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 Everyday I spend my time drinking wine - Leden

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MessageSujet: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyDim 9 Juil - 5:02

Waiting here to find the sign that I can understand

Eden & Landon

Elle ne s’était pas vue les enchaîner les bars de Tybee Island ni les cigarettes Eden ; elle n’avait pas vue non plus le nombre de verre qu’elle avait descendu à vitesse grand huit la diablesse. Elle avait juste suivi la foule, suivie les gens. Elle avait suivi l’euphorie générale jusqu’à se laisser emporter par la vague. Elle s’était laissée aller à la dérive la poupée. Elle s’était pourtant jurée de ne pas finir déchirer. Elle y croyait elle à sa promesse secrète en claquant la porte de chez elle. Elle se l’était pourtant tant répéter sur le chemin qu’elle devait être une femme responsable… Puis elle avait fait la rencontre de ses anciens amis : Tristesse, pensée noire et solitude. Ainsi, elle avait bu un verre, puis un autre et ainsi de suite. Elle avait été en roue libre la blonde. Elle avait déconné. Sans s’en rendre compte, elle s’était retrouvée avec de nouveau amis après cinq verres : Joie ; Euphorie et Bêtise. Au point d’en échanger un torride baiser avec une fille dans ce petit bar de son quartier. Un baiser auquel elle ne s’attendait pas, premier et unique baiser avec une personne du même sexe qu’elle. « Drôle d’expérience » Avait-elle dit car elle avait tout bonnement ri. Enormément même. Mais qu’est ce qui ne l’aurait pas fait rire à ce moment-là ? Elle était éméchée comme jamais. Alors, elle avait apprécié, la faute à la vodka qui trainait dans ses veines, la faute à la solitude qui avait trouvé une infime une âme charitable qui voulait bien d’elle. Elles avaient alors discuté, de manière approximative. Elles avaient échangé des banalités les deux blondes platines. Puis elles avaient échangé encore un baiser, juste un dernier pour la route il parait. Enfin, elle croit ça Eden. Elle ne sait plus trop maintenant qu’elle essaie de s’en rappeler. Les réminiscences se font floues. Tout devient floues, embrumées elle avait alors préférée s’en aller. Elle était sortie fumer une clope, une simple et unique clope pour prendre un peu l’air et elle n’était jamais revenue. Envolée Eden, évaporée.

Elle est volage Eden, elle est comme la fumée nuage des ninjas dans les films. On la voit un instant sous nos yeux et l’instant d’après elle disparait. Et puis elle réapparait, ailleurs entrain de danser dans la rue, se laisser envahir par la gaieté du festival et se mouvoir jusqu’à la plus proche scène mise en place par la ville pour laisser sa tête bouger de gauche à droite en fermant les yeux sans se soucier un instant des gens dans les parages. Elle avait trop bu Eden, bien trop pour qu’elle puisse se rappeler entièrement de chaque lieu qu’elle venait de faire dans sa petite jupe noire qui remontait un peu trop sur ses cuisses et sa brassière qui fait office de haut, vêtement qui ne laissait que très peu de place à l’imagination.

Elle plait Eden dans cette tenue légère. Ça se voit, ça s’entend. Il y a ceux qui n’ont pas le courage et qui ne font que la relooker, il y a ceux qui sifflent derrière son dos comme des vieux dégueu et ceux qui espère, qui ose venir lui demander de venir boire un verre. Mais elle n’est pas folle Eden, Elle fait non de la tête ; elle remercie gracieusement les hommes et continue son bout de route en souriant. Sourire bête qui ne la quitte pas. Joues qui finiront par lui faire mal si elle continue comme ça. Les zygomatiques en feu elle finira. Elle marche, elle marche en quête d’un endroit, d’un bar à rejoindre pour encore terminer les fonds de bouteilles puis se plaindre sur sa vie de misère. Elle ne s’arrête même plus pour les vicelards, pour les hommes en chasse. Elle n’a plus le temps. Elle ne compte même plus les refus qui sont pourtant nombreux Eden. Elle a arrêté de compter tout simplement car elle se fait inviter à tous les coins de rues par ces hommes en rut. Elle se contente juste d’avancer, sans même trop savoir où aller.

Au même titre que sa vue approximative, son corps, lui est engourdi. Elle passe des allées les plus éclairées et bondées aux rues les plus sombre et peu fréquenté de chaque quartier. Avec tout cet alcool dans le sang elle a peur de rien Eden. Elle se sent invincible dans ces moments-là, mais pourtant elle ne reste qu’une femme. Une femme qui attire l’œil, une femme bien trop fine et légère pour qu’elle puisse se décoller d’un connard si il y a un problème. Mais une bonne étoile doit veiller sur elle, quelque chose de plus puissant que le karma habituel règne au-dessus de sa tête. Même dans cette tenue de pétasse, les yeux plissées en pensant qu’elle y verra mieux comme ça. Personne ne l’attaque, personne ne vient l’emmerder au point de profiter d’une pauvre bête sans défense.

Qui voudrait d’une épave hein ? Même pas eux.

Après une longue marche qui n’aura même pas aidé à lui remettre les idées en place, elle se décide enfin à entrer dans ce bar. CE bar et pas un autre. Ce bar qu’elle a cherché pendant quasi une heure dans les rues de Savannah ne sachant même plus se situer dans les rues de Géorgie tant elle est dans un sale état. Elle voulait lui, et pas un autre. Ce bar car c’est dans lequel elle se sent le mieux, ce bar car il lui rappel des choses qu’elle aime. Il lui rappel un nombre incalculable de cuite qu’elle s’est prise, de verre gratuit qu’on lui a servi. Puis ici, il y a toujours de la bonne musique. Ici elle peut limite finir sur les tables que le patron n’osera pas la faire déguerpir. Elle sera en terrain connue ici. Elle pousse alors nonchalamment la porte, sans regarder qui est là ou non dans les parages. Elle s’avance à l’intérieur Eden, rien qu’à sa démarche on voit qu’elle n’est pas très net. Mais qui l’est réellement ici ? Qui n’a pas profité de la fête pour se mettre une race ultime ? Elle s’en fiche des regards, elle les laisse couler sur son corps comme de l’eau sur les plumes d’un canard les regards désespérés des badauds. Elle, ce qu’elle cherche c’est une place. Une place assise pour qu’on lui serve à boire à table, une place assise pour ne pas voir l’envie de gerber qui s’instaure dans son œsophage empirer d’un instant à l’autre.

Yeux rivés sur son breuvage, elle s’ennuie la belle. Elle fait tourner son portable entre son pouce et son index pour faire fuir l’ennuie. Et plus elle s’ennuie, plus l’angoisse, ses peurs et démons caché dans le placard font surface. Elle attrape alors ce verre et le porte à ses lèvres, en buvant une gorgée. Essayant de maintenir du mieux qu’elle puisse l’état catastrophique dans lequel elle est. Elle veut rester bourré, tout est plus simple lorsqu’on a deux grammes dans le sang. Elle en serait presque à vouloir chercher quelque chose de plus fort, une certaine poudre blanche. Histoire d’enfiler aussi deux grammes dans le nez… Mais non, elle fait plus ça Eden. Elle a plus l’âge pour ces conneries-là. Elle devra alors combattre l’ennuie comme elle peut. Elle repose le verre contre le bois brut de sa table et jette un œil à son portable. Zéro notification, rien. Le néant. Tout le monde s’en fout d’elle et ce n’est peut-être pas plus mal comme ça. Au moins, personne ne la jugera. Personne ne verra le dégât qu’elle est. A son grand âge elle sait que tout le monde parlerait, tout le monde la jugerait. Vingt-six et toujours aussi ravagée. Elle fait pitié.

Elle veut quitter la zone d’appel qui est immaculé d’appel raté, elle veut divaguer sur une autre application mais son doigt dérape, sa vue trouble l’empêche même de faire un truc aussi facile et elle rit tant elle se trouve pitoyable. Elle rit à gorge déployée, elle rit à en faire se retourner sur elle le couple posée à la table d’à côté. Elle tombe sur son répertoire, elle laisse glisser son doigt sur les noms lentement comme si elle ne connaissait pas son contenue, comme si elle cherchait le numéro de quelqu’un plus sérieusement puis elle tombe sur son prénom. Six lettres qui font cogner son palpitant. Merde. Elle avait réellement oublié qu’elle avait ce numéro dans ce téléphone. Landon. A partir de ça, juste en ayant vue son prénom sur l’écran elle part à la dérive Eden. Elle se pose mille et une question dans sa tête. - Il fait quoi Landon à cette heure-ci ?  - Et Landon est ce qu’il fait la fête et la tournée du festival comme les touristiques ? – Landon c’est un salop quand elle y pense hein, il reste son ex. Celui qui lui a brisé le coeur et elle ne l'oublie pas. Mais Landon il est agréable à voir, Landon il a ce truc qui fait qu’elle s’en fiche tout à coup qu’il soit souvent méchant avec elle comme elle peut l’être avec lui.

Puis Landon il lui doit un verre, il a perdu un pari y’a presque deux semaines. C’est le bon moment pour lui demander de payer ce fichu verre. Ou peut-être que ça ne l’est pas. Peut-être qu’elle devrait s’abstenir Eden d’envoyer un message à son ex. Car c’est ce qu’elle fait depuis qu’elle a son numéro dans son tel. Elle appuie sur la fiche de contact et après elle ne fait rien. Car elle n’a rien à lui dire, rien à lui demander alors elle abandonne et n’envoie rien. Mais cette fois, la seule et unique fois ou elle devrait justement ne rien envoyer. Plus rien ne l’arrête. Elle clique sur le bouton message et elle tape avec vitesse, sans même se relire. Un simple texte qui montre ô combien ça ne tourne pas rond dans sa tête, qu'elle folle enverrait un sms à 2 heures du matin à son ex ? Apparemment elle.

Eden a écrit :

Rien de plus, rien de moins. Elle clique sur envoyer et la voilà qui regrette déjà sa gaminerie. Dans l’empressement elle essaie de supprimer le sms tant que la barre d’envoie n’est pas encore à son apogée. Mais même avec cette technique, rien y fait. Le sms et bel et bien envoyée et il ne lui reste plus que les yeux pour pleurer.

Approximativement toutes les deux minutes, Eden déverrouille son téléphone en ayant la crainte d’y voir un sms qu’elle aurait loupée. Mais non, rien. Landon ne doit même pas faire la fête en ce génialissime week-end. Il doit peut-être déjà dormir et ne pourra lire cet sms pathétique que demain aux aurores. Ou alors, il l’a déjà vue mais complètement ignoré. Se disant que son ex sort vraiment d’un autre monde, doit traîner sur une autre planète pour lancer ce genre de message en s’attendant à le voir débarquer comme un preux chevalier. Comme si il n’attendait que ça Landon, comme si il était cloué derrière son téléphone à attendre son satané message à la diablesse. Ha ha. Elle sourit ironiquement Eden, elle bouge la tête de gauche à droite et reprend une gorgée de son verre. Dix minutes déjà et aucune nouvelle. Elle espère, rêve alors que ce message soit passé à la corbeille.

Vingt minutes et toujours aucun message de son ex. Elle ne s’attend plus à rien la belle. De toute façon, elle ne s’attendait déjà à rien à la base donc. Mais elle espère qu’au moins, le texto passera à la trappe avec un tout petit peu de chance. Elle espère qu’il n’essaiera pas demain matin ou qu’importe quand de comprendre ce qui lui était passé par la tête à son ex pour envoyer ça si tard. Elle aurait l’air pas mal conne Eden à lui expliquer qu’elle était complètement bourrée lorsqu’elle a envoyée ça mais que finalement à peine le message envoyé elle l’avait regretté. Au point d’en être complètement désaoulé. Au point de voir tout très nettement autour d’elle et de ne plus avoir le corps mou comme une spaghetti trop cuit. Elle a repris du poil de la bête Eden, elle se sentirait presque fraiche comme la rosée du matin. Prête à se refaire une cuite entière ou plutôt rentrer sagement à la maison. Oui voilà, sage décision. Elle avait fait trop de dégât, il est grand temps qu’elle rentre à Tybee Island.

Elle est prête à s’en aller, prête à faire glisser la lanière de son minuscule sac en bandoulière sur son épaule lorsqu’un verre vient se poser gentiment sur la table à laquelle elle est installé et qu’un « Je peux m’asseoir ? » Accompagne le verre sous ses yeux. Elle reste perplexe Eden, elle relève alors les yeux vers ce grand dadais et le regarde d’un air mitigé. Son premier reflex est de le juger : trop grand, trop maigre, trop peu de cheveux, un style trop ringard. Non, sérieux non. Il est trop à l’opposé de tout ce qu’elle aime, même pour un verre c’est déjà trop. Elle a l’envie au bout des lèvres de lui dire que non. Il ne peut pas, elle ne veut pas. Il avait qu’à venir avant celui-là. Certainement qu’à ce moment-là, en pleine euphorie et envie de boire elle aurait dit oui. Juste pour avoir un verre gratuit. Mais là … à moitié lucide elle n’a pas la force de mentir, de jouer les intéresser. Elle regarde le verre, puis elle regarde l’homme. Puis elle regarde de nouveau le verre. Elle va pour lui dire que non, elle ne pourra pas boire ce verre avec lui car elle doit partir lorsqu’elle croise deux prunelles d’un bleu céruléen en face d’elle. Juste là, en face de sa table en train de la fixer faire. Elle a le cœur qui part en cacahuète Eden, elle a sa cage thoracique entière qui fait des bonds et sa tête qui déclenche l’alarme. Elle voudrait rester encore un peu là, à zyeuter innocemment le beau garçon en face. Se laisser aller, laisser ses propres prunelle s'ancrer à ce regard accrocheur mais elle a ce dragueur en face d’elle qui n’attend qu’une réponse de sa part. Alors elle s'oblige à regarder lui, plutot que son ex. Elle balbutie la belle, un peu désarçonné de se voir observer de tous les côtés et surtout par celui qu’elle n’aurait pas imaginé voir ici après le temps qui venait de s’écouler, sans qu’il n’ait donné suite à son sms. « Je… Je sais pas non, non merci. » Dit-elle en faisant non de la tête, comme une enfant. Elle sourit poliment mais l’homme ne perd pas le fil il pousse encore un peu plus le verre vers elle et lui dit de sa voix roque émanant de ses lèvres une odeur de whisky. « Juste un verre, t’es même pas obligé de me dire ton prénom ! »

Défaitiste, elle relève alors les yeux en direction de son ex qui n'est tout bonnement plus sa place. Elle soupire. Merde, il a du croire qu'elle était occupé avec ce crevard.

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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyDim 9 Juil - 18:54

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Eden & Landon

Musique qui envahit Savannah pour le temps d’une semaine, petit festival local qui bat son plein dès le premier jour. Douces mélodies qui bercent les rues de la ville depuis le début d’après-midi, à commencer par son quartier, où il avait trouvé un musicien à tous les coins de rues à chaque fois qu’il était sorti promener Porthos. Il aime bien cette ambiance, Landon. L’été qui s’installe, la musique en tous genres qui investit la ville pour quelque temps, l’état de joie euphorique qui s’empare de la population, l’alcool, la fête, la danse qui se font habitants à part entière de la ville qui l’a vue grandir, pour le temps d’une semaine. Il le sent déjà, les sept prochains jours vont être musclés. Il va y en avoir des dérapages, dérapages bénins comme la mère de famille qui finit pompette, dérapages plus graves, notamment à cause de tout ce qui circule de main à main, en échange de quelques billets verts. Mais cette idée ne le traumatise pas ; au contraire, même. Il est heureux, soulagé de se dire que les choses vont remuer un peu dans cette cité trop calme à son goût, qu’il aura enfin quelque chose à se mettre sous la dent pour se changer les idées, et avec ça un bon prétexte pour aller se mettre dans un sale état quotidiennement, le temps de quelques jours. Boire le soir, boire la nuit. Boire la peine, se noyer dans les excès. Boire pour oublier. Boire pour l’oublier.

Il a décidé de sortir tard, pour cette première soirée. Parce qu’il ne veut pas finir torché dès vingt-trois heures, ce n’est pas drôle autrement, puis les effets de l’alcool se dissipent trop tôt dans la matinée. D’autant plus qu’il ne travaille pas, demain. Dimanche, jour du seigneur paraît-il, jour vide de sens pour le garçon dénué de toute élévation spirituelle qu’il est, idée qui l’arrange bien pourtant, au moins jouit-il d’un peu de repos grâce à cela. Il ne travaille pas, donc il peut bien rester debout jusqu’au petit matin, jusqu’à ce que l’aube éclaircisse lentement le ciel nocturne, jusqu’à ce qu’il puisse voir le soleil teinter de nuances pastel l’étendue céleste, que lorsqu’il rentre chez lui, son grand salon soit déjà baigné de la lumière filtrant par les hautes fenêtres. Ou peut-être bien qu’il ne rentrera pas chez lui. Peut-être bien qu’il trouvera une fille, une inconnue potable chez laquelle passer la nuit, dans les bras de laquelle décuver, tout oublier le temps d’un instant. Peut-être bien. Il n’en sait trop rien, à vrai dire. Lorsqu’il sort de chez lui à vingt-deux heures passées, c’est dans le flou total qu’il se trouve. Se laissant carte blanche pour cette soirée, décidant de se laisser porter par le fil des évènements pour voir où ça pourra bien le mener. Espérant vivre des trucs un tant soit peu farfelus, de chouettes histoires qu’il pourra raconter plus tard à ses potes, à son frère, peut-être même à un inconnu autour d’un verre, n’importe qui.

Et ça ne manque pas. Sa soirée débute normalement, il referme la porte sur l’image de son vieux chien couché par terre, totalement abruti par la chaleur, dévale les escaliers, s’engage dans les rues de Savannah. Se maudit, dès le premier pas fait dehors, d’avoir enfilé un jean plutôt qu’un bermuda. La chaleur est moite, étouffante, quasi caniculaire, et ce ne sont pas les deux pauvres trous ornant les genoux de son pantalon qui vont faire office de courant d’air efficace. Il est au pied de son immeuble, si proche de son loft, de sa chambre, de son placard ; il lui suffirait de remonter les escaliers pour se changer, enfiler une tenue un peu plus légère. Un peu plus adaptée à ce temps tout droit sorti des entrailles de l’Enfer. Mais il a la flemme, Landon. Il fait trop chaud pour s’amuser à descendre et remonter à plusieurs reprises les quelques étages de la bâtisse, alors tant pis, il devra bien faire avec.

Il se met en marche dans la semi-pénombre qui commence à gagner la ville, se promène au hasard dans les rues, croisant la route de scènes improvisées tous les cent mètres. C’est bien sympa tout ça, il s’arrête dix minutes devant certaines lorsque les sons sont bons, mais ne tarde pas à détecter un thème récurrent parmi tous ces musiciens : le jazz. Et le jazz, ça n’a jamais trop été son délire ; pendant cinq minutes ça va, mais il se lasse vite, il a besoin d’entendre des morceaux qui lui correspondent plus, qui lui donneront un minimum envie de bouger. Alors il abandonne son cher quartier, s’éloigne sans grands regrets de sa zone de confort, direction Tybee Island. Sans trop savoir quelle sera la thématique de ce quartier-ci, avec le petit espoir que les mélodies lui correspondront plus, qu’il n’aura pas le malheur de tomber sur le coin de la ville réservé à l’opéra, sait-on jamais. Il faut bien satisfaire tout le monde, les vieux y compris… Il se dit maintenant qu’il aurait probablement dû se renseigner un minimum. Regarder sur internet quel était le programme du festival, où il pourrait retrouver tel genre musical et pas un autre… Mais il est comme ça Landon, il ne se renseigne jamais, fait tout au dernier moment. La seule rigueur qu’il ait jamais eue, c’est au niveau professionnel ; hier dans l’armée, aujourd’hui dans son jeu sportif.

Alors il trace sa route, flânant dans les rues, prenant le temps, pour une fois, d’apprécier le moment. Savourer la sensation de l’air qui se rafraichit à peine, encore chaud sur sa peau ; les musiques qui proviennent de toutes parts, faibles mélodies entrelacées les unes aux autres, s’étreignant, dansant la valse ensemble ; le simple fait d’être en vie, l’idée d’avoir survécu à vingt-sept années, d’être passé à un petit centimètre de la mort mais d’être toujours là, putain. Il se surprend à sourire, il sourit comme un con Landon, dans la rue, à personne, peut-être bien qu’on va le prendre pour un demeuré mais il s’en fout. C’est si rare pour lui de se laisser aller ainsi, se laisser aller à sourire sans raison apparente, lui, l’homme plus froid que le marbre, plus dur que le roc. Et pourtant raison il y a. Raison il y a, car tout le monde est heureux autour de lui, il est encore trop tôt pour que la populace soit complètement torchée, rendue agressive ou chialeuse par l’alcool ; pour l’heure, elle est simplement joyeusement éméchée, et les gens rient, s’embrassent, s’embrasent, courent dans les rues et se bousculent parfois les uns les autres, mais ça ne fait que les faire rire de plus belle. Parce que c’est l’été, que c’est samedi soir, que la musique résonne à en faire péter le palpitant. C’est un joyeux bordel tout autour de lui, à croire que tout Savannah a décidé de descendre dans la rue faire la fête, ce soir. Joyeux bordel béni aux yeux de Landon, car cela lui tire une certaine demoiselle blonde la tête, et qu’ainsi, il peut enfin se laisser aller à quelque joie.

Tennis qui s’enfoncent dans le sable de Tybee Island, pieds qui l’ont porté auprès d’Eden sans qu’il le sache. Et ils n’en sauront rien, ni l’un ni l’autre, car ce n’est que bien plus tard qu’ils se croiseront. Il sourit en sentant l’odeur de la mer, des embruns salés chatouiller ses narines, mêlée à d’autres effluves un brin moins sains. La musique électro pulse à faible volume pour lui qui se trouve pris à cheval entre les deux immenses scènes ; musique qui lui correspond bien mieux, il sait qu’il devrait passer du bon temps ici. La foule est compacte de chaque côté de la plage pour être au plus proche de la musique, mais également en son centre, où il repère nombre de petits stands à nourriture et rafraîchissements. Plus rafraîchissements que nourriture, d’ailleurs. Et plus alcool que sodas. Voilà qui sera parfait, la soirée peut enfin commencer pour lui. Il s’offre un premier verre, on lui remet le traditionnel gobelet en plastique dur des festivals, et il le vide en observant la populace grouillante tout autour de lui, les personnes qui s’amusent dans l’eau à quelques dizaines de mètres de là. Il demande à se le faire remplir de nouveau et se dirige vers l’une des deux scènes, désireux de mieux profiter de la musique.

Situation qui a bien vite dérapé, trop vite. Cri qu’il a entendu entre deux notes lâchées à plein volume, jeune femme qu’il a trouvée coincée sous une enceinte. Il lui a fallu rester un moment avec elle pour lui parler de trucs merdiques, lui tenir une conversation dénuée de véritable intérêt pour s’assurer qu’elle ne parte pas dans une autre dimension avant l’arrivée des secours. Pompiers qui ont tardé mais ont fini par se pointer, à se demander s’ils n’étaient pas trop occupés à faire la fête, eux aussi. Enfin. Le principal était qu’ils soient là, qu’ils aient réussi à récupérer la demoiselle sans trop aggraver la situation, et à l’embarquer dans leur camionnette. Jeune homme qui se retrouve de nouveau seul, son verre vide depuis un bout de temps. Les heures ont passé, il est déjà minuit, et il est complètement sobre. Quel échec. Quelle chance, en revanche, qu’il ait encore toute la nuit devant lui pour y remédier. Il fait nuit noire, désormais, et les éclairages installés sur la plage, trop peu nombreux, ne suffisent pas à parfaitement illuminer le bord de mer.

Il en fait des allers-retours entre la scène – l’autre, pas celle où sa copine d’une heure s’est faite écraser, il préfère la fuir celle-là – et la buvette. Les verres s’enchaînent, les minutes, les quarts d’heure filent, perdu dans la moiteur d’une foule compacte, pressés les uns contre les autres. Il danse avec du beau monde, de parfaits inconnus, visages auxquels il accorde sa clémence sous le coup de l’alcool, visages qu’il aura tôt fait d’oublier. Partenaires d’une danse, de quelques minutes, tout le monde est les meilleurs amis du monde dans de pareilles circonstances, il en est toujours ainsi. Et c’est typiquement le genre d’ambiance qui lui sied parfaitement. Des personnes qu’il ne reverra jamais, avec lesquelles il ne lie rien de durable, seulement trois mots et un sourire échangés avant de disparaître chacun de la vie de l’autre.

Le temps est passé, une heure et demie déjà, lui apprend son portable dont la batterie fait la gueule. Il n’en aura bientôt plus, soixante minutes tout au plus et le pauvre appareil rendra probablement l’âme. Il aurait dû le recharger avant de sortir ; peut-être est-ce embêtant d’être dehors la nuit, sans batterie, les idées embrouillées par l’alcool. Peut-être. Mais il s’en fout, pour l’instant il sait juste qu’il a mal aux jambes à force de s’agiter, de faire des aller-retours entre la scène et la buvette, puis il commence à plus se sentir très bien, un peu nauséeux sans doute, car alcool et agitation font rarement bon ménage. Main qu’il pose maladroitement sur l’épaule de la fille avec laquelle il se trouvait avant de l’abandonner là, s’éloigner un peu de la foule, du bruit, de la chaleur corporelle et des odeurs qui commencent à se faire moins plaisantes qu’à son arrivée. Toujours l’odeur d’herbe, puis celle de la sueur qui vient recouvrir les senteurs salées de l’océan.

L’océan. D’une démarche moins assurée qu’à son habitude, un peu gauche peut-être, il se dirige vers l’étendue saline. Carcasse alcoolisée qui vient s’écraser sur le sable, à quelques mètres de l’eau, juste assez loin pour que les vagues ne puissent pas venir lécher le bout de ses tennis. Il n’a pas bu tant que ça, en soi. Il a juste bu trop vite, et trop bougé aussi, dans la foulée. Et par conséquent, l’euphorie naïve allant avec l’alcoolémie retombera tout aussi vite. Il passe une main dans ses cheveux emmêlés, soupire, se concentre sur le bruit des vagues pour faire passer cette sale envie de vomir au plus vite, décuver en vitesse pour pouvoir retourner faire la fête comme si de rien n’était. Yeux qui se plissent pour tenter de distinguer le mouvement de l’eau dans la relative pénombre du bord de mer, minutes de silence, en tête-à-tête avec lui-même. Et il n’en faut pas plus à son cortex pour partir en roue libre. Pour qu’affluent les souvenirs sur cette plage, les après-midis passées là avec Eden, à se chamailler dans l’eau comme les gamins qu’ils étaient alors, à dorer au soleil en refaisant le monde, du haut de leurs dix-sept ans. Il revoit ses cheveux défaits, mèches platines où se mêlaient sel et grain de sable, et son grand sourire, ses yeux rendus plus bleus que jamais au soleil. Lui reviennent également les matins où il se réveillait dans son lit, dans la maison des parents Howard, et où ils allaient prendre le petit-déjeuner sur la plage, débuter la journée en bord de mer.

Il a l’alcool triste, Landon, dans le fond. Il a l’alcool triste et ça pique, tous ces souvenirs. Eden. Que fait-elle, en ce moment ? Il ne sait rien de ce qu’elle est devenue, finalement. Il ne sait plus rien d’elle. Il ne sait pas si elle est du genre à écumer les bars ou si elle s’est assagie, si elle dort déjà à poings fermés à cette heure-ci. Il pencherait plutôt pour la première option, mais elle n’est sans doute pas pathétique au point de se noyer dans l’alcool, contempler le passé une fois de plus, désemparé par l’échec de sa vie. Pas comme d’autres… Elle est peut-être même avec un homme, qui sait. Un autre homme, qui jouit de l’exquis privilège de la prendre dans ses bras, baiser ses lèvres, ne faire qu’un avec elle. Ça le fait chier Landon de se dire ça, il a des images dont il ne veut pas qui surgissent dans son esprit. Gobelet qu’il envoie de toutes ses forces dans la mer, tant pis pour la caution qui allait avec, les deux dollars qu’il devait récupérer en le ramenant à la buvette. Il n’est pas à ça près. Ces souvenirs, ces images, il aimerait pouvoir les envoyer valser avec autant de facilité ; mais il ne peut pas. Pour l’heure, il a juste les nerfs de se dire qu’un autre est peut-être en train de la toucher comme il le faisait, fut un temps. Et bien que tout ceci demeure du champ de l’hypothétique, l’alcool n’aidant pas, il se relève avec la ferme intention de ramener une fille chez lui ce soir, ou chez elle, ça revient au même. N’importe qui, pourvu qu’elle lui fasse oublier ses tracas.

Station debout qui s’avère moins problématique qu’il le craignait ; sa tête ne tourne plus, il ne se casse pas la figure dans le sable. Bien. Mieux. Il n’a vraiment pas assez bu ce soir, car au final, il est dans le mal plus à cause d’Eden que de l’alcool. Pour changer. Il essuie le sable qui s’est collé sur son pantalon, sent son portable vibrer dans la poche de son jean. Tiens ? Étrange. Il extirpe l’appareil, rapide coup d’œil en haut de l’écran : la pile est dans le rouge, indique cinq pauvres pourcents restants. En voilà une qui est encore plus dans le mal que lui, pour le coup. Il regarde enfin le message. Numéro inconnu. Se pourrait-il que… ? Non. Non non non. Pourquoi le contacterait-elle ? Maintenant ? Cela fait bientôt deux semaines qu’il attend un message de sa part. Qu’il vérifie bien trop souvent son portable alors qu’il sait pertinemment qu’il n’a pas vibré depuis le dernier message, qu’il sursaute comme un adolescent niais dès qu’il l’entend sonner. Il a envie de se gifler lorsqu’il agit ainsi. Comme il a eu envie de se gifler en réalisant qu’il lui avait filé son numéro sans broncher, mais avait oublié de lui demander le sien au passage. Lui laissant les clés, le contrôle sur leur ébauche de relation.

Écran qu’il déverrouille, message qui s’affiche enfin dans son intégralité. Message qu’il lit rapidement, une première fois. Puis une seconde, une troisième, une quatrième. Non, c’est Eden pour le coup, il en est quasiment sûr. La référence à un verre qu’il doit à quelqu’un ? Le « E » en guise de signature, à la fois explicite et ambigu ? Non, il n’y a aucun doute, c’est bien elle. Changement de plan, il se remet en marche, direction le centre-ville cette fois-ci. Il n’hésite même pas. Ne cherche même pas à peser le pour et le contre. Nan, elle lui dit de venir et il rapplique, comme un bon toutou. Ce n’est qu’une fois de retour sur le bitume qu’il réalise cela, il s’arrête, secoue la tête, consterné par lui-même. T’as donc aucune fierté, James ? Mais la vérité c’est qu’il a envie de la voir. Il en a envie, et pour une fois qu’elle demande à le voir, il serait bien con de cracher sur cette opportunité. Il ne veut pas être le con dans l’histoire, pas cette fois-ci. Alors il se remet en marche, d’un pas rapide, esquivant les passants tous plus ou moins bourrés qui se mettent sur sa route. Il n’a même pas répondu à son message. Mais pour quoi faire ? Envoyer un « ok » ? Inutilité maximale bonjour. Ou bonsoir. Il n’a jamais su ce qu’il fallait dire à deux heures du matin.

La route est longue pour rejoindre City Market depuis Tybee Island. Les minutes s’égrènent bien trop vite, et ce con de portable n’a rien trouvé de mieux à faire que de s’éteindre sous prétexte qu’il n’avait plus de batterie. Il regrette désormais de ne pas avoir répondu à son message, d’autant plus qu’il n’a plus la moindre idée de l’heure qu’il est. Du temps qui s’est écoulé. À tous les coups, elle sera déjà partie, à son arrivée.

Enfin il aperçoit la façade du bar. Illuminée, du rock et des voix fortes s’échappent de ses portes maintenues ouvertes à cause de la chaleur. Il glisse rapidement une main dans ses cheveux, espère ne pas avoir trop l’air d’une épave. En tout cas, dans sa tête, ça va. Cette petite marche lui a remis les idées en place, il ne garde plus de l’alcool qu’une propension à être joyeux trop aisément, à parler un peu trop. Rien de bien méchant. Il entre dans le bar, repère immédiatement la tignasse claire d’Eden. Jeune homme qui se fige, s’arrête dans son élan en voyant qu’elle n’est pas seule. Au contraire. C’est qui, ce type ? Il est trop moche pour elle déjà, qu’est-ce qui lui prend de traîner avec ça ? Sourcils qui se froncent, jeune femme qui semble enfin remarquer sa présence. Regards qui se croisent, paires de prunelles azurées qui s’ancrent l’une dans l’autre. Il aimerait lui demander ce qu’elle fout avec cet abruti ; mais plusieurs mètres les séparent, et déjà elle se détourne pour reporter son attention sur son super copain. Alors ça non. Non non non, ça ne se passera pas comme ça. Elle ne l’a pas fait venir pour draguer un autre type sous son nez, il refuse cette idée. Il plisse les yeux en voyant le type pousser un verre dans la direction d’Eden, en la voyant secouer la tête en prononçant des paroles indistinctes. Très bien. Sans plus d’hésitations, il se remet à marcher, passe à côté d’Eden, derrière elle, la contourne pour aller s’asseoir sur la chaise voisine comme si de rien n’était. Table la plus proche qu’il pousse pour la coller à celle de la demoiselle, avant de s’emparer du verre que ce pauvre type semble s’évertuer à refourguer à la blonde.

- Merci mon vieux, c’est sympa, j’avais soif !

Sourire innocent qu’il adresse à l’homme éberlué de le voir surgir de nulle part, verre qu’il lève comme pour le saluer, trinquer avec lui avant de le porter à ses lèvres pour le vider d’une traite. Oulà, c’est fort. Mais il ne doit pas rester une goutte d’alcool, ça ne marche pas sinon. Verre qu’il repose bruyamment sur la table, coude qu’il vient poser à côté, glissant l’ongle de son pouce entre ses dents d’un air très concerné. Sourcil qu’il arque en direction du malotru en voyant qu’il est toujours là, cherchant clairement à le faire bouger de là sans avoir à hausser le ton.

- Quel bon vent t’amène, mon pote ? On peut t’aider ?
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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyLun 10 Juil - 14:31

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Eden & Landon

Sentiment de frustration qui s’empare petit à petit de la belle lorsqu’elle ne trouve pas à sa place première son ex. Discrètement, elle bouge les prunelles de gauche à droite, histoire de le repérer et se rassurer par la même occasion de son actuel présence dans les lieux mais non. Il n’est visiblement plus là et elle n’arrive pas à voir d’où elle est si le brun est parti au bar. Elle espère que c’est ça, qu’il est juste parti au bar se commander un verre et qu’il n’a pas rebroussé chemin en pensant qu’elle était réellement attablée avec ce gars alors qu’elle l’avait invitée par sms. Il ne manquerait plus que ça, qu’il croit ça. Elle se mordille la lèvre discrètement. Elle est perturbée, le visage fermé elle replonge ses yeux dans ceux de son interlocuteur inconnu comme si de rien était. Garçon qui n’a pas l’air de vouloir lui lâcher la grappe. Homme qui n’a pas l’air de saisir le mot non visiblement.  Elle se demande si elle n’est pas en pleine comédie dramatique pour vivre ça. Pourquoi ce pauvre mec reste-t-il planté là puisqu’elle a très clairement dit qu’elle ne voulait pas de son verre ? Et pourquoi celui auquel elle a envoyé message est-il venue et déjà plus là ? Elle n’y comprend plus rien Eden. La faute à l’alcool qui se joue encore d’elle elle a le crâne en miette, c’est le bordel dans sa tête. Mais non, elle est hypocrite Eden, elle a du toupet de refourguer la faute aux multiples boissons qu’elle avait bu depuis le début de la soirée. Elle était la seule et unique fautive en fait. C’était elle le problème, c’est elle-même qui s’embarquait toujours dans des histoires pas possibles. C’est la faute à ses actions de gamine qui font qu’elle se retrouve actuellement dans une situation plus que gênante en compagnie d’un homme dont elle n’a rien à faire.

Le verre remplie d’un liquide brun, un liquide qu’elle assimile rapidement au whisky revient de nouveau vers elle. Elle regarde le garçon en arquant un sourcil. Donc il va réellement rester là et forcer comme un bourrin pour qu’elle boit se fichue verre ? Hors de question. « À quoi ça sert de boire un verre si tu ne veux pas savoir mon prénom du coup ? Haha. Non merci. » Elle fait de nouveau non de la tête Eden, elle pose sa main sur le verre et le pousse de pas grand-chose de nouveau vers lui. Elle veut qu’il saisisse le message. Elle veut qu’il s’en aille, elle veut partir à la recherche de son ex pour avoir son verre, pour discuter avec elle. Car c’est elle qui lui a demandé de venir, c’est elle qu’à envoyer ce foutu sms à deux heures et demi du matin. « Alors dit le moi ? Je ne demande que ça, à savoir quel prénom ce doux visage a. » Elle rit nerveusement Eden. Elle est à deux doigts de péter un plomb lorsqu’elle entend cette blague à deux balles. Eden elle a l’alcool gentil mais pas trop non plus. Eden elle a l’alcool révélateur, l’alcool qui lui rend la langue bien pendue et elle ne sent même pas l’ombre passer derrière elle tant elle est occupée à dévisager d’un air interloqué ce gars qui veut pas lui lâcher la grappe. Elle ne sent pas la présence qui prend place quasi à côté d’elle lorsqu’elle s’aventure à ouvrir les lèvres pour lui dire qu’elle n’en veut pas de son putain de verre. « J’tai dit que- » Vacarme qui l’interrompt juste à temps, table qui vient se coller à celle qui était sienne. Table qui se cogne presque brutalement à la sienne faisant bouger le verre un instant. Le liquide feintant une légère vague qui s’écrase entre les parois du verre avant de redescendre à niveau laissant avec lui un silence de plomb.

Elle tourne nonchalamment la tête Eden avec son regard dédaigneux, elle veut voir qui ose encore s’ajouter à cette fichue table. Elle veut voir si elle aura deux lourds à gérer plutôt qu’un alors elle a son fiche son air le plus blasé, son air le plus méchant pour faire fuir la personne si besoin. Mais non, c’est Landon qu’elle retrouve à ses côtés. Les avants bras posés nonchalamment sur la table qu’il vient de coller. Elle est soulagée la belle, elle arrête directement sa mascarade. Elle se détend maintenant qu’il est à ses côtés. Normalement, il suffira à faire déguerpir l’homme. Elle est contente qu’il ne soit pas échappé Landon. Elle est contente qu’il soit venu et elle est heureuse qu’il puisse aussi par la même occasion faire bouger le forceur en face d’elle. Puis, elle aime bien l’attitude de son ex Eden, cet air détendue et désabusé comme si il était là depuis des heures, que sa présence à côté de la sienne était une évidence. C’est lui qui est arrivé le dernier, pourtant c’est lui qui est à l’aise, c’est lui qui rend mal à l’aise l’autre garçon. Alors elle cache un sourire, elle plaque doucement sa main sur ses lèvres et regarde la scène de sa propre comédie dramatique prendre place. Premier rôle de la pièce de théâtre attribué à Landon et son sourire hypocrite, sourire qu’il adresse au gars d’en face en attrapant le verre et le faisant devenir sien. Il le remercie à cet inconnu, il le remercie d’avoir pensé à lui ramener à boire. Elle sourit, discrètement mais elle le fait car il est drôle Landon lorsqu’il a un élan trop plein d’assurance qu’il se permet les choses comme si c’était l’évidence. Ses opalescences se perdent sur son visage, son profil quelle détail. Il y a cette mâchoire carré, parsemé d’une légère barbe. Barbe qui dans le passé n’existait pas, barbe qui montre le passage du temps. Il a grandi Landon, c’est un homme. Il doit avoir les joues rugueuses maintenant, elle se demande ça serait comment le contacte de sa joue contre la sienne si il devait se saluer à la française. Puis elle glisse ses yeux sur sa pomme d’Adam qui bouge en rythme des gorgées du liquide ambrée qu’il avale, faisant rapidement descendre le niveau du verre.

Elle le regarde faire dégringoler ce verre à la vitesse lumière, elle le voit reposer celui-ci complètement vide avec force contre la table. Comme si il venait de boire un simple verre d’eau. Descente de l’alcool dans son œsophage qui s’était faite rapide et sans grimacer. Depuis les années, il en avait surement bu des tonnes de whisky pur Landon. Puis de toute façon, Landon il a fait la guerre, il s’est pris une balle dans le torse. C’est un vaillant, un homme fort pense-t-elle. Ce n’est pas un petit verre qu’allait le faire grimacer ou tousser elle suppose. Eden les absinthes d’alcool elle lui foutent la tête à l’envers, elle complimente un peu trop l’homme qui lui a brisé le cœur. Merde non, il ne mérite pas d’avoir autant son attention. Alors elle décide à tourner la tête, arrêter sa contemplation. Elle détourne les yeux sur l’innommé, cet anonyme qu’elle ne voulait guère sa table. Il a la mâchoire contractée, il regarde tour à tour le verre vide puis Landon avant de lâcher de sa voix monocorde, dénué de toute subtilité. « C’est pas très poli d’enlever la boisson des mains d’une fille pour son propre intérêt. » Raillerie qu’il pense mettre à son avantage le deuxième protagoniste, le troisième rôle, le moins important de cette pièce ridicule. Ça pourrait marcher, vraiment. Si seulement Eden en voulait de ce verre. Et en l’occurrence, elle n’en voulait pas Eden de ce verre. Alors qu’il n’essaie même pas de l’utiliser en tant que victime de la situation. Elle attrape son propre verre vide, celui qu’elle avait descendu en deux minutes après avoir envoyé un texto à son ex petit-ami et l’agite sous les yeux de l’homme en souriant. « Il n’a pas bu mon verre, le mien il est là ! » Non, elle ne sera pas utilisée comme élément pour déclencher une sorte de dispute ou elle ne sait quoi. Pas ce soir, elle n’a vraiment pas la tête à ça.

Puis il se rapproche Landon comme si la conversation méritait le déplacement. Sa chaise racle le sol et il s’approche d’elle. Un de ses coudes vient sensiblement caresser, toucher le sien par la même occasion sur le bois usée de la table. Elle ne bouge pas Eden, elle ne se décale pas quand bien même Landon prend soudainement de la place. Il est costaud Landon, ses épaules sont larges, ses bras font trois fois les siens et certainement autant de fois ceux du mec d’en face. Mais elle reste de marbre, elle ne regarde même pas leurs deux bras se frôler. Elle le laisse empiéter sur sa zone vitale, son espace sans broncher. Elle n’a pas la tête à jouer les mijaurées. Elle se met à regarder l’intérieur, le vide de son gobelet à bière avec intérêt espérant qu’en relevant les yeux, le garçon se sera évaporé, qu’il aura saisi le message et qu’il se sera cassé.

Apparemment, le message a du mal a passé. Le garçon s’entête à rester et Landon décide de lui parler, il l’interpelle à base de surnom bien ridicule. Mon pote, mon vieux pour lui demander ce qu’il l’amène à cette table. Lui demandant par la même occasion si eux deux peuvent l’aider ou quoi. Eden s’autorise alors à relever la tête. Tourner légèrement sa tête vers son ex en fronçant les sourcils. Elle sait déjà la réponse. Landon aussi sait très bien pourquoi l’homme est là alors elle ne comprend pas pourquoi il lui demande ça ouvertement. Il aime enfoncer le couteau dans la plaie le brun ? « J’étais venue discuter avec la demoiselle, avant que t’arrives en fait, j’pense pas avoir besoin d’aide mon pote. » Nouvelle pique que le garçon au tee-shirt trop large pour sa fine carrure, lui donnant l’air d’être encore plus maigre lance au sportif. Surnom débile qu’il lui rend à son tour et Eden soupire, fortement elle laisse grincer ses ongles contre la surface de la table en tournant la tête pour montrer ô combien elle est blasée. Ne supportant pas une seconde de plus la tête de ce malotru qui commence à se montrer embarrassant. Elle laisse alors ses yeux rougis par les cigarettes qu’elle a enchaînée, rougie par tout l’alcool qu’elle a bu se poser sur les gens autour d’eux. Les gens qui eux s’amusent, qui non pas l’air d’avoir eu besoin de faire dégager une lourdeur pareille de leurs tables. Elle les envies la blonde, elle aimerait que sa fin de soirée se passe aussi tranquillement que la leur. Elle les envies ceux qui sourient, les gens qui dansent au milieu du bar sans soucis.

Puis il dit la phrase de trop, celle qui l’oblige de nouveau à tourner la tête vers lui ; la coupant dans sa contemplation des clients du bar. Elle est désarçonné la blonde. Elle pense avoir rêvé, avoir imaginé ce qu’elle vient d’entendre. Elle est à deux doigt de lui faire répéter ce qu’il vient de dire pour vraiment se rassurer qu’elle n’est pas folle. Qu’elle vient bien d’entendre les mots sœur et chien de garde dans la même phrase. Alors là, elle ne s’y attendait vraiment pas. « Mec, j’veux juste faire la connaissance de ta petite sœur, pas besoin de te mettre en mode chien de garde, je vais pas l’emmener à l’extérieur. Juste danser au milieu si elle le veut. » Petite sœur ? Mais comment ça petite sœur ? Ce n’est pas la sœur à Landon merde. Elle le regarde en clignant des yeux. Presque vexée qu’on puisse une fois de plus insinuée qu’elle fait trop jeune face à son ex. Elle tourne subitement les yeux vers lui d’ailleurs, le principal intéressé qui vient de se faire traite de chien de garde. Une seconde, puis deux, et une troisième et elle explose de rire la vilaine. Elle s’esclaffe, elle rit à gorge déployée comme si elle venait d’entendre la meilleure blague de son existence. Elle en a mal aux côtes Eden, elle a le souffle qui se coupe et des larmes qui perlent aux coins de ses prunelles et elle intrigue les gens. Certains se retournent sur eux même pour écouter le son mélodieux qui sort d’entre ses lèvres. Ils la voient rire à s’en étouffer se demandant qu’est ce qui peut autant l’amuser à cette pauvre gosse. Puis il y a l’incompréhension dans les yeux de celui dont elle ne connait toujours pas le nom. Il essaie de comprendre où est ce qu’il a pu foirer, qu’est-ce qu’il a pu dire pour autant la faire marrer. Les traits qui se figent sur son visage, il commence à être vraiment blasé peut-être même regretté d’être venue lui parler et plus elle le voit mal, plus elle rit. Elle se délecte de la connerie qu’il a pu sortir et de son air déconfit.

Avec un peu de mal, elle arrive à se calmer la blonde qui passe pour une demeurée. Elle souffle, par petit à-coups pour reprendre sa respiration. Elle s’évente à l’aide de ses mains et tressaute encore un peu de rire en regardant du coin de l’œil Landon qui lui aussi est mitigé entre l’envie de rire et l’incompréhension de la voir dans cet état. Elle est bourrée, un peu trop encore et tout est décuplé. Enfin, elle se décide à parler. A percer le mystère qu’elle fait régner autour d’elle et de sa crise de rire « Qu’est ce qui te fait croire que c’est mon frère ? J’aimerai bien savoir ce qui te fait penser ça avant de te donner la réponse. Si ce que tu avances comme raisonnement est valable, promis on va danser. » Elle sourit à pleine dent, elle se montre joueuse Eden. Elle joue car elle sait qu’elle ne perdra jamais. Elle appuie sa tête nonchalamment contre sa main en attente d‘une réponse qui ne sera jamais la bonne. Un raisonnement qui lui semblera toujours faux et con.

Il déglutit le jeune homme se demandant réellement pourquoi il est tombé à cette table, avec cette fille indomptable et ce garçon insupportable. Il la regarde d’abord elle, puis de suite après Landon. Il cherche les points communs, il cherche à déceler ce qui lui avait penser qu’ils étaient de la même famille les deux. « Vous avez les mêmes yeux, le même éclat maintenant que vous êtes à coté l’un de l’autre. Puis il est plus vieux que toi et il été pas là tout le long jusqu'à que j'arrive, c’est ton frère quoi. » Il hausse les épaules, sûr de lui et elle sourit en tournant de nouveau la tête vers son voisin l’observant pour comprendre la déduction du garçon. Les yeux bleus… elle oublie souvent qu’ils ont ça en commun. Des prunelles aux éclats azur, des yeux bleus comme les mers qu’elle n’a pas encore eu l’occasion de voir sur le globe. En fait, ce n’est pas qu’elle oublie que Landon a les yeux bleus mais elle oublie surtout qu’elle-même est doté de ses prunelles d’un bleu translucide, de deux grandes billes magnifiques. Mais même là, elle n’est pas d’accord. Landon il a des yeux en amande, les yeux plissés et un éclat, un fil vert presque doré autour de la pupille qui donne de la vie, de la chaleur à son regard.

Alors qu’elle, son regard est grand et rond. Elle a les yeux bleus et aucun éclat à l’intérieur. Regard froid, presque mort. Elle le trouve d’une banalité sans pareil son regard. Il ne dégage rien. Elle aurait pu naître les yeux marrons qu’il n’y aurait eu aucune différence. Puis comme d’habitude, reviens la même réponse ‘’iL eSt pLuS gRaNd, ToI pLuS jEeunE’’ blablablah. Elle tourne alors la tête vers le garçon qui s’impatiente qui tient fermement son propre verre encore rempli entre ses mains et qui lui demande à la hâte, certain qu’il a raison. « Alors on va danser ? »  Elle prend un air faussement attristé Eden. « Donc en plus t’y crois vraiment à ton raisonnement ? » Elle prend un air outrée Eden, elle pose sa main doucement contre sa poitrine comme si elle était réellement surprise et se tourne vers Landon pour montrer encore plus ô combien elle est choqué qu’un argument si minable leur soit présenté. « T’imagines si toutes les personnes aux yeux bleus étaient frères et sœurs le bordel qu’il y aurait ? »


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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyMer 12 Juil - 14:01

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Eden & Landon

Prunelles d’azur, regard perçant rivé sur le jeune homme face à lui. Observation minutieuse qu’il opère de la moindre de ses réactions, de chacun de ses gestes, du plus petit frémissement sur son visage, des mouvements qu’effectuent ses pupilles. Il voit sa mâchoire se contracter, ses yeux faire des allers-retours entre son visage et le verre qu’il vient de vider sans scrupules ; un sourire se dessine sur ses lèvres fines. Sourire que Landon ne tente même pas de dissimuler, l’alcool lui rend difficile ce genre de choses ; sourire qui témoigne de son amusement, de sa satisfaction face à l’expression d’incompréhension totale de son interlocuteur. C’est facile pour lui de jouer au p’tit con lorsque le besoin s’en fait ressentir ; lorsqu’un type s’approche d’un peu trop près de son ex, lorsqu’il s’obstine alors qu’il est clair qu’elle n’a pas envie de passer ne serait-ce qu’une minute en tête à tête avec lui. Sourire qu’il ne retient pas tandis qu’il continue à fixer l’inconnu. Qu’est-ce que tu vas faire, mon grand ? Il ne devrait pas tarder à dégager, de toute manière. S’il n’est pas trop stupide, il devrait bien saisir qu’il a déjà perdu. Que s’il ne les laisse pas, les choses vont se corser pour lui. Car Landon, bien qu’étant à première vue plus petit que lui, est trois fois plus épais. Il ne lui faudrait guère plus de quelques instants pour le mettre au tapis. N’importe qui serait en mesure de déceler la supériorité physique du brun. Alors bon, à moins d’être un abruti fini comme il le soupçonne de l’être, leur interlocuteur devrait s’en aller sans tarder.

Haussements de sourcils lorsqu’il entend son timbre de voix percer dans le brouhaha ambiant. Franchement, c’est possible d’avoir une voix pareille ? Un ton si bien dénué de tout intérêt, de toute musicalité, qu’il donne d’irrémédiables envies de suicide ? Sérieux, vaut mieux se taire quand on a une voix comme celle-ci. Puis, au-delà de ça, il est déçu Landon, déçu et surpris. Lui qui s’attendait à voir le jeune homme s’excuser et tourner les talons… Mais il s’accroche l’imbécile, il s’accroche telle une moule à son rocher, ne lâche pas l’affaire alors qu’il l’a déjà perdue. Tout ça pour quoi, en plus ? Lui donner des cours de savoir-vivre ? Ah, la bonne blague. Heureusement, Eden a tôt fait de le détromper, de renvoyer ses espoirs naïfs de pouvoir lui payer une boisson d’où ils viennent, et Landon surenchérit, sans se délester de son petit sourire volontairement rendu insupportable.

- Eh, j’te remercie, c’est hyper sympa de ta part de t’occuper de mon éducation, t’es vraiment un bon pote toi ! C’est quoi ton p’tit nom ?

Désarçonné, l’imbécile répond machinalement qu’il s’appelle Patrick et, ravalant une raillerie sur l’étoile de mer de Bob l’éponge, Landon reprend :

- Alors écoute Pat’, tu m’éduques, c’est trop gentil de ta part. La moindre des choses que je puisse faire en retour, c’est au moins te donner deux-trois petits conseils en matière de bonnes manières, moi aussi. Comme… Allez, à tout hasard… Ça s’fait pas de forcer auprès d’une fille lorsqu’elle t’a clairement fait comprendre qu’elle voulait pas que tu lui payes un verre. De tout faire pour te la taper, quitte à mettre quelques dollars dans un alcool pour cela. Ou encore de venir l’interrompre alors qu’elle déjà était en pleine conversation avec quelqu’un.

Il a bon dos Landon de lui faire la morale à ce sujet lorsque c’est lui qui vient typiquement de s’immiscer dans leur conversation, à Eden et lui. Lorsqu’il passe lui-même son temps à payer des verres à des filles pour se glisser dans leur lit. Mais ça il n’en sait rien le gaillard, et de toute manière, il est de notoriété publique que reprocher à autrui ce que l’on fait soi-même est le meilleur moyen de le désarçonner, l’empêcher de répliquer. Et sans plus lui laisser l’occasion de balbutier le moindre mot, il reprend, faisant mine de réfléchir sérieusement pour lui prodiguer les meilleurs conseils, en bon pote qu’il n’est pas, qu’il feint d’être pourtant, mais qui ne dupe personne :

- Y en a des sujets à aborder, hein ? J’sais pas c’que t’en penses, mais j’crois que ce serait pas mal de commencer par cette histoire de verres là, pour espérer te taper cette demoiselle. T’as déjà réfléchi à c’que ça impliquait ? Parce que finalement, c’que tu fais là, c’est offrir un verre à une fille. C’qui serait tout à ton honneur si tu faisais pas ça dans le seul but de la baiser. Oh, et n’essaie même pas de nier, ça s’voit comme le nez au milieu de la figure. On force pas comme tu le fais juste pour parler de la pluie et du beau temps, mon pote. Donc finalement, c’que tu fais, c’est dépenser de l’argent dans le but de coucher avec elle. C’est pas joli-joli, si tu veux mon avis. Même un peu irrespectueux, j’trouve, parce que regarde-là. Elle vaut tellement plus que les quelques pauvres dollars que t’as foutu dans ce verre.

