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 mourir au club (rhoven)

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Seven Popescu

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MessageSujet: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyLun 15 Mai - 23:15

STELLARR 505 CONCERT DEMAIN SOIR c'est placardé partout et sûrement que c'est pas plus mal, avec un peu d'chance ça finira de recouvrir les putains d'affiches qui le vendent lui, qui l'offrent en pâture à toute la ville et qui continuent de lui filer la gerbe. Rien que d'y penser ça l'fait rager un peu plus, les mains qui deviennent des poings, trop crispés trop serrés, sous la pression ont dirait que ses os vont péter. Il longe les murs, se faisant ombre dans la nuit, capuche rabattue sur la tête, un sac sur le dos et un nuage de fumée dans son sillage. De l'herbe parce qu'il espère que ça l'aidera à se calmer mais il sait bien que ça marche pas, ça marche jamais et il passe au cran du dessus trop souvent – les veines empoisonnées et les yeux explosés. Il finit par abandonner son joint même pas terminé, pivotant dans une ruelle qui donne accès au hangar réservé pour la grande occasion. La porte de derrière est verrouillée, forcément. De son sac il extirpe un pied d'biche, et en quelques minutes il finit par venir à bout de l'obstacle, s'engouffrant à l'intérieur sans plus de cérémonie. C'est prémédité et c'est sûrement ça le pire, p't'être même que ça en devient ridicule ou pathétique mais il en a plus rien à foutre. Faut juste qu'il évacue, qu'il saccage, qu'il détruise, et il est pas sûr de vouloir trouver une carcasse au hasard. P't'être parce qu'il se sent encore trop crade, des hématomes et des cicatrices pour pas oublier, le cœur au bord des lèvres et les tripes en vrac. P't'être parce qu'il a peur de c'que ça donnerait – peur de pas réussir à s'arrêter ou peur de l'inverse, de tout lâcher, de s'laisser faire parce qu'il est trop épuisé. Il sait pas il sait plus putain il s'en fout, il veut juste foutre le bordel, et quoi d'mieux que le groupe ennemi ? C'est facile et c'est léger, c'est pas comme sa guerre de gangs stupide, avec eux c'est juste une compétition à la con et les esprits qui s'échauffent un peu. Ça il gère, ça vient pas le hanter chaque fois qu'il ferme les paupières. Alors il est là, au milieu de cette salle trop grande et soudain il a l'impression d'être minuscule, insignifiant, même pas vivant. Y a une banderole et des spots et tout le matos, putain le matos est là. Automatiquement y a ses lèvres qui s'étirent et il sait pas trop pourquoi ça fait mal, p't'être parce qu'il en a plus l'habitude alors maintenant c'est rouillé, bloqué, il a le sourire fracassé. Il a toujours son pied de biche en main quand il grimpe sur la scène, se plantant derrière le micro en observant l'espace qui s'étend devant lui. Il continue d'sourire mais c'est tordu, et il finit par choper l'objet pour le balancer aussi loin qu'il le peut, avant d'se tourner vers le reste. Il fonce vers les amplis, s'assure que tout est branché, allume l'attirail, puis fait demi-tour pour rejoindre les platines. C'est pas ça son domaine alors il bataille et il touche à tout, sûrement qu'il dérègle un tas de trucs, sûrement qu'il fout le bordel là-dedans et c'est tant mieux. Il s'arrête seulement une fois qu'il a réussi à lancer un son, sans trop savoir comment il a fait – qu'est-ce qu'on s'en fout tant qu'ça résonne. Il fait monter le volume et tant pis si ça s'entend jusque dehors, tant pis si ça réveille tout le quartier. Même l'idée d'se faire prendre suffit pas à le stopper. Il s'met à bouger, vaguement d'abord, puis plus fort, et il s'marre mais ça ressemble pas à un rire, c'est aussi agréable que du verre qui s'brise. L'air qui lui vrille les tympans lui rappelle vaguement une chanson d'merde, un truc qu'on lui a gueulé trop de fois en se pensant malin, à cause de son nom, à cause du sang qui l'a engendré. Alors il commence à chanter. « Vrei să pleci dar nu mă, nu mă iei » et ça roule sur sa langue et il loupe la moitié des lettres mais c'est pas ça qui l'importe. C'est la batterie qui l'attire et l'appelle comme une sirène, ses phalanges qui effleurent la caisse claire presque tendrement. Et puis ses bras qui s'lèvent, la barre en étendard. C'est violent, quand il l'abat sur l'instrument. Il se met à cogner et y a toute sa hargne qui s'infiltre dans chaque geste, chaque coup. Le pied de biche qui déchire et tord et creuse, la batterie qui se disloque comme un squelette mal agencé, des morceaux qui se répandent partout à ses pieds. Il cogne. Il cogne. Il cogne. Il fait un carnage et au final c'est pas aussi satisfaisant qu'il le pensait, ça vaut pas la chair qui se teinte et les os qui craquent mais c'est toujours mieux que rien. Il s'acharne et ça n'a plus aucun intérêt – il reste plus rien à casser, tout est fracassé et il s'rend même pas compte qu'il a lâché son arme depuis un moment. C'est avec les poings qu'il continue et ça saigne mais il sent rien, l'impression d'être anesthésié et putain il donnerait tout pour faire pareil avec son esprit. Quand il se redresse enfin, c'est les platines qu'il veut ruiner. Mais y a un truc qui attire son regard, une silhouette qui s'découpe face à lui et il pense fait chier mais il dit « T'es en avance le concert c'est demain. » Les platines, Rhoan, le pied de biche ; il sait pas vers quoi il doit se ruer en premier. Y a un truc qui vrille dans l'fond de ses yeux et il se met à rigoler, faut croire qu'il est dans l'même état que la putain de batterie. Le sourire morcelé, l'esprit ravagé.
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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyMer 17 Mai - 21:00

