait Eden. Elle s’adapte, il est là, il ne veut pas la lâcher alors elle s’y fait. Ça lui brûle le cœur d’être à ses côtés, ça lance des picotements au bout de ses doigts et dans son estomac mais rien y fait. Elle n’est et ne sera jamais prête à réellement le faire dégager.

Elle se perd dans ses pensées la fille aux cheveux blond comme les blés, elle se mordille la lèvre en hésitant. Doit-elle lui dire ce qu’elle pense ou lui dire tout simplement qu’il n’est ni l’un ni l’autre ? Avant, elle lui aurait dit la vérité. Elle lui aurait dit qu’il était son chewing-gum préféré, qu’elle était prête à le mâcher toute une vie ce morceau de pâte mentholé. Mais quand était-il présentement ? Peut-elle se permettre de lui ça ? Se vexera-t-il si elle le fait ? Elle n’en sait fichtrement rien Eden. Mais la sincérité lui brule les lèvres. Elle ne peut combattre contre sa propre personnalité. « Si tu tiens vraiment à être l’un des deux alors sache que t’es plutôt un chewing-gum, toujours collé à mes basket … Même quand j’essaie de te décoller tu restes dans les parages … » Vérité dantesque. Elle ne peut s’en défaire du brun, qu’elle le veuille ou non il est là à Savannah. Il a fait partie de son passé et a envie d’avoir une place dans son avenir. Aussi infame soit la place il ne veut pas l’ignorer son ex.

C’est dit, c’est lâché mais elle regrette. C’est toujours la même rengaine avec Eden. Elle se laisse aller, elle dit la vérité mais elle a peur de faire du mal bien que ça lui foute un coup de l’avouer, elle a peur de le vexer. Ça lui prend les tripes d’imaginer qu’il puisse prendre la phrase vraiment mal alors que depuis un quart d’heure il s’essaie à renouer un semblant d’amitié entre eux. Elle tourne la tête vers lui soudainement. Presque à s’en faire mal aux cervicales pour le regarder dans les yeux. « J’rigole …. Même si t’es la personne la plus énervante que j’ai pu croiser dans mon existence t’es quand même pas aussi insignifiant qu’un chewing-gum et pas aussi creux, vide sans intérêt qu’une plante… ça va de soi. » Elle s’adoucit la poupée, doucement à pas de chat elle se laisse apprivoiser sans même qu’elle ne s’en rende compte elle baisse la garde, elle le laisse s’infiltrer dans ses pensées et se laisse débrider.

Elle a envie de rire, de se taper la tête contre un arbre lorsqu’elle entend que la nature et les animaux ne sont pas source d’originalité et qu’en plus il ose rouler des yeux devant elle. Mon dieu, quel homme sans une once de vertu pour l’art et de respect pour son roulement des yeux. Elle cligne des yeux, une foi, puis deux et réfléchit à comment lui expliquer que la nature et les animaux sont bien plus inspirant que ce qu’il peut le croire et l’imaginer. « Humm… J’suis pas tout à fait d’accord avec toi, beaucoup diront que chaque jour ça change, ça évolue la nature. T’auras jamais deux fois la même photo et ça, même si tu la prend au même endroit à la même heure. » Elle pince les lèvres, elle regarde leurs pieds avancer à la même cadence. Quand il s’agit de lui expliquer quelque chose qui a un rapport avec la photographie elle se sent toujours comme une enfant qui parle à un adulte, inutile. Elle perd ses mots, ne sait exprimer ce qu’elle vit et ce quelle cherche au travers des photos. Alors, elle abandonne l’explication. Il s’en fout et elle aussi s’en fout de ça de toute façon actuellement. Elle n’a pas envie de débattre sur la nature. Elle s’humecte les lèvres, elle « Mais t’as pas tort sur tout hein ! Après tout, t’es comme la nature sept ans après t’es plus le même ! T’as des rides et tout … Enfin tu vois le truc … » Elle bat des cils, elle se moque de lui, encore et toujours avec un sourire sur les lèvres. Elle est vilaine Eden, elle taquine. Car elle sait faire que ça elle, elle emmerde les gens, elle est sarcastique et diabolique quand elle ne veut pas avouer. Avouer, qu’elle garderait cette photo dans son ordinateur et laisserait aller ses yeux sur chaque trait harmonieux de ce visage pour voir chaque changement que le temps lui a fait endurer, toutes ces années pendant lesquelles ils ont été séparés.

Elle souffle, elle le trouve bien lourd Landon de se payer sa tête comme ça. Aussi ouvertement alors qu’elle ne posait qu’une simple question. Elle trouve ça vraiment étrange comme le hasard fait tout pour les réunir. Merde, c’est pas petit Savannah comme ville. Ce n’est pas un petit village, c’est une énorme ville en Géorgie. La plus importante. Donc oui, l’idée lui a traversé l’esprit, oui elle a pensé un instant qu’il l’avait peut-être suivi pour avoir l’occasion de lui parler. Pourquoi utilise-t-il des grands mots pour pas grand-chose ? Elle l’a même pas traité de psychopathe qu’il le fait lui-même. Elle est blasée et le regarde en arquant un sourcil. Elle donne un coup de pied dans un cailloux sur son chemin et prend un air bougon, un peu boudeur car elle sent affreusement bête la belle. « Mais j’ai pas dit ça non plus put- » Il ne la laisse même pas finir, il ne lui laisse même pas dire son insulte favorite qu’il éclate de rire et pointe un doigt sur elle. D’un air outré il se permet de tourner la situation, de l’accuser à elle de l’avoir suivie. Elle ouvre sa bouche en un grand O, elle fronce les sourcils et lui met un coup de coude sous la pression de ses inculpations complètement fausse. « Mais arrête de te moquer de moi merde ! » Seule phrase qui arrive à sortir d’entre ses lippes. Unique phrase qui ne démontre même pas qu’elle ne l’avait pas fait. Zéro preuve là-dedans qui prouve son innocence dans l’affaire mais elle le comprend son visage choqué face à sa question maintenant qu’elle voyait l’effet inverse. Elle se rendait bel et bien compte d’ô combien la question était conne dès le départ.

Il a raison Landon, si il avait réellement cherché à tomber sur elle, il aurait simplement eu à poser sa serviette de bain en face la jolie maison familiale des Howard. De l’autre côté de la barrière en bois, sur le sable il aurait même vue les grandes baies vitrées qui laisse un léger aperçu sur l’intérieur de la maison quand on y prête attention, il aurait pu entrevoir rapidement si elle été à l’intérieur ou non si tel était son but. Mais non, il avait simplement trainé toute la journée à la plage et il était passé par le parc par tout hasard. Fin de l’histoire. « Oui pour le moment je vis seule dans la maison sur la plage … » Maison qui lui parait bien trop grande, bien trop vide quand elle y pense. Elle ne lui rappel en rien les vieux souvenirs d’enfance. Le temps ou ses frères vivaient avec elle dedans, quand ses parents faisaient un barbecue les jours d’été. Quand grand-mère venait passer la journée à flâner avec elle sur les bords de plage pour la surveiller. Elle, la mauvaise graine qui ne laissait de répit à personne. Tout le temps à faire des conneries, elle était obligée d’être constamment surveillé cette gosse jamais fatiguée.

Plus elle y pense et plus ça lui manque l’esprit joyeux que lui invoquait cette maison avant, ça lui manque les soirées de feu de bois sur la plage qu’elle et ses frères faisaient à l’adolescence. Maintenant, elle sonne creuse cette maison, vide, dénuée de vie. Elle n’est là que pour rappeler que toutes ces chambres sont inutiles et qu’elle est seule car elle l’a choisi cette vie de solitaire. « Et toi tu vis où ? ça m’étonnerait que tu sois encore chez tes parents depuis le temps … ? » Landon et son envie de déguerpir loin de son père … Ca l’étonnerait fort que celui-ci soit retourné vivre chez celui-ci après tout ce qu’il avait fait pour s’en éloigner. Puis c’est un homme maintenant Landon, il n’a plus dix-neuf ans, elle s’inquiéterait pour lui si il lui disait qu’il est encore chez papa et maman. Il n’y avait qu’elle pour retourner à la case départ, vraiment qu’elle pour se retrouver comme une gamine de quinze ans sans travail, sans situation conjugale et tout simplement rien. Elle n’a rien Eden, elle a juste ses appareils photos qui valent une blinde, une valise de fringue et rien d’autre. Une vie qui commence à ne plus être palpitante quand elle y réfléchit.

Discussion qui continue sans encombrement sous le soleil de plomb qui les attaquent en cette fin d’après-midi. Chaleur qui ne cesse donc jamais, astre brûlant qui ne va donc jamais se coucher. Ils ont le temps avant qu’il le fasse. L’été vient à peine de commencer, les jours entre la fin du mois de juin et celui de juillet sont les plus longs de l’années. Ils ont de la marge avant qu’il puisse profiter d’un temps doux, d’une chaleur non pas suffocante mais agréable comme elle devait l’être pendant le mois de Mai. Actuellement, elle les sent les gouttes perlées dans son décolletée, glisser lentement jusqu’au liseré de son soutien-gorge, elle sent les petits cheveux dans sa nuque lui coller. C’est horrible, ça fait grincer les dents mais elle ne dit rien, elle ne se plaint pas. Le silence vient même les accompagner tant marcher devient un effort pesant au fil des minutes. Ils se concentrent sur leurs pas, elle un peu trop même car lorsque la voix de Landon vient résonner et briser ce jeu du roi du silence elle tourne la tête vers lui d’un air presque offusqué. Surtout pour l’entendre se plaindre. « T’es pas censé être celui qui doit pas se plaindre de nous deux ? » Elle arque un sourcil, intrigué. Elle voit bien son visage luisant, son tee-shirt lui coller tant il transpire là-dedans. « Toi qui a vu et vécu tant de trucs à la guerre… » Elle fait la moue en disant ça, elle qui le pensait aussi fort qu’un dieu ou un demi-dieu à la limite elle serait presque déçu de voir que le soleil contre sa peau déjà bien bronzé le fasse bougonner comme un gosse de sept ans.