Tête qu’il secoue d’un air dépité, Landon sincèrement catastrophé. Catastrophé que l’on ose infliger à Eden la même technique dénuée de tout scrupule qu’il utilise lui-même trop souvent. J’te paye un verre, j’attends de toi que tu me remercies sous la couette. Ou dans les toilettes de la boîte, ça m’va aussi. Ça le désole Landon, parce qu’Eden elle vaut mieux que ça. Elle vaut tellement mieux que ça. Elle est trop précieuse pour être traitée de la sorte, pour être jetée au beau matin après avoir permis à un tocard de se vider les couilles. C’est bien la seule fille qu’il estime devoir être traitée avec respect, séduite, pas simplement draguée à coups de « t’es bonne » et de phrases d’accroches vues et revues, toutes plus pitoyables les unes que les autres.

Il s’attend à le voir déguerpir, le malotru. Sincèrement, il devine – espère – qu’il aura la présence d’esprit de saisir qu’il n’est pas désiré à cette table, pas plus par Eden que par lui, et de filer avant que les choses ne dérapent. Parce qu’il est bien gentil, Landon, l’alcool le radoucit, le rend un peu plus mélancolique, un peu moins enclin à sa violence naturelle ; mais il a ses limites, et le naturel revient au galop malgré l’ivresse lorsqu’on taquine un peu trop sa patience. Il s’attend à le voir déguerpir mais non, il n’esquisse pas l’ombre d’un geste pour tourner les talons, leur infligeant encore et toujours la vision de sa sale tête. Sérieusement ? Ils vont devoir le supporter encore longtemps ? Il bouge alors un peu Landon, s’approche de lui pour mieux pouvoir le prendre entre quatre yeux, se rapprochant d’Eden, du même coup. Coudes dénudés qui s’effleurent, chaleur soudainement partagée, sensation sur laquelle il n’a guère le temps de s’attarder. Pour l’heure, il a un tocard à faire dégager.

Alors il tente de lui faire passer le message, faire entrer dans son petit cerveau manifestement limité l’information que non, personne à cette table n’a envie de lui parler, qu’il ferait mieux de foutre le camp avant de leur faire perdre plus de temps encore. Mais il s’obstine l’imbécile et, de toute évidence foutrement incapable de saisir les subtilités du sarcasme, lui répond le plus sérieusement du monde qu’il est venu parler à sa voisine. Wow, sans blague. Fascinating, tell me more… Il se contient, Landon. Se retient de lui rétorquer que si, il a de toute évidence besoin de son aide avec ses techniques de dragues plus embarrassantes que les gens qui disent encore YOLO en 2017, mais que de toute façon il ne prodiguera aucune aide, car il n’a pas la moindre intention de l’aider à poser ne serait-ce qu’un doigt sur la jolie blonde. Il prend sur lui car il sait que la colère peut vite monter, car il n’a pas envie de taper un scandale. Il a peur, le beau brun. Il a peur de la stupidité manifeste de leur interlocuteur, car s’il lui faisait confiance pour comprendre comme un grand garçon qu’il était temps pour lui de partir, le voir toujours planté là au bout de cinq minutes ne le rassure guère. Parce que le truc, c’est qu’il redoute de n’avoir d’autres choix que d’en venir aux mains pour le faire partir. Et que c’est contre ses principes de s’en prendre physiquement à une personne comme lui, une personne lui étant indéniablement inférieure, dont la faible constitution ne lui permettra pas d’encaisser deux coups.

Et puis, avant qu’il ait le temps de répondre quoi que ce soit, voilà que ce cher Pat’ reprend la parole. Mots qui s’échappent de ses lèvres, qui parviennent aux oreilles de Landon sans qu’il puisse croire qu’il a bien entendu de telles paroles. Alors là. Frère et sœur ? Pour une fois que c’est lui qui réussit à le désarçonner et non l’inverse, chapeau bas. Il est en état de choc le jeune homme, à tel point que la colère retombe instantanément, qu’il en oublie même d’être piqué lorsqu’il le traite de chien de garde, de lui rappeler qu’il devrait faire gaffe, parce qu’un chien de garde, ça mord. Il porte sa main à sa bouche, la passe sur le bas de son visage d’un air atterré, comme si cela allait l’aider à saisir par quel trésor d’ingéniosité il en était arrivé à une pareille conclusion. Parce que pour le coup, ça lui échappe complètement, et il se dit comme bien trop souvent qu’il comprend un peu moins ses pairs, l’espèce humaine, de jour en jour. Surprise telle qu’il ne trouve rien à répondre, le voilà qui a soudainement perdu sa langue si bien pendue. Pour ajouter à son état d’hébétude, Eden ne trouve rien de mieux à faire que de se mettre à rire bruyamment, comme si elle venait de perdre la raison. Il n’a pas encore eu le loisir de remarquer à quel point elle est torchée la demoiselle, aussi il tourne la tête vers elle, la regarde sans comprendre, se demandant ce qu’il peut bien y avoir de si drôle dans cette situation. Parce que lui, il est juste partagé entre une colère sous-jacente et l’incompréhension la plus totale. Mais s’il est bien une chose dont il est présentement dénué, c’est de l’envie de rire.

Elle se calme enfin la demoiselle, au moment même où il commençait à se demander si c’était bien vrai, si l’on pouvait réellement mourir d’une crise de fou rire comme dans les Sims. Elle se calme pour mieux prendre la parole, paroles qui ne font que perdre un peu plus le jeune homme. Allons bon, il ne manquait plus que cela. Qu’elle fasse ce genre de promesses à un individu de cet acabit. Mais c’est quoi, ça ? Il n’a pas envie de la voir filer sur la piste avec lui, de rester comme un con à cette table pendant qu’un abruti fini lui dérobe la fille à laquelle il était supposé payer un verre, et il ne réalise même pas le saugrenu de la situation. Peut-être est-ce l’alcool qui ramollit son cerveau, ralentit sa réflexion, toujours est-il qu’il ne prend même pas conscience du fait que leur interlocuteur n’a aucune bonne réponse à leur donner. Puisqu’ils ne sont nullement liés par le sang. Ça ne tient qu’à ça, tout simplement. Guère plus.

Mais ça lui échappe tout ça, ça échappe à son petit cortex qui semble n’avoir présentement rien de mieux à faire que de partir gambader dans les champs pour chasser les papillons, un filet à la main, alors qu’il pourrait, à tout hasard, saisir le fait que l’imbécile qui se tient devant eux n’a, mais alors aucune chance de remporter la présence de la belle ce soir. Ce n’est que lorsque la réponse de leur petit camarade parvient à ses oreilles qu’il comprend qu’il est vraiment, mais alors vraiment con. Trop con pour avoir la moindre chance avec une fille de la trempe d’Eden. Il incline légèrement la tête sur le côté, sent ses sourcils se froncer puis se hausser sous la violence du choc, cligne des yeux à plusieurs reprises, fixant le curieux spécimen qui se tient face à eux. Se demandant où diable a bien pu passer son cerveau pour leur sortir une réponse pareille, en s’imaginant que cela allait lui faire décrocher une danse avec la jolie blonde, qui plus est. Ô, naïveté, que tu es douce…

Tête qu’il vient tourner vers Eden, prunelles azurées qui se croisent dans une similaire expression d’incompréhension et de pitié pour le pauvre garçon. Parce que, merde, ça faisait trop longtemps qu’on ne la leur avait pas faite, celle-là. Alors il se prête au jeu Landon, prenant un air pareillement chagriné par la bêtise de leur interlocuteur, parlant de lui sans scrupules, comme s’il ne se trouvait pas à moins d’un mètre de là.

- Ah mais je te raconte même pas, ce serait l’anarchie. Tu te rends compte, seize pourcents de la population auraient les mêmes parents ? Ça en ferait des relations incestueuses dans le monde hein, pire que dans Game of Thrones le délire.

Il s’interrompt un instant, fait mine de réfléchir, s’appliquant toujours à ignorer l’homme attablé avec eux.

- C’est quand même malheureux de continuer à tenir des raisonnements pareils à son âge, tu trouves pas ? Ça me rappelle… Tu sais, ces gamins qui découvrent le monde, qui savent à peine marcher et qui font des associations bizarres, très primaires entre des trucs qui n’ont pas grand-chose à voir. Comme Ethan au début, tu vois ? Tout limiter à des couleurs, c’est plutôt triste, tu ne penses pas ?

Il esquisse une petite moue désolée, désolée pour ce pauvre type au QI de moineau – et encore, c’est insultant pour les moineaux. Tourné vers Eden, il s’exprime sur un ton plein de pitié, comme s’il réfléchissait sérieusement à l’absence de jugeotte du jeune homme, comme s’il en avait quelque chose à faire qu’il soit stupide ou non. La vérité c’est qu’il n’en a strictement rien à foutre, mais il espère qu’en cessant de lui accorder la moindre attention, qu’en faisant comme s’il était parti, il finira par partir pour de bon.

Mais non, il le voit du coin de l’œil l’abruti, il commencerait presque à se demander s’il ne s’agit pas d’une statue de cire tout droit évadée du musée de Madame Tussauds, posée sur cette chaise et incapable d’en bouger. Mais non, il cligne des yeux, sa pomme d’Adam bien trop proéminante joue au yo-yo dès lors qu’il se risque à déglutir, alors c’est qu’il doit être vrai, n’est-ce pas ? Vivant, mais putain de bouché. Ça commence à l’agacer toute cette situation Landon, il n’est pas venu ici pour passer la nuit à converser avec lui, mais avec Eden. Alors il tourne franchement la tête vers lui, laissant en suspens la fausse discussion qu’il tient avec la blonde, et bouge un peu ses bras sur la table dans une nouvelle position, posture qu’il maîtrise à la perfection, qui fait gonfler juste comme il faut les muscles de ses bras, qui tend les manches courtes de sa chemise noire pour lui rappeler qu’il vaut mieux pas jouer au con, avec lui, car un coup bien dirigé suffira à l’envoyer roupiller prématurément. Mâchoire qui se contracte, sourire qui s’évanouit sur ses lèvres fines, regard qui se fait plus dur.

- T’es encore là, toi ? Nan mais bouge de là sérieux, j’vais pas te le répéter une seconde fois. Tu vois pas qu’on discute, là ? C’est carrément gênant de se faire observer sous le nez comme ça par un type comme toi pendant qu’on parle, puis tu fais que te ridiculiser un peu plus en te comportant ainsi. Alors respecte-toi un peu mon grand, et dégage de ce bar, tu seras gentil.

Il prend une profonde inspiration, fixe le garçon dans le blanc des yeux. Crois-moi mon con, t’as carrément intérêt à te casser loin d’ici si tu veux pas t’en prendre une. Menace qu’il garde pour lui, précaution inutile lorsque tout en lui, que ce soit sa posture ou son regard, hurle ces mots.
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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyJeu 13 Juil - 14:37

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Eden & Landon

Match de clash digne d’une partie de ping-pong. Un match qu’elle n’a même pas la décence de regarder ouvertement préférant laisser ses prunelles gambader sur la troupe d’homme qui chante en chœur du côté du bar. Ils chantent à tue-tête les grands garçons vers le fond. Ils ont des choppes de bière à la main ; ils se tiennent par le cou et valdingue leurs énormes corps robustes d’un coté à l’autre en rythme. La vision est sur eux, mais l’ouïe est bien plus proche, elle n’entend pas la chanson qu’ils gueulent au fond. Ses oreilles sont portées sur la conversation à la table où elle est. Elle entend les deux hommes se lancer des piques d’un bout à l’autre de cette minuscule table. Elle entend le sarcasme de l’un et la réplique de l’autre. Elle entend les reproches de ce Patrick et les palabres accusatrice de Landon juste après. Elle ne préfère rien dire la poupée, elle préfère se faire toute petite plutôt que de parler. Elle a peur de s’immiscer, de couper la parole à l’un des deux en ayant crainte que Landon ou l’autre puisse croire qu’elle est en train de prendre un parti. Pourtant, c’est évident qu’elle est du côté de Landon, c’est flagrant. Patrick il veut pas le comprendre mais c’est pourtant l’évidence. Lui, elle ne le connait pas et elle n’a pas envie d’apprendre à le connaitre. Il a beau être venu avec ce qui d’habitude lui offrirait un pass privilège jusqu’à ses draps, là, elle n’en veut pas ; elle n’y arrive pas. Elle veut juste Landon la blonde. Il est celui qu’elle a invité, c’est avec lui qu’elle a envie de parler. Lui, lui et uniquement lui pour ce soir. Il le doit un verre, il est là pour ça. Elle n’acceptera que son verre et puis voilà. Mais elle ne dit rien, elle a peur de mal s’exprimer tant elle est bourrée, de peut-être énervé l’autre con et déclenché une bagarre pour une histoire de merde. Elle ne veut pas de ça, pas ce soir.

Les conseils acerbes de Landon s’enchainent, les mots crus qui s’écoulent d’entre ses lèvres en parlant potentiellement d’elle résonnent en double dans sa tête. Il a pas de scrupule Landon, il expose sans gêne les pensées les plus sales et profonde du garçon en face de lui à son égard à elle et elle n’a même pas de peine Eden. Ça ne la froisse même pas que les hommes ne viennent vers elle que pour ça, pour la baiser rapidement puis s’échapper. Elle a pris l’habitude Eden d’être utilisé et d’utiliser les gens à son bon escient. Il ne sera pas le premier Patrick à ne vouloir d’elle qu’une nuit, une simple et unique nuit pour s’unir, tremper les draps et repartir dans la vraie vie. Elle n’est bonne qu’à ça de toute façon la belle. Elle n’est pas une fille faite pour l’avenir. Elle est là pour le présent, un court laps de temps et après elle se doit de foutre le camp avant qu’on ne lui demande de le faire. Avant qu’on lui rabâche qu’elle ne passera jamais avant les autres choix d’une vie. Elle en a souffert une fois la petite du clan Howard. Elle ne s’aventurera jamais à revivre ça une deuxième fois.

Missile téléguidé qu’il a décidé d’armer et d’envoyer lui-même sur sa proie. D’une pierre il fait deux coups le vétéran. Il pulvérise son ennemi Patrick mais il explose aussi le cœur de son ex petite-amie. De son air triste, il la pointerait presque du doigt en disant qu’elle ne mérite pas une tel drague minable, qu’elle vaut bien plus qu’une boisson minable d’un bar miteux. Elle vaut mieux ? Il en est sûr Landon ? Elle vaut quoi alors Eden si elle ne vaut pas un verre de whisky dans un bar et pas non plus une vie rangée à ses côtés ? Elle mérite quoi si lui-même a été le premier à la jeter, la délaisser dès qu’il a fallu faire un choix ? Elle tourne doucement la tête vers lui, la bouche à demi ouverte mais les mots ce bute à la commissure de ses lèvres, ils dévalent à toute vitesse jusqu’à sa langue puis ils se volatilisent dès qu’il est temps de laisser sortir le kraken. L’alcool la rends moins virulente visiblement et elle reste là, sans rien dire alors qu’elle aimerait lui clouer son bec à lui aussi. Lui dire qu’il ne vaut pas mieux peut-être que celui qui leur fait face, qu’il ose parler de la valeur des gens, les estimer alors que lui-même l’a abandonné il y a bien des années.

Elle a besoin d’un autre verre Eden, et vite. Elle sent que ça vacille dans sa tête, qu’elle serait prête à l’envoyer bouler à son ex. Elle sent son palpitant qui tambourine, qui hurle à la mort des absurdités. Pourquoi même les belles paroles sonnent dérisoire ? Comment fait-elle pour prendre mal le quasi compliment qu’il vient de lui faire ? Bordel. Ce n’est pourtant pas difficile d’agir sans réfléchir. La preuve, elle l’avait fait en lui envoyant un message pour qu’il vienne jusqu’ici. Ce n’est pourtant pas bien compliqué de faire semblant juste un soir que tout va bien. Qu’il n’y a pas sept ans qui viennent de passer, qu’elle ne l’a pas plaquée, qu’il n’a pas choisi l’armée. Mais non, ça serait trop beau pour être vrai et elle ne comprend pas pourquoi à chaque fois c’est la même rengaine. Pourquoi ça lui fait toujours autant mal quand il semble la complimenter après ce qu’il avait pu décider par le passé. Son envie de boire ne fait qu’augmenter en y pensant, au fur et à mesure que les souvenirs lui reviennent. Puis il y a ce Patrick… Cet abruti de Patrick qui ne se décide à partir une bonne fois pour toute. Elle a beau lui avoir refusé un verre, s’être moqué de lui il reste là. Comme une statue qu’on retrouverait au musée Grévin à Paris. Elle ne sait plus quoi faire, même Landon n’a pas l’air suffisant. Même se moquer de lui à deux n’est pas assez fort. Ils sont tombés sur le plus idiots des idiots, le roi des cons. Et il n’a pas l’air de s’en rendre compte qu’il serait grand temps qu’il abandonne.

Stupidité qui la fait rire alors qu’elle devrait en pleurer tant c’est troublant d’entendre ça à un quart de siècle. Réponse idiote de Patrick dont elle n’arrive pas à se débarrasser de la tête. Si seulement le monde était d’une pareil simplicité … Si seulement tous les gens aux yeux bleus étaient frère et sœur, et ainsi de suite avec chaque critère physique alors elle ne serait pas tombée sur Landon. Elle n’aurait pu sortir avec lui au lycée et elle ne serait jamais tombé amoureuse, tombé aussi bas pour un homme. « C’est dommage qu’on ne l’ait pas su avant que nous étions donc frère et sœur … ça nous aurait évité de jouer les Lannister … » Palabre empli de sous-entendues qu’elle espère que le garçon en face d’eux comprendra. Vérité qui sort trop aisément d’entre ses lippes qui amène aussi son lot de souvenir. De moment qu’elle ne peut effacer de sa mémoire. Sa première fois, les innombrables après-midi et nuits cachés sous les draps. Son esprit embrumé lui rappelle le contact de ses doigts contre son derme, de ses lèvres sur les siennes. Puis Landon la sort trop rapidement de ses rêveries en reprenant la partie, Landon reprend l’ironie, son cynisme sans pitié. Il appuie là où ça fait mal Landon, il le prend pour un con ce pauvre garçon. Il le rabaisse plus bas que terre et le traite de gamin sous ses yeux, le comparant à son propre petit frère lorsqu’il était encore enfant. Elle hausse les épaules Eden, elle soupire nonchalamment en regardant son ex, s’imaginant le petit Ethan amener ses conclusions grotesque et primaire. « Je pense juste que notre invité est très très très bourré … Il ne se rend pas compte d’ô combien il est lourd. Puis, il ne peut pas réfléchir bien, pas tout le monde tiens aussi bien l’alcool que moi pour rester censé » Elle termine sa phrase ainsi Eden, avouant qu’elle est déchirée devant son ex, qu’elle a surement descendu trop de verre et laissant le Patrick en face d’elle outré, choqué d’être traité comme si il était inexistant qu’on puisse parler de lui de la sorte.

Enfin, elle voit un serveur passer à quelques tables de là et elle lève la main subitement. Elle l’agite pour l’interpeller pour se faire remarquer. Par chance, le garçon la voit et lui fait signe qu’il arrive d’ici deux minutes. Elle hoche la tête Eden, en souriant, faussement. Poliment. Elle n’a pas envie d’être patiente, pas actuellement elle veut se retourner le cerveau de nouveau. Elle veut avoir plus d’alcool que de sang sous la peau. Elle a depuis longtemps oublié sa promesse faite à elle-même, elle a dépassé depuis longtemps les limites du raisonnable avec l’alcool.

Agacement que ni le brun, ni elle n’arrive à cacher au fil des minutes qui défilent. Ils ont beaux regarder ailleurs et le faire en silence rien n’y fait. Patrick boit son verre tranquillement, face à eux comme si de rien était et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est la minute de trop pour Landon qui s’appuie un peu plus encore sur la table en bois. Elle regarde les bras de son ex Eden, elle verrait presque les veines bouger sous sa peau quand il contracte ses poings sur le bois. Elle l’entend presque le menacer et elle se mord la lèvre en regardant le garçon en face d’elle avec un regard qui le supplie de s’en aller, supplie de bien vouloir y aller avant que ça dégénère car elle le connait son ex. C’est pas la première fois qu’il fera dégager un mec par la force, c’est pas la première fois qu’elle le verrait filer un coup de poing à un autre. Mais elle ne connait pas le nouveau Landon, elle ne connait pas la mesure de sa nouvelle force. Elle ne connait pas son corps depuis la guerre. Mais elle sait que ça irait mal, vraiment mal pour celui qui leur fait face alors elle se mordille la lèvre et hoche les dires de son ex. Elle n’a pas envie de voir ce garçon les os brisées, la mâchoire cassé d’un seul coup de poing de la part de son ex. Elle le sent qu’il en est capable, qu’il est à deux doigts de se lever pour le frapper ce pauvre gars. « Va-t’en Patrick… Il vaut mieux pour toi. »

Serveur qui arrive comme un cheveu sur la soupe, qui coupe de sa voix joyeuse le blanc qui s’était installé à la table des trois adultes. Il ne le sait pas lui, il ne sait pas l’ambiance qui règne à cette table. Il ne sait pas que l’un est son ex et que l’autre est un relou qui s’entête à rester là. Il ne sait pas que l’un est prêt à sauter sur l’autre au moindre faux pas. Il sourit le jeune garçon, surement plus jeune qu’eux et c’est agréable, il lui parle pour lui demander ce qu’elle souhaite commander et ça la fait sourire Eden, la voix de ce garçon la fait sourire tant elle est agréable, tant c’est la seule chose positive à cette table actuellement. « Un mojito s’il-vous-plait ! » dit-elle en se penchant un peu sur la table pour parler au jeune homme de sa voie gaie, qu’il puisse l’entendre malgré le brouhaha autour d’eux. Elle tourne alors la tête vers Landon et lui demande ce que lui, souhaite à son tour. Réponse donnée et le serveur hoche la tête, ignorant lui-même le troisième invité en leur demandant si ça sera tout pour cette tournée. « Ça sera tout ! » Elle donne le signal Eden, le serveur s’en va et Patrick boit la dernière gorgée de son whisky avant de reposer fortement son verre contre la table. « Aller vous faire foutre. » Il se résigne à partir, de sa démarche gauche et ses petits bras ballant le long de son corps enfin, il s’en va et Eden soupire de satisfaction. Elle s’enfonce dans sa chaise et passe les mains dans ses longs cheveux. « ENFIN ! » Elle tourne la tête souriante, riant à moitié vers son ex et le regarde fixer le mec jusqu’à qu’il ne soit plus à portée de vue. « Aller détend toi James …. » Gentiment, son coude va se loger dans les côtes de son voisin en riant pour le détendre.

Eden elle aime pas ne pas voire entièrement le visage de Landon, elle ne veut pas se contenter que du profil. Elle veut le voir entier, elle veut le détailler et elle ne va pas s’en gêner. Elle en profite la garce d’être bourré pour s’autoriser à être un peu plus déluré, un peu plus honnête et franche et un peu moins froide et virulente. Elle se lève la belle, elle prend l’ancienne place de Patrick et rapproche le tabouret qu’il a éloigné en s’en allant pour venir plus près. Elle prend aisément place sous les yeux de son ancien amant, ses coudes se posent délicatement sur la table et enfin elle relève les yeux vers lui, ses yeux azur qui la toise, la fixe tout autant qu’elle est en train de le faire avec lui. « Je crois que c’était la drague la plus pitoyable et bizarre que j’ai pu vivre dans ma vie … » Elle en revient à parler de Patrick, des évènements précédents avec un air déconcerté. Elle se remet la scène en tête Eden, elle appuie son menton contre la paume de sa main et soupire de façon désabusée. « Enfin bref… Pas de commentaire ! » Dit-elle en pointant son index vers lui, non. Elle n’acceptera aucune remarque, rien, niet, nada sur ce qu’il venait de se passer. Elle a des choses bien plus intéressante à dire la diablesse. Elle a des questions qui lui viennent en tête par milliers et elle est un peu taquine bébé Howard. Elle bat des cils de façon exagéré. « Qu’est ce qui t’amène ici Landon … ? Tu me suis ? » Audacieuse, un peu trop même. Elle manque pas d’air de venir lui demander ce qu’il fait ici lorsqu’elle se doute que si il est là, ce n’est pas un simple hasard. Si il est là, c’est à cause ou bien grâce au message qu’elle lui a envoyé quarante minutes plus tôt dans la soirée. « T’es arrivé à temps, c’est cool, tu m’as sauvé de cette lourdeur… » elle roule des yeux et le serveur arrive avec son plateau de boisson. Déposant devant eux les nouveaux verres et prenant les anciens. Comme prévue, Landon sort l’argent et paie les deux boissons et Eden sourit, comme une idiote. Elle approche ses lèvres de la paille innocemment et la mordille tout doucement en attendant que le serveur donne le reçu. Une fois chose faite, elle attrape son verre et le soulève au niveau de leur visage pour trinquer. « À cette soirée complètement bizarre ! » Verres qui se cognent l’un à l’autre, verre qui vibre entre leurs mains et prunelles qui se délectent de l’autre tout en prenant une gorgée de leur boisson. Elle dépose le verre doucement sur la table et passe discrètement sa langue sur sa lèvre inférieure charnue, rosie par le contact du rhum de son cocktail avant de reprendre la parole, paraitre un peu plus sérieuse, moins déconneuse le tant que la boisson foute le bordel dans son corps. « T’as fait quoi ce soir … ? T’étais déjà dehors ? » Elle est curieuse Eden, elle se demande où pouvait-il être dans sa chemisette.


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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyVen 14 Juil - 14:51

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Eden & Landon

Aveu de la jolie blonde, doigt qu’elle met sur le fait qu’elle est complètement torchée. Sous ses yeux. Et dire qu’il n’a même pas été foutu de s’en apercevoir… Sans doute est-ce l’alcool qui se mêle à son propre sang qui est à blâmer. Ou le fait que, à peine entré dans le bar, il a été distrait par la présence de ce cher Pat’ aux côtés d’Eden. Il en a du monde sur lequel rejeter la faute, comme toujours, parce qu’il est un lâche dans le fond, Landon, qu’il a jamais su assumer sa part de responsabilité. Assumer le fait qu’il n’a pas su prêter à la jeune femme l’attention qu’elle méritait, en l’occurrence. Parce que, quel que soit leur statut, qu’ils soient en couple ou séparés depuis sept ans, qu’ils soient amis ou ennemis, amants ou réduits au rang d’inconnus, elle continue de compter pour lui. Ça le fait chier, clairement. Il aimerait avoir tiré sur elle depuis longtemps, n’en avoir rien à foutre d’avec qui elle couche ou de comment elle se sent ; mais la vérité c’est que ça lui importe encore, bien plus que ça ne devrait.

Alors il prend le temps de l’observer. Enfin. Avec attention, minutieusement, se focalisant enfin sur autre chose que sur l’odieux personnage qu’il s’est donné pour mission de dégager. Prunelles azurées qui fouillent le visage de la blonde, qui remarquent la manière dont ses beaux yeux bleus sont inhabituellement rougis, probablement par un vilain mélange d’alcool et de clope. Il s’attarde sur des petits détails Landon, des particularités à première vue anodines mais qui, regroupées toutes ensemble en un patchwork d’indices, constituent la preuve de son ébriété. Comme ses mèches plus désordonnées qu’à la normale, ébouriffées par ce qui doit être le passage répété de ses mains. Ses joues, d’ordinaire si pâles mais ce soir teintées d’un rose aux reflets carmin, tout comme le bout de son nez. Ou, plus classiquement, l’odeur d’alcool qu’elle dégage chaque fois qu’elle se risque à ouvrir la bouche, trop forte pour être ignorée, si forte qu’il se demande comment il a bien pu passer à côté depuis son arrivée.

Il est désolé Landon, dévasté de la voir dans un tel état. Ce n’est pas de croiser la route d’une personne bourrée qui lui fait cet effet-là. Non, c’est même habituel pour lui. Un schéma répétitif de sa vie, pourrait-il dire, car elle est loin d’être la première âme qu’il rencontre dans un tel état. Oh non, bien loin, même. Il les écume les bars, Landon. Il les écume, s’y perd bien trop souvent, fais la connaissance d’autres âmes en peine comme lui, certaines simplement là pour la soirée, pour noyer un mal passager, d’autres qui ont établi leurs quartiers au comptoir du bar, prises dans un cercle vicieux avec lequel il flirte dangereusement, un peu plus chaque année qui passe. Il ne les compte plus ces épaves échouées sur les hauts tabourets, carcasses avinées auxquelles il s’est juré de ne jamais ressembler, spectres perdus bien loin de leur vie qui lui foutent les jetons, au beau brun. Parce qu’il ne veut pas devenir comme eux. Il ne veut pas sombrer dans une dépendance telle que la leur. Mais à chaque fois qu’il réfléchit un peu trop, qu’il prend conscience que désormais, dès qu’une situation devient un peu trop dure à gérer pour lui, il s’empresse d’en aller tout oublier dans les méandres de l’alcool, il flippe comme jamais, terrorisé par ce qui ressemble à un début de dépendance. Alors il ne pense plus. Ou plutôt, il fait tout pour ne pas penser, noie ses sombres idées dans quelques verres, n’arrange en rien sa situation. Alors non, il n’est pas simplement désolé de croiser la route d’une personne déchirée, parce qu’il l’est lui-même si souvent qu’il est le plus grand habitué de ces états-là.

Cela va au-delà de ça, pour le jeune homme. Il est navré pour elle, justement car il connaît par cœur ces états de désœuvrement total, et que ça lui tord le cœur de se dire qu’elle s’est trouvée en pareils états pour en venir à se mettre aussi mal. Parce que oui, elle a beau ne pas rouler sous la table, elle a beau ne pas s’exprimer d’une voix pâteuse devenue incompréhensible et ne pas monter sur sa chaise pour improviser un strip-tease, il se doute qu’elle a largement bu plus que de raison. Elle le dit elle-même : elle tient très bien l’alcool. Plus que dans son souvenir, ce qui doit témoigner d’une consommation devenue habituelle. Les voilà bien, tous les deux… Il n’a pas la moindre idée de quelle sombre raison a bien pu la pousser à boire à ce point. Enfin si. Mais non. Forcément, il ne peut s’empêcher de tout ramener à lui, de se dire que, comme c’est elle qui le met dans de pareils états, cela pourrait bien être lui qui la met dans ces états-là. Mais il est le premier à ne pas y croire. Parce qu’il n’y a bien que lui pour rester bloqué sur un amour avorté depuis sept ans déjà. Parce que c’est elle qui l’a plaqué ; ce n’est pas pour rien. Ce n’est pas pour se noyer dans l’alcool des années plus tard en y repensant.

Et puis la lumière se fait dans son cerveau, l’éclair de génie percute le cortex alcoolisé. Mais bien sûr. Depuis l’instant où il a reçu son SMS lui demandant de la rejoindre ici, une question tourne en boucle dans sa jolie petite tête : pourquoi donc l’a-t-elle contactée ? Pourquoi maintenant, au bout de deux semaines, au beau milieu de la nuit ? Pourtant la réponse est simple, trop simple, si simple qu’il n’y avait pas pensé. Elle est bourrée. C’est tout. Elle n’avait pas particulièrement envie de le voir ce soir, pas plus que les soirs précédents. Elle est juste sous l’emprise de l’alcool. Et il se sent con, bien con, trop con, tout d’un coup, d’avoir osé se réjouir de voir pareil message à l’écran de son téléphone. D’avoir rappliqué aussi rapidement. Il aurait presque envie de foutre le camp d’ici, tout d’un coup, comme si cela allait pouvoir lui redonner un tant soit peu de fierté. Mais ce ne sera pas le cas, et il le sait pertinemment ça, Landon. Et puis, un simple regard dans sa direction suffit à lui rappeler qu’il ne peut pas la planter là. Pas dans un état pareil. Un autre regard vers leur voisin de table ne fait que renforcer sa conviction. Il ne peut définitivement pas la laisser seule avec lui.

Alors il s’accroche, rassemble toute sa bonne volonté pour rester sagement assis sur son siège. Pieds qu’il plante fermement dans le sol, comme pour s’empêcher de fuir loin de la sauvageonne, de la laisser seule dans la merde dans laquelle elle s’est enlisée, allez savoir comment. Il attend à ses côtés que le pot de colle lâche prise et tourne enfin les talons, tient avec elle des conversations vides de sens, uniquement là comme outils pour faire dégager le malotru. Mais rien n’y fait, il reste, faisant preuve d’une placidité qui ne fait qu’énerver davantage le brun. Énervement qui suinte par tous les pores de son corps, qui se ressent à travers les positions parfaitement calculées qu’il adopte. Postures qui suffisent ordinairement à faire fuir la plupart des types difficiles, postures qui ne fonctionnent pourtant guère plus que les efforts qu’Eden et lui déploient depuis de nombreuses, trop nombreuses minutes désormais. À tel point qu’il faut que la petite blonde s’en mêle, qu’elle demande à son tour à leur interlocuteur de bien vouloir partir. Ce n’est même pas une requête, en fait, mais un conseil. Car elle, au moins, a la vivacité d’esprit suffisante pour saisir le très net déséquilibre musculaire entre les corps des deux hommes. Ça lui fait du bien à Landon de ne pas être entouré que d’imbéciles, de se trouver également en présence de personnes à son niveau, lui que Patrick commençait à sérieusement faire douter quant aux capacités mentales de l’être humain.

Serveur qui se poste à leur table, Landon qui se demande ce que diable il peut bien leur vouloir, Landon qui n’a pas entendu Eden l’interpeller quelques instants plus tôt. Il est agaçant le jeune homme, avec son grand sourire et sa bonne humeur dans la voix. Typiquement le genre d’individus trop guillerets qui lui donnent des envies de meurtre à Landon, lorsqu’il est dans cet état-là. Il est totalement hors contexte le brun, alors il commence par croire que ce n’est guère plus qu’un énième malotru venu aggraver un peu plus encore la situation autour de cette pauvre table, venu mettre un peu plus encore ses pauvres nerfs à dure épreuve.

Mais non. Mais non, tout va bien, et il le comprend lorsqu’Eden passe commande, lorsqu’elle se tourne vers lui pour lui demander ce qu’il désire boire. Addition qui sera sienne, il le sait, pari perdu, pari qu’il se doit d’honorer. Il se penche un peu en avant à son tour pour que le serveur l’entende, entre deux couplets hurlés à tue-tête à l’autre bout du bar, et demande une piña colada. Serveur qui demande s’ils désirent autre chose, Eden qui lui fait comprendre que le troisième membre de la tablée n’est pas de la partie, Landon qui saisit alors l’occasion supplémentaire que constituait la venue du serveur pour faire comprendre à leur voisin que sa présence n’est pas désirée à leurs côtés. Bon, il n’est peut-être pas si désagréable que cela, en fin de compte.

Verre qu’il entend cogner bruyamment contre le bois de la table, tête qu’il tourne brusquement vers la source du bruit. Ah. Pat’. Ça l’aurait étonné. Il le regarde en arquant les sourcils ; qu’est-ce qui lui prend, encore ? L’information serait-elle miraculeusement enfin parvenue au cerveau ? Banco, l’imbécile les invite à aller se faire foutre, et Landon doit se retenir de ne pas lui rétorquer « avec plaisir ! », tandis qu’il se lève, s’éloigne d’une démarche qui achève de le convaincre qu’il est définitivement dénué de tout charisme. Pauvre gars. Les sourcils toujours haussés, il le regarde marcher loin, bien loin d’eux, jusqu’à ce qu’il se noie dans la foule du bar, réapparaisse un instant pour mieux s’évanouir au détour de la rue qu’il aperçoit entre les deux battants grands ouverts de la porte. Il entend vaguement Eden se réjouir du départ tant attendu de Patrick, mais reste soigneusement focalisé sur le malotru qui leur a fait perdre de précieuses minutes, comme s’il pouvait le faire tomber à terre d’un regard, bang bang, yeux chargés, balles tirées. Mais à quoi bon, finalement ? Ce n’est pas maintenant qu’il les a enfin laissés en paix qu’il va aller démolir son visage de victime.

Alors il tourne la tête vers la demoiselle en sentant son coude pointu s’enfoncer dans ses côtes, se laisse aller à lui sourire. Parce que bordel, enfin. Enfin ils sont seuls tous les deux, débarrassés de l’ignoble personnage. Il lève les yeux au ciel, petit rictus satisfait aux lèvres.

- Putain, j’ai rarement eu tant de mal à faire dégager quelqu’un…

Pieds de chaise qu’il entend racler sur le sol juste avant de voir Eden se relever, prendre place face à lui, sur le siège occupé par Patrick un instant plus tôt. Décision que le brun approuve en silence : voilà qui sera un poil plus commode pour discuter. Elle s’évapore la colère, s’évanouit en fumée, bien loin de Landon. Agacement qui tire sa révérence pour céder la place à une humeur plus légère, jeune homme qui se fera souriant, rieur, sans doute même joueur, il le sait. C’est toujours comme ça avec lui, l’alcool le fait vaciller entre deux états : joie frisant l’euphorie, mélancolie frisant la dépression. Il oscille sans cesse entre les deux Landon lorsqu’il est un peu bourré, mais la tristesse il y a déjà goûté sur la plage, alors tout devrait bien se passer. Il vient de descendre un verre entier en quelques secondes, cul sec, il l’aurait presque oublié s’il n’était pas en train de se manifester dans son corps, son sang, son cortex, dénouant les nœuds de la colère, insufflant la bonne humeur dans ses veines.

Muscles qui se détendent, visage qui perd toutes traces de crispation tandis qu’il vient se caler confortablement dans sa chaise. Poste d’observation depuis lequel il détaille le visage de la blonde, silhouette qu’il n’a pas quittée des yeux depuis qu’elle s’est levée de son propre siège. Contemplation de son faciès ravagé par l’alcool, yeux qui s’égarent, qui s’éloignent un instant de ses traits pour se perdre sur une tenue légère qu’il n’avait pas remarquée à cause de leur trop grande proximité. Mais bordel, elle n’est quasiment pas vêtue. Pas étonnant qu’elle s’attire tous les lourds du périmètre. À propos de lourd, la voilà qui commente la tentative de séduction auquel ils ont eu la malchance d’assister. Sourcil qui se hausse sur le front de Landon lorsqu’elle l’intime de garder ses commentaires pour lui, remarque qu’il se sent obligé de lâcher.

- Pourquoi t’en parles si tu veux pas que je fasse de commentaires, hein ?

Mains qu’il s’empresse de lever dans un geste innocent, comme pour tenter de contrer une éventuelle contre-attaque.

- Relax, je plaisante. Il vaut même pas la peine qu’on s’attarde sur son cas.

Il a le sourire taquin Landon, le sourire de celui qui a trop bu, qui est rendu joyeusement insouciant par l’alcool, qui n’hésitera pas un instant à débiter tout ce qui lui sort par la tête, qu’importe les conséquences. Mais il cherche pas la merde, Landon. Pas ce soir, il a pas envie de se chamailler. Pas envie de se voir de nouveau confronté à des reproches, à des rancœurs passées. Puis de toute façon, il capte bien qu’elle est dans le même état d’esprit que lui la demoiselle, prête à lâcher des taquineries à tout bout de champ, taquineries probablement propices au conflit en temps normal pour ces deux pauvres âmes à fleur de peau, taquineries qui glisseront comme l’eau sur les plumes d’un canard ce soir. Trêve dans la guerre froide, les anciens amants s’accordent le droit de souffler pour le temps d’une soirée.

Il entre dans son jeu Landon, cligne des yeux de manière presque exagérée, porte la main à son cœur comme s’il était prodigieusement outré, choqué par la question de la jolie blonde. Elle joue avec lui la gamine, elle joue avec lui et il la laisse faire, se laisse entraîner dans la danse, l’alcool rieuse l’empêchant de freiner des quatre fers comme l’aurait fait un Landon James sobre.

- Comment oses-tu, Eden, après m’avoir supplié de venir te retrouver ici ??? En plus c’est trop dommage, je t’aurais bien ressorti le message pour te montrer mais mon portable est mort en cours de route…

Preuve à l’appui, le jeune homme repêche le cellulaire au fond de la poche de son jean et appuie sur l’écran de verrouillage, lui montrant que l’écran ne s’allume pas comme il devrait le faire. Il en fait trop le brun, il surjoue, c’en serait presque grotesque, mais quelle autre réaction avoir lorsque son interlocutrice témoigne d’une telle audace ?

Le serveur revient alors même qu’Eden vient de le remercier implicitement de l’avoir débarrassé du trop lourd personnage ; le serveur, celui qui aura peut-être passivement aidé à faire déguerpir pour de bon l’homme en question. Il remercie le garçon pour les boissons, main qui se plonge de nouveau dans sa poche pour y dénicher son portefeuille, billets qu’il tend au jeune homme pour régler la tournée, s’acquitter de sa dette. Coup d’œil rapide vers Eden, regard qui se fait sévère lorsqu’il voit ses lèvres épouser la paille.

- Eh, attends-moi avant de commencer à boire !, qu’il s’exclame, taquin, un peu gamin aussi, sans doute.

Monnaie qu’il range sitôt rendue, attention qu’il s’autorise enfin à reporter sur la demoiselle une fois le serveur parti. Réceptacle alcoolisé qu’il lève alors en l’air, verre qui vient s’entrechoquer contre celui d’Eden. Sourire rieur qui se dessine sur ses lèvres, rire brut qui s’évaderait presque de ses lippes à l’entente de ce à quoi ils trinquent.

- Ah ben ça, pour être bizarre…

Paroles libérées sans plus d’explications, regard ancré dans le sien tandis qu’il porte la boisson à ses lèvres, se délectant du cocktail. Et hop, un peu plus d’alcool encore dans le sang ! Tu tiens le bon bout Landon, à ce rythme-là on te retrouve dans une heure en train de chanter à tue-tête, debout sur le bar. Et personne ne veut voir ça. Regard qui reste porté sur le visage de la jeune femme, alcool qui le déleste de la pudeur de ne pas la fixer intensément. Mais c’est normal de regarder la personne avec laquelle on boit un verre, alors ça passe crème. Jeune homme désarçonné par la vision de ce petit bout de langue qui se perd sur sa lèvre inférieure, action d’une fraction de seconde qui parvient pourtant à ramener avec elle une marée de souvenirs. Putain. Il détourne le regard, pour le coup, reprend une gorgée de son cocktail dans l’espoir que cela suffira à détourner l’attention de son cerveau. Heureusement, la demoiselle reprend bien vite la parole, offrant à ses pensées un nouveau point sur lequel se fixer, un point un poil moins risqué que les réminiscences de trois années passées avec son ex qui se trouve présentement face à lui, dans un état guère plus fameux que lui.

- Ouais, j’suis sorti en fin de soirée. Navré de t’apprendre que j’ai pas bougé de mon canapé juste pour tes beaux yeux.

Il lève les yeux au ciel, reprend sans plus se formaliser, parce qu’il est pas méchant Landon, il énonce simplement une vérité :

- J’suis allé traîner un peu à Tybee Island pour voir ce qu’il y avait à faire… Y avait de l’électro sur la plage, c’était sympa, c’est là que j’ai passé la soirée. Ah ben tiens, faut que je te raconte, j’étais tranquillement en train d’écouter de la musique, devant la scène, quand j’ai entendu un cri. J’suis allé voir du coup, parce qu’on sait jamais ce que peut cacher un cri, et j’ai trouvé un fille qui s’était faite écraser par une enceinte ! Un truc énorme je te raconte même pas, c’était pas beau à voir. Elle était encore consciente hein, mais c’est hyper lourd ces machins-là, alors j’ai préféré pas y toucher pour pas aggraver la situation. J’ai appelé les secours du coup, mais j’sais pas ce qu’ils foutaient eux, ils ont mis un temps fou à venir, alors j’ai dû lui faire la conversation pour éviter qu’elle s’évanouisse… Mais bon ça va, elle était sympa. ‘Fin, aussi sympa qu’on peut l’être en étant coincée sous une enceinte.

Il se perd dans ses explications Landon, prend le temps de lui raconter ses histoires, ses folles aventures, comme au bon vieux temps. Comme lorsqu’ils se retrouvaient après les cours et qu’il lui racontait comment Karen McCarthy avait dû partir à l’infirmerie après s’être enfoncé sa gomme dans le nez, comme lorsqu’il sortait faire les quatre cent coups avec son petit frère et qu’il lui décrivait les coins secrets qu’ils avaient découverts dans la ville, lui promettant de lui montrer tout ça dès que possible. Il comprend que ce sera toujours comme ça entre eux, désormais. Que quelle que soit la direction dans laquelle évolue leur relation, en bien ou en mal, la moindre petite action, le moindre mot prononcé aura ces relents doux-amers du passé.

- Faut croire que je passe ma soirée à sauver les demoiselles en détresse, écoute. D’abord elle, puis toi, avec ce cher Patrick… Et toi du coup, t’as fait quoi ce soir ?

Il ne sait pas trop à quoi s’attendre, avec elle. Si elle a été accompagnée à un moment ou l’autre, où elle s’est rendue, si elle a rencontré du beau monde… Mais une chose est sûre, elle a dû boire. Beaucoup. Combien ? Où, quand, comment, avec qui ? Pourquoi ? Il aimerait le savoir, obtenir la réponse à ses questions de sa propre bouche, mais il ne sait pas si elle lui en donnera la chance. La mérite-t-il seulement ? Probablement que oui. Il n’a rien fait de mal, après tout.

Il pose un coude sur la table, cale sa tête sur son poing et, de sa main libre, pose ses doigts au pied du verre, jouant distraitement avec l’eau qui dégouline de la buée des parois. Regard qu’il reporte sur elle sans cesser sa passionnante petite activité, sourire narquois qui se peint sur ses lèvres.

- Alors dis-moi, tu l’as trouvé où ton pote Patrick ? Super choix avec qui passer ta soirée, faudra que tu me donnes tes techniques pour dégoter des personnes pareilles !

Ouais, bon, ils devaient plus parler de lui. Certes. Mais c’est sorti tout seul, à croire que son cerveau tourne un peu au ralenti, ce soir. Chaque fois qu’il boit un peu trop, en fait. Mais ça ne fait rien ; qui va dire bip, après tout ? Puis bon, Eden elle est carrément plus sympa avec lui quand elle est bourrée, et ça c’est cool. Rictus qui ne quitte plus ses lèvres, même lorsqu’il reprend une gorgée de sa boisson il sourit toujours, ça plisse ses yeux légèrement en amande d’une manière bien particulière. Coupe qui reprend sa place sur la table dans un bruit qui passe inaperçu dans le brouhaha ambiant, regard azur qui vient s’ancrer dans celui d’Eden.

- Alors dis-moi, j’vais devoir repasser un pari avec toi pour avoir la chance de te revoir, ou comment ça se passe ?

Il est joueur Landon ce soir, il a la langue un peu trop bien pendu, ne réfléchit pas même un instant avant d’ouvrir la bouche, et il sait pas trop où ça va le mener, tout ça. S’il est habitué à être bourré, il a oublié ce que cela faisait de l’être avec elle.
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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyLun 17 Juil - 3:15

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Eden & Landon

Touché, Coulé. A peine a-t-elle ouvert la bouche que la réplique du beau brun lui en bouche un coin. Il n’a pas tort Landon. Si elle ne veut pas de remarque sur le sujet pourquoi ô diable la poupée lance-t-elle la conversation elle-même sur ce pauvre Patrick ? Elle n’en sait que trop rien. Ou bien… Si. Elle sait, mais c’est compliqué. C’est compliqué de se retrouver face à son ex. Un ex qu’on a soi-même invité, de se retrouver seul face à lui et devoir lui faire la conversation. Comme si de rien était. Elle a un peu honte Eden, elle a beau avoir bu pas mal d’alcool elle en reste pas moins gênée. Pas moins intimidé d’être face à son passé. Puis ça l’est encore plus lorsque celui-ci lui fait comprendre dès qu’elle ouvre la bouche que son intervention ne servait donc à rien si il ne peut même pas débattre dessus. Elle se mordille la lèvre Eden, sous ses yeux. Elle hausse les épaules sensiblement, lève les mains vers le ciel. Ne sachant que dire de plus, comment relancer la machine. Ça va vite dans sa tête, elle cherche un sujet et ça doit se sentir qu’elle est déstabilisée, qu’elle fouille dans son petit cortex de quoi parler. Il la coupe Landon, il met les deux mains en l’air comme si il anticipait les futurs attaques, les futurs balles qu’elle pourrait lui envoyer. Il lui demande de se relaxer, le sourire aux lèvres, l’air taquin et docilement c’est ce qu’elle fait. Se laissant avoir par ce doux regard, par sa voix insouciante. Arrêtant un instant de chercher de quoi converser, le dos contre appuyé nonchalamment contre le bois de la chaise enfin, elle se décontracte.

Elle le regarde en jouer des tonnes. Sacré Landon. Elle le toise prendre cet air faussement outré, glisser sa main jusqu’à son propre cœur en simulant être peiné. Elle roule des yeux et se mordille l’intérieur de la joue pour ne pas laisser échapper un éclat. O non, le clown James n’arrivera pas à lui arracher un rire si rapidement. Elle ne s’y autorise pas. Elle est comme ça Eden, elle joue les fortes têtes, elle essaie de se donner un style, un peu dure alors qu’elle ne l’est pas forcément. Elle est juste différente Eden, elle rit différemment, elle a toujours ce contrôle d’elle-même. Elle parait froide et distante alors qu’elle peut faire part d’une grande douceur à qui arrive à la comprendre. Elle est comme les chevaux sauvages, il faut un temps pour l’apprivoiser, l’attraper et l’apprécier. Mais ce n’est pas impossible, la preuve. Il avait réussi, fut un temps. Il avait passé la forteresse Landon, gravit les remparts jusqu’à son étrange personnalité. Il l’avait aimé fut un temps. Un temps qui lui parait bien loin, un temps qui l’attaque toujours avec autant de force qu’un coup de poing.

A son tour d’entrée dans la pièce de théâtre Landonienne, c’est le signal qu’il lui lance en insinuant qu’elle l’avait carrément supplié de venir ici. À son tour d’enfiler son plus beau panel d’expression facial et corporelle. Elle prend un air d’abord offusqué, puis elle fronce les sourcils et cligne des yeux plusieurs fois d’affilée. Elle pose son propre index contre sa poitrine et ouvre la bouche d’un air ahurie. « Quoi ?! Je t’ai supplié de venir ici ? Non désolé Landon tu dois faire erreur … De toute façon t’as pas mon numéro donc pas de preuve je suppose … Mais c’est un bel hasard que tu sois là. Qu’importe qui t’as envoyé ce message ça me va. » Elle sourit un peu trop Eden, un peu trop pour que ça paraisse pure et sincère. Elle a un truc derrière la tête la belle, elle pose discrètement à plat sa main sur son propre cellulaire posé du côté de l’adversaire. Elle en cache l’écran, elle essaie de le dérober de la main bien plus grande de Landon. Elle espère qu’il n’y verra que du feu. Qu’il n’aura pas remarqué cet iPhone posé sur la table depuis un bout de temps. Elle papillonne du regard Eden, fait son sourire ultra bright pour mieux détourner l’attention la diablesse. Elle lui enlève l’unique preuve qui pourrait se retourner contre elle. Preuve formelle que le message vient bel et bien d’elle et pas d’une autre personne. Elle fait glisser le long de la table le téléphone et le range gentiment dans son sac une fois que celui-ci arrive au bord de son coté de table. Finalement, il l’a bien vue son manège, il remarque qu’il vient de rater l’unique occasion de prouver sa mauvaise foi. Mais elle a de chance Eden, un peu trop. Le serveur arrive pour couper court à cette petite conversation.

Elle se fait gronder Eden, à peine a-t-elle posé ses lèvres sur la paille qu’il tourne vivement la tête vers elle et lui ordonne de l’attendre. En rigolant bien évidemment mais une fois de plus, elle l’écoute la blonde. Elle se montre à l’écoute et raisonnable. Elle relève la tête et fait tourner sa paille dans son cocktail sucrée à base de rhum d’un air faussement boudeur. « Aussi bizarre qu’un homme qui commande une Pina Colada ouais… » Elle le taquine Eden. Elle n’a pas de jugement réel sur la boisson qu’à prit le garçon en face d’elle. Elle n’a juste pas l’habitude de voir un homme commander ce genre de cocktail. D’habitudes, ils qualifient tous la pina colada, le mojito fraise et le cosmo comme de réelles boissons faites pour les femmes. Il parait que les hommes ; les vrais. Eux, ils boivent de la bière par caissons, ils descendent les whiskys et les vodkas. Ils ont toujours l’odeur forte de ces alcools ancrée à leurs vêtements ainsi qu’à leurs lèvres. Ils parlent de leur haleine ultra odorante et lui font plisser le nez à Eden. Puis il y a les mecs comme Landon, la catégorie peut être un peu plus intelligente de la race masculine. Ceux qui n’ont pas besoin de mettre des étiquettes sur des mélanges de liquide pour se sentir plus viril qu’un autre.

Elle le regarde alors descendre une deuxième gorgée de sa boisson. Elle s’attarde sur ses doigts crispés sur le verre, sa façon de détourner le regard loin d’elle. Est-il content d’être là ou bien l’a-t-il fait par dépit ? Faute de meilleur plan dans son répertoire ce soir il se retrouve là, assis face à celle qu’il ne supporte peut-être guère. Elle détourne le regard la belle. Quand elle s’imagine de pareil constat, elle préfère regarder le fond de son verre, se concentrer sur les glaçons qui s’entasse dans le verre plutôt que de le descendre cul sec ou s’aventurer mentalement dans les tréfonds de sa pensée bazardée. Elle ne goute pas une seconde fois au poison la blonde, pas encore. Elle préfère faire durer le plaisir Eden. Faire monter doucement, petit à petit le volume de l’alcool dans son sang. Elle aime se voir sombrer. Elle aime se voir passer de son air renfrogné, la sobriété à son total inverse : l’excentricité, l’ivresse et le toupet. Car elle parle la poupée quand elle se met à boire, elle parle un peu trop. La langue se dénoue et les mots glisse comme de l’eau douce. Elle pourrait trop en dire Eden à son ex, elle le pourrait. Mais elle n’y pense pas. Elle se dit qu’elle est bien plus forte que ça.

« Au moins t’avoue que j’ai des beaux yeux … » Ils roulent des yeux en chœur les deux anciens amants. Surement pas pour les mêmes raisons mais ils le font et elle sourit en coin en le voyant faire Eden. Elle sait ô combien c’est agaçant de voir les gens rouler des yeux, de le faire vivre aux autres mais elle ne peut s’en empêcher la belle. Petit tic que Landon lui reprochait d’avoir trop souvent fut un temps, tic qu’il reproduit à l’identique pourtant actuellement. Même si il l’engueulait quand elle le faisait par le passé, lui-même en était devenu un fervent adepte. Un inconditionnel du roulement oculaire professionnel. Mais c’était avant ça, elle n’avait plus retrouvé ce tic chez lui en le revoyant sept ans plus tard. Il l’avait perdu, comme surement un nombre incalculable d’habitude qu’elle devait lui connaitre par le passé. Elle se doute bien Eden que les choses changent, même les trucs les plus ridicules comme le fait de cligner de l’œil pour un rien lorsqu’il la regardait ; secouer ses cheveux pour les replacer correctement à cause de leur longueur … Des trucs anondins, des choses qu’il faisait lui gamin et qu’il ne faisait certainement plus présentement. Pourtant, ce soir il le reproduisait ce roulement des yeux, la faisant rire au passage. « Tu reprends des mauvaises habitudes Landon… C’est pas bon…. » Elle aurait pu se taire la belle, elle aurait pu s’abstenir de faire un commentaire sur le sujet mais elle ne peut pas, elle n’y arrive pas. Elle le voit être naturel, elle le voit prendre ses aises et elle est obligée de lui faire remarquer que ce qu’il fait a un infime rapport avec elle. Elle veut qu’il se rappel de certaines ses mimiques.

