La sirène retentit une énième fois en déchirant l’air. Une bonne femme, la gueule de travers, vint se pencher à sa fenêtre sans oser encore crier. Aller, la troisième fois serait la bonne. J’écrasais encore le klaxon sur mon volant tout en continuant d’harceler Nora sur son portable. « Mais c’est pas bientôt fini ! » Ah, miss pince-sans-rire se décidait enfin à donner de la voix. J’allais baisser ma vitre pour lui indiquer d’aller se faire foutre lorsque la crinière de Nora se découpa sur le seuil de son immeuble, battue par le vent. Au lieu d’user ma salive je décidais donc de répondre à la marâtre par un joli sourire et un charmant doigt d’honneur. Au même moment l’adorable frimousse de la cadette Caldwell se pointa dans ma voiture, illuminant encore davantage mon visage. « Pas trop tôt Juliette ! J’étais à deux doigts de te sortir la sérénade et tout le bordel sous ton balcon. Pas sûr que ta voisine aurait apprécié… » Je verrouillais les portes avant de démarrer dans une grande accélération en faisant crisser les pneus. L’excitation me hérissait la peau. Voilà que je me permettais un week-end loin de la ville et ses environs, non pas pour m’occuper de ma givrée de mère, mais tout simplement pour profiter. J’me souvenais même plus à quand remontaient ma dernière escapade. Des années-lumière certainement. Laisser derrière moi le quotidien me soulageait, au moins pour quelques jours. Tracas du train-train, morosité ambiante, routine ankylosante, tout ça s’évanouirait en douces bulles de champagne. Mais c’était surtout la perspective d’être entre nanas qui me ravissait. Ce qui signifiait au programme pas de jalousie, pas de tension sexuelle quelconque, pas de grand débat avec sa conscience sur la conduite à adopter ou non. Et bien sûr, une bonne copine aussi langue de pute que soi pour se marrer un peu.
Le vol ne nous prit qu’une petite heure. Un saut de puce qui nous propulsa droit dans une mégapole inconnue, vibrante de vie et de saveurs nouvelles. Il y faisait légèrement plus chaud que chez nous, aussi retirais-je sans me faire prier mon perfecto et offris mes bras nus au vent tiède. Un taxi, prévu par l’hôtel, vint directement nous chercher à la sortie de l’aéroport. Par les fenêtres défilaient des buildings aux contours non-familiers qui provoquèrent chez moi une étrange fascination. A chaque minute passée j’avais de plus en plus envie de hurler mon bonheur sauvage et d’enlacer ma compagne. Évidemment je m’en gardais bien : Nora n’avait qu’une faible tolérance aux contacts physiques. Nous parvînmes devant l’entrée de l’hôtel : plus classieux tu mourrais. Colonnades épurées, sol d’un marbre sombre et tellement polis qu’on pouvait se mirer dedans, hôtesses tirées à quatre épingles affublées de sourire colgate… Mais le meilleur restait encore à venir lorsque nous découvrîmes notre suite. « Désolée Grumpy va quand même falloir partager notre lit. ‘Fin vu la taille ça m’étonnerait qu’on se marche dessus. » Elle me sortit son fameux regard du ‟je dis rien mais dans ma tête je t’ai déjà tué trois fois”. N’y tenant plus je partis dans un fou-rire teigneux en lui balançant un énorme coussin de soie. L’agence avait bien fait les choses, comme rarement en fait, en nous fournissant une chambre grand luxe. Je quittais ma comparse pour aller fureter dans le reste de l’appart’ (c’était plus grand que chez moi, donc oui j’appelais ça un appartement) et lâchais un sifflement d’admiration devant la salle de bain. En plus de la douche à l’italienne avec un million de fonctions, trônait en plein centre de la pièce une baignoire à pieds griffus et aux robinets de cuivre. Vu se dimensions on pouvait presque effectuer des longueurs dedans. Serviettes et peignoirs moelleux venaient parfaire le tableau. Je finissais mon inspection par le frigo garni de friandises et le mini-bar (qui était en fait un vrai bar en acajou) dégueulant de bouteilles hors de prix. Y avait des fois où j’arrivais sans mal à me dire que mon job était le plus cool du monde. « On a quartier-libre ce soir, faut juste qu’on fasse un saut dans un des salons pour saluer le reste de l’équipe. » annonçais-je à Nora en la rejoignant. « Du coup t’as une préférence pour le bar de l’hôtel le casino ou on se fait une virée dans le centre ? » Je commençais à ouvrir ma gigantesque valise pour fouiner dedans et en sortir victorieusement un morceau de tissu émeraude en direction de la jeune femme. « Faut s’habiller par contre. Et pas la peine de me regarder comme ça : c’est dress code obligatoire. Alors enfile ça et montre moi au moins ton plus joli demi-sourire. Y a tout un tas de connasses que je dois te faire rencontrer, tu vas a-do-rer. » La pointe d’appréhension que je ressentais à l’idée de Nora et une dizaine de mannequins hautaines et anorexiques se trouvant dans la même pièce disparue bien vite. Ce serait du divertissement haut gamme, au contraire. J’me sentais comme Bonnie et Clyde allant braquer un buffet de petits-fours. Sauf que les escarpins et langues acérées remplaceraient avantageusement les revolvers.