Hochement de tête approbatif lorsque son ex lui propose un peu d’eau, il lui tend la bouteille et elle l’attrape du bout des doigts regardant le fond d’eau pour calculer combien de gorgée peut-elle prendre pour lui en laisser suffisamment à lui. « Tu faisais comment sur le terrain avec toutes tes affaires et ta tenue entière sur le dos ? Tu pleurais pour faire des pauses et qu’on t’emmène un parasol ? »  Dernier petit pique lancé, elle prend un peu trop la confiance la poupée. Elle taquine un peu trop le vétéran. Elle rigole, elle rigole mais elle ne voit pas le fond du bol ou… De la bouteille pour être plus précise. « Tu peux me tenir ça ? » Elle lui tend son appareil, ne sait-on jamais. À peine l’a-t-il entre les mains qu’Eden penche sa tête en arrière pour déverser un peu d’eau dans sa bouche, sans toucher le goulot. Comme si elle ne les connaissait pas les lèvres de Landon, comme si elle n’y avait jamais gouté et qu’elle le craignait maintenant. Elle en fait des tonnes, des masses alors qu’en vrai elle s’en fout et c’est surement ça qui agace l’homme, ou plutôt le gamin qu’il est. Au point de décider qu’il est temps de lui rafraîchir les idées à la blonde. La tête inclinée en arrière l’eau se déversant doucement entre ses lèvres effet de surprise lorsqu’elle sent la bouteille se pencher plus que de raison et l’eau lui tomber à la gueule comme une cascade. Elle a de l’eau dans le nez, le visage trempé et se met à toussoter comme si elle venait de boire la tasse la diablesse. Elle se penche en avant systématiquement crachant un filet d’eau qu’elle n’arrive même pas à avaler. « T’es … trop » elle tousse une nouvelle foi, s’étouffe presque en riant « con bordel ! » Elle rit la gamine, elle rit car elle ne s’y attendait pas, elle rit car lui aussi est en train de rire avec son visage de vainqueur. Elle le hait, vraiment lorsqu’il fait le con comme ça.

Maintenant qu’elle a arrêté de tousser, elle se remet droite et passe une main nonchalante à la racine de ses cheveux trempée, faignant un air dédaigneux. Un air de princesse, princesse qu’elle n’est certainement pas Eden. Bien trop loin de tous les clichés féminins qui entourent la couronne, la royauté et les principes d’une demoiselle de la grande société. « Bien. Je vois, ton eau elle était dégueulasse toute façon ! » Elle tend la main pour récupérer son appareil photo et regarde la bouteille qu’elle a encore entre les mains une seconde et remonte ses yeux très rapidement sur Landon lorsque celui-ci lui rend son jouet préféré. Idée aussi peu mature que celle de son ex, avec la minime gorgée qu’il reste dans le fond de la bouteille elle vient s’en gêne la lui renverser au visage et lui jette la bouteille contre le torse par la même occasion en riant. « Si je ne bois pas, toi non plus hein … Tu sais comment ça marche ! » Palabre balancé avec un clin d’œil en prime. Politique de la maison qu’elle applique, petite phrase bien trop souvent prononcé pendant les trois années de relation et qu’elle remet à l’ordre maintenant. C’était comme ça entre eux. Soit ils faisaient tous les deux la chose, soit tous les deux en étaient privées. L’équité était reine, un des points capitaux de leur relation. Les deux étant trop égoïste même pendant l’adolescence il avait fallu trouver des compromis, des règles pour qu’ils arrêtent de se chamailler.

Elle s’échappe en pas chasser la gamine, elle le regarde secouer la tête pour enlever les petites gouttes d’eau qui perlent de son visage et soudainement elle le trouve bien sexy, elle est en train de taper une insolation la jolie. Elle divague et se perd complètement dans ses idéaux et les principes qu’elle s’était promis de ne pas franchir.

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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyDim 25 Juin - 0:00

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Il est partagé Landon, comme bien trop souvent en présence de la jolie blonde. Incapable de se décider entre s’offusquer de ses paroles ou les prendre sur le ton de l’humour, incapable de saisir si elle se moque gentiment de lui, comme trop souvent par le passé, ou bien si elle cherche réellement à appuyer là où ça fait mal, comme trop souvent ces derniers temps. Probablement devrait-il mal le prendre ; après tout, elle vient clairement de lui dire que malgré tous ses efforts pour se débarrasser de lui, il continuait à lui coller aux basques. Mais il n’est pas réputé pour sa susceptibilité, et ces mots ne font finalement que l’amuser un peu plus encore. Parce qu’elle n’a pas tort dans le fond, la gamine. Il serait fort osé de sa part que de pousser les hauts cris suite à de telles paroles, alors même qu’il a parfaitement saisi qu’elle ne voulait pas l’avoir dans les pattes cet après-midi, et qu’il a pourtant tout fait pour rester à ses côtés. Incapable de savoir si les paroles d’Eden sont bienveillantes ou non, il décide pourtant de les prendre sur le ton de la rigolade. Comme tout, cet après-midi. Il ignore combien de temps il sera capable de faire preuve d’une telle légèreté, dans quelle mesure il parviendra à repousser sa tendance naturelle à démarrer au quart de tour. Il est d’ailleurs le premier étonné de sa patience. De la simplicité avec laquelle il accueille les évènements, aujourd’hui. Cela ne lui était pas arrivé depuis… au moins sept ans. Part de douceur qu’Eden fait ressortir en lui.

Il cligne des yeux face à la vivacité avec laquelle elle tourne la tête vers lui ; un rictus étire ses lèvres fines à l’entente de ses mots, joie et tendresse mêlées qui s’expriment par ce simple sourire. Elle ne lui apprend rien en lui disant qu’il est agaçant ; il l’est au moins tout autant qu’elle, il le sait, c’est probablement pour cela qu’ils se sont si bien entendus dès le début. Qui se ressemble s’assemble, dit-on. Mais la pensée populaire a également pour coutume de prétendre que les opposés s’attirent, et à l’instar des créateurs de proverbes, le brun a toujours ressorti ces adages à sa guise, peu importe combien ils pouvaient s’avérer contradictoires. Elle ne lui apprend rien, mais tant pis, ses paroles suscitent malgré tout de la joie au sein de sa carcasse un peu trop instable en sa présence. Il est heureux Landon, heureux de voir que la lionne se radoucit, qu’elle se laisse apprivoiser, faisant à son tour sa part d’efforts. Il est heureux de constater qu’il n’est plus le seul à s’acharner à tirer un trait sur la rancœur, alors même qu’il commençait à se demander si la demoiselle ne flirtait pas un peu trop avec ses limites. Alors même qu’il commençait à craindre de se laisser dépasser par les évènements, de laisser des paroles malheureuses lui faire perdre le contrôle, une nouvelle fois.

Il est heureux Landon, heureux car il a le sentiment de retrouver Eden, la Eden du lycée, cette gamine un peu cinglée aux cheveux platine qu’il a aimé trois ans durant – peut-être même un peu plus longtemps encore, beaucoup plus longtemps encore, mais ça, c’est une autre histoire. Bien évidemment que la jeune femme qui se trouve aujourd’hui face à lui n’a pas grand-chose à voir avec elle, quasiment rien d’ailleurs, si ce n’est le même visage poupin et les mêmes mèches, toujours aussi pâles. Bien évidemment qu’elle a perdu la tendresse qu’elle exprimait jadis à son égard, de même que son habituelle attitude joueuse et les sourires vibrants de sincérité qu’elle lui adressait. Il n’est pas stupide, Landon. Il n’est pas naïf au point de se voiler la face, de s’autopersuader que rien n’a changé, lorsqu’il est évident que c’est le cas. Mais elle ne transpire plus l’animosité, elle n’a plus l’air sur des charbons ardents, prête à tout pour créer le conflit entre eux. Prête à démarrer au quart de tour à la première esquisse d’occasion. Elle se radoucit, lentement mais sûrement, a pas de fourmis si petits, si laborieux qu’il ne s’en serait peut-être pas rendu compte s’il n’observait pas ses comportements avec tant d’attention. Alors bien sûr que tout n’est pas gagné. Mais il a l’impression que la Eden avec laquelle il devait se débrouiller depuis quelques semaines s’estompe sensiblement, cette Eden qu’il ne reconnaît pas, cette Eden pour laquelle il éprouve plus de haine que d’amour, pour céder la place à une personnalité qu’il connaît mieux, qu’il aime bien mieux.

S’il est soulagé de voir qu’elle ne se vexe pas de ses petites piques, que, pour une fois, elle apprend à reconnaître son humour lorsqu’il en fait preuve, cela lui fait tout drôle de parler photo avec elle. Il se voit ramené des années en arrière, lorsque la gamine blonde tentait d’expliquer ces notions si importantes pour elle, mais auxquelles il était déjà totalement hermétique. Il était relativement dénué d’une quelconque sensibilité artistique, et c’était plutôt triste, en soi. Ce n’était pas le genre de type capable de passer un quart d’heure devant une œuvre ; non, lui c’était plutôt ce type qui, s’il se retrouvait Dieu seul sait comment dans un musée, se voyait faire le tour de chaque salle en cinq minutes, comme s’il ne s’agissait de guère plus que d’un marathon. D’ailleurs, ces gens qui passaient un temps infini devant un pauvre bout de tissu couvert de peinture, parlons-en deux minutes. Il n’avait jamais saisi l’intérêt qu’ils pouvaient bien trouver à cela. Probablement s’arrêtaient-ils devant le tableau et se perdaient-ils alors dans leurs pensées, réfléchissant à ce qu’ils allaient devoir acheter le lendemain au supermarché, ou à la prochaine fille qu’ils prévoyaient de se taper. Il ne voyait que cela.

On dit que les vieilles habitudes ne changent pas, et il réalise qu’il n’y a pas plus vrai lorsque, comme elle le faisait déjà au lycée, Eden s’interrompt bien vite dans son développement, consciente que tout ceci passe totalement au-dessus de la tête du brun. Il a bien essayé de s’y intéresser, de faire des efforts pour comprendre cet art complexe, pour la simple et bonne raison que c’était important pour elle, mais ses tentatives se sont avérées totalement vaines. Ce n’était pas sa came, c’est tout, et l’on ne peut pas toujours forcer la nature. Il éclate de rire face à ses paroles, face à son expression, ses battements de cils et son sourire faussement innocents qui ne font qu’ajouter à son côté démoniaque. Il lève les yeux vers le ciel, secoue la tête en glissant une main dans ses cheveux rendus humides par la chaleur. Elle le fatiguerait presque tant elle s’acharne à se moquer de lui dès qu’il se risque à ouvrir la bouche, mais dans le fond, c’est bon de les retrouver, elle et ses taquineries dénuées de mauvais sentiments. Sans en avoir réellement conscience, plus par réflexe qu’autre chose à l’entente de sa référence au passage des années sur ses traits, il passe son index sur la petite cicatrice qui barre son sourcil gauche, énième vestige que l’armée a gravé dans son derme, lui laissant quelques millimètres de peau à jamais dénués de poils.