A son grand désespoir -ironie-, elle apprend donc qu’elle n’est pas l’unique raison de sa sortie nocturne au beau brun. How surprising, S’attendait-elle au contraire ? Non. Elle s’imaginait bien qu’en ce jour de fête, avec toute cette musique à chaque coin de rue et le vacarme des gens jusqu’à pas d’heure depuis le début de la semaine elle ne serait pas la seule à en profiter minimum une fois pour boire et s’amuser comme tout le monde. C’est tentant cette ambiance, sous cette chaleur personne n’a envie de rester enfermé. Elle la première. Elle le voyait bien en profiter lui aussi. Elle se doutait bien qu’il serait déjà sorti, en groupe ou même seul jouissant de cette ambiance légère. Elle l’écoute la belle. Elle l’entend raconter sa soirée. Dire qu’il était à Tybee Island alors qu’elle aussi y était aussi. Ils auraient pu se croiser là-bas à tout hasard. Elle l’imagine alors s’amuser sur la plage, sur sa plage. Proche de sa maison. Elle se revoit marché sur la plage elle aussi plus tôt dans la soirée, elle s’imagine le croiser puis s’amuser avec lui. Mais non, image erronée c’était pas ça la réalité. Elle le perçoit dans son cortex rire et s’ambiançait sur la musique diffusée puis elle l’imagine aider cette demoiselle dont il parle, coincé sous une enceinte en plein festival. Elle grimace en imaginant la douleur que celle-ci avait pu ressentir, elle s’imagine elle-même coincé là-dessous et elle sait quelle en aurait certainement eu des côtes fracturées tant elle est fine. Mais elle avait eu d’la chance la fille, au moins c’était Hercule qui était venu l’aider. Elle avait de la chance, ça aurait pu être pire.

Doucement, elle fait tourner la paille dans son verre en l’écoutant parler Eden, hochant la tête silencieusement pour lui montrer qu’elle l’écoute. Elle fixe ses lèvres se mouvoir. Elle sourit tant il s’empresse de détailler au maximum la scène qu’il avait vécu ce soir. Elle rit à la fin de son récit. Elle rit car il est toujours autant expressif quand il s’y met réellement. Elle rit car il agit comme avant. Elle sourit sans se cacher car c’est plaisant d’arrêter la guerre un instant. « Ça n’arrive qu’à toi ce genre de truc Landon … Tu attires les évènements étranges ! » Elle s’en rappel encore des sms tardifs où il lui disait qu’il devait absolument la voir pour lui raconter sa dernière aventure ; elle se souvient parfaitement des dix minutes de pause qu’ils avaient à dix heures au lycée ou il s’empressait de la rejoindre à son casier pour lui conter la dernière connerie qu’il avait pu dire ou faire. « Si t’étais pas venue j’aurai simplement prit mon sac et je serai partie, donc… Je ne suis pas une demoiselle en détresse. » Point d’honneur qu’elle souhaite rétablir. O grand jamais elle n’aurait subi aussi longtemps la présence d’un homme si elle avait été seule. Elle n’était pas folle à ce point Eden, elle avait un brin de lucidité la belle. Même lorsqu’elle avait la cervelle à l’envers.

« Bah écoute … Moi aussi j’étais à Tybee Island à la base. J’étais sur la plage, en suite je suis allé boire un verre en face la scène et petit à petit je me suis retrouvé à avancer dans la ville, j’ai quasi fait tous les quartiers. » Il était vrai, elle avait pu voir la scène de rock, celle de jazz et celle d’électro en une unique soirée tant elle avait avancée Eden. Elle oublie de dire qu’elle avait bu beaucoup pendant sa marche, commandant un verre à chaque kioske qu’elle trouvait une fois que le verre précédent était terminé. « J’ai un peu fait la tournée des bars … Au point de tomber sur une nana super sympa qui m’a payée des verres puis embrassée … Ouais, ouais. T’as bien entendu. Elle m’a vraiment embrassée. On a continué à discuter un petit moment et après je suis partie jusqu’ici ! » Elle évite soigneusement de parler des hommes qui l’avaient sifflé tout le long du chemin, ceux qui l’avait arrêté plus d’une fois pour l’inviter à boire un ultime verre, passer à la maison pour discuter. De toute façon, ça ne le regarde pas Landon tout ça. Il n’en a que faire maintenant de savoir qui a tourné autour de son ex-copine du lycée. Ca fait bien longtemps qu’il a arrêté de s’inquiéter pour elle et le sort qu’il lui était réservé à ce petit corps faible, blafard et maigre.

Elle soupire la belle, elle vient discrètement pincer l’arête de son nez en entendant la question de Landon, en voyant son sourire narquois sur les lèvres pendant qu’il s’amuse avec la buée de son propre verre. Elle le regarde un instant en penchant la tête, l’air de lui demander si il venait sérieusement de lui poser cette terrible question. Elle a une tête à trainée avec ce genre d’individu Eden ? Elle est tombée si bas dans sa vie pour qu’on puisse la prêter à ce genre d’amitié ? Elle en serait presque vexée si elle ne connaissait pas bien l’homme à qui elle fait face. Si elle ne savait pas qu’il l’embête, qu’il joue au con juste pour la faire un peu plus réagir encore. Elle le regarde un instant silencieusement, hésitant entre répondre à sa question débile ou bien lui enlever son verre d’entre les mains. Il l’agace à caresser les gouttes d’eau qui glissent le long des parois transparentes de son verre à pied. Il l’agace à aller boire une gorgée de son verre en la fixant de la sorte. Elle veut lui en boucher un coin Eden. Elle veut lui dégommer ce sourire débile des lèvres la diablesse. « En fait, Patrick c’est un mec que j’ai dragué à la fac de Savannah en 2012, et je crois qu’il m’a toujours pas oublié, mais je le comprends. Qui pourrait m’oublier ? Je suis l’amour de la vie à beaucoup d’homme. » Lèvres qui se portent jusqu’à sa paille. Gorgée de rhum blanc mélangé à la menthe et le citron pilé. Elle se moque Eden, elle se moque de la question bête qu’il vient de poser et d’elle-même. Elle ne se prend pas au sérieux la blonde. Elle sait qu’elle n’est l’amour de personne et encore moins celui d’un homme. Elle sait qu’elle a renoncé à ce genre de titre du moment que Landon a choisi le clan des Vétérans. Tout autant qu’elle n’a jamais mis un pied à la faculté de Savannah Eden. Menteuse. Vile fille qui ose s’inventer une vie qu’elle n’a pas eu il y a des années. Elle voit la tête étonnée de Landon, elle le voit son doigt qui s’arrête de bouger sur le pied de son verre et ses yeux écarquillé. Elle en profite pour succuler sa boisson alcoolisée. Une seconde de silence, puis deux, puis trois et elle éclate de rire une fois que la boisson a bel et bien fait sa descente dans sa trachée. « Je suis pas allé à la fac en fait, pas le temps ni l’envie. Outrée que tu puisses croire que je sois passé du côté de l’ennemie. Du coté des études. Alors que j’ai bien dit le jour de l’intervention au lycée que j’avais pas continué … » Il n’avait donc rien écouté Landon ? Il avait juste passé son temps à parler et lorsque c’était à son tour il n’avait rien retenue ? Coup de couteau qu’elle se reçoit en plein cœur la diablesse. Douce amertume qui vient s’ajouter au cocktail d’émotion qui la submerge depuis qu’il est arrivé dans ce fichu bar. Elle cache sa mine déconfite, son air boudeur. Elle se cache en baissant les yeux, en louchant presque sur sa paille qu’elle laisse de nouveau glisser entre ses lippes.

Elle se console comme elle peut Eden, elle regarde ailleurs en sirotant sa boisson tout doucement. Une minuscule gorgée par une minuscule gorgée. Elle entend le verre de son ex se reposer doucement sur la table et elle se risque à tourner ses prunelles bleu turquin vers lui lorsqu’il daigne bien vouloir parler. Elle l’écoute la gamine, elle a le cœur qui bond la petite incertaine d’avoir bien compris. Pourquoi dit-il ça comme ça ? Comme si il voulait relancer la machine, la … revoir ? Elle fronce les sourcils, plisse les yeux vers lui. « Ça dépend si tu cherches à être sûr de me revoir en fait … » Conversation qui l’intéresse subitement, elle oublie bien vite qu’une minute avant elle faisait presque la tête. La chance à l’alcool, elle change d’humeur comme de chaussette la pauvre fille. Elle s’appuie un peu plus sur la table, sa poitrine venant se coller contre le bord et elle regarde son ex d’un air intrigué. « On peut continuer comme ça, à coup de pari si tu t’engages à chaque fois à les perdre. » Elle adopte la même attitude que lui Eden, la même position. Le bras sur la table retenant sa tête, elle hausse les épaules en souriant. Lui laissant le choix d’être gagnant ou perdant. « C’est bizarre comme question en tout cas… » Elle laisse sous-entendre quelque chose la diablesse. Comme si la fin de sa phrase était suspendue à ses lèvres. Elle le regarde, elle le voit qu’elle le tient à bout portant. « Pas le genre de requête que fait un homme fiancé … Ça pourrait presque être confus M’sieur le Vétéran… » Et voilà, s’est lancée. Il aura fallu exactement six verres et demi, cinq rencontres avec son ex petit ami pour qu’elle lui pose la question qui trame dans son esprit corrompu depuis des semaines et des semaines. Question qui fait battre le palpitant ; qui lui rends les mains toute moites en imaginant la réponse. Elle prêche le faux pour savoir le vrai la maligne. Elle invente une histoire de garçon fiancée, à une fille imaginaire pour lui sortir les vers du nez, saisir si il est encore célibataire à vingt-sept ans ou non son ex.

Aussi triste que ça puisse l’être, elle veut apprendre qu’il est célibataire. C’est la réponse qu’elle souhaite entendre Eden. Que lui aussi à son grand âge il n’a pas réussi encore à faire sa vie, trouver quelqu’un de convenable qui entrerait dans les normes de la famille James. Elle n’a pas envie d’entendre ses doutes devenir réalité. Savoir qu’il est prêt à fonder une famille, prêt à acheter la grande maison avec le petit jardin exprès pour construire une cabane en bois. Elle, elle veut entendre que lui aussi souffre comme un chien d’une relation passée qui a mal tournée. Qu’il n’arrive plus à se livrer, se donner comme il avait pu le faire par le passé. C’est ce qu’elle souhaite Eden en lui demandant. Elle voudrait le savoir aussi souffrant, traumatisé qu’elle. « Mon mari ne serait pas content non plus de savoir que mon ex veut peut-être me revoir au détour d’un pari perdu … » Opalescences qui se croisent dans la folie de cette phrase lancée trop rapidement, phrase pourtant dénuée de sens en connaissant les relations que très peu existante entre Eden et les hommes. Relation qui commence à l’ouverture de la braguette et se referme une foi l’affaire faite. « Mari imaginaire j’entends par là bien évidemment… » Elle est pompette Eden, elle a liquidé bien plus que la moitié de son verre. Elle dit n’importe quoi la belle, tout et son inverse.

Bribes de paroles, de son harmonieux qui lui viennent à l’oreille, chanson qu’elle connait par cœur Eden ; la coupant complètement dans sa presque concentration sur la conversation précédente. Le raz-de-marée qu’elle avait délibérément lancé. Elle se met doucement, innocemment à bouger la tête sans comprendre pourquoi la vilaine, elle se laisse bercer. Elle bouge lentement la nuque, laissant glisser ses cheveux de gauche à droite. Elle fermerait presque les yeux pour se laisser divaguer complètement, mais son corps demande plus. Bien plus que bouger la tête. « Oh merde j’adore cette chanson j’peux pas résister ! » Elle fait grincer sa chaise la blonde. Elle se lève, manquant de tomber tant la pièce se met à tourner autour d'elle et attrape son verre à la volée en partant doucement à reculons vers le milieu du bar. Là où certains se sont réuni comme elle pour danser sur cette chanson de Bruno Mars, ce Uptown Funk qui donne toujours autant envie de se trémousser depuis déjà trois longues années.

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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyLun 17 Juil - 18:23

Waiting here to find the sign that I can understand

Eden & Landon

Serveur qui vient leur apporter leur commande, serveur qui l’embête un peu, Landon. Il ne fait pourtant que son travail le pauvre garçon, sans se douter qu’il perturbe leur tête-à-tête, qu’il coupe court à leur conversation. Pile au moment où le brun s’apprêtait à faire remarquer à Eden que signer son message d’un « E » laissait pourtant peu de place au doute quant à son identité, que sa référence à un pari perdu ne faisait que braquer un peu plus encore le projecteur sur sa jolie petite tête blonde. Il n’est pas dupe, le jeune homme, et il a bien remarqué son petit manège, la manière dont elle a fait disparaître son cellulaire de manière bien peu discrète. Il ne sait pas qui elle espérait tromper en agissant de la sorte, mais s’il est une chose qu’il sait encore moins, c’est ce qui se serait passé si le serveur n’avait pas refait son apparition au moment même où le téléphone tombait au fond de son sac. Il le sait, lui, que si son portable n’a plus de batterie, celui de la jeune femme constitue l’unique preuve restante qu’elle lui a bel et bien demandé de venir. L’unique moyen pour lui d’avoir le dernier mot à ce débat dont ils connaissent tous deux l’issue véritable. Alors, si le petit serveur ne s’était pas pointé, peut-être aurait-il tout fait pour mettre la main sur la preuve en question. Peut-être se serait-il levé de sa chaise pour contourner la table, s’approcher d’Eden pour lui subtiliser le précieux appareil. Les connaissant, ces deux mômes coincés dans des enveloppes trop matures pour eux, tout ceci se serait probablement achevé d’une manière des plus grotesques, l’alcool n’aidant pas, les deux adultes se retrouvant à se chamailler comme des marmots dans le bac à sable, riant aux éclats de l’ivresse, retrouvant une complicité jamais réellement envolée. Peut-être. Ou peut-être pas. Nul ne le saura jamais, puisqu’il avait fallu que cet imbécile de serveur vienne les interrompre.

Le bord du verre posé contre ses lèvres, il arque un sourcil en relevant le regard vers Eden. Remarque qui le surprend, ton taquin qu’il perçoit bel et bien, mais tout de même. Quel mal y avait-il donc dans le fait de commander un cocktail lorsque l’on était un homme ? Pourquoi seules les femmes auraient-elles le privilège de goûter au subtil mariage de divers fruits et alcools ? Cela lui avait toujours échappé, et pire que tout, lui semblait injuste. Et s’il était bien une chose qu’il n’avait jamais supportée, c’était l’absence de justice. Alors il repose calmement son verre Landon, sans plus se formaliser de sa petite remarque, et lui répond avec ce petit sourire en coin qui se fait sien lorsqu’il en a un peu trop dans le nez et qu’il se trouve en charmante compagnie :

- Depuis quand certaines boissons sont-elles réservées aux femmes, et d’autres aux hommes ? Y a un décret à ce sujet, une loi, quelque chose à côté duquel je serais passé ? Parce que tu me sembles mieux renseignée que moi, Eden.

Et puis il reprend une gorgée de sa boisson pour femmes, parce que ça ne l’atteint pas ce genre de remarque, et que de toute façon la demoiselle semble être d’humeur aussi peu sérieuse que lui, ce soir. Il en a pris l’habitude Landon, de ce genre de commentaires glissés comme ça, dans le fil de la conversation, par des personnes moins bien intentionnées qu’Eden. Par des compagnons du bar, des hommes, surtout, avec lesquels il discute le temps de boire un verre ou deux. Il s’y est fait, ne s’en offusque plus, ne prend même pas la peine de les relever, d’y répondre. Parce qu’il a clairement la flemme d’expliquer à ce genre d’individus que l’on ne définit pas le genre d’une personne par rapport à ses goûts, qu’il a la flemme de tenter de faire rentrer ce genre d’idées dans le crâne de gens assez bornés pour être restés coincés au dix-neuvième siècle, à un temps où les filles étaient réduites au rose et les garçons à l’azur.

À propos d’azur, voilà la voix d’Eden qui le tire de ses pensées pour souligner, encadrer et même surligner la remarque qu’il vient de s’autoriser sur ses yeux, qu’elle a beaux. Elle n’a pas changé Eden, et ça le fait sourire un peu, parce que déjà dix ans plus tôt, elle ne manquait jamais une occasion de relever le moindre compliment qu’on lui faisait. Le temps a beau avoir passé, elle demeure inchangée par certains côtés, et lui aussi, bien qu’il n’en soit pas conscient. Il se croit différent le beau brun, il se croit mûri, grandi de ses années passées loin d’elle, il se croit plus froid et plus fort, plus insensible et plus alerte. Mais il n’en est rien. Si sur le papier il est un autre homme, dans le fond, le Landon James du lycée prend encore de la place, bien trop de place ; car de la même manière qu’il n’a jamais réussi à tirer un trait sur Eden, il n’est jamais parvenu à effacer de sa personne celui qu’il était avant, et qu’il s’est mis à haïr car étant trop étroitement associé à la petite blonde. Il lève les yeux au ciel, rétorque le plus sérieusement du monde, honnête, trop honnête, la faute à ce foutu alcool qui tire les ficelles du pantin James :

- Ce serait un crime de ne pas te le dire… Et surtout un mensonge éhonté de le nier.

Parce que c’est la vérité, et que lorsqu’il est saoul, il a la fâcheuse tendance de trouver un peu trop important le fait de dire les vérités qui font plaisir à entendre. Puis la vérité c’est que ces yeux, ce sont les plus beaux qu’il lui ait été donnés de voir en vingt-sept ans d’existence. Il en a pourtant croisé, des regards ; paires d’iris bruns, verts, bleus, vairons parfois. Mais jamais les mêmes. Jamais d’aussi beaux, d’une pareille nuance claire, si claire, inimitable parmi sept milliards d’êtres humains. Mais il ne va pas pousser le vice jusqu’à lui avouer cela, peu importe combien il a de grammes d’alcool dans le sang, combien cette paire d’yeux lui a manqué depuis sept ans, peu importe combien il est heureux d’enfin la revoir. Il est des choses qu’on ne dit pas, pas à son ex qui nous a plaqué il y a quelques années, et il lui reste tout juste assez de bon sens pour que son cerveau embrumé perçoive ce message à travers les méandres de l’alcool.

Et son rire cristallin qui perce le brouhaha ambiant du bar, qui lui parvient, qui l’atteint en plein cœur, parce qu’il est plus fragile qu’il veut bien le laisser croire Landon, et qu’un tel son suffit à l’ébranler lorsqu’il ne l’a pas entendu une seule fois en sept ans alors que c’était la mélodie qu’il aimait le mieux sur cette sombre Terre, lorsqu’il l’a entendu deux ou trois fois à peine au cours des dernières semaines et qu’il n’a pas encore eu le temps de s’y faire, de se réhabituer à pareille musique au creux de ses tympans. Et les mots qui viennent s’en mêler, qui viennent l’achever un peu plus, lui dont l’alcool fait fondre comme neige au soleil la glace entourant son cœur meurtri. Parce qu’elle a pas tort la gamine, lorsqu’il est avec elle, il reprend instantanément des habitudes d’un temps ancien, il reproduit des gestes qu’il n’a plus effectué qu’une dizaine de fois au cours des dernières années. C’est tout juste s’il ne se surprendrait pas à secouer la tête pour replacer une mèche depuis longtemps révolue, et ça le fait chier tout ça, parce qu’il n’y a bien qu’elle pour faire revenir au galop le Landon de dix-sept ans, ce gamin en pleine transition, la part en lui qui a été la plus marquée par Eden, qui a adoptée certaines de ses manies comme elle s’appropriait les siennes. Il soupire Landon, force un sourire, glisse une main dans ses cheveux, comme pour s’assurer qu’il est toujours ce type de vingt-sept ans, qu’une mèche lisse ne lui est pas repoussée en travers du front comme par enchantement.

- Eh bien… Chassez le naturel, il revient au galop, n’est-ce pas ?

Et puis vient l’instant Père Castor de la soirée, le moment où il se met à lui raconter dans les moindres détails sa dernière folle aventure en date – qui ne remonte pas plus tard que le soir même. Elle est habituée à cela Eden, tout du moins l’était-elle, dans le temps, gamine coutumière des récits quasi quotidiens de son petit ami, qui parvenait toujours à se fourrer dans des affaires pas possibles. Mais il est aventurier le jeune homme, il l’a toujours été, déjà à l’époque, encore aujourd’hui, et il part du principe qu’on n’a qu’une vie, et que quoi qu’il advienne, cela constituerait toujours une chouette histoire à raconter à ses potes, à ses enfants, à n’importe qui, pourquoi pas des inconnus, tant qu’à faire.

Charmant tableau qui s’offre à ses yeux, doux ange tout droit tombé du ciel dont la personnalité de démon s’efface pour quelques instants, le temps d’un sourire et de quelques éclats de rire. Cela lui fait tout drôle à Landon, il a l’impression de peu à peu retrouver la Eden qu’il connaissait, celle qu’il a croisée par hasard dans les couloirs du lycée, celle dont il s’est épris, qu’il a appris à aimer malgré ses tares. Il s’en verrait presque perturbé le beau brun, car jamais il n’aurait cru avoir la chance, ne serait-ce que pour quelques minutes, de retrouver cette Eden-là, de regoûter à la saveur douce et non plus amère d’une ambiance, d’une complicité recréée. Et il se voit espérer, comme un con un peu trop naïf qu’il est, dans le fond, bien qu’il ait toujours tenté de lutter contre, il se voit espérer, se dire qu’il subsiste peut-être une infime chance de retrouver ce qu’il a connu avec elle. Il oublie qu’ils sont tous deux bourrés, qu’avec des boissons guère plus alcoolisées que du jus de fruit dans l’estomac les choses seraient certainement différentes, probablement qu’ils auraient déjà trouvé prétexte à se déchirer pour un détail de merde. Il se déteste lorsqu’il est comme ça, lorsqu’il se surprend à espérer un peu trop à partir de rien du tout ; mais pour autant il ne peut lutter contre ce sentiment, contre ce petit quelque chose jamais vraiment mort qu’il sent se réveiller au fond de lui, profondément enfoui, si profondément qu’il avait presque oublié son existence.

- Bah… J’crois que je les provoque un peu, aussi… J’suis le premier à sauter à pieds joints dans une occasion de me foutre dans la merde, tu sais.

Léger éclat de rire qui franchit ses lippes, il n’a pas tort en disant cela, loin de là même. Combien de fois au cours des dernières années s’est-il précipité dans une situation empestant les emmerdes à plein nez plutôt que de tourner la tête, poursuivre sa route sans plus y accorder d’attention, s’en tenir soigneusement éloigné ? Il a perdu le compte. Faut dire que depuis le lycée, il les avait enchaînées ces situations, toujours dans cette stupide optique de se créer des souvenirs plaisants à raconter. Mais, heureusement pour lui, il semblerait qu’il soit depuis toujours placé sous le signe d’une bonne étoile, car il ne s’était jamais attiré d’ennuis importants. Seulement des broutilles, des bagatelles dont il ne valait même pas la peine de se rappeler.

Il fronce les sourcils en entendant sa précision, sa petite mise au clair ; il ne se doutait pas qu’elle accorderait tant d’importance à une expression qu’il avait simplement prononcée comme ça, sans prêter plus d’attention au choix des mots. Mais il s’en dépatouille comme il peut, fait le choix du sarcasme, avant d’adopter un ton confiant, un poil charmeur, pour la suite :

- Excusez-moi mademoiselle, j’ai dû vous confondre avec cette jeune femme qui s’est vue affublée d’un gros lourd à sa table… Nan, sérieusement, j’suis content d’apprendre que, à défaut de m’avoir demandé de venir, t’es au moins suffisamment heureuse de me voir pour avoir accepté de supporter ce bon vieux Pat’ juste pour passer du temps avec moi…

Il entre dans son jeu, prétend croire à ses bêtises comme quoi elle ne lui a jamais envoyé de message lui demandant de la rejoindre, lorsqu’ils savent tous les deux que la vérité est toute autre. Mais il met sa fierté de côté un instant en faisant semblant de la croire, parce qu’il est comme ça Landon, fier, trop fier et un peu con aussi, infoutu de mettre sa fierté de côté quand il le faut, sur des sujets qui en valent vraiment la peine.

Surprise que d’apprendre que la jeune femme se trouvait elle aussi à Tybee Island ce soir, surprise finalement pas si justifiée que cela ; au contraire, Savannah étant loin d’être immense, l’éventualité de se trouver au même endroit au même moment que l’une de ses connaissances n’avait rien de choquant. Il l’écoute avec attention, l’imagine faire le tour de cette plage où il a lui-même établi ses quartiers pour le temps de la soirée, y boire un verre, errer dans la ville, laissant ses petits pieds la mener au gré des rues. Elle l’avoue, elle a fait le tour des bars, mais elle passe sous silence le nombre d’arrêts qu’elle a fait, le nombre de verres, de nombre de grammes dans le sang. Mais il n’en a cure, de son silence ; elle aurait parlé, donné les chiffres, que cela serait revenu au même. Elle est complètement torchée, sans doute autant que lui, peut-être même plus encore, un peu plus à chaque instant, à chaque nouvelle gorgée d’alcool qui descend le long de son œsophage. Il le sait, il le voit bien, elle le lui a même confié quelques minutes plus tôt, sitôt leur nouvel ami disparu.

Haussement de sourcils lorsqu’elle lui révèle avoir embrassé une fille, plus tôt dans la soirée ; ben ça alors… Il aurait bien aimé voir cela. Il est impressionné Landon, un peu surpris aussi, mais nullement perturbé par l’information. Nullement jaloux, comme il l’aurait assurément été si elle lui avait révélé avoir embrassé un homme, à n’en point douter. C’est grotesque de conserver l’habitude de se voir devenir vert de jalousie dès lors qu’un autre homme l’approche d’un peu trop près, et il le sait. Mais c’est plus fort que lui, ses vieilles habitudes reviennent au galop en sa présence. Et savoir que c’est une fille ne lui fait rien, en revanche. Probablement car il sait qu’elle n’était pas de ce bord-là du temps où ils sortaient ensemble, et qu’elle ne l’est probablement toujours pas aujourd’hui – c’est du moins l’impression que lui véhiculent ses paroles, d’une manière ou d’une autre.

- Eh bien, Eden ! Tu vois qu’il t’en arrive des trucs, à toi aussi ! J’peux pas m’vanter d’avoir embrassé un autre type ce soir, pour ma part, qu’il commente, sourire espiègle au bord des lèvres.

Il change de sujet, revient sur Patrick, à ses risques et périls, et quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il entend sa réponse. Il est choqué Landon, choqué d’apprendre que, deux ans à peine après leur rupture, la voilà qui se rabattait déjà sur ce genre d’individus médiocres. Sérieusement ? Elle méritait tellement mieux que cela… Une jeune femme d’une telle beauté, intelligente et talentueuse comme elle méritait un homme à son image. Pas un espèce de pauvre type même pas foutu de draguer sans se ridiculiser lamentablement. Mais ce qui le surprend plus encore, c’est bien le fait qu’elle déclare avoir côtoyé les bancs de l’université. Elle qui clamait haut et fort ne jamais vouloir passer par la case fac, rester libre, préférant partir en vadrouille pour prendre des photos que de passer ses journées le cul soudé aux marches d’un amphithéâtre… Paroles qui le choquent plus encore que la fin de sa petite déclaration, car sur ce coup-là il sent bien qu’elle se fiche de lui, parce que c’est tout simplement pas son genre de se vanter ainsi, de se targuer de rester encrée dans l’esprit des hommes jusqu’à leur dernier soupir. Pourtant, il n’aurait aucun mal à y croire ; il a bien peur de s’être laissé ensorceler par la cruelle sorcière, comme tant d’autres après lui.

Surprise qui se peint sur ses traits, qui fait se figer son doigt à la base de son verre. On lit en lui comme en un livre ouvert, mais c’est bien le cadet de ses soucis. Et puis l’information parvient enfin à son cerveau ankylosé par l’alcool, la lumière se fait dans son esprit, et il saisit enfin qu’il y a un élément qui ne colle pas. Elle ne pouvait pas être à la fac de Savannah en 2012. Pas lorsqu’elle a raconté, une semaine plus tôt, à cette affreuse classe de lycéens, qu’elle avait déjà quitté la ville. Et qu’elle n’avait simplement jamais mis les pieds dans une fac. À moins qu’elle leur ait menti. Elle n’aurait tout de même pas osé, si ? Lèvres qui s’entrouvrent, il n’a même pas le temps de prononcer un mot qu’elle reprend déjà la parole, lève le doute sur ses interrogations, confirme ce qu’il croyait savoir, ce qu’il lui semblait bien avoir entendu la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il fait une moue en l’entendant lui reprocher de ne pas avoir écouté son intervention, rétorque, espiègle :

- T’as pas à être outrée pourtant, je l’ai écoutée ton intervention hein… Déjà qu’on s’est vu enfermés pendant deux heures avec des gamins insupportables, j’avais rien de mieux à faire que d’écouter c’que t’avais à dire. Pour ça que ça me semblait bizarre toute cette histoire de fac.

Il hausse les épaules, reprend un peu de sa boisson, se gardant bien de commenter sa petite remarque sur le fait qu’elle était impossible à oublier, etcetera. C’est risqué, trop risqué et, bourré, on a tôt fait de dévaler une pente glissante. Alors il change de sujet, lui demande s’il doit jouer à coup de paris pour la revoir, sans prêter grande attention à ce qu’il peut bien raconter ; l’important est de diriger la conversation ailleurs, n’importe où pourvu que cela lui évite de se livrer un peu trop sur certains sujets. Et puis il prend conscience des mots qu’il vient de prononcer, réalise que ses manœuvres sont finalement plutôt contre-productives, puisqu’elles l’amènent à lui confier qu’il veut la revoir. Merde. Il a peur maintenant, jeune homme tendu dans l’appréhension d’une réponse qui tarde à venir, qui se perd entre divers bouts de phrases ambigus, trop flous pour son cerveau avide d’exactitude. Puis la voilà qui revient avec son histoire de victoire et de défaite, de pari gagné ou perdu. Elle sait comment l’attirer dans ses filets la belle, comment le placer au cœur d’un dilemme cornélien, incapable de trancher entre s’efforcer de gagner mais la perdre, ou alors accepter la défaite pour mieux gagner le droit de la revoir. Mais d’abord, qui a fixé les règles de ce petit jeu ? Il réfléchit un peu, rétorque :

- Mais attends, pourquoi est-ce que je devrais perdre pour te revoir ? La mise du pari peut tout à fait être que si je gagne, on sorte quelque part ensemble, hein.

Parce qu’il est comme ça Landon, faut toujours qu’il conteste, qu’il trouve une manière tordue au possible de contourner les règles établies. Regard focalisé sur la jeune femme, regard qui se perd un instant dans son décolleté étalé sous ses yeux au vu de sa posture. Il s’empresse de remonter les yeux vers son visage, se demande même si elle ne le ferait pas exprès. Mais non. Probablement que non. Si c’est peut-être son genre de faire cela avec un autre type – après tout, il ne sait rien de la nouvelle Eden, se voyant bien incapable de déterminer quels sont ses us et coutumes aujourd’hui –, elle n’aurait pas la moindre raison d’agir de la sorte avec lui. Pas au vu de leur statut à tous les deux. Pas après qu’elle lui ait clairement fait comprendre qu’elle n’avait plus besoin de lui dans sa vie. Verre qui revient se nicher entre ses lèvres pour se redonner une contenance, il est comme ça le garçon, il trouve son salut dans l’alcool dès qu’une situation devient un peu trop compliquée à gérer pour lui, c’est bien malheureux. Phrase qu’elle laisse en suspens, il ancre son regard dans le sien, arque un sourcil en prenant une gorgée du cocktail. Couperet qui tombe finalement, grotesques suppositions qu’elle se risque à formuler à voix haute, qui le font s’étouffer avec sa boisson, le pauvre garçon. Lui, fiancé ? C’est bien la plus belle aberration, la plus grosse blague qui lui ait jamais été donnée d’entendre. Lui, ce type enlisé à perpétuité dans une histoire depuis trop longtemps terminée, lui qui ne s’est pas une seule fois engagé dans une relation durable, saine, équilibrée, propice à un quelconque avenir commun, pas une seule fois en sept ans. Lui qui ne sait qu’enchaîner les baises sans sentiments, le voilà fiancé ? Première nouvelle. Il tousse le jeune homme, s’arrache les poumons pour s’efforcer d’extraire tout le liquide qu’il a avalé de travers. Respiration qui finit par retrouver un débit normal, il se racle la gorge une dernière fois et reporte enfin son attention sur Eden.

- Ah parce que maintenant je suis fiancé ? Première nouvelle, tu sembles savoir des choses à mon sujet que j’ignore moi-même, Eden. Sérieux, j’ai pas une tête à être fiancé quand même, si ?

Éclat de rire qui lui échappe tant tout ceci lui semble irréaliste, sourire qui se dessine sur ses lèvres, sourire naturellement un peu trop charmant qui dévoile deux rangées dents blanches. Il passe une main dans ses cheveux, secoue la tête, atterré ; rire qui se perd, qui s’interrompt comme par enchantement à la mention de son… mari ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire, encore ? Il voit flou Landon, et pour la centième fois depuis le retour de la jeune femme à Savannah, il laisse ses yeux glisser vers sa main gauche, pour s’assurer que nul anneau, pas même une bague de fiançailles n’orne son annulaire, qu’aucune promesse n’a été passée à son doigt depuis la dernière fois. Mais non, son doigt pâle et fin est tout aussi bien dénué de tout bijou qu’il l’était sept ans plus tôt. Alors quoi ? Il a beau ne pas voir le moindre signe d’engagement à sa main, il est troublé Landon, presque paniqué. Paniqué de voir qu’elle a avancé dans la vie lorsqu’il est toujours embourbé dans ses souvenirs, paniqué d’apprendre qu’un autre a épousé celle qu’il voulait faire sienne, fut un temps. Et puis elle balaye ses inquiétudes, trois mots à peine qui suffisent à dissiper ses doutes. Son mari imaginaire. Elle lui a fait peur, la diablesse, faut pas lui faire des frayeurs comme ça au jeune homme.

- Ça m’étonnait d’apprendre qu’un homme était parvenu à dompter la grande Eden Howard…, qu’il répond avec un rire dans la voix, pour mieux dissimuler le trouble, pour ne pas dire l’angoisse qui était la sienne à l’instant.

Il a à peine fini de parler qu’il reconnaît les premiers accords d’une musique qu’il n’a que trop entendu à son retour à Savannah. Ah ben tiens, Uptown Funk, ça commençait à faire un moment qu’il ne l’avait pas entendue résonner, celle-là. Et, comme si les pensées d’Eden venaient rejoindre les siennes, la voilà qui se met à danser sur sa chaise, remuer sa petite tête blonde au rythme de la musique. Il la regarde faire avec un petit sourire au coin des lèvres, amusé de la voir se lâcher ainsi sur les notes, puis la voilà qui s’exclame ne pas pouvoir résister, la voilà qui se lève, manque se casser la gueule. Sourire qui s’estompe sur ses lèvres tandis qu’il la regarde filer loin, bien loin de lui, s’éloigner sur la piste sans plus de cérémonie. Il sait plus trop quoi penser, Landon. Un coup elle l’invite à la rejoindre dans ce bar, puis il la trouve en bonne compagnie à son arrivée ; un coup elle est gentille, drôle, naturelle, elle se comporte avec lui comme s’ils n’avaient pas passé une éternité loin l’un de l’autre, comme si sept années n’étaient qu’une bagatelle, que leur complicité d’antan n’en avait pas été ébranlée, et la minute suivante, la voilà qui le plante à la table, comme un abruti.

Il est à deux doigts de se vexer Landon, vraiment, de s’offusquer d’être traité de la sorte. Il est à ça de partir, de la planter là comme elle vient de le planter, parce qu’on ne plante pas Landon James, merde, de la même manière qu’il n’y avait bien qu’elle pour avoir eu le culot de le plaquer, sept ans plus tôt. Mais ce soir c’est différent. Il ne saurait dire à quoi cela tient exactement, peut-être au mélange de l’alcool et de la bonne ambiance qui règne entre eux depuis de longues minutes. Toujours est-il qu’il se fait violence pour ne pas partir, pour s’accrocher un peu à une situation qui n’a pas encore eu le loisir de mal tourner. Il est calme pour une fois, le drama boy, puis y a Eden qui s’éloigne à reculons sans le quitter du regard, alors il se lève à son tour, vide d’une traite le fond de cocktail qui subsiste au fond de son verre et la rejoint. Il gagne le centre du bar avec elle, là où la foule se fait un peu compacte tant l’espace est réduit, là où les badauds se rassemblent pour se mouvoir au rythme de la musique. Il rejoint Eden, s’approche d’elle, se laisse aller à ses côtés sur la mélodie. C’est le bassin qui se laisse animer par le morceau, les pieds qui s’activent au sol, les épaules et les bras qui bougent en rythme. Et puis y a le sourire qui se perd sur ses lèvres parce qu’il l’a descendue un peu trop vite la fin de son verre, que l’alcool elle monte au cerveau, pulse dans le sang un peu trop fort, foutant le bordel dans ses idées, envoyant valser le raisonnable de leur condition. Y a les yeux qui se perdent sur le visage d’Eden, sur son corps mince qui danse sur la musique, ces yeux un peu plissés par ce sourire un peu trop charmeur, un peu con aussi, la faute à l’alcool, ces yeux qui glissent sur ses mains, captent que l’une de ses mains est occupée par son verre, que l’autre est libre. Alors il réfléchit pas davantage le jeune homme, il prend sa main libre dans la sienne, s’approche un peu plus encore, improvise une valse, un mélange de rock, une danse totalement indéfinie finalement, résultat du mélange peu glorieux d’une bonne musique et d’un cerveau baignant dans l’alcool. Elle se fige un instant en le sentant faire Eden, le fixant de ses grands yeux bleus, mais lui il se démonte pas, il a pas la tête à se formaliser ce soir et il continue à serrer doucement sa main dans la sienne, faire bouger son bras au rythme du sien, la suppliant presque du regard. La suppliant de se laisser aller comme il le fait, d’enterrer la hache de guerre pour une nuit, juste une nuit. Il sera toujours temps de relancer les hostilités au lever du soleil.
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Everyday I spend my time drinking wine - Leden Empty
MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyMar 18 Juil - 4:39

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Eden & Landon

Elle le titille Eden, elle s’amuse follement, grandement à embêter Landon et il entre dans le manège infernal comme si c’était la toute première fois qu’elle jouait avec lui comme ça. Elle ose prétendre qu’il venait de prendre un alcool pour « femme » et il réplique la seconde d’après sans même laisser la fausse critique glisser. Il fait mine de se sentir attaqué, il prend un air lasse, lasse d’entendre que son choix de cocktail n’a pas l’air aux normes de ce qu’on peut attendre venant d’un homme. Et elle rit en le voyant arquer son sourcil Eden, son petit sourire en coin lui demander si il y a une loi votée, un décret sur le sujet qui serait passé ou qu’importe une source d’information qu’il aurait pu zapper malencontreusement le jeune homme pour qu’elle avance ce genre de bêtise. « J’dis pas que c’est mal pour un homme de boire des pina colada, je dis juste que c’est inhabituel. » Elle appuie bien sur les syllabes du mot inhabituel la garce. Elle prend une pause pour s’humecter les lèvres la belle, elle entre-coupe sa phrase pour mieux choisir ses mots. Mieux expliquer ce qu’elle pense du sujet au garçon assis en face d’elle. « Les hommes que je croise d’habitude ne commande pas ça. Ils prennent de la bière, du whisky tu vois ? Comme si boire du rhum mélangé à du jus d’ananas leur enlèverait ce qu’ils ont à l’intérieur du caleçon. » Elle hausse les épaules d’un air dépité Eden. Elle fait la moue et soupire d’un air défaitiste. « C’est triste les garçons qui ont besoin de ce genre de réflexion pour se sentir homme … »

Elle tourne la tête Eden lorsque le son d’un doux compliment vient s’immiscer jusqu’à ses oreilles. Visage qu’elle tourne subtilement à moitié vers la droite la belle, offrant à son ex qu’une vue de son profil. Elle est perplexe, ne s’y attendant certainement pas à tant de franchise de sa part. Elle tourne la tête pour cacher ses joues qui rosissent à vue d’œil comme une gamine de douze ans qui serait devant son crush.  Elle tente de garder un semblant de contenance. N’osant plus le regarder dans les yeux Landon. Du moment qu’il se permet de faire les louanges de ses prunelles en face à face elle se braque. Elle est intimidée comme un petit bébé. Pourtant, elle est habituée la diablesse à entendre de belles paroles au sujet de son regard. Elle en a reçu des compliments lorsqu’il s’agit de parler de ses deux perles azur qui orne son visage. Des mots qui la font sourire d’habitude, qui ne l’intimide pas le moins du monde. Normalement, elle se contente d’hocher la tête Eden, et de remercier ceux qui s’aventure à l’amadouer. Mais là, c’est différent. C’est Landon qui s’aventure sur la pente glissante des compliments. C’est la voix de Landon James, son ex amant qui se fait entendre. Et elle balbutie Eden, elle cligne des yeux plusieurs fois, passe une main délicatement sur sa joue qu’elle sent brulante avant de se risquer à dire un mot en sa présence. « J’vais faire semblant de te croire… Comme avant. » Comme avant, c’est bien le moment de le dire. Avant il lui rabâchait sans cesse qu’elle était la plus belle fille de minimum Savannah, qu’elle était sa princesse de Tybee Island. Avant, il disait qu’il aimerait que leurs descendances aient ses yeux à elle plutôt que les siens à lui. Quelle douce erreur que d’espérer ça… Il était con Landon, trop con pour se rendre compte que les siennes de prunelles, elles étaient au-dessus de tout. Au-dessus du ciel et des mers. Elle, en ce temps-là, lorsqu’elle rêvait d’avenir doux et niais lorsqu’elle s’imaginait avoir un enfant avec lui elle l’imaginait lui ressembler trait pour trait. Puis lorsqu’il parlait, il donnait tellement d’ardeur à ses paroles et de conviction à ses compliments qu’elle imaginait le petit visage de ce futur bambin mixé de leurs deux faciès. Et ce qu’elle imaginait, elle l’appréciait car finalement… Avant, il lui donnait confiance en elle comme personne n’avait jamais réussi à le faire. Au point de s’imaginer procréer, au point de vouloir donner de ses gênes dans un petit être qu’ils auraient fait ensemble. Et encore maintenant, elle se rendait compte qu’il était l’unique personne à toujours atteindre son petit cœur hermétique.

Elle hoche la tête Eden, elle ne peut le contredire lorsqu’il s’agit de parler des mauvaises et vieilles habitudes qui reprennent bien trop rapidement leur place. Elle est la première à en subir les frais la belle. Elle est celle qui a la première rencontre avec Landon était d’une froideur sans égale, qui agissait comme une autre personne. Une personne distante, une personne sans humour. La reine des neiges aurait pu prendre des leçons d’Eden Howard. Elle aurait pu être son model et pourtant… Au fil des rencontres hasardeuse, à force de revoir son ex elle a du mal Eden a gardé ce masque de froideur. Elle a du mal à agir comme si ils ne se connaissaient pas par cœur fut un temps. Elle a du mal à ne pas se laisser avoir lorsqu’il glisse un mot, une vérité qui lui rappelle le passé. Elle a du mal à rester concentré, ne pas trop sourire, ne pas trop se laisser atteindre par le moindre de ses faits et gestes. Elle a du mal à ne pas trop le taquiner. Elle fait tant d’efforts d’habitudes pour le renier que ce soir, elle décide de tout relâcher, pas de pression, pas de limite. Elle joue la franchise grâce à l’alcool qui glisse par petite dose entre ses lippes.

« Je sais bien que t’adores te foutre dans des histoires pas nettes, t’as toujours fait ça à l’époque du lycée. Tu ne savais pas laisser ton nez en dehors des histoires qui ne te regardait pas, tu ne savais pas rester à ta place. T’es un peu trop aventurier et présent là où il ne faut pas pour éviter ce genre de récits. » Dit-elle pour appuyer un peu plus les dires de son ex, elle soupire en bougeant nonchalamment la tête de gauche à droite, d’un air faussement désespéré par le cas du garçon en face d’elle. Elle le connaissait comme si elle l’avait fait Eden, elle s’imagine donc que même maintenant, des années après il reste inchangé. Que le brun a toujours ce besoin de découvrir des lieux où il n’a pas toujours le droit d’aller ; elle se l’imagine encore se mêler dans la rue des histoires de mecs qui s’en prennent aux filles, à leurs copines plutôt que de simplement appeler les autorités. Elle l’imagine comme ça mais en réalité, elle n’en sait fichtrement rien de sa nouvelle identité et elle n’aime pas avoir cette impression d’incertitude, d’avoir parlée sans réellement savoir si elle a raison ou non. Donc elle ajoute rapidement, presque en marmonnant plus pour elle-même que pour lui. « Enfin avant t’étais comme ça… Maintenant … » Elle gonfle ses joues d’air et souffle bruyamment pour faire évacuer le vent qu’elle a fait stagner deux secondes. Mimique enfantine, pour marquer ô combien elle n’en sait rien de la vraie réponse, de son vrai comportement à celui avec qui elle avait partagé trois ans de relation. Peut-être que Landon n’est plus CE Landon, surement même. Elle préfère même croire ça Eden. Que plus jamais elle ne verra ou rencontrera le Landon lycéen. Celui qu’avait réussi à lui mettre la tête à l’envers.

Sourire satisfait qui vient se peindre sur son visage à la belle ; elle aime lorsqu’on entre dans son jeu. Lorsque Landon joue presque les imbéciles et fait semblant de se laisser berner par ses bêtises. Bien qu’il utilise pour lui répondre un ton sarcastique ; elle apprécie qu’il entre toujours aussi facilement dans ses délires et ne lui lâche pas même sept ans après qu’elle est une vraie gamine. Qu’elle devrait plutôt grandir se trouver des objectifs tel que : se concentrer à devenir une femme, être un peu plus mature à l’avenir plutôt que de ne pas assumer un simple sms qu’elle lui avait envoyé plus tôt dans la soirée.

Non, Landon il la connait. Il sait comment l’amuser alors il la laisse faire. Il lui laisse le plaisir de faire semblant de croire qu’elle n’est pas celle qui a fait le premier pas ce soir mais… Il insinue aussi qu’elle voulait tout de même de sa présence avec elle une fois qu’elle l’avait appercue. Au point de rester à la table de ce con de Patrick pour pouvoir rester avec lui. Tout ça, muni de son emblématique sourire en coin, sa main qui se loge à l’arrière de sa nuque. Il charme Landon, il se joue d’elle. Subtilité qui fait ses preuves, elle n’y voit que du feu la gamine. Elle se laisse avoir, elle avoue qu’elle est resté là pour le voir. « Voilà, j’ai supporté Patrick juste pour toi. Car je t’ai vu, toi ma vieille connaissance et que je trouvais ça cool de te voir comme par hasard ici, pour passer du bon temps avec toi… » Elle bat des paupières la jolie. Elle essaie d’être un peu plus convaincante encore. S’enfonçant un peu plus dans le délire de l’ignorance. Celle qui en rajoute des tonnes pour lui faire entendre ce qu’il veut bien entendre. Elle se montre douce et angélique en agissant de la sorte Eden, elle caresse Landon dans le sens du poil comme ça. On lui donnerait le bon dieu sans confession. Pourtant, il faut toujours se méfier des apparences, elle est la première à toujours avoir dit à tout le monde et surtout à Landon. Elle est l’ange qui cache sous sa chevelure presque blanche, son regard azur et sa petite auréole au-dessus du crane de grandes ailes rouges, une fourche et une queue en pointe de la même couleur. Elle a les deux facettes Eden, une partie de sa personnalité juste mieux cacher que l’autre tout simplement. Seul les plus proches de sa personne savent ô combien son côté diabolique prend de la place. Il le sait Landon, il la connait sous ses doux sourires et ses petits battements de cil anodin. Il sait ô combien elle est complexe, combien son tempérament se rapproche bien plus du feu des enfers que de la pureté que promet les jardins d’Eden. Ce n’est pas lui qu’elle bernera, pas même ce soir.

Elle pouffe de rire Eden lorsque Landon s’enthousiaste face à la soirée palpitante quelle avait passée sur les bords de plage, embrassant une demoiselle qu’elle ne connaissait pas jusque-là. « Chacun son truc, moi j’embrasse une inconnue toi tu sauves une inconnue ! » Elle s’imagine alors son ex dans la situation inverse. Lui buvant à un tel point qu’il se serait laissé embrasser par un mec. Elle fronce des sourcils et grimace à l’idée. Ewh. Elle n’est pas homophobe Eden, loin de là. Elle respecte chaque forme d’amour qui puisse exister. Libre à chacun d’aimer et d’être aimé. Pourtant, imaginer Landon embrasser un homme ça l’a trouble. Ça lui fait plisser le nez. Elle se l’imagine alors embrassant une femme et là, c’est le haut le cœur qui lui vient. Sensation encore plus pesante que celle d’avant. Elle secoue la tête rapidement pour chasser ses images. Comme si les chasser mentalement n’était guère suffisant.

Gens qui pleurent, gens qui rient. Elle passe d’un extrême à l’autre la jolie. Elle se sent boudeuse et incomprise une seconde, et celle d’après relève les yeux vers son ex et sourit en coin. Car elle aime ce qu’elle entend. Elle apprécie de voir qu’il se rappel de son aversion pour les grandes études. Il l’avait donc écouté le jour de l’intervention. Le jour des révélations, le jour où elle avait appris pour la balle… Cœur qui se resserre, opalescences qui glissent doucement là où elle suppose que la balle s’était logée. A côté de son palpitant, il parait. Du moins, c’est là qu’il avait pointé. Son doigt s’était porté à son torse, du côté l’organe le plus important constituant l’homme. « Rien de mieux à faire …. T’aurais pu faire comme moi et comme les élèves. Tout simplement divaguer, ne rien écouter. » Sourire niait dont elle lui fait part, sourire désabusée. Elle est vilaine Eden. Elle est menteuse. Elle fait style d’être de ceux qui n’ont pas écouté un seul mot de l’intervention. De ceux qui ont passé plus de temps sur leur smartphone et à fixer les fenêtres de la salle plutôt que d’écouter les grandes personnes. Elle ment, affreusement mal qui plus est. Elle a tout écouté, du début jusqu’à la fin, elle les avait bu les paroles du Vétéran. Elle en avait appris beaucoup sur lui ce jour-là. Bien plus qu’elle ne l’aurait cru, au point d’apprendre des choses qu’elle n’aurait jamais imaginé, jamais cru sur le compte de son ex. Il avait frôlé la mort, elle s’en veut encore Eden de pas l’avoir su à temps.

La paille entre les lèvres elle le regarde prendre son air du penseur de rodin ; le verre en plus à la main pour lui. Chacun apprécie les saveurs sa boisson alcoolisé en silence. Elle l’attend sa réplique diabolique. Elle sait que l’échange va subitement devenir compliqué puisque le sujet se tourne sur les paris lancés. Et bien évidemment, ça ne manque pas. Il conteste le grand gamin et elle roule des yeux inévitablement. Passant une main à la racine de ses cheveux. Elle l’écoute parler, l’écoute lui donner son raisonnement et vouloir changer la donne. Changer les règles du jeu qu’elle magnait jusqu’à maintenant d’une main de maître. Elle aussi elle est compliquée Eden. Elle aussi elle n’aime pas perdre, elle se délecte d’avoir le contrôle des choses et de rester la meilleure. Pourtant, avec Landon c’est impossible d’avoir ce total contrôle qu’elle aime tant avoir. Car lui aussi il aime avoir les manettes de contrôle en main, ne pas être seulement spectateur. Il aime être le pilote et être celui qui décide si les choses iront totalement droit dans le mur ou non. « Mais... c’est ce que t’as fait y’a deux semaines Landon ! » Lâche-t-elle rapidement, essayant de le faire taire en pensant qu’il a tort et qu’elle est celle qui a totalement raison. Elle ne se rend pas compte Eden d’ô combien elle prend subitement de la place sur la table à se pencher comme ça pour se faire entendre. « C’est toi qu’a lancée comme pari la dernière fois que le perdant paierait un verre au gagnant. Dans tous les cas, ça impliquait qu’on se revoit. Voilà, t’as perdu t’as eu ce que tu voulais … Je vais juste continuer de gagner, c’est plais-…. » Elle les voit les prunelles de son ex lorgner subtilement sur son mini décolleté pendant qu’elle est entrain de lui parler. Homme faible pense-t-elle en le voyant agir de la sorte. Homme saoule surtout. Mais elle ne se jette pas sur l’occasion pour lui faire une remarque n’y trouvant aucun intérêt à lui faire ça. Il reste un homme, normalement constitué qui ne peut rester trop sérieux longtemps. Bien au contraire. Plutôt que de lui faire la remarque à lui, elle préfère se remettre en position normale, s’asseoir correctement et poser juste ses avants bras sur la table. Elle mime ne pas faire attention au regard de Landon qui se perd quelques centimètres plus bas et arrête de parler un instant clignant des yeux pendant qu’il prend une gorgée de sa boisson en quittant sa poitrine des yeux. « Tu m’as même pas écouté hein, croit pas tu vas me dire oui oui et j’vais faire semblant de pas savoir que t’avais la tête ailleurs … Toute façon c’est fini les paris, je voudrais pas que ta fiancé se fasse du soucis …. » Lâche-t-elle en venant mordiller la paille, la triturant une fois de plus. Elle se sent pousser des ailes Eden, elle se sent invincible. Elle continue de le taquiner sur sujet, elle veut élucider le mystère autour de la situation conjugale de son ex. Et pour ça, elle ne manque pas de ressource et d’audace. Elle en rajoute, un petit peu plus encore. Comme la cerise sur le gâteau, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, le grain de sel qui vient parfaire un plat pour qu’il balance le plus rapidement possible la vérité.

Dents qui viennent mordiller le temps de quelques secondes sa lèvre inférieure, la triturer et la torturer en attendant une réponse à son ultime question ou plutôt, sa fausse affirmation. Elle le voit passer par une palette d’émotion hallucinante à son ex. Elle ne sait quoi en retenir, quoi en penser. Il ne parle pas. Il se contente de s’étouffer en premier. Longtemps, au point qu’elle aimerait aller lui taper sur le dos pour l’aider à aller mieux. Ensuite, il se met à tirer une gueule de six mètres de long pour finalement se mettre à rire. Elle a envie de le secouer à ce moment-là car elle perd patience Eden. Elle veut lui arracher la langue pour qu’il crache enfin le morceau. L’angoisse arrivant à son apogée, alors Landon il a une copine officielle ou non ? Il a une vie rangée ou non ? Elle souhaite bizarrement plus que tout que non.