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Sujet: Re: Everybody wants to be us _(Noan) Sam 27 Mai - 6:37
si t’es complètement euphorique à l’idée de te barrer de cette putain de ville de merde pour tout un week-end, t’es quand même un peu réticente à la “surprise” que soan te propose. t’aimes bien soan pour sa décadence et sa langue de pute, tu l’aimes un peu moins quand elle décide de t’emmener avec elle, pendant trois jours entiers, au beau milieu de son univers, pile à l’endroit où t’as rien à foutre. t’aimes soan quand elle est avec toi au bar à cracher sur les boulards et les petits connards, pas quand elle te mélanges aux pétasses de la mode et aux grands verre de champagne. mais t’as dit oui, sans vraiment comprendre pourquoi, sûrement parce que t’es peut-être un peu stupide, un peu givrée sur les bords. t’es pas assez canon pour être roméo de toute façon. lancé dans un rictus complice, alors que tu grimpes dans la voiture, les cheveux aux vent. t’as dit oui et tu regrettes un peu, dans l’avion alors que tu l’as jamais pris, au bord de la crise de panique parce que tu détestes les endroits clos et que tu flippes vraiment de jamais sortir de cette putain de cage volante. tu regrettes encore un peu quand vous arrivez dans cet hôtel somptueux, dans cette chambre qui pourrait ressembler à la suit nuptiale, à ce lit que vous allez devoir partager. putain. t’es sûre que soan fait partie de ces meufs sans gêne qui dorment à poil en plus. mais t’as jamais vu un truc aussi beau de toute ta vie, tu te dis qu’heureusement qu’elle n’a rien payé, parce que tu lui aurais été redevable toute ta vie, à t’emmener dans un truc pareil. t’as l’impression d’être cendrillon qui découvre le palais du prince, sauf que dans ton cas, cendrillon arrive en sabot terreux et en jean troué de tous les côtés. pas grave. ça t’empêche pas de t’écraser sur le lit, rien que pour te sentir rebondir sur le moelleux du matelas, retrouvant un peu de bonne humeur. un putain de rêve, voilà ce que c’est. bien sûr. j’sais très bien que je l’aurais pour moi seule ce lit, quand tu seras partie baiser l’intégralité du carré vip. que tu lances, amusée, l’oeil qui ne croit pas du tout à sa remarque innocente. elle est un peu facile, soan, ça t’a jamais dérangé. t’as même toujours bien aimé ça chez elle, parce que soan elle s’en fout. elle s’occupe pas du regard des gens, ni de leur opinion. et toi, tu t’en occupes pas non plus, avec ton mec - ex - seul nom au compteur. c’est pas grave, tu t’en fous toi aussi. et puis, il manquerait plus que soan t’emmène draguer ce qui serait vraiment pire que tout. le bar, j’ai pas un rond pour le casino. et si t’es encore assez sobre d’ici là, tu nous emmèneras faire un tour après. deal ? une virée nocturne dans les hauteurs de la ville ou bien un bain de minuit, les idées s’offre déjà à toi et si ça ne tenait qu’à toi, tu passerais même pas voir l’équipe, tu sais déjà que tu vas les détester, avec leurs t’es fabuleuse, ma chérie maniérés et leurs putasseries à peine l’une d’entre elles ont-elles le dos tourné. tu les détestes parce qu’ils sont rien d’autre que des clichés, que des pétasses anorexiques prêtes à se tordre la hanche pour entrer dans une robe XXS, de ces assistants gays au possible à s’en crever les tympans tant leur voix est haut perchés. clichés, ou bien c’est toi qui l’est, clichée, ma petite, mais ça tu préfères pas y penser, avec tes sourcils froncés et ton jean/converses qui fait tâche dans cet hôtel cinq étoiles. tu t’en fous, tu fais tâche depuis toujours de toute façon. soan, elle, s’en fout pas. elle sort de sa valise un vulgaire morceau de tissu, aussi court qu’un des t-shirt de nash que tu piques tout le temps. et elle a le regard sournois, l’air de dire que c’est toi qui rentreras dedans ce soir. t’écarquilles les yeux, pas vraiment certaine de la réaction à adopter. la surprise qui se transforme en colère sourde, ça c’est sûr. le reste, un peu moins. t’es pas sérieuse. j’vais quand même pas porter ça. y le regard mi-choqué, mi-dégoûté qui se pose sur le tissu tout fin. t’es certain qu’elle est à moitié transparente, en