mauvaise idée. (jacky)

Nerveux, il tapote son pied par terre, en bas de l'immeuble de Nicky, attendant qu'il descende le rejoindre. Il fuit du regard tous les gens qui passent devant lui, avec la sale impression qu'ils savent. Que tout le monde sait ce qu'il s'apprête à faire, pour la première fois. Le rythme cardiaque légèrement soutenu, un peu désagréable, qui cogne et qui raisonne, il n'est pas serein. Il hésite encore, tout en sachant qu'il est déjà trop tard pour faire marche arrière. Ou c'est sur lui, probablement, qu'on enverra un gorille pour le corriger. Tout son corps est figé, un peu trop pour que ce soit naturel. Tendu de la tête aux pieds. Et lorsque Nicky apparait enfin, la différence entre les deux garçons est frappante. Son ami semble détendu, nullement perturbé par le programme de la soirée. Ils se serrent la main, petite tape amicale sur l'épaule et Jax sort de sa poche un papier. - Tiens, c'est l'adresse. C'est Nicky qui conduit, parce que Jax n'a pas de voiture à lui. Et qu'il préfère ne pas emprunter celle de quelqu'un au cirque pour aller faire ce genre de choses. Déjà qu'il est sur la corde raide là-bas, autant limiter la casse. Il déglutit, ayant un peu de mal à cacher sa nervosité, lui qui est d'ordinaire plutôt impassible, comme si jamais rien ne l'atteignait. Ils se mettent en marche, pour rejoindre la voiture de Cash. - .. Pas de regrets ? Qu'il demande, une façon un peu détournée pour savoir s'il est le seul à être de moins en moins emballé par l'idée. Pourtant, c'est lui qui leur a trouvé ce plan initialement. A force de gratter la merde à Savannah pour trouver un job au black, bien payé et qui ne demande pas de qualifications particulières. Mais il n'est plus très sûr de lui désormais. Il essaye de se concentrer, de penser au butin qu'ils vont gentiment amasser avec ce boulot-là. Et avec ça, il pourra aider à réparer le cirque, à combler le déficit financier qui est en train de tous les avaler. Pourtant, ça ne suffit pas à le débarrasser de ses doutes. Ils grimpent en voiture et s'élancent, et au fur et à mesure qu'ils approchent de l'adresse du mec, Jax se décompose un peu plus. - J'crois qu'on est vraiment en train de faire une connerie Nicky. Fallait que ça sorte, même si ça crevait déjà les yeux qu'il pensait ça. Il passe sa main sur son visage et fait claquer sa langue sur son palais avant de soupirer bruyamment. Comme s'il ne réalisait que maintenant le merdier dans lequel il vient de les embarquer. Jax n'a jamais eu de souci à user de la violence, mais toujours pour des raisons qui lui semblaient justifiées. Pour des histoires qui le concernaient. Pas comme ça, pas contre de l'argent. Et il semblerait que, visiblement, il ait un peu plus de morale qu'il ne le pensait. Quand la voiture se gare enfin, il prend une grande inspiration et tourne la tête vers son ami, cherchant un peu de soutien de son côté. - Comment on procède ? On cause d'abord et on cogne ensuite ? Ou on rentre dedans direct ? Il s'en remet à lui, peut-être un peu trop, mais Jax lui fait confiance. Il sait qu'il peut s'appuyer sur lui dans un moment pareil. Que Nicky saura trouver les mots pour faire disparaitre sa culpabilité et son appréhension. Qu'il saura gérer la situation et faire en sorte que le travail soit bien fait. Histoire que ça ne se retourne pas contre eux. Peut-être qu'il a tort, au fond, de lui faire autant confiance. Nicky est plutôt réputé pour se foutre dans des emmerdes pas possibles en permanence à force de tout foirer et de n'en faire qu'à sa tête. Pour autant, Jax continue de le suivre aveuglément.