Couperet qui tombe, palabres qui sortent et lui font comprendre qu’elle a complètement faux sur toute la ligne Eden. Qu’elle s’est faite des frayeurs pour rien la diablesse. Cœur qui se remet à battre normalement après la révélation. Elle ne soupire pas d’un air rassuré mais presque. Elle le fait intérieurement mais ne montre rien à l’extérieur ne voulant pas lui mettre la puce à l’oreille sur le comment et le pourquoi ses questions étranges. Elle baisse juste les yeux sur son verre Eden. Regardant le verre à moitié vide se rendant compte d’ô combien elle est débile ; ravagée d’agir de la sorte pour juste savoir si son ex est encore célibataire ou non. Elle en a quoi à faire elle, que Landon soit seul ou non de toute façon ? Pourquoi ça lui fait un bien fou de savoir qu’elle n’ait pas été la seule à être encore triste, malheureuse incapable de vouloir fonder un truc sérieux avec quelqu’un. Elle en a aucune idée Eden. Elle ne veut pas comprendre, surtout pas. Elle sait que si elle cherche trop profondément la réponse à sa question elle finira par pleurer, chialer comme un bébé car la réponse serait pitoyable, lamentable après tant d’année de rester toujours autant bloqué sur la même chanson, le même disque rayé qui ne fait que se répéter, sans cesse. « Ah bah je sais pas moi, j’ai entendue ça … Quelqu’un qu’a parlé pour rien dire je suppose. » Prunelles qui s’ancrent dans les siennes. Oui, quelqu’un avait bel et bien ouvert sa gueule pour balancer des conneries et cette personne, c’était elle et uniquement elle. Elle a honte d’elle-même maintenant qu’elle y pense. Honte d’avoir agis aussi lâchement pour savoir une si petite information. Elle n’aurait pas dû avoir honte de lui demander de façon civilisée, sans passer par des stratagèmes ridicules si il s’était posé depuis les années. C’était la normalité qu’il le fasse après tout, c’est la normalité d’en parler. Ce qui ne l’est pas, c’est d’agir comme une gamine à son âge. D’agir comme une fille de quinze ans qu’à pas le cran de poser la question à son love interest car la réponse lui fait trop peur ; peur de dévoiler un sentiment refoulé. Peur qu’il puisse croire qu’elle puisse être… intéressée.

Elle arrête pas Eden, elle vient de vivre l’ascenseur émotionnel de sa vie et ça ne lui suffit pas comme leçon de morale. Ça ne lui convient pas d’arrêter là les drames. En plus d’avoir menti pour savoir ce qui l’intéressait elle se met aussi à mentir pour susciter une réaction chez l’adversaire. Un demi verre en trop, et ça ne tourne plus rond dans sa tête. Elle créer un sacré bordel la belle. Elle voit son ex s’arrêter de rire en moins de temps qu’il faut pour le dire. Elle le voit aller zyeuter son doigt, son annulaire sacré complètement vierge. Elle n’a jamais été demandé en mariage Eden, jamais fiancé. On ne lui a jamais offert une bague de toute façon. Et voir la tête sérieuse de Landon ne la fait pas rire, pas un instant, pas une seconde. Elle s’empresse alors d’ajouter que c’est un mari imaginaire. Un mari qui serait à la limite composée de plume ou de coton : son oreiller sagement posé sur son lit. Ou alors son appareil photo, encore plus proche d’elle que n’importe quel homme sur cette planète. Ou bien … Landon, le Landon de dix-sept ans tout au plus. Celui qui lui avait servi son plus beau sourire dans les couloirs du lycée, celui qu’elle avait aimé pendant des années. Celui qu’elle avait quitté car il avait choisi l’armée.

Elle sourit en entendant la réponse de Landon à son mariage imaginaire, elle n’a pas le grand sourire amusée qui orne son faciès depuis le début de la soirée mais plutôt le sourire forcée. Celui qui explique implicitement combien c’est gênant pour elle de parler de relation, d’amour avec lui. Celui qui l’a brisé par le passé. Elle a du mal à se dévoiler, et encore plus à affirmer sous ses yeux qu’elle était encore à la case départ depuis tous ce temps. Tout comme lui à ce niveau-là mais elle trouve ça gênant elle, car elle sait que si elle ne s’est jamais plus remise en couple c’est à cause d’un certains James. Puis il y a cette légère ironie, ce léger ton moqueur qu’elle croit percevoir dans le ton de Landon. Se moquant de sa situation, de sa personne qui lui fait presque mal. Elle a du mal à entendre qu’elle est indomptable Eden… Elle ne veut pas entendre ça car elle ; elle aurait aimé être comme les autres. Surmonter la peine du cœur brisé pour la toute première fois pour pouvoir passer à autre chose. Mais non, elle avait du juste tirer un trait énorme sur les relations en tout genre amoureuse. Rien n’allait, rien ne l’intéressait, rien ne lui donnait envie d’essayer. « Nan, t’as raison. Indomptable. Personne n’arrive à tenir le choc. » Non, elle ment. De nouveau. Ce n’est pas eux qui ne tenait pas le choc, qui n’arrivait pas à tenir la cadence. C’est elle qui ne voulait pas de leur présence. Mais les absents auront toujours tort, les absents elle pourra toujours leur jeter la faute dessus pour ne pas avouer que le fichu problème dans les minuscules, infimes relations qu’elle avait tentées c’était elle.

Eden, elle n’aime pas comment tourne la conversation. Elle n’aime pas parler amour et encore moins avec Landon. Elle trouve ça trop étrange. Puis y’a cette musique qui commence à réellement dater qui résonne de partout dans le bar, qui résonne dans sa tête et qui lui donne vraiment envie de bouger. Car malgré qu’elle soit vieille, elle reste entrainante cette musique de Bruno Mars. Mais elle a honte Eden. Ce n’est pas son genre de se lever et d’aller danser. Mais pourquoi pas après tout ? Elle n’a pas envie de rester là ; coincé à discuter. Elle préfère encore aller se ridiculiser. Elle a cette petite voix, ce petit démon dans sa tête imbibée d’alcool qui lui suggère de le faire. Qu’elle ne regrettera pas. Qu’en restant là à table la conversation tournera au vinaigre. Ils ne sont pas prêts à ça les deux anciens enfants de Savannah, pas prêt à parler amour et amitié. Il est encore trop tôt pour aborder ça. Alors elle ne prend même pas la peine d’écouter la petite voix sage, l’ange dans sa tête qui lui hurle de rester assise car elle ne sait pas danser. Du moins, pas des masses. Pas aussi bien que d’autre. Elle envoie valdinguer cette voix de la sagesse loin d’elle et elle se lève, prévenant son interlocuteur de ses intentions. Elle s’éloigne de lui rapidement, à reculons loin des discussions mais pas bien loin de lui. Lui qu’elle fixe avec l’envie qu’il vienne sur la piste.

En face la table ou elle était assise, la blonde se met à onduler doucement des hanches sous le regard de son ex. Elle laisse rouler son bassin en faisant des huit et ses bras bouger au-dessus de sa tête Eden. Ses doigts s’amusant vers le plafond, bougeant au rythme de la chanson. Elle ferme les yeux pour ce qu’elle pense être une demi-seconde alors qu’en réalité bien plus de temps est passé. Peut-être une quinzaine de seconde plus au moins. Elle est dans sa bulle Eden, le corps qui redevient petit à petit ankylosé, la cervelle qui s’engourdit. Elle est déconnecté la belle. Elle est loin de son caractère habituel, bien loin des barrières qu’elle immisce toujours entre elle et le reste. Puis elle ouvre les yeux, doucement les faisant battre pour chasser la gêne qu’elle perçoit à cause de la lumière présente sur les lieux. En face d’elle, plus de Landon James, plus d’ex au regard azur. Juste une table ou repose le verre vide de son ex. Elle panique Eden, elle arrête de bouger. Elle laisse son bras retomber le long de son corps et stop les mouvements qu’elle faisait jusqu’à présent avec ses hanches. Elle va mal subitement Eden. Elle a le cœur qui se serre et tourne vivement la tête à la recherche de ce visage qu’elle ne souhaitait pas voir disparaître. Puis la peur s’évapore tout aussi rapidement qu’elle s’était faite présente. Elle voit la corpulence imposante du Vétéran. Il est là Landon, à ses côtés. Les yeux en amande, plissé pour la regarder, n’ayant peut-être pas remarqué sa petite crise de panique. Il a ce sourire en coin qu’il aura gardé toute la soirée à cause de l’alcool et elle remarque qu’il bouge son corps sur le morceau alors elle s’y remet aussi. Doucement elle se rapproche de son ex, elle agit comme si elle avait une parfaite connaissance de son corps, une idée de comment bouger son corps pour le rendre intéressant sur la piste de danse.

Ils se regardent, non… Ils se dévorent du regard les anciens amants. Ils se toisent comme si c’était la première fois qu’ils vivaient ce moment. Oui, mais non. Ils ont déjà dansé ensemble, plusieurs fois mais c’était toujours lui qui forçait Eden. Jamais ce n’était elle qui allait délibérément se jeter sur la piste de danse contrairement à ce soir. Puis il y a aussi la façon de se mouvoir, le corps qui se fait lent, qui danse presque sérieusement alors qu’avant c’était plus des mimiques, des faux pas de danse qu’ils faisaient ensembles. Puis y’a cette main qui vient se poser sur la sienne, main qu’elle n’attendait guère. Cette main fraiche qui vient toucher son propre derme brulant. A l’opposé, comme toujours, à tout jamais. Une main qui l’attire un peu vers lui pour la faire valser de façon rapide et très approximative. C’est ni une valse, ni un rock. Ce n’est pas un collé/serré mais pas non plus une distance respectable ou chaque pas peut être dissocié de son cavalier. C’est juste une danse un peu gauche, une improvisation et beaucoup d’alcool qui donne ce style de danse hasardeux. Et elle a peur Eden, peur d’être si collé, peur de s’amuser, d’apprécier. Elle se raidit, elle est prête à s’en aller mais il la regarde avec son air un peu pompette, son sourire au coin des lèvres. Il resserre un peu sa main sur la sienne d’un air qui promet que ce n’est que pour un instant, qu’elle n’a rien à craindre. Qu’ils ont juste à profiter d’être bourré pour s’amuser. Qu’après ça ils pourront reprendre leurs conneries là où ils ont bien fait de les laisser. Et elle doute, elle ne sait que faire. Choisir de s’amuser et peut être se bruler les ailes ou bien se montrer sage et s’éloigner de la bombe Landon James ? Choix cornélien qui prend rapidement fin car une fois de plus, c’est le petit diablotin sur son épaule qu’elle écoute sans contrefaçon. Elle se rapproche d’un pas Eden pour faire comprendre son choix pour la soirée. Elle passe son bras occupé par son verre de mojito aller se caler au niveau du flanc de son ex. Son verre pas encore terminé caressant le tissu léger de sa chemise foncée dans son dos. « Le naturel qui revient au galop, les vieilles habitudes… T’en rate pas une ce soir Vétéran James… » vient-elle susurrer à son oreille maintenant qu’elle s’est rendu proche de son ex. Maintenant que la musique hurle si fort qu’elle ne peut pas se permettre de lui parler à distance normale d’un visage face à l’autre. Paroles qu’elle veut taquine la belle. Lui rappelant qu’avant d’être son ex, avant ce soir. Ce n’est pas la première fois qu’il s’amuse à la faire danser presque ridiculement à ses côtés.

il l’a fait tourner comme une princesse Landon. Il la fait se coller un instant contre son torse avant de la faire reculer, reprenant une position descente pour danser. Il lui rappelle le Landon qui s’amuser à la faire danser, celui qui faisait tout pour la faire rire, autant que chier par le passé et elle rit, elle rit follement Eden. Elle lui dévoile la rangée supérieure de ses dents alignées alors qu’il fait le pitre à ses côtés. Puis y’a ce verre qui la gêne pour danser. Verre qu’elle va virer sans ménagement pour libérer sa deuxième main. Ni une ni deux, elle le fini son mojito la belle. Elle boit la dernière gorgée comme si c’était de l’eau. Sa gorge ne réagissant même plus à la brûlure que le rhum provoquait jusqu’à la moitié du verre dans son œsophage. Voilà, c’est terminé. Par chance, un serveur tente de se frayer un chemin juste à côté d’eux et elle en profite pour déposer son verre sur son plateau. Souriant gentiment au garçon et détournant aussi rapidement son attention sur Landon. Déposant sa main maintenant libre contre son biceps dénudé. Biceps tatoué qu’elle remarque pour la première fois. Bouche qu’elle ouvre en un grand O et yeux qu’elle écarquille en voyant l’ancre sur son bras. « Ohhhh Landon, t’es tatouuuué ! » Indiscrètement, elle se met à palper le bras musclé de son ex comme une attardée. Perdant le minimum de crédibilité, la chance de pouvoir passer pour sobre en quelques secondes à l’œil de Landon. Elle tangue entre ses bras Eden, elle passe d’un pied à l’autre en regardant le petit morceau de tatouage qui dépasse de la manche de son ex copain. « Moi aussi j’suis tatouuué ! Tu te rappel quand on disait qu’un jour on le ferait ? Mais on avait trop peur pour le faire en même temps du coup on repoussait tout le temps l’échéance !? » Elle parle trop Eden, beaucoup trop quand elle est bourrée. Elle dit, se rappel de chose que le garçon doit avoir complètement oublié à l’heure qu’il est. Des paroles en l’air, des tatouages en communs et d’autres bêtises qu’ils auraient aimé se faire marquer indélébilement sur la peau ensemble. Ils étaient jeunes et cons, heureux et insouciant. Puis maintenant ils étaient plus vieux, toujours aussi cons. Malheureux et bourré comme jamais actuellement.

« Tu m’accompagnes à l’extérieur Landon ? Juste deux minutes steuplait je veux fumer j’en peux plus !! » Elle le regarde avec ses grands yeux ronds, sa moue de petite enfant la poupée et elle bouge son corps comme une enfant de gauche à droite pour le faire céder. Elle veut l’amadouer, mais pas trop … Car elle a du toupet, elle s’en fiche un peu de savoir si il dira oui ou non qu’elle se permet d’attraper son poignet dont elle n’arrive même pas à faire le tour sans gêne Eden, elle lui laisse même pas répondre qu’elle le tire jusqu’à l’extérieur alors que la chanson prend enfin fin derrière eux.

Elle glisse entre les gens la demoiselle. Elle n’a pas de mal à ça Eden avec son corps frêle. Elle se laisse glisser jusqu’à la sortie du bar. Air rafraichi de la nuit qui vient leur frapper au visage aux deux adultes. Brouhaha qui s’atténue laissant place à un calme inattendue dans la rue où est situé le pub dans lequel ils sont. Seul des clopeurs comme elles sont là, discutant avec d’autres gens ou bien seule s’ennuyant comme des rats leurs verres à la main, la clope au bec. Elle sort alors une cigarette de son sac à main et la met contre ses lèvres avant de l’allumer laissant un filer de fumer s’échapper. Elle aurait presque froid la blonde si elle était en capacité de penser des choses censés. De penser à des détails comme la température actuelle ou bien si elle avait été assez intelligente pour prendre une veste avec elle en partant du quartier ou elle logeait. « Tu fumes … ? J’men rappel plus si tu l’as dit à l’intervention…. » Elle hésite à lui tendre son paquet, ne sachant si il avait tenu son aversion à la cigarette qu’il avait plus jeune ou bien si il y avait cédé, comme elle. Dans le désespoir de trouver quelque chose pour l’aider à calmer ses nerfs.

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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyMer 19 Juil - 17:26

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Eden & Landon

Pupilles qui se lèvent vers le plafond, qui font des pirouettes dans ses yeux, sourire en coin qui s’égare sur ses lèvres. Elle raconte des bêtises Eden, et il le sait. Elle raconte toujours des bêtises la gamine, et le pire, c’est qu’elle semble à chaque fois persuadée que Landon va les gober, ses bobards. Ç’aurait presque pu le vexer, au début, de voir qu’elle le pensait suffisamment stupide, suffisamment naïf, pour croire à des mensonges parfois plus gros encore que le territoire américain. Mais le temps et la conversation avaient bien fait leur travail, il avait appris à la connaître la diablesse, et avait compris qu’il n’y avait nulle mauvaise intention derrière ses mensonges. Seulement un esprit blagueur, un peu trop taquin sans doute. Le goût de faire croire n’importe quoi à n’importe qui, juste pour s’amuser, déconner un coup. C’était encore un truc qu’il lui avait piqué ça, tiens. Elle était contagieuse la demoiselle, et n’avait pas tardé à le contaminer, le poussant lui-même à s’amuser de raconter des bêtises. Mais il l’a un peu perdue, cette tendance, au cours des dernières années. Il a suffi qu’Eden sorte de sa vie, de manière aussi surprenante que brutale, pour qu’il perde en quelques mois les manies qu’elle lui avait refourguées avec les années. Mais chassez le naturel, il revient au galop, disait l’adage. Adage qu’il voit se vérifier à chaque instant passé à ses côtés, à mesure que reviennent de vieilles habitudes au compte-gouttes.

- Bah, tu sais mieux que personne que j’étais comme ça au lycée, infoutu de suivre un cours plus de deux minutes… Mais j’ai changé maintenant, j’ai vieilli et je me concentre beaucoup mieux.

Il lève les yeux au ciel Landon, le petit sourire fier de celui qui est heureux d’avoir muri, propage ses mensonges avec aussi peu d’égards que le fait Eden. Mensonges, paroles vides de sens, dénuées de tout fondement. Mais qu’en sait-elle, la jolie blonde ? Elle n’a pas la moindre idée de celui qu’il est devenu, elle paie le prix d’une rupture qu’elle a elle-même amorcée. Parce que la vérité, c’est qu’il n’a pas changé, Landon. Si c’était une personne autre qu’Eden qui avait dû intervenir à ses côtés, il aurait probablement décroché en quelques minutes, trouvant aussi peu d’intérêt dans ce qu’elle avait à dire que dans les théorèmes mathématiques et autres faits historiques qu’on leur détaillait sur les bancs de l’école. Mais voilà, c’était Eden, Eden l’amour perdu, Eden l’amante regrettée, Eden l’étrangère nouvelle. La seule personne qu’il pouvait volontiers écouter parler des heures durant de sujets auxquels il ne comprenait pas le traitre mot, la seule personne qui pouvait rendre n’importe quoi intéressant à ses yeux. La nouvelle Eden lui est tout aussi inconnue que l’est le nouveau Landon pour elle ; il souffre de ce flou artistique dans lequel il se trouve, il souffre de ne plus rien savoir d’elle, de ne plus savoir à quoi s’attendre avec elle, quelle est la première chose qu’elle fait au réveil ou si elle est toujours aussi dingue de ces ridicules pommes de terre en forme de visage souriant. Il souffre de connaître mieux que quiconque les dix-neuf premières années de sa vie, et de basculer sans transition sur sept ans de véritable trou noir, comme s’il avait cumulé les gueules de bois quotidiennes sept années durant, à tel point qu’il n’en gardait pas le moindre souvenir. Sauf que ce n’est pas ça, la vérité. C’est limite s’il ne préfèrerait que ce soit la vérité, plutôt que de savoir qu’il n’avait tout simplement plus sa place dans la vie d’Eden. Elle l’en avait expulsé bien assez tôt, et ce n’étaient pas ses séances régulières de stalking sur la toile qui allaient suffire à combler les pièces manquantes du puzzle. En revanche, cette intervention pouvait remplir le job. Elle était apparue comme une bénédiction à ses yeux, l’occasion tant convoitée d’enfin en apprendre plus sur ce qu’avait fait la jeune femme loin de lui, sans lui. L’occasion de peu à peu remplir la toile immaculée de ces sept dernières années. Alors bien évidemment qu’il avait sauté sur l’occasion, qu’il n’avait pas bâillé aux corneilles comme le Landon de dix-sept ans. Bien évidemment, il aurait été bien bête d’agir ainsi.

Il ment le jeune homme, en une pauvre phrase il parvient à enchaîner deux mensonges, faussetés qui s’enlacent dans la valse de la fierté. Trop fier pour admettre qu’il n’a pas tant changé qu’il l’aimerait, que celui qu’il était à l’adolescence subsiste en lui. Trop fier pour avouer à la demoiselle que la guerre l’a brisé, n’a fait qu’aggraver ses soucis de concentration. Il veut pas lui confier ça Landon, faire aveu de faiblesse face à cette femme qu’il aimait tant, fut un temps, peut-être même aujourd’hui encore, il en sait trop rien, en tout cas il arrive pas à la détester, ça c’est sûr, c’est une évidence. Le temps a passé, les choses ont bougé mais malgré lui, c’est une image d’homme fort qu’il se doit encore de lui communiquer. Il peut pas lui dire que la guerre a foutu son cerveau en l’air, qu’il peut plus entendre un bruit sourd sans se voir submergé par les atroces images de ce qui a été son quotidien pendant cinq ans, qu’il se réveille en nage une nuit sur deux car le sang giclant et les balles sifflantes continuent de hanter ses pires cauchemars. Il peut pas. C’est plus simple de mentir. De raconter qu’il en a fini avec ses problèmes de concentration lorsqu’il n’a jamais eu tant de mal à focaliser son attention sur des paroles, sur une tâche précise. Mais elle sait pas qu’il lui raconte des craques Eden, et lui il lui sort le grand jeu, sourire en coin un peu trop charmeur, décide de changer de sujet, rebondir sur ce qu’elle vient de dire. Parce qu’il la croit pas lorsqu’elle dit n’avoir rien écouté. Il l’a bien vue la tête qu’elle a faite lorsqu’il a révélé être passé à un pauvre centimètre de la mort. Cela fait dix jours mais son visage demeure encré dans sa mémoire, comme marqué au fer rouge ; le visage livide, l’expression horrifiée, la silhouette tremblotante de la jeune femme. Dix jours et ça le heurte toujours avec autant de violence de se dire que ses paroles ont suffi à la mettre dans un état pareil, pauvre gamine qui n’avait pas demandé à entendre un tel récit, qui n’avait pas demandé à vivre auprès d’un homme risquant la blessure mortelle à chaque instant, elle le lui avait bien fait comprendre le jour où elle avait rompu avec lui. Il cligne des yeux pour chasser cette vision de son esprit, regarde Eden, une nouvelle version d’Eden encore qui s’offre à lui ce soir, une Eden souriante, rieuse, espiègle, Eden pompette qui s’extirpe de son habituel carcan de glace. Une Eden qui lui plaît bien plus que l’Eden dévastée qu’il a lui-même engendrée.

- Parce que t’as rien écouté, toi ? C’est pas l’impression que tu m’as donnée quand t’es venue me parler à la fin de l’intervention.

Il a ce sourire au coin des lèvres, ce sourire confiant, le sourire du type qui sait qu’il a vu juste, qu’elle pourra pas se défiler parce qu’elle se trouvait avec lui lors du moment auquel il fait référence, qu’elle a elle-même prononcé les paroles qu’il mentionne. Le sourire fier, un brin rieur, et l’œil qui se dote d’une lueur malicieuse. Il parlera pas de la révélation de la balle, du trouble flagrant de la jeune femme. Il en parlera pas parce qu’il est taquin Landon, taquin mais pas cruel, y a que quand on le blesse qu’il riposte en appuyant là où ça fait mal. Mais là ? Ils passent une bonne soirée, dans la joie et la bonne humeur ; il n’aurait nulle raison d’aller embêter la jeune femme car elle semblait blessée. Par sa faute, qui plus est.

Il l’écoute Landon, il l’écoute toujours, même quand elle lui balance des horreurs au visage ; il l’écoute mais elle saborde d’elle-même son discours la jeune femme, se penchant sur la table bien plus que nécessaire, lui offrant une vue plongeante dans son décolleté. Et il a beau lutter, parce qu’il ne manquerait plus que son ex le surprenne en train de loucher sur ses seins, il a beau s’efforcer par tous les moyens de rester concentré sur ce qu’elle lui raconte, sur l’objection qu’elle amorce concernant les négociations des règles du jeu, il s’évertue tant à garder son regard rivé sur ses yeux, ses lèvres, son nez, n’importe quoi situé au-dessus de ses clavicules, qu’il ne parvient même plus à écouter un traitre mot de ce qu’elle raconte. Et puis la catastrophe arrive, il la sent se ruer sur lui au galop tandis qu’Eden s’approche un peu plus encore de lui. Trop tard, y a le regard qui vire plein Sud, les opalescences bleutées qui se perdent dans le décolleté. Achevant de lui faire perdre le fil de la conversation. Il est comme ça Landon, c’est un homme après tout, et il est bien connu qu’on ne peut tenir à distance bien longtemps la part instinctive qui sommeille en nous, cette part qui rend les hommes faibles à la vue d’une poitrine, cette part qui fait qu’un torse un peu trop musclé fait tomber les femmes comme des mouches. Il est bourré Landon, et l’alcool ça ralentit un peu trop son fonctionnement cérébral, ça le rend un peu con du coup, et il est persuadé qu’Eden est si bien occupée à déblatérer qu’elle ne remarquera pas la direction qu’ont empruntée ses yeux. Grossière erreur, naïve erreur Landon. Elle a tout vu la diablesse, tout vu lorsque lui ne voit rien, ne voit pas qu’elle le voit, et il faut qu’elle se recule, adopte de nouveau une posture correcte et interrompe son discours pour que le garçon reprenne ses esprits.

Il cligne des yeux, reprend son verre pour se donner une contenance, boit une gorgée comme si de rien n’était. Mais non elle n’a rien vu pour autant, il le sait, il en est intimement persuadé, jusqu’au moment où elle lui fait remarquer qu’il n’a rien écouté, qu’il avait la tête ailleurs. Bon, elle l’a peut-être cramé, tout compte fait. Alors il reprend une petite gorgée le beau brun, il aimerait disparaître, mortifié que son ex l’ait surpris en de pareilles activités ; cette même gorgée qui manque le tuer lorsqu’elle mentionne la prétendue fiancée dont il n’a jamais ouï dire, cette gorgée avec laquelle il s’étouffe lamentablement, offrant à la jeune femme un tableau bien pitoyable. Sitôt qu’il peut respirer sans repartir sur une quinte de toux le voilà qui s’empresse de rétablir la vérité historique, lui expliquer qu’il est loin d’être casé, jeune homme volatil toujours pas entravé par les chaînes du mariage. Puis elle lui répond, et sa réponse il la comprend pas. Enfin si, il comprend les mots, la manière dont ils s’articulent en phrases, mais il ne saisit pas ce qu’elle veut dire par-là, il ne saisit pas qu’elle ne parle de nulle autre que d’elle-même. Lui, tout ce que ça fait c’est lui rappeler l’intervention, cette gamine qui avait brandi son téléphone sous son nez, à la rubrique Google Actualités. Alors quoi, c’est là qu’elle aurait entendu dire qu’il était fiancé ? C’est grotesque, il n’est pas une superstar non plus. S’il se doute qu’il n’y a pas moyen que les tabloïds s’intéressent à la vie amoureuse de l’un des joueurs d’une petite équipe de football américain du pays, il peut pourtant rebondir là-dessus, en profiter pour embêter un peu plus la demoiselle, parce qu’on ne fait jamais assez chier son entourage. Bon, Eden ne fait plus partie de son entourage depuis longtemps, il est vrai, et il a tendance à un peu trop l’oublier ce soir, à trop se comporter comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, qu’ils étaient toujours ensemble, depuis dix ans.

- Alors comme ça, toi aussi tu te mets à lire ce qu’on raconte sur moi sur Internet ? J’espère que tu t’es quand même pas créé une alerte Google pour t’avertir dès qu’on poste un nouvel article sur moi ?

Il la regarde en souriant, de ce sourire un peu crispé de celui qui se retient comme il peut d’éclater de rire face au caractère grotesque de ce qu’il vient de dire. Bien évidemment qu’elle n’a pas créé une alerte Google en son honneur, elle a probablement mieux à faire la jeune femme. Des photos à prendre, des gens à voir… Mais il la fait juste chier un peu, et il a beau se retenir comme il peut de ne pas rire, son regard le trahit, yeux rieurs fort peu discrets, peu coopératifs que sont les siens.

Elle lui annonce être mariée, il croit bien mourir le jeune homme en entendant cela, en entendant que sa plus grande crainte s’est réalisée. Sept ans qu’il attend d’apprendre qu’elle s’est unie à un autre homme, par sa famille, par Baedrian ou par, soyons fou, un faire-part de mariage qu’elle lui aurait envoyé par pure vengeance, simplement pour lui montrer qu’elle, au moins, elle avait enfin réussi à tirer un trait définitif sur leur histoire. À accepter le fait qu’ils ne formaient plus un couple et n’en formeraient plus jamais un, à reléguer au placard les restes carbonisés d’une histoire depuis longtemps disloquée. On parle toujours du mariage comme d’une bénédiction, une excellente nouvelle ; mais pour lui, cette nouvelle ne pouvait qu’être terrible. L’apocalypse dans son cerveau que d’apprendre qu’un autre lui avait passé la bague au doigt, qu’un autre avait réussi là où il avait échoué, qu’il perdait pour de bon la moindre chance de peut-être vivre quelque chose de nouveau avec elle. Et puis elle lui apprend que tout ceci n’était que plaisanterie, que son époux n’existe que dans son imagination. Il est soulagé Landon, mais il a également une forte envie de lui coller une raclée pour lui avoir fait une frayeur pareille. C’était pas fair-play de sa part, et le fair-play, c’est primordial pour ce garçon qui a toujours baigné dans le monde du sport. Mais il n’en fait rien. Il refuse de la frapper, peu importe combien elle peut se montrer chiante quand elle s’y met. Mais il se venge un peu, comme il le peut, avec les moyens du bord, la qualifiant d’indomptable. Mais c’est pas bien méchant en soit, il se doute pas que ça va la piquer à ce point, la gamine.

Elle confirme ses dires, n’osant pas nier l’indéniable, rétorque que « personne n’a réussi à tenir le choc ». Peut-être que moi j’aurais réussi à le tenir le choc, si tu m’en avais donné la chance, qu’il a envie de lui répondre. Ça lui brûle la langue, la faute à ce foutu alcool qu’il a bu en trop grande quantité, alors il se la mord la langue, juste pour s’assurer que les mots ne dévalent pas jusqu’à ses lippes. Il ne veut pas se risquer à prononcer l’imprononçable, même l’honnêteté pompette a ses limites.

Puis de toute façon, elle lui laisse pas le temps d’ajouter le moindre mot, la jeune femme. Elle se lève, direction le centre de la pièce, divine créature ondulant parmi les pauvres mortels agglutinés tout autour. Sa tête repose toujours sur sa main, il la regarde faire sans esquisser le moindre geste pour se lever. Pour partir, pour la rejoindre. Puis elle ferme les yeux la demoiselle, clos les paupières sur ses prunelles azurées, et le combat intérieur débute pour Landon. Débat qui dure quelques secondes à peine mais qui lui semble s’éterniser sur plusieurs minutes, débat virulent entre la fierté qui le presse de la planter là et le Landon adolescent qui vit toujours en lui, qui lui suggère d’aller danser avec elle, en l’honneur du bon vieux temps. Yeux qui détaillent la jeune femme occupée à danser à quelques mètres de là, qui glissent sur son visage, s’arrêtent sur le petit sourire qui orne ses lèvres rosées, suivent les courbes pourtant peu dessinées de son corps qui ondule au rythme de la musique ; et, n’y tenant plus, il vide le fond de son verre et se lève pour la rejoindre.

Elle l’a perdu son joli sourire lorsqu’il parvient à sa hauteur, et elle a même cessé de bouger. Figée sur place, le regard panique. Il a pas la moindre idée de ce qui lui arrive à la demoiselle, mais il se formalise pas Landon, il est trop bourré pour prêter attention à ce genre de petits détails, il aime mieux danser, danser à ses côtés, danser pour l’attirer dans les mailles de son filet, la pousser à le rejoindre, comme il le faisait déjà des années plus tôt. Alors il se met à bouger au gré de la musique, laissant les accords rythmés prendre le contrôle de son corps. Il bouge les pieds, les jambes, des petits pas qui se font rapidement plus assurés, énergie qui s’insuffle dans son bassin, qui gagne son torse, ses épaules, ses bras, même sa nuque, et c’est bientôt son corps tout entier qui se laisser aller sur la musique, comme si un mouvement était monté tout du long pour le conquérir, dire à son cerveau de laisser tomber, que ce soir ce n’était plus lui qui avait le contrôle. Il ne la lâche pas des yeux Eden, c’est le regard ancré dans le sien qu’il danse, et le sourire au bord des lèvres qui se fait plus grand à chaque instant. Il a le cerveau en compote Landon, il réfléchit même plus, il perd pied avec la réalité et il a juste l’impression d’être transporté dans un univers parallèle, une autre dimension dans laquelle il aide la jeune femme à danser, à se lâcher comme il l’a toujours fait, mais où en même temps ils sont tous les deux plus vieux, le corps marqué par le passage du temps. Envolée la mèche châtain en travers du front, envolées les petites joues enfantines de la demoiselle, et pourtant c’est lui qui l’entraîne, c’est elle qui sort de sa coquille timide sous ses yeux, c’est sa main qu’il prend dans la sienne pour passer aux choses sérieuses.

Il sait pas trop d’où ça vient, mais à cet instant précis, y a rien qu’il désire plus que de voir la jeune femme céder, lui accorder cette danse. Il est un peu capricieux le garçon, dans le fond, et il l’implore du regard, accorde-nous cette trêve, on en a tous les deux besoin, ça fait trop mal toute cette situation, qu’il voudrait lui hurler. Alors il est pas bien serein, il resserre un peu sa main sur la sienne comme s’il craignait qu’elle lui file entre les doigts, se remet à danser sans attendre son approbation, infime espoir qu’il a que cela suffira à faire pencher la balance en sa faveur. Et puis elle fait un pas dans sa direction, passe son bras sur son flanc, dans son dos, approbation silencieuse qu’elle lui offre. Et ça lui suffit bien à Landon, il est heureux, ce bonheur un peu con, un peu naïf de tout homme qui tient bien l’alcool. Il la sent se rapprocher un peu plus encore, se mettre sur la pointe des pieds pour lui susurrer quelques mots à l’oreille, souffle chaud et alcoolisé qu’il sent ricocher contre la peau de ses tempes. Et ça le fait rire le jeune homme, ça le fait rire alors qu’il n’y rien de particulièrement drôle dans ses paroles. Mais cela ne fait rien, il est content, joyeusement bourré, puis il a Eden contre lui et tout va bien dans le meilleur des mondes. Cette situation n’est qu’éphémère, il le sait pourtant. Il se doute bien que, sobres, rire et complicité auront de nouveau plié bagage. Mais il n’y pense pas maintenant, il veut pas, plus tard les pensées sombres, ça peut bien attendre un peu. Alors à son tour il se penche vers elle, collerait presque ses lèvres à son oreille pour y glisser :

- Y a aussi du bon dans les vieilles habitudes, Howard.

Il a le sourire toujours plaqué sur les lèvres, le sourire enfantin, le sourire d’un Landon adolescent qu’il croyait enterré six pieds sous terre, il sourit trop ce soir, il est plus habitué à ça le beau brun et ça lui ferait presque mal aux joues de trop tirer sur les zygomatiques comme il le fait. Y a les doigts qui viennent maladroitement se mêler aux siens, le pouce glacé qui caresse un peu le dos de sa main ardente, le regard qui se perd dans le sien le temps d’un instant, le temps pour la musique de se faire sourde à ses tympans, de ressentir la chaleur de sa main plus intensément, plus précisément que jamais. Mais c’est l’alcool qui fait ça, juste l’alcool, guère plus, c’est jamais bon de mêler les sentiments à tout ça, puis Landon il est passé maître en l’art de rejeter la faute sur quelque chose d’extérieur. Puis voilà le temps qui reprend son cours, il s’empresse de la faire tournoyer sous son bras, faisant glisser ses doigts entre les siens. Elle tournoie sur elle-même une fois, deux fois, puis elle lève les bras la demoiselle, et lui il danse un peu devant elle, le rictus amusé, ils dansent ensemble mais ne se touchent pas, et ça va pas ça en fait, alors il reprend ses doigts dans les siens, glisse son bras dans son dos, sa main qui vient se nicher dans le creux de ses reins pour la coller un peu à lui, il sent leurs ventres se toucher à travers la mince couche de leurs vêtements, ça dure pas bien longtemps avant qu’il remette un peu de distance entre eux parce que ça le remue trop cette proximité, ça réveille des souvenirs qu’il étouffe depuis des années.

Il se revoit, il les revoit, tous les deux, à des soirées lycéennes, des soirées d’après-match, généralement, où se retrouvait tout le beau monde de l’établissement. Ils en profitaient pour boire le jeune couple, histoire de s’amuser un peu, et Landon il avait jamais eu trop de mal à danser, il était pas particulièrement doué en la matière mais se souciait trop peu du regard des autres pour en avoir cure. C’est plutôt Eden qu’il a plus d’une fois dû tirer du canapé où elle avait élu domicile pour la soirée, pour l’entraîner avec les autres, au cœur de cette foule d’élèves trop déchirés pour prêter attention aux deux adolescents. Ils faisaient de la merde tous les deux, vraiment, ils dansaient n’importe comment ensemble, de quoi faire se retourner dans leurs tombes les plus grands chorégraphes. Mais cela ne faisait rien, ils s’amusaient, partageaient le gobelet vermeil rempli d’alcool, s’embrassaient en riant, profitant d’une jeunesse, d’une providence trop vite envolée, plus tôt qu’ils l’auraient soupçonné, sans qu’ils le voient venir.

Mais Landon il en veut pas de ces souvenirs, il aimerait pouvoir les enfermer dans une malle et la laisser couler à pic au fond de l’océan pour ne plus jamais en goûter la désagréable saveur douce-amère. Ça fout trop le bordel dans son esprit, et l’alcool n’aidant pas, il aurait presque du mal à dissocier passé et présent. Un instant il danse avec elle, sa main dans la sienne, leurs deux corps un peu trop proches l’un de l’autre, et l’instant suivant il se surprend à vouloir l’embrasser, se retient de justesse pour ne pas se pencher vers son visage. Elle a raison la blonde, y a les habitudes qui reviennent au galop, au triple galop même, et lui il subit, vulnérable pantin malmené par des réminiscences depuis bien longtemps passées de date, forcé de lutter contre ses désirs, contre les pulsions de petit Landon, pas de Landon adulte, oh que non, le Landon de vingt-sept ans n’a aucune envie d’embrasser son ex, c’est du moins ce dont il tente de se persuader de toutes ses forces.

Et puis elle pose son verre la jeune femme, le laisse à quelqu’un, il ne sait pas qui, il n’a pas eu le temps de voir précisément qui est l’homme qui a récupéré le contenant. Toujours est-il qu’il sent sa main brûlante se poser sur le derme découvert de son biceps, en plein sur son tatouage qui est de sortie ce soir, bien qu’à moitié dissimulé sous la manche sombre de sa chemise. Il la regarde, sourire amusé qui se peint sur ses lèvres lorsqu’il voit le visage de la demoiselle se transformer sous la surprise, elle suffit à faire distraction et à le tirer de ses pensées trop lourdement tournées vers le passé. Et puis voilà qu’elle se met à lui tripoter le bras, qu’elle s’écrie qu’il a un tatouage. Eh oui. Mais il remarque même pas à quel point elle parle fort Landon, ça lui fait ni chaud ni froid de la sentir lui palper le biceps de la sorte, ne lui semble pas le moins du monde déplacé au vue du lien qui les unit. Il n’est pas vraiment plus frais qu’elle le jeune homme, alors elle pourrait bien faire n’importe quoi que cela lui semblerait sans doute être un comportement des plus normaux. Il lâche sa main en riant, il serait presque hilare Landon, l’alcool lui monte au cerveau à ce pauvre garçon, et la glisse dans son dos, l’envoyant rejoindre son autre main, l’entourant de ses bras pour s’assurer qu’elle ne s’écroule pas par terre, vu comme elle semble tout d’un coup peu stable. Elle remarque qu’elle est elle aussi tatouée, et ses yeux vont tout naturellement se glisser vers son épaule dénudée, vers cette large fleur qui a trouvé le temps de s’y déployer depuis qu’ils se sont quittés, œuvre d’art plaquée sur le chef-d’œuvre que constitue déjà la jeune femme, et qu’il a déjà eu l’occasion de remarquer sur le toit, puis au parc. Y a ce grand sourire qui se dessine sur ses lèvres lorsqu’elle évoque leurs promesses juvéniles, son regard plus très clair qui s’illumine soudainement tandis qu’il s’exclame :

- Mais oui ! On passait tout le temps devant ce salon de tatouages sur le chemin du retour du lycée, puis on regardait les modèles dans la vitrine et tous les jours on en choisissait un différent à se faire faire ! Puis tu te rappelles la fois où on a enfin osé pousser la porte, puis y avait cette fille qui chialait de douleur dans un coin parce qu’elle se faisait tatouer et on est repartis direct ?

Il a la langue en feu Landon, il parle trop, moulin à paroles possédé par les souvenirs. Les souvenirs qui courent dans sa gorge, dévalent le long de sa bouche pour ressortir en un fouillis de mots presque empressés, trop enthousiastes à l’idée d’être remémorés. Il se réjouit, il a cette expression imbécile au visage, l’air de celui qui retrouve une amie de longue date, qui s’épanche avec elle sur le passé.

Et puis voilà qu’elle lui demande de le suivre, de l’accompagner dehors se griller une clope. Il proteste même pas Landon, il en oublie de lui lancer un sale regard pour oser se détruire la santé à coup de nicotine tant il est bourré. Il ne se soucie plus de sa propre santé lorsqu’il a tant d’alcool dans le sang, alors se soucier de celle des autres ? Quelle vaste blague. Elle a à peine à esquisser ses moues d’enfant pour qu’il accepte de venir avec elle, loin de la torpeur du bar, loin de l’alcool coulant au gré des envies du client. Et c’est tant mieux, au vu de leur état à tous les deux. Ils filent du mauvais coton lorsqu’on les réunit avec plusieurs verres dans le nez, ils seraient bien capables de faire une belle connerie cette nuit. La chanson n’est même pas terminée mais il la laisse refermer ses doigts fins sur son poignet épais, trop épais pour sa petite main, il se laisse entraîner à travers la foule, l’alcool lui offrant de toute manière une résistance moindre. Mais il est moins mince que la jeune femme, garçon tout en muscle qui peine à se frayer un passage là où Eden passe sans mal. Il en bouscule des gens, une personne, deux personnes, trois personnes, fait même gicler du liquide hors du verre d’un type à peu près aussi frais que lui. Il se prend un sale regard de la part du mec en question, le sent commencer à s’engrainer, mais il n’a même pas le temps de lui répliquer de se calmer que déjà la jolie blonde l’a entraîné plus loin, et il se remet à rire le jeune homme, parce que cela lui semble bien con de se battre pour si peu ce soir, lorsqu’il aurait d’ordinaire été le premier à lever le poing pour ce genre d’incident.

Air frais de la nuit, presque froid, fraîcheur qu’il goûte d’ordinaire avec plaisir après une journée frôlant la canicule, fraîcheur qui le heurte de plein fouet ce soir, qui lui remet les idées en place le temps d’un battement de paupières, avant de les embrouiller plus que jamais. Passé un certain stade d’alcoolémie, même le froid ne peut plus rien pour une âme en peine barbouillée de liqueurs. Eden s’allume une clope, lui en propose une dans la foulée, il secoue la tête.

- Nan, c’est pas assez healthy pour un sportif de haut niveau, tu comprends ?, qu’il lui répond, le sourire dans la voix.

Il se moque Landon, se moque de lui-même, se fout de sa propre gueule. De sa carrière, du mode de vie qu’elle lui astreint, qu’il s’astreint lui-même. Exercice régulier, repas équilibrés – la plupart du temps, tout du moins –, ne pas se niquer les poumons à coup de cigarettes et la santé à coup de drogue et d’alcool. Régime strict auquel il se plie dans l’espoir de monter aussi haut qu’il le désire, unique écart qu’il s’autorise sur le dernier point, parce que personne n’est parfait, que chacun a son talon d’Achille, que le sien s’appelle Eden et qu’il trouve son salut, entre autres, dans la descente de verres.

Tête qui se tourne vers elle, prunelles azurées qui se posent sur son visage, en retracent sans pudeur les traits pour la millième fois. Yeux qui glissent sur son front, se perdent un instant dans ses iris bleutés, suivent la courbe de son nez, rejoignent ses lèvres desquelles s’échappe un filet de fumée toxique, poursuivent sur sa mâchoire, ses joues un peu plus creusées que dans le temps. Elle a le teint blafard, éclairé par la lumière multicolore des guirlandes lumineuses étendues au-dessus de leurs têtes, et il la trouve belle, tellement belle en cette chaude soirée d’été, il entrouvre les lèvres et les mots s’en échappent tous seuls, alcool traître qui le rend honnête, trop honnête.

- T’es jolie, Eden.

Trois pauvres mots accompagnés d’un doux sourire, le regard rendu flou par la boisson. Trois pauvres mots bien trop honnêtes, pas tout à fait cependant, car il ne dit pas tout Landon. Il ne dit qu’elle n’est pas simplement jolie, que la vérité c’est qu’il la trouve sublime, qu’elle reste à ses yeux la plus belle femme que la Terre ait jamais portée, même ce soir, même le regard rougit et les cheveux emmêlés, le visage rosi par l’alcool et les traits fatigués. Même là, elle est à se damner la demoiselle, ça lui noue l’estomac de voir comme elle est restée belle, comme elle s’est embellie avec l’âge. Lui aussi a-t-il gagné en beauté au fil des années, ou est-ce l’inverse qui s’est produit ? Il ne sait pas, il ne sait plus, il est perdu le jeune homme.

Pour le bien de son ventre malmené par la vision que lui offre la demoiselle, il détourne le regard, suit le nuage de fumée qui s’évanouit dans la nuit à mesure qu’il s’éloigne des lèvres rosées. Yeux qui se perdent vers le ciel, les étoiles qu’il voit un peu floues, il cligne des yeux, fait la mise au point, ça va mieux. Ça va mieux pour ses yeux mais pas pour son cœur, ça lui rappelle les soirées nocturnes passées à la plage, main dans la main lorsqu’ils n’étaient encore que des enfants, de naïfs adolescents croyant au destin et à un avenir doré. Il cligne une nouvelle fois des yeux. Il veut pas penser à ça, nan, il refuse. À la place, son esprit divague vers la soirée qu’ils viennent de passer, tout se bouscule dans son pauvre cortex, et le voilà soudain ramené quelques minutes plus tôt, à cette fameuse conversation sur les tatouages. Encore une promesse juvénile non tenue. Peut-être est-ce pour le mieux, il aurait probablement regretté d’avoir sauté le pas, aujourd’hui, d’avoir une trace de la belle ancrée à jamais dans sa peau. Il n’a pas besoin de ça pour ne pas l’oublier, de toute manière, elle prend déjà suffisamment de place dans son esprit sans qu’il ait à voir une marque en rapport avec elle à chaque fois qu’il se regarde dans le miroir. Mais ce soir, il ne pense même pas à ça, il se dit juste que c’est bien con de ne jamais avoir réalisé ce désir commun qu’ils avaient, alors il se tourne vers Eden, un large sourire aux lèvres, la prend par les épaules et s’exclame :

- Eh, t’sais quoi, j’ai une idée ! On l’a jamais fait ce tatouage dont on parlait tout le temps, on a qu’à y aller maintenant ! Mieux vaut tard que jamais il paraît !

Il a cet immense sourire qui illumine son visage tout entier, sourire qu’il offre à Eden pour la convaincre de le suivre dans son délire, parce qu’il en est fier de son idée en plus, l’imbécile. Trop bourré pour réaliser qu’aller se faire tatouer avec son ex dans un état pareil est bien la pire idée qu’il ait jamais eue.
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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyJeu 20 Juil - 15:41

Waiting here to find the sign that I can understand

Eden & Landon

Elle s’obstine la belle, elle s’obstine à chercher son zippo au point d’en oublier la notion de perdre son temps. Car sincèrement, elle aurait mieux fait d’aller demander un peu de feu à l’un des passants plutôt que forcer comme ça. Comme si elle détenait une bourse magique entre les doigts, un trou sans fin pour qu’elle ait du mal à le trouver son foutu feu. Mais elle ne s’en rend pas compte Eden, elle ne se voit pas. Elle ne s’imagine pas ô combien elle a l’air bête comme ça. Car si perdre son temps est une chose, la demoiselle a perdu la notion de la gravité en même temps visiblement. Elle doit être pitoyable à voir la blondasse lorsqu’elle fait tomber son sac au sol et manque tomber en essayant de le rattraper, simplement en se penchant. Elle a manqué moins une Eden de s’ouvrir le crâne, merci ses propres reflex qu’elle se soit rattrapé au plus proche poteau. Sans quoi, Landon aurait été obligé de l’amener tout de suite à l’hôpital

Tant bien que mal, elle se redresse toute seule, comme une grande et se met à rire une fois chose faite. On entend qu’elle dans la ruelle, les badauds se retournent derrière elle pour la voir pouffer comme une bécasse se demandant qu’est-ce qu’elle peut bien avoir celle-là. Elle, si elle rit comme ça c’est parce qu’elle comprend qu’elle ne va certainement pas tenir toute la soirée à la verticale si elle continue de boire comme ça. Bientôt, elle sera au sol. A l’horizontale. Car elle aura l’esprit bien plus retourné encore que présentement, le cortex deviendra défaillant ; obsolète jusqu’à la fin de la semaine prochaine tant elle aura accumulé les boissons alcoolisées dans une unique et seule soirée. Elle a les épaules qui tressaute, qui sautille tant elle ne peut s’empêcher de rire en pensant à tout ça. Se disant que c’est génial de pouvoir autant boire et de le faire avec Landon. Le pire, c’est qu’elle se pense discrète à pouffer comme ça tel une imbécile. Elle se pense invisible, non pire. Elle ose se mentir à elle-même ; croire qu’elle est tout à fait normale là Eden. Elle pense qu’elle a une maitrise parfaite de ce qu’elle fait et de ce qu’elle peut dire. « Ah ! Enfin je te trouve toi … » laisse-t-elle échapper d’entre ses lippes subitement avec un éclat de joie dans la voix, fendant le silence qui accompagné sa recherche. Pour appuyer ses dires, elle sort de son sac à main l’objet tant désiré. Son briquet. Enfin, elle aura réussi à le retrouver.

Elle en peut plus Eden, elle est à bout de force maintenant qu’elle a enfin réussi à allumer sa cigarette. Elle a l’impression d’avoir fait le marathon juste en cherchant un truc dans son minuscule sac qui peut contenir quatre bricoles au maximum. Merde, ça craint d’être torché à ce point. D’un œil rapide, elle regarde les environs à la recherche d’un banc. Mais non, rien de ça dans les parages. Et ça, même en claquant des doigts comme dans la pub one million de Paco Rabane. Celle ou tout apparait en un claquement. Elle tente une approche alors, en bougeant le bout de son nez comme Samantha, la sorcière bien aimée. Refaisant à la lettre le geste de l’héroïne de cette vieille série qu’elle regardait avec nanny à la télé. Mais non, toujours rien. Le banc n’apparait toujours pas. « Merde … Fait chier ! » Elle se met à jurer la poupée, elle essaie même de donner un coup de pied dans une capsule de bière au sol et la rate lamentablement. Elle perd toute élégance en un rien de temps. Mais elle est blasée de voir que son grand souhait de voir un banc apparaitre n’est guère en train de se réaliser. Elle qui se pensait tout d’un coup dans les contes de fées… C’est raté.

Alors, d’un air défaitiste, presque désolée pour elle-même et Landon, elle vient s’appuyer mollement contre le mur du bar ou ils étaient précédemment et elle lui propose une cigarette. Ne sachant si il est preneur ou non. Et comme elle s’y attendait il répond que non. Que fumer, ce n’est pas bon. Ce n’est pas un truc sain pour un sportif de son niveau et elle ricane en hochant la tête un peu trop vivement se doutant bien à l’avance qu’il dirait non. Elle laisse sa tête aller se coller contre la surface en béton de la bâtisse préféré des saoulards. Une foi le dos contré contre le béton froid, elle laisse rouler sa tête vers Landon. Perdant son regard sur la posture de son ex, un peu plus avancée qu’elle dans la ruelle. Se tenant droit. Vraiment droit et les mains dans les poches de son jean trop blanc. Il ne scille pas Landon. Il n’est pas comme elle qui peut finir au sol juste en emmêlant ses propres jambes comme si elles étaient faites de ficello, le fromage pour enfant rigolo. Il est musclé lui, c’est une baraque. Il a un corps aussi dur que l’un des murs de ce bar. Il a l’air d’être sculptée dans la pierre et ça lui donne le sourire, elle s’imagine un instant coincé entre ses bras. Il n’aurait qu’à serrer un peu trop fort pour lui couper la respiration. Quelle belle mort. Il a l’air fort Landon, bien plus qu’avant encore. Ainsi, elle s’humecte les lèvres la belle, elle bat des cils en le détaillant sans la moindre gêne. « Je me disais bien qu’un tel corps d’apollon ne s’était pas battit tout seul, sans effort … » Sourire en coin qui illumine son visage, elle parait presque charmeuse Eden quand elle dit ça. À demi-consciente des mots qui sortent d’entre ses lippes. Ne se rendant pas vraiment compte du compliment qu’elle lui sert sur un plateau d’argent au garçon. Mais ça sort, tout seul. Tel une évidence. Car il est beau Landon, il a un corps de demi-dieu et ce soir, sous la lune peu timide, qui se montre entière et les étoiles qui afflige le ciel elle ne peut le nier. Ce n’est pas pour rien que cette année il figurera dans les calendriers des dieux du stade le bellâtre. Elle n’est pas la seule à voir la beauté qui lui fait face. Mais si ce n’était que ça, si il n’avait que le corps de beau… Si la perfection ne s’arrêtait qu’au niveau de ses clavicules… Ça serait rassurant pour le commun des mortels. Mais non, elle s’étonne à encore et toujours penser qu’il a un visage d’ange Landon, le plus bel ange que dieu ait pu laisser tomber de ses précieux filets et elle profite qu’il ait de nouveau tourner la tête pour rassasier sa cervelle de sa beauté.

Chaque trait de son visage donne l’impression d’avoir été dessiné et sculpté parfaitement par la main de Michel-Ange. Rien ne manque, tout à l’air minutieusement choisi pour être harmonieux. Que ce soit les yeux en amande couleur océan, son nez droit et quand même bien fin - ce qui est rare chez un garçon – car il faut dire ce qui est. Les mecs, surtout sportif ils ont tous le nez tordu, éclaté. S’étant pris malencontreusement un coup dedans. Mais pas lui, c’est un miraculé Landon James. Il a un nez aussi droit qu’un trait tracé à la règle.  Puis elle n’oublie pas ses lèvres Eden. O non, elle n’oublie certainement pas ses lippes délicates, assez fine mais tout de même existante auxquelles elle avait tant gouté par le passé. Elle s’attarde sur chaque détail de ce visage aussi fatigué que le sien la diablesse car elle est plongée en pleine réminiscence la pauvre fille. Elle le regarde étrangement, elle le regarde comme si c’était la toute première fois Eden. Ses yeux s’adoucissent, se pose sur son visage comme un papillon sur une fleur. Elle ne voit pas sous ses yeux le garçon dont elle était tombée amoureuse fut un temps. Non, elle en voit un autre. Plus costaud, coiffé différemment mais pourtant il lui fait tout autant mal au cœur celui présentement à ses côtés et ça la fait chier, extrêmement chier d’avoir le cœur qui tiraille. « Tu sais que t’as changé Landon … ? J’ai du mal à savoir si c’était vraiment toi le garçon avec qui je suis sorti au lycée… »  Elan de vérité qui fuite sans qu’elle ne le décide d’entre ses lèvres. Elle a du mal à exprimer sa pensée la petite, elle dit ça en riant, mais c’est un rire nerveux qui sort d’entre ses lippes. Le genre de rire pas contagieux. Elle parle mais elle semble perturbée tout d’un coup. Elle a les sourcils froncés, la lèvre inférieure qu’elle commence à triturer ne sachant dissocier les deux parties qu’elle confronte. Le présent et le passé. « Si t’avais pas ses yeux, ce regard si particulier et ce nez Landon t’aurais l’air d’un homme totalement différent…. Ça me perturbe … Il est où Landon avec sa mèche longue ? Et… Pourquoi toi t’as grandi et pas moi ? Moi aussi j’veux changer, j’ai pas envie de faire tâche à tes côtés moi… Pourquoi t’as avancé et pas moi ? » Elle minaude Eden, elle prend sa tête de petit chien battue, toute triste en lâchant le fond de sa pensée comme ça, sans préavis, sans au moins tourner sept fois sa langue dans sa bouche la gamine de Tybee. Elle est jalouse de lui. Vraiment trop jalouse qu’il ait l’air bien, qu’il ait grandi de ces sept ans de vie sans elle pendant qu’elle, n’arrive tout bonnement à rien dans sa propre vie. Toujours le même physique, le même style, les mêmes conneries et cette putain de passion pour la photographie. Elle passe alors une main dans ses propres cheveux platine. Déboussolé, perdue dans ses pensées colériques. Elle préfère s’arrêter de parler car elle l’a déjà trop fait en moins d’une minute. Elle en a trop dit Eden. Elle se jure de la fermer, de ne plus l’ouvrir à tout jamais.