Il a la gâchette facile.
Les nerfs qui partent au quart de tour et le poids de son glock dans le vieux sac de toile. On lui dit sans cesse de respirer, de se calmer et de desserrer les poings mais y'a des fois où Rhoan ne peut pas, où Rhoan ne peut plus, où il a besoin de cogner casser hurler sur les gens qui passent, où il a besoin de griffer mordre taper jusqu'à sentir le sang.
Heureusement, ce soir est un soir banal. Y'a Moe qui lui donne une tape sur le dos et Alice qui a les yeux dans le vide, sur le siège passager de leur van défoncé. Ils viennent juste de déposer le matos et demain c'est le grand jour. Y'a déjà des papillons et toutes sortes d'insectes rampants dans son estomac, l'excitation et l'adrénaline. Il anticipe beaucoup le moment, parce que c'est ce qui le fait vivre. Faire danser la foule, le bruit à fond dans le retour micro, lui et ses amis déchaînés sur la scène. Il n'a presque plus le trac. Maintenant, c'est naturel. Y'a toujours des frissons au creux de la nuque au moment où il fait son entrée, quand il entend les grondements de la foule comme le tonnerre d'un orage, mais ça lui donne plus envie de faire demi-tour et de fuir. Simplement envie de bondir sur la scène comme l'animal enragé qu'il devient derrière ses platines.
Ce soir, c'était les balances. Les lumières sur l'étendue vide, la voix d'Alice en écho dans l'amphithéâtre désert. La sensation de danser avec des fantômes, avec les ombres des visages inconnus qui se lèveront vers eux demain. Rhoan est apaisé, et c'est tellement rare qu'il sourit quand il le remarque.
Mais dans sa poche, quand il y plonge la main, ça ne fait pas le même bruit que d'habitude.

« Merde. »

Les deux autres le regardent d'un air surpris et il hausse les épaules.

« J'ai perdu mon portable. Je rentrerai tout seul ok ? M'attendez pas. »

Et il fait demi tour la capuche sur la tête et se dirige vers la porte de derrière, la petite en ferraille que personne ne remarque dans l'ombre (un peu comme lui). C'est là qu'il entend.
Les bruits,
la voix
le rire
le fracas.
Rhoan n'a pas le temps de réfléchir, il ouvre la porte à la volée, et il court, le mauvais pressentiment au creux des tripes, le dégoût dans le bide qui saccage tout. Ça lui était jamais arrivé, un casseur. Mais il a vécu assez de choses dégueulasses pour savoir ce qu'il se tramait.
Dans son sac, le poids du gun.
Qu'il essaye même de toucher à ses platines.

Il arrive dans la pièce chargée d'âmes passées, sur la scène qui aurait accueilli leur histoire. Et y'a son ventre qui se tord quand il le reconnaît.
La même sensation que d'habitude. Un rien familier sans mettre le doigt dessus. Un souvenir oublié et la rage, la rage, qui monte et qui submerge. Un pied de biche abandonné à quelques pas, sur lequel Rhoan se rue. La respiration saccadée de Seven, son rire qu'il entend d'ici, qu'il voudrait faire taire.
Le métal glisse entre ses doigts, il lève les yeux, un sourcil. Sans expression. Le ton morne, sans trahir sa colère.

« J'te trouverais presque pathétique. »

Et il monte sur la scène, pantin des apparences. Il cherche le regard du casseur pour qu'il voie le sien, noir charbon, noir colère, noir nuit qui enveloppe et qui cogne sans qu'on s'y attende.

« Tu t'sens important, là ? C'est ta jalousie qui t'a bouffé ? »

Tu regardes la batterie en charpie et ton cœur se tord, parce que Moe casse toujours des tambours. Mais c'est pas pareil. Pas cette fois. Parce que c'est pas sous le coup de la passion, de la rage de la musique qui prend aux tripes. Cette fois c'est la rage pure, c'est la tornade Seven que tu pourrais presque tuer de tes propres mains. Ces dernières tremblent autour de la barre. Mais ta voix, elle, reste calme.

« Alors qu'est ce que t'attends ? Continue. »

La barre pointée contre son torse comme si tu le défiais, un duel à la loyale, du moins presque. Toi, tu n'es pas lâche. Tu te battras s'il le faut. Même si à chaque fois t'as peur de crever, même si ton crâne se vrille en deux. De marbre tu restes.

« Continue et tu verras. »

Tu regardes tes platines du coin de l'oeil, les voyants sont allumés. Qu'il pose un index dessus.
Qu'il ose.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyDim 21 Mai - 16:00