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une vieille bagnole piquée à un pote. juste pour ce soir que t’as dit, tout en ne sachant pas dans quel état tu lui ramènerais sa caisse. ces gens n’ont pas raison de te faire confiance mais continuent à le faire, pour une raison qui t’échappe. sans doute ta gueule d’abruti, celle qui inspire confiance à tout le monde. c’est tant mieux pour toi. dans la voiture, tu t’emballes. excité comme une puce, perdu entre impatience et nervosité. t’es plutôt confiant, pour ce soir. t’as pas l’habitude de ces choses-là mais tu fais plus ou moins la même chose tous les jours, sur un ring. contre du fric. ce soir, c’est sous le couvert mais le fric que tu remporteras seras beaucoup plus intéressant que celui que tu peux gagner en un combat. alors évidemment, que t’as dit oui, motivé par l’argent, parce ce besoin de cogner qui que ce soit. la rage enfouie jusqu’au bout des doigts qui martèlent le volant, dans le silence complet de la voiture, au même rythme que le genou qui s’affole comme s’il était seul. et jax, à côté. beaucoup moins confiant. tu sens presque que ton pote regrette et ça te met dans une position délicate. c’est pas le moment de reculer. vous en avez tous les deux besoin. lui, pour essayer de s’établir ici, et toi.... toi, pour essayer de rembourser cette dette qui trône comme une épée de damoclès au dessus de ta tête. alors tu prends l’adresse qu’il te tend sur un bout de papier. ok, c’est pas très loin. dans peu de temps, ce sera fini. des regrets ? pas de regrets. coup d’oeil assuré vers lui, comme si t’essayais de le persuader. tu le sens, qu’il est sur le point de se dégonfler. et ça lui ressemble pas. jax, il change pas d’avis sur ces choses là. alors ça rentre peut-être pas dans le genre de business qu’il fait d’habitude mais à ton sens, taper sur la gueule d’un mec est bien moins stressant que de lancer des couteaux autour de la silhouette d’une donzelle sans la tuer. alors voilà, ils sont en route, y a pas de temps à perdre pour ces choses là. ellis a été clair sur la manière de procéder, et même si t’aimes pas ce mec, ce sont ces conseils que vous devez suivre, au moins pour ce soir. c’est son butin que vous devez ramener, parce que ce connard se prend pour un malfrat de renommée. un autre coup d’oeil moins assuré à ton acolyte à tes côtés, tapant sur son épaule avant de te reconcentrer sur la route. c’est pas une connerie, t’inquiète. pense un peu à ce qu’il va arriver à ce mec si on y va pas. son futur s’annonce pas très joyeux, c’est certain. t’as déjà vu assez de ces histoires pour savoir ce qu’il leur arrive. ce qu’il va t’arriver, si jamais tu rembourses pas. alors vous arrivez à destination, la caisse fait un bruit pas possible à cause de son pot d’échappement pourri. bande de bras cassés. et vous sortez, enfin, faisant de nouveau face aux inquiétudes de jax. détends-toi, mec. ça va bien se passer, j’te jure. un rictus un peu amusé, un peu rassurant. si t’es pas trop stressé par ce genre de choses, t’imagines tout de même la possibilité que ça ne se passe pas bien. peut-être qu’il aurait dû vous donner un flingue. ou pas. après tout, t’as tes poings, ils ont déjà fait leurs preuves par le passé. jax est assez costaud lui aussi, vous devriez vous en sortir. une autre tape amicale dans le dos, et vous serez bon. on entre et on voit, ok ? et puis vous avancez sur le perron de cette baraque qui tombe en ruine. probablement un de ces connards qui arnaque tout le monde, jusqu’au fisc. toujours sur la paille, jamais la tête hors de l’eau. abruti, va. un dernier coup d’oeil vers jax, pour être sûr qu’il dégueulera pas son dîner sur le tapis d’entrée. mais non, t’es certain que ça ira. jax, il est plus fort que ça. et bientôt, il se posera même plus la question. tu frappes à la porte. un coup, deux coup. ça remue, à l’intérieur. ça ouvre sur une odeur de tabac insupportable, un coup d’oeil rapide vers l’intérieur pour remarquer qu’il est seul. et que c’est affreusement bordélique, dedans. à ce que tu vois, le mec en question est sûrement un de ces gangsters de bas étages, ceux que tu croises parfois à la sortie du gymnase, dans ton immeuble. ceux à qui tu dois un tas de pognon, aussi. on vient de la part d’ellis. sourire freedent. presque sincère s’il n’était pas aussi triomphant. c’est fini pour toi, mon petit qu’il semble dire. y a que ça pour convaincre de vous laisser entrer, après tout.