Pourtant, maintenant qu’elle a conversé, c’est une autre lubie qui vient s’ajouter à son esprit malmené entre l’alcool et ses pensées embrumée. Elle a envie de s’approcher de lui Eden, elle a envie de se coller à lui et de raviver la flamme des souvenirs la jolie. Elle a envie de savoir si c’est réellement son Landon ou non qui lui fait face. Si il n’y a que la physique qu’à évolué ou si c’est un tout autre homme. Un homme qui contrairement à l’ancien ne l’aimera pas. Et Il n’y a que ses lèvres, les embrasser et les goutter qui peuvent conclure si c’est bien ce garçon-là avec qui elle parle, celui du lycée qui est en face d’elle. En fait, elle se trouve des raisons bidon Eden avec son cerveau complètement à la ramasse, elle se dit que c’est qu’une question de théorie à prouver. Si elle a envie de regoutter à ses lèvres rosées et cette mâchoire carrée - qu’elle avait redessiné par centaine de fois durant trois années – quand il dormait à ses côtés, et qu’elle adorait embrasser pour le réveiller. C’est juste pour se rassurer que ce n’est pas le même garçon qu’avant celui qu’elle a en face d’elle. Celui de vingt-sept ans il est beau de manière différente mais il ne l’aime pas elle. C’est juste une copie, parfaite mais tout de même pas conforme. Pas exactement du moins. Il n’y a que l’ancien Landon pour l’aimer, le Landon d’avant l’armée. Alors, elle veut juste l’embrasser, le toucher une seule fois pour s’assurer qu’il a changé, que celui qu’elle a quitté ne peut pas être celui qu’elle a sous les yeux. Elle veut se dire qu’elle n’a rien à regretter.

Elle veut s’assurer qu’elle ne dit pas des bêtises Eden, bien s’assurer que tout est toujours en total coordination chez Landon. Car d’après elle, si il a changé physiquement ainsi que mentalement alors ses sentiments à son égard aussi ont changés. Ses lèvres contre les siennes n’auraient plus le même gout qu’avant. Il n’y mettra pas toute son âme dans ce baiser si il a réellement changé. Elle hésite la belle, elle bouge un peu, elle gigote contre le mur. Prête à s’approcher de l’ennemi. Puis, elle se ravise en regardant celui à ses côtés une dernière fois avant de se lancer. Ainsi, elle tombe des nus, une seconde fois. Il est d’une perfection presque fatigante l’homme de vingt-sept ans qui ne lui offre qu’une vue sur son profil, il lui file toujours autant de complexe à la blonde qui fut un temps devait se faire à l’idée qu’elle résidait à ses côtés tel un faire-valoir tant elle ne l’égalait physiquement. Même sans avoir à l’embrasser elle l’a sa vérification, elle a la réponse à sa question. Il a changé Landon, il ne sera jamais comme avant. Il l’avait lui-même instauré ce changement. La guerre avant elle, il ne l’aimait déjà plus comme avant il y a sept ans. Alors adieu l’approche, adieu les rêveries de ses lèvres contre les siennes.

Brutalement, elle retombe dans la dur et fracassante réalité Eden. Juste le temps de cligner des yeux et elle a perdu son air attendri, son sourire bête sur le visage. Elle oublie ses envies suaves et toutes les conneries de louanges qu’elle fait à son ex dans sa tête la belle. Elle est obligée de quitter son nuage empli de connerie lorsque les yeux de Landon viennent se poser sur sa personne. Lorsqu’il se met à son tour à la détailler comme si les deux longues minutes qu’elle venait de passer à le regarder et se tâter à venir le coller se retourner contre elle. En sa défaveur pour l’occasion, car il n’y a rien à voir du côté Howard. Elle a le teint plus pâle que de coutume, le maquillage des yeux qui chaque minute coule un peu plus dans sa muqueuse et qui finira par lui donner des airs de panda. Elle est maigre, si fine qu’elle parait inexistante la pauvre. Elle tire un long coup sur sa cigarette la petite. Elle le regarde un instant et tourne la tête doucement pour ne lui laisser que la vue de son profil. Elle cache la misère Eden, elle lui donne moins de contenue pour qu’il ne reste pas trop longtemps figé à la regarder.

Elle s’évertue à rester les yeux rivés vers les étoiles la princesse des idioties, elle laisse sa cigarette se consumer au bout de ses doigts et la fumée s’envoler vers l’astre lunaire. Elle se perd dans ses pensées. Se demandant si il avait déjà arrêté de la regarder ou bien si son regard adoucit par les verres qu’il avait empilé tout au long de sa soirée le laissait divaguer, s’envoler vers d’autres contrées pendant qu’il est entrain de la regarder. Puis il fracture le silence qui avait repris entre eux de ses palabres trop gentilles Landon. Trois mots qui font battre le cœur, qui embrase le sang dans les veines de la belle. Il coupe le silence de ses mots qu’elle n’arrive pas à croire. Qu’ils sortent de sa bouche, ou celle d’un autre. Elle en est incapable. Impossibilité pour elle de s’y laisser méprendre. L’ensemble de cortex affiche les mots error 404 et ce bloque-là à l’approche d’un éloge à son égard. Mais Landon, au moins. Il arrive à la faire réagir. Faire exploser sa pression artérielle alors qu’il n’est pas le premier à s’y risquer. Il réussit à faire battre un cœur qu’elle dit ne plus exister. Il réussit là où tous les autres ont échoué.

Elle tourne lentement la tête vers son ex Eden, elle s’empourpre. Elle a les joues qui brûlent de façon ardente la blonde. Elle a l’estomac soudainement nouée, elle est gênée. Elle sourit, un sourire très - trop - timide s’affiche sur son visage fatigué. Ses yeux brillants, jouant de la luminosité juste au-dessus d’eux se plisse un peu pour mieux le regarder avant de finalement aller se perdre sur les graviers à leurs pieds. Elle tire une taffe de sa nicotine en tube et redresse la tête vers lui d’un air désapprobateur ne sachant que dire. Elle a le regard pour la sous-titré, elle sait comment lui parler sans même prononcer un mot Eden. Juste à la façon de pencher sa tête, de froncer les sourcils elle lui fait comprendre qu’elle ne lui tiendra pas rigueur de ce compliment, de cet instinct animal qu’à l’homme à complimenter une femme dans les parages. Elle le regarde comme ça pour gagner du temps la blonde. Car elle ne sait tout bonnement pas quoi dire l’américaine, elle aimerait simplement le remercier mais elle ne sait pas s’y prendre. Alors elle abandonne, elle répond tout naturellement « J’ai du mal à y croire … Surtout vers trois heures du mat. J’sais que mon potentiel descend vers ces eaux-là. » Elle hausse les épaules la belle et extirpe sa carcasse, son dos loin du mur en riant pour se donner un peu de contenance. Elle s’approche de lui Eden, elle vient se planter à ses côtés et regarde le ciel comme lui le fait. « C’est pas parce que j’tai fait un compliment ou deux, j’sais plus. Que ça veut dire que tu dois m’en faire un tu sais … » Elle continue de fixer la lune Eden, elle n’ose même pas le regarder en lui disant ça la belle car elle a peur de l’affronter. Elle a peur de ressentir de nouveau cette envie insoutenable de l’embrasser.

Clope qu’elle termine les yeux rivés vers l’étendue du ciel. Elle fixe chaque petite lumière, chaque petite étoile qui illumine le firmament. Elle a beaucoup de chose qui lui passe dans la tête Eden. Elle repense aux nuits passé sur les toits du bar d’Historic District. Elle repense aux heures passés là-bas à fixer assis les pieds dans le vide les astres en se demandant comment le futur se déroulerait pour eux. Dans quelle ville ils iraient vivre ? Quelle destination ils aimeraient faire ensemble quand ils auraient de l’argent. Elle se rappelle de beaucoup de chose en souriant. Trouvant chaque souvenir doux ce soir, beaucoup trop doux pour être controversé par la haine habituelle qu’elle porte à sa mémoire lorsqu’elle se remet à songer au passé. Soudainement, elle jette la cigarette à ses pieds lorsque celle-ci est bel et bien fini et pour ne pas perdre l’équilibre et manquer une nouvelle fois de se fracturer quelque chose, elle accroche sa petite main pale au bras bronzé de Landon. Son bras qui se contracte sous ses doigts, sa peau glacée qui lui arrache à elle-même un frisson. « T’es congelé... » lui fait-elle remarquer en écrasant du bout de sa chaussure le mégot jonchant au sol. Une foi chose faite elle ose prendre la parole d’un ton affirmatif, prête à continuer à vider les comptoirs en compagnie de son ex « Bon, on retourne à l’intérieur ou bien ? » Elle tourne la tête vers lui et lui en fait de même vers elle. Elle le toise en arquant un sourcil la belle, elle le voit qu’il a un truc pas net dans la tête ; un éclat de malice dans les yeux. Elle penche sa tête en le fixant, cherchant à déceler dans ses yeux ce qu’il peut bien tramer pour faire cette tête mais rien de bon concluant elle n’est pas devenue voyante entre minuit et trois heures du matin. Elle enlève alors sa main du bras du footballer et vient poser ses deux mains sur ses propres hanches prête à lui dire de cracher le morceau. Comme si il savait ce qu’elle allait dire, il prend les devants Landon, il la devance l’homme sans qu’elle n’ait le temps d’ouvrir la bouche. Il pose ses mains sur chacune des petites épaules de la blonde et sourit comme un imbécile en lui proposant d’aller se le faire maintenant ce tatouage.

Une, deux, trois puis quatre secondes de silence ou Eden le regarde sans rien comprendre les yeux plissés, les sourcils froncés. Mais de quoi il parle … ? Elle réfléchit, elle perd ses yeux sur son visage à moins d’un mètre d’elle et soudain elle se rappelle de la conversation à l’intérieur du bar. Tout lui revient : Les tatouages, sa main posée sur le biceps tatoué de son ex ; elle qui lui dit qu’elle aussi a la peau ancrée … Elle écarquille les yeux et ouvre la bouche en grand. Ses mains venant se poser sur les avants bras de son ex en sautillant presque sur place. « Aaaaaah !!! J’avais oublié la conversation à l’intérieur ! » Elle se met à rire, elle pense qu’il lui fait une blague Landon. Qu’il dit ça pour rire, juste pour déconner pour trouver de quoi converser. Mais plus elle rit, plus son sourire à lui se fige et elle s’arrête de rire forcé par la tête que tire son ex. « Bah quoi … ? T’es… Sérieux ? » Il ne dit rien, la fixant le plus sérieusement du monde et elle perd toute once de lucidité, elle ne pense pas une seule seconde qu’ils sont actuellement en train de filet du mauvais coton. Elle ne voit que le visage de Landon qui hurle à l’envie de sentir les aiguilles taper sur son corps pour y inscrire à tout jamais un truc qui sera certainement con. « Je… mais… Maintenant ?! Mais … » Elle se mord la lèvre Eden, elle tourne la tête car elle sait déjà le regard qu’il est entrain de lui faire, elle tourne la tête et regarde un instant la ruelle vide pour ne pas exploser de rire tant l’idée est loufoque et tant elle lui plait en même temps. Ça lui fait plaisir à Eden ce genre de connerie, ça lui fait tambouriner l’organe sacrée d’entendre qu’il veut toujours le faire ce foutu tatoue en commun après tant d’année. Elle fait durer le suspense Eden, elle agit comme si elle ne savait pas déjà qu’elle allait lui dire oui. « Tu penses qu’il est encore ouvert à cette heure-là… ? » Elle laisse le couperet tomber, elle caresse un instant ses avants bras toujours poser sur ses épaules avant de se reculer, de laisser glisser les bras de son ex ; voyant ses bras musclés retomber mollement de chaque côté de son corps. « Mais avant on doit aller prendre un truc, j’ai vraiment besoin de quelque chose pour pas me défiler … » Elle est comme ça Eden, elle a beau avoir une fleur énorme tatoué sur l’épaule, un mot sur le côté du poignet elle a besoin d’un remontant, d’une bonne dose d’alcool pour se lancer. Elle en a une peur bleue des aiguilles, elle y a succombé deux fois mais en se répétant à chaque fois que ça serait la der des ders. Menteuse.

Ainsi, elle marche en sautillant dans les rues Eden, tel une enfant manquant de se faire renverser par une ou deux voitures passantes, chanceuse que Landon soit quand même plus robuste à l’alcool qu’elle pour la retenir dès qu’elle manque de se foutre en l’air. Elle fait que rire la demoiselle, elle se trémousse dès qu’il faut se montrer patiente pour traverser d’un trottoir à l’autre. Laissant sa jupe remonter sur ses cuisses à peine dorées à chaque mouvement. Chaque arabesque qu’elle se permet de faire en tournoyant sur elle-même. Elle a repris du poil de la bête la blondinette. Elle a retrouvé de l’agitée. Elle sait où se diriger pour trouver sa bibine la gamine. Elle sait où se situe la plus proche épicerie nocturne dans le quartier. « Alleeer tes long Landon, donne-moi ta main ! » Elle lui tend la main la vilaine. Elle lui tend la main pour l’entrainer dans sa folle course, dans sa démarche hilare de petite danseuse classique qu’elle n’est pas.

C’est comme ça qu’ils se retrouvent dans cette miteuse épicerie de quartier, à tourner dans les rayons en quête d’un alcool assez puissant pour qu’elle perde sa crainte de la douleur. Ils ont l’air d’un petit couple comme ça, dans le rayon. Eden la tête contre l’épaule de Landon réfléchissant à ce qu’elle veut prendre. Le marchand les regarde dans sa caméra à la caisse et soupire tant ils ont l’air niais et bourré les deux jeunes gens. Elle pointe du doigt une bouteille Eden et relève les yeux vers son ex pour savoir si il veut bien de ça ou bien celle qu’il a entre les mains. « Pourquoi la décision finale elle te revient même ? C’est pas juste. C’est toujours la même rengaine… » Gamine trop bourrée, gamine qui joue les capricieuses sous les yeux azurées et complètement déconnecté de la réalité de celui qui aurait pu devenir son fiancé.

Bouteille qu’ils se passent tour à tour qui commence très sérieusement à se vider. Une gorgée chacun se sont-ils instaurés comme règle équitable en sortant du magasin, de chez ce charlatan qui vent les bouteilles au prix d’un rein sur le marché noir. Elle sait bien la belle qu’il a une plus grosse descente que elle Landon, que ses gorgées ne valent en rien les siennes mais elle s’en fiche. Elle sait qu’elle frôle déjà le coma éthylique alors elle ne va pas chercher encore plus d’ennuie. Tant qu’elle boit, ça lui convient. Après une quinzaine de minutes passées à tourner en rond et tenter de trouver ce satané Tatoueur auquel ils allaient tout le temps se renseigner pendant leurs adolescences. Ils se retrouvent enfin face à la devanture du Tattoo Shop. Elle regarde les néons qui grésillent une fois sur deux d’un air sérieux, presque émue d’être là, impressionnée qu’il soit encore présent ce tatoueur sur Savannah. Elle tourne la tête vers Landon et le regarde en riant à moitié, bien trop nerveuse d’entrée à l’intérieur. « On y est … » Elle souffle un long coup Eden, ultra stressé tout à coup. Elle sent ses mains devenir moites et elle s’efforce de les essuyer sur le tissus noir et souple de sa jupe. Elle s’approche alors de la vitrine, doucement, collant presque son nez contre le verre et regarde les motifs présentés. « Ce dessin est là depuis 2010… C’est dingue, rien n’a bougée ! » Dit-elle en pointant du doigt le dessin qu’elle reconnait comme étant celui qu’elle zyeuté depuis des années lorsqu’elle n’était encore qu’une adolescente innocente à la peau encore vierge d’ancre à tatouer.

Elle a peur Eden, trop peur soudainement. Elle tourne la tête vers Landon et le regard d’un air inquiet. Se triturant les doigts comme une gamine en stress d’aller voir ses résultats d’examens placardés dans les couloirs de son lycée. « T’as pas le traque toi … ? J’ai trop peur bordel tout à coup ! » Elle tourne sur elle-même en plaquant ses mains sur son crâne, air théâtrale qu’elle ne simule même pas. Elle est réellement en plein drama dans sa tête la pauvre Howard elle le regarde en se faisant de l’air. « Rassure moi Landon sinon j’vais pas le faire j'me connais ! » Elle attrape ses poignets et le regarde les sourcils froncés. Très sérieuse. Trop sérieuse et en même temps surtout trop bourré. Toujours à le toucher comme si il était encore son petit ami comme à l’époque du lycée.  


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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyLun 24 Juil - 14:52

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Eden & Landon

Compliment inattendu, surgi tout droit des sombres vapeurs de la nuit. Compliment qu’il n’a pas vu arriver le sportif, jeune femme qui flatte son corps bien dessiné. Il est habitué, Landon, à ce genre de remarques. Petites phrases libérées au fil de la conversation, plus ou moins subtiles, immanquablement charmeuses. Il en a pris l’habitude, elles ne lui font plus ni chaud ni froid aujourd’hui, car il a pris le pli de la séduction contemporaine, il sait mieux que quiconque que les éloges ne sont plus là que pour faire fondre l’armure du voisin, l’amener à se perdre dans sa couche pour le temps d’une nuit, avant de l’effacer tout aussi vite de sa vie sans l’ombre d’un au revoir. Il le sait tout ça, il applique lui-même ces préceptes, mais avec Eden c’est différent. C’est différent parce qu’il sait que si elle dit qu’il a un corps d’Apollon, ce n’est pas pour le séduire, loin de là, même éméchée, elle n’aurait pas la moindre raison d’agir ainsi, rien dans son comportement ne lui prouve qu’elle pourrait avoir des raisons de le faire. C’est différent parce qu’il se fout d’ordinaire royalement des filles qui le complimentent, qu’elles ne constituent guère plus à ses yeux que des objectifs d’un soir, mais qu’Eden, elle, c’est la seule femme qui ait jamais compté pour lui, la seule qu’il en a quelque chose à faire de blesser ou non, la seule dont la flatterie déclenche quelque chose en lui, même si elle n’est pas bien sérieuse, cela se voit à ses battements de cils, au ton de sa voix, puis à cet alcool qu’elle exhale par tous les pores. Mais cela ne fait rien, lui-même il est loin d’avoir les idées claires, et il se laisse charmer par les douces paroles, paroles trop sucrées pour la langue de vipère de la belle.

- Ah ben ça, c’est sûr que c’est pas apparu tout seul hein, qu’il répond en posant sa main sur son ventre, tapotant ses abdos bien dessinés.

Parce qu’il sait pas accepter les compliments Landon, il sait pas y faire et quand il est bourré c’est pire que tout, il prend des airs faussement prétentieux, limite imbu de sa personne, l’alcool n’arrangeant rien chez lui. Puis elle continue à parler la gamine, elle met le doigt sur une vérité, ils sont sortis ensemble par le passé, il l’aurait presque oublié le pauvre garçon. Oublié qu’il se trouve en présence de son ex et non pas d’une simple jolie fille, qu’il peut pas se permettre ce qu’il veut, la draguer à loisir car c’est fini entre eux, que le stade actuel de leur relation – ou absence de relation – impose au contraire une forme de malaise teinté de ressentiment qu’ils ne semblent ni l’un ni l’autre décidé à respecter cette nuit.

Paraîtrait qu’il a changé. Il serait hypocrite de sa part d’oser le nier, lorsqu’il se fait ce même constat chaque fois qu’il se risque à regarder des photos datant du lycée, même de l’armée. Au-delà des cheveux qui ont un peu bruni, de la mèche qui s’est dressée en une coiffure plus adulte, au-delà de la barbe légère qui couvre aujourd’hui ses joues, y a le visage qui s’est aminci, la mâchoire qui s’est faite plus carrée et le corps, ce putain de corps qui a bien doublé de volume avec le temps. Il le sait bien qu’il a changé, mais ça ne le heurte pas moins pour autant d’apprendre qu’elle ne le reconnaît plus. Lui qui est aujourd’hui encore capable de redessiner mentalement les traits de son visage, la moindre inclination de sa petite personne. Mais ils ne sont pas à terrain égal, et ça il ne s’en rend pas compte le jeune homme. Il a le cerveau qui baigne dans l’alcool, et la lumière refuse de se faire à son esprit, il refuse de comprendre que, physiquement, il est devenu un autre homme lorsqu’Eden a à peine bougé d’un poil. Alors forcément qu’il la reconnaît. Forcément qu’il lui suffit de la revoir une fois pour que son visage se voit de nouveau imprimé dans son cortex aussi nettement qu’il l’était par le passé. Il vient s’adosser au mur voisin, tourne la tête vers elle, esquisse le sourire niais de celui qui a trop bu.

- Mais bien sûr que tu fais pas tâche à mes côtés Eden, on va aussi bien ensemble qu’au lycée voyons !

Il pourrait lui dire que le physique n’est que superficiel. Qu’il n’est en rien la preuve d’une quelconque avancée, qu’elle a peut-être bien plus avancé que lui intérieurement, personnellement. Mais les paroles sensées sont aux abonnés absents lorsqu’il se trouve en pareil état, et il trouve rien de mieux à faire que raconter des conneries, des trucs qui lui auraient donné envie de se pendre tant il aurait été embarrassé d’avoir dit cela s’il était sobre. Mais il ne le dit pas, et sa langue continue d’agir à sa guise, de lui faire débiter bêtise sur bêtise, jusqu’au lever du soleil probablement.

- Puis c’est vrai que t’as pas changé des masses toi, mais moi j’aime bien, ça me fait tellement plaisir de retrouver la Eden que j’ai toujours connue !

Lippes fines qui s’étirent en un large sourire, sourire Colgate qu’il lui offre ce soir, spécialement dégainé pour l’occasion. Il est charmeur Landon, trop charmeur, puis non, il sait même pas ce qu’il est en fait, trop charmeur, trop honnête, trop nostalgique, trop déconneur… Juste trop. C’est pas lui ça, c’est juste un jeune homme que les cocktails alcoolisés ont tourné en un cocktail d’attitudes foireuses. Ne prenant pas conscience de la tristesse de la petite blonde. De sa jalousie, de sa colère. Garçon égocentrique qui débarque avec ses gros sabots, sans même plus chercher à prendre de gants.

Il se rend compte de rien Landon, à croire que l’alcool le rend aveugle, sensible aux gracieuses enveloppes charnelles, insensible aux sentiments des autres. Il capte pas le trouble de sa voisine, le débat intérieur qu’elle subit ; lui, tout ce qu’il voit c’est une délicieuse créature à portée d’yeux, alors il trouve rien de mieux à faire que de lui dire, parce qu’après tout, pourquoi se priver d’énoncer des vérités qui font du bien au cœur hihi ? Palabres libérés par ses lippes, vite, bien vite avant qu’il se dégonfle, avant que quelque clarté ne vienne percer son esprit embrumé. Il la voit se tourner lentement vers lui, redonner à ses prunelles le privilège de croiser son doux visage, pourtant plus ravagé que jamais. Il ne distingue même pas la manière dont ses joues adoptent une teinte écarlate, la faute à l’obscurité alentour, à l’éclairage changeant des luminaires suspendus au-dessus de leurs têtes. Mais son sourire il le distingue, un sourire qui lui ressemble peu, qu’elle dégaine bien rarement. Le sourire timide, le sourire qu’elle lui a bien souvent adressé au tout début de leur relation, avant même qu’ils ne sortent ensemble, sourire qu’il n’a que peu connu mais jamais oublié. Puis y a le regard qui se plisse dans sa direction, le regard qui s’abandonne à leurs pieds, le regard qu’elle lui accorde de nouveau, le regard évocateur, le regard Ô combien plus bavard que la bouche. Le regard qui lui hurle que c’est gentil mais qu’elle n’en fera rien, qu’ils sont trop bourrés pour accorder le moindre crédit aux paroles de l’un ou de l’autre. Et enfin les lèvres s’entrouvrent, enfin les mots s’évadent loin, bien loin, jusqu’aux oreilles du jeune homme. Réponse qui l’attristerait presque plus qu’elle le rassure, constat que la demoiselle a toujours une estime d’elle-même aussi basse que dans le temps.

- Non, tu te trompes Eden, ton potentiel il a jamais été aussi haut.

Langue qui se délie, qui se fait trop agile, organe traître qu’il n’arrive même plus à maîtriser, à empêcher de mettre des mots sur ce qu’il pense, sur ce qu’il ressent, sur la manière dont sa beauté diaphane suffit à lui nouer l’estomac en un éclair de seconde. Mots prononcés dans un espèce d’empressement pour s’assurer de ne pas laisser l’occasion à la jeune femme d’ajouter la moindre chose, paroles qui viennent pourtant compléter les précédentes l’instant d’après, lui disant qu’il est bien gentil mais qu’il n’a pas à satisfaire une dette de compliment. Mais il n’en est rien ; c’est pas l’alcool qui le fait parler, lui au moins le sait. Certes c’est l’alcool qui dénoue sa langue, mais ce n’est pas lui qui rend la jeune femme plus charmante qu’elle ne l’est déjà à ses yeux. Il n’a pas besoin d’avoir un coup dans le nez pour se rendre compte de l’éclat unique qui illumine constamment son regard, ou de la manière ravissante dont se plissent ses yeux dès lors qu’elle rit un peu trop fort. Elle est proche de lui Eden, plus qu’avant, mais elle ne le regarde même pas, les opalescences au ciel. Il la regarde, lui, comme toujours, les prunelles rivées sur ses yeux barbouillés de noir, son nez qui se découpe dans la faible luminosité, ses lèvres qui embrassent le papier de la clope. Âme en peine incapable de se rassasier de sa beauté.

- T’as jamais su accepter les compliments…, qu’il répond, le sourire mélancolique, attristé de voir pareille jeune femme douter de sa beauté.

Y a le regard qui s’éteint soudainement, les opalescences azurées qui se voilent du regret de n’avoir su apprendre à la jeune femme à s’aimer autant qu’il l’aimait, puis les lèvres qui s’étirent un peu moins grand. Lever de rideau sur le Landon charmeur, place à un Landon plus nostalgique. Pour combien de temps, seulement ? Une, cinq minutes ? Il devient vaguement bipolaire le jeune homme lorsqu’il boit trop, Jean qui rit Jean qui pleure, c’est un peu problématique sur les bords.

Main qu’il sent soudain se poser sur son bras, doigts ardents au contact de son derme naturellement frais. Muscles qui se contractent spontanément, réflexe d’un jeune homme qui a trop longtemps vécu sur le qui-vive. Ses yeux se baissent vers sa chaussure occupée à achever la cigarette, avant de se reporter sur son visage. Rictus qu’il esquisse à l’entente de sa remarque, mots qu’il ne cherche même plus à retenir.

- Et toi t’es toujours aussi brûlante…

Il fait même plus gaffe à ce qu’il peut bien raconter le jeune homme, fatigué de sans cesse lutter pour ne pas prononcer les paroles qu’il ne faut pas, des paroles fâcheuses, trop honnêtes ou trop charmeuses, des paroles pouvant prêter à confusion ou bousculer cette fragile complicité qui retrouve ses marques entre eux. Il baisse les yeux, se perd déjà dans ses pensées, dans les réminiscences bien fraîches et pourtant déjà un peu floues de la nuit qu’ils partagent, l’entend à peine lui proposer, non, plutôt lui intimer de revenir à l’intérieur avec elle pour continuer de se mettre mal, toujours plus mal pour les anciens amants déchirés par la présence de l’autre à leurs côtés. Paroles qui lui parviennent, perdues dans un épais brouillard, paroles auxquelles il ne répond même pas, qu’il ignore involontairement en la prenant par les épaules pour lui exposer sa propre vision de la suite de la soirée. Oh, rien de bien méchant, il les tait ces idées qui trottent au fin fond de son esprit, ces pensées guères sages pour ces complices depuis trop longtemps séparés, il les refoule au plus loin ses désirs d’accueillir le lever du soleil à coups de soupirs et de plaisir mêlé. Non, il sait encore se tenir le beau brun, plus trop mais un minimum quand même, alors il lui propose un tatouage, rien de bien vilain encore une fois, c’est du moins ce qu’il pense, il oublie que ça va faire mal, que leur état à tous les deux promet un choix de tatouages des plus foireux, mais surtout que l’inscription sera à jamais encrée dans leur derme. Il oublie tout cela, se dit juste qu’on n’a qu’une vie, YOLO hein, ça ferait pas un chouette tatouage ça d’ailleurs ? YOLO, ça sonne bien eh ! Il mériterait qu’on lui greffe un second cerveau spécialement pour ces soirées placées sous le signe de l’alcool le pauvre bougre.

Mais YOLO, YOLO c’est bien le seul mot qui tourne dans sa tête lorsqu’il laisse un grand sourire illuminer son visage, son regard s’éclairer d’une lueur dangereuse, lueur annonciatrice de connerie pour quiconque connaît un minimum le jeune homme. Envolé le Landon charmeur, envolé aussi le Landon nostalgique, c’est désormais un Landon bien bête qui est aux commandes. Le Landon dont le cerveau a été remplacé par un singe jouant des cymbales, celui-là même.

Mains qu’il voit se poser sur les hanches de la petite blonde avec impatience, mains qu’il vient lui-même nicher sur ses épaules. Prêt à lui faire part de son idée folle, de son projet marqué du sceau de l’alcoolémie. Mais elle répond rien la belle, le laissant face à un silence qui l’aurait simplement mis mal à l’aise en temps normal, qui l’angoisserait presque ce soir tant il est à côté de ses pompes. Allons bon, pourquoi ne le suit-elle pas dans son délire ? Il n’y rien de mal, après tout, à vouloir honorer une vieille promesse… C’est même plutôt chouette, ça ferait d’eux des personnes honnêtes ! Et la vague de fierté réconfortante qui se répand alors dans sa grande carcasse de sportif. Puis ce sont ses yeux couleur d’océan, océan injecté de sang ce soir, qu’il voit s’écarquiller en grand, sa bouche s’ouvrir en une expression d’ébahissement sans précédent. Elle lui explique la gamine qu’elle avait déjà effacé de sa mémoire leur conversation sur les tatouages, disque dur remis à zéro, et y a l’éclat de rire qui part de sa gorge, qui franchit ses lèvres. Il se méprend Landon, il comprend pas qu’elle croit à une farce, lui il est juste soulagé, c’était qu’un oubli alors, elle va dire oui, c’est obligé, il le sait il le sent, puis comment refuser une idée de génie telle que celle qu’il vient d’avoir ? Ça frise l’impossible !

Seulement voilà, elle continue de rire la demoiselle, incapable de s’arrêter, et ça commence à l’inquiéter, à la longue. Allons bon, pourquoi n’a-t-elle pas déjà sauté dans ses bras avec enthousiasme, en s’écriant que c’était la meilleure idée qu’il n’ait jamais eue ? Sans même s’en rendre compte, c’est tout son visage qui se fige, son sourire qui se fait un peu moins grand, qui perd un peu plus en éclat et en assurance à chaque nouvel éclat de rire perçant le brouhaha nocturne. Elle se risque à lui demander s’il était sérieux, il comprend alors qu’elle a cru à une blague ; et son sourire ne se contente plus de faiblir, il s’évanouit carrément de ses lèvres, tire sa révérence pour céder la place à une expression des plus sérieuses. Presque blessée. Y a les sourcils qui se plissent avec tristesse, la moue déçue qui prend place sur ses lèvres puis, le regard, le regard de chien battu, le regard de l’enfant à qui l’on vient de refuser un caprice. Il a l’air sincèrement peiné par pareille réaction le jeune homme, et c’en est presque grotesque de voir qu’un grand garçon comme lui se laisse attrister par des choses si ridicules dès lors qu’il boit un peu trop.

Elle détient les clés de la raison Eden, l’unique moyen de freiner le garçon dans ses bêtises, de le ramener sur Terre avant qu’ils ne cèdent tous deux à un caprice passé de date, qu’ils se laissent aller à faire une chose qu’ils regretteront assurément. Elle l’agite entre ses doigts le trousseau, joue avec le temps d’une hésitation, le temps de réaliser que son ex est on ne peut plus sérieux. Et puis elle l’envoie balader, le balance par-dessus son épaule, envoyant au diable toute tentative d’agir en personnes matures, au moins raisonnables.

Elle joue un peu avec lui aussi, fait mine d’hésiter plus que nécessaire, pose de petites questions techniques dont elle connaît probablement aussi bien la réponse que lui, lui demande si le tattoo shop qui les a tant fait rêver au cours de leur adolescence pourrait toujours être ouvert malgré l’heure tardive. Il hausse les épaules, répond, pas totalement assuré qu’elle accepte sa proposition :

- J’suis déjà passé devant plusieurs fois en pleine nuit et il était ouvert.

Doigts brûlants qu’il sent alors glisser sur ses avant-bras dénudés, effleurer le derme frais. Poils qu’il voit se dresser légèrement suite à la douce caresse, il déglutit, espérant qu’elle n’en remarque rien, profite de ce qu’elle se recule pour les laisser retomber bien loin de ses yeux. Bras qu’il laisse pendre le long de son corps sans plus s’en occuper, trop focalisé qu’il est sur l’attente d’une réponse explicite qu’elle refuse de lui donner. Alors, Eden, qu’il voudrait lui hurler. C’est oui ou c’est non ? Et enfin elle acquiesce, lui donnant pour seule condition de boire encore un peu plus avant de se lancer. Large sourire soulagé qu’il laisse se dessiner sur ses lèvres, ravi qu’elle ait accepté sa proposition foireuse qui lui semble alors être la meilleure idée de sa vie. Bonne humeur bien vite retrouvée, il s’autorise même à se montrer taquin, le sale gosse.

- T’es pas plus courageuse qu’à l’époque, hein Eden ?

Y a les yeux qui se lèvent vers le ciel, la lueur malicieuse diluée dans le regard, puis il reprend en glissant un bras autour de ses épaules pour l’entraîner loin du bar, tels de vieux amis en route pour la prochaine connerie :

- Mais t’inquiètes, on va te trouver ça ma belle…

Il lâche ça légèrement, sans même réaliser que, dans l’état dans lequel il se trouve tous les deux, avaler ne serait-ce qu’un pauvre verre supplémentaire suffira à sérieusement aggraver la situation. Lui, il se dit juste qu’elle a bien raison, qu’un peu plus d’alcool ne fera que leur rendre la soirée plus drôle, plus joyeuse. Il la libère rapidement de son emprise, sentant bien que la demoiselle ne tient pas en place, qu’elle brûle de gambader dans les rues comme une petite fille euphorique. Alors il la libère la gamine, le rire qui se crée lorsqu’il la voit sautiller devant lui, rire qui s’éteint lorsqu’il la voit s’approcher un peu trop de la chaussée, flirter dangereusement avec les véhicules lancés à toute vitesse dans un Savannah nocturne. Une chance qu’il ait des réflexes exemplaires l’ancien soldat, le bras qui se déplie automatiquement pour rattraper la demoiselle par le coude lorsqu’elle reçoit un coup de klaxon de la part d’un automobiliste pour s’être trop approchée de sa voiture.

Elle s’amuse la petite danseuse d’un soir, tournoie à ses côtés, fait des pirouettes en attendant que le petit bonhomme passe au vert. Et ça le fait rire Landon, y a le rire qui se mêle au sien, les éclats de voix qui fusent, pas pour s’invectiver pour une fois, au contraire. Y a aussi les yeux qui se perdent sous sa jupe, qui s’égarent sur ces cuisses qu’elle dévoile sans pudeur à chaque tour sur elle-même. Il fait de son mieux le jeune homme pour pas trop se risquer en terrain dangereux, mais il est long à la détente lorsque son sang est pareillement encombré d’alcool, alors il se contente d’espérer que la demoiselle est trop sévèrement torchée, qu’elle s’amuse trop pour remarquer quoi que ce soit, puis il tente quand même de regarder ailleurs, tant bien que mal, bien que rien ne lui semble plus digne d’intérêt que sa compagne de la soirée.

Elle s’impatiente la jolie blonde, le presse de la rejoindre, alors il se plie à ses désirs le garçon, s’empare sans hésitation de la main qu’elle lui tend, à croire qu’il lui fait confiance pour l’entraîner avec elle sous les roues des voitures. Mais tant pis, cela ne fait rien, il referme ses doigts autour des siens et s’élance à sa poursuite dans les rues éclairées à lumière crue des réverbères, même si le monde tangue autour de lui et que les façades des immeubles semblent rejoindre Eden dans sa valse. Ils courraient presque les deux jeunes gens, à vrai dire Landon il a plus trop conscience de grand-chose, il suit juste Eden, Eden qui semble soudainement animée d’une énergie nouvelle, Eden qui arpente les rues comme si elle savait exactement où se rendre, quel chemin arpenter. Comme si elle le connaissait par cœur.

Couple fané qui s’arrête devant une épicerie de nuit, la façade déglinguée et les rayons déserts. Mais il a un bon pressentiment Landon, il sent qu’ils peuvent trouver leur bonheur dans l’échoppe, aussi il entraîne Eden à l’intérieur, fouille avec elle les étalages du regard, à la recherche du précieux nectar, le remède à leurs maux trop profondément enfouis. C’est pas dans la boisson qu’ils le trouveront le remède, c’est en eux et uniquement en eux, mais il est trop buté et trop bourré pour saisir cette petite subtilité, le sportif aviné. Enfin ils trouvent le rayon alcool, enfin ils s’arrêtent devant l’étagère encombrée de bouteilles en tous genre. Il regarde même pas les prix le jeune homme, juste les étiquettes placardées sur les réceptacles en verre. Vin, vodka, rhum, whisky, noms qui dansent devant ses yeux, lettres qui se mêlent en une désagréable valse. Il prend une bouteille à tout hasard, sans même chercher à déchiffrer l’inscription imprimée sur le papier, sent la petite main d’Eden se poser sur son épaule. Ça le fait sourire l’imbécile, il commence sérieusement à avoir le contrecoup de tout ce qu’il a ingurgité, c’est sans doute pas une bonne idée d’investir dans plus d’alcool encore, mais cela ne lui traverse pas l’esprit. Pour l’heure, faut juste qu’ils achètent une bouteille pour enfin aller se faire ce super tatouage. Elle lui désigne une bouteille la gamine, pointe du doigt une région floue du rayonnage.

- T’sais que c’est pas poli de montrer du doigt…, qu’il marmonne, agitant lui-même son doigt sous son nez dans un geste faussement accusateur.

Attention qu’il reporte sur la grande variété d’alcool mise à leur disposition, plus précisément sur le coin que désigne la demoiselle. Il s’empare alors de la bouteille qui l’intéresse et se retrouve, une bouteille dans chaque main, à peser le pour et le contre. Sans avoir la moindre idée de ce qu’elles contiennent, ni l’une ni l’autre. Alors il approche celle d’Eden de son visage, plisse les yeux, la collerait presque au bout de son nez pour tenter de déchiffrer le petit nom de la jolie. V… Non, attendez, c’est pas plutôt un W ? Il soupire, repose la bouteille qu’il avait précédemment sélectionnée, garde en main celle d’Eden. Il lui fait confiance, elle semble avoir les idées plus claires que lui, tout d’un coup. Tête qui se tourne vers elle en l’entendant geindre, sourire moqueur qui étire ses lèvres pour lui fournir la réponse la plus conne du monde.

- Parce que c’est moi le plus fort. Mais allez, boude pas p’tite tête, c’est la tienne qu’on prend.

Oulà, c’est mauvais ça. Ça sent carrément le roussi s’il commence à ressortir de derrière les fagots un surnom vieux de dix ans, un surnom qui remonte à avant même qu’ils sortent ensemble, un surnom qui date de leurs premiers temps d’amitié. Mais lui ça le fait juste rire un peu plus tandis qu’il se dirige en sa compagnie vers la caisse, imposant leur présence au pauvre commerçant catastrophé. Bouteille qu’il pose devant lui, somme énoncée par le vendeur qui lui fait hausser les sourcils. Putain, il a pas la moindre idée de ce que lui fait acheter Eden, mais ça a intérêt à pas être de la merde. Il fourre sa main dans la poche de son pantalon, en ressort quelques billets à la valeur inconnue, compte sur le caissier pour lui faire la monnaie. Monnaie qu’il glisse dans cette même poche, il repart fièrement, bouteille à la main et Eden sur les talons.

Ils errent dans les rues les deux jeunes éméchés, partageant sans pudeur un goulot de bouteille. Bouteille qui se vide vite, bien trop vite, la faute à ces trop grandes gorgées qu’il prend Landon. Mais la vérité c’est que ça lui fait du bien de boire plus encore, comme si son corps le remerciait de le réapprovisionner en remettant un peu d’ordre dans ses idées. Enfin, ce n’est guère plus qu’une impression, car s’il a le sentiment que son esprit se fait un peu plus clair à chaque lampée, son état ne fait que se détériorer. Mais il se sent bien, au top du top, alors tout va pour le mieux ! Bouteille qui se vide dans leurs gorges, bouteille qu’il abandonne sans ménagement sur le trottoir, jeune homme peu reconnaissant des bons services qu’elle leur a apportés.

Ils continuent leur errance dans ce sombre Savannah, parlant trop fort, riant trop fort sans égards pour les citoyens assoupis. Puis la voilà qui apparaît devant eux, la façade du tattoo shop aux néons grésillants. Il a l’impression de voir le Saint Graal Landon, y a le regard qui s’illumine face aux éclairages crus qui se reflètent dans la rétine, puis le grand sourire de celui qui sait qu’il va faire une connerie et en est plus que ravi. Visage pâle qu’il voit se tourner vers lui, prunelles azurées qui se croisent rapidement. Il la sent stressée la demoiselle, et en temps normal, ça l’inquiéterait presque, lui, d’être aussi serein. Mais il en a vu d’autres Landon, il est passé à côté de la mort, qu’est-ce qu’un tatouage en comparaison ? C’est ce dont il tente de se convaincre, persuadé que l’alcool suffira à étouffer la douleur – pas sûr que son avis reste le même une fois la peau malmenée par l’aiguille. Il la regarde coller son petit nez à la vitrine, sourit en la voyant désigner un motif de fleur hawaïenne kitsch au possible qu’il a trop souvent vu derrière la devanture en verre.

- Tu veux te faire tatouer ça ? J’pourrais t’appeler ma p’tite vahiné, ce serait cool.

Il hausse les sourcils à quelques reprises sur ces mots, esquisse quelques mouvements de danse hawaïenne pour illustrer ses propos, les petits pas sur le côté et les mains qui ondulent. Ça lui a vraiment pas réussi cette ultime bouteille, le pauvre vieux. Il rigole de sa propre bêtise, se calme un peu en voyant l’air inquiet avec lequel le regarde son amie. Elle est inquiète la pauvre petite, ça lui fait de la peine de la voir se mettre dans des états pareils, alors il esquisse une moue tristoune, hausse les épaules, secoue la tête, la rassurant comme il peut.

- Nan, ça va moi… Puis t’es d’jà tatouée, ça va bien se passeeeeer, t’en fais paaaas…

Bon, pour les conseils réconfortants, on repassera, hein. Mais il est torché Landon, persuadé de pouvoir la calmer avec cet argument à deux balles, parce qu’il a pas mieux en stock ce soir. Puis il parle bizarrement, comme si ça suffisait pas qu’il prodigue des conseils en carton, il laisse un peu trop traîner les syllabes, n’arrive même plus à dissimuler son état. Ça promet, pour quand ils vont devoir entrer dans la boutique… Puis elle lui demande de la rassurer. Ça lui fout des sales idées en tête ça Landon, y a trop de filles par le passé qui lui ont demandé, avachies sur leur tabouret de bar, de les rassurer, les réconforter. Et il s’y était plié, à sa manière. Mais c’est pas le moment pour ça là, s’il s’occupe d’elle maintenant, ils le feront jamais, ce tatouage ! Alors il baisse les yeux vers ses poignets qu’elle a emprisonnés entre ses doigts, s’en dégage doucement, relève la tête vers son visage à l’expression sérieuse. Trop sérieuse pour son état, trop sérieuse pour cette soirée, trop sérieuse pour aller se faire tatouer, merde ! Faut qu’il remédie à ça Landon, il s’en fait sa nouvelle mission. Il réfléchit un peu, a une idée, ça lui semble être la meilleure idée qu’il soit pour le coup, encore mieux que le tatouage ! Alors y a les mains froides qui viennent se poser sur les joues chaudes, la grande silhouette qui se penche vers la petite créature diaphane, y a les lèvres qui viennent se poser sur les siennes en un baiser chaste, sans la langue ni tout le bazar qui risquerait de les entraîner trop loin, une étreinte des lèvres courte, ‘fin moins court que prévue, parce qu’il est un peu plus lent lorsqu’il est bourré, le cortex ralenti par la bibine. C’est pas si long que ça pourtant, quelques secondes à peine, mais c’est déjà trop, il le comprend lorsqu’il se détache d’elle, libère son visage de ses mains, croise son regard. Il comprend. Il comprend qu’elle l’a apprécié tout autant que lui ce baiser, même s’il était chaste, pur, rendu innocent par leur état de déchets mutuels. Il a senti le goût de l’alcool sur ses lèvres, mais pire que tout, il a retrouvé toutes les sensations, la senteur de ses lippes pressées contre les siennes, l’estomac qui se noue, le cœur qui s’emballe et l’urgence de plaquer son corps contre le sien.

Il en veut plus.

C’est problématique. Il est problématique le jeune homme, il largue une bombe et est le premier à subir les dommages de l’explosion. Il cligne des yeux, a un bref éclair de lucidité probablement suscité par le baiser partagé, saisit qu’il vaut mieux en rester là, sans quoi la situation va déraper plus qu’elle ne l’a déjà fait. Alors il lui adresse un sourire confiant, satisfait de constater qu’elle a perdu sa moue trop sérieuse.

- Ça devrait t’avoir donné assez de courage pour sauter le pas ça, normalement !

Puis y a la grande main qui s’empare de la petite, le garçon qui pousse la porte de l’échoppe et entraîne la fille à l’intérieur, sans lui laisser le temps de se défiler, ni même de piper un mot. Il plisse fortement les yeux, ébloui par la lumière crue de la boutique, serre la main d’Eden dans la sienne pour s’assurer qu’elle ne profite pas qu’il ait le dos tourné pour prendre la poudre d’escampette. Tête qui tourne lentement, regard qui fouille avec attention l’intérieur du tattoo shop, à la recherche de leur homme, celui qui saura exaucer leurs souhaits torchés. Enfin il l’aperçoit, en fait c’est pas leur homme mais leur femme, tant pis, ça fera tout aussi bien l’affaire. Elle doit bien avoir leur âge, est tatouée des pieds à la tête ou presque, s’est levée à leur arrivée sans qu’il s’en rende compte. Il lui décoche son plus grand sourire Colgate. Puis il doute un peu, se tourne brusquement vers Eden, lui demande, l’air soudain soucieux :

- J’ai l’air frais là, ça va ?

Elle hoche la tête, lui assure que oui, ça se voit pas qu’il a picolé toute la soirée, alors il fait de nouveau face à la jeune femme qui fronce les sourcils, adopte de nouveau son rictus impeccable.

- Bonjour mamzelle… Ou bonsoir ? Faut dire bonjour ou bonsoir à cette heure ? J’sais jamais…

Doigt qui vient se nicher dans ses mèches brunes, jeune homme qui se gratte le crâne d’un air perplexe, se tourne alors vers Eden :

- Faut dire quoi, d’après toi ?

Il lui demande son avis, comme s’il s’agissait là d’une question essentielle, comme si cela allait les aider à se faire tatouer. Elle lui apporte une réponse peu aidante, il se tourne alors de nouveau vers la commerçante à l’air déjà épuisée par ses deux clients.

- Breeeeeeef… On vient ici pour… devinez quoi ? Se faire tatouer ! Vous l’auriez pas deviné, j’suis sûr hein ?!

Il a l’air d’un véritable abruti Landon, les cheveux en bataille et le regard rendu trouble par l’alcool, le sourire facile et les éclats de rire qui fusent sans raison. Elle est guère mieux Eden, et à eux deux, ils offrent un bien pitoyable tableau. Elle soupire d’un air las la vendeuse, leur rétorque qu’ils ne sont pas en état de se faire tatouer, qu’il leur faudra revenir lorsqu’ils seront sobres. Il comprend pas trop Landon, persuadé d’avoir l’air parfaitement frais, alors il fronce ses sourcils, esquisse une moue involontairement exagérée d’incompréhension profonde.

- Ben… Evidemment qu’on est pas bourrés, enfin ! R’gardez, j’vais vous le prouver tiens…

Alors il lâche la main d’Eden et, prenant pour repère l’une des lignes du carrelage tapissant le sol, se donne pour objectif de réaliser l’un des fameux tests si chers aux flics, consistants à marcher droit sur une ligne. Qu’à cela ne tienne, il sait qu’il peut y arriver ! Alors il met un pied bien droit sur le mince trait de ciment, puis un deuxième, tout se passe bien, il tirerait presque la langue tant il est concentré. Puis le troisième pas, et patatra, voilà que tout s’écroule, y a le pied qui part un peu trop sur le côté et le jeune homme qui manque se casser la figure au sol, se rattrape de justesse au mur le plus proche. Mais il est content de lui, il a réussi à faire un pas, c’est un beau résultat, y a de quoi en être fier ! Mais la tatoueuse n’a pas l’air de cet avis, elle le toise les sourcils froncés, les bras croisés sur sa poitrine. Alors il se penche vers Eden, s’approche de son oreille, pose une main devant sa bouche comme pour lui dire un secret et lui demande, chuchotant bien trop fort pour ne pas être entendu par la commerçante :

- J’ai été convaincant, nan ? Dis-lui que j’ai marché droit, moi elle m’aime pas mais j’suis sûr que toi elle va te croire !

Puis il se redresse comme si de rien n’était, adresse son plus beau sourire à la tatoueuse. Mais cela ne suffit pas, elle leur dit qu’elle est désolée mais que ça ne va pas être possible, pas cette nuit, pas dans cet état. Il commence à désespérer Landon, il est un peu capricieux le garçon, puis il le veut vraiment ce tatouage, alors il fait quelques pas dans sa direction jusqu’à se trouver à moins d’un mètre d’elle, lui dit doucement :

- Allez, soyez cool… C’est l’été, il fait beau, il fait chaud… Vous savez, on est sortis ensemble dans l’temps, avec la jolie demoiselle qui m’accompagne, et là on se retrouve, faut fêter ça comme il se doit ! Puis j’vous jure on va très bien hein, j’peux vous payer le double du prix qu’vous voulez pour ces tatouages, même !

Sur ces mots, il fouille dans ses poches, dégaine tous les billets qu’il y trouve, les fourre de force dans la main de son interlocutrice, espérant que cela soit suffisant. Elle soupire, regarde les billets, roule des yeux, marmonne que c’est d’accord mais qu’il faudra pas venir lui faire de réclamations s’ils regrettent leurs tatouages. Mais il l’écoute même plus le jeune homme, il est juste ravi, aux anges même, et il serre les poings dans un geste victorieux, se tourne vers Eden avec un immense sourire :

- T’as entendu ça, c’est bon ! Alors, tu veux te faire tatouer quoi, ma belle ?
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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyMar 25 Juil - 3:49

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Eden & Landon

Elle est contente Eden, elle a le sourire jusqu’aux oreilles en voyant Landon reposer la bouteille qu’il souhaitait et garder celle qu’elle voulait prendre elle entre les doigts. Elle sourit contre son bras à l’entente de ce qu’il lui dit doucement, que seule elle peut entendre. Il est mignon Landon, il est toujours aussi galant. Elle obtient ce qu’elle veut cette gamine qui n’en est une que par l’apparence. Elle a le sourire d’un ange à qui on aurait trop souvent dit non et qui pour la première fois entendrait le mot oui sortir d’entre les lippes de son ex petit-ami. Puis comme pour l’achever, comme si juste lui prendre la boisson qu’elle voulait n’était pas suffisant il en rajoute une petite couche Landon. Elle se retrouve à se mordre la lèvre en l’entendant utiliser ce vieux surnom la blonde. P’tite tête … ça lui en rappelle des souvenirs, à la pelle même. Elle se souvient du nombre de fois incalculable où il l’avait interpellé de la sorte. A l’interclasse lorsque par chance leurs cours n’étaient pas si éloigné l’un de l’autre. Elle se le revoit courir de sa classe jusqu’à la sienne juste pour venir lui dire un mot ou deux et s’en aller tout aussi rapidement pour aller jusqu’à son prochain cours ou entrainement. Puis il y avait aussi au self qu’il faisait ça. Toujours à se faufiler jusqu’à elle dans la queue, comme si de rien était. Alors, une fois l’un à côté de l’autre, en attendant pour récupérer leurs plats. Ils discutaient les deux adolescents. Très rapidement, et brièvement car ils avaient peut-être quatre minutes tout au plus pour faire la discussion avant de se séparer pour aller chacun à une table différente ? Mais c’était suffisant, assez pour leur donner le sourire à ces deux enfants. « Tu sais que j’ai des meilleurs gouts que toi… Tu me fais juste confiance gueule d’ange… Comme avant. » Dit-elle doucement, dans un chuchotement. Se pensant bien discrète alors que non. Rien y fait, on entend qu’eux dans le supermarché. Gueule d’ange… Elle aussi replonge dans de vieux carton en l’appelant de la sorte. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait utilisé ce surnom elle non plus. Si elle était p’tite tête dans le passé, lui était surnommé gueule d’ange. Surtout au lycée, lorsqu’ils en étaient qu’au stade de l’amitié. Lorsque celui-ci débarquait à ses côtés sans qu’elle ne l’ait remarqué, qu’il lui adressait son sourire le plus angélique en lui disant qu’il allait surement passer le week-end chez elle et ses frères pour bosser un devoir avec Bae. Elle n’y voyait que du feu à la base Eden, elle n’y voyait pas un semblant de drague à cette époque. Elle le pensait juste prévenant, assez sympa pour lui dire qu’elle n’avait pas à s’étonner si il était à la maison. Elle était bien loin du compte Eden, bien loin de comprendre qu’il venait plus pour passer du temps dans le jardin avec elle ; qu’avec son frère sur la console.