- Toi, en revanche, t’as pas changé… Toujours la même sept ans après, c’est assez impressionnant… Faudra que tu me files l’adresse de ta fontaine de Jouvence avant que je ressemble à un vieux pruneau.

Il sourit le jeune homme, il sourit comme si de rien n’était, comme s’il venait de lui faire le plus beau compliment qu’il soit, alors même qu’il sait que c’est tout l’inverse. Il sait faire chier son monde lui aussi, quand il s’y met. Déjà au lycée, Eden se plaignait de faire plus jeune que son âge, de ressembler à une gamine. Mais ce qui avait surpris Landon, lorsqu’il l’avait croisée sous la pluie quelques semaines plus tôt, c’était de constater que plus le temps passait, plus l’écart entre l’âge que faisait la demoiselle et son âge véritable se creusait. Il était curieux de voir si elle vieillirait d’un coup, un beau jour, ou si à sa mort elle serait une petite mamie au visage d’enfant. Toujours est-il qu’il savait que jadis, elle plaçait beaucoup d’espoir dans les années futures, dans son début de vingtaine pour murir physiquement, ressembler moins à une gamine et plus à une femme, perdre la douceur de ses traits. Sauf que ses attentes s’étaient soldées par un échec retentissant, et il ne se gardait pas de le lui rappeler. Sans méchanceté aucune, simple vérité énoncée sur fond de taquinerie.

Elle lui demande de cesser de se moquer d’elle, mais c’est peine perdue ; à vrai dire, sa demande ne fait que le faire rire de plus belle, alimenter son hilarité. Parce que les expressions qui se peignent sur ses traits à chaque nouveau mot qu’il prononce sont tout simplement impayables, parce qu’elle a l’air si bien outrée par ses propos, par des accusations qu’elle dirigeait vers lui un instant plus tôt, qu’il est plié en deux le garçon. A-t-il lui aussi fait une tête aussi drôle lorsqu’elle a avoué le soupçonner de l’avoir suivi ? Il ne saurait pas dire pourquoi il rit autant pour de pareilles bêtises. Pourquoi il est à la limite de l’euphorie. Probablement est-ce le soleil qui lui tape un peu trop sur le crâne, depuis un peu trop longtemps. Il prend sur lui, se ressaisit tant bien que mal, essuie les larmes qui perlent au coin de ses yeux d’azur.

- Faut pas raconter des bêtises pareilles si tu veux pas que je me moque, Eden, t’en as de bonnes toi… Et je remarque que tu ne démens pas… Alors quoi, c’est à ça que t’occupes tes après-midis depuis ton retour à Savannah ? À me suivre où que j’aille ?

Il fait des efforts Landon, vraiment, il prend sur lui pour cesser de rire, mais c’est plus fort que lui, il se remet à pouffer après avoir dit cela. Il est vraiment temps pour lui de se trouver un coin d’ombre, ça devient urgent. Bien évidemment, il sait combien ses paroles sont ridicules. Bien évidemment, il sait qu’Eden n’est pas une ex désespérée qui passe son temps à arpenter les rues de la capitale géorgienne, jumelles à la main, à la recherche du beau brun – heureusement d’ailleurs, celui lui ferait perdre instantanément la moitié de son charme à ses yeux. Mais il l’embête, il l’agace encore et encore, innocemment, comme on chatouille délicatement un bébé pour lui arracher des gazouillements d’amusement. Parce que plus qu’un passe-temps, plus qu’une habitude, faire chier Eden Howard a toujours constitué une passion à ses yeux.

Il se calme, il se calme pour de bon lorsqu’elle lui apprend vivre seule dans cette grande demeure où il avait trop souvent mis les pieds, devant laquelle il était trop souvent passé au cours des dernières années, maison qui éveillait désormais en lui un désagréable sentiment d’amère nostalgie. Il n’aurait pas cru qu’elle était désormais l’unique occupante de la bâtisse, il ne comprend pas pourquoi elle est allée s’isoler entre ces murs.

- Seule ? J’comprends que tes frères y soient plus, mais tes parents ? Ils sont passés où ?

Toujours aucune question sur l’aïeule de la famille. Il joue la carte de la sécurité Landon, ce n’est pas trop dans sa nature, mais avec la grenade en permanence dégoupillée qu’est Eden, c’est bien souvent le mieux à faire. Dans tous les cas, il aura malheureusement des nouvelles de la grand-mère Howard bien assez tôt, c’est du moins ce qu’il se dit. Il hoche la tête suite à sa question, ouvre la bouche pour lui apporter un peu plus de précisions qu’un simple signe d’acquiescement.

- Ouais, en effet, passer dix-huit ans chez eux c’était bien assez. J’ai trouvé un loft sur Historic District, un truc un peu ancien avec pas mal de cachet, c’est sympa.

Il hausse les épaules, détourne le regard. Il se sent bien en ce lieu, il ne le nie pas. Il sait que de nombreuses personnes, moins bien loties que lui, rêveraient d’habiter là-bas, dans ce grand espace lumineux aux nombreuses fenêtres. Sauf que voilà, c’est trop grand, pour lui. Il a beau y vivre avec son vieux clebs qui anime le loft de ses jappements et du cliquetis de ses griffes sur le parquet ancien, il s’y sent seul, tristement seul, même lorsqu’il y accueille des amis ou des filles. Mais ça, il ne va même pas se risquer à l’avouer à Eden. Il s’y refuse, il ne fera pas aveu de pareille faiblesse devant elle.

Sourire qui étire ses lèvres lorsqu’elle lui reproche de se plaindre. Il est vrai, l’armée l’a durci le bonhomme, l’a rendu capable de supporter des choses bien pires que le petit Américain lambda. Sur le terrain, il était hors de question de râler contre le soleil qui tapait un peu trop sur leurs kilos d’équipement, ou de geindre lorsque la pluie tombait et qu’ils devaient rester fichés dans la boue des heures durant, sans parapluie pour se protéger. Encore aujourd’hui, il pouvait supporter beaucoup de désagréments sans grimacer. Mais il restait un être humain comme un autre, et même s’il ne l’exprimait que bien rarement à voix haute, il n’adorait pas franchement suer comme un porc sous une chaleur caniculaire. Et puis il faut dire qu’à son retour aux États-Unis, il avait tôt fait de prendre des goûts de luxe. De perdre l’habitude de la souffrance quotidienne, si bien que crever de chaud n’était plus normal à ses yeux, c’était redevenu, pour lui, une impression désagréable, comme pour n’importe quel petit citadin qui n’avait jamais quitté son quartier de naissance.

- T’sais, on me surnommait « la diva » à l’armée. J’étais toujours le premier à réclamer de l’eau dès qu’il faisait un peu trop chaud, à aller demander à l’infirmière du camp de masser mes pieds endoloris par des journées de marche dans des rangers inconfortables… J’me suis même fait envoyer une piscine gonflable par ma mère, histoire de pouvoir décompresser un peu !

Son sourire en dit long, à mesure qu’il s’exprime. Il raconte des bobards, il la balade la blondinette. Bien évidemment qu’il n’a pas goûté à pareil luxe, au cours de ces longues années de service. Malgré ses bonnes performances, il restait un soldat comme tout le monde, qui souffrait comme tout le monde. S’il n’était pas content de ne pas être traité en prince, c’était tant pis pour lui. Il lui tend la bouteille, un embryon d’idée germe dans son esprit. Il a bien envie d’achever de l’embêter, la faire chier un peu plus encore, parce qu’il n’y a rien de mieux à faire, de toute manière, lorsqu’il fait une chaleur assommante comme aujourd’hui. Et, comme pour lui donner un accord implicite, Eden lui tend son appareil photo, achevant de le convaincre. Elle ne l’a pas volé à se foutre de lui comme ça avec l’armée, puis ce n’est pas bien méchant, dans tous les cas. Il secoue la tête en la voyant boire à un mètre du goulot, catastrophé qu’elle fasse tant de manière après qu’ils aient fait bien plus que de mêler leurs salives, et ne trouve rien de mieux à faire que de surélever un peu le fond de la bouteille, pour que son mince contenu se déverse sur le visage de la blonde. Éclat de rire qui franchit ses lèvres en voyant ses traits se déformer sous l’effet de la surprise, en voyant son visage se laisser tremper par les rares gouttes d’eau ; éclat de rire alimenté par les insultes d’Eden, par son propre rire. Il est fier de son coup le salaud, fier d’avoir réussi à surprendre une nouvelle fois la demoiselle. La surprise, vraiment la clé de tout. Sourire en coin lorsqu’elle ose critiquer son eau, précieuse eau dont il lui a fait don, crachant pour une fois sur son égoïsme légendaire.

- Faut toujours que tu trouves une raison de te plaindre, toi…

Il lève les yeux au ciel, et à peine lui a-t-il rendu son précieux appareil qu’il sent des gouttes tièdes lui voler au visage, suivies de la bouteille qui vient rebondir contre son torse. Il sent l’eau tiède se mêler aux perles de sueur chaude qui strient son visage, dégouliner dans ses yeux, yeux qu’il cligne pour chasser les quelques gouttes accrochées à ses cils trop longs.

- T’as vraiment rien oublié, hein…, marmonne-t-il dans sa barbe en entendant cette phrase qu’ils n’ont que trop souvent prononcée, aussi bien l’un que l’autre. Merci pour le rafraîchissement, en tout cas !