- Pas de regrets. Au moins, c'est clair comme ça. Leurs regards se croisent et Jax s'y accroche une seconde ou deux, le temps de puiser dans celui de son ami pour y trouver la même assurance. La même conviction que lui. Lui qui ne semble pas le moins du monde ébranlé ou gêné par ce qu'ils s'apprêtent à faire. Ça le rassure un peu, mais c'est loin d'être suffisant. La pression qui monte, la nervosité qui le gagne. Il préfèrerait encore être jeté dans la cage des fauves au cirque que de se retrouver dans cette situation de merde. Si seulement les choses n'allaient pas de travers au cirque, il n'aurait éprouvé aucune difficulté à y passer tout son temps pour aider à tout remettre en état. Et ainsi, n'aurait pas été tenté de combler son absence par du fric vite amassé. La faute aux Kida, comme toujours. Famille de malheur. La main encourageante de Nicky venant tapoter son épaule le sort de ses pensées et il se concentre à nouveau sur la tâche qui les attend, laissant les problèmes du cirque, au cirque. C'est pas le moment de s’apitoyer sur son sort. En fait, ce n'est jamais le moment. - C’est pas une connerie, t’inquiète. pense un peu à ce qu’il va arriver à ce mec si on y va pas. Il n'est pas très certain de vouloir y penser. Jax se crispe un peu, ne pouvant s'empêcher d'imaginer malgré tout. - Ouais, vu comme ça forcément. Et il espère sincèrement qu'il a raison. Il espère que ce sera simple, qu'ils vont juste lui faire peur un peu, peut-être lui décoller une ou deux mandales et puis voilà. Fin de l'histoire. Le mec reste chez lui avec le nez qui saigne et un coquard à l’œil gauche, tandis que eux, repartent avec le butin. Ouais. Si seulement. La voiture finit par les amener à destination, un peu trop vite au goût de Jax qui sent sa nervosité grimper en flèche. Et ça n'échappe pas à Nicky qui tente de le calmer à nouveau. - Détends-toi, mec. ça va bien se passer, j’te jure. Un peu irrité, Jax se contente de soupirer sèchement et de sortir de la voiture sans un mot, claquant la portière un peu plus fort que nécessaire, trahissant une fois de plus qu'il n'est pas tranquille. Le pire dans tout ça, c'est qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. D'habitude, quand il se retrouve dans une situation de merde, c'est à cause de Nicky. C'est pour l'aider lui. Et alors, il peut râler et lui crier après en lui disant qu'il fait chier. Là, il ne peut pas. Parce que c'est lui le responsable et qu'il ne peut que s'insulter intérieurement d'avoir été aussi con. Et ça le frustre. Alors, il garde tout, il se verrouille et ça bouillonne à l'intérieur, à l'image d'une cocotte-minute. S'il n'évacue pas rapidement, ça va péter. - On entre et on voit, ok ? - Ouais. Qu'il dit simplement, pas très causant comme d'habitude. Ils se retrouvent sur le perron et c'est Nicky qui prend l'initiative de sonner. Jax est à côté de lui, dressé, figé, les émotions qui se mélangent, provoquant un cocktail détonnant. Et quand la porte s'ouvre, y a son cœur qui bondit. Ça y est. C'est partit. Ils ne peuvent vraiment plus reculer maintenant. Il voit le mec se liquéfier en face d'eux. Il n'a pas l'air très malin, mais visiblement, il n'est pas encore totalement crétin. Nicky n'a encore rien dit, mais le mec a déjà compris. Alors forcément, quand Cash annonce officiellement la raison de leur présence ici, le mec déglutit. Y a ses doigts qui s'accrochent à la porte, comme si ça allait pouvoir lui sauver la mise. - Pas de problème, rentrez. Et c'est trop facile. Jax ne s'attendait pas à ça. Il fronce les sourcils et lance un regard de biais à Nicky, pour voir si lui aussi se méfie. Après une brève hésitation, Jax s'élance le premier, toujours pas très à l'aise. Mais à peine a-t-il fait un pas, que le mec referme violemment la porte sur lui, le propulsant en arrière, avant de partir en courant dans sa maison, cherchant probablement à sortir par derrière. - PUTAIN ! Son sang ne fait qu'un tour et ses doutes s'envolent brusquement, pour ne plus laisser que la place à la colère. - Fais le tour, moi j'rentre ! Faudrait pas que leur première mission se fasse la malle, ça ne ferait pas très sérieux. Jax pousse la porte et pénètre à toute allure, apercevant le type rentrer dans sa cuisine. Il s'engage derrière lui et lorsqu'il pénètre dans la cuisine à son tour, le mec a déjà ouvert la fenêtre, prêt à filer par-là. - HEY ! Comprenant qu'il n'aura pas le temps, l'homme change ses plans et attrape un couteau de cuisine avant de se retourner vers Jax, brandissant l'arme improvisée dans sa direction pour le tenir à distance. - T'approche pas ! J'ai pas la thune, ok ? Alors dites à Ellis d'aller s'faire foutre ! Et dehors, y a Nicky qui arrive. Jax bouge alors lentement, afin d'inciter l'homme à en faire de même et à se placer pile devant la fenêtre qu'il a précédemment ouverte, afin qu'il soit à la merci de Cash. Une fois fait, Jax s'arrête pour que l'autre en fasse de même. - T'ira lui dire toi-même. Même si ce sera probablement la dernière chose qu'il dira, du coup. Jax sourit, l'homme fronce les sourcils et a à peine le temps de se retourner que, déjà, Nicky intervient.