Bouteille entamée à peine un pied sorti de cette fichu superette au prix exorbitant. Ils se sont surement faits arnaqué les deux jeunes. Mais ils s’en fichent, elle lui tend la moitié de la somme de la bouteille et il refuse la monnaie ouvertement en riant. Elle avait oublié c’était quoi d’être de sorti avec Landon. Elle avait carrément zappé qu’elle n’avait jamais le droit de sortir son porte-monnaie quand il était à ses côtés. Question de galanterie il parait, d’honneur d’un garçon et tout le blabla dont elle en a rien à faire. Elle n’est pas dans les vieilles traditions Eden, elle s’en fiche de sortir des billets pendant un rendez-vous, payez sa propre part. Elle a l’habitude, après sept longues années de solitude elle en a payée des repas pour elle-même. Ne laissant plus aux hommes la possibilité de le faire pour elle. Mais avec lui c’est peine perdue, ils se connaissent trop, il a ses habitudes qu’il ne peut changer et elle préfère attraper la bouteille qu’il lui tend pour boire la première gorgée plutôt que de se fatiguer pour rien avec quatre sous qu’il lui rejettera dessus à peine aura-t-elle réussi à les lui mettre dans la poche discrètement.

Bibine terminée, contenant abandonné sur le bord du trottoir le plus près. En déposant la bouteille au sol ils y abandonnent leurs bons sens et la maturité qu’ils ont gagnés au cours des années les deux anciens amants. Ils rient en voyant la bouteille vaciller et tomber lamentablement, explosant devant leurs yeux comme si ils l’avaient jeté de façon brusque alors que pas du tout. Landon s’était montré prudent, presque délicat. Enfin, c’est ce qu’ils imaginent ça. C’est ce que leur vue atteinte par l’alcool croit voir. Mais c’est pas ça la réelle douceur. Alors, elle le voit pouffer Landon, s’éclater de rire à s’en tenir le ventre et elle se maintient à lui pour ne pas tomber tant le voir rigoler la tue d’hilarité à elle aussi à son tour. Elle a les larmes qui perlent, la respiration qui se saccade tant ça devient difficile de respirer en étant autant pliée. Elle se redresse la belle et plaque son index contre ses propres lèvres en le regardant lui mimant d’arrêter de piailler comme ça. Brusquement elle se retourne sur elle-même. Offrant à son ex qu’une vue sur sa crinière emmêlée. Elle est certaine d’avoir entendu un bruit la poupée, quasi sûr d’avoir entendue une sirène. Elle a peur la belle de finir sa nuit au commissariat, elle n’a jamais vécu ça. Elle reste tout de même sage la petite garce « Shhhht … T’as entendu ça ? On va se faire embarquer par la police si tu rigoles comme ça aller viens on y va ! » Alors, aussi naturellement que depuis qu’ils ont commencé à se saouler. Elle emmêle ses petits doigts fins à ceux de Landon et elle le tire, rapidement en riant. Certaine de l’éloigner du présumé ‘’danger’’, de l’amende et de la cellule de dégrisement. L’éloignant de toutes les conneries qui résonnent dans sa tête sans raisonnement fondée. Elle se dirige maladroitement la poupée, manquant de se casser la figure deux trois fois sur le chemin jusqu’à l’endroit où ils sont censés se faire tatouer.

Elle ne se rend même pas compte d’ô combien elle abuse Eden, à coller son joli petit nez droit contre la vitre tout de même un peu sale de ce salon de tatouage, regardant avec obstination ce vieux dessin complètement démodé qu’elle aimait pourtant bien à l’adolescence. Elle remercie dieu de n’avoir jamais rien tatoué de la sorte. Enfin… Peut-elle réellement dire ça, se permettre de se moquer d’une fleur hawaïenne en ayant une pivoine rose énorme sur l’épaule des années après ? Oui. La réponse est oui elle peut le faire. Il n’y a rien de comparable. Absolument rien. Le tatouage proposé dans la vitrine est démodé, fait et refait, vue et revue sur un nombre extravagant de demoiselle. Surtout dans les années 2000. Alors que sa fleur elle a une signification, elle représente sa grand-mère, celle pour laquelle elle vient d’abandonner la ville qu’elle aimait, son métier plutôt sympa et le confort d’être loin des démons qui la hantaient par le passé. « Hum.. ? » Elle entend la voix de Landon à sa droite et elle se décide à décoller son visage loin de la vitre pour pouvoir le voir faire ses bêtises. Elle sourit, elle bouge la tête de gauche à droite le trouvant bien ridicule lorsqu’il joue les vahinés, il ne lui manque que la petite couronne sur la tête et celle de fleur autour du cou pour être parfait. Elle calle ses bras autour contre sa poitrine en riant. « Si je me fais tatouer cette petite fleur ridicule, je veux être ta princesse Tiki et tu seras mon poisson guerrier donc toi aussi t’auras un tatouage aussi pourri que le mien … » à son tour, en haussant les sourcils rapidement pour rire elle fait des vagues avec ses mains et remue du bassin comme le ferait une haïtienne sur la plage. L’imitant lui quelques seconds avants. « Ça t’irait bien un petit requin tribal sur le torse, juste…. Là ! » Dit-elle en appuyant son doigt contre son pectoral, elle est éméchée la belle. Elle ne se rend même pas compte qu’elle s’amuse trop fortement avec la limite à ne pas dépasser. Celle où il est dit qu’il est interdit de toucher son ex. Elle ne s’entend même pas lui suggérer qu’un tribal en forme de requin serait mignon alors que c’est tout sauf mignon et beau un tribal, elle serait presque à lui suggérer de massacrer ce sublime corps.

Puis y’a cette appréhension, ce stress qui lui tombe dessus. Qui la ronge soudainement. Elle lui demande si pour lui tout va bien et il répond par l’affirmatif l’air le plus heureux du monde d’aller se faire tatouer. Bien évidemment que lui n’a pas peur. Il a survécu à son satané de père ; survécu à trois en couple avec elle et surtout survécu à la guerre. C’est évident qu’il ne va pas faire demi-tour pour une petite heure maximum d’ancrage. Et ça, ça l’angoisse encore plus d’être la seule trouillarde. Elle se rappelle la douleur de l’aiguille contre son derme pale lors de son premier tatouage, pour la pivoine. Six longues heures qu’elle avait passé à Chicago enfermé dans cet endroit confiné, étouffant avec pour seule compagnie le tatoueur qui n’était que très peu bavard. Elle se rappelle s’être accrochée sur le siège en cuir du tatoueur jusqu’à en planter ses marques pour l’éternité. Elle se revoit dire que plus jamais elle ne se ferait tatoué. Elle se revoit plisser les yeux si fort au point d’en avoir mal au crane, ses dents venir mordre sa lèvre inférieure jusqu’au saignement pour se retenir de crier et de l’envoyer balader se gros lourdaud de dessinateur qui avait le don de bien appuyé sur son corps de lâche. N’avait-il pas remarqué qu’elle était toute fine ? Que son aiguille aurait pu la transpercer d’un bout à l’autre si il aurait appuyé ne serait-ce qu’un peu plus fort ? Bref, elle avait douillé pour le premier, vraiment. Puis le deuxième un peu moins, de toute façon elle la cherchait cette douleur pour le second. Elle allait mal, elle voulait se sentir vivre, sentir la douleur se propulser même quinze minutes, le temps d’écrire Liberta en travers sur son poignet.

Elle se montre à nue Eden, l’alcool faisant tombé bien trop de barrière elle dévoile à son ex combien elle est anxieuse par ce fichue tatouage qu’ils sont censé faire. Elle tient ses poignets entre ses mains. Au fil de ses mots, elle enroule ses fins doigts contre son derme bronzé un peu plus fort pour lui montrer combien elle a besoin de quelqu’un pour l’encourager. Mais ça tombe à l’eau, ça ne prend pas. Il a beau essayé de la réconforter comme il le peut avec ses maigres moyens de garçon bourré. Rien ne marche. Pas même l’argument de taille qu’est celui qu’elle connait déjà le monde du tatouage. Non, plus rien ne va. Elle a un mauvais ressenti, elle ne le sent pas ce tatouage. Elle a un coup de flippe la gamine. Elle réagit au quart de tour et se braque. « Je… J’crois j’vais pas pouvoir Landon, laisse tomber… » Elle s’agite la poupée et il extirpe ses poignets des siens. Occasion rêvée pour elle de s’en aller, elle aimerait s’échapper. Elle va même pour reculer mais il vient poser doucement ses mains froides contre ses joues incandescentes et elle stoppe tout mouvement. Elle attend qu’il parle Eden, elle s’attend à une réplique parfaite qui la rassurera pour de bon. Elle s’imagine qu’il fait ça pour l’aider à se concentrer, se focaliser sur ce qu’il compte lui balancer. Et sans qu’elle ne s’en rende compte y’a le rapprochement de son corps musclé vers le sien, son ventre qui vient doucement frôler son buste à peine couvert. Puis il y a son visage, ce magnifique faciès qui suit le mouvement. Tuant la distance un peu plus à chaque instant. Y’a une bulle qui se forme autour d’eux et la terre qui s’arrêterait presque de tourner. Une seconde avant elle sent son souffle imprégné d’alcool chatouiller son nez et celle d’après ses lèvres qui viennent délicatement caresser le bout des siennes. Y’a le palpitant qui danse la samba, et un feu d’artifice dans son estomac. Un brasier qu’il allume dans son corps dans un baiser qui se veut pourtant innocent.

Elle ne bouge pas Eden, pas d’un millimètre par peur que tout s’arrête. Elle n’ose pas même venir déposer ses mains contre les flancs de son ex. Elle n’en a pas l’occasion de toute façon, le temps est déjà écoulé. Le sablier vient de laisser tomber son ultime grain de l’autre côté. Elle a encore les yeux fermés quand il se permet de reculer en décollant ses lippes des siennes délicatement, lorsqu’il a l’audace de la lâcher. Elle est toute pantelante soudainement la blonde, elle a perdu le fil de l’ancienne conversation. Celle où elle était à deux doigt de pleurnicher et s’en aller pour ne pas se faire tatouer. Elle papillonne du regard Eden, elle le regarde la bouche entrouverte. Ebahie par ce baiser. Les lèvres rosies par cet assaut auquel elle s’attendait le moins du monde. Elle voudrait parler mais rien ne sort. Seul son esprit lui hurle encore. Car elle n’est pas rassasiée, il a réveillé un trop lourd passé. Des baisers même aussi chastes que celui-là ? Elle en voudrait par millier maintenant qu’elle y a regouttée. Maintenant qu’elle se rappelle l’effet que ça lui faisait. Elle voudrait replonger directement dans ce raz-de-marée qu’il a provoqué. Elle est prête à sauter, la tête la première si il veut bien la laisser faire. Mais elle rêve, trop fort. Elle rêve dans ses rêves. Il est déjà passé à autre chose le garçon. Il sourit d’un air fier et il a de quoi l’être. Il a réussi, en moins d’une minute il a réussi à la faire taire. Il lui a enlevé tout le stress qu’elle n’arrivait pas à évacuer elle-même.

Mais maintenant, y’a un nouveau problème. Il y a de l’électricité dans l’air, y’a un nuage de désir et d’émotions misent à vif qui plane au-dessus de leur tête et qui menace de laisser tomber une bête de pluie ravageuse si ils n’arrêtent pas tout de suite le manège dans lequel ils viennent de s’emporter. Ils se toisent, attendant que l’un ou l’autre dise ou fasse quelque chose. Et elle aimerait faire le premier pas, mais elle ne sait pas par où commencer, comment dégoupiller la bombe sans tout ravager sur son passage. Elle n’arrive à prononcer un seul mot car elle n’a pas envie de ça. Elle ne se voit pas du tout discuter actuellement en fait Eden. Elle ne se voit pas lâcher des palabres après ça, pas après ce baiser qu’elle n’attendait pas. Elle, à cause de lui, elle veut passer ses bras autour de sa nuque et laisser les langues faire leur travail. Mais c’est pas comme ça que ça marche, même bourré ils ont de la jugeote les deux anciens gosses de Savannah. Quand il s’agit de sentiment, ils se défilent, autant l’un que l’autre. Ils arrivent à tenir leurs langues, à faire comme si rien ne s’était passé. Et c’est ce qu’il fait Landon, il prend l’issue de secours. Il rit comme un enfant et attrape sa main pour la faire entrer de force dans le Tattoo Shop. Sans lui laisser le temps de protester, de nouveau pleurnicher pour ne pas y aller.

Elle a la tête qui tourne Eden en voyant toutes ces lumières, ces néons décoratifs à l’intérieur du salon. Elle est obligée de passer son index et son pouce de sa main libre sur ses prunelles pour enlever les petites étoiles s’apparentant à celle du drapeau américain qui viennent obstruer sa vision. Elle relève la tête et cligne des yeux plusieurs fois d’affilé pour tester si ça va mieux ou non. Ah enfin. Elle y voit plus clair, plus net. Elle sourit en soupirant de satisfaction de voir si bien soudainement. Comme si enfin on lui avait posé des lunettes sur le bout du nez alors que ça faisait trois heures qu’elle voyait flou. Alors, d’un air déterminé, accompagné de Landon. Ils osent s’approcher du comptoir pour discuter avec la demoiselle qui elle aussi s’approche de sa démarche garçonne vers eux. Comme si Landon connaissait le sentiment de gêne, il se tourne un instant vers elle lui demandant si ça va, si sa tête est assez convaincante et elle pouffe de rire Eden. Elle se mord l’intérieur de la joue pour se calmer et passe rapidement une main dans les cheveux de son ex pour leur remettre un peu d’ordre avant qu’elle ne vienne. « Oui oui ça va, t’es bien mais t’es sûr que tu veux parler to… » Pas le temps de finir la phrase que la tatoueuse est là. Venant s’appuyer sur le comptoir écouter les deux zigotos qui lui font face en leur souhaitant la bienvenue et savoir si ils sont là pour un renseignement.

Sournoisement, sans trop comprendre le comment ni le pourquoi. La blonde vient poser sa main dans le dos de son ex pendant qu’il parle à l’employée. Gentiment, elle lui caresse le bas du dos la belle. Elle dessine des arabesques au creux de ses reins et écrit même son prénom du bout de l’index entre ses deux fossettes. Elle l’écoute à peine Eden, elle se concentre bien plus sur le touché qu’elle exerce que sur les bels paroles de son ex. Mais, à peine le mot mademoiselle sort-il d’entre les lippes de Landon qu’elle commence à rire Eden, du mieux qu’elle le puisse - donc très mal – elle masque son visage à l’aide de ses mains et essaie de calmer les soubresauts que font son corps à chaque éclat de rire. Pourquoi adopte-t-il ce ton, cet air de péquenot tout droit sorti du Texas ? Elle imagine alors son ex petit-ami avec une branche de paille entre les lèvres et elle explose de rire. De nouveau. Sous les yeux agacés de la tatoueuse qui n’a déjà qu’une hâte celle de renvoyer d’où ils viennent ce couple bien bizarre, qui sent l’alcool à des kilomètres à la ronde. « J’dirais bonsoir, car j’pars du principe que si on a pas dormi et qu’il fait encore nuit, c’est le soir…. » Elle a des raisonnements bizarre Eden, elle se croit hyper intelligente en disant ça. Elle s’imagine avoir la science infuse. Mais ça n’a pas l’air de convaincre plus que ça son ancien amoureux comme idéologie ça. Il se tourne et se concentre sur la fille qui le regarde sans une once d’amusement dans le regard. Non mais allo quoi ? Tu fais face à Landon James et tu ne souris pas quand il fait des sortes de blague -peu concluante - certes mais tout de même ? Il est beau Landon. Et ça fait froncer les sourcils à Eden ça, de voir quelqu’un d’aussi hermétique au charme de son ex. Elle serait presque jalouse de la fille Eden. Jalouse qu’elle puisse autant s’en foutre de sa gueule, de ce à quoi il ressemble et du sex-appeal qu’il a constamment en lui ce garçon. « Vous êtes tellement professionnel mademoiselle … C’est dinnnngue… Vous êtes fortes, chapeau j’sais pas comment vous faites pour pas sourire à ce mec ! » Elle pointe alors du doigt Landon, elle appuie son doigt contre l’épaule de son ex et lorsqu’elle se rend compte du geste qu’elle vient de faire elle retire à la vitesse de l’éclair son doigt et cache sa main entière derrière son dos. Se rappelant qu’à la supérette il lui avait dit qu’il était impoli de pointer du doigt les gens et les choses. « Oups j’ai pas fait exprès ! » Elle a le regard rieur Eden, elle a ce grand sourire placardé sur ses lèvres en tournant tour à tour la tête entre Landon et la demoiselle.

Comme il était apparu, le sourire se perd, dégringole comme un château de carte auquel on a foutu un coup de souffle, tout s’envole, tout tombe si près du but dès lors que la tatoueuse leur déconseille fortement de ne pas se faire tatouer. Pas ce soir du moins, pas après avoir autant bu. Elle leur répète qu’ils vont le regretter. Que c’est une très très mauvaise idée et Eden elle boudine en entendant ça. Elle se vexe. Mais qui est-elle pour juger ce qui est bon ou non celle-là ? Ils veulent leurs tatouages. C’est pas elle qui va le porter merde. « On n’est pas censé juste signer une décharge ? C’notre problème si on regrette ou pas…. » Elle parle, mais presque dans sa barbe Eden. Elle bougonne dans son coin. Avachit sur le comptoir en regardant d’un air presque dédaigneux la femme qui continue de persister en disant que c’est mort. Elle ne les tatouera pas. Elle ouvre la bouche, elle a envie de l’insulter soudainement mais une fois de plus, Landon parle avant. Il prend son air de petit chaton dérouté, outré d’apprendre que la décision finale est un non. Il essaie de passer au travers des mailles du filet, il essaie de prouver qu’ils ne sont pas bourrés. Il essaie, vraiment. Sous les yeux des deux filles qui le regardent en sachant très bien qu’il ait cuit Landon. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure qu’il a bu à la gloire des morts et des vivants. Elle le sent Eden qu’il enfonce le couteau dans la plaie en essayant de prouver de la sorte qu’il est sobre…. Surtout lorsqu’il se rate le beau garçon. Il manque se ramasser et tomber comme une galette bretonne, s’étaler de tout son long en essayant de tenir sur la ligne droite qu’il s’était imposé. Le pauvre …. Il a vraiment du mal ce soir. Eden elle se pince l’arête du nez en voyant les dégâts. C’est mort, foutu. Game over. Jamais elle n’acceptera après ça. Dommage, nice try. Adieu le tatouage.

Eden, elle est prête à faire demi-tour, elle sait de toute façon que rien n’y fera. Elle ne changera pas d’avis la garce. Mais ce n’est pas dans les valeurs du Vétéran ça. Il n’abandonne pas. Jamais. Il se penche à l’oreille de son ex et il vient lui dire tout doucement de tenter, d’arranger les choses car lui n’obtiendra rien de la demoiselle. Qu’elle est la seule qui peut le faire. Elle soupire, lassée. Ne sachant que dire mais pourtant elle va s’y coller. Juste parce que c’est lui qui le lui a demandé. Elle a les sourcils qui se froncent la mignonne Eden, imbibée d’alcool comme une éponge. Elle se redresse sur le comptoir et fixe la femme qui lui fait face. « Alleer… Soyez clémente avec nous, ok on n’est pas très frais et nan, il a pas marché droit Landon. Certes. Mais ça fait dix ans qu’on se connait lui et moi, et on va pas vous demander un dragon à trois têtes sur le visage heiiin… Juste un petit truc, promis même pas le prénom entier de l’autre si vous voulez tout savoir ! » Ainsi, pour clore sa prestation digne d’une pièce de théâtre, après avoir terminé son monologue. Elle entrecroise les doigts de ses deux mains bébé Eden. Elle implore cette inconnue, cette femme tatouée comme un détenue de prison comme elle le ferait devant une statue de sainte dans une église. Elle n’a plus de respect pour elle-même la pauvre fille. Elle se retrouve dans des situations insolites à cause de son ex petit-ami. Elle se promet de lui faire payer… Elle qui ne supplie jamais, elle qui n’a de pitié à recevoir de personne la voilà à faire les mendiantes pour une inconnue dans un salon à tatouage.

Elle commence à réellement avoir pitié l’artiste, elle commence à pencher sa balance pour faire les tatouages de ce couple d’ex à la con. Elle hésite sérieusement, se disant qu’après tout. Elle n’a de mieux à faire ce soir, qu’ils ont bien l’air de se connaitre ces deux-là. Puis tant pis si ils regrettent par la suite. Ça leur apprendra à faire les cons.

Comme si il sentait que la balance commençait à sérieusement pencher de leur côté, Landon reprend la suite du monologue sans attendre qu’Eden ne prenne de nouveau la parole. Saisissant la chance de la faire changer d’avis une bonne fois pour toute à ce sosie cheap de Kate Von D. Il en rajoute une couche le bonhomme en entreprenant presque le même discours qu’elle sur les retrouvailles. Mais il l’agrémente à sa manière le charmant Landon. Y mêlant les compliments et surtout une proposition alléchante que la tatoueuse écoute avec beaucoup d’attention soudainement. Bien évidemment, dès que l’argent entre en jeu, dès que Landon sort de ses poches un maximum de billet verts, qu’il prouve qu’il peut payer le double pour qu’elle accepte de faire ces fichus tatouages sur leur peau. Toutes les barrières du professionnalisme sautent hein.

Elle lève les yeux au ciel Eden. Elle toise la demoiselle ne pas dire un mot au sujet de la somme qu’elle est en train de se faire rien que pour elle et non pas à la gloire de la boutique. Elle la toise enfoncer les billets dans les poches de son slim noir en les prévenants qu’ils vont devoir signer un papier et de bien vouloir aller s’installer dans la pièce à droite pour passer à l’étape supérieur. Elle la trouve conne cette nana Eden, elle aimerait presque relever son majeur à peine a-t-elle le dos tourné mais c’est la voix trop joyeuse de Landon qui l’en empêche. C’est son regard pétillant et rempli d’excitation, sa mimique du grand gagnant qui captive son attention. Elle le trouve trop mignon, elle a l’impression de retourner au lycée. De revoir le garçon qui après chaque but dans la saison souriait de la même façon. Trop fière de lui. Alors elle sourit, montrant un peu de son enthousiasme et venant attraper sa main, jouant avec ses doigts en se dirigeant là où la tatoueuse leur a dit d’aller. « Mmh… J’sais pas encore et toi ? Tu sais ce que tu veux ? » Elle n’en sait rien du tout Eden de ce qu’elle veut sur sa peau à tout jamais. Un petit cœur ? Une étoile ? La fleur Hawaïenne ? Elle n’arrive pas à se décider et elle préfère savoir ce que son ex va faire puisque lui a l’air d’être un peu fixé sur le sujet.

Elle l’écoute avec attention Landon, elle l’entend lui parler des quelques idées qu’il a en tête, certaines idées lui plaisent, d’autres moins. Mais elle n’a pas le temps d’émettre son avis. Elle a pas le temps d’ouvrir la bouche qu’elle se retrouve à sursauter en voyant la tatoueuse leur passé devant, tel une ombre qu’elle n’avait pas vue arrivée ; puis aller dans la pièce opposée à celle où ils se dirigeaient actuellement. « Pas celle-là de droite. » leur balance-t-elle ironiquement. Ah. Même pour ça, ils sont problématiques donc. Ils auront même réussi à se tromper entre la gauche et la droite. Génial. En chœur, ils se retournent et se dirigent vers la bonne salle en ricanent bêtement. Elles sont insupportables les deux grandes personnes dis-donc. Ils sont fortement agaçant car ils ne se rendent pas compte qu’ils sont dans l’excès. A un point de non-retour, qu’ils ont bu comme des trous et qu’ils sont sur le point de réellement passé sous les aiguilles d’un picsou. D’une femme sans valeur qui n’aura même pas réussi à tenir les mœurs de son établissement à cœur.

Décharge en double exemplaire signée. L’une pour la boutique, l’une pour eux. Ultime preuve qu’ils étaient consentant et bien majeur pour se faire tatouer des âneries sur le corps. Les papiers mis en sécurité, la tatoueuse demande si l’un des deux a déjà une idée bien précise de quoi se faire ancrer sur la peau et Eden fait donc non de la tête d’un air indécis. Vraiment dans le flou, n’ayant aucune idée actuellement d’où et quoi faire. « Nan, j’pense qu’on aimerait bien voir vos cahiers avec les exemples de tatouages, les dessins itout, itout … Moi perso j’veux un tout petit truc heeein, j’trouverai surement mon bonheur en attendant que l’initiateur de l’idée de tatouage nocturne se fasse en premier le sien ! » Elle sourit faussement à la tatoueuse la blonde, elle jette un coup d’œil à son acolyte de soirée et lui fait un clin d’œil complice. Oui, sans scrupule elle le jette en dehors des tranchées. Il se fera tatoué en premier, il a l’air bien motivé le bonhomme à douiller. Il n’a même pas le temps de répliquer Landon, même pas le temps de s’indigner qu’Eden a déjà détourner son attention sur la fille aux cheveux noir ébène qui leur tend un cahier ou sont entreposé les croquis de ce qui lui est possible de leur tatouer.

Ils arpentent les pages du cahier à croquis les deux anciens amoureux, silencieusement. Presque trop calmement. Elle regarde chaque dessin avec attention et perd totalement son calme en pointant du doigt un requin tribal à son ex. Elle en ricane doucement, lui chuchote à l’oreille. « Tu vois il est là le requin tribal … Il attend que toi. » Elle se recule un peu et le regarde dans les yeux en haussant les sourcils successivement. Elle se mord fortement l’intérieur de la joue la gamine pour ne pas exploser de rire comme plus tôt au comptoir. Mais c’est difficile. Elle repense au conte de Princesse Tiki et son prince le poisson. Alors là, un éclat de rire s’échappe mais elle s’arrête là. Elle n’ose pas rire une deuxième fois lorsqu’elle croise le regard assassin de la tatoueuse. Elle a peur maintenant Eden, peur de faire un faux-pas. Elle s’imagine déjà que l’artiste serait capable de se venger et lui tatouer n’importe quoi pour avoir osé rigoler d’un des croquis qu’elle avait peut-être dessiné. Pour montrer qu’elle est gentille et assidue, elle fait signe à la femme en face d’elle qu’elle zippe ses lèvres et ferme à double tour sa bouche avant de jeter la clef fictive derrière son dos.

Une fois de plus, elle passe pour une enfant Eden. Elle agit une fois de trop comme le ferait une enfant et même la tatoueuse commence à se demander réellement si cette fille qui lui fait face à réellement l’âge qu’elle prétend avoir.

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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyVen 28 Juil - 14:00

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Eden & Landon

Couple d’un soir, couple détrempé à l’alcool qui met les pieds dans le tattoo shop miteux. On a fait mieux, dans le genre ; il n’est pas coutumier de ce genre de lieux Landon, lui qui a pris grand soin de se faire tatouer dans des salons de qualité, même pour les cinq lettres d’une simplicité enfantine qui ornent le côté de sa main. Il voulait pas faire de bêtises le garçon, payer le prix fort pour se faire graver une horreur dans la peau, à perpétuité. Merci, mais sans façon. Il voulait pas faire de bêtises, mais c’est pourtant bien ce qu’il fait ce soir, en la charmante compagnie d’Eden, en mettant les pieds dans cette échoppe à moitié délabrée, bourré comme jamais et sans la moindre idée de quoi se faire tatouer, pour ne rien arranger. Mais il n’y songe même pas à tout cela, ce sont des pensées bien trop sensées, bien trop respectables pour un jeune homme en pareil état. L’alcool c’est magique, l’alcool ça embellit tout, ça fait briller, scintiller un quotidien trop morne, trop terne, comme si marraine la bonne fée avait agité sous ses yeux sa baguette enchantée, claironnant un joyeux « bibbidi-bobbidi-boo ! ». Alors il voit pas qu’une dalle sur deux du sol carrelé est brisée, il voit pas que les néons fixés au mur ont l’air prêts à rendre l’âme à chaque instant, que le similicuir des sièges de l’entrée est éclaté. Il voit pas le passage du temps, comment ce lieu qui les faisait rêver, des années plus tôt, a trouvé le moyen de se délabrer en sept ans. Il voit encore les choses telles qu’elles étaient, avec l’émerveillement naïf d’un adolescent ; il voit la promesse d’un serment honoré, la possibilité de partager quelque chose de nouveau avec son ancienne amie, son ancienne amante, l’offre d’une expérience irréfléchie, totalement impulsive. Il ne voit que le bon, tout aspect négatif balayé de l’ardoise, le bon et le sourire qui se perd sur les lèvres en découvrant les lieux, petite pièce rendue enchanteresse par le mélange des liqueurs.

Comptoir rejoint main dans la main, pas dans un geste tendre, romantique, amoureux ; geste qui évoque davantage les enfants pressés par leurs parents de se prendre par la main pour traverser la route, comme si cela allait les empêcher de se faire écraser alors que, cessons de nous voiler la face un instant, cela ne fait que multiplier par deux les dégâts si l’un des mômes venait à s’approcher d’un peu trop près des roues des voitures. Il est fort Landon, il a les bras puissants et les muscles saillants et, même cuit comme jamais, il n’a aucun mal à entraîner la demoiselle dans son sillage, la faire s’échouer avec lui devant la tatoueuse à l’air aimable. Il est conscient qu’il a bu le garçon, il ne se leurre pas non plus au point de se croire parfaitement sobre, mais dans sa tête ça va, il a pas abusé tant que ça ce soir, il a les idées encore claires et le visage tout aussi net. Probablement qu’il ne se rendrait compte de rien même si on le plaçait face à un miroir, ne réaliserait pas combien il a le regard flou, combien ses joues et le bout de son nez se sont colorés au fil de la soirée. Mais, dans le doute, il se tourne vers Eden, lui demande son avis sur la question, s’il peut passer pour sobre devant la tatoueuse. Elle rit la gamine, la douce mélodie qui parvient à ses tympans et les pommettes qui remontent délicieusement, glisse ses doigts fins dans les mèches brunes, geste rendu maladroit par tout l’alcool qui circule dans les veines. Il le sent très précisément le mouvement gauche et bref Landon, le contact léger de ses ongles contre son cuir chevelu et la main qui se glisse entre les cheveux, y trace des sillages éphémères, remet un semblant d’ordre dans leur désordre naturel. Il sourit le jeune homme, sourit parce qu’il est heureux de l’entendre rire et qu’il a l’impression que c’est lui qui a suscité cet éclat cristallin, il est content de l’amuser l’habituelle bougonne, puis il aime bien ces gestes doux, sentir la pulpe de ses doigts contre sa peau, l’avoir près, si près de lui, c’est plaisant, c’est réconfortant, il s’en lassera jamais le garçon.

Il se redresse fièrement l’ancien soldat, il se sent désormais beau et fort, mature et convaincant, ouvre la bouche, confiant, prêt à exposer leur projet avec le plus de sérieux possible. Seulement voilà, il a à peine prononcé trois mots que le premier obstacle se présente à lui. Faut dire bonjour ou bonsoir ? Ben mince alors, le voilà bien embêté le garçon. Il voudrait pas paraître impoli, il faut qu’il ait l’air le plus irréprochable possible pour s’assurer que leur hôtesse ne les mette pas à la porte. L’issue de cette soirée dépend entièrement de lui, il en est persuadé, oublie qu’Eden peut lui venir en aide, qu’elle est probablement un peu plus claire que lui d’ailleurs, il se donne pour mission de mener le bateau à bon port. Il se doit d’être parfait. Il parle, tente de gagner du temps, exprime ses doutes à voix haute. Bonjour ou bonsoir ? Bonjour ou bon… Y a le toucher qui vient l’interrompre, qui fait dérailler un instant le disque de son cerveau, la main qu’il sent se poser dans son dos, descendre vers le Sud, au-dessus de la ceinture, et les doigts qui se glissent à la base de la colonne vertébrale, entre les muscles finement tracés. La voix ébréchée qui déraille une fraction de seconde, l’hésitation qui se fait, merde, il a perdu le fil de ce qu’il disait. Ah oui. Le jour et la nuit. La politesse. Main qu’il glisse dans son dos pour rejoindre celle d’Eden, doigts qui s’entremêlent délicatement aux siens pour arrêter son mouvement, pouce qui vient doucement caresser la peau diaphane. Car s’il ne fait rien, s’il n’interrompt pas ces mouvements si dangereusement orientés, il ne parviendra jamais à venir au bout de son raisonnement.

Alors il reprend, les doigts entrelacés dans le dos et la voix qui retrouve son assurance, assurance qu’il croit être sienne lorsque son ton ne dissimule en réalité rien de son état. Puis y a l’éclat de rire qui fuse de nouveau, libéré des lippes d’Eden sans qu’il sache trop pourquoi, la main qu’il sent glisser loin de la sienne pour vainement tenter de masquer les ricanements. Elle fiche quoi, Eden ? Elle va tout faire capoter, c’est ce qu’il se dit Landon, sans se rendre compte qu’il a lui-même tout foutu en l’air dès l’instant où il a ouvert la bouche. Alors y a les sourcils qui se froncent, le visage qui tente d’adopter une expression sévère mais la bouche qui le trahit, les lèvres qui s’étirent en un sourire espiègle tandis que son index vient se placer devant, lui intimant de se taire.

- Chuuut Eden, laisse-moi parler ma belle…

Il en use, il en abuse de ce surnom. Parce qu’il est complètement cuit, tout simplement, que l’alcool rompt les barrières qu’il s’impose habituellement en présence de son ex, puis qu’elle est belle, tout simplement, belle comme ces étoiles qui miroitent dans le ciel nocturne, comme les galaxies peuplant l’univers, sublime et intense comme une putain de supernova qui exploserait en une myriade de couleurs. Eden c’est l’univers tout entier échoué sur Terre, les constellations perdues dans le regard et les étoiles filantes qui fusent à chaque sourire, et ils se dit qu’ils sont bien cons les chrétiens de s’être créés un bête jardin des plaisirs, avec une pauvre prairie et un arbre misérable pas foutu de porter plus d’une pomme et bouffé par un vil reptile, lorsque la beauté véritable à son paroxysme réside dans l’univers tout entier, réside dans ce petit bout de femme trop frêle pour tant de beauté.

Il l’a même pas écoutée sa réponse, c’est pas très respectueux mais elle a qu’à être un peu plus laide aussi, peut-être que là il aurait plus de facilités à poser ses yeux sur elle sans se perdre dans le sublime de ses traits. Il cligne des yeux, reprend la discussion là où il l’avait laissée, tente une blague vaseuse, se heurte au regard glacial de la tatoueuse. Bah alors ? Il lui arrive quoi, à la bonne dame ? Elle qui était si aimable lorsqu’ils sont entrés dans la boutique… Il comprend pas Landon, saisit pas qu’elle ne souhaite guère plus que de les foutre à la porte les deux imbéciles, se délester de ces grands enfants avinés. Lui, tout ce qu’il voit, c’est qu’elle était tout sourire une minute plus tôt, et que là, elle les toise durement. Ils ont rien fait de mal pourtant, mais elle a l’air méchante cette dame, et ça lui arrache une moue boudeuse au garçon, le cerveau qui se refait celui d’un gamin dès qu’il boit un peu trop.

Moue boudeuse qui ne s’éternise pas sur ses traits, moue boudeuse qui cède bien vite la place à un sourire amusé et l’éclat de rire qui fuse. Elle est drôle Eden, elle est drôle puis elle est intelligente, elle flatte la tatoueuse, en voilà une bonne idée pour se la mettre dans sa poche ! Il prend note Landon, garde ça dans un coin de la tête pour plus tard, dès que se présentera l’occasion de la complimenter. Elle est vilaine cette femme, elle est méchante, mais y avait ce conte que sa mère lui racontait lorsqu’il était petit, ce conte dans lequel y avait une sorcière qui était mauvaise, qui avait juste besoin d’un peu d’amour à la fin de l’histoire pour que fonde son armure de glace. C’est une sorcière la tatoueuse, et sans doute qu’à force de compliments, ils parviendront à la faire se dérider, devenir gentille avec eux, c’est leur intérêt à tous les deux. Il lui adresse un sourire éclatant à Eden, se tourne vers elle, glisse un bras autour de ses épaules pour l’attirer contre lui.

- T’es trop mignonne Eden ! Hein qu’elle est pas trop mignonne ?

Il se tourne alors vers la tatoueuse, la prend à partie, espère qu’elle concède avec lui que son ancienne amoureuse est une adorable petite chose, pour une fois qu’elle ne mord pas. Mais quand c’est pas Eden qui mord c’est les autres femmes, c’est la tatoueuse qui roule des yeux, soupire et pince les lèvres. Ah ouais, la sorcière, c’est vrai. Il avait déjà oublié son ingénieux stratagème.

Puis y a le doigt qui vient se planter dans son épaule, la demoiselle qui le retire précipitamment et qui s’excuse… S’excuse pour quoi ? Elle a pas fait exprès, oui, mais quoi ? Il comprend rien Landon, il a déjà oublié la petite leçon de savoir-vivre qu’il lui a prodigué face aux bouteilles d’alcool, alors il la regarde, pantois, cligne des yeux comme un abruti, mais elle sourit, elle a le regard rieur et le large rictus aux lèvres, alors au diable la compréhension, il sourit à son tour sans plus d’explications.

Mais le sourire il dure pas, le sourire il disparaît bien vite de ses lèvres face au refus de leur interlocutrice. Comment ça, il vaudrait mieux pour eux qu’ils s’abstiennent de passer sous l’aiguille cette nuit ? Il est déçu Landon, jeune homme chagriné par la nouvelle ; jeune homme capricieux qui veut voir ses désirs se réaliser coûte que coûte, il n’abandonnera pas si facilement. Puis il entend Eden grommeler dans sa barbe, se tourne vers elle et la trouve avachie sur le comptoir. Eh, c’est pas avec cette attitude qu’ils parviendront à convaincre la tatoueuse d’exécuter leur demande, alors il lui donne un petit coup de coude dans les côtes, se penche pour glisser à son oreille fort, trop fort, bien plus fort que nécessaire, ce serait d’ailleurs pas étonnant que leur hôtesse l’ait entendu :

- Eh, moi aussi elle m’embête mais attend, laisse-moi faire…

Il a une idée Landon, une idée de génie comme tant d’autres ce soir, une idée à peu près aussi bonne que d’aller se faire tatouer avec son ex, complètement bourrés. Il a plus les yeux en face des trous le bonhomme, il se croirait presque chez les flics pour le coup, aussi il croit bon de prouver sa sobriété en tentant de marcher droit. Y a les pieds qui s’alignent sur le tracé de ciment déglingué, funambule en équilibre sur un fil déjà plaqué au sol, funambule infoutu de faire plus de trois pas sans se casser la gueule, saltimbanque improvisé victime des torpeurs de l’alcool. Mais il se croit convaincant le bougre, il en est même intimement persuadé, et c’est l’air fier, l’œil brillant qu’il se tourne vers ses spectatrices, sans comprendre l’air déconfit d’Eden, le visage crispé de la tatoueuse. Allons bon, quoi encore ? Satanées femmes jamais satisfaites. Jamais satisfaites et le refus glaçant de la commerçante, le couperet qui tombe en plein sur leurs ivres espoirs. Il voit flou Landon, il en veut pas de ce refus, lui ce qu’il veut c’est que les choses se passent comme il l’entend, comme ils l’ont tous deux prévus, il le veut ce putain de tatouage, ici, maintenant. Mais elle est vilaine la sorcière, elle le fixe d’un œil mauvais, elle doit bien le haïr le pauvre garçon, alors il se penche vers Eden, lui demande d’arranger son merdier, comptant sur ses doigts de fée pour réparer les possibilités qu’il vient de briser.

Elle s’applique la demoiselle, elle met tout son cœur pour convaincre la tatoueuse de céder à leur caprice, offrant une prestation qui pourrait d’office lui ouvrir les coulisses de Broadway. C’est du moins l’impression qu’il a Landon, image de la jeune femme améliorée au centuple par l’alcool qui semble avoir remplacé son sang. Il capte rien le garçon, ne remarque pas qu’elle en fait trop Eden à joindre les mains comme la Sainte Vierge, à deux doigts de s’agenouiller aux pieds de la tatoueuse, qu’elle parle trop fort et qu’elle a un peu de mal à articuler, tout comme lui. Il capte rien, il lui est juste reconnaissant de se plier au jeu, de faire de son mieux pour réparer les dégâts qu’il a engendrés, et y a le petit sourire qui se perd sur ses lèvres lorsqu’il voit la brune se dérider, lentement se laisser convaincre par le discours de son amie.

Alors il saute sur l’occasion Landon, s’engage plutôt deux fois qu’une dans la voie royale que vient de lui ouvrir Eden. Il s’approche de la commerçante, tente un peu plus encore d’arrondir les angles, tout faire pour achever de la convaincre. Pour qu’elle accepte. Car il le faut, elle ne peut pas refuser, sans quoi il sait qu’il sera bien trop dépité, leur heureuse soirée se verra gâchée, et il veut pas voir ça Landon, il veut que tout continue de se dérouler idéalement. Il veut pas cesser de goûter à la saveur de ce bonheur retrouvé, même si c’est que pour le temps d’une soirée.

Mais il doute, il est pas bien sûr que leurs prières et autres beaux discours suffisent à faire craquer la demoiselle ; alors il fouille dans sa poche, en dégaine une poignée de billets verts, parce que c’est malheureux mais l’argent a le pouvoir de résoudre bien des problèmes, de convaincre en un instant là où une logorrhée d’une heure durant se serait cassée les dents. L’argent a le pouvoir dans ce triste monde, il s’en rend bien compte depuis qu’il gagne bien sa vie, bien mieux en tout cas que la plupart des gens de son âge. Plan qui fonctionne aussi bien que prévu, somme floue qui s’avère bien plus efficace que la vaine discussion dans laquelle ils se voient engagés depuis de longues minutes. Y a la lueur vénale qui s’allume dans les prunelles sombres, la volonté qui fond comme neige au soleil lorsque la femme comprend qu’il ne s’agit pas de bêtes billets d’un dollar. Oh, que non. Elle tient plus entre ses mains, bien plus, bien trop pour les deux pauvres tatouages qu’ils vont probablement réclamer. Il a plus un sou en poche Landon, plus de cash en tout cas, il sait même pas combien il lui a filé à cette bonne femme, il est clairement pas en état de compter. Mais ça marche, c’est bien tout ce qui compte, et y a le sourire ravi, le sourire presque enfantin qui se dessine sur ses lippes fines lorsqu’il se tourne vers Eden, claironne que ça a fonctionné, qu’ils ressortiront de là le corps un peu plus souillé encore à l’encre noire. Ou de couleur, il en sait trop rien en fait.

Il écoute même pas les paroles de la tatoueuse Landon, tout ce blabla purement administratif qui lui semble tout d’un coup chiant à mourir. Il l’écoute pas, il aime mieux porter son attention sur Eden, sur son sourire et sur ses doigts fins jouant avec les siens lorsqu’ils s’éloignent, main dans la main, pour se rendre où ? Il n’en sait rien, puisqu’il n’a pas écouté. Mais Eden elle semble savoir où aller, elle semblerait presque connaître l’échoppe comme sa poche, alors il lui fait confiance, la suit aveuglément, elle pourrait bien l’emmener au bout du monde la gamine qu’il ne protesterait pas.

Elle lui demande ce qu’il veut se faire tatouer, il réalise seulement qu’il n’en a pas la moindre idée, ça le traumatise pourtant pas plus que ça le garçon, YOLO hein, il verra bien sur le moment. C’est pas comme si le motif choisi allait rester gravé dans sa peau jusqu’à la mort… Ah ben si, oups, mais tant pis, cela ne fait rien, il sera toujours temps d’aviser juste avant que l’aiguille ne transperce sa peau. Il est parfaitement détendu ce soir, ne se laisse formaliser par rien du tout – c’est bien simple, les murs pourraient s’effondrer tout autour d’eux qu’il prendrait probablement cela avec le sourire. Alors il esquisse un petit rictus, hausse les épaules, confiant.

- Alors là, aucune idée ! J’verrais bien sur le moment, heeein.

Il marche aux côtés de la petite blonde, les doigts glissés entre les siens, tente tout de même de réfléchir sérieusement à la question, au moins un minimum. Mais il est bourré, il est tellement cuit qu’il est même plus foutu de penser dans sa tête, faut qu’il ouvre la bouche et que tout sorte à voix haute, nulle autre alternative possible.

- Enfin, p’t-être qu’un p’tit cactus sur le mollet ça pourrait être sympa… Ça donne un p’tit côté mexicain, exotique, tu vois ? Ou aloooors… Juste deux-trois traits horizontaux sur le bras, on voit pas mal ça en ce moment. Sinon… Sinon sinon sinon, euuuh… Pourquoi pas une plume, c’est beau une plume, ça évoque pleins de trucs… Genre la liberté, la légèreté, le poulet… C’est vachement bon le poulet. Ou alors y a le requin tribal dont tu parlais là, tu penses vraiment que c’était une bonne idée ? Perso j’le sens moyen, mais bon si tu dis qu’c’est pas si mal j’devrais p’t-être y repenser un peu plus sérieusement…

Main libre qui vient frotter son menton d’un air pensif, il est partagé le jeune homme, les idées fusent sans qu’il ait de réel coup de foudre pour l’une d’entre elles et, avant qu’il ait le temps de réfléchir un peu plus longuement à la question, leur nouvelle amie refait surface des tréfonds du magasin, leur indiquant qu’ils se sont trompés de côté. Même pas foutus de discerner leur gauche de leur droite, jeunes gens trop bourrés pour que l’un des deux ne remarque la grossière erreur. Il cligne des yeux Landon, regarde à gauche, à droite, à gauche, à droite, puis éclate de rire en reprenant le chemin dans la bonne direction.

- Ah. Ah ben oui, c’tait pas la bonne droite ça hein !

Il se fend carrément la poire Landon, il est plié pour rien du tout, une bagatelle plus honteuse qu’autre chose finalement. Mais lui ça le fait juste rire, et il balance un petit coup complice dans les côtes d’Eden en se dirigeant à ses côtés dans la pièce désignée. Pièce bien vite gagnée, la tatoueuse leur tend les feuilles polycopiées qu’elle vient d’aller récupérer, deux par personne. Il les remplit tant bien que mal Landon, élève appliqué qui soigne l’écriture plus approximative que d’habitude, qui soigne moins le remplissage en lui-même, qui se retient à la dernière minute de marquer des bêtises dans les encarts blancs. Il signe grossièrement, tend un exemplaire à la brune, froisse plus qu’il ne plie sa copie plus ou moins conforme et la fourre dans la poche arrière de son jean. C’est des foutaises tout ça, des putains de formalités administratives qui ne serviront jamais, quoi qu’il advienne, il le sait car c’est pas son genre de revenir chouiner auprès du tattoo shop qui l’aura accueilli dans un état louche.

Elle les laisse un instant la propriétaire de l’échoppe, le temps d’aller ranger les précieux papiers. Désormais seul avec Eden, il en profite pour parler dans le dos de la demoiselle, pose ses deux mains sur les épaules de la petite blonde et lui explique comme à une enfant, l’air soudain sérieux mais l’état véritable trahi par sa difficulté à parfaitement articuler.

- Alors écoute… Elle est vilaine cette dame hein, t’as bien dû le remarquer toi aussi nan ? Ben moi j’pense que c’est juste une sorcière, une sorcière qu’a l’air méchante mais qu’au fond ça va, elle est gentille, faut juste être gentil avec elle, t’vois ? Et le souci c’est qu’elle est en position de force là, elle a le pouvoir de nous tatouer n’importe quoi et c’est embêtant ça t’vois ? Genre on aura beau lui demander d’nous tatouer une tête de clown trooop cool, ben elle elle peut très bien nous tatouer une bite t’vois ?

Et ça le fait rire, ça le fait ricaner de prononcer ce simple mot, ça le diminue vraiment l’alcool le pauvre vieux. Mais il se ressaisit bien vite, s’empresse de retrouver son semblant de sérieux avant que la tatoueuse ne revienne.

- Du couuup, j’me disais que p’t-être bien qu’il suffirait juste de la flatter ? Pour se la mettre dans la poche genre, t’vois ? T’as fait ça tout à l’heure, ça a eu l’air de bien marcher, dooonc j’pense qu’si on lui fait tooout plein de compliments on s’en tirera bien, parce que j’sais pas c’que t’en penses mais elle a l’air mauvaise un peu, genre démoniaque ? Faut la caresser dans le sens du…

Puis y a les pas qu’il entend retentir dans son dos, les semelles de chaussures qui claquent sur les dalles, alors il sursaute Landon et pivote sur ses talons pour se détourner d’Eden.

- Et breeef c’est comme ça que j’ai réussi à sauver cette grenouille, truc de dingue hein ?

Misérable tentative de faire diversion pour éviter que la brune ne comprenne qu’il parlait d’elle depuis une minute, on se croirait à l’école primaire, vraiment, comme s’il avait perdu trois ans d’âge mental à chaque verre ingurgité. Mais elle ne se doute de rien la tatoueuse et c’est tant mieux, leur demande innocemment s’ils savent au moins ce qu’ils souhaitent qu’elle réalise. C’est Eden qui s’y colle, lui avoue n’en rien savoir, et ajoute que ce sera lui qui passera le premier sous l’aiguille. Ah bon ? Première nouvelle, il ne se souvient pas avoir convenu de cela avec elle. Mais il est tellement dans le flou ce soir, il est parfaitement possible qu’ils se soient mis d’accord à ce sujet et qu’il l’ait complètement oublié. Tant pis, ainsi soit-il. Il secoue la tête, hausse les épaules, regarde la tatoueuse de ses pupilles floues.

- J’sais pas non plus, mais comme l’a dit Eden, on va chercher l’inspiration dans vos œuvres heeein.

Jeune homme qui vient s’installer aux côtés de son ancienne amante pour regarder les dessins avec elle, tenter d’en trouver un qui lui conviendrait, sur le lot. Mais y rien qui lui tape dans l’œil, il a beau se concentrer tant que son état le lui permet, regarder chaque motif avec attention, les pages défilent sans qu’il n’ait de réel coup de cœur. Il est un peu dépité Landon, ça le rend bien silencieux tout ça, jusqu’à ce qu’Eden désigne un requin tracé dans un style tribal, lui glisse à l’oreille des paroles pleines de promesses. Palabres presque tentatrices qui le font éclater de rire Landon, il s’imagine déjà arborer fièrement l’animal marin, se pavaner devant ses coéquipiers dans les vestiaires. Éclats de rires qui se mêlent à ceux d’Eden, éclats de rire qui durent un peu plus longtemps que ceux de la demoiselle, qui ne s’interrompent que lorsqu’il la voit mimer le silence, que lorsqu’il suit son regard, croise les pupilles assassines de la tatoueuse. Oups. Faut être gentil avec la sorcière, c’est vrai.

Il se calme Landon, se replonge sagement dans l’observation du catalogue, des motifs qui se succèdent sous ses yeux. Mais y a rien qui le tente vraiment, il les trouve même un peu laids ces dessins, ça lui arrache un soupir las avant qu’il se décide enfin à se détourner du classeur, s’éloigner d’Eden pour se tourner vers la tatoueuse. Il a le sourire aux lèvres, le sourire de celui qui s’apprête à sortir un beau mensonge emballé dans du papier brillant, juste pour faire plaisir à la jeune femme, juste pour se la mettre dans la poche.

- Ils sont suuuper beaux ces dessins, mamzelle ! C’est vous qui les avez faits, dites-moi ? Parce que si c’est bien vous vous êtes putain de talentueuse, vous savez ? J’aimerais bien savoir dessiner comme ça moi aussi, quand j’étais petit j’étais toujours triste de voir comme les autres enfants dans la classe dessinaient mieux que moi… J’ai toujours été un gros nul pour tous ces trucs artistiques.

Y a les mains qui viennent se glisser dans les poches du pantalon, les larges épaules qui se soulèvent en un geste dépité et la moue chagrine, presque résignée qui se peint sur les traits. Il lui raconte sa vie Landon à la pauvre dame qui n’avait rien demandé, semble enfin se souvenir qu’il n’est pas là pour ça, qu’elle n’est pas sa psychothérapeute, que c’est à son tour de passer sous l’aiguille, son tour avant celui d’Eden. Index qu’il pointe alors vers le visage de la brune, paroles qu’il prononce comme si ce n’était pas lui qui s’égarait mais elle, comme s’il était le seul ici à tenter de rester concentré sur la mission de la soirée.

- Enfin breeef… Y a des tatouages à faire là, ça va pas se faire tout seul, allez hop hop hop !

Regard blasé que lui adresse la tatoueuse, elle regrette déjà d’avoir accepté la demande du couple retrouvé, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Elle doit avoir envie de le gifler le pauvre bougre, et y aurait de quoi.

- Moi je veux bien vous tatouer, qu’elle réplique sur un ton monocorde, mais il faudrait que vous commenciez par me dire quel motif vous voulez.

Opalescences azurées qui s’écarquillent, lumière qui semble se faire dans le cerveau de l’ancien militaire.

- Ah ben oui, très juste, très juste !

Il s’esclaffe plus ou moins, répète la moitié de ce qu’il dit, comme toujours lorsqu’il a trop bu, semble se concentrer tout d’un coup.

- Ben j’sais pas, moi…

Il paniquerait presque, sent bien que la patience de la femme a ses limites, qu’il faut qu’il trouve une idée, et vite. Y a les prunelles bleutées qui fouillent la pièce du regard, il est à deux doigts de lui demander ce putain de cactus à l’arrière du mollet, puis les iris s’arrêtent enfin sur elle. Eden, la petite silhouette paumée au milieu de la pièce, à un mètre de lui. Eden, la gamine de Tybee Island, la sauvageonne dont il s’est épris au détour d’un couloir de lycée. Eden avec qui il a tant partagé des années durant, trois ans pendant lesquels ils auront tout vécu ensemble, absolument tout, tout partagé, le bon et le mauvais, sans concessions. Y a les souvenirs qui rejaillissent, qui le heurtent en plein visage, et il oublierait presque que c’est terminé entre eux deux, qu’elle l’a largué sans ménagement au plus loin de sa vie et qu’il l’a laissé faire sans broncher, il oublie qu’elle lui a brisé le cœur cet après-midi pluvieux du mois de mars 2010, ce jour où il a soudainement haï cette pluie qu’il aimait tant, de la même manière qu’il a haï cette fille qu’il aimait tant, en passant la porte de la demeure Howard, les gouttes pures martelant son visage impur. Il oublie tout ça, il voit plus qu’Eden, la Eden qu’il a aimée, sa Eden, l’ange tombé du ciel dans le seul but de lui donner un peu l’impression de mourir à chaque fois qu’il la voyait.

- Vous pourriez me tatouer un « E » ?, qu’il demande très vite. Juste ici.

Il pointe son bras droit, son biceps déjà orné du tracé de plaques militaires, désigne une petite portion de peau claire, dénuée de tout tatouage, entre le pli du coude et le tatouage déjà existant.

- E… Comme Eden, c’est bien ça ?, demande la tatoueuse, moins naïve qu’il l’aurait soupçonnée. Vous êtes sûr de vous ?

Il hoche la tête avec force volonté. Bien sûr qu’il le veut ce tatouage, il le désire soudainement plus que tout au monde. En honneur de leur amour avorté, à la gloire du bonheur qu’ils ont su s’apporter trois années durant, avant que le fragile univers qu’ils s’étaient battit à deux ne s’effondre sous leurs pieds. Il veut l’avoir dans la peau la demoiselle, il réalise pas encore combien il regrettera sa décision quelques heures plus tard.