Sourire charmeur qu’il lui adresse avant de secouer la tête pour envoyer balader les minces filets d’eau pris entre ses cheveux et son visage, attention pourtant bien inutile : la chaleur écrasante qui règne alors suffira à sécher le tout en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Il glisse une main dans ses mèches désormais à moitié humides pour les remettre un tant soit peu en place, se penche pour ramasser la bouteille, qu’il envoie en un tir précis en plein dans une poubelle située à quelques mètres de là.

- C’est pas bien de polluer, tu le sais ça Eden ? Y a des villes où t’aurais même pu te choper une amande pour avoir balancé cette bouteille par terre.

Il hoche la tête, l’air faussement sérieux. Comme s’il était brusquement devenu un fervent défenseur de la planète bleue, alors que… non. Pas spécialement, il n’est pas particulièrement engagé le jeune homme. Il ne l’a jamais été. Il rejoint en quelques pas la jeune femme qui s’était éloignée, témoignant là de son courage légendaire, comme si elle craignait une quelconque forme de représailles de sa part. Comme si c’était son genre.

- Relax, j’vais pas me venger… J’dois vraiment te rappeler que, de nous deux, c’est clairement toi la plus rancunière ?

Il s’avance innocemment vers elle, achevant de rompre la distance qu’elle vient d’instaurer entre eux.

- Donne-moi ça, tu me remercieras plus tard.

Il lui prend son appareil photo des mains, le passe autour de son cou et, avant que la jeune femme n’ait le temps de comprendre ce qui lui arrive, il l’attrape par la taille et la flanque sur son épaule, comme un sac à patates. Il prend trop la confiance Landon, sans doute que oui, mais il est trop sonné par la chaleur pour réfléchir correctement. Il la sent qui se débat contre lui, il sent bien ses petits poings et ses petits pieds marteler respectivement son dos et son torse, alors il la serre un peu plus fort contre lui, craignant qu’elle ne lui échappe autrement. La portant sans efforts, il se dirige vers la fontaine qu’il a aperçue au loin quelques instants plus tôt. La fontaine qui lui a donné l’idée. Il marche rapidement, gagne promptement le lieu du crime. Le bassin a beau être assez profond, il ne veut pas faire une bêtise, prendre le risque de lui briser quelque chose en faisant preuve d’un peu trop d’empressement, alors il fait quand même attention en la balançant à la flotte, prenant garde à ne pas la lâcher de trop haut. Comme au ralenti, il la voit tomber à l’eau, éclaboussant tout autour d’elle, faisant s’envoler non sans bruit les pigeons occupés à picorer autour de la fontaine. Il regarde ses vêtements s’imbiber rapidement de l’eau du bassin, il entend encore résonner le cri qu’elle a poussé en se sentant toucher l’étendue liquide. Il est mort de rire Landon, mort de rire de la voir ainsi trempée des pieds à la tête, mort de rire car il se sait intouchable puisqu’il a autour de son cou le précieux joujou de la blonde – ceci dit, il n’aurait pas craché sur un petit plongeon dans l’eau presque fraîche du bassin, il en fallait plus pour le traumatiser en tout cas.

- Bon, d’accord, peut-être que t’aurais dû te méfier un peu de moi… Faut croire qu’il y a certains points sur lesquels ton esprit revanchard est contagieux…

Il s’efforce de ne pas loucher sur son pauvre débardeur rendu presque transparent par le liquide et, la regardant dans les yeux, bon prince, il lui tend la main, prêt à la tirer hors du bassin. Il n’est pas mauvais au point de la laisser mariner là-dedans pendant cinq minutes, tout de même. Il lui adresse un gentil sourire, dénué de toute idée sous-jacente, pour une fois. Sans doute l’a-t-il suffisamment embêté pour aujourd’hui – peut-être un peu trop d’ailleurs, il espère qu’il n’a pas involontairement déclenché la troisième guerre mondiale en la balançant à l’eau. Parce que partir au combat avec elle, il en a soupé. Ce n’est plus pour lui tout ça.
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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyLun 26 Juin - 15:42

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Elle sourit, presque tristement la poupée. C’est lorsque le brun lui pose ce genre de question qu’elle se rend compte que le temps a filé à une allure folle. Qu’ils ne sont plus du tout proche comme ils l’étaient avant. Il ne sait tout simplement plus rien de sa vie, autant qu’elle ne sait plus rien de la sienne. Ils ont raté trop de chapitre, peut-être même des livres entiers. C’est triste, ça pince le cœur. Elle remonte la tête vers la cime des arbres et cherche ses mots. Elle cherche le début de l’histoire, comment se fait-il que ses parents ne soient plus à la maison dans laquelle il les a connus, bâtisse animée dans laquelle il l’a connue elle aussi pendant l’adolescence. Maison dans laquelle ils ont vécu de superbe moment tous ensemble. Toutes les pièces qui composent la baraque témoigne de toutes les années, tous les souvenirs qu’ils ont en commun les gamins de la plage de Savannah. Bien trop de photos témoigne de ces moments de joie, des rassemblement familiaux, de la jeunesse qui faisait vibrer les murs que les aïeux ont bâti de leurs propres mains. Maison qui ne respire vraiment plus cette gaité d’antan. Maison qui n’a maintenant pour vocation que de rappeler que le temps s’est envolé, que plus jamais ils ne seraient tous réuni au complet. Un jour, l’être le plus important, le pilier de la famille s’envolera faisant éclater pour toujours cette harmonie qui règne entre eux et quand elle y pense la blonde, elle a mal, très mal. « L’année dernière ma grand-mère commençait déjà à aller mal, du coup ils ont commencé à aller un peu plus souvent dormir chez elle et plus les mois sont passés et l’état de sa santé c’est empiré… » Elle arrête de parler, juste un instant. Le temps de rejeter loin d’elle la douleur qui se forme dans sa poitrine, ce pincement qui tiraille si fortement son palpitant. « Au point qu’ils aient décidé d’aller vivre chez elle, histoire de pas la dépayser tu vois ? » Elle lui pose une question rhétorique mais n’attends pas particulièrement de réponse, elle gagne juste du temps Eden, le temps de se remettre les esprits en place, de ne pas paraitre bien trop bouleversé. Bien évidemment qu’il voit, qu’il comprend que ça lui fait du mal. Même un aveugle le verrait qu’elle est pas bien rien que d’en parler. « Enfin voilà, du coup je suis seule à la maison, mais je pense que je vais me trouver un appartement rapidement, c’est nul de vivre là-bas. » Elle hausse les épaules, elle coupe court la discussion Eden. Elle ne veut pas en dire plus, elle ne veut pas y penser une seconde de plus. Elle change de sujet, elle préfère détourner les questions et en savoir d’avantages sur sa situation à lui.

Sans en demander plus sur sa famille, sur ses intentions de changer de lieu d’habitation le garçon répond sagement à la question de son ex. Sans surprise il lui explique qu’il n’était certainement pas retourné chez ses parents et qu’il avait bel et bien son propre logement dans l’un des plus beaux quartiers de la ville. Elle est étonnée Eden d’apprendre qu’il a un appartement si bien positionné Landon. Depuis quand être un ancien combattant et joueur de football paie si bien ? « T’as de bon gout ! » Elle hoche la tête d’un air rêveur, elle se met à imaginer le bien immobilier du brun situé sur Historic District. Elle apprécie ce qu’elle imagine. Un appartement dans l’un de ces immeubles un peu anciens mais rénové ; des grands et hauts murs blancs et une décoration épuré. Non, en fait ce n’est pas l’appartement de son ex qu’elle imagine mais son appartement de rêve à elle. Elle nage en plein rêve alors qu’elle n’a pas un sou, pas un dollar en poche en ce moment. Elle est irréaliste Eden de s’autoriser à rêver ce qu’elle n’aura certainement jamais. « C’est cool sérieux, j’ai toujours adoré ce quartier ! Bon choix ! » Elle préfère en sourire qu’en rager la poupée. Il le mérite. Après tout, il a bossé comme un acharnée y mettant le prix de sa vie pendant des années pour en arriver là où il en est.

Il parle, il en rajoute des tonnes Landon sur ses caprices sur le terrain et en l’écoutant parler elle se permet de rouler des yeux ; comme trop souvent d’ailleurs la galatée. Elle comprend très vite qu’il se paie sa tête le brun. Elle saisit à sa façon de parler, les mots employés qu’il n’avait certainement pas un traitement de faveur le pauvre garçon pendant la guerre. Quand elle repense à tout ce qu’il lui a dit sur le toit et la façon d’en rire qu’il a actuellement ça lui fait grincer les dents ; frissonner l’échine. Une vie de misère, une vie remplie de malheur pendant cinq ans. Il en rit peut-être maintenant mais fut un temps, ça ne devait pas être si drôle, il a dû être marqué par les évènements … Surement. Elle l’espère du moins. Sans quoi, elle se dirait que Landon est un homme vide, dénué d’émotion. Aucun homme sur cette planète peut voir ses amis mourir, tuer de ses propres mains des gens et ne rien ressentir. Personne n’est hermétique à la vie, à l’amour et la peine. Pourtant, sous ses yeux après des années loin du front et des bombes il pouvait se permettre d’en rigoler des situations folles, surement romanesque dans lesquelles il se trouvait et elle trouve ça admirable la poupée. Elle trouve ça fort, incroyable qu’il ait retrouvé un semblant de vie normale. Qu’il puisse parler du passé avec un air décontracté, un air certainement faussement inatteignable, pas touché le moins du monde par le passé mais au moins il essaie.