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on vient de la part d’ellis. et t’as le sourire du grand connard trônant fièrement sur ta gueule cassée. l’adrénaline grimpant à vitesse grand v dans tes veines, secouant tes membres. c’est le moment, tu le sens. c’est là, dans l’air, ça flotte, tendu comme un string. ça va péter d’un moment à un autre, faut se tenir prêt. ça se voit sur le visage de jax, crispé. faudrait qu’il se détente, tout va bien se passer. combien de fois, t’as cassé la gueule de pauvres cons ? des milliers. non, des millions. c’est peut-être pas la même situation, c’est peut-être pas sur un ring. mais c’est tout à fait la même chose, non ? et puis, c’est pour la bonne cause. ce fric, ellis en a besoin. et si ellis est content, il vous paye. il vous paye bien. ce fric, t’en as besoin tout autant, parce que t’es pas foutu de te tenir à flots, nicky, t’es tout le temps dans la merde. tout le temps dans le rouge. et tout le temps impliqué avec les mauvaises personnes. cette fois n’échappe pas à la règle. mais hé, c’est pas de ta faute, pas vrai ? tu te demande s’ils peuvent sentir tout ça. peut-être pas. en tout cas, ça se lit sur sa gueule, à lui aussi. ce pauvre mec que vous venez chercher. celui à qui vous allez faire passer un sale quart d’heure. tu connais même pas son nom. ellis a dû vous le mentionner en vous filant l’adresse mais tu l’as oublié. et puis c’est pas toi le cerveau de l’opération, toi t’es juste les gros bras, stupide comme un âne, à exécuter ce qu’on te dit de faire. jax, peut-être qu’il y pense à deux fois, peut-être qu’il réfléchit plus que toi. c’est peut-être pour ça qu’il panique un peu, qu’il veut pas entrer. parce qu’il pense aux conséquences, tout ce que toi t’as jamais été foutu de faire. mais jax, il s’inquiète trop pas vrai ? l’abruti vous laisse entrer. voilà, tout va bien. les doigts dans le nez. mais sans prendre garde, l’abruti referme la porte sur ton pote, s’efface, détale dans le couloir pour passer par la fenêtre à l’arrière, peut-être rejoindre l’allée qui mène à la rue. et merde. l’enfoiré. coup d’oeil surpris lancé vers ton acolyte, qui fulmine déjà. y a que comme ça qu’il est bon, jax. comme ça que tu le préfères, quand il laisse son cerveau tomber rien qu’une seconde pour foncer dans le tas. alors t’hoches la tête sans trop qu’il le remarque, puis c’est à ton tour de détaler de l’autre côté, sautant par-dessus la clôture blanche usée par le temps pour rejoindre l’arrière de la minuscule baraque. un taudis, ce truc. quand t’arrives à la fenêtre de la cuisine, c’est déjà ouvert, et tu vois la scène de l’extérieur. le mec, dos à toi, un couteau brandit vers jax. peut-être bien que t’aurais dû amener un flingue après tout. ça aurait pu être utile, dans un cas comme celui-là. alors tu te faufiles sans un bruit, derrière lui, un coup d’oeil sur ton pote. prêt à bondir au moment où il te le dira. et au signal, tu l’attrapes par le col, à l’arrière, et tu le tires violemment pour qu’il se cogne contre la fenêtre. assez pour l’assommer quelques secondes, le temps de récupérer le couteau, de t’infilter dans la baraque comme un vrai bandit. ou un amoureux transit. c’est mignon. y a le sourire con qui reprend ses droits, le pied posé sur son torse, pour le maintenir au sol. t’es pas peu fier du coup que tu viens d’exécuter, à croire que tu pourrais devenir cascadeur ou un truc comme ça. tu crois qu’il comptait faire quoi avec ça ? un cocktail ? un coup d’oeil détaillé vers ce dit couteau. pas trop mal, pour un mec qui a l’air aussi fauché que vous. finalement, tu te rapproches du connard, le couteau tendu sous la jugulaire. un petit coup, rien qu’un petit tremblement, et vous seriez débarrassé d’un con de plus. mais c’est ptètre pas dans les plans d’ellis et si t’as bien envie de le voir se vider de son sang comme un porc pour le coup tordu qu’il vient de vous faire, tu te contentes de t’amuser de son air paniqué. on rit moins maintenant, connard. ptètre que c’est son jus à lui qu’on va boire. tu parades, fier comme un paon. c’est comme ça que tu prends ton pied. et puis tu réfléchis un peu à ce que tu viens de dire, ça monte au cerveau toujours un temps trop tard. enfin, son sang quoi. tu sens le besoin de te reprendre rapidement, parce que c’était vraiment trop chelou. et même si c’est ton pote t’as pas envie qu’il pense que t’es qu’une foutue tarlouze. tu laisses cette vague peu confortable se retirer, le temps pour toi d’essayer de réfléchir à la suite. mais tu l’as dit, t’es pas le meilleur pour réfléchir. alors tu t’en remets à jax, sans trop quitter des yeux l’abruti qui pourrait à nouveau prévoir un coup de petite pute dans son genre. on en fait quoi d’ce pauvre type ? un dîner ou un macchabée ?