« J'te trouverais presque pathétique. » Et l'adjectif comme de l'acide qui dissout son rire – ça s'étrangle dans sa gorge alors que ses traits se durcissent, le regard qui s'assombrit et les dents qui grincent mais il dit rien. Il se contente d'observer alors que Rhoan est plus rapide que lui. Rhoan pied de biche entre les doigts, Rhoan orage au fond des yeux, Rhoan sur la scène et c'est la représentation qui commence, le rideau qui s'lève, on sait pas encore si c'est une comédie amère ou une tragédie absurde. Peut-être les deux. Les prunelles de l'autre qui agressent et qui brûlent et qui rongent, celles de Seven saturées par la rage qui les rend presque opaques – on voit plus rien là-dedans, trop de noir trop de néant, prêt à tout avaler. « Tu t'sens important, là ? C'est ta jalousie qui t'a bouffé ? » Automatiquement il ricane et y a une insolence odieuse qui suinte par tous ses pores, mais ses poings serrés le trahissent. Y a la colère et l'amertume, à surgir dès que leurs regards se croisent, dès qu'il partage le même espace que lui. Parce qu'il a jamais su digérer la trahison Seven, c'est pas son truc d'oublier, pardonner, avancer ; lui il préfère reculer. C'est une épine enfoncée sous la chair et il y pense pas tout l'temps, ça passe inaperçu au milieu des coups de poignards et des mains qui s'enfoncent dans sa poitrine pour tout lui arracher, mais c'est là. Toujours là, et il a jamais réussi à l'enlever, sûrement qu'il a pas vraiment essayé. On passe outre et puis ça revient sournoisement, facilement, une pression et ça pique et ça brûle, dans ses yeux y a un truc qui hurle. « Jalousie ? De ? Trois mongoles qui font des crises d'épilepsie devant une bande de déchets ? » Il ricane encore une fois, le coin des lèvres qui se tord et les yeux qui se plissent. « Nan ça va, j'suis juste venu rendre service. Niveau résonance la batterie est top, dommage qu'elle soit fragile. Un peu comme toi quoi. » Bien sûr c'est ridicule et puéril, bien sûr Rhoan a raison quand il dit qu'il est pathétique. Mais c'est pas ça qui va l'arrêter. L'appel du carnage dans les veines et on vient l'interrompre en plein élan ; la soif pas étanchée, décuplée quand y a Rhoan qui vient le défier. « Alors qu'est ce que t'attends ? Continue. » Pour lui c'est une provocation et c'est l'pire truc à faire, parce que Seven sait pas dire non, parce que Seven a la fierté mal placée et beaucoup trop de choses à prouver. Dans ses yeux ça flambe et ça tangue c'est pire qu'un feu de joie – Rhoan est venu balancer de l'essence, à flots, à outrance. « Continue et tu verras. » Y a la barre pointée vers lui et il sent la menace mais c'est rien tout ça, il en a rien à foutre et il voudrait lui dire, lui expliquer que ça sert à rien ce qu'il fait. Il voudrait rire pour lui faire comprendre combien il s'enfonce, combien il aggrave la situation. Mais il fait rien. Pendant une seconde il bouge pas, ses yeux dans les siens et ça fait l'même effet qu'une lame chauffée à blanc. La brûlure devient insupportable et il se met en mouvement – le pied qui shoote dans l'un des morceaux de la batterie pour l'envoyer sur Rhoan brutalement. Il cherche pas à savoir s'il le touche ou si son attaque est esquivée, il s'en fout, c'est clairement pas sa priorité. Il fond sur les platines, les phalanges qui les agrippent fermement pour les soulever. Si Rhoan a une arme il a pire, il a un trésor, il a un truc important, un truc auquel il tient. Alors il les brandit, comme un trophée après une victoire. « Et maintenant ? » C'est son tour de défier et l'arrogance est palpable dans son sourire en coin, dans la façon qu'il a de le fixer. « S'tu bouges, j'les défonce par terre. » Comme un avertissement, pour le dissuader de tenter quoi qu'ce soit. Il déconne pas. Ça se sent, ça se voit. Et ils sont là à s'regarder en chiens de faïence, comme les nuages qui s'accumulent avant l'orage, comme les dernières secondes du compte à rebours avant la détonation. Mais Seven n'a ni patience ni honneur, il a pas pour habitude de jouer à la loyale et il fera pas d'exception pour Rhoan – surtout pas pour Rhoan. Rhoan qui tient pas ses putains de promesses, pourquoi lui il le ferait ? « Réflexe ! » Il gueule en même temps qu'il lance. Les platines projetées en direction de Rhoan comme si c'était un ballon à rattraper, comme s'il lui faisait une passe empoisonnée. Évidemment ça va pas loin avant de tomber, trop lourd, trop fort. Ça s'écrase par terre et ça fait un sale bruit, les dégâts se devinent rien qu'à l'oreille. P't'être qu'il devrait tenter de neutraliser Rhoan avant que la riposte ne vienne, p't'être qu'il devrait assurer ses arrières. Mais il s'en fout. Il s'en fout il s'en fout il s'en fout, il veut que les platines lui ressemblent, plus encore que la batterie – parce que les platines sont à lui alors c'est encore mieux, c'est encore plus vicieux. Il saute dessus, à pieds joints. Sous son poids ça craque et il perd l'équilibre, s'écrase au sol lui aussi. Lui et la batterie, lui et les platines, lui et les morceaux qu'il déchire comme si ça pouvait compenser avec ceux qu'il a perdus.
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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyDim 21 Mai - 16:03

Il répond rien, Rhoan, quand il entend les moqueries. Le ricanement railleur sans fond et sans âme. Il répond rien quand on insulte sa musique, parce que ça le touche pas, parce qu'il entend ça tous les jours. Que c'est du bruit, du vent, de la drogue pour adolescents, déjà camés, prêts à tout écouter. Même le son d'une grosse caisse rouillée. Alors il se tait puis il défie, dans ses prunelles y'a un brasier. L'arrière de son crâne commence à tambouriner et il le sent mal parce qu'il se connaît par cœur, il sait quand tout va bien et quand ça pète, et il sait que Seven peut le pousser à bout, il sait qu'il (est) connaît son point faible. Alors il tente de respirer, mais ça fait comme s'il s'essoufflait encore plus vite, la paume humide tremblant de rage contre le métal. Il se connaît. Il va se transformer en foutue bombe.
Parce que la mine d'en face, elle, est déjà en train d'exploser. Parce que le défi a très bien marché, trop peut être. Et Rhoan bouge au dernier moment, avant de recevoir le morceau de plastique et de métal.
Une seconde plus tard, il est trop tard. La tornade a saisi son bien le plus précieux. Et Rhoan ne répond pas, oh non, parce que sa fierté est d'acier et qu'il est hors de question qu'il supplie, qu'il se mette à genoux, qu'il cède.
Surtout pas devant lui.
Devant tout le monde peut être, sauf lui.
Il ne bouge pas quand ses instruments finissent levés au ciel comme en offrande. Il ne pipe mot, rien. Mais ses yeux disent « vas-y » . Il le sait. Et jusqu'à la dernière seconde, il y croit encore.
Quand il entend le bruit des machines qui s'effondrent sur la scène, c'est comme si on lui avait arraché les tripes.
Il repense un instant à l'adrénaline dans ses veines quand il est face à la foule. Mais tout se dissipe, l'adrénaline, elle, reste, sous forme d'une rage qui prend toute la place, qui imbibe ses veines et fait gonfler son cœur. Rhoan ne sait même pas s'il a déjà été aussi énervé, et il sait que c'est tout sauf un bon présage. Il sent la crise monter
monter,
et soudain, tout explose, quand les talons de Seven fracassent son bien le plus précieux.
Soudain tout flanche, quand le corps de Seven s'effondre.
Il est déjà au sol.
C'est presque trop facile.
Rhoan n'est ni lâche ni brutal, mais il ne se contrôle pas, il ne se contrôle plus, comme une bête sauvage qui aurait pris possession de son corps et de ses muscles, il pousse un cri de rage, et il bondit, il bondit sur le corps encore à terre de Seven, lui au dessus pour l'empêcher de bouger, enfonce le dos de son rival au milieu des bouts de métal et des brisures de verres et il cogne, et il cogne, et il cogne encore, il cogne jusqu'à sentir quelque chose craquer, il veut voir ses phalanges en remplies de sang, il veut voir les yeux de Seven le supplier d'arrêter, il frappe en criant comme le monstre qu'il est.
Mais c'est de sa faute.
C'est lui qui a commencé.
Non ?