Elle rit de bon cœur lorsqu’il lui fait remarquer qu’elle se plaint comme toujours. Que serait Eden si elle ne se plaignait pas ? Pas même un petit peu ? Même pour un petit truc de rien du tout ? Elle ne serait juste pas Eden. C’était comme ça, elle était et restera comme ça. Elle avait beau être une femme remplie de joie, une femme avec beaucoup d’humour elle restait tout de même une râleuse. Le moindre petit truc peut la faire froncer des sourcils, la muter dans un silence de morne juste le temps de faire son boudin de son côté. Elle est comme ça la blonde, elle prend vite la mouche elle trouve toujours un peu de noir dans le blanc maculé. C’est un énorme défaut, on lui a souvent répété qu’il ne fallait pas se prendre la tête sur des infimes détail mais elle n’y arrive pas. Dès qu’il y a un truc qui la minaude elle en parle, elle se plaint et le fait comprendre. Landon le sait, mieux que personne. Pour l’avoir vue faire, vécu sous ses petites crises il ne devrait même pas être étonné, même pas souligner ce détail. « Je ne me plains pas Monsieur James, c’est la simple vérité, votre eau est dégueulasse ! »

Visages trempés des deux côtés, pas un pour rattraper l’autre. Les anciens gamins de Géorgie se sont retrouvés et ont encore frappés. C’est une bonne guerre. Il l’a mouillé, elle l’a mouillé en retour c’est équitable comme histoire. Pourtant, elle est trois mètres plus loin car elle a quand même une petite appréhension au creux du ventre. Elle est méfiante Eden, elle le connait. Il la remercie de l’avoir rafraîchit avec son regard plissé, son sourire en coin. Elle s’éloigne encore d’un pas et le regarde secouer la tête comme un chien mouillé. Insolation qui flâne certainement au-dessus de sa tête lorsqu’elle se rend compte qu’elle le mate ouvertement. Elle venait réellement de le trouver sexy juste en secouant la tête ? Elle se trouve lamentable, pitoyable elle a envie de s’arracher les yeux lorsque des trucs comme ça lui passe dans la tête pourtant elle entre dans son jeu Eden, elle se laisse endormir comme une novice. « De rien Landon, ça me fait toujours plaisir de t’aider à aller mieux ! » Elle bat des cils à son tour, elle lui rend son sourire et ses manières presque charmeuse à son tour en s’éloignant de nouveau d’un pas. Plus loin se tient-elle du diable, mieux c’est.

Précision dingue, il tire et la bouteille fini sa course dans la poubelle. Elle hausse les sourcils étonné la princesse. Elle, elle ne serait jamais capable de réussir un tel truc. Elle a deux mains gauches Eden, elle n’a aucune précision, surement pas assez de force dans les bras pour réussir à viser une poubelle à trois mètres. Lui il fait ça avec aisance, sans problème pour finalement la gronder. Il lui rappelle que dans d’autres pays jeter une bouteille parterre est passable d’une amende et un éclat de rire s’échappe d’entre ses lèvres à la belle. Lèvres qui se retroussent doucement, dents qu’elle lui dévoile. « Tu sais que dans certains pays on m’aurait coupé les mains pour avoir lancé une bouteille sur un homme même ? » ô oui, dans les pays de la péninsule arabique certainement qu’elle aurait déjà était lynchée sur la place public pour montrer autant d’audace, pour s’attaquer à un homme alors qu’elle n’est qu’une femme. Elle n’aurait même pas le droit d’être vêtu de la sorte la blondinette. Elle serait morte depuis bien longtemps dans un pays lointain. « Puis je n’ai même pas pollué » Rétorque-t-elle d’un air très sérieux. « Je t’ai envoyé ta bouteille … C’est toi qui ne l’a pas rattrapé au vol ! » La voilà toute la différence, la nuance. C’était lui le fautif, comme toujours d’après Eden. La maitrise de toujours tourner la situation à son avantage, une maitrise qu’Eden applique à toute les sauces, se déculpabilisant de tout, tout le temps.

Volonté de s’éloigner du danger Landon James qui s’envole lorsque celui-ci se rapproche d’elle dangereusement. Elle essaie de maintenir la distance mais non, il est là, à ses côtés et elle se tend. Elle sent le coup foireux venir à des milliers de kilomètre. Surtout lorsque celui-ci lui dit de ne pas s’inquiéter, qu’au contraire, des deux c’est elle la plus vengeresse. Justement, c’est car elle le connait que trop bien qu’elle préfère le fuir. Il est pire, il a toujours eu un coup d’avance et elle ne s’est pas trompé la gamine. Il lui demande subitement de lui donner son appareil photo, il lui tend la main pour le récupérer et elle fait non de la tête. Oh non, c’est sa garanti de survie ça. Elle recule d’un pas et il avance d’un. Sans son autorisation il lui prend des mains son objet de travail et elle s’offusque. Elle n’a même pas le temps d’ouvrir les lèvres qu’il l’attrape par la taille et la jette rapidement sur son épaule. Cœur qui s’arrête, tête qui se vide, corps qui se raidit le temps de comprendre ce qui est en train de se passer.

Premier réflexe qui revient, celui de crier « LANDON NON LACHE MOI ! » Proximité à laquelle elle ne s’attendait certainement pas. Pas après les deux dernières entrevues grisant qu’ils aient eu, pas après leur histoire commune, la rupture et les sept ans sans se voir. Il l’a surprend, un peu trop. Son cœur ne suit pas la cadence, celui-ci se met à tambouriner d’une force sans pareil. Il doit certainement le sentir contre son dos tellement il va fort son palpitant. Deuxième réflexe celui de taper ; marteler le bas de son dos et son torse à l’aide de ses quatre membres. Elle sait pas ce qu’il veut faire d’elle, elle n’a aucune idée mais elle sait que ça sent mauvais. Elle l’a trop souvent vue faire, trop souvent fini dans des endroits grotesques lorsqu’elle se retrouvait tel un vulnérable filet de pomme de terre sur son épaule. Il va le jeter quelque part, lui faire payer les misérables gouttes d’eau qu’elle a osée lui balancer au visage. Elle ne devrait même pas prendre la peine d’essayer de se débattre, plus elle forcera, plus il en fera de même.

Elle le savait, elle le savait que si elle forçait un peu trop pour se sortir de ce bourbier il la tiendrait encore plus fort. Ça ne manque pas, elle arrive à lui enlever un bras et la seconde d’après il reprend l’avantage. Il resserre ses deux bras autour d’elle et elle ne peut plus rien faire. Elle abandonne la guerre, elle se laisse porter mollement en pleurnichant intérieurement, espérant de tout cœur que le sort ne lui sera pas trop défavorable. Puis elle se rend compte de l’incongru de la situation, du fait de sentir la peau des mains de son ex à l’arrière de ses cuisses, sa poitrine contre son dos. Rire comme si rien n’avait changé, elle rougit, elle se met à rougir sévèrement la belle. Ça la brusque tout ça, elle est intimidée, elle est perdue dans ses pensées, le passé venant hantée.

Elle ne sent même pas qu’il la tient comme une princesse au creux de ses bras, elle ne se voit même pas être lancée au ralentit dans l’eau fraîche de la fontaine du parc tant elle est à l’ouest la mignonne Eden. Pourtant c’est ce qui est en train d’arriver, elle se retrouve jeter comme un rien dans l’eau pas très clean, l’eau où tous les chiens de la ville vont se jeter dès qu’on leur retire leur laisse. Elle lâche un cri strident, à peine ses fesses ont touchés le fond du bassin qu’elle se relève à la hâte. Du moins, elle essaie, elle glisse lamentablement et tombe de nouveau sous les yeux de Landon, l’éclaboussant par la même occasion. Elle pleure de rire tout en essayant de se relever mais ses abdos lui faisant tellement mal tant elle rit qu’elle abandonne ; elle se laisse patauger et le regarde d’un air faussement blasé. « T’es vraiment un enfoiré Landon … Mais je le savais, j’me serais inquiété si tu ne faisais vraiment rien » Elle parle comme si l’option changer/murir n’était pas possible. Elle ne saisit pas Eden qu’à leurs âges, pas tout le monde agit encore comme des adolescents. Que les gens se sont calmé, pourtant oui. Même elle, même lui sans le voir ont grandi, changés. C’est lorsqu’ils sont ensemble qu’ils sont de vrais enfants. Des adultes avec des responsabilités, des adultes qui se font remarquer dans un parc. Car ils ne le voient pas, mais tous les passants regardent les deux individus agir comme des enfants. Ils les jugent, les toisent et soupirent en se demandant ce qui bien passer dans leur tête pour agir de la sorte. Mais ils ne les voient pas, ne les entendent pas. Ils sont dans leurs bulles les deux grands enfants.

Elle lui envoie un peu d’eau à ses pieds, mouillant ses baskets sans le moindre remord et fronce les sourcils en le voyant tendre sa grande main. Elle hésite, entre le tirer de toute ses forces à l’intérieur du bassin avec elle ou bien être sage et en arrêter là ?  Choix cornélien, choix qui fusent dans sa tête, elle veut le tirer mais à la dernière seconde elle change d’avis. En soupirant elle l’attrape, elle s’accroche à cette main qui lui est tendu. « T’as de la chance d’avoir mon appareil photo … » Elle sort du bassin et se retrouve à ses côtés toujours sa main dans la sienne. Une main qu’elle n’avait plus eue entre les siennes depuis bien longtemps, ça la trouble. Un peu trop, elle la lâche brutalement, définitivement sa main comme si son contact était trop brulant, dérangeant. Ayant peur de s’être fait remarqué, elle change vite de sujet. Elle ne veut rien entendre, elle ne veut pas qu’il comprenne qu’elle puisse être troublé par un simple geste, un simple touché. Alors elle parle d’autre chose, tel une magicienne elle capte son attention ailleurs. « Ah attend je vais te refaire ! » Elle se met à secouer énergétiquement sa tête de gauche à droite, le fouettant avec ses cheveux, lui laissant des striures humides sur son tee-shirt qui lui colle déjà à la peau à Landon, elle ricane de sa bêtise et relève les yeux vers lui, elle ancre ses yeux d’un bleu azur dans les siens. « C’est génial, je pue le chien mouillé du coup ! » Elle regarde l’état de ses vêtements qui dégoulinent d’eau, ses converses qui couinent contre le sol à peine ose-t-elle bouger ne serait-ce que le petit doigt.