Tout se passe très vite. Nicky qui intervient, le mec qui se prend la fenêtre et qui perd connaissance quelques instants, s'écroulant lamentablement au sol. Jax se redresse et inspire un grand coup, plutôt satisfait que la menace ait été neutralisée aussi facilement. Pourtant autant, il n'est pas calmé. Pendant ce temps là, Nicky s'infiltre pour le rejoindre et vient rapidement immobiliser l'homme en appuyant son pied sur son torse. — C’est mignon. Jax hausse les sourcils et commence déjà à regarder autour de lui, comme pour chercher une idée, une réponse, sur ce qu'ils doivent faire de lui désormais. — Tu crois qu’il comptait faire quoi avec ça ? Un cocktail ? Et Jax se marre. Putain, il devrait pas. Il n'y a rien de drôle dans cette situation. Mais son cerveau s'est retiré et il ne reste plus que ses nerfs atrophiés par la colère et toute la frustration accumulée des mois passés. Alors ouais, il ricane, pour relâcher la pression, évacuer la tension. — J'sais pas, mais en tout cas, va falloir qu'il revoit sa façon d'accueillir ses invités, ça laisse à désirer. Et tout en parlant, Jax se met à fouiller dans les tiroirs. C'est sale, c'est dégueulasse, y a des bestioles à moitié crevées qui gigotent encore un peu et la poussière et les saletés qui s'accumulent de partout. Il grimace, écœuré. — Ptètre que c’est son jus à lui qu’on va boire. Dans un premier temps, Jax se redresse et esquisse une moue écœurée face au sous-entendu peu raffiné de sa phrase. Toujours en riant un peu, il pivote la tête vers Cash et le bonhomme et subitement, son sourire disparait. Nicky est penché au-dessus du type, le couteau posé à un endroit stratégique. Stratégiquement dangereux. Jax se tend aussitôt et s'approche, comprenant alors le véritable sens de sa phrase, avant même qu'il ne l'explique. — Hey, hey, doucement avec ça, qu'est-ce que tu fous ?! Y a le regard perplexe de Jax qui se pose sur son ami. Il sait qu'il aime se battre, qu'il aime la castagne, péter des nez et voir le sang gicler. Mais pas comme ça. Pas en ouvrant la gorge d'un raté, pas en.. en butant quelqu'un. Son sang ne fait qu'un tour et y a les images du corps inerte de Max qui reviennent le hanter pendant une fraction de seconde. Putain. Il déglutit et sa main vient agripper l'épaule de Nicky, comme pour tenter de le raisonner. Lui montrer qu'il n'est pas d'accord. — On a besoin de lui vivant pour récupérer la thune, ok ? Ellis ne sera pas content sinon. Il lui lance un petit regard désapprobateur, du genre : déconne pas mec. Nicky finit par revenir un peu à la raison. — On en fait quoi d’ce pauvre type ? Jax réfléchit pendant encore une seconde avant de dire. — Je reviens, garde le ici. Et il s'éloigne déjà pour quitter la cuisine. Mais avant de disparaitre il pivote une dernière fois et précise. — Vivant. Petit sourire complice et il s'éclipse pour aller retourner la maison. Il revient à peine deux minutes plus tard, avec un rouleau de gros scotch et le brandit en avant tout en s'expliquant. — On va l'attacher à une chaise et l'cuisiner. C'est comme ça qu'ils font dans les films, non ? Jax attrape une chaise pour l'amener vers l'endetté et vient aider Cash à le faire asseoir dessus, avant de l'entourer de scotch au niveau du buste et des bras sur les accoudoirs. Puis il se recule et regarde leur œuvre. — C'est plutôt pas mal. Qu'il dit en hochant la tête dans un mouvement satisfait. Puis, il fait un pas sur le côté et tend sa main vers le mec, comme pour ouvrir le passage à Nicky. — A toi l'honneur, j'sens que ça te démange. D'abord cogner. Ensuite parler. Et ils re-cogneront si besoin.

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t’es pas certain de la marche à suivre. le pied sur le torse du couillon, à l’empêcher de se relever, le couteau sous la jugulaire. tu pourrais couper. ou bien tu pourrais écraser, un coup de pompe pour lui briser les côtes, percer ses poumons. il pourrait se vider de son sang sous tes yeux que ça ne te ferait pas grand chose. le sang que tu vois gicler tous les soirs de combat, t’y es habitué. les macchabés, c’est moins fréquent mais de là où tu viens y a les corps qui sont passés et les potes qui sont jamais revenus. c’est comme ça, comme une fatalité à laquelle il faut s’habituer le plus tôt. alors ça ne te fait rien, tout ça. beaucoup moins qu’à jax en tout cas, beaucoup plus nerveux que toi. t’es un peu surpris qu’il aille jusqu’au bout, tu pensais qu’il en avait pas autant dans le ventre. mais finalement non, il est toujours là et c’est ce qui te surprend le plus. ça c’est ton pote. à deux dans les galères, à deux dans la misère. jax te lâchera pas comme toi tu l’abandonneras pas. à deux dans ce merdier, parce que peu importe qui l’a commencé finalement, peu importe s’il est venu vers toi avec un plan qui pourrait potentiellement vous faire gagner gros mais vous ramener un tas d’emmerdes, ou bien si c’est toi, ça n’a pas d’importance. ce qui compte c’est qu’il y en ait toujours un derrière l’autre, à couvrir les arrières, à jamais laisser tomber. comme là, quand y a le rictus pas vraiment réprimé, complice à l’égard de ton pote, quand il blague sur les manières de ce connard. à croire qu’il se détend lui aussi, qu’il se concentre, qu’il trouve sa voie. ou