- Bon, très bien. Vous le voulez comment, ce « E » ? Quel tracé ?

Elle pince les lèvres la brune, l’air de savoir mieux que lui encore qu’il fait une connerie, mais il n’en a cure, tout ce qui compte, c’est qu’elle accepte. Il a même pas à réfléchir, Landon, le dessin surgit dans sa tête avec la même précision, la même soudaineté que l’a fait l’idée du E.

- Ben, vous voyez les maillots de foot ? Bon, ben le nom du joueur il est écrit avec une typographie particulière. J’voudrais que le « E » il soit écrit comme ça, puis complètement rempli en noir, et qu’il fasse cette taille.

Il lui désigne l’ongle de son pouce, le plaque au bas de son biceps, là où il imagine déjà le petit E. Jeune femme qui hoche la tête, extirpe un calepin de la poche arrière de son jean, esquisse rapidement le motif demandé, lui demande si ça lui convient.

- Ouaaaip, t’inquiète ce sera par-fait !

Il sait pas bien pourquoi il se met à la tutoyer tout d’un coup, c’est sorti tout naturellement, il prend un peu trop la confiance Landon, mais elle tique à peine la jeune femme, elle est plus à ça près avec ces deux imbéciles. Elle l’invite alors à s’installer sur le fauteuil en similicuir, retrousse elle-même la manche courte de la chemise sur son épaule, car elle se doute bien que même ça, il sera pas capable de le faire correctement.

- Vous êtes sûr de vouloir vous faire tatouer ça, hein ?

Elle commence à le gonfler la jeune femme, il la trouve un peu lourde avec toute cette histoire, et il se retient de justesse de lever les yeux au ciel. Faut qu’il soit gentil avec elle s’il veut pas se retrouver avec un truc chelou gravé sur le bras, il l’aurait presque oublié. Alors il vire totalement de bord, choisit de jouer la carte de la séduction, histoire de la flatter un peu la grande brune.

- J’sais que t’es jalouse ma puce, mais c’est pour Eden que j’me tatoue ce soir, toi ce sera un autre jour, mais j’t’oublie pas, t’inquiète.

Grand sourire plus torché que charmeur qu’il dégaine avant de se tourner vers Eden, lui adresser un clin d’œil complice pour lui montrer qu’il n’en pense pas un mot, que ça fait juste partie de leur petit plan, être gentil avec elle pour éviter les mauvaises surprises. Sauf qu’il est trop bourré pour ça, il est même pas foutu de faire un clin d’œil, à la place ce sont ses deux yeux qu’il cligne comme un imbécile. Tant pis. Tatoueuse qui reprend la parole, qui le pousse à reporter son attention sur elle.

- Vu votre état, je me dois de vous mettre en garde. L’alcool fluidifie le sang et, au-delà du fait que cela vous fera saigner plus que prévu, l’encre aura plus de mal à s’infiltrer dans la peau. Le tatouage sera donc un peu moins pigmenté qu’il devrait l’être. Cela vaut aussi pour vous, mademoiselle, qu’elle ajoute en regardant Eden.

Il la regarde sans comprendre Landon, cligne des yeux à plusieurs reprises, c’est bien trop technique pour lui tout ça. Puis l’information finit par atteindre son cerveau, son visage se déforme alors légèrement, il est offusqué le garçon, prêt à taper un scandale au beau milieu de la nuit dans un tattoo shop miteux.

- Eh mais nan mais attend, j’t’ai pas payé cette fortune pour que tu nous fasses des tatouages tous pourris ! Rend l’argent aux abonnés, escroc !

Il voit les sourcils de la tatoueuse se froncer, sa bouche adopter une moue offensée, et elle réplique sur un ton cassant :

- Vous êtes bien mal placé pour faire des caprices, ou même la moindre remarque. Maintenant tenez-vous tranquille, faudrait pas que je vous envoie l’aiguille dans l’œil.

Alors il croise les bras sur son torse Landon, avachit sur le fauteuil inconfortable, et bougonne dans sa barbe, faisant la tête d’un enfant que l’on viendrait de gronder, auquel on aurait refusé un énième caprice. Il est pas content de savoir que le tatouage sera pas aussi beau qu’il l’imaginait, qu’il sera même un peu fade, mais il sait qu’elle a raison, dans le fond. S’il se la ferme pas, elle va finir par les mettre à la porte, Eden et lui. Alors il se tient tranquille le temps qu’elle prépare son matériel, lui tend son bras lorsqu’elle le lui demande et, enfin, sent le premier coup d’aiguille se planter dans son derme. Ça lui aurait presque manqué cette sensation grisante, satisfaisante, de savoir que l’on marque son corps à jamais, le sentir jusque dans sa chair. Son dernier tatouage remonte tout de même à trois ans, il était plus que temps pour lui de repasser sous l’aiguille. Sauf que là c’est pas comme d’habitude, ça fait trop mal pour un pauvre tatouage à cet emplacement, il le sait pour être déjà passé par-là. Elle appuie bien trop fort cette tatoueuse à deux balles, à croire qu’elle veut lui transpercer le bras et son os avec. Il ouvre les lèvres pour protester mais, sans lui laisser le temps de dire le moindre mot, la voilà qui énonce calmement :

- J’espère que ça vous passera l’envie de me draguer, hein.


Ah parce qu’elle le fait exprès en plus, cette chienne ? C’est quoi ça, depuis quand on fait mal à dessein à ses clients ? Mais il veut pas geindre, pas devant Eden, alors il se contente de serrer les dents et le poing, ne rien montrer de la douleur. Puis c’est pas comme s’il avait pas connu pire. Il a connu la douleur de frôler la mort en se prenant une balle dans le torse, la douleur de frôler la mort lorsque la seule fille qu’il ait jamais aimée lui a annoncé que c’était fini. C’est une bagatelle ce tatouage, l’histoire de quelques minutes de maigre souffrance avant de passer à autre chose. Il aurait aimé que toute douleur soit aussi simple à éluder que celle-ci le sera.

Il tourne la tête à sa droite dans l’idée de regarder la lettre se dessiner au fur et à mesure, de voir le nouveau chef-d’œuvre naître sur sa peau. Mais le fluide carmin est liquide, trop liquide, et il s’écoule plus qu’il l’aurait soupçonné au passage de l’aiguille, pas de manière dramatique mais suffisamment pour que, barbouillé comme il l’est par l’alcool, il sente la bile lui monter à la gorge. Merde. Regard qu’il s’empresse de détourner, préférant se concentrer sur Eden, la raison d’être de ce tatouage finalement, que d’attendre de vomir pour de bon. Sourire qu’il lui adresse, petit signe de la main dans sa direction pour lui signifier que tout va bien, qu’il a pas si mal que ça, et les mots qui s’échappent d’entre ses mâchoires contractées.

- Regarde, qu’il lui dit doucement. Tout se passe très bien, tu vois qu’t’as pas à t’inquiéter, ça t’fera aussi peu mal à toi aussi.

Et il garde le regard rivé sur elle pour un temps, souffrant en silence, les opalescences focalisées sur la beauté pour contrebalancer la douleur. Il a la douce tranquillité de celui qui a trop bu, qui est un peu sonné par l’alcool, le regard flou et le sourire léger, il se perd quelques minutes dans la contemplation de la demoiselle. Mais elle lui fait mal, trop mal la tatoueuse, il mérite pas tant de douleur pour un pauvre encrage du biceps, alors il se détourne d’Eden, regarde la brune, observe ses bras tatoués en prenant grand soin de ne plus baisser les yeux vers le mélange d’encre et de sang qui vit sous ses yeux.

- Ils sont cooools vos tatouages, qu’il dit entre ses dents. C’est vous qui les avez fait ?

Vaine tentative de la flatter un peu pour la radoucir, pour sentir un peu moins de pression concentrée sur l’aiguille. Il prend même pas la peine de réfléchir, réalise pas qu’elle ne peut pas s’être tatouée l’épaule toute seule comme une grande, se prend la réponse acerbe en plein dans les dents.

- J’pensais que vous faisiez exprès mais vous êtes vraiment stupide en fait. Maintenant silence.

Il s’offusque même plus Landon, il a plus mal au bras qu’au cœur en cet instant, puis il lui reste tout juste assez de clairvoyance pour saisir que s’engueuler avec l’artiste en plein tatouage est une très, très mauvaise idée. Alors il fait sa petite moue bougonne et se tient tranquille, patiente une petite minute encore jusqu’à ce qu’elle ait terminé. La brune lui annonce que c’est bon, enroule un film plastique autour du petit « E » pour s’assurer que l’encre ne bouge pas et lui donne des recommandations qu’il n’écoute qu’à moitié. Ce n’est pas son premier tatouage, non plus, il connaît bien tout ça, la crème cicatrisante et se protéger du soleil, ça va. Alors il se redresse, regagne le sol pour s’approcher d’Eden, lui mettre la nouvelle inscription sous le nez.

- Regaaarde, c’est pas trop cool ?

Il est tout excité le garçon, il en est fier de son nouveau bébé. Suffisamment clair pour semer le doute, pas assez explicite pour savoir exactement à quoi il fait référence, il est ambigu le petit « E » tracé à même la peau, et il aime ça Landon, jouer sur l’ambiguïté. Mais eux deux, eux deux ils savent parfaitement de quoi il en est, et y a les prunelles joyeuses qui se croisent, les sourires qui dansent sur les lèvres.
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Dernière édition par Landon James le Dim 30 Juil - 18:02, édité 1 fois
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Everyday I spend my time drinking wine - Leden Empty
MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptySam 29 Juil - 3:16

Waiting here to find the sign that I can understand

Eden & Landon

Opalescences qui suivent lentement l’artiste sortir du box en les prévenants qu’elle revient dans un instant. Femme qui va mettre en lieu sûr la paperasse à peine signée du couple désespérant et pas très frais. Ceux qui ont trop forcé sur l’alcool, ceux qui la fatigue énormément en cette fin de soirée. Mais elle doit être contente la tatouée, cette permanence nocturne du Tattoo Shop lui aura rapporté un petit paquet de billet de façon inattendue, inopinée. Eden voit bien que son comportement a changé depuis qu’elle s’est mise le fric en poche. Elle essaie de se montrer un peu plus gentille, un peu plus polie et il y a de quoi. Elle n’a pas envie d’avoir des problèmes la demoiselle. Ça se comprend, elle sait qu’ils sont tous deux dans un état critique, elle sait qu’ils vont faire des choix pas très net alors elle leur a fait signer ces foutus papier pour se mettre en sécurité. Comme ça, une fois chose faite. Si il y a un problème ça ne sera déjà plus de son ressort. Ils ne pourront pas lui jeter la pierre.

Ainsi est fait le jeu, ils ont signé tous les deux, de façon certaine qu’ils ne regretteraient pas. Mais à leur risque et péril. Ils n’auront qu’à prendre leur part de responsabilité si ils ne sont pas content à l’avenir. Ce n’est pas son problème à la pauvre Mélanie, ou Marie. Qu’importe son nom commençant par la lettre M quelle avait vue marqué sur le polycopié qu’elle avait signé en première pour attester qu’elle était celle qui s’occupait d’eux ce soir. Ils ont forcé comme jamais tous les deux pour en arriver là. Elle les a prévenues, plus d’une fois et ils se sont en foutue de son avis. Ils ont rabâché qu’ils étaient aux commandes, qu’ils savaient dans quoi ils s’embarquaient et qu’ils étaient déjà tatoués que ce n’était pas leur première expérience. Certes, ça ne serait pas leur premier dessin sur la peau mais bel et bien le premier irréfléchi, le premier fait sur un coup de tête. Fait lorsque ce n’est pas le cœur ni la conscience qui dicte les actions mais le volume de l’alcool qu’ils ont bu par litres et qu’ils ont dans le sang. Ils ne se rendent pas compte de l’enjeu, ô non ils ne voient pas qu’ils sont en train de dériver, de nager en plein délire pour bien vouloir se faire ancrer la peau dans ce salon qui a connu de lourd ravage depuis qu’ils l’ont découvert il y a des années. Salon délabrée, presque sale tant il a l’air délaissé et pas du tout rénovée mais ils ne se focalisent pas sur ce genre de détail. Eux, pendant que la demoiselle n’est pas là, ils en profitent pour former un plan d’attaque, ils se concertent comme des gamins pour déblatérer de façon ridicule, à demi voix sur celle qui aura le pouvoir de l’aiguille sur leur derme.

Elle hoche la tête vivement Eden en écoutant le brun qui la regarde droit dans les yeux, les mains sur ses épaules pour capturer son entière attention. Elle trouve qu’il a raison Landon, lorsqu’il dit qu’elle est méchante la tatoueuse. Vraiment. Elle est là que pour l’argent et tirer la gueule. Elle est chiante et moche en plus de ça. Eden elle a un avis très réducteur soudainement, elle pense comme une enfant. Reflétant son avis que par des éléments que très peu fair-play. Elle est un peu dans le dégoût de finir tatouée par cette vile sorcière surtout. Mais c’est soit elle, soit rien du tout pour ce soir. Alors elle se promet à elle-même qu’elle va s’y faire. Elle reste là car elle aime l’idée d’avoir ce tatouage le même soir que son ex, sur un coup de tête. Elle aime voir le sourire satisfait de Landon s’agrandir un peu plus à chaque pas qu’ils font pour s’approcher du but ultime. Puis la suite de son discours la laisse pantoise, la moue boudeuse à la blonde car elle n’est plus si d’accord que ce qu’il raconte. Lui il pense qu’au fond, elle est gentille la tatoueuse, mais pour voir ce côté sympathique il faut se montrer sympa car elle est en position de force et tout le tralala. En gros, faut la caresser dans le sens du poil. Et là, ça bloque pour la demoiselle au cheveux platine. Elle soupire, l’air défaitiste, le front se plissant car elle n’a pas envie de faire ça Eden. Elle n’aime pas être hypocrite, elle aime pas jouer les toutes douces et mignonnes gentilles filles. Ça ne lui ressemble pas. « Mais tu sais que j’aime pas faire ça … Me force pas à être niaise et la complimenter … Puis, j’men fou j’assumerai la bite qu’elle me tatouera ! Puis j’lui demanderai même de prendre la tienne en exemple si elle veut le faire eh ! » Elle croise les bras sur sa poitrine et fait non, non, non de la tête la poupée. Non, non jamais elle se mettra aux pieds de la tatouée. Elle le voit rire, ça le fait rire le mot bite pourtant elle est très sérieuse. Elle roule des yeux alors que les mains de son ancien amant glissent doucement sur ses bras d’un geste affectueux, surement ne la prend-il pas au sérieux. Puis elle le connait, elle sait qu’il ne va pas s’arrêter là Landon, sur un terrible échec d’un refus de coopération de sa part. Il va essayer de la raisonner, il va tenter une nouvelle fois de se la mettre dans sa poche son ex, et elle se braquera comme toujours. Continuant de faire non de la tête comme une gamine. Puis heureusement, pour une fois. Elle apprécie d’entendre les pas de la tatoueuse s’approcher d’eux. Elle sourit satisfaite lorsqu’elle voit les yeux de Landon s’ouvrir en grand et qu’elle sent derrière elle la grande prêtresse, la diablesse revenir dans la pièce alors que le brun s’empresse de s’écarter d’elle, de lui tourner le dos comme si il ne l’avait jamais attrapé par les épaules, que son visage n’était pas près du sien pour lui raconter son plan pour ne pas finir avec un phallus malencontreusement tatoué. « Aaaah, ouuuui je vois la grenouille … J’espère qu’une fois sauvée tu l’as appelée Pepe Frog comme la grenouille d’internet lààà ! » Elle dit n’importe quoi Eden, tout comme Landon. Juste pour ne pas le laisser seule dans la galère. Ils disent beaucoup de merde ce soir, mais ça n’a pas l’air de choqué plus que ça Monica, ou Mélinda. Elle se contente juste de soupirer en enfilant ses gants. Comme si elle n’avait pas entendu cette conversation qui n’a aucun sens, cette histoire de grenouille sauvée et de prénom donné faisant référence à un mème qu’on retrouve sur les réseaux sociaux les plus aimées.

Elle promet de se taire en tout bien tout honneur et la tatoueuse n’a guère l’air d’apprécier le geste. Du moins, c’est ce qu’elle laisse comprendre en roulant des yeux plus que de raison, soupirant fortement pour montrer ô combien elle est lassée de cette attitude de gamine qu’à sa cliente. Elle s’en mord l’intérieur de la joue Eden, elle la regarde d’un air excédé, du style qui veut dire « Putain si j’étais pas bourré ; si j’étais pas prête à me faire tatouer pour faire plaisir à mon ex j’te promet que je t’enverrai balader et loin, très loin. » Mais voilà, elle a des raisons plus fortes que son caractère de cochon. Une raison qui se nomme Landon Jams qui font qu’elle se retient la petite Eden. Elle n’a pas envie de foutre le bordel dans le salon, vraiment pas envie de créer des problèmes et faire perdre l’argent que son ex a filé à cette vipère. Ainsi, elle tente de se calmer, calmer le petit diable qui traîne quasi quotidiennement dans sa tête. Elle l’envoie valdinguer au loin et n’écoute que le petit ange en elle qui lui répète que c’est qu’un mauvais moment à passer qu’ils n’ont qu’à vite choisir les motifs, passer sur le siège en similicuir puis s’en aller.

Alors, elle arrête de la fixer à cette conne de tatoueuse. Enfin, la blonde se résout à lâcher les yeux de la brune en première. Quitte à passer pour une faible, mais au moins ce n’est pas elle qui foutra la merde. Pas ce soir. Pourtant, l’occasion venait de se présenter, elle aurait pu en foutre un beau de merdier. L’air était devenu soudainement lourd dans la pièce, ça puait l’éreintement entre les deux femmes. La tatoueuse n’avait l’air d’attendre qu’un mot, un seul petit son de travers sortir de la bouche d’Eden pour exploser et leur demander de dégager avant que ça ne tourne mal. Mais non, elle est plus sage que ça Eden la teigne. Prise soudaine d’un élan de bonne conscience elle préfère abandonner la partie la brindille. Tant pis, pas de guerre. Elle la laissera faire sa loi à cette Kate Von D. du pauvre, ce démon tout droit sorti des abysses. Elle la lâche du regard à ce sheitan doté de lèvres carmin, de prunelles entourées de maquillage noir pour se donner des airs un peu gothiques. Le cliché même de la fille badass, celle à qui on ne cherche pas d’embrouilles ; femme aux multiples tatouages. Le genre de nana qui devrait faire peur à Eden, mais qui pourtant n’a aucun pouvoir ; zéro emprise sur elle. Poids plume qu’elle est qui devrait pourtant faire plus attention, elle n’est pas indestructible la poupée de Tybee Island. Au contraire elle est toute fine, toute maigre elle devrait savoir que l’enjeu n’en vaut certainement pas la peine que de se prendre la tête avec elle. Elle fait tout de même le double de son poids, et surement de sa taille. Elle n’avait aucune chance face à elle de toute manière. Et encore moins lorsqu’elle avait bu comme un trou toute la soirée la mauvaise graine.

Comme si de rien était, comme si elle ne venait pas de se prendre mentalement la tête avec une personne qui peut-être n’en a strictement rien à foutre d’elle et qui n’avait surement pas en tête de la dégager comme elle peut le croire. Eden laisse ses doigts glisser sur la surface plastifier des feuilles du porte-vue et fait tourner les pages sans même les avoir réellement regardées. Elle n’est pas très concentrée la blonde pour le coup, elle a du mal à rester figées des minutes entières sur les dessins car même son ex lui demande de tourner les pages de sa voix morose, certainement frustré de ne rien trouver. Alors elle l’écoute, elle tourne encore et encore ne regardant plus du tous les feuilles entièrement remplie de croquis. Elle s’en fiche la petite Howard d’avoir manqué une page, car de toute façon depuis tout à l’heure elle en a tourné une vingtaine et rien ne va. C’est laid, c’est fade. Il n’y a rien qui aille. C’est vraiment cheap ce qu’ils proposent. Elle arrive pas à croire que dans ces centaines de dessins il n’y a rien qu’ils puissent vouloir ni l’un, ni l’autre. Comme si le destin essayait une nouvelle fois de les empêcher de faire ce satané tatouage.

C’est la page de trop, celle que même Landon n’arrive à regarder entièrement. Il se lève et elle en profite pour refermer le catalogue d’un air frustré. Nonchalamment, elle pose son coude contre la table et sa tête vient doucement se poser contre sa main, la retenant comme si celle-ci était trop lourde, bien trop grosse pour tenir droite d’elle-même. Non elle a besoin d’aide, elle a besoin de la retenir sa petite tête surtout lorsqu’elle voit son ex petit-copain de l’époque jouer son baratin devant la brune qu’elle aime de moins en moins. Sa tête lui semble soudainement deux fois plus lourde, sa vision se trouble un instant pour mieux aller lever les yeux au ciel. Elle le voit faire son manège Eden. Donc, il pense vraiment l’amadouer comme ça ? Il croit réellement que lui faire les yeux doux aura un impact, changera le cours de l’histoire avec tout le raffut qu’ils ont pu faire depuis leur arrivé ? Elle n’y croit pas Eden. Elle le voit bien dans le regard de la jeune femme qui doit les tatouer que le charme n’opère pas. Elle en a rien à faire d’entendre les faux compliments de Landon, strictement rien à foutre qu’il puisse être le plus bel homme qui puisse exister sur cette terre… Il et restera le client casse couille de la soirée, elle incluse.

Elle s’en réjouie Eden de la situation, elle aime voir quelqu’un qui résiste à Landon. Elle aime voir qu’il existe une personne qui ne flanche pas face à ses histoires et son charme. Au moins, mentalement elle peut se dire qu’elle est bien bête la tatoueuse de pas reconnaître qu’il est d’une perfection sans pareil. Elle doit être la seule dans l’univers à ne pas voir qu’elle a une chance énorme d’exister même cinq minutes aux yeux de Landon et c’est pour ça qu’Eden la jalouse aussi, énormément. Car actuellement elle lui vole l’attention du garçon. Pour paraître gentil, il se détourne d’elle, il lui tourne le dos et essaie de capter l’attention que de la demoiselle. Merde, ils ont sept années à rattraper, en une soirée et lui il passe le clair de son temps à déblatérer sur des dessins qui sont laid et lui parler qu’il n’a jamais su dessiner ? Elle en grince des dents la poupée. Elle détourne le regard, loin des deux adultes qui sont debout et elle ouvre de nouveau le porte-vue pour trouver de quoi se faire tatouer. Elle ignore la conversation qui a lieu sous son nez et se concentre sur les dessins plus laids les uns que les autres dans le cahier.

Plus il parle, moins elle ne peut l’ignorer. Il n’en manque pas une Landon, il ne rate pas une occasion pour passer pour un imbécile aux yeux de la deuxième fille et elle en rit. Elle a beau avoir les prunelles rivées sur le deuxième catalogue de tatouage qu’elle n’a toujours rien de bien concret dans le crâne. Bien. Elle fera donc au hasard une fois qu’elle sera assise sur le canapé. Elle referme alors soigneusement le porte-vue et regarde la tatoueuse hausser les sourcils en lui disant que si il veut se faire tatouer… Il n’a qu’à dire ce qu’il souhaite pour commencer. « Bah oui Landon depuis tout à l’heure tu parles mais t’as pas dit ce que tu voulais … » Elle ironise Eden, elle ne se montre même pas un instant discret dans le petit reproche qu’elle lui fait. Celui de trop parler, de trop converser avec l’artiste plutôt que venir s’intéresser aux tatouages qu’ils peuvent trouver avec elle.

Elle le voit pantois, elle le voit hésitant. Ne sachant ce qu’il veut réellement et elle le comprend, mieux que personne. Elle non plus n’a rien en tête pourtant l’envie de le faire ce foutu tatouage ne manque pas, l’envie n’a pas dégringolé depuis qu’ils sont là. Bien au contraire, d’être dans la pièce accompagné de son ex elle a encore plus envie de le faire. Elle se martèle la cervelle à coup d’idée éphémère. Pourquoi pas un nuage dessiner grossièrement, de façon enfantine avec des petits traits qui sortirait de ce nuage pour faire référence à la pluie ? Celle que Landon chéri tant. Cette pluie sous laquelle ils se sont quittés il y a des années et cette même pluie sous laquelle ils se sont retrouvés il y a deux mois ? Elle aime cette idée Eden, mais elle ne sait pas. Elle a peur, peur que ça soit un peu trop significatif. Que ça leur rappel un peu trop la séparation plutôt que les retrouvailles puis elle pense aussi à des plumes, les plumes de poulet auxquelles il faisait référence dans le couloir. Car le poulet c’est bon. Le poulet c’est le plat qu’ils mangeaient chaque dimanche midi chez les Howard. Mais non, c’est trop con. Elle a beau avoir l’esprit complètement retourné elle trouve ça nul, commun pas assez fou pour qu’elle puisse hurler toute la nuit, toute la vie. « Oh mon dieu regarde ce que j’ai fait ! » Tant ça serait insolite, du jamais imaginé. Elle veut être la plus imbécile des imbéciles Eden, elle veut un truc qu’elle regrettera probablement vingt-quatre petites heures après.

Puis d’une seconde à l’autre, juste le temps pour elle de se perdre dans ses pensées que tout à l’air décidé pour Landon. Il est déjà en train de pointer le derme de son bras, d’annoncer la taille de son tatouage et elle ne comprend plus rien la belle. Elle tourne la tête d’un faciès à l’autre en cherchant à comprendre, elle essaie de placer une phrase mais ils parlent trop, de façon sérieuse tout à coup. Puis elle entend parler d’une typographie précise et enfin elle croit entendre parler d’un « E », elle cligne des yeux Eden, elle en oublie qu’elle voulait parler et regarde sans relâche son ex. Attendant qu’il continue de parler avec la tatoueuse, lui disant exactement ce qu’il veut à tout jamais sur son bras. Elle n’y croit pas, elle ne veut pas y croire. Elle a le cœur qui bat à la chamade. « E » comme … Eden ? c’est ce qui tambourine à toute allure dans sa tête. Elle se mord la lèvre inférieure d’un air gênée la belle ; les joues brulantes sous les néons blanc du box. Elle est pivoine Eden, comme la fleur tatouée sur son épaule et elle le fixe de ses opalescences azurées s’assurant qu’il veut bien ça, qu’il ne dit pas ça pour rigoler. Mais non, il est sérieux le beau garçon il hoche la tête en soupirant de nouveau lorsque pour la troisième fois la brune à la peau tatouée lui demande si il veut réellement ça. Comme si elle voulait lui faire comprendre que c’est bien regrettable, qu’il a encore le pouvoir de changer d’avis et il se met à blablater, la tutoyer comme si de rien était et même lui donner des surnoms…. Opalescences des deux femmes de la pièce qui se croisent, elles sont outrées et pourtant Landon a l’air pas le moins gêné du monde. Vraiment pas. Au point de se tourner vers Eden et sourire en coin, en clignant des deux yeux … Elle croit mal voir Eden, elle bat des paupières pour se remettre les idées en place et lorsqu’elle ouvre pour la troisième fois les yeux, il est déjà installé sur la chaise, fin prêt pour son tatouage, prêt à marquer Eden implicitement sur son bras.

Elle est calme Eden, trop calme depuis qu’elle vient d’apprendre qu’elle finirait tatouer à tout jamais sur le bras de Landon. Elle est aux anges, secrètement. Elle sourit, comme une imbécile. Elle hoche la tête aux dires de la tatoueuse. Elle écoute un mot sur deux, d’une phrase sur trois. Elle s’en fout des instructions. Ça lui passe bien au-dessus tout ça. Elle actuellement, elle perd son regard sur le profil de son ex qui commence à s’enflammer sur la femme. Lui hurlant qu’elle est en train de se foutre de leur gueule, qu’il a pas payé un max de blé pour entendre que le tatouage ne sera pas aussi pigmenté qu’à la normale. Elle le voit s’emporter et elle voit aussi la tatoueuse perdre patience en lui disant qu’il ne peut pas à s’attendre mieux. Ainsi, elle se rapproche Eden. Bruyamment, elle tire sa chaise jusqu’au siège en faux cuir faisant grincer le bruit de fer contre les carreaux, grincer les dents de tout le monde. Mais elle s’en fout, elle veut juste se rapprocher d’où est à moitié allongé Landon. Elle veut le voir, de près. Le calmer, alors elle vient poser sa main doucement sur son bras, celui qui ne sera pas tatoué ce soir. Le rescapé. Elle glisse doucement la pulpe du bout de ses doigts faire des petites chatouilles sur son bras en souriant, l’air réconfortant. « Fallait s’y attendre gueule d’ange, on vient avec nos j’sais pas combien de verres dans le sang … On pourra toujours venir s’le faire retoucher le tatouage une fois fait …. Gra-tui-te-ment j’espère bien vue le prix qu’on a déboursé heeeein ? » Elle ne cache même plus qu’ils sont complètement bourrés, qu’ils sont dans un état si lamentable qu’ils ne peuvent même pas le nier. Mais au moins, elle ose dire assez fort et explicitement à la demoiselle qui s’occupent d’eux que si la couleur, ou quelque chose ne convient pas elle reviendra. Elle viendra raffistoler le truc, elle ne restera pas avec une bavure ou une couleur déjà vieilli alors qu’il vient d’être fait c’est hors de question. Et elle minaude la brune, elle souffle en s’approchant du bras de Landon. « Ouais on verra » qu’elle lâche en allumant la machine, enfonçant le premier coup d’aiguille.

Elle a mal pour lui la petite, clairement. Elle plisse du nez et se focalise sur chaque petit détail insignifiant de son visage plutôt que son bras qui est en train de prendre cher. Car c’est une diablesse cette Méryda ou Marina. Elle appuie, elle y met toute son âme. Elle en joue même, elle lui dit clairement qu’elle fait ça pour lui passer l’envie de la draguer et elle aimerait répliquer Eden, lui dire qu’il ne la drague même pas. Il n’agit pas comme ça Landon quand il joue de ses charmes pour de vrai. Enfin, avant il n’était pas comme ça par le passé. Il était tout de même plus futile, plus léger mais qu’est-ce ce qu’elle en sait du nouveau Landon James elle hein ? Rien. Donc elle se tait et le voit contracter son poing. Curieuse, elle se relève un peu sur sa chaise Eden, elle ne se rend même pas compte que ses cheveux viennent cacher le visage de Landon, que sa poitrine vient subtilement se coller contre lui juste le temps de voir la boucherie que la tatoueuse est en train de faire. Elle voit le sang venir brouiller le tatouage, elle voit le noir de l’ancre se mélanger au pourpre et ça la dégoûte. Ça lui retourne l’estomac. Alors, elle détourne le regard et se rassoit directement sur sa chaise. Elle en devient pale Eden, elle voit floue. Elle laisse sa tête retombée mollement et regarde le sol bêtement quelques secondes pour s’en remettre et comme si il voyait l’appel à l’aide, Landon lui fait un petit signe. L’obligeant à redresser le visage et elle le fait, gardant ses yeux rivés dans le bleu océan des siens, écoutant avec attention ses paroles pleine de bon sens et de bonne volonté pour la calmer, la rassurer.

Elle sourit bébé Howard, le genre de petit sourire qui n’est clairement pas rassuré. Elle tente au moins de faire semblant qu’il l’a consolé, qu’elle n’ait plus apeuré. Mais intérieurement, elle sait très bien que le sort lui sera aussi défavorable qu’à lui. Du moment qu’elle a vu la manière de cette pétasse de tatoueuse de s’y prendre, d’effectuer son premier trait… Elle s’est faite l’idée. Il n’y a qu’à voir comment la fille appuie pour remplir de noir l’intérieur du « E » pour se faire une idée du taux de douleur qu’elle suscite chez son ex. Une barbare, un suppôt de Satan pour être un tel bourrin. Mais ce n’est pas grave, ça ira. Ça vaut le coup. C’est ce qu’elle se répète depuis que la séance a commencé. Elle se rabâche qu’elle s’en fout finalement de souffrir un peu. C’est le but, souffrir pour l’avoir pour toujours ce fichu dessin. Si lui ne dit pas un mot, alors elle en fera de même. Pas moyen qu’elle fasse sa pleurnicheuse Eden. « Ouais t’inquiète, j’ai plus peur ça va … Si t’as géré je peux le faire hein… » Elle lève les yeux au ciel, simulant qu’elle est aussi forte que lui. Haha, la bonne blague. Eden aussi forte que Landon. Eden la petite chose aussi forte que le grand garçon, l’homme qu’avait survécu à la guerre. Même bourré, elle sait qu’elle dit des bêtises plus grosses qu’elle, plus grosse qu’eux trois en même temps dans la pièce même. Et pour palier à la connerie qu’elle vient de dire, elle se montre attendrie Eden envers le garçon. Elle passe alors sa main sur la joue rugueuse de son ex en souriant. « Aller encore deux petites minutes et c’est à moi, t’auras tout le plaisir de me voir souffrir … » Doucement, elle lui pince la joue Eden, elle attrape cette peau du visage qu’elle n’a plus jamais touché depuis sept ans -sans compter celle de ses lèvres pendant le baiser échangé devant les portes du salon- et essaie de retenir un éclat de rire, éclat cristallin qui fend le seul bruit qu’est celui de la machine à tatouer contre le bras de Landon actuellement.

Elle rit car même sa peau a changé, son visage s’est creusé. Affiné. Il est beau, toujours autant. Mais différent et à chaque fois c’est un peu plus flagrant. « Bah alors elles sont passé où tes joues numéro quatorze … ? » C’est de façon trop limpide, trop naturelle que sorte les vieux reflex des années passées à ses côtés. à peine les mots sont-ils sorti d’entre ses lippes qu’une ampoule s’illumine dans son esprit, qu’elle en oublie d’écouter Landon qui surement lui répond. Cette ampoule, cette lumière qui traverse son cortex cérébral complètement ravagé l’amène à l’évidence à la petite Eden. Cet ancien surnom qui refait surface juste maintenant. Pile quand il faut. Parmi tous les autres surnoms qu’elle avait pu utiliser tout au long de la soirée. C’était lui le bon, lui qui débarque au bon moment. Surnom qui lui donne des idées, Numéro quatorze… Chiffre qui était celui de Landon dans l’équipe du lycée. Surnom qu’elle utilisait avant même qu’ils ne soient amis pour le différencier des autres, faisant semblant de ne pas avoir retenu son prénom. Elle se rappelle des nombreuses fois ou elle l’avait interpellé en criant dans les couloirs « Eh Numéro 14 » Pour qu’il se sente concerné, pour qu’il se retourne pour la regarder. Alors elle revient à la réalité, elle lui coupe la parole de manière pressée en le regardant droit dans les yeux. « Au fait, t’es toujours le n°14 sur le terrain … ? » Affirmation qui la fait soupirer de soulagement. Elle pose alors une main contre sa poitrine et sourit bêtement, elle le regarde en riant à moitié. « Sympa que t’ai pas changé … » Gentiment, elle ébouriffe la chevelure de son ex. Comme si de rien était et celui-ci détourne son attention d’elle, n’en demandant pas plus sur cette question pourtant inattendue et se focalisant au contraire sur les tatouages de celle qui lui lacère le bras. Tant mieux pense-t-elle pour la première et dernière fois en le voyant parler à la tatoueuse. Au moins, elle pourra exploiter tranquillement la petite idée qui était en train de germer dans son esprit fatigué, elle sait déjà ou est comment elle se le fera tatoué la poupée.

Tatouage pour Landon enfin terminé, souffrance qui va bientôt devenir sienne. Elle le voit se faire enrouler le bras de cellophane et elle sourit contente de le voir heureux et déjà en train d’oublier la douleur infligée pendant un peu moins d’un quart d’heure. Une fois le film plastique enroulé, elle le voit s’approcher et elle se met naturellement à fixer son bras, de plus près, encore et encore un peu plus à chaque pas qu’il fait. Elle a presque le nez qui toucherait son biceps tant il vient le coller à elle son bras. Elle aimerait le toucher ce tatouage, déposer ses lèvres dessus. Elle a le cœur qui s’agite, le ventre qui se noue et ses yeux vont se perdre dans ceux de son ex tant elle se sent gratifié, honoré. Ils sont fières les deux imbéciles, ils se regardent d’un air satisfait et elle se mord la lèvre sous les prunelles un peu trop charmeuse du garçon. « C’est mon tatouage préféré chez toi alors que je sais même pas si je connais les autres haha… C’est fou hein … Tu me laisseras y toucher ? » Elle bouge doucement comme une gamine de gauche à droite Eden, elle le toise en minaudant. Comme si il allait lui dire non… Elle sait très bien qu’il ne lui dira jamais non. Qu’elle aura ce privilège car finalement … C’est son prénom et celui de personne d’autre qu’il vient d’ancrer. Le sien et uniquement le sien. A tout jamais.

Raclement de gorge qui se fait entendre dans la pièce. Ils sont coupés dans leur séquence émotion les anciens amants, ils sont forcés de sortir de leur petit monde pour se tourner vers la tatoueuse qui change de nouveau ses gants après s’être lavé soigneusement les mains. « Alors, t’as enfin réfléchi à ce que tu voulais toi ? » Elle n’aime pas sa façon de lui parler Eden, plus le temps passe moins elle supporte mais soudainement les paroles de Landon, le plan de base qui était celui d’être gentil et doux avec la femme lui revienne en tête. Finalement ce soir, elle va jouer à son tour les faux-culs, elle va la caresser dans le sens du poil pour avoir le tatouage qu’elle veut et non pas une bite sur le dos. Alors, elle hoche la tête Eden elle s’assoit à son tour sur le siège et commence à expliquer à la demoiselle ce qu’elle souhaite. « En fait, c’est son idée à lui qui m’a inspiré la mienne. Vous voyez l’écriture qu’il a utilisé ? Bah je veux ça, mais pour un chiffre. Je veux tatouer le numéro 14 sur mes côtes mais plus vers le dos que le ventre hein, et je veux qu’il fasse à approximativement cette taille-là » dit-elle en mimant à peu près cinq centimètres avec ses doigts d’hauteur et de largeur. « Par contre je veux juste les contours, l’intérieur reste nu, j’ai la flemme un peu que vous me massacriez comme lui hein bien que vous ayez fait un suuuuuuper boulot sur lui ! » Elle bat des cils Eden, elle lâche une vérité mais la sublime avec un petit compliment à la fin pour que ça passe crème. Elle est sournoise la blonde, aussi discrète qu’un camion volé mais tout de même un peu perspicace. Assez pour essayer de tenter de faire passer la pilule.

Rapidement le croquis est esquissé, elle fait ça rapidement la tatouée. Pas de temps à perdre avec ces deux écervelées il parait. Elle se grouille pour lui montrer ce que ça donnerait, Eden regarde alors celui-ci quelques secondes et confirme en hochant de la tête vivement que c’est bon. Elle veut ça et rien d’autre. Elle regarde le dessin une nouvelle fois sur la feuille de calque avec des réminiscences plein le crâne. Des cris de joie et de foules qui lui reviennent. Elle le voit courir d’un bout à l’autre sur le terrain son Landon, son équipement entier sur les épaules. Elle le revoit marquer des points, elle le voit lui envoyer des petits signes que seule elle peut comprendre. Elle sourit, elle caresse le papier et le montre à Landon en souriant, tendrement. « Ça te rappel rien … ? » Question qui n’attend aucune réponse, elle sait bien la diablesse qu’elle sait à quoi elle fait référence. A tous ces bons moments qu’ils ont vécus ensemble et une fois de plus, la brune casse le moment elle tape doucement sur l’épaule de sa cliente en lui disant. « Aller l’amoureuse, lève ton haut c’est parti. » Elle roule des yeux Eden, une nouvelle fois en soupirant assez fort pour que la tatoueuse l’entend. En plus, elle n’aime pas ce surnom qu’elle vient de lui donner celle-là. Comment ça l’amoureuse ? D’où ils sont amoureux Landon et elle ? Non, non. Ils sont ex c’est différent et pendant qu’elle a du mal à enlever son haut, que sa tête coince à l’ouverture elle ne peut s’empêcher de le rappeler. « On n’est pas amoureux, avant oui maintenant non ! C’pas difficile à comprendre oh ! » Elle s’énerverait presque la gamine. Elle s’emporterait presque comme si la situation était évidente. Comme si tout le monde était au courant de leur histoire. Ça fait sept ans qu’ils sont plus ensemble, sept longues années qu’ils n’avaient pas échangé un seul message, ni une seule lettre. Donc non, ils ne sont pas un couple, ils sont des ex de longue date. Et pourtant, les voilà plus proche que jamais.

Le tatouage décalqué contre son derme, en pleins dans les côtes à l’arrière. Elle entend le bruit de la machine qui se met en route. Grésillement que peu agréable. Pointe qu’elle entend se rapprocher et qu’elle ne peut pourtant pas voir. Elle la redoute cette aiguille, elle s’en mord la lèvre d’avance et plante ses doigts dans l’accoudoir de manière que très peu décontracté. « Tu peux y aller. » Dans l’euphorie, elle aussi oublie ses bonnes manières. Elle agit comme Landon, Eden. Elle tutoie cette fille sans la connaitre personnellement elle se permet des choses qu’elle-même ne permettrait pas à des clients. Puis arrive le moment fatidique, l’aiguille qui pique sa peau, la faisant réagir, directement rougir. Elle souffle un coup la belle, elle ouvre les yeux et grimace au fil que la pointe s’élance sur sa peau d’albâtre bien trop fine. « Donc vous ne m’épargnez pas hein, vous êtes pour l’égalité homme/femme vous non ? Un brin un peu trop féministe ? » Elle en rit plutôt que d’en pleurer, pourtant y’a de quoi, elle appuie comme si c’était dans du béton qu’elle allait creuser un trou avec sa putain d’aiguille. Mais elle veut jouer les fortes, alors elle se tait. La mort avant le déshonneur il parait.

Ça brûle, vraiment. De façon dérangeante et pourtant elle contient un maximum ses émotions. Elle rit nerveusement même, elle regarde Landon et imite le même sourire qu’il lui avait lâché en étant sur ce lamentable fauteuil de torture. « Ça se passe très très bien, aussi bien que toi comme tu peux le voir ! » Pouce de sa main la moins cramponné qu’elle lui adresse d’un air presque détendu, contenant un maximum la position latérale de sécurité qu’elle a envie d’adopter depuis que le tatouage a commencé. Une ou deux fois elle se permet de tourner la tête et dès que le sang apparait sur les doigts gantés de la tatoueuse elle tourne la tête, empêchant un hoquet surprise, une remonté fulgurante de vomi venir se loger dans sa trachée. « J’crois pas en dieu mais putain de sainte marie, ça fait un mal de chien merde. » Elle fait rire l’artiste Eden, elle ricane pendant qu’elle est en train de la martyrisé et elle grince des dents la belle, elle fronce les sourcils en lâchant. « Ouais ouais rigole, c’est ça. » Plus que cinq minutes comme ça, cinq petites minutes et ils pourront sortir de là.

Coup finale de l’aiguille, jet ultime du liquide noir qui s’incruste pour toujours dans ses côtes. Dernier trait qui rejoint le reste pour boucler la symétrie. Machine infernale qui s’éteint et Eden appuie mollement sa tête contre l’appuie tête du fauteuil. Elle ferme les yeux Eden, se repose un instant alors que la brune lui passe un liquide pour débarbouiller le sang qu’à couler, l’ancre qui s’est mêlée pour laisser un aperçue certes rougie mais tout de même définitif du travail effectué. « C’est bon, tu peux te lever et aller regarder si tu veux. » Phrase qui ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde. Elle se lève à la hâte la belle, elle se redresse en laissant son tee-shirt trainé à même le sol et se dirige tout droit vers le miroir. Elle regarde son beau tatouage sous toutes les coutures et en sourit fièrement à son tour. Dans le reflet, elle le voit. Il la regarde, matte ce tatouage qui est une ode à sa personne en souriant et elle ne se retourne pas. Elle le toise dans le miroir en souriant. « Pour toujours ta supportrice à partir d’aujourd’hui. » Elle hausse les sourcils en rythme Eden, elle se sent pousser des ailes et laisse la tatoueuse l’entourer à son tour de cellophane en lui répétant les étapes et consignes pour s’occuper de son nouveau tatouage. Elle aussi le sait déjà tout ça, elle hoche alors la tête pour rapidement la faire taire à cette vipère. « Ouais ouais on connait … ok… »

Aussi contente qu’eux, Maria les accompagne jusqu’à la sortie, leur disant que si réellement y’a un souci avec les motifs ils peuvent revenir … Elle pourra toujours leur faire une retouche mais pas le changer hein. Elle veut surtout pas changer la pièce car ils l’ont voulu donc qu’ils ne viennent pas pleurnicher au comptoir dès le lendemain matin pour totalement la changer car elle ne fera certainement pas. Elle sourit Eden, l’air fatigué, complètement éclaté entre tout cet alcool ingurgité, cette nuit à danser et maintenant ce tatouage tout frais. « Ça me ressemble pas de regretter ce que j’fais …. Puis j’le connais depuis trop longtemps pour m’en vouloir, mais merci quand même heeeein…. T’as été sympa j’taime bien au final ! Plus qu’à la base hahaha ! Aller aurevoir Kate Von D. ! » Elle s’écarte un peu Eden, elle laisse Landon lui dire aurevoir et elle trouve de quoi s’occuper en attendant la gamine. Elle va s’accrocher à un de ces grand et ancien lumineux qui réside encore dans la ville. Elle fait le tour de celui-ci comme si elle était dans l’iconic scène i’m singing in the rain et qu’elle était l’acteur principal Gene Kelly. Elle essaie de grimper à ce gros poteau et fait quasi de la pole dance dessus en riant, chantonnant à qui veut bien l’entendre. « What a gloriouuuuus feeling….I'm haaaappy agaaaiiiin. »

Elle manque de se casser de nouveau la gueule Eden, sous les yeux de son ex et de cette tatoueuse qui ne peut s’empêcher de moquer en la voyant faire. « Aller file la récupérer avant qu’elle finisse morte. Après un tatouage c’est normal qu’elle ressente de nouveau autant l’alcool, la fatigue et tout le reste donc ne vous faites pas percuter par une voiture et surtout… bon reveil hein ! » Elle se moque la pétasse, et Eden outrée attend qu’elle soit de dos pour lui balancer son doigt d’honneur, de façon très courageuse ahem. Quand celle-ci n’est plus à sa portée et que Landon s’est rapproché, elle arrête de tourner autour de son lampadaire la diablesse. Elle se calme et regarde le ciel qui commence à se teinter d’orangée et de violet. Le soleil qui commence à peine à doucement se lever. « Dit Landon il est quel heure… ? » Voix enfantine qui s’échappe d’entre ses lèvres. Elle a l’air d’avoir cinq ans Eden lorsqu’elle lâche cette phrase après un petit moment de blanc. Mais non, elle en a bien vingt de plus maintenant, vingt-cinq ans révolus et pourtant elle agit toujours autant comme une enfant. S’en est navrant.

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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyDim 30 Juil - 13:13

Waiting here to find the sign that I can understand

Eden & Landon

Jeune homme assis sur le siège en similicuir, grande carcasse échouée dans le fauteuil à moitié défoncé. Il n’a pas peur Landon, ne soupçonne pas que la tatoueuse va s’acharner sur son bras comme si elle cherchait à le déchiqueter à coups d’aiguille telle une vulgaire charogne. Il est détendu, dans un état radicalement opposé à lorsqu’il s’est fait tatouer les deux premières fois ; et pour cause. Les fois précédentes, il était loin d’être serein, parfaitement conscient qu’il allait douiller sous les gestes de l’artiste. Mais cette nuit, tout est flou. C’est flou dans son regard, c’est flou dans sa tête, même les réminiscences de ce qu’il a fait durant les dernières heures commencent à se confondre à ses pensées, à ce qu’il a pu rêver, imaginer. Y a la raison qui fout le camp, l’attention qui se fait absente et le cœur dilué, tâche d’aquarelle perdue dans un peu trop d’eau. Il sait plus ce qu’il pense, ce qu’il ressent, refuse de se prendre la tête avec ce genre de complications. Pas ce soir. Il a encore une vie entière pour se remémorer les évènements de cette nuit, pour regretter, frapper les murs de rage contre lui-même, honorer sa dette pour s’être accordé une soirée de répit, une soirée durant laquelle le passé et le futur ont cessé d’exister, laissant seul le présent demeurer.

Il est détendu Landon, confiant ; il a confiance en la vie, confiance en ce beau projet de tatouage partagé, confiance en cette tatoueuse – à ses risques et périls. Mais il ne reste pas bien longtemps aussi serein le jeune homme ; y a la terrible nouvelle, il apprend que leurs tatouages seront jamais aussi beaux qu’ils l’auraient souhaité, puis y a ce bruit tout droit sorti des Enfers qui retentit dans la salle silencieuse pendant que la brune esquisse le motif sur sa peau, ce grincement tonitruant qui lui fait grincer des dents, qui fait se hérisser les poils sombres de ses bras. Il n’aura pas fait long feu, ce calme olympien qui était le sien ; y a le visage qui s’enflamme, le jeune homme qui s’emporte, l’agacement qu’il sent monter en flèche lorsque la tatoueuse le gronde comme un sale gosse, lui fait remarquer qu’ils n’ont pas leur mot à dire au vu de leur état à tous les deux. Et ce bruit, cet infâme son qui ne fait qu’exploser un peu plus encore le contenant de sa patience. Tête qu’il tourne vivement dans sa direction, curieux de savoir ce qui peut bien être à l’origine de pareille atrocité ; puis y a les prunelles d’azur qui se posent sur Eden, sur son visage rendu plus doux que jamais par l’ivresse, la hargne qui fond comme neige au soleil. C’est pourtant elle qui a traîné les pieds métalliques de sa chaise sur les carreaux, c’est elle la diablesse qui a appuyé de tout son poids sur le siège. Mais il ne saisit pas tout ça Landon, il comprend pas que c’est sa chaise à elle qui a produit un tel boucan, se demande juste comment ça se fait que la dernière fois qu’il l’ait regardée, elle se trouvait à quelques mètres de là, et que là, maintenant, elle se situe tout près de lui, si près qu’elle peut le toucher, si près qu’elle peut effleurer son bras du bout des doigts, laissant d’agréables fourmillements sur son passage.

Ça le fait sourire le jeune homme, ça suffit à calmer une colère trop vite montée, parce qu’elle est comme ça Eden, elle a toujours eu cet effet apaisant sur lui, unique baume capable de canaliser Landon James, antidote à ses trop-pleins d’émotions. Il en aurait bien eu besoin, ces dernières années, lorsqu’il hurlait dans son oreiller, désespéré de ne jamais l’oublier, ou qu’il dégommait le punching-ball à coups de poings, espérant mettre ses sentiments à terre une bonne fois pour toutes. Mais elle n’était pas là. Elle n’était pas là, alors même qu’elle était la raison première du dangereux tsunami d’émotions qui l’habite depuis sept ans, d’une trop grande instabilité qui s’est faite sienne. Elle n’était pas là car elle en était la première instigatrice, tout simplement.

Elle a sans doute raison la blonde, il n’en sait trop rien à vrai dire, trop bourré pour trancher le vrai du faux, discerner le sensé du déraisonnable. Tout ce qu’il retient c’est qu’ils sont supposés pouvoir se le faire retoucher ce tatouage alcoolisé, réparer d’éventuels dégâts. Il n’y avait même pas pensé, tiens. Elle est intelligente Eden, et ça le fait sourire un peu plus encore de voir qu’elle est restée aussi maligne que la gamine qu’il a toujours connue, il est fier d’elle Landon, à deux doigts de lâcher un « that’s my girl ! » plein d’orgueil. Comme si elle était toujours sienne, comme si elle n’avait pas repris les clés de sa liberté sept ans plus tôt.

Il est heureux de pouvoir compter là-dessus le jeune homme, rendu un peu plus confiant encore par la possibilité de venir faire rectifier une bavure ou repigmenter un peu le petit dessin. Seulement voilà, c’était trop beau pour être vrai, il a fallu que la vilaine tatoueuse s’en mêle, vienne briser en mille morceaux ses beaux espoirs à coup d’un « on verra » lourd de sens. Paroles qui laissent peu de place au doute, il les a trop souvent employées lui-même pour ignorer combien elles sont pratiques pour esquiver une question, une proposition pas si alléchante que cela, le genre à vous donner envie de simplement détourner la tête, détourner le regard comme si de rien n’était, comme si vous n’aviez jamais entendu ladite proposition, comme si elle n’avait jamais été formulée. « On verra bien, vas-y viens on n’y pense pas », il le dit trop souvent ça, et il est outré de voir que la tatoueuse use de la même ruse de sioux.

- Eh nan mais attends ! T’as vu l’paquet de blé que j’t’ai filé ? J’en veux pas d’tes « on verra » moi, t’as intérêt à faire…

Elle aura pas duré bien longtemps la tranquillité retrouvée de Landon. Elle aura pas duré bien longtemps, et l’aiguille qui se plante dans sa peau, arrache une larme écarlate au derme hâlé, la douleur qui le transperce et lui coupe le sifflet. Putain, mais quelle chienne. Qui lui a appris à tatouer, à celle-là ? Il serre les dents, achève sa phrase pour lui-même, dans sa barbe, par fierté, refusant de se laisser réduire au silence par les abus de pouvoir de la brune, marmonne un « … c’qu’on te demande », semblant de menace achevée dans un souffle.

Y a les mâchoires qui se contractent, les dents indubitablement serrées derrière ses lèvres pincées, le poing qui se serre, les ongles courts qu’il sent se planter dans la paume de la main. Il aimerait partir. L’envoyer se faire foutre, cette tatoueuse à deux balles et sa petite vengeance à laquelle elle semble prendre beaucoup de plaisir, son aiguille de Satan et sa machine dont le bruit fatigue déjà son cerveau alcoolisé. Mais il peut pas. Il peut pas parce qu’il aime mieux crever que de montrer à la tatoueuse combien il a mal, il refuse d’admettre qu’elle a réussi son coup ; il peut pas parce qu’il le veut ce tatouage, mine de rien, il veut l’avoir dans la peau la petite blonde, à jamais gravée dans son derme, il a tout oublié ce soir, il réalise pas la merde dans laquelle il est en train de s’enliser. Il réalise pas que sa souffrance quotidienne va aller croissante des suites de ce tatouage, que maintenant il ne pourra plus jamais échapper à la pensée de la demoiselle, que ses yeux profonds et son sourire rieur se rappelleront à son bon souvenir même dans les rares moments où il parvenait à ne pas songer à elle, qu’il suffira d’un regard dérivant un peu trop vers son bras pour la faire rejaillir dans son cœur.

Pour l’heure elle est là Eden, à ses côtés le petit ange machiavélique, la douce créature tout droit sortie des affres de l’Enfer. Elle est là, trop douce ce soir, ce serait suspect si elle n’était pas presque aussi cuite que lui. Elle est là, tout près, si près, trop près. La douleur elle est bien pratique finalement, parce qu’elle lui fait oublier les pensées peu sages qu’il a en tête, ces dangereux désirs qui l’envahissent dès lors qu’il se risque à la regarder, que ses opalescences s’égarent sur ses traits délicats, sur ses courbes peu dessinées. La souffrance, physique plutôt qu’émotionnelle pour une fois, avait réussi à enterrer pour un temps son envie de venir retracer les courbes de son corps du bout des doigts, du bout des lèvres, mais pour un temps seulement, répit de courte durée évincé lorsque la jeune femme se redresse, s’approche pour détailler l’opération avec une curiosité dangereuse. Y a les mèches blondes qui viennent chatouiller son visage fatigué et la poitrine qui se plaque contre ses côtes, contacts qu’il ressent intensément, trop intensément Landon, comme décuplés au centuple, contacts qui estompent pour quelques précieuses secondes la douleur de l’aiguille.