Alors il continue, jusqu'à sentir un liquide chaud contre ses doigts, jusqu'à ce que la barre de fer se retrouve sous la gorge de Seven et serre, serre, de plus en plus haut, pour couper le souffle, pour se venger, même si ça ne réparera rien, même s'il aggrave tout.
Tout est foutu de toute façon.
Hors d'haleine alors qu'il lui vole son souffle, il murmure.

« C'est dommage. C'était tellement bien parti toi et moi. »
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyMar 23 Mai - 19:26

Il devine l'ouragan avant même de le sentir et dès l'instant où sa carcasse heurte le sol, il sait qu'il est foutu, il sait qu'il a perdu. Le poids et les poings, Rhoan perché sur lui et sur le coup il dit rien, il laisse venir et il arrive même à sourire – c'est moche c'est tordu ça vaut rien, c'est juste la satisfaction d'avoir éveillé le monstre en attendant qu'ça attise le sien. Puis y a les coups qui pleuvent et le corps qui le bloque, sous lui les débris qui crissent et craquent et putain il connaît trop ça. C'est un bond de dix ans en arrière et les éclats d'verre enfoncés dans son dos et son père qui n'répond pas à ses sanglots, c'est les cicatrices qui zèbrent sa peau et sa faiblesse offerte sur un plateau. Rhoan sait pas mais Rhoan fait quand même, y a Seven qui s'débat et à chaque mouvement il a l'impression d'se faire lacérer. Il sait pas si c'est vrai, il sait pas si les morceaux ont traversé le tissu, si ça vient s'ajouter aux traces déjà incrustées. Il sait pas mais il a l'impression de tout revivre et putain il veut pas avoir dix ans, il veut pas avoir la chair en sang, il veut pas laisser c'pouvoir à Rhoan. « DÉGAGE BORDEL ! » Et il gueule et il se secoue mais plus il le fait plus ça empire, plus ça fait mal, et les coups et cette fois c'est lui qui craque, c'est son visage pas encore réparé. C'est Rhoan qui rouvre les plaies, qui superpose ses mains aux ecchymoses déjà là, qui peint Seven en bleu et en rouge et en violet putain c'est pas ce qu'il voulait. Ça s'arrête d'un coup et il voit plus rien, il a trop chaud et y a un filet qui lui brûle la peau, ça coule jusqu'à ses lèvres, ça vient tacher ses dents. Il croit que c'est fini et soudain le poids est partout, trop près, là contre sa jugulaire bordel c'est l'enfer. Il grogne et Rhoan appuie, il suffoque et Rhoan s'est paumé dans la folie. Y a l'air qui s'fait trop rare et putain pourquoi il vise juste encore une fois ? Pourquoi il trouve les faiblesses si facilement ? Son dos et puis sa gorge, il veut pas s'étouffer il peut pas il supporte pas, pas depuis qu'il arrive à l'faire tout seul, pas depuis que la panique vient trop souvent former un étau pour l'étrangler, encore, encore, les crises qu'il contrôle pas. Ça lui fait le même effet et il ouvre la bouche, grogne ou gémit on sait pas trop, il est aussi pathétique qu'un poisson hors de l'eau. « Lâche.. moi.. PUTAIN. » Ses mains sur celles de Rhoan puis sur ses poignets, il a beau tirer rien n'y fait et peu à peu la rage grimpe. Il avale plus de sang que d'oxygène et y a un truc qui vrille, une sale lueur au fond d'ses yeux. « C'est dommage. C'était tellement bien parti toi et moi. » Il a l'impression d'le voir en double et il sait pas si c'est le manque d'air ou la colère, y a son visage qui change de couleur et son regard qui s'fait un peu vitreux. Il essaie de le frapper pour le faire lâcher prise mais ça suffit pas, parce qu'il a pas assez de force dans cette position, parce qu'il a des fourmis dans les doigts et la respiration sifflante. Il s'agrippe à lui, ses griffes qui s'enroulent dans son t-shirt et qui l'attirent à lui, jusqu'à tout lâcher pour mieux cibler son visage. Ses pouces s'enfoncent brutalement dans ses yeux et il appuie jusqu'à sentir la poigne de Rhoan s'affaiblir, le repoussant aussi violemment qu'il le peut. Il se redresse tant bien que mal, la gorge en feu et le souffle d'une bête à l'agonie, les traits tordus par la folie. Il inverse les positions – Rhoan qu'il fait basculer au sol avant de s'installer à cheval sur lui, ses mains accrochées à son col et il le décolle du sol pour mieux l'y plaquer la seconde d'après. « Bien parti hein ? » Lui il est parti tout court, il a abandonné le pacte et Seven et les espoirs, il l'a laissé comme un con dans l'noir. Y a la rancœur qui s'accumule comme le sang dans sa bouche et il finit par tout lui cracher à la gueule – littéralement. Le mélange de salive et de sang qui s'écrase sur la joue de Rhoan. « T'es qu'un sale fils de pute. » L'insulte est aussi gratuite qu'inutile mais c'est tout ce qu'il peut offrir, parce qu'il est pas foutu de mettre les mots sur ce qui va pas, incapable de lui balancer tout ce qu'il lui reproche. Trop de fierté, pas décidé à parler, c'est plus facile de coller son poing dans sa mâchoire. Une fois. Deux fois. Et puis il redescend, il le lâche, se redresse tant bien que mal. Ça fait un brasier sous sa peau, dans son dos, partout et il a l'impression de saigner d'la tête aux pieds. Il le regarde, là, étalé sur les morceaux d'ses platines explosées. Il a mal dans chaque os, chaque muscle, et il sait plus s'il a envie de rire ou de gerber. « J'te trouverais presque pathétique. » C'est craché du bout des lèvres, mot pour mot c'que Rhoan lui a dit un peu plus tôt. Il le quitte pas des yeux, quand il s'approche de ce qu'il reste des platines. Il le fixe alors qu'il s'apprête à pousser la provocation, encore, toujours, à taper le pied dessus une fois, deux, trois. Histoire de bien aggraver les dégâts. Histoire de voir combien de fois il peut le faire péter les plombs, jusqu'où il peut aller avant d'lui donner envie de le buter. Ce soir il s'en fout. Ce soir il a déjà un pied dans l'cercueil et il veut voir si Rhoan y enfoncera le deuxième clou.
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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyMar 23 Mai - 22:51