La faute à Landon, la faute à son manque de pudeur légendaire. Eden ne peut se résigner à rester avec un débardeur collant à son derme comme une seconde peau. Elle craint cette sensation, ça lui donne la chair de poule. Elle soulève alors ce bout de tissus qui lui colle, qui est de toute façon translucide comme de l’eau de roche et elle se retrouve en soutif … En plein milieu de ce parc qui commence à peine à se vider à la vue de l’heure du souper qui approche. Lingerie fine en dentelle blanche qui est caché par ses long cheveux blond trempée, elle aurait presque l’air d’une sirène avec sa chevelure platine qui recouvre les parties les plus parlantes. Elle essore alors rapidement son chandail, elle laisse l’eau tomber jusqu’au sol y formant une flaque au côté de Landon. Elle tourne la tête vers lui et elle se rappelle qu’il n’est peut-être plus habitué à ce comportement inapproprié, cette mauvaise graine qui n’a aucune pitié pour le regard d’autrui. Rapidement elle remet son tee-shirt, qui n’est guère plus agréable mais au moins ne pèse pas une tonne. « Il serait préférable que je rentre … Toute façon je risque pas d’aller me balader avec cette odeur sur moi… » Elle grimace en haussant les épaules et un blanc s’installe entre eux, moment d’euphorie passé qui s’estompe. Elle tourne la tête à gauche, puis à droite cherchant quoi lui dire mais rien ne vient. Elle se met alors à regarder leurs pieds, puis remonte tout doucement ses opalescences sur le visage de son interlocuteur. « Je vais y aller … Merci de m’avoir rafraichi en tout cas … Puis pour une foi qu’on se quitte pas en se disputant … Ça change ! » Constat qui fait plaisir, mais qui fait peur en même temps. Alors ça sera ainsi ? Une foi sur trois ils se haïront et la seule foi ou ils seront de bonne humeur ils vivront des moments d'exception ? Elle a peur Eden, peur de s'attacher à ce genre de moment complètement con et être que plus déçu par la suite. Elle ne veut pas se rappeler de cette journée, elle ne veut pas classer ça dans les petits moments qui constituait l'alchimie parfaite qu'ils avaient il y a des années.


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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyMer 28 Juin - 2:07

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Il est hilare, Landon. Il jubile le sale gosse, cela l’amuse bien trop d’entendre les cris de protestation de la petite blonde, de la sentir se débattre dans une tentative désespérée de lui échapper. Mais elle n’y parviendra pas. Elle a déjà réussi à le fuir une fois aujourd’hui, il ne la laissera pas réitérer. Probablement sont-ils de grands enfants, tous les deux. Probablement semblent-ils ridicules, immatures, d’un œil extérieur. Il le voit bien, ça. Il le comprend. À vingt-sept ans, nombreux sont les jeunes autour de lui qui ont un emploi stable, un conjoint de longue date au doigt duquel ils ont depuis longtemps passé un anneau, puis parfois même un gosse ou deux. Et puis il y a les gens comme eux. Les gens comme Eden et lui, les gens qui, s’ils ont passé la limite du quart de siècle depuis un an ou deux, ne semblent pas décidés à grandir pour autant. À un âge où la société attend d’eux qu’ils soient responsables, c’est tout juste s’ils ne continuent pas à se rouler dans la boue et à se courir après, tels deux gamins emprisonnés dans des carcasses d’adultes. Il pensait avoir grandi, Landon. Il le croyait vraiment, il était plutôt satisfait lorsqu’il considérait sa situation. Vingt-sept ans, un poste de sportif convoité par plus d’une personne, propriétaire d’un loft judicieusement placé dans une ville assez importante des États-Unis. La prochaine étape, c’était la femme et les enfants. Sans doute. C’était du moins ce que voulait la logique de ce monde. C’était du moins ce que devaient croire ses parents. Parce que lui, dans le fond, il avait beau avoir cessé de trimballer son ours en peluche partout avec lui depuis deux décennies, il savait qu’il n’était pas si mûr que ça, dans le fond. Ce n’est pas être mûr que d’être pathologiquement incapable d’entamer la moindre relation sérieuse avec une fille, de continuer d’enchaîner les baises sans sentiments alors même qu’il flirte avec la trentaine. Il sait qu’il n’a jamais vraiment grandi, il sait qu’il a encore du chemin à parcourir avant de pouvoir prétendre être un homme mature, mais dans le fond, il n’est même pas sûr de vouloir de ça. Il n’est pas sûr de vouloir d’une vie bien rangée, transpirant la sagesse et le conformisme par tous ses pores ; et inconsciemment, c’est peut-être une voie de laquelle il s’éloigne à tout prix, en épousant une carrière pas si stable que cela et en ne se posant avec personne.

Il se savait immature, mais il ne pensait plus l’être à ce point. Il croyait que le Landon de dix-sept ans, le Landon souriant et joueur, sociable et facile à vivre, était mort le jour où Eden était sortie de sa vie. C’est du moins ce qu’il s’imaginait. Car il se rend compte aujourd’hui qu’il n’était qu’endormi, plongé dans un coma à durée indéterminée ; et très logiquement, c’est du retour d’Eden dans sa vie qu’il avait besoin pour sortir de cet état léthargique. Ça lui fait tout drôle Landon de retrouver les sensations de la joie pure, d’avoir de nouveau mal aux zygomatiques à force sourire, et l’estomac noué par le fou rire. Ça lui fait tout drôle cette soudaine proximité avec Eden, ça le chamboule de sentir sa poitrine contre son dos, ses cuisses dénudées sous ses doigts, comme s’ils étaient de retour dix ans en arrière. Comme si rien n’avait changé, comme s’il contemplait une scène figée dans le temps. Et c’est peut-être ça qui lui noue le ventre, plus que ses éclats de rire intempestifs. Il a voulu la surprendre Eden, il a voulu susciter un raz-de-marée dans son petit cœur, mais une fois encore, il s’est vu pris dans son propre piège. Imbécile qu’il est.

Elle lui fout les jetons Eden, elle le terrorise, parce qu’elle lui fait ressentir, dire, faire, des choses dont il ne se pensait plus capable. Des choses qu’il pensait définitivement enterrées dans le passé ou dans les méandres des choses faisables uniquement sous le coup de l’alcool, et qu’il se surprend pourtant à faire aujourd’hui, alors même qu’il est parfaitement sobre. Elle lui fait peur, alors il se hâte d’atteindre la fontaine, il se dépêche de se débarrasser d’elle. Parce qu’il est en terrain inconnu là, à faire des conneries avec son ex, répéter le passé comme si de rien n’était, comme si sept années de souffrances ne les séparaient pas. Il la jette à la flotte, espérant balancer avec elle ces maux d’estomac, ce cœur qui bat la chamade comme s’il venait de courir le marathon alors même qu’il n’a fait que porter une jeune femme. Espérant balancer avec elle tous leurs souvenirs, les noyer dans cette eau trouble pour qu’ils cessent de le hanter, de se rappeler à son esprit dès lors qu’il le laisse divaguer un instant.

Mais c’est pire que tout. Il la regarde tenter de se relever, échouer lamentablement en glissant sur le fond trop lisse du bassin, patauger dans l’eau comme une enfant. Il rit de bon cœur Landon, elle l’amuse comme toujours, avec son attitude peu soucieuse du regard des autres et du qu’en-dira-t-on. Il n’arrive pas à y mettre un terme à ces éclats hilares, et pourtant, il est à côté de ses pompes. Il la voit, à un mètre de lui, le bas de son débardeur flottant légèrement dans le liquide trouble, l’étoffe de coton détrempée dévoilant tout de ce qu’elle est supposée dissimuler, ses mèches blondes partiellement mouillées collées contre son visage, dans son dos. Elle le regarde en riant, de ce si joli rire qui ne lui a que trop manqué, yeux plissés, pommettes relevées, ses lèvres roses retroussées pour dévoiler les rangées des perles nacrées. Il n’est pas bien Landon, il crève d’envie d’aller la rejoindre dans cette eau vaguement malodorante pour l’embrasser à pleine bouche, sans plus se soucier de ce que les badauds auraient à en dire. Mais il ne peut pas faire cela. Il en a perdu le droit le jour où il s’est laissé plaquer sans sourciller. Alors il n’en fait rien. Il reste sagement à un mètre d’elle, les pieds fermement plantés dans la terre sableuse entourant la fontaine. Il se calme, cesse de rire, la regarde en souriant, rictus qui se dessine sur ses lèvres suite à ses paroles, un sourire qui transpire les regrets, un sourire un peu mélancolique, un sourire qu’il effacerait instantanément de ses lèvres s’il le voyait. Fut un temps où elle l’aimait, cet enfoiré. Et il ne peut s’empêcher de se demander si elle l’aime encore, ou si toute lueur d’espoir est à jamais étouffée dans la noirceur d’une histoire avortée.

- Ravi de voir que tu t’inquiètes toujours pour moi.

Il est sarcastique le bonhomme, il lève les yeux au ciel comme elle le fait trop souvent, contaminé par ses vilaines habitudes. Mais une lueur rieuse brille toujours dans ses prunelles d’azur, et il s’avance vers elle pour l’aider à se relever. Parce qu’il a bon fond Landon, que mine de rien sa génitrice l’a bien élevé, et qu’il en a retiré un minimum de galanterie. Ou, si ce n’est pas de la galanterie, une forme de responsabilité pour ses actes. Et c’est la moindre des choses d’aider une jeune femme à se tirer de la fontaine dans laquelle on vient de la balancer. Même si elle lui fout de la flotte plein les chaussures ; elle est parfaitement en droit de faire cela, après tout. Et pourtant, il fronce les sourcils d’un air sévère, ne pouvant pour autant se départir de son sourire en coin.