pas. parce que jax, il tourne la tête, aperçoit le couteau, et il se braque soudainement, comme si t’étais en train de faire une connerie. mais t’es nicky le roi et tu sais ce que tu fais non ? tu gères, t’inquiète. on lui fait passer l’envie de se foutre de la gueule d’ellis à nouveau, c’est bien pour ça qu’on est là, non ? ça paraît normal à tes yeux. t’as pas le temps de tourner en rond, d’y aller doucement. tu connais que la manière forte toi, que tes poings sur les gueules d’enfoirés, que tes coups dans les abdomens des bâtards. y a que la survie du plus fort qui importe ici. et si tu t’imposes pas, tu t’fais bouffer, c’est tout. jax il pense pas comme toi, parce qu’il a pas vécu comme toi. jax c’est la voix de la raison, l’éclair de conscience quand il te ramène de force à la réalité. ellis est jamais content. soupire grognon, dans ta barbe, comme l’enfant vexé de ne pas pouvoir jouer avec ses jouets. t’avais pas pensé à la façon dont vous alliez récupérer la thune, c’est vrai. c’est peut-être pour ça qu’on te laisse jamais aller faire ces courses tout seul, parce que t’es pas le cerveau de la bande, t’es juste bon à cogner, à laisser tes phalanges éraflées et fatiguées. quoi, tu me fais pas confiance ? regard à moitié étonné, à moitié amusé, quand tu le vois partir, le temps d’aller chercher quelque chose dont tu n’as pas idée. tu te contentes de maintenir le gars qui se débat un peu, avant de presser un peu plus la lame contre sa gorge jusqu’à le couper légèrement. de quoi le calmer, avant que jax ne revienne avec du scotch, pour l’attacher à la chaise. il est lourd et il se laisse pas faire, il vous insulte de tous les noms, mais c’est pas très grave. ça t’agace un peu, rage enfouie que tu ressortiras plus tard, alors que jax te laisse le loisir du premier coup. avec plaisir. sourire en coin, sourire malsain. y a l’adrénaline qui grimpe dans tes veines, la colère réprimée depuis si longtemps qui peut enfin sortir. utiliser la rage à bon escient, contre un sac ou dans un ring, c’est ce qu’on t’as appris. c’est ce qui t’a gardé loin des emmerdes, pendant un temps. t’es plus certain que ce soit toujours d’actualité. mais ça t’empêche pas d’utiliser les conseils, d’éviter de te faire perdre le contrôle à nouveau. alors y a ton poing qui part une première fois, craque l’arrête du nez du gars qui se met à pisser le sang mêlé dans des injures. ça, c’est pour jax. le fric, il est où ? que tu grognes, coup de menton dans sa direction. et il ne répond pas, y a que son rire dans l’air et un va te faire foutre. lancé par simple provocation. y a la rage qui monte, les poings serrés, les membres crispés, et le poing qui part à nouveau, si fort que la chaise se renverse au sol dans un craquement sourd. et tu sens même pas la douleur, tu sens que le feu qui court dans tes veines, animant le palpitant comme il ne l’a pas fait depuis longtemps. tu relèves la chaises en vitesse, attrapant son visage, appuyant là où tes poings ont laissé des traces. et t’espères que ça fait mal, connard. alors ? peut-être qu’il est prêt à parler cette fois, pour vous éviter de passer des heures ici à le cuisiner. vous avez juste besoin du fric. du fric et puis c’est tout. mais il dit rien. alors tu te recules un peu, pour pas perdre complètement les pédales. j’crois qu’il en redemande. à toi mon pote, fais toi plaisir. parce que si toi tu le touches encore, tu le laisseras pas vivant.

— On lui fait passer l’envie de se foutre de la gueule d’Ellis à nouveau, c’est bien pour ça qu’on est là, non ? Il ne sait plus trop Jax. Il doute de tout et surtout de lui-même. L'impression d'avoir fait le pire choix qui revient lui nouer la gorge. La peur de voir Nicky déconner un peu trop, déraper sans qu'il ne puisse l'arrêter. Pourtant, il a confiance, c'est pas ça le problème. Non, le truc c'est qu'il sait que Nicky n'a pas les mêmes limites que lui. Ni la même appréhension. Lui, il a l'air d'exulter d'être là. D'avoir ce con sous son pied et ce couteau entre les doigts. Il sourit, tranquille, à l'aise. Et Jax se demande s'il doit commencer à s'inquiéter. Il ne dit rien mais porte un regard lourd de sens sur son ami, comme pour le supplier de ne rien foirer. De ne rien faire que Jax pourrait regretter ensuite. Il regrette déjà bien assez d'être là, dans ce plan foireux. Il s'en veut bien assez d'être tombé aussi bas, alors il aimerait autant que les dégâts s'arrêtent là. — Ellis est jamais content. Et Jax échappe un léger rire, parce qu'il n'a pas tort. Il n'a pas encore réussi à cerner Ellis. Un jour pote déconneur, un jour patron impitoyable. Il ne sait jamais sur quel pied danser avec lui et ça aussi, ça le perturbe. Il n'arrive pas à lui faire totalement confiance. Et il voit bien les étincelles qui volent entre Ellis et Nicky et ça ne le rassure pas non plus. Ils vont finir par foutre le feu aux poudres et ça terminera mal. Tous les deux sanguins, tous les deux à ne pas supporter l'autorité et les mots plus hauts que les autres. Jax essaye de faire tampon au milieu de tout ça, mais ce n'est pas évident. — C'pas faux, mais on va éviter d'le foutre encore plus sur les nerfs. Il n'a pas très envie de savoir ce que ça donne quand Ellis est hors de lui. Il a déjà entendu des choses, des