Rhoan serre serre, serre encore
il sait qu'il a gagné.
Il sait qu'il pourrait, de ses mains le tuer. Il sait que la barre de fer pourrait couper son souffle. Alors il serre et il cogne, il cogne encore. Les morceaux de ses platines éparpillées. Les morceaux de sa musique dispersés et le marteau dans son crâne qui menace de tout bousiller. Mais au fond, il sait pas s'il a envie de le tuer. Il est pas vraiment lui même, Rhoan, quand il est en crise. Il casse tout, il cogne, parfois ça va trop loin, puis c'est le black out, le trou noir dans sa tête qui reprend le dessus,
le lendemain, il ne se souvient de rien.
Mais il se souviendra de la flamme dans les yeux de Seven. Il se souviendra de ses ongles dans ses pupilles, les étoiles douloureuses sous les paupières et le cri et la chute. Merde. Il a à peine le temps de réagir qu'il se retrouve par terre, un éclat dans le dos et cambré de douleur, double merde. Et pourquoi lui avait-il dit que c'était bien parti, déjà ? Parce qu'il le hait et c'est réciproque. Mais son visage est familier plus qu'il n'en a l'air. Les flashs lui manquent, il a toujours mal à la tête, et lorsque son coup contre le sol rouvre ses sutures, qu'il sent le liquide poisseux et chaud couler le long de son crâne, que les étoiles se multiplient et qu'il lâche un « bâtard », c'est pire, c'est bien pire. L'animal ne prend plus le dessus, l'animal prend toute la place. Il grogne et il cabre et il fonce. Le poids de Seven sur lui et son fluide sur le visage fait trembler ses poings qui ne demandent qu'à recommencer,
qu'à cogner
pour tuer.
Quand il se relève, la tête qui tourne et le sang qui coule, il l'observe détruire un peu plus sa vie. Il a un sourire au coin des lèvres, Rhoan, celui qui n'annonce rien de bon, le sourire un peu fou, carnassier des grands jours. Du plat de son pouce, il essuie le crachat mêlé de sang pour le faire finir entre ses lèvres. De son autre main, il fouille dans son sac tombé par terre, le poids du glock contre sa paume lui aurait presque manqué, lui qui d'ordinaire évite de le sortir.
Et tout s'enchaîne.
Les platines sont à terre mais la table qui les soutenait est toujours là. Le bois craque quand il projette le corps de Seven dessus, quand il le fait plier en arrière à sa hauteur, quand il le surplombe de toute sa hauteur. Seven cambré en arrière et Rhoan qui sourit toujours. Le flingue sous sa mâchoire, appuyée contre la carotide qui tremble, la poigne autour de son cou. Qui serre. Encore. Mais moins fort qu'avant. Qui serre pour immobiliser et non pas pour tuer.
Pas encore.
Et c'est un souffle rauque qui retombe sur le visage d'en dessous. Un murmure malsain.
« Tu vas t'excuser maintenant, petite merde. Et te casser bien vite. »
Ses doigts tremblent sur la détente,
instabilité constante
dans sa nuque, le sang coule
dans ses yeux, rouge vermeil.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyMar 23 Mai - 23:59