plus. qu’on va pouvoir regarder tes os rien qu’en posant un regard sur toi. mais tu vois soan qui n’en démord pas, et tu abaisses les épaules, mime une mine vraiment trop triste, un regard de pitié digne de caliméro. ça marche pas. alors tu te contentes de prendre la robe dans un soupire, d’aller t’enfermer dans la salle de bain - parce que t’es pas comme soan, tu tiens un minimum à ton intimité - et t’enfiles la robe. c’est serré. c’est collant. c’est vraiment, vraiment trop court, t’as l’impression d’apercevoir ta culotte et l'arête de ton cul en regardant derrière toi. elle va quand même pas te faire porter ça soan, si ? allez, qu’elle te dise que c’est une blague et vous n’en parlerez plus. j’ai l’air d’un babouin échoué dans le désert. ou d’une pute grassouillette de bas étage, à voir. tu te plains encore en sortant de la salle de bain, parce que t’as beau avoir que la peau sur les os, nora, t’as vraiment l’impression d’être saucissonnée dans cette robe. d’être mise à découvert, au yeux de tous. et c’est horrible. tellement horrible que t’avais presque l’air jolie. beurk. t’en as des frissons, nora, de te mettre dans des vêtements pareils, surtout après le pari perdu de ton connard de frère qui t’aura valu une après-midi agitée avec un malade mental complètement taré suivie d’une nuit en taule. y a intérêt à avoir de quoi se mettre sous la dent, barlow, parce que j’te jure que tu vas me payer tout ça. et tu lui lances un regard noir, pour montrer que tu plaisantes pas. ça mérite au moins le meilleur des gourmets, l’intégralité du mini-bar et du room service, au moins, pour que t’envisages de la pardonner.
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Sujet: Re: Everybody wants to be us _(Noan) Dim 18 Juin - 16:51
Je restais de marbre devant ses négations. Nora pouvait bien sortir les crocs, les yeux noirs et les soupirs, elle porterait cette robe. Bien qu’elle ne possède pas la silhouette standard d’une mannequin, la jeune femme avait un charme indéniable. Proportionnée à souhait, les attaches fines, une chevelure brune opulente et de grands yeux sombres qui vous foudroyaient en une seconde. Elle avait ces traits d’une beauté froide et sauvage qui ne laissait ni les hommes ni les femmes indifférents. Nora était belle, et y avait bien qu’elle pour le nier en se dissimulant sous des jeans usés, des T-shirts défraîchis et souvent trop longs. C’était comme si elle préférait se ternir elle-même plutôt que d’oser se mettre en valeur. Ça devait être ça de grandir au milieu de garçons. A force, ça déteignait. Je la regardais s’éloigner pour se claquemurer dans la salle de bain. Un gloussement murmuré filtra d’entre mes lèvres : j’étais impatiente de constater le résultat. Je me décidais également à sortir une tenue presque jumelle de la sienne, jupe courte et décolleté affolant bordé de dentelle, dont le tissu était d’un pourpre sombre. Un bref coup d’œil à un immense miroir en pied me satisfaisait. Et Nora choisit cet instant pour ressortir de son antre. Au-delà du pli maussade de sa bouche et de ses doigts fins ne cessant de tirer sur l’ourlet de sa robe, elle était splendide. L’un des grands mystères de la vie, à savoir Nora habillée par un créateur, venait d’être résolu. Le léger décolleté rond dévoilait des épaules à la courbe douce et les fines ailes que formaient ses clavicules. Les manches de dentelle sophistiquée s’ouvrait dans un V profond exposant le tracé de sa colonne, balayée par une cascade de mèches sombres. Quant à ses jambes, elles étaient délicieusement mises en valeur par la jupe s’arrêtant un peu au-dessus du genou. « Putain No… Ferme-la, t’es parfaite ! » Évidemment je m’abstenais de lui faire part du prix à quatre chiffres (gracieux cadeau lors d’un shooting) qu’elle portait sur le dos. Par pur esprit de contradiction elle aurait pu la mettre en pièce. Ou la revendre. C’était aussi ça, Nora. L’apparence d’une poupée mal lunée avec un volcan éperdument actif au creux de la poitrine. Bien idiots ou inconscients étaient ceux qui la poussaient à l’éruption. « ‘Fin il te manque encore un détail. Tu vas me détester ! » lui