rumeurs, des trucs pas glorieux. Et il n'a pas envie de devenir la cible de ce mec. — Quoi, tu me fais pas confiance ? Et Jax se marre, secouant brièvement la main dans le vide, l'air de dire : couci-couça. Il sait bien que si Nicky était venu tout seul, le mec ne serait déjà plus en un seul morceau. Bien trop impulsif, bien trop habitué à la violence, le sang chaud et les réactions vives. Il est comme ça Nicky. C'est peut-être pour ça que ça marche si bien entre eux. Le feu et la glace. Opposés mais parfaitement compatibles. Lorsque Jax revient, il voit aussitôt le sang qui perle sur le cou du type. Mais il ne dit rien, ne lance aucun regard à Nicky et accepte l'idée que son ami ait eu la main un peu forte sur la lame. Après tout, c'est pour ça qu'ils sont là, non ? Va bien falloir qu'il se fasse à l'idée. Le mec n'en ressortira pas indemne, que ce soit à cause de leurs poings ou d'une lame, qu'est-ce que ça change hein ? Il se rassure comme il peut et passe rapidement à l'action, pour s'empêcher de réfléchir plus longtemps. Ils installent le mec sur la chaise, non sans effort car l'enfoiré devient furie. Les insultes qui fusent et le corps déchainé qui lutte. Mais impossible pour lui d'avoir le dessus et il termine scotché de la tête aux pieds. Sans hésiter, Jax offre la première vague de coups à Nicky, en espérant que ça suffira à délier la langue du mec et qu'il n'aura pas à y passer lui aussi. Et Cash n'hésite pas une seule seconde, clairement il n'attendait que ça. Pouvoir se déchainer sur lui, évacuer le trop plein de frustration accumulé depuis qu'ils ont sonné à la porte. Appuyé contre la table, bras croisés, Jax l'observe, stoïque, impassible. Il regarde Nicky faire, il regarde le sang qui se met à voler à gauche et à droite. Et les gémissements du mec, les légers cris plaintifs rapidement étouffés par un nouveau coup de Nicky. Et Jax ne peut pas s'empêcher de se dire qu'il n'aimerait pas se retrouver dans une baston face à son ami. Il a beau savoir se battre, encaisser et rendre, Nicky a la technique, Nicky a la rage, Nicky adore ça. Et on ne fait pas le poids face à un mec qui prend du plaisir à faire ce genre de choses. Nicky relève la chaise qu'il avait faite tomber sous la violence de son coup, mais le mec ne veut toujours pas parler. Et ça commence à le gonfler Jax. Il n'a pas la patience pour ces conneries. Il n'a même pas envie d'être là. Il serre les dents, agacé. La glace qui l'entoure qui se fendille lentement, révélant un truc bien plus sale que l'allure pondérée qu'il se donne. — J’crois qu’il en redemande. à toi mon pote, fais toi plaisir. Après deux secondes d'immobilité, il finit par décroiser ses bras et dans une impulsion il se redresse, se détachant de la table. Il pose une main sur l'épaule de Nicky, comme pour le féliciter. Il a su se maitriser, s'arrêter avant de faire un massacre et pour ça il le remercie. Il retire sa main et vient attraper une seconde chaise, la posant à côté du type et s'asseyant dessus sans un mot. Les effusions de violence comme Nicky ce n'est pas son truc. A moins d'être à bout, à moins d'exploser parce qu'on la trop poussé à bout. Mais là, ce n'est pas le cas. Alors, calmement, il attrape l'index du mec et dans un geste sec et précis, il le casse. Le petit craquement qui se fait entendre et le cri du mec, probablement plus de surprise que de douleur. Mais Jax continue. Le majeur y passe aussi, ainsi que l'annulaire. Et finalement tous les doigts de la main droite. Jax se tourne vers Nicky. — J'espère qu'il était pas droitier, parc'que ça va être compliqué pour s'branler maintenant. Et le mec proteste et se tortille sur sa chaise, la gueule en sang et la main en petits morceaux. Jax se retourne vers lui. — On passe à l'autre main ? Ça l'enchante pas de faire ça, chacun des craquements lui hérisse les poils mais ils sont déjà aller trop loin pour s'arrêter en chemin. — Non, non attendez, j'vous jure que j'ai pas la thune ! Le mec est de moins en moins serein. Jax grimace un peu et tourne à nouveau la tête vers Nicky. — C'est pas très satisfaisant comme réponse ça, non ? Il vrille ses prunelles sur le mec et, toujours calme, ajoute. — Mon pote est pas satisfait du tout. Jax se relève de la chaise et l'écarte. — J'pense que je vais le laisser se réoccuper de toi. Le mec s'affole un peu et s'emballe. — Non, non, attendez, j'ai 5 000 dans la maison mais j'vous jure que j'ai pas plus ! Voilà, ça progresse. Jax sourit à Nicky. Ils sont pas si mauvais. Mais il manque encore bien trop. — Bon. Tant pis pour toi, on passe au plan B alors. — C'est quoi ça, le plan B ? Jax ramasse le couteau tombé par terre, tentant le tout pour le tout. Un petit coup de bluff, comme au poker. — Les organes ça se vend super bien tu sais et ça rapporte un max. Bien plus que ce que tu dois à Ellis. Et là, le mec pâlit totalement. Bien sûr qu'ils ne vont pas lui prélever d'organes, et encore moins le buter. Mais ça, le mec ne le sait pas. Livide, l'homme cherche Nicky du regard. — Hey, il déconne ton pote là hein ? Les gars, oh, on peut s'arranger, déconnez pas putain. Et Jax tend le couteau à Nicky, parce que le mec a l'air de plus flipper de lui que de Jax, petit clin d’œil complice pendant qu'il tourne le dos à leur victime.