« Bâtard. » Et ça lui fait ni chaud ni froid, peut-être même qu'il entend pas. Y a le sang qui bat à ses tempes et le son d'la guerre dans sa cage thoracique, ça éclate et ça explose et ça implose, il a envie d'lui dire combien il le déteste et le méprise mais tout c'qui sort c'est le sang et la salive. Déjà il se désintéresse comme un môme lassé, sale gosse qui démarre la partie mais n'la finit pas, qui s'barre en plein milieu pour narguer avec un autre jeu. La godasse qui s'écrase dans les restes de platines encore et encore et il espère que les miettes par terre s'éparpillent jusque dans les tripes de Rhoan, il espère qu'il sent chaque craquement, chaque morceau qui s'détache et se brise et se fracasse. Il a besoin d'ça Seven – les poings qui tremblent et il a envie de remplacer l'objet inanimé par un squelette à disloquer, mais peut-être que ça c'est encore mieux. Peut-être que ça heurte Rhoan plus que si c'était ses os qu'il tentait de broyer, parce que ça se reflète jusqu'à ses yeux, parce qu'il devine que ça fait mal, mal dedans, mal au fond. Peut-être même qu'il va galérer pour les faire réparer, quoi que vu leur état vaut mieux tout remplacer, il en sait rien il s'en fout, il espère juste que ça prendra du temps et de l'argent. Leur concert annulé, pas d'musique à diffuser, pas de son sur lequel se déchaîner. Rhoan frustré, Rhoan énervé, Rhoan qui sourit quand il s'éloigne et Seven qui comprend pas. Ça l'agace, un peu, ça l'irrite et il s'acharne sur les bouts étalés à ses pieds, à tout piétiner, tout écraser, tout disperser comme un gamin enragé. Il voit pas, il comprend pas qu'il empire sa situation, qu'il pousse les limites jusqu'à franchir la ligne de trop. Il s'rend pas compte et puis si mais c'est déjà trop tard. Rhoan qui a fondu sur lui sans qu'il ait eu l'temps de le voir ou même de réagir, son corps qui rencontre brutalement la table qui soutenait les platines. Ça cogne le bas d'son dos trop vite, trop fort, ça lui coupe un peu le souffle et il gueule, prêt à se redresser. Il peut pas. Rhoan est déjà là, trop près trop grand, perché au-dessus d'lui comme l'ombre de la faucheuse. Ça fait mal parce qu'il est penché en arrière dans un angle désagréable, y a le bord de la table qui s'enfonce dans sa peau et la cambrure forcée qui lui tord les muscles et les os. Quand il sent le froid sous sa mâchoire, il croit d'abord que c'est ses doigts – froids comme lui, comme la mort. Mais c'est trop lourd et c'est pas ça, sa main est déjà ailleurs, plaquée sur son cou déjà malmené, déjà rougi par la barre et la tentative pour l'étrangler. La vérité le heurte comme un mur de briques. C'est un flingue. Un putain d'flingue contre la carotide et ses putains d'phalanges autour de sa gorge, il joue pas pour perdre Rhoan. Il a ce sourire, tordu, malsain, une lueur sombre au fond des yeux. Son souffle comme de l'acide quand il échoue sur le visage de Seven, c'est trop chaud et ça brûle et il veut qu'il s'écarte, qu'il recule. Il se débat, vaguement, sans conviction. Il laisse. « Tu vas t'excuser maintenant, petite merde. Et te casser bien vite. » Ça l'fait rire. Un truc sans chaleur, sans lumière, aussi agréable qu'une porte qui grince ou une scie contre un bout de métal. Il s'marre mais c'est mauvais, au moins autant que le rictus de Rhoan. Il a trop chaud et la glace du canon sous sa mâchoire suffit pas à stopper le brasier. « Va t'faire foutre. » Plutôt crever que s'excuser, ployer, céder. Jamais et encore moins face à lui – il mérite pas. Seven le dévisage et dans ses yeux c'est un appel au défi, c'est une provocation comme son pied sur les platines. Ses doigts qui partent à l'aveuglette jusqu'au bras de Rhoan et qui remontent jusqu'à son poignet, jusqu'à sa main à lui. Sa main sur la sienne, qui serre, qui appuie, qui pousse pour enfoncer un peu plus l'arme contre sa peau. Il s'en fout. « Vas-y. » Il s'en fout il s'en fout il s'en fout, il s'marre et ça fait flipper ou juste de la peine, pauvre clébard prêt à crever la gueule ouverte. Il y croit pas une seule seconde. Il a pas peur. C'est sûrement ça, le pire. « Allez Rhoan, tire. Ou alors t'as que d'la gueule ? » Il provoque et sûrement qu'il devrait pas mais il arrive même pas à angoisser ni à s'énerver, il a plus envie plus l'énergie, la haine l'a déjà consumé trop d'fois et ce soir il en a pas pour lui, il a rien, rien à lui donner. Rien d'autre que ce sourire cassé et son regard fracturé, le sang sur sa peau et les plaies mal refermées. « C'pas dur, regarde. » Il garde la main sur celle de Rhoan comme une invitation, pendant que l'autre se lève lentement, presque faiblement, vrillée vers lui. Deux doigts pour mimer le canon d'un flingue, le même que celui qui le menace. Il fait mine de viser la tête, imite le mouvement d'un tir. « Bang bang, j't'ai eu. » La flamme qui vacille dans l'fond de ses prunelles, il attise celle d'en face comme s'il voulait se brûler les ailes.
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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyJeu 25 Mai - 15:31

Rhoan n'y croyait pas. Il se demanda un instant si son cerveau malade ne se foutait pas de lui, s'il n'inventait rien.
Mais non.
Même avec un flingue posé sur la peau, Seven continuait de le chercher. Avec son sourire de petit con, avec sa main contre sa tempe, avec ses mots qui le tiraient encore un peu plus, ravivaient l'éclat de ses yeux rouges. Comme s'il n'avait peur ni de lui, ni de la mort. Mais ça ne marchait pas, il n'était pas dupe. Il voyait la flamme de la folie vaciller dans ses yeux, la fausseté du ricanement. Du moins, il espérait le voir. Et ça le rassurait un peu, quelque part. Si Seven n'avait pas peur, c'était qu'il était aussi taré que lui. Et ça ne lui disait rien de bon, car il savait qu'ils pourraient s'entretuer. Mais Rhoan l'était, lui, enfoncé dans sa folie, trop loin pour penser. Trop près du ravin pour ne pas y sombrer, le flingue dans sa paume moite enfoncé dans les veines de l'adversaire. Il aurait pu tirer sans s'en soucier, ça lui était déjà arrivé. Pourquoi pas là, pourquoi pas maintenant ?
« Ta gueule, TA GUEULE ! »
Le cri animal qui déchire la pénombre de la pièce, et la crosse du revolver qui s'abat d'un coup sec sur la tempe de Seven, coup brutal, coup (presque) fatal. Il sent sa tête dodeliner, partir en arrière, et il en profite, le canon du flingue qui se fraye un chemin entre ses lèvres, poussé loin, tout au fond de sa gorge.
Il allait voir s'il avait que de la gueule.
La main qui serrait son cou sentait l'objet se frayer un chemin dans sa trachée, l'étouffer, il jubilait.
Le sourire carnassier n'avait pas disparu. Il se faisait plus grand, même. Il sentait des larmes perler au coin des yeux de Seven mais il savait que c'était l'étouffement plus que la peur qui les causait. Lui voulait lui glacer le sang et les os. Il voulait qu'il prenne ses jambes à son cou et comprenne qu'il ne devait pas recommencer. Mais tout en Seven était bon à jeter.
Il ferait mieux de tirer.
Il enfonce un peu plus le canon, compte sur le gag reflex, sourit.
« Compte pas sur moi pour demander tes dernières volontés. »
Et sans attendre de réaction, il pressa la détente.