lançais-je, réjouie, un large sourire aux lèvres. Telle Mary Poppins je plongeais à nouveau le bras dans ma valise en grimaçant sous l’effet d’un talon acéré qui s’enfonça dans ma paume. J’en ressortis une paire d’escarpins d’un noir velouté à la forme sobre et élégante. Ils n’étaient pas d’une hauteur démesurée mais juste ce qu’il fallait pour finaliser la toute nouvelle dégaine de Nora. Celle-ci me regarda avec un air encore plus mauvais (si un tel prodige était possible). « Désolée, mais les baskets pourries suffiront de toute façon pas pour garder ton style « je me fous royalement de vous tous ». Alors autant que tu mettes cette magnifique robe à l’honneur en portant des pompes correctes. En plus elles pourront te servir de matraque si tu dois taper sur une des filles. » De toute façon elle avait pas le choix, et elle le savait. Cinq minutes plus tard on arpentait les couloirs moquettés jusqu’à l’ascenseur. La réunion se tenait dans un immense salon à la décoration épurée mais chaleureuse. Et toujours luxueuse. Sur le pas de la porte j’en profitais pour faire les dernières recommandations à Nora en chuchotant. « T’es pas obligée de sourire, ça te donnera l’air cool. Juste, si tu pouvais éviter de nous faire virer… L’humour au deuxième degré ça passe mal avec les mannequins parce que généralement elles sont tellement affamées que leurs neurones connectent plus. » Je venais juste de terminer de souffler ma phrase quand Lola, une brésilienne expatriée aux yeux globuleux mais aux courbes à damner un saint, fonça droit sur nous. « Sôaaaaan ! » s’écria-t-elle avec un air hypocritement ravie en me claquant deux bises virtuelles à dix centimètres de mes joues. « Ça fait plaisir de te voir dans l’équipe ! » Traduction : on pouvait pas se blairer. Je me contentais de répondre par un bref hochement de tête et un sourire radieux pour la laisser retourner rôder dans le coin des modèles mâles. Ceux-ci avaient d’ailleurs l’air vivement intéressés par le duo que nous formions. L’un d’entre eux, un brun immense aux yeux bleu glace, ne se détachait plus de ma voisine. Touché. Finalement, le brief allait peut-être se montrer intéressant.
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Sujet: Re: Everybody wants to be us _(Noan) Sam 29 Juil - 8:25
t’avais rien demandé. rien du tout. alors pourquoi t’es là, dans cette robe hideuse - magnifique, certainement plus chère que tout ce que tu possèdes, mais hideuse quand même - à contempler ton reflet déformé dans le miroir de cette salle de bain de luxe ? non, t’avais rien demandé, et tu blâmes soan pour tout ça. pour cet hôtel classos, cette robe au tissu soyeux. c’est sa faute, si t’as l’air de ressembler à une fille, une vraie, pour la première fois depuis très longtemps. et pour ce crime impardonnable de te rendre un peu plus agréable à l’oeil, t’as prévu de le lui faire payer. de te venger, sans trop savoir comment. pour l’instant, elle n’aura qu’à supporter ta mauvaise humeur, qu’à t’écouter geindre que la robe est trop serrée, trop courte, que t’as juste l’air d’être en route pour racoler avec cette tenue légère et ces jambes affreusement longues. tu te défais pas non plus de ta mine boudeuse face à l’expression extasiée de ta comparse, en partie parce que t’es presque sûre qu’elle exagère atrocement, en partie parce qu’elle pourrait presque avoir raison. pas au point d’être parfaite, bien sûr, et rien que l’utilisation du mot réussit à te faire froisser le nez, mais quelque part entre pas trop dégueulasse et même plutôt jolie. et si t’es plutôt d’accord quand il s’agit d’avouer que soan fait des merveilles, t’es quand même plutôt inquiète quand elle t’annonce que malgré cet effort surhumain que tu viens de lui offrir, ce n’est pas terminé. et tu te sens presque défaillir - ça, ou serrer les poings pour ne pas la secouer de toutes tes forces - quand elle te présente fièrement l’accessoire final à la tenue, ces escarpins noirs qui n’ont certainement rien d’une partie de plaisir à porter. non. alors là tu rêves ! c’est comme une de ces petites pimbêches à qui l’on viendrait tout juste d’annoncer qu’elle