Mais c’est piégeux tout ça, c’est piégeux le répit, il le sait bien : il suffit qu’il ait un peu moins mal un instant pour que, l’instant suivant, la douleur revienne plus forte que jamais. Son poing qui s’était un peu détendu se contracte de nouveau, il plisse les yeux une seconde, retient un râle de douleur. C’est bien malheureux de souffrir autant pour un tel tatouage, une cicatrice qui aurait pu se marquer avec plus de douceur, s’ils n’étaient pas tombés sur une tatoueuse folle à lier. Parce qu’elle est complètement cinglée, c’est ce qu’il se dit, sans réaliser qu’il est peut-être le principal instigateur de sa colère, que s’il s’était pointé à la porte du tattoo shop un peu plus sobre, s’il ne s’était pas montré si chiant, peut-être cette femme se serait-elle comportée de manière un peu moins barbare à son égard.

Puis y a le regard qui glisse, qui dérive vers Eden, les yeux qui remarquent le petit bout de femme dépité sur sa chaise. Nul doute qu’elle a à peu près autant apprécié que lui le mélange d’encre et de sang. Elle doit pas se sentir bien la pauvre blonde, à peu près autant sur le point de vomir que lui actuellement, alors il lui fait un petit signe, desserre le poing pour glisser ses doigts sous son menton. « Regarde-moi », qu’il voudrait lui dire, mais il est encore trop occupé à ravaler la bile, à convaincre son estomac de rester tranquille, de se montrer coopératif en dépit du sale traitement qu’il lui a infligé cette nuit. Il force un sourire peu convaincant, se risque enfin à ouvrir la bouche pour tenter de la rassurer, lui assure que ça va, il a pas si mal que ça en fin de compte et qu’il en sera de même pour elle, le regard ancré dans le sien et la main qui glisse sur son épaule, sur son bras, qui caresse vaguement le derme pâle pour tenter un peu plus de lui redonner un semblant de courage, la pousser à lui faire confiance, l’empêcher de se défiler en voyant le terrible traitement que lui inflige la tatoueuse.

Il se laisse berner Landon, se laisse convaincre par ses petits sourires forcés, ses paroles qui lui assurent que ses mots ont été efficaces, qu’elle n’a plus peur la grande fille. Probablement que ça l’arrange bien de croire à ses paroles, c’est plus simple comme ça, plus facile que de devoir prendre le temps de la rassurer alors même qu’il souffre le martyre sous l’aiguille impétueuse. Y a sa main qu’il sent se glisser sur sa joue, ses doigts fins pincer la chair de sa mâchoire, peau douce contre peau rugueuse, comme avant, comme toujours. Elle est chiante un peu Eden, en particulier ce soir, mais ça le dérange pas Landon, c’est l’Eden chiante qu’il aime bien, qui l’amuse, qui le fait râler avec le sourire dans la voix, pas celle qui lui donne envie de défoncer un mur par la simple force de ses poings. C’est pas la Eden du toit, celle qui use de cruauté pour le pousser dans ses retranchements, c’est plus la Eden adolescente, celle dont il est tombé amoureux, celle qui ne lui a que trop manqué ces dernières années. Alors il laisse un rictus amusé se peindre tant bien que mal sur ses lèvres, rictus quelque peu entravé par la douleur tandis que se voit libéré un proverbe trop utilisé.

- Faut souffrir pour être belle, p’tite tête.

Comme si elle en avait besoin. Comme si elle avait besoin de devenir un peu plus belle encore, histoire de le mettre à terre plus encore chaque fois qu’il la regardait, encore plus, toujours plus. Grossier mensonge que d’insinuer qu’elle requiert un petit coup de pouce de beauté, lorsqu’ils savent tous deux que c’est totalement faux. Elle a changé, un peu, n’a fait qu’embellir avec les années, lui aussi a changé, comme elle le lui fait remarquer à juste titre. Il a perdu ces rondeurs que lui conféraient son enfance encore proche, ces petites joues qui floutaient la ligne de sa mâchoire ; aujourd’hui elles se sont creusées, ont fondu pour tracer mieux que jamais un menton, une mâchoire au dessin d’une précision rare.

Ça le trouble un peu de l’entendre l’appeler numéro quatorze, lorsque cela ne devrait pas être le cas – pas tant que ça, tout du moins. Elle n’a jamais été la seule à le faire ; que ce soit au lycée ou aujourd’hui, en tant que joueur professionnel, on l’avait bien souvent interpelé de la sorte, par amusement parfois, pour des raisons pratiques la plupart du temps. Et pourtant. Pourtant, cela fait tellement longtemps qu’il n’avait pas entendu le surnom s’évader de ces lippes rosées, tellement longtemps qu’il ne l’avait pas entendu prononcé avec ce timbre de voix unique, que cela lui fait un coup au cœur, et pas le même genre de coup que lorsque la tatoueuse martèle sa peau un peu trop fort. Ça le déstabilise le jeune homme, il met un peu de temps à répondre, à se souvenir qu’elle lui a posé une question, à la base.

- J’vois pas du tout de quoi…

Il veut ironiser le garçon, lui rétorquer qu’elle aussi elle avait des petites joues avant, qu’elle aussi elle les a perdues, mais elle ne lui en laisse même pas le temps. Non, elle ne le laisse même pas finir sa phrase la gamine, elle lui coupe la parole et lui il est trop bourré pour s’en offusquer. Elle le surprend sa question en plus, pourquoi lui parle-t-elle donc de ce numéro ? Pourquoi maintenant ? Il se contente de hocher la tête, parce que sa tortionnaire d’un quart d’heure y va particulièrement fort et qu’il serre trop fortement les dents, trop fortement les lèvres pour parvenir à libérer le moindre son. Et elle se réjouit la petite blonde, souriant et riant, elle semble curieusement transportée par la nouvelle. Mais bien évidemment qu’il n’allait pas changer de numéro. Bien évidemment qu’il n’allait pas faire ça lorsque c’était son nombre fétiche, lorsque c’était celui qu’on lui avait attribué sur son tout premier maillot de foot, maillot qui avait été une telle fierté à ses yeux qu’il avait depuis lors toujours réclamé d’être le quatorzième joueur, au gré des équipes l’ayant accueilli.

Elle force la tatoueuse, c’est vraiment une putain de brute, alors, en désespoir de cause, Landon se détourne d’Eden, laissant sa main qu’elle avait glissée dans ses cheveux retomber mollement sur son torse. Il a trop mal pour lui accorder davantage d’attention, il faut qu’il fasse quelque chose, qu’il trouve un truc à dire pour apaiser la hargne de la brune avant qu’elle ne lui pète vraiment l’os. Alors il tente la flatterie, flatterie à deux balles, flatterie débile de celui que l’alcool a rendu plus que con, flatterie qui lui coûte cher, elle le renvoie dans ses cordes en quelques mots, et il est trop mal le pauvre garçon pour chercher à répliquer quoi que ce soit. Il s’avoue vaincu pour une fois, grand garçon mis k-o qui s’enfonce faiblement dans le fauteuil en attendant que le supplice prenne fin.

Enfin le dernier coup d’aiguille est donné, enfin il sent la cellophane se plaquer contre sa peau devenue moite. C’est pas le sentiment le plus agréable du monde d’avoir le bras prisonnier de plastique, il a jamais adoré ça, mais en comparaison avec la souffrance qui est la sienne depuis un petit quart d’heure, c’est un vrai bonheur. Sitôt libéré, il va rejoindre Eden, sans plus écouter les recommandations de la tatoueuse, sans même la remercier, lui dire que c’est exactement ce qu’il avait en tête, que c’est parfait, parce qu’il manquerait plus qu’il la remercie de lui avoir volontairement charcuté le bras, tiens. De toute façon elle s’évanouit déjà la douleur, il l’oublierait presque tant il est heureux d’avoir ce « E » majuscule à jamais gravé sur le bras, l’initiale de la gamine à jamais dans sa peau, de la même manière que cette gamine il l’a dans la peau depuis dix ans, c’est beau symboliquement, il en est content. Il se dirige vers elle, lui met son bras sous le nez, grand enfant trop fier d’exhiber son nouveau joujou, la regarde attentivement, les yeux rivés plus sur son visage à elle que sur le tatouage tout frais. Il est curieux Landon, il veut voir si elle est aussi heureuse que lui, voir l’effet que ça lui fait à la demoiselle de se voir à jamais gravée sur son derme, à jamais en lui. Il n’est pas déçu, pupilles qui croisent les siennes, iris animés des deux côtés d’une lueur de fierté, fierté d’enfin avoir accompli ce qu’ils se promettaient depuis des années désormais. Enfin, il faut qu’Eden passe sous l’aiguille, elle aussi, sans quoi la boucle n’est pas bouclée. Lippe inférieure qu’il voit se glisser entre ses dents blanches, lippe qu’il a bien envie d’en déloger pour apposer ses lèvres dessus mais il se retient, même pas parce qu’ils ne sont plus ensemble, il l’oublie un peu trop ce soir, seulement ce n’est ni le lieu ni le moment pour faire ça. Paroles qui le font sourire, il hoche la tête, la couvant d’un doux regard, regard trop doux au vu de leur statut, regard adouci par la boisson.

- Bien sûûûr, tu pourras y toucher tant que tu veux… Mais pas tout de suite hein, ça va faire bobo sinon.

Il est déjà en train de repartir, Landon ; si la douleur a au moins eu le mérite de lui remettre les idées en place durant quinze minutes, son cerveau recommence déjà à partir en vrille maintenant qu’il n’a plus de point fixe sur lequel se focaliser. Il écarte son bras comme s’il craignait qu’elle vienne appuyer comme une forcenée sur la récente cicatrice, à croire qu’il aurait presque été traumatisé par la violence de la tatoueuse, ce pauvre gosse. Ah ben tiens, il l’avait presque oubliée, elle. C’est avec un raclement de gorge qu’elle se rappelle à son bon souvenir, le faisant presque sursauter. Sourcil qui vient s’arquer en entendant la manière dont elle s’adresse à Eden, il aime pas trop ça lui, qu’on parle de manière aussi irrespectueuse à sa précieuse poupée. Mais elle ne relève pas la blonde, puis il a la flemme de faire des problèmes Landon, il retrouve bien vite la légèreté que lui apporte l’alcool et, plutôt que de faire une réflexion, il va sagement s’installer sur la chaise qu’occupait la blonde une minute plus tôt, après avoir manqué s’asseoir dans le vide et tomber sur le coxis, incapable de viser correctement même pour s’asseoir. Il est pas bien confortable ce siège, il se demande comment elle a fait pour tenir un quart d’heure entier dessus, lui il est pas bien installé, il gigote comme un gosse hyperactif, faisant grincer la structure métallique sous son poids. Il finit par comprendre que ça ne sert à rien, que s’agiter en tous sens ne fera pas apparaître un coussin sous ses fesses, comme par magie et, résigné, cale un coude sur le fauteuil en similicuir où est assise Eden, s’avachissant à moitié dessus.

Enfin elle prend la parole la petite blonde, détaille son projet à la tatoueuse, projet qui interpelle Landon à l’instant où il l’entend prononcer le nombre quatorze. Il bat des paupières, hausse les sourcils, passe une main sur le bas de son visage, sent un sourire se dessiner sur ses lippes. Ben mince alors. Il peine à y croire le jeune homme, s’il n’avait pas la moindre idée du tatouage qu’elle comptait se faire, jamais il n’aurait cru qu’elle ferait un tel choix. Son numéro à lui, son numéro de toujours, numéro fétiche à jamais encré sur ses côtes à elle. Il sourit comme un guignol le garçon, trop content de voir que son ancienne amante lui renvoie l’ascenseur. Car, non contents de se faire tatouer ensemble, la même nuit, ils les assortissent un peu leurs tatouages, finalement, usant de la même typographie, l’un renvoyant immanquablement à l’autre.

Quelques instants suffisants à l’artiste bon marché pour esquisser le tatouage, petite blonde qui se tourne vers lui pour le lui montrer, le regard noyé dans les souvenirs. Pouce qui se glisse entre ses lèvres fines, sourire qui se dessine sur ses lippes et le regard qui se fait nostalgique, jeune homme qui plonge avec elle, tête la première, dans des réminiscences qui lui réchauffent le cœur au lieu de le broyer, pour la première fois en sept ans. Il la revoit sa petite Eden, dans les gradins du terrain du lycée. Il la revoit avec son maillot de supporter trop grand pour elle et les joues marquées de deux traits sombres, il la revoit se lever de son siège à chaque fois qu’il rapportait quelques points à son équipe. Elle n’aimait pas ça le sport, surtout pas le foot, il le savait bien – elle devait s’y intéresser à peu près autant qu’il s’intéressait à la photographie, c’est dire. Mais elle n’avait jamais manqué un seul de ses matchs, et dès qu’il se tournait pour le regarder depuis le terrain, c’était lui qu’elle regardait, toujours. Et rien que ça, ça valait tout l’or du monde à ses yeux.

Sursaut provoqué par la voix forte de la tatoueuse, contraste violent avec la douceur de la voix d’Eden et de leurs souvenirs communs qui le tire brusquement de ses pensées. Il n’aura même pas eu le temps de répondre à la jeune femme, quel toupet que de les interrompre ainsi. Il ne tique même pas Landon en l’entendant qualifier la demoiselle d’amoureuse, pour lui c’est parfaitement normal, il est resté sur l’image de la Eden lycéenne qui était aussi éprise de lui qu’il l’était d’elle. Ô naïveté, heureusement que l’alcool était là pour adoucir un peu le cours de ses pensées de temps à autre. Elle se déshabille la demoiselle, ôte son haut sans même chercher à se cacher des yeux de son ex, mais il en a l’habitude Landon, il a pris le pli de son manque de pudeur. Et lui il détourne même pas le regard, toute attitude de gentleman ayant déserté de sa personne depuis plusieurs verres déjà, il laisse ses yeux se poser sur son ventre plat, remonter le long de son soutien-gorge en dentelle que sa petite poitrine remplit à peine. Mais il l’aime comme ça Landon, il l’a toujours aimée comme ça, et elle l’a si profondément marquée la demoiselle avec ses courbes minces qu’il n’a plus touché à une seule autre femme aussi peu formée qu’elle, comme s’il cherchait son opposée la plus radicale possible. Incapable de se heurter de nouveau à un corps trop semblable au sien. Puis elle crie haut et fort qu’ils ne sont plus ensemble, elle s’énerverait presque la gamine, et lui ça lui rappelle brusquement la dure réalité, effet d’un électrochoc qui le fait se reculer, s’enfoncer dans sa chaise trop dure pour lui laisser toute la place sur le fauteuil, détournant un peu les yeux, mais pas trop, parce qu’il l’aperçoit encore du coin de l’œil. Il répond rien Landon, il se tait parce qu’il sait qu’elle dit la vérité la gamine, ils sont plus ensemble mais lui il l’avait oublié et ça fait mal de s’en rappeler, alors il fera aucun commentaire à ce sujet, plutôt crever.

Puis il entend la machine se mettre en marche, il voit l’aiguille s’approcher d’Eden. Elle va prendre cher, la pauvre, et en plus de ça elle est tellement plus frêle que lui, il aurait presque peur de la voir se briser sous l’aiguille. Parce qu’il espère que la tatoueuse se montre un peu plus douce avec elle qu’elle l’a été avec lui, il l’espère mais n’y croit pas, elle ne semble pas avoir l’âme suffisamment bonne pour cela. Il n’y croit plus, désormais, aux jolies histoires de sorcière au bon cœur que lui contait sa mère. Ongles qu’il voit s’enfoncer dans le similicuir, visage qui s’empourpre, soupir qui s’évade au premier impact. Il a mal pour elle Landon, il grimace en voyant combien elle souffre, il n’est pas dupe, elle a beau contenir la douleur tant que possible, lui aussi est passé par-là, martyrisé par cette tortionnaire. La souffrance qu’elle se voit infligée, il la connaît mieux que personne. Alors il vient poser sa main sur le bras de la jeune femme, caresse doucement sa peau de porcelaine, comme si cela allait suffire à contrebalancer sa douleur. Si seulement.

- Oublie pas ma belle, si j’bois pas tu bois pas, si je souffre tu souffres… Ça a toujours marché comme ça entre nous, t’a pas le droit de te plaindre de l’égalité.

Petit sourire un peu malicieux qui prend place sur ses lèvres, sourire qui n’atteint pas ses yeux néanmoins, parce qu’il arrive pas à s’amuser pleinement lorsqu’il la voit ainsi malmenée. Elle lui assure pourtant que tout va bien, lui adresse un geste rassurant, mais il se laissera pas avoir Landon, pas cette fois. Elle a mal, elle souffre le martyre Eden, il le voit bien, elle pourrait hurler à s’en arracher les poumons et laisser couler des larmes de douleur que ce serait la même. Alors il approche ses mains de l’accoudoir et, délicatement, vient en détacher un à un les doigts de la jeune femme, prend sa main dans la sienne, dépose un baiser sur le dos de sa main, les yeux levés vers elle, parce qu’il en faut de la douceur pour faire face à pareille douleur. Il laisse ses mains autour de la sienne, incroyablement plus petite, incroyablement plus crispée, et ne cille pas lorsqu’elle resserre ses doigts autour de sa main, comme si elle voulait lui briser les os sous le coup de la douleur. Il grimace juste un peu mais la laisse faire, après tout c’est lui qui est venu la chercher cette main, sachant pertinemment dans quoi il s’engageait, à prendre le rôle de l’un des deux accoudoirs. Y a sa main libre qui est posée sur la sienne, qui caresse doucement la peau diaphane pour l’apaiser, et les paroles qu’il prononce, tentant tant bien que mal de la rassurer :

- Ça va aller Eden, t’en as plus que pour quelques minutes et c’est fini.

Doux regard qu’il porte sur elle tandis qu’il l’entend jurer comme un charretier, insulter le Ciel et la Vierge Marie. Regard qui reste rivé sur elle durant ces longues minutes, durant toute la durée du tatouage, sur son visage plutôt que sur ses côtes. Parce qu’il a bien vu le bordel qui se déroulait sur sa peau pendant son propre encrage, il se passera volontiers de revivre l’expérience. Puis enfin le tatouage touche à sa fin, c’en est terminé de la souffrance. Elle a l’air épuisée la pauvre Eden, comme si elle venait de courir un marathon, et il y a de quoi. Main qu’il garde dans la sienne le temps que la tatoueuse nettoie le nombre nouvellement marqué dans la peau pâle, main qu’il relâche sitôt qu’elle déclare lui rendre sa liberté. Jeune femme qu’il regarde alors s’élancer vers le miroir pour s’observer sous toutes les coutures, jeune femme dont il suit le moindre mouvement du regard, regard qui se pose sur la petite inscription noire sitôt qu’elle apparaît dans le reflet, regard qui ne la quitte alors plus. Il est fasciné Landon, subjugué de voir son numéro à lui inscrit dans la peau de la demoiselle. Il a ce grand sourire qui plane sur les lèvres, ce sourire ravi et un peu con, le sourire de celui qui voit se concrétiser sous ses yeux un projet vieux d’une petite dizaine d’années. Puis y a ces paroles qu’elle prononce, ces paroles qui font référence au passé mais également au présent, au futur, et qui le font sourire un peu plus encore, il en mal aux zygomatiques le jeune homme. Il se lève pour la rejoindre, pour voir le tatouage d’un peu plus près parce que c’est compliqué pour lui ce soir, il a bien du mal à faire la mise au point et il veut bien le voir ce quatorze gravé dans sa peau, il veut pouvoir en voir le moindre détail, le voir en toute netteté. Alors il profite de ce que la tatoueuse entoure la jeune femme dans de la cellophane pour le regarder d’un peu plus près, répond doucement, presque dans un murmure :

- C’est sûr que c’est encore mieux qu’un maillot de supporter ça…

Petit tatouage qu’il contemple avec émerveillement, il aimerait le toucher du bout des doigts pour apaiser un peu la douleur, s’assurer qu’il est bien réel, que c’est pas un mirage, mais vaut mieux pas, la zone doit être bien trop sensible et, lorsqu’il est dans cet état-là, il a la délicatesse d’un éléphant, alors vaut mieux pas s’y risquer. Alors il la laisse se rhabiller, regagne la sortie avec elle, écoutant d’une oreille distraite les paroles de leur tatoueuse. Il est distrait cette nuit, l’alcool ça le réussit pas, ça lui embrouille les idées et les sens, le rend tragiquement incapable de focaliser son attention sur quoi que ce soit qui vaille le coup.

Au revoirs qui se font sur le pas de la porte du tattoo shop, air frais nocturne qui contraste avec la chaleur moite du salon, fait frissonner le garçon dans sa pauvre chemise à manches courtes. Pourquoi la fraîcheur de la nuit ne la dérangeait-elle pas avant qu’il mette les pieds dans l’échoppe ? Il en sait trop rien, s’en fout un peu à vrai dire, laisse Eden filer sitôt ses adieux faits à la demoiselle tatouée des pieds à la tête. Elle est pas rancunière la p’tite blonde, c’est tout juste si elle lui aurait pas fait une déclaration d’amour en quittant les lieux, mais lui il oublie qu’elle a failli leur transpercer, lui le bras, elle les côtes, à dessein qui plus est, en revanche il oublie qu’ils ont été de véritables boulets tout le temps qu’ils ont passé ici, tout ce qu’il retient c’est que sans son pourboire plus que généreux, jamais elle n’aurait exécuté leur demande. Elle est vénale, elle est sadique, elle mérite pas les sourires et la bonne humeur de la petite Howard. C’est ce qu’il se dit en lui adressant un bref signe de tête, essayant de dire sur le ton le plus sérieux possible – tentative qui se solde par un échec cuisant, étant trop bourré pour aligner deux phrases sans bafouiller :

- J’risque pas d’le regretter ce tatouage, t’en fais pas pour ça. Par contre j’risque de repasser pour le faire foncer ouais, mais que ce soit moi ou cette charmante demoiselle qui ait besoin d’une retouche, j’compte sur toi pour pas faire de problème, hein ? Allez, à plus tard.

Petit signe militaire qu’il lui adresse, deux doigts tendus qui se portent à son front, sa marque de fabrique depuis qu’il a fait ses premiers pas dans l’armée, vieille habitude qui se fait plus tenace que jamais lorsqu’il est saoul. Yeux qui roulent dans leurs orbites lorsqu’il l’entend se moquer de sa douce Eden, elle les aura vraiment fait chier jusqu’au bout, c’est dingue. Sans lui accorder un regard de plus, il tourne les talons, manque se casser la gueule en descendant la petite marche en pierre devant la porte, agite les bras quelques secondes avant de se rattraper au mur. Regard assassin qu’il lance à la tatoueuse pour lui passer l’envie de faire une réflexion avant d’aller rejoindre Eden occupée à martyriser ce pauvre lampadaire. Enfin, ça le dérangerait pas qu’elle lui inflige le même traitement que celui qu’elle inflige au réverbère, tout compte fait. Y a les sales idées qui l’auront hanté toute la soirée qui resurgissent dans son esprit, il secoue la tête, comme si cela allait suffire à les chasser. Mauvaise idée, premièrement ça ne fonctionne pas du tout, mais en plus, cela lui fait tourner la tête. Tout tangue autour de lui, il voit les bâtiments se déformer et les rues valser autour de lui, à croire que les astres ont vraiment décidé qu’il devait se casser la figure ce soir, coûte que coûte.

Heureusement pour lui, y a Eden qui s’est enfin décidée à lâcher son lampadaire et qui se trouve à un petit mètre de là, les yeux pensivement tournés vers le ciel. Alors il se raccroche à elle, pose maladroitement ses mains sur ses épaules, point d’ancrage auquel il se cramponne pour ne pas chuter, l’homme fort qui a encore et toujours besoin de la frêle demoiselle pour tenir le cap. Vision qui se stabilise, il n’a plus l’impression de se trouver sur un bateau pris dans une tempête, c’est agréable de retrouver la terre ferme, de parvenir de nouveau à voir le monde dans toute sa netteté. De pouvoir admirer la beauté d’Eden avec une focalisation maximale, de constater que ses traits ne sont plus brouillés par l’alcool, qu’il peut de nouveau distinguer avec précision la manière dont ses prunelles bleues, perdues dans le rouge de ses yeux fatigués, se dégradent en un bleu pâle, si pâle, presque autant que sa carnation. Elle est belle Eden, les cheveux en bataille et le regard cerné par les chutes de maquillage, plus sauvage que jamais. Elle est belle avec cette pureté que lui confère étrangement l’alcool, cette candeur presque enfantine qui lui prend parfois, jamais lorsqu’elle est sobre, puis ce visage que l’alcool fait scintiller, le regard plus chatoyant, le sourire plus brillant, les dents plus éclatantes. Poupée sublimée en cette nuit d’été, dans la faible clarté de l’aube. Alors y a les mains fortes qui glissent de ses épaules sur ses bras maigres, qui effleurent la large pivoine tatouée à mi-chemin ; y a le regard qui se pose sur elle, le regard d’un homme torturé qui pèse le pour et le contre, tiraillé entre un esprit embrumé qui lui dicte d’agir comme il l’entend, et la faible part de raison qui demeure et lui hurle de ne rien faire d’insensé, le regard d’un homme à deux doigts de l’embrasser, de sauter le pas, un pas de plus pour lui offrir mieux que le chaste baiser de tout à l’heure, peut-être renouer avec elle une bonne fois pour toutes, et les lèvres qui s’entrouvrent dans l’hésitation.

Et puis la voix d’Eden qui brise le silence, fait voler en éclat la tension qui s’était établie, qu’il était sans doute le seul à percevoir. Elle lui demande quelle heure il est, y a ses paupières qui s’agitent, il sait pas quoi répondre, puis enfin il revient sur Terre, y a le palpitant qui recommence enfin à battre et la main qui fouille la poche de son jean. Téléphone bien vite exhibé, doigt qui appuie à plusieurs reprises sur le bouton de déverrouillage, sans grand succès.

- Merde, j’ai plus de batterie, c’est vrai…

Il soupire, range le portable, contrarié, croise une nouvelle fois la bouille de grande enfant de celle qui fut pour un temps son amante. Alors il relève la tête, fixe à son tour le ciel encore sombre, à peine éclairci par les premières lueurs de l’aube, fait une petite moue dubitative.

- J’sais pas trop, il doit bien être six heures… Peut-être cinq heures et demie…

Il hausse les épaules, il n’a jamais été très doué pour estimer ce genre de choses, puis de toute façon, qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de l’heure qu’il peut bien être ? Ils sont plus à ça près, ce soir. Mais il voit bien comme elle est crevée la gamine, et même lui il commence à accuser le coup de tout cet alcool ingurgité, de toutes les folies de la soirée. Il tiendra plus longtemps avant de s’effondrer, mais il s’en rend pas trop compte encore, trop grisé qu’il est par l’euphorie de la nuit qu’ils viennent de passer.

- Allez, j’vais t’ramener chez toi, c’est l’heure de dormir pour les p’tites têtes comme toi.

Il lui ébouriffe les cheveux en riant, honore de vieilles traditions. Celle de toujours la taquiner sur leur mince différence d’âge qui suffisait à lui conférer le statut d’aîné, à lui donner le droit de la traiter comme un bébé, son petit bébé Eden à lui. Celle de la raccompagner ou de venir la chercher chez elle où qu’ils aillent, d’où qu’ils viennent, car il avait de toute manière toujours préféré la maison des Howard à celle où il vivait. Au moins n’y avait-il pas de père James, chez Eden.

Elle aussi semble bien décidée à honorer les vieilles traditions, puisqu’elle rechigne comme avant en l’entendant la traiter comme la grande enfant qu’elle est, qu’ils sont tous les deux finalement. Il lève les yeux au ciel, sourire amusé aux lèvres, prend sa main dans la sienne.

- Arrête de bouder et viens, j’ai un truc à t’montrer.

Alors il s’élance avec elle dans les rues, l’entraîne dans son sillage, se hâtant pour ne pas rater ce qu’il veut lui montrer. Mais l’alcool et la fatigue font rarement bon ménage, et ils sont pires que jamais tous les deux, ils doivent réveiller Savannah tout entier à chanter à tue-tête en traversant la ville, en riant à gorge déployée face aux danses grotesques qu’ils exécutent tour à tour ou bien ensemble. Il est plus là pour la protéger cette fois-ci Landon, il est tout aussi cuit qu’elle et c’est main dans la main qu’ils manquent se faire renverser en traversant la chaussée, s’attirant une myriade de coups de klaxons tonitruants. Mais qu’importe, ils filent sans se retourner, riant un peu plus fort encore d’avoir frôlé la mort, riant à la gueule du danger.

C’est lui qui la guide, c’est lui qui a pris les commandes de ce retour éméché à la demeure Howard, mais il fait que se tromper, il prend la mauvaise rue à plusieurs reprises, ils sont pas prêts d’arriver à ce rythme-là. Et puis, alors même qu’ils sont à une centaine de mètres de la maison, il prend la direction radicalement opposée, ignorant les questions et protestations de la jeune femme. Elle comprend pas la pauvre demoiselle, elle capte pas pourquoi son imbécile d’ex s’éloigne comme ça de la baraque.

Mais ça fait partie du plan, et il sourit en voyant le sable se mêler à l’asphalte sous leurs pieds, en sentant les embruns salés à mesure qu’ils approchent de la plage. Dernier arrêt avant le terminus, il lui vole encore quelques minutes de plus de son précieux temps à la blonde.

- Tiens, regarde, qu’il dit en mettant les pieds sur la plage jonchée des gobelets et mégots des fêtards, pointant du doigt le soleil qui se lève sous leurs yeux, même si c’est malpoli, il est le premier à le dire.

Les doigts toujours entrelacés aux siens, il l’entraîne sur le sable frais, se fichant bien d’avoir les godasses qui se remplissent des petits grains dorés, mais il s’aventure pas trop loin, il est moins stable que jamais dans ce parterre meuble, alors au bout de cinq mètres il se laisse tomber au sol, entraînant Eden dans sa chute. Ça le fait rire de s’être cassé la gueule comme ça, ce sera finalement arrivé pour de bon, même si c’était plus ou moins volontaire, ils sont vautrés dans le sable tous les deux, à rigoler comme des cons, mais au bout d’une minute ou deux, il s’écrie :

- Eh mais nan, on va rater l’spectacle !

Alors il se redresse tant bien que mal, après être retombé en arrière à trois reprises, aide Eden à repasser en position assise elle aussi, passe la main sur la joue de la jeune femme pour essuyer le sable qui est venu s’y coller. Puis elle ouvre la bouche pour parler mais il vient poser son index sur ses lèvres comme pour lui indiquer de rester silencieuse, lui montre le ciel qui se teinte de nuances orangées, rosées, mauves, magnifique dégradé qui se déploie à mesure que l’astre solaire se lève sur l’océan. Il glisse un bras autour de ses épaules, prenant garde à ne pas toucher la zone encore sensible de son tatouage, le regard rivé sur le ciel ; et, le temps de quelques minutes, le temps pour le soleil de se lever sur l’étendue salée, les choses semblent être redevenues comme avant. Comme au temps où ils étaient ensemble ou simplement amis, qu’ils allaient souhaiter une bonne journée au soleil après être restés éveillés toute la nuit.

Quelques minutes s’écoulent en silence, puis il y tient plus Landon, faut de nouveau qu’il ouvre sa grande bouche, se mettre à déblatérer sur le soleil et la mer, la nuit et le jour, il se croit très intelligent le jeune homme, très philosophe lorsqu’il ne fait que débiter des âneries, discours déstructuré d’homme bourré.

Soleil désormais levé, nuances colorées diluées en ce bleu très clair propre à l’aube, luminosité qui commence à devenir difficile à gérer pour leurs yeux fatigués. Il bâille bruyamment Landon, serait presque prêt à se trouver un coin sur la plage pour passer la nuit – ou plutôt la journée –, mais il se souvient avoir dit à la jeune femme qu’il la raccompagnait chez elle, il y a un moment déjà. Alors il se relève, non sans mal, tend sa main à Eden pour l’aider à le rejoindre sur ses deux jambes.

- Allez, j’te ramène vraiment chez toi, cette fois.

Et le petit sourire fatigué qu’il lui adresse, gardant sa main dans la sienne le temps de parcourir les quelques mètres séparant la plage de la maison qu’elle habite. Façade qui apparaît au loin, qui se rapproche au fil des pas, jeunes gens trop crevés pour prononcer le moindre mot, jeunes gens qui s’arrêtent sur le pas de la porte.

- T’as bien fait de m’envoyer ce SMS, Eden. J’sais pas toi mais j’ai passé une super soirée ! Et du coup ben j’te souhaite une bonne nuit hein… Ou une bonne journée ? C’est toujours la même histoire, j’sais jamais.

Et le dernier éclat de rire de la nuit qui fuse d’entre ses lippes avant qu’il prenne la jeune femme dans ses bras, comme une bonne pote avec laquelle il a passé une soirée d’enfer, qu’il dépose un rapide baiser sur le sommet de son crâne, comme une jeune femme un peu – beaucoup – plus proche qu’une simple pote. Puis il s’écarte d’elle, la garde pas trop longtemps contre lui de crainte de plus pouvoir la lâcher, fait un pas en arrière et sourit en la voyant galérer avec ses clés. Garçon qui attend de l’avoir vue disparaître derrière la porte, en sécurité chez elle, pour tourner les talons après un dernier petit signe de la main, prenant le chemin du retour d’une démarche dansante. Vieilles habitudes qui ont la vie dure, ils en ont répété bien plus qu’ils ne s’en souviendront cette nuit.
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MessageSujet: Re: Everyday I spend my time drinking wine - Leden   Everyday I spend my time drinking wine - Leden EmptyLun 31 Juil - 14:33

Waiting here to find the sign that I can understand

Eden & Landon

Elle a les yeux rivés vers l’étendue astrale Eden, elle s’y noie là-dedans. Elle s’y perd. Elle croit percevoir un début de journée, elle voit au loin dans les épais nuages dans ciel qui commence à se faire gris-bleu des formes et des visages. Elle y discerne tout d’abord une bouteille de vodka qui l’amène à cette soirée bancale, inattendue qu’elle vient de passer. Puis, elle rive ses prunelles un peu plus sur la gauche et là, y’a le visage de Baedrian en train de rire comme une hyène. Elle sourit la diablesse. Elle étouffe un rire dans sa gorge en voyant son frère dans le firmament. Alors elle détourne les yeux, se concentrant sur quelque chose d’autres qui l’empêcherait de passer pour une frappée du ciboulot. Son attention se porte donc sur un cœur. Un cœur brisé, transpercé d’une flèche. Et ça marche bien, elle arrête tout de suite de sourire. Car ça lui rappelle elle, son propre mal-être. Ça lui rappelle elle et son ex. Puis elle a soudainement mal au cœur la belle. Elle a mal car elle croit percevoir dans ce ciel qui doucement arrête d’être noire toutes ses émotions et ses déboires. Et ça fait mal, un mal de chien de voir qu’il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Qu’elle va toujours autant mal au final. Elle n’y arrive pas. Elle a beau voir les années défilées, les garçons passés sur son canapé rien y fait. Elle a le cœur en vrac, le cœur explosé de part et d’autre en un millier de pièce et ça persiste, ça ne se rabiboche pas. Elle s’y essaie pourtant. Elle tente vaguement et a un moment ou un autre, y’a cette angoisse qui resurgit. Cette crainte de l’abandon, d’être lâché qui l’envahie. Et surtout, le pire dans tout ça c’est de se sentir lassé d’eux au bout d’un petit mois, une semaine voire même une nuit car ils ne seront jamais lui.

Elle a l’alcool triste subitement la pauvre fille. Elle fixe le ciel mais ça tourne plus rond à l’étage supérieur. Elle fixe sans fixer, regarde sans détailler. C’est au ralenti, c’est la page blanche qui se noircit de traits noirs impulsif. C’est le cœur qui connait une chute libre et la tristesse qui l’envahie. Mais y’a la réalité qui vient s’appuyer sur ses petites épaules très rapidement. Y’a la chaleur des mains de Landon qui lui font pourtant l’effet d’un seau de glaçon. Elle déporte donc ses opalescences sur le garçon, celui qu’elle a raté derrière elle en train de presque se casser la gueule tant elle était à fond dans son observation. Le garçon qui vient de la détailler de l’œil sans qu’elle s’en rende compte. Encore et toujours ce même garçon, le même qu’il y a dix ans. Lui et encore lui qu’importe les années et les intempéries.

Elle est distraite Eden, elle est détournée de sa petite séquence tristesse lorsque la pulpe des doigts de son ex vient caresser ses bras, lorsque ceux-ci descendent tout doucement contre son tatouage, viennent hérisser les poils de ses avants bras comme si elle venait de prendre l’électricité. Elle ne s’y attendait pas à ce contact. Elle ne l’a même pas vue s’approcher et voilà que la rengaine habituelle reprend, que le perpétuel disque qui tourne en boucle se met à jouer. Il apparaît, la fait chavirer et elle tombe dans le panneau. Elle se laisse amadouer, distraire comme un bleu. Il est là, sous ses yeux et voilà que l’univers entier disparaît. Le décor s’envole, elle oublie le ciel, le lampadaire et le tatoo shop. Il y a juste Landon et elle sous l’éclairage du lumineux qui décide justement d’arrêter de faire son job car il est l’heure. L’heure pour la ville de se réveiller, car le soleil commence à se ramener tout doucement sur Savannah. Et même là, à peine éclairé de façon naturel par le ciel. Elle continue à le fixer, le regarder comme lui le fait. Sans même détourner les prunelles une seconde au-dessus de leur tête pour voir ce qu’il vient de se passer. Non, ils s’en foutent que la luminosité se soit restreinte, ils ont mieux à faire. Ils sont accaparés l’un par l’autre, ils profitent de ce silence trop peu fréquent pour s’apprécier encore un peu de temps, profiter d’avoir de l’alcool encore bien présent dans le sang pour faire des choses qu’ils ne feront plus une fois qu’ils seront lucides. Elle le sait que ce magnifique moment fait de tendresse et de guimauve va bientôt prendre fin. Alors elle arrête de faire des manières, elle arrête de se mettre des barrières et elle profite sans complexe la demoiselle. Elle regarde ce visage bronzé, ces yeux trop plissés qu’elle trouve toujours aussi beau. Elle s’imagine même venir caresser ses joues, juste une dernière fois pour garder en tête la sensation de sa main contre sa peau. Elle veut enregistrer chaque trait de ce faciès trop charmant et elle se jure intérieurement, s’insulte. Elle se traite d’imbécile de ne pas avoir pris son appareil photo avec elle pour capturer chaque mouvement de son ancien amant. Elle est photographe oui ou merde ? Bah apparemment… Merde. Qu’elle novice de ne pas l’avoir avec elle… Mais elle est bête Eden, elle oublie même que son téléphone portable pourrait faire tout bonnement l’affaire.

Et finalement, contre toute attente, lorsque ça risquait de devenir intéressant, que son cœur commençait à battre un peu plus rapidement…. Elle se défile la gamine. Sa bouche mène l’action sans qu’elle ne puisse décider de s’interrompe à temps. Y’a cette question bête et inutile qui sort d’entre ses lippes sans même qu’elle ne le veuille réellement et le mal est fait. Elle casse tout la poupée, elle coupe un moment qui était bien trop plaisant. Un moment intime, un moment où ses lèvres appelait celle de son et partenaire. Il se recule le garçon, il la fixe sans trop comprendre et elle-même a des envies meurtrières envers sa propre personne. Elle aimerait se foutre des claques en voyant ce qu’elle vient de faire. Elle se hait lorsque les mains de Landon quittent définitivement ses bras pour aller fouiller dans les poches de son jean son portable. Elle a froid soudainement Eden, il y a le petit vent matinal qui vient se plaquer sur son derme pale et elle vient doucement caresser ses propres bras, les frotter d’un air dépité pour se réchauffer. Elle le regarde faire Landon, d’un air complètement désemparée en le voyant cliquer sur le bouton home de son téléphone en lui montrant qu’il n’a plus de batterie et une fois de plus elle oublie qu’elle a un de foutu portable, elle l’a dans son foutu sac accroché à son épaule. Elle peut l’avoir aisément sa putain d’information inutile.

Comme elle plus tôt, il se tourne vers le ciel Landon, il le regarde un instant pour lui dire approximativement l’heure qu’il pense être et elle sourit, bêtement car elle ne peut rien faire d’autre. Car elle se sent trop conne, qu’elle n’ose lui dire qu’elle a son téléphone, qu’elle n’ose le supplier de reprendre là où il en était moins d’une minute avant qu’elle ne l’interrompe. Elle passe une main dans sa nuque gênée et rit bêtement pour chasser son air complètement fatigué d’elle-même. « Ah oui déjà quasi six heures ? Haha… ça passe vite quand on est en bonne compagnie hein … » Elle aurait dû s’en douter, elle aurait pu l’avoir sa réponse si elle s’était concentré deux secondes sur le lampadaire qui s’était éteint pendant qu’elle fixait son ex. Elle aurait pu se douter de l’heure qu’il était. C’était évident que si il s’éteignait c’est qu’ils approchaient tout doucement de la matinée.

Elle hoche la tête lorsqu’il lui propose de la ramener, elle fait oui de la tête mais elle a l’estomac qui se resserre. Elle a envie de dire non, qu’elle n’est pas tant fatiguée qu’elle préférerait rester avec lui quitte à s’endormir sur un banc, ou qu’importe l’endroit tant qu’ils sont ensemble. Mais elle se montre sage, elle se montre raisonnable car y’a une infime part en elle qui lui hurle de pas le faire, de se taire. Puis il y a le geste en trop, la main qui vient ébouriffer son crâne. La main qui se perd sur sa tête et emmêle plus que de raison sa masse capillaire. Elle ouvre en grand la bouche Eden, elle s’offusque, faussement mais le regarde tout de même d’un air choqué. « Ah bah non, je bouge pas d’ici moi. Tu peux rêver ! » Elle croise les bras, résigné à faire la chieuse jusqu’au bout. Comme lui en fait. Elle fait non de la tête alors que lui ne peut s’empêcher de rire, de faire résonner dans la rue sa voix grave et elle roule des yeux en reculant d’un pas quand lui s’avance aussi. « Non je suis vexée de toute cette moquerie pour un an de différence … » Elle fait la gamine Eden, elle en joue des tonnes. Elle aime se faire courir après, elle aime le voir se rapprocher et apprécie encore plus quand il vient carrément chercher sa main, la tirant vers lui presque de force car il sait qu’elle en abuse de son air boudeur, qu’elle sait bien qu’il viendra vers elle en jouant encore plus les mauvaises graines.

Elle se laisse alors entraîner, elle se voit propulser, tirer pour courir sans trop comprendre dans les rues de City Market. Ils courent comme des demeurés les anciens gamins de Savannah. Elle rit mais elle s’étoufferait presque tant ils vont vites. Comme des fusées, comme des comètes traversant le ciel. Elle est lente Eden, elle a les poumons fragilisés, elle a le cœur qui s’échauffe trop facilement car ça fait des lustres qu’elle n’a pas couru comme une dératée. Alors elle essaie de le ralentir, elle essaie de tirer sur son bras pour qu’il se stoppe mais il n’a pas l’air prêt à faire ça le sportif. Lui, il veut continuer et rien ne l’empêche, rien ne l’arrête dans sa course ultime. Il s’en fout des voitures qui passent d’un sens à l’autre, il s’en fout des feux rouges qui passent aux verts. Il s’en fout de tout Landon et s’en est presque inquiétant. Mais elle se laisse faire, comme toujours. Confiance aveugle qu’elle lui accorde.

Elle se met à bailler, plus pour qu’il l’entende que pour la fatigue qu’elle peut ressentir actuellement. Elle en a marre Eden de voir la même ruelle repasser en boucle, elle en a marre de lui dire qu’il se trompe de route et de le voir insister. « Tu sais si tu m’écouterais… » Chut, qu’elle entend sortir des lèvres du garçon. Elle cligne des yeux la petite. Elle le fixe et s’apprête à lui dire qu’elle connait surement mieux le quartier que lui mais il ne la regarde pas une seule fois ainsi elle abandonne ses mots et le ton snob qu’elle comptait lui servir. Elle le laisse faire, elle le laisse se tromper car de toute façon… Elle n’a pas envie de rentrer, elle s’en fiche d’y passer des heures quand elle y pense vraiment. Elle aime le contact chaud de ses doigts entrelacés entre les siens, elle aime voit son bras enroulé de film alimentaire, pour tenir à l’abris le tatouage qui représente le « E » de Eden. Elle se sent bien, elle se plait bien dans sa bulle emplie d’alcool et de connerie.

Finalement, après s’être trompés encore deux fois de suite ils trouvent le chemin de Tybee Island les deux ex. Elle la voit sa maison Eden. Ils s’en approchent, doucement et puis Landon décide de tourner dans le sens inverse, il décide tout seul que non. Ils n’iront pas vers là-bas. Pourtant la blonde, elle est certaine que cette maison qu’elle voit dans le fond c’est la sienne. Elle en est sûre et pourtant il rabâche que non que c’est pas là-bas qu’ils doivent aller et elle ne comprend strictement rien. Elle ronchonne, ils s’approchent des bords de plage et elle essaie de le freiner, mais rien y fait sa poigne et bien plus forte que la sienne. Elle commencerait presque à paniquer en sentant le sable s’infiltrer dans ses chaussures, ses pieds taper dans les gobelets rouges jonchant sur le sol. Cette plage déserte, abandonné sur laquelle il est en train de l’amener. « Eh Landon dit moi ?! Tu vas pas me tuer j’espère heeein ? C’est pas ça ton plan huum ? » Il en rigole le pauvre garçon. Il croit qu’elle se divertit ; qu’elle dit ça pour l’amuser alors qu’elle est presque sérieuse. Que l’idée a quand même traversé son esprit dix secondes avant qu’elle ne prononce cette phrase sordide. Il ne se rend pas compte d’ô combien elle est épuisante, combien l’alcool pèse encore trop lourd dans ce petit corps.

Elle en a marre de marcher la blonde, elle a mal aux jambes et elle ne manque pas de le faire remarquer à son cher vétéran. Elle parle la pipelette, elle blablate pour dire tout et n’importe quoi. À peine remarque-t-elle quelque chose sur la terre, dans le ciel qu’elle trouve le moyen d’en trouver une longue discussion, d’en faire un débat. Elle en devient soulante, surement trop. Au point ou Landon doit complètement en avoir marre de l’entendre piailler toute seule derrière lui et que pour la faire taire, il ne trouve qu’une seule et unique solution : Il lui demande gentiment de bien vouloir regarder là-bas, tout au fond. De son doigt, il lui pointe l’horizon, lui pointe l’astre sacrée qui tout doucement montre le bout de son nez, qui émerge de l’eau et elle en reste dubitative Eden, elle ne parle plus, ne bouge plus. Elle reste là, inerte à fixer le soleil comme si c’était la toute première fois qu’elle en avait l’occasion. « Wooow… C’est tout rose et orannnnge ! » Elle en taperait presque dans ses mains comme une otarie super contente la gamine mais il ne lui en laisse pas le temps et ni l’occasion qu’il la tire de nouveau. Comme un papa le ferait avec son enfant.

Chaque pas qui les rapprochent de l’océan devient une vraie plaie, quand ce n’est pas un qui est à la limite de tomber, c’est l’autre. Ils en rigolent car c’est toujours drôle de voir quelqu’un s’emmêler les pieds, se vautrer à cause de quelques gobelets et bouteilles vidées. Et ça devient trop tentant, ça lui démange alors elle s’y essaie. Comme une traîtresse elle le pousse Eden, elle essaie de le faire tomber mais sans succès il ne bouge pas, car c’est un homme fort Landon. Alors elle s’essaie à une autre tactique, celle de lui sauter sur le dos et là… C’est la fois de trop, à peine ses pieds ne touchent-ils plus le sol qu’ils dégringolent. C’était la bonne idée. En moins de deux et ils tombent sur le sable blanc, lui sur le dos et la belle à ses côtés. Ils rient à gorge déployées les deux, ils sont rendus à l’âge enfant soudainement. Elle s’en tient le ventre Eden, elle roule dans le sable s’aperçoit même pas des grains qui viennent se faufiler dans ses vêtements, dans sa crinière blonde ni même sur son visage. Elle rit à en mourir, rit à en pleurer.

Elle est bien ici la douce Eden, elle est tellement bien allongée de son long sur le sable qu’elle trouve ça regrettable qu’il veuille déjà se remettre droit. Elle fait la moue la petite. Elle reste allongée sur le sable et le regarde galérer pour se redresser. Mais il a raison, si ils restent allongés comme ils l’étaient à l’instant, ils rateraient toute la splendeur que le paysage de Savannah peut bien leur offrir. Alors elle fait un effort, lorsque le beau brun vient l’aider à se remettre comme il faut, elle se fait légère. Elle ne met pas tout son poids pour contrebalancer et le laisse même poser sa main contre sa joue pour y balayer les quelques grains de sable qui s’y sont collés. Elle veut le remercier, elle ouvre la bouche pour le faire mais il la coupe avant, il ne veut pas l’entendre. Il passe son index sur ses lèvres et lui mime de se taire. Elle a envie de le mordre ce doigt appuyer contre son épiderme… Elle le regarde un instant, hésitante avant de juste y déposer un baiser et détourner son regard vers le ciel.

C’est magnifique ce qu’il se passe là, le lever du soleil se fait tout doucement devant leurs yeux. Il y a la voute astrale qui change de couleur comme un arc en ciel, passant de l’orange au rose flamand rose puis au bleu pastel. Ça ce mélange, ça se sépare, et d’un bout à l’autre de la plage le ciel n’est pas le même. C’est magique comme spectacle pourtant elle, elle porte une attention particulière au bras qui passe sur ses épaules. Elle sent le torse de son ex contre elle, s’appuyer légèrement contre son flanc, celui qui n’est pas tatoué. Celui qui n’a pas été défoncé par la tatoueuse un peu plus tôt dans la nuit. Elle sent les doigts de Landon bouger tout doucement contre son bras, touché qui la fait frissonner. Presque trop naturellement elle vient entourer la taille de son ex de ses bras et pose sa tête contre son torse en baillant.

Une plage, le garçon qu’elle aimait et le calme olympien. Comme avant.

Et quand c’est pas elle qui gâche les moments paisible, c’est lui. Il parle, il parle de tout et n’importe quoi. Il lui donne une leçon sur les nuages, le ciel et le soleil. Il dit n’importe quoi et elle en a marre de l’entendre dire n’importe quoi, alors elle vient à son tour déposer son doigt contre ses lèvres pour le faire taire et elle le regarde les yeux rieurs, un bras toujours dans son dos. « Soit beau et tais toooi James ! » Et le silence reprend sous les bons ordres de la demoiselle. Ils se taisent et profite des derniers instants, des derniers éclats de la nuit qui leur rappellent à contre cœur que s’est déjà bientôt terminé.

Il est fatigué Landon, il baille et elle comprend d’elle-même qu’ils vont devoir y aller avant qu’il ne tombe de sommeil. Pourtant, ça ne la dérangerait pas à elle de dormir ici, entre les jambes de son ex petit ami sur le sable. Ils l’ont déjà fait. Plus d’une fois. Mais c’est plus comme avant entre eux, elle le sait. Ce soir elle l’a déjà trop oublié mais quand elle s’en rappelle ça fait l’effet d’une claque en pleine tronche. « Oui faut y aller … Mon mari va me gronder si je ne rentre pas tôt à la maison… » Elle roule des yeux, elle ironise car personne ne l’attend, personne ne lui impose de couvre-feu depuis bien longtemps. Elle blague sur l’histoire du mari car elle lui a déjà fait la blague en début de soirée, qu’elle aime bien le voir tressauté à l’entente d’une bague qui la relierait à tout jamais à un autre. Mais non, c’est faux. Elle est seule Eden dans cette grande maison à Tybee Island, même pas ses parents ne sont là pour voir le déchet qu’elle est. L’état lamentable dans lequel elle va rentrer. Ils ne sauront pas tout de suite qu’elle s’est faite tatoué. Elle-même ne se rappellera même pas l’avoir fait.

Chemin qui se fait dans le silence, les doigts entrelacés mais sans un mot. Ils laissent le son de l’écumes des vagues, des mouettes au-dessus de leur tête faire le travail. Ils ont épuisé les stocks d’énergies les deux grands enfants. Ils ont le coup de barre des six heures du matin. Il est typique. Sur le chemin, quelques courageux sont là. Certains dormant à-même le sable, d’autres faisant déjà leur footing matinal. Puis il y a eux, les anciens amoureux. Eux qui ont passé la soirée ensemble à l’improviste. Le temps d’un message, d’écrire trois phrases sur son clavier tactile et il avait été là. Elle se met à sourire Eden en pensant à ça, elle a les dents qui se plantent doucement dans sa lippe inférieur en se répétant qu’elle avait le bon choix en l’invitant ce soir.

Portail de la grande maison qui leur fait face, elle se met face à son ancienne moitié et l’écoute lui dire le fond de sa pensée. Lui dire que lui aussi était bien content d’avoir été invité, qu’ils avaient passé une super soirée et elle ne peut que hocher la tête comme une enfant, de façon vigoureuse pour appuyer ses dires. « Je regrette pas non plus de t’avoir appelé Landon, c’était géééé-niaaaaal ! » Encore et toujours, elle appuie sur les syllabes lorsqu’elle parle, mauvaise manie qu’on les alcooliques, ils laissent traîner les consonnes un peu plus longtemps pour donner de la vie à certains mots. Un peu de cachet soi-disant… Tout naturellement, ils s’enlacent les deux amants. Un court instant mais elle en profite pour le serrer fort dans ses bras, respirer le mélange étrangement bon de l’alcool et de son parfum contre sa chemise légère. Elle a le cœur qui se resserre, l’envie de lui proposer de rester qui tambourine dans sa tête mais il se recule, trop rapidement à son gout et vient déposer ses lèvres contre son front. De façon presque fraternelle, d’un homme qui aime trop purement une femme avant de s’en détacher pour de vrai fendant son cœur en un millier tant elle n’a pas envie de le lâcher. « Rentre bien … Fait attention… » Elle se force à le laisser filer. Elle le recopie, elle s’essaie au salut militaire comme lui vient de le faire et elle le regarde s’éloigner tout doucement pendant qu’elle cherche ses clefs de façon stressée. Elle sent son regard sur elle et elle perd ses moyens, fait tomber les clefs deux fois d’affilés avant de les enfoncer dans la grille. Porte qui cède enfin, elle se tourne vers lui et lui fait un dernier coucou de la main avant d’entrer dans le jardin de la demeure. Elle voit son trousseau de clef et ne reconnait même plus celle de la porte d’entrée alors elle abandonne, la fatigue lui étant tombé dessus à peine a-t-elle refermée la grille derrière elle. Elle n’a pas la force, ni la foi d’essayer chacune des clefs dans la serrure. Ainsi, elle jette son sac sur la table de jardin la plus proche et part s’allonger sur un transat, elle essaie de se repasser en boucle les images de cette nuit folle, de Landon, des tatouages qu’ils ont sur le corps … Puis c’est le trou noir, le coma. La déchéance qui tombe.

Le fruit de la honte qu’elle aura sur sa peau pour lui rappeler quelle genre de nuit elle venait de passer en compagnie du numéro quatorze.


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