Spoiler:


« Bang bang. J't'ai eu. »
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyDim 4 Juin - 18:45

« Ta gueule, TA GUEULE ! » Il continue de ricaner, parce qu'il voit que ça marche, que ça lui tape sur les nerfs et ça touche en plein dans l'mille et c'est tout ce qu'il veut. Le pousser à bout, dans ses retranchements, sortir ce qu'il a au creux des tripes et voir s'il peut le faire basculer au fond du précipice pour pas s'enfoncer tout seul pour être sûr d'avoir d'la compagnie dans les abysses. Parce que Rhoan est aussi dérangé qu'lui, ça se sent d'son rictus à sa voix qui déraille, d'ses mots à son regard qui s'enflamme. Seven ricane et puis ça se stoppe net parce qu'y a une douleur éclair sur sa tempe et soudain il voit flou, il voit plus, ses muscles qui lâchent et sa tête qui bascule en arrière. Il se sent pantin entre ses doigts et ça lui plaît pas putain il déteste ça, il veut pas, pas pour lui. Pourtant il a ni l'temps de se reprendre ni de riposter, forcé d'encaisser quand ses lèvres sont séparées brutalement, sa bouche agressée par le flingue qui s'enfonce jusque dans sa gorge. Il tousse, s'étouffe, tente de reculer la tête mais il est encore trop sonné pour y arriver. Ses mains qui cherchent, qui agrippent, qui glissent partout mais qui n'se raccrochent qu'au vide. Elles arrivent pas à rester campées là où il le voudrait, ni sur son visage ni sur ses épaules ni sur son torse, il tient pas et il se bat dans le vide c'est ridicule, l'impression d'être faible et pathétique et une putain d'proie facile. Ça s'enfonce encore et encore et ça lui irrite la trachée ça lui fait remonter la bile ça lui brûle la gorge putain il peut plus respirer – c'est la deuxième fois que Rhoan l'étouffe et il s'promet que c'est la dernière, qu'il lui donnera plus jamais ce pouvoir là. Peut-être qu'il pourra tout simplement pas. « Compte pas sur moi pour demander tes dernières volontés. » De toute façon il s'dit qu'il en a pas et il aurait aimé le lui cracher à la gueule avec un rictus dégueulasse mais il peut pas – on dit qu'avec un flingue entre les dents on n'prononce que les voyelles mais tout c'qu'il arrive à sortir c'est des grognements incompréhensibles et de la bave qui coule jusqu'à son menton. Même s'il pouvait parler, il n'en aurait pas eu l'temps. Le doigt qui presse la gâchette, le temps qui s'arrête. Ses yeux s'ferment, fort fort fort jusqu'à ne plus rien voir, jusqu'au trou noir. Il attend. La douleur la chaleur ou le froid il en sait rien, le sang ou le rien, le néant, son cœur qui bat plus et ses pensées qui stoppent leur train, mais rien ne vient. Il attend. Figé, le souffle coupé. Il aurait jamais cru que c'était aussi long, de mourir. « C'est un service que j'te rends, si j'te crève. Mais ça serait trop facile, tu penses pas ? » Quand ses paupières s'ouvrent il a Rhoan en gros plan et son cœur s'arrête une seconde fois, son regard vrillé dans l'sien, sa langue qui continue de brûler au contact du canon. « Tu mérites même pas ça. » Au final il saurait pas dire s'il le voulait vraiment ou pas et c'est p't'être ça le pire, ça qui fait bouillonner ses veines et reprendre son myocarde de plus belle. L'arme quitte sa bouche mais il a l'impression de suffoquer encore, comme si un truc continuait d'obstruer sa gorge. Étalé sur la table des platines comme un con, Rhoan qui s'éloigne et qui le fixe, soudain il a trop chaud ou trop froid il sait même pas, il se sent vide de tout ou trop plein de rage, le cœur figé mais les mains qui tremblent. Le flingue braqué sur lui, mais c'est rien en comparaison des yeux qui l'accompagnent. « Bang bang. J't'ai eu. » C'est trop. Il vrille et il s'redresse d'un coup, se jetant sur lui comme un dératé, détraqué, désaxé. Sa carcasse qui heurte celle de Rhoan trop vite trop fort et ils tombent tous les deux jusqu'à s'écrouler au sol avec fracas, lui sur Rhoan. Il profite de son avantage et d'son poids qui l'a écrasé pour le retourner, ventre au sol et face contre terre. Il s'installe à cheval sur lui une nouvelle fois, ses cuisses qui serrent aussi fort qu'il le peut pour le tenir en place, sa main qui se plaque contre son crâne. Y a du sang partout et ça lui encrasse la peau mais il y fait même pas gaffe, pressant encore et encore pour enfoncer son visage par terre, sur les quelques débris qui trônent encore sous eux. Il appuie il appuie il appuie il espère que ça laissera des traces qu'il pourra pas oublier. « T'aurais dû l'charger espèce de grosse merde. T'AURAIS DÛ. » Sa voix qui s'brise quand il crie mais il s'en fout, continue d'appuyer sur la tête de Rhoan, se penche jusqu'à plaquer son torse contre son dos, ses lèvres proches de son oreille. « T'aurais dû m'buter comme un lâche hein, parce que c'est c'que t'es t'façon. Un putain d'lâche qui sait même pas tenir parole. » Enfin il crache un peu d'son venin et même si c'est rien, c'est déjà plus que tout ce qu'il lui a donné jusqu'ici, plus qu'il n'a jamais daigné révéler. « C'était ta seule chance, tant pis pour ta gueule. » Parce que Seven n'a pas autant de compassion ou juste de retenue, parce qu'il se fiche de savoir ce qui est facile ou mérité. Parce qu'il a juste envie d'lui faire mal, le voir saigner, lui faire payer pour l'avoir abandonné. Ses phalanges qui s'enroulent autour d'un éclat de plastique acéré, tellement fort que ça lui entaille la paume mais il s'en fout. Il s'en fout de tout, la seule chose qui compte c'est Rhoan sous lui, Rhoan qu'il veut foutre à l'agonie. Le morceau tranchant qu'il amène jusqu'à son visage et il le tient en place, sa main toujours plaquée sur sa tête, une face de son visage collée au sol pendant que l'autre est à sa merci. Il entaille. La pointe qui s'enfonce dans la joue de Rhoan et qui glisse à travers la chair jusqu'à laisser une coupure aussi longue que profonde, de sa pommette au coin d'ses lèvres. Le sang coule encore et il en a plein les doigts – l'épiderme aussi écarlate que son regard, son sourire trop large quand il observe son œuvre. Sa gorge porte les traces de la barre, il sent que dans son dos ça saigne, mais il s'en fout. Lui il vient de lui offrir une balafre et ça vaut plus que tout l'reste, parce que ça restera même une fois cicatrisé, même si ça s'efface un peu avec le temps, même si ça devient visible que dans un certain angle. Ça sera là ; le souvenir de lui dans sa chair et c'est tout c'qui compte. Il a voulu l'oublier, maintenant il va le payer.
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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyLun 5 Juin - 0:48