devrait se contenter du meilleur pote, petit blond à lunettes pendant que la meilleure amie repartirait avec le brun ténébreux. et toi, c’est hors de question que tu enfiles ces talons hauts quand tes baskets super confortables te font de l’oeil et pleurent déjà ton absence, tu le sais. soan, tu peux pas me faire ça. y a le regard perdu entre colère et désespoir qui rencontre soan, quand tu te demandes finalement pourquoi t’es venue. pourquoi t’as accepté, quand tout n’est qu’une gigantesque partie de torture. ah oui, ça te revient doucement. les cocktails au bord de la piscine et les virées jusqu’au bout de la nuit. un week-end à oublier tout et tout le monde, c’est ce qu’elle t’avais promis et t’espère bien qu’elle n’a pas oublié elle non plus. mais elle est douée, soan. douée pour te rappeler le bon côté de toute situation plutôt merdique, en l’occurrence, l’arme cachée que pourraient représenter ces escarpins. et tout de suite, évidemment, y a l’oeil intéressé qui revient vers elle. l’idée te semble plus si horrible finalement. matraque, tu dis ? ouais, ça peut sans doute devenir nécessaire. voire carrément vital en fonction du nombre de neurones de toutes ces filles avec qui tu t’apprêtais à passer la soirée. c’est comme si tu les voyais soudainement différemment, assez intéressée pour évoquer la - maigre - possibilité d’avoir à les enfiler. mais soan joue encore des siennes et vous vous retrouvez quelques minutes plus tard à peine devant l'ascenseur de l’hôtel, douze centimètres plus grande. le moins qu’on puisse dire, c’est que ses employeurs avaient pas lésiné sur la qualité de l’hébergement. soan était traitée comme une petite reine et tu pouvais voir d’ici ce qui l’attirait dans ce boulot. un coup d’oeil vers les hauts plafonds, puis la coupe de champagne qu’on te tend. vidée de moitié en une gorgée, parce que t’as besoin de tout le courage que tu peux prendre. toi aussi tu pourrais bien t’y habituer. et avant même que tu ne puisses souffler, te préparer mentalement à ce qui t’attend, on vous prend d’assaut à peine arrivées. une collègue de soan qui joue les bffs tandis que tu t’éloignes d’un demi pas pour pas être affilée de près ou de loin avec cette conversation. et il manquerait plus qu’elle t’adresse la parole et qu’il ne te manque plus qu’à prétendre être la nouvelle recrue, ou peu importe le genre de mensonges que ton alliée aura décidé de raconter à ses collègues. ce qui t’empêches pas de te recoller à soan à la seconde où la troisième s’éloigne, pour un peu qu’on décide de te faire la conversation. t’es pas prête à ça, tu sais même pas ce que tu pourrais leur dire. t’es sûre qu’on peut pas filer en douce, finalement ? y a l’air de désespoir qui semble vouloir prendre en pitié l’amie de toujours, qu’elle accepte de mettre fin à ton supplice. mais ça ne fait que l’amuser un peu plus et toi, tu remarques ce type qui vous mate bizarrement depuis quelques minutes. rien qu’une seconde avant que tes muscles ne se tendent à nouveau, droite comme un piquet, froncement de sourcils jamais très loin. qu’est-ce qu’il veut lui. tu grognes en attrapant le bras de soan pour l'entraîner à l’intérieur du salon, ce que tu regrettes à peine un pied dedans. une courte seconde, t’envisages de faire demi-tour, partir en courant. c’est sans compter sur ces foutus escarpins qui te maintiennent collée au sol, incapable de bouger trop vite. y a bien un nouveau regard coulant vers soan qui semble crier pitié, sors moi de là. mais rien, pas de réponse si ce n’est le sourire amusé habituel de ton amie que tu penses bien détester plus que tout à cet instant. alors tu te renfrognes un peu plus, quand tu vois ton pire cauchemar enfin se réaliser : une panoplie de mannequin s’activant de tous les côtés, se ruant presque vers vous, champagne et macarons en main. ça y est, c’est bien ça. le dernier jour de nora caldwell et pas même un petit drame pour qu’elle puisse en rire des enfers.
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Sujet: Re: Everybody wants to be us _(Noan)
Everybody wants to be us _(Noan)
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