- Eh, fais gaffe toi, je te refous à la flotte à la première occasion si tu continues à saloper mes tennis… J’te rappelle que j’me suis déjà vengé pour moins que ça…

Il fait mine de retirer sa main au dernier moment, mais finit par la laisser l’attraper ; ce n’est pas un si mauvais bougre que cela, dans le fond. Léger éclat de rire qui s’évade d’entre ses lèvres lorsqu’elle lui dit qu’il a de la chance, il la connaît trop bien le garçon, il sait quoi faire pour s’assurer qu’elle ne se venge pas sur lui. Il referme ses doigts sur les siens, prend fermement sa main dans la sienne pour que sa peau trempée ne glisse pas contre la sienne, l’attire vers lui sans effort. Parce que même trempée des pieds à la tête, elle ne pèse pas bien lourd Eden, c’est un poids plume face à lui. Elle a beau être désormais debout, les pieds bien ancrés dans ses godasses remplies de flotte, il lui tient toujours la main. Et il la tient toujours lorsqu’elle enjambe le rebord de pierre de la fontaine, lorsqu’elle se trouve à ses côtés, dégoulinant dans la terre sableuse. Elle n’a plus besoin de ses doigts entre les siens. Pourtant il les laisse, officiellement pour s’assurer qu’elle ne glisse pas une nouvelle fois en tentant de s’extraire du bassin, officieusement parce que c’est un contact qui ne lui a que trop manqué. C’est finalement elle qui le lâche. Brusquement, hâtivement, comme si sa paume si près de la sienne pouvait la brûler à vif. Et sans lui laisser plus le temps de s’attarder sur ce détail, elle change de sujet, fait l’imbécile devant lui. C’est un gosse Landon, il n’est pas très attentif, alors la voir secouer la tête devant lui suffit à lui arracher un éclat de rire. Il secoue la tête à son tour, bien plus posément, d’un air vaguement catastrophé par la jeune femme, et lui dit doucement, sans méchanceté aucune, simple remarque que l’on fait aux gens qui font rire avec des bêtises :

- T’es bête Eden…

Il pose sur elle un regard rieur, un regard amusé, regard qui se perd sur les traits de son visage, traits redevenus doux, moins agressifs que les fois précédentes, en tout cas. Regard qui glisse tout naturellement sur la peau claire de son décolleté parsemée de gouttelettes d’eau, sur le coton de son débardeur devenu transparent, qui épouse la moindre forme de son buste, le moindre millimètre de peau tendue par son ossature, les courbes féminines de sa poitrine. Regard qui achève sa course sur ses cuisses, ses genoux, le galbe de ses mollets, derme dénudé et à peine teinté par les rayons du soleil. Il se perd Landon, il s’enlise dans sa propre merde, il paie le prix d’avoir balancé la jeune femme dans la fontaine. Il le paie à chaque instant lorsqu’il détaille en quatrième vitesse les courbes de son corps, il le paie lorsqu’il doit se faire violence, lutter de toutes ses forces pour ne pas qu’elle remarque la direction que prennent ses yeux, pour ne pas qu’elle surprenne un regard mal placé. Mais pour son plus grand soulagement, la jolie blonde ne tarde pas à rouvrir la bouche, à faire distraction, offrant à son faible esprit un autre point d’ancrage. Un point un peu moins périlleux auquel se raccrocher. Il rit en entendant ses plaintes quant à sa nouvelle odeur, rire dans lequel est vaguement perceptible le soulagement qui est le sien, soulagement d’avoir pu se reconcentrer sur le visage de la jeune femme avant qu’elle ne le surprenne dans sa contemplation. Sourire taquin qui étire ses lèvres, haussement d’épaules venant accompagner ses paroles.

- Bah, c’est pas nouveau ça hein…

Il est impossible ce jeune homme, incapable de se retenir de la faire chier dès que l’occasion se présente, de ne pas saisir la moindre perche qu’elle lui tend pour se moquer d’elle, sur des points totalement faux, qui plus est. Mais il est comme ça, il reprend bien vite ses mauvaises habitudes, trop vite. Sourire qui se fige sur ses lèvres, qui s’estompe de son visage lorsqu’il la voit se dévêtir. Putain. Il avait oublié qu’elle était comme ça Eden, qu’elle n’avait jamais été bien pudique. Il a perdu l’habitude de la voir ôter les couches de vêtements comme si de rien n’était en public, et ce qui lui apparaissait comme presque normal à l’époque le surprend aujourd’hui. Il détourne le regard, parce qu’apparemment vaut mieux mater une fille lorsqu’elle est un minimum vêtu que lorsqu’elle est en sous-vêtements, et regarde la fontaine, la terre cramée par le soleil, les arbres alentour, tout plutôt que de détailler ouvertement le corps plus attirant que jamais d’Eden. Du coin de l’œil, il la voit enfin remettre son débardeur, et s’autorise enfin à la regarder de nouveau. L’une des rares filles qu’il respecte suffisamment pour détourner le regard lorsqu’elle se met en sous-vêtements devant lui.

Il hoche la tête lorsqu’elle lui dit vouloir rentrer, il ne répond rien. Sans doute est-il déçu Landon, déçu que cette après-midi euphorique prenne fin, et avec elle cet espèce de saut dans le temps auquel ils ont eu droit, l’espace de quelques dizaines de minutes. Probablement ce moment de grâce était-il exceptionnel. Probablement les choses ne seront-elles pas pareilles la prochaine fois qu’ils se croiseront, probablement se seront-ils tous deux enfermés de nouveau dans leur tour de froideur et de ressentiment. Probablement. Et lui il ne veut pas de ça. Il ne veut pas de ça, car si des années durant il a tenté de se convaincre qu’il n’avait pas besoin d’elle pour être heureux, qu’il trouverait mieux qu’elle, que c’était une bonne chose qu’elle soit sortie de sa vie, eh bien il est bien obligé de constater, aujourd’hui, qu’elle lui a manqué. Atrocement. Douloureusement. Viscéralement. Alors il cogite Landon, il se creuse les méninges pour trouver quelque chose à dire, n’importe quoi qui saura capter son attention, son intérêt, et la faire rester un peu plus encore. N’importe quoi pour prolonger ce moment, ne serait-ce que d’une minute. Mais rien ne vient. Il est épuisé, crevé par une journée qui n’a que trop duré et par cette chaleur écrasante, et son cerveau décide tout simplement de lui dire merde. Et puis trop tard, fin du temps imparti, la demoiselle s’en va pour de bon. Elle lui dit au revoir, met le doigt sur le fait que pour une fois, ils se quittent en bon terme. Ça le fait sourire Landon, non seulement parce qu’elle a raison, mais aussi car ça lui fait plaisir.

- Ouais… C’est tant mieux tu me diras, j’aime mieux ça.

Il baisse les yeux, voit l’appareil photo qui pend toujours à son cou, et s’en déleste pour le lui tendre, lui disant précipitamment :

- Tiens, ce serait dommage que t’oublies ça.

Elle récupère son trésor, ils se fixent encore quelques instants en silence. Et puis elle le salue, tourne les talons, et il reste là, comme un con, à la regarder partir. S’éloigner. Une fois de plus. Elle a à peine fait dix mètres que le jeune homme bondit sur ses talons, se dépêche de la rattraper. Main qu’il pose sur son poignet pour l’arrêter dans son mouvement.

- Attends, je te raccompagne. C’est la moindre des choses, j’peux pas te laisser rentrer toute seule alors que tu ressembles à un chien mouillé.

Et, en dépit de ses protestations, il reste à ses côtés. Vieux chewing-gum englué à sa semelle. Les mains glissées dans les poches de son bermuda, il l’accompagne sur les sentiers bien tracés du parc, puis sur l’asphalte des rues de Savannah, son pas calé sur le sien. En silence. Il ne sait pas trop quoi lui dire, et de temps en temps, l’un ou l’autre lâche une banalité. Mais cela ne fait rien. C’est sans importance si la majeure partie du trajet se fait sans un mot. Le silence a toujours été confortable avec elle, et ce confort commence à revenir peu à peu, à pas de loup. Il se perd dans ses souvenirs, réminiscences de ces soirées passées où il raccompagnait la gamine chez elle après une trop longue journée de cours, de ces promenades côte à côte dès lors qu’il rentrait de mission. Le contexte a changé. Ils ont changé, mûri – plus ou moins. Tout a changé, mais les rues restent les mêmes, à quelques détails près. Témoins impartiaux du temps qui passe.

Enfin ils arrivent devant la demeure des Howard, sans même qu’il ait eu à réfléchir à l’itinéraire, ou même qu’il ait eu l’impression de suivre Eden. Ses pieds ont simplement retrouvé tout naturellement un chemin trop souvent emprunté. Il reconnaît instantanément la façade de la belle résidence, cette bâtisse qu’il a soigneusement évitée depuis sa rupture avec la jeune femme, faisant parfois des détours totalement stupides simplement pour ne pas passer devant. Et voilà qu’il se trouve de nouveau devant. Avec elle. Il baisse les yeux vers elle, prend une petite inspiration.

- Eh bien… Ma mission est remplie, j’peux te laisser entre les bonnes mains de ta maison.

Il hoche brièvement la tête, comme pour acquiescer à ses propres mots, et reste de nouveau silencieux quelques secondes durant. Le silence, la troisième personne avec laquelle ils viennent de passer l’après-midi.

- Tu m’avais manqué, Howard.

Petit sourire qui se peint sur ses lèvres, sourire aux relents de tristesse, de nostalgie, sans doute. Vieille habitude que d’appeler Eden par son nom de famille, habitude qui date de l’époque où ils n’étaient pas encore ensemble, où ils n’avaient pas dépassé le stade de l’amitié, habitude à laquelle il redonne un souffle de vie en cette chaude soirée du mois de juin. Il esquisse un geste vers elle, pour lui faire la bise, probablement, il ne le sait pas trop lui-même, mais la nouvelle odeur corporelle de la demoiselle se rappelle à son bon souvenir, alors il se ravise et se contente de lui tapoter l’épaule.

- Eh bien… À la prochaine, du coup ? Faudra qu’on fasse gaffe de pas s’étriper, hein.

Ultime regard qu’il lui adresse avant de tourner les talons, se détourner pour partir loin, bien loin d’elle. Car elle a beau sentir le vieux chien mal entretenu, elle exerce toujours sur lui un pouvoir d’attraction sans égal. Et ça lui fout les jetons, parce qu’il ne sait pas bien de quoi il est capable dans ces situations-là.
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MessageSujet: Re: Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden   Don't talk, let me think it over, how we gonna fix this ? | Leden EmptyMer 28 Juin - 15:38

How we gonna undo all the pain?

Eden & Landon

Elle est troublée Eden, tellement troublée par l’incongru de la situation qu’elle est prête à partir sans son bien le plus précieux. Elle ne voit même pas qu’elle ne l’a pas autour du cou son appareil photo ; elle ne s’aperçoit même pas qu’il est entre les mains de son ex petit-copain son outil de travail. Elle est perdue Eden, la cervelle complètement chamboulée par la tournure des événements. Elle n’est bonne qu’à regarder le garçon dans les yeux et chercher ses mots, chercher quoi lui dire pour peut-être éterniser la conversation, juste une seconde, juste un instant loin de la haine qui reprendra le pas un jour ou l’autre. Juste une seule minute de plus pour clore cet échange plus qu’étrange. Fort heureusement pour elle, Landon a la tête sur les épaules lui. Il se rend bien compte qu’elle en est presque à en oublier son jouet favori et rapidement, il lui tend son appareil et elle s’empresse de l’attraper. Outrée d’avoir eu l’audace de l’oublier le temps d’un instant. Elle passe la cordelette autour de son cou et laisse pendre l’objet contre sa poitrine. « Merci ! C’est vrai que je me sentais bizarrement trop légère... » Elle sourit en coin, gênée. Elle se sent bête la poupée, elle se sent comme une gamine qui perd ses moyens. Et rien ne l’aide, pas même sa gestuel. Cette main qu’elle passe de la racine de ses cheveux emmêlée jusqu’à ses pointes, les remettant en arrière, tirant presque dessus par la vitesse quelle met dans son mouvement. De peu elle s’arracherait la crinière Eden.