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ça fourmille. ça court, partout dans les veines, ça remonte comme un poison létal. tuant lentement - mais sûrement - sa victime. pas besoin d’être contaminé pour se transformer en animal enragé, t’as le gêne depuis que t’es gamin. comme une plaie que t’as dû trimballer avec toi depuis le plus jeune âge. ça devait bien arriver un jour ou l’autre - le jour où t’irais trop loin. peut-être que c’est ce soir. t’as souvent flirté avec la limite, embrassé la frontière sans trop savoir de quel côté tu penchais. ce soir, tu pourrais bien la franchir, et ne jamais regretter. le sang sur les mains ne serait qu’un facteur en plus à considérer. il coule déjà, mais d’une autre façon. plus sûre. plus légale. là, sur le ring, où t’es le roi. sur le ring, roi incontesté. pour combien de temps ? ça soulage, ça ne cache la vérité que pour un temps. t’as besoin de plus que ça. comme pré-déterminé à te foutre en l’air. auto-destruction, le regard enragé du gamin qui veut toujours plus, qui ne sait jamais s’arrêter. ce soir, t’y arrives un peu. garder le contrôle, maîtriser cette vague d’interdit qui menace de t’emporter à tout moment. tu parviens à reculer, à laisser jax prendre les devants, parce que t’es certain que lui dérapera pas. qu’il ira pas trop loin. et tu regardes la scène l’oeil acéré, prêt à bondir au moindre faux pas. les billes noires rivées sur le mec qui gigote un peu trop malgré que vous l’ayez attaché, à croire qu’il en redemande. et quand jax s’emballe un peu lui aussi, à parler de revente d’organes, à faire traîner sa lame là où il ne devrait sûrement pas pour finir de persuader ce mec, t’empêches pas le rire un peu idiot qu’il provoque. à la fois amusé par la gueule du type, par l’idée farfelue de ton pote. qui sait, ça pourrait tout aussi bien fonctionner. tu l’as entendu, non ? appuyé contre le vieux meuble déglingué derrière toi, tu finis par t’en décoller, t’avancer à nouveau, récupérant le couteau qu’il te tend pour finir le travail. t’espérais faire autre chose de ta fin de soirée que de la passer avec un connard. peut-être rendre l’argent à ellis, et puis finir dans un bar à dépenser votre part jusqu’à la fermeture. le tournis d’argent et d’alcool, peut-être aussi d’une jolie compagnie. alors forcément, t’es pas très content de perdre autant de temps avec ce type qui vous fait tourner en rond. t’es même pas content du tout. et t’espères qu’il le comprend, que vous allez plus perdre de temps pour sa petite gueule. quoi qu’il arrive, ellis récupère son fric ce soir. donc si t’as pas le fric... si t’as pas le fric, c’est toi qui y passe. c’est ce que l’oeil menaçant semble vouloir dire, sous la gueule inquiète du connard. il t’impatiente. fait vibrer ta colère sous tes veines. rentre dans votre jeu à coup sûr. ça t’amuse incroyablement de jouer à ce jeu, par-dessus l’agacement. ça sent la force. le pouvoir. c’est enivrant, presque incontrôlable. si seulement tu pourrais tout laisser aller. un dernier mot ? jouant avec la lame entre tes mains, tu tournes autour de lui, impatient, peut-être aussi pour le faire craquer. et quand tu reviens devant lui, le bout de la lame coincée sous son menton, appuyant un tout petit peu trop fort, tu le sens craquer sous ta poigne. grisant. attendez ! il est… il est planqué. y a le rictus cabossé qui s’éclaire un peu, vague de fierté qui gonfle les poumons. tu le presses un peu, pressant la lame un peu plus encore contre la peau tendre. la coupure se laisse apercevoir, non pas sans un éclat sombre des pupilles lassée d’avoir à faire tout le sale boulot. le terrain vague à la sortie de la ville. et rien que parce que t’aimes voir sa gueule effrayée, tu fais mine de réfléchir, tiens le couteau contre la peau quelques secondes de plus, tout à fait inutilement. il a fallu que vous tombiez sur lui, lui qui ne fait rien comme les autres, sûrement plus abruti que la normale. lui qui planque son fric dans un désert plutôt que sous son matelas comme n’importe quel autre connard. ça te fait rouler des yeux mais hé, c’est peut-être la sortie que tu demandais. tu vois quand tu veux. sourire féroce sur les lippes amochées. gueule cassée qui s’illumine d’une drôle de façon, perdant sa colère. et puis finalement tu tournes la tête vers jax, comme si aucune de ces dernières minutes ne venaient de s’écouler. l’air - presque - tout à fait serein. un petit road trip, ça te dit ? l’air un peu con, un peu abruti. presque inoffensif. une virée dans le désert, il vous manquait plus que ça. mais tu lâches pas le type pour autant, détachant le scotch de la chaise - mais pas autour de ses mains - pour le soulever sans trop de ménagement. c’est ton jour de chance champion, on t’emmène avec nous. et s’il vous fait tourner en rond, peut-être bien que vous le laisserez moisir là-bas.

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