Silence de mort, silence bien trop gênant. Ils sont muets les anciens gamins. Et c’est d’autant plus gênant que de rester là sans rien dire à se fixer dans le blanc des yeux. Elle aimerait se mettre une claque en plein milieu du front Eden quand elle se voit à rester là comme un pantin désarticuler. Tout est en sa défaveur, même son cortex cérébral ne lui fait pas de cadeau. Elle n’a rien à dire, strictement rien pour faire tenir une seconde de plus cette conversation. Que dire à son ex de toute façon ? Il n’y a rien à dire … C’est limite plus facile de partir en colère finalement. Elle se voit presque regretter les départs à la volée, les départs en colère et la haine qui rendait les échanges beaucoup plus simples.  Pas besoin de réfléchir pour s’en aller. Un simple va te faire foutre, j’veux plus te voir et l’affaire été réglé. Mais non, cette fois ils sont civilisés, cette fois ils ont même dépassé les limites du raisonnable. S’en foutant des règles lambda que les ex doivent suivre ; une entente cordiale est prescrite, pas joviale. Ils font tout et n’importe quoi ces deux-là. Passant d’un extrême à l’autre, ils foutent le mal de crane et elle ne trouve toujours rien à lui dire. Alors, elle s’en remet à la défaite à contre cœur. « Bon … Je te souhaite une bonne soirée du coup … » Elle lui sourit timidement et se retourne en lui faisant un petit signe de la main.

Elle avance sans se tourner de nouveau Eden, elle s’en va et prend la route jusqu’au portail du parc de Wormsloe en se mordillant la lèvre. En plissant les yeux et retroussant son nez tant elle se sent bête. Elle a l’impression de passer pour une imbécile, une fille sans caractère. A peine a-t-il voulu arranger la situation qu’elle s’est laissé entrainer … Elle est désappointée mais pourtant pas énervée. Elle est juste troublée lorsque les images d’eux deux quelques minutes plus tôt dans les bras l’un de l’autre ; dans la fontaine ; se tenant la main lui passe en tête. Bien qu’elle ne l’avouera jamais, qu’elle ne SE l’avouera jamais elle a appréciée. C’est quand même bien moins fatigant d’être ‘’ami’’ avec Landon que d’être son ennemi. Il tape trop fort, il met des K.O bien trop direct pour qu’elle puisse toujours rivaliser.

Dix pas de fait, elle s’approche de la sortie du parc la poupée toute trempée. La tête toujours perdue dans les nuages, complètement déboussolée par l’heure qu’ils venaient de passer ensemble elle se rapproche du portail ; de l’entrée de l’espace de verdure lorsqu’une main vient s’accaparer son poignet, la stoppant dans son avancée. Elle se retourne à la volée et ses prunelles viennent se poser sur Landon, un Landon galant qui lui propose à la hâte de la ramener au vu de l’état dans laquelle elle se trouve, c’est à dire : Mouillée de la tête au pied, un tee-shirt quasi transparent et des chaussures qui crissent à peine ses pieds frôlent le bitume brulant. Situation à laquelle elle ne s’attendait pas. Pensant l’entrevue terminer pour aujourd’hui. Comme à son habitude, elle fait non de la tête. Elle ne veut pas l’embêter, elle ne veut pas lui faire perdre son temps. Puis elle a peur, peur que ça parte en couille s’ils restent encore ensemble un peu de temps. « Non mais ça va Landon, j’peux rentrer seul t’en fait pas … » Elle a beau lui dire non, il ne répond même pas. Il marche à ses côtés et borné comme il est, elle sait qu’elle pourra lui répéter six cent fois la même chose il ne l’écoutera pas. Elle se résigne, elle le laisse. Elle lui fait confiance, si il sent qu’ils peuvent rentrer sans s’étriper elle le laisse gérer.

Chemin qui se fait dans le calme. C’est apaisant de redevenir des adultes, de ne pas agir constamment sur le qui-vive, de faire des conneries et avoir l’impression d’avoir dix-sept ans encore. Ils sont normaux, aussi étrange que ça puisse l’être. Le silence qui règne entre eux n’est que plus reposant. Pas le moins du monde gênant. Ils traversent les rues de la ville tranquillement, comme si c’était naturel de faire ce chemin ensemble. Ils les connaissent que trop bien les rues de Savannah, ils n’ont même pas besoin de se concerter, de parler pour savoir par où passer. Ils les ont bien trop empruntés les chemins qui mènent à Tybee Island. Elle sourit lorsqu’ils passent devant l’immeuble de la banque la plus populaire de River Street, elle ricane même en ayant les réminiscences en tête des innombrables fois où ils ont débattu entre prendre à la voie de droite ou continuer tout droit pour arriver jusqu’à la plage. Elle disait tout droit, et lui disait de tourner et maintenant, elle se rend compte qu’elle avait tort ou peut être qu’elle n’a tout simplement plus à débattre sur ça car la voie en face d’elle n’est plus empruntable par les passants. Ils sont obligés de tourner et ça lui fait pincer les lèvres, elle se risque à le regarder en coin et lui en fait de même. Elle éclate de rire. « Chut, pas un mot Landon. » Non, elle ne veut même pas entendre qu’il avait toujours eu raison, ça pique déjà assez de voir d’elle-même qu’elle avait peut-être depuis toujours eu tort sur beaucoup trop de chose.

Futilités qu’ils s’échangent. Elle lui explique enfin pourquoi elle prenait en photo le parc plus tôt, elle lui dit que c’est pour trouver un travail. Le temps de se faire un peu d’argent et pourquoi pas ouvrir une galerie ici, comme celle qu’elle avait ouvert à San Francisco et celle à Los Angeles. Elle lui dit que peut-être elle réussira à appâter le gérant du journal de Savannah comme ça. Elle en rit car elle n’y croit que très peu, elle suppose déjà que ce soir, en développant les photos dans sa chambre rouge il n’y aura rien de bon et qu’elle devra dès demain l’aube se lever de nouveau pour trouver l’inspiration ailleurs. Elle lui demande alors dans quelle équipe il joue maintenant et elle apprend que c’est dans l’équipe la plus réputée de Savannah, la première division régionale. Elle comprend mieux les regards appuyés sur lui de certains habitant lorsqu’il passe quelque part. Elle comprend mieux pourquoi il est tant musclé maintenant. Elle le félicite et le silence reprend.

Ils sont en face de la bâtisse blanche vieilli. Pavillon qu’on pourrait méprendre à celui qu’ont les gens pour les vacances mais non. C’est bel et bien ici que la famille Howard vivait toute l’année. Elle regarde la maison en silence, les mains dans les poches de son short encore humide. Elle n’ose tourner les yeux vers Landon qui lui aussi regarde la maison. Se rappelle-t-il comme elle de chaque moment passé à l’intérieur ? Elle regarde les grandes baies vitrées avec attention, seul élément qui a changé depuis son départ. Fenêtre lambdas remplacés par ses baie vitrées coulissante qui laisse entrée la lumière à l’intérieur de la maison, donnant du cachet à la maison. Enfin, l’un des deux oses briser le silence, et c’est lui qui le fait. « Ouais, je pense qu’à partir d’ici je peux me débrouiller pour pas me perdre … » Elle hoche la tête en souriant et pourtant elle ne décolle pas, elle ne bouge pas. Elle reste là, devant le portail de la maison. Les clefs en main et elle attend, tout comme lui. Ils se regardent et lorsqu’il entrouvre les lèvres lorsqu’elle s’attend à un simple salut, il se permet de lui exploser le cœur. Il ose lui dire l’impensable, il lâche une bombe et elle se la prend en pleine gueule comme une novice. Elle cligne des yeux, elle n’a aucune réaction. Elle n’arrive même pas à ouvrir la bouche pour répliquer.

Elle lui a manquée et le seul truc qu’elle trouve à faire est de lever les yeux vers le ciel. Ciel d’un bleu qui commence à se faire la malle, ciel qui commence à se teinter d’orange et de violet. Soleil qui part se cacher dans les profondeurs de la mer. Elle remonte ses yeux vers lui, son visage qui fait ressentir combien il est affecté lui aussi par la nostalgie des lieux. « Une Howard reste toujours gravée dans la tête il parait… » Elle se vante la gamine, elle s’amuse qu’il lui dise ça pour se monter sur un piédestal. Mais elle n’oublie pas d’ajouter un petit bout de phrase, pour ne pas le frustrer et ne pas le laisser sur un faux ressenti qu’il est le seul qui ressent ce truc au fond de lui alors qu’elle aussi le sent. « Tout comme un James, ça ne s’oublie pas ce genre de race … » Il s’approche d’elle et elle recule d’un pas paniqué, elle ne sait pas ce qu’il comptait faire, elle ne sait rien de ses intentions et elle ne veut pas se risquer à les savoirs. Il pose alors simplement sa main sur son épaule et lui siffle qu’il devrait faire gaffe à ne pas s’étriper pour les prochaines fois. Elle ricane et pousse sa main d’un geste faussement désinvolte. « Ouais, ouais c’est ça …  On va essayer d’être moins haineux à l’avenir… » Elle pointe du doigt sa main « Ça sauverait des mains qui ne mérite pas un tel traitement si on arrête de s'embrouiller…. Aller file ! » Elle lui sourit et il s’en va, elle s’applique à ouvrir le portail et lorsque la serrure cède, elle relève les yeux vers son ex qui marche les mains dans les poches de son bermuda. Elle le regarde, elle le fixe se demanda dans combien de temps le reverra-t-elle cette foi et comment ça se passera.

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