Il aurait dû.
Le crever, le saigner, le tabasser et le laisser comme ça au milieu de son propre sang. Il aurait pu.
Il aurait pu.
Mais il l'a épargné, la blague de trop, le cinglé qui se venge sans aller jusqu'au bout. Au fond, il veut pas qu'il meure. Il veut qu'il souffre et qu'il regrette et qu'il s'excuse, mais pour ça, c'est lui qui peut toujours crever. Il l'a observé à bout de souffle sur sa table adorée, la poitrine qui se soulève, tee-shirt froissé par ses mains, lèvres rougies par son flingue. Comme une proie paniquée, puis comme un lion, qui bondit, se jette, jamais rassasié. Rhoan a senti son corps partir, il a rien pu faire. Insouciant impuissant qui n'a pas conscience du danger. La tornade Seven fait peur aux autres, lui s'en fout. Gamin pour gamin ça fait des étincelles mais jamais un brasier.
Pourtant il a mal. Il ferme les yeux pour éviter les bouts de verre et de plastique qui jonchent le sol, il sent son poids obstruer ses poumons, et il se dit qu'il peut pas crever. Y'a pas de « pas maintenant », il peut crever à tout moment, mais pas de sa main, il lui laissera pas la satisfaction. Sa lèvre saigne encore il a une morceau de verre dans l'arcade, le liquide chaud qui coule sur le crâne, et sa blessure toujours ouverte. Il joue avec le feu. Y'a la plaque de métal dans sa tête qui résonne, la balle qui est toujours là, même si Seven sait pas. La douleur lancinante, qui le fait hurler, « Lâche moi sale fils de pute », ça change rien.
Ouais, il aurait dû tirer.
Et en attendant il reste à la merci du chien féroce et il se débat et quand il sent son souffle à son oreille il comprend pas. Un lâche ? Il a jamais été lâche, Rhoan, du moins pas dans ses souvenirs. Il a fui, il a été retrouvé. Il a rien lâché, et il s'est fait exploser. Jamais il n'a été lâche. Dans sa tête y'a le souvenir de la balle et du gang qui lui disait de parler. Mais Seven, lui, effacé. L'impact qui a fait sauter une partie de sa tête. La promesse il l'avait faite,
il n'en avait juste aucun souvenir.
« Mais de QUOI TU PARLES BORDEL JE T'AI JAMAIS RIEN PROMIS ! »
Il le connaissait pas, ce type et sa rancœur. Il ne connaissait rien et pourtant chaque fois qu'il le voyait y'avait un truc, comme un pète dans son cerveau qui lui disait souviens toi, souviens toi, jamais rien, jamais plus. Comme un mirage, qui gueulait fort et frappait beaucoup.
Rhoan hurle quand l'entaille sur son visage se fait profonde, quand il sent le souffle animal de Seven, quand le sang coule jusque dans sa bouche et qu'il le recrache par terre. Il hurle et se débat mais ça change rien, le sourire du joker est là, il a de la peine à respirer. Il sait que la cicatrice partira pas, il en a suffisamment pour savoir. Un trou dans le crâne à cause de Seven, dont il n'a pas le souvenir. Une entaille dans la joue faite par Seven, dont il se souviendra. Et quand l'autre regarde son visage ensanglanté, fier, Rhoan se retourne sur le dos -c'est tout ce que sa force lui permet- saisit les poignets de Seven. Y'a trop de sang, trop de sang et il sait qu'il en perd beaucoup. Ça coule le long de son crâne et autour de lui et dans ses yeux, partout. Mais il est pas prêt à abandonner, il va se battre. Et si l'un des deux doit crever, ça sera pas lui,
jamais.
À bout de souffle, les deux, qui s'observent comme des lions avant de s'entretuer.
« On dirait que tu veux crever », il murmure dans sa torpeur, « mais m'entraîne pas là-dedans. »
Parce que lui l'a épargné, au moins.
Du plat de son pouce, il essuie la plaie.
« J'ai pris une putain de balle pour toi. »
Ca lui revient, et ça fait encore plus mal que toutes les cicatrices le long de son corps.
Plus mal encore que la blessure par balle.
Y'a des échos, flous, des flashs.
Y'a Seven quelque part juste avant la mort.
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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyLun 12 Juin - 16:48

« Mais de QUOI TU PARLES BORDEL JE T'AI JAMAIS RIEN PROMIS ! » Pendant une seconde il se fige et quelque part au fond d'lui y a un truc qui se fissure, encore, plus fort. Parce que ça fait trop longtemps qu'ça dure – la rancœur et la douleur et la haine que Rhoan attise. Chaque fois qu'il fait celui qui n'voit rien, ne sait rien. Chaque fois qu'il offre son indifférence et des regards vides de sens, comme si c'était la première fois qu'ils s'voyaient, comme s'il avait jamais compté. Dès qu'ils partagent le même espace y a l'esprit de Seven qui s'embrase, parce qu'il repense aux promesses aux plans aux comètes qui les attendaient et à Rhoan qui est jamais venu. Il se souvient, lui. Il a passé toute la nuit planté au lieu de rendez-vous. Toute la nuit à grelotter, à regarder l'heure défiler, à rager gueuler stresser suffoquer. Toute la nuit à s'demander pourquoi il est pas là, toute la nuit à s'dire qu'il est sûrement parti sans lui. Toute la nuit à sentir les espoirs se briser et p't'être un bout de lui avec eux, parce qu'il y croyait, parce qu'il voulait y croire, parce qu'il voulait s'y accrocher et qu'y a rien de plus amer que les regrets. Rhoan avait pas l'droit d'lui faire ça. Pas l'droit d'lui faire mal si facilement. Et il a pas l'droit de continuer en jouant l'innocent. « PUTAIN MAIS T'ASSUMES RIEN ! T'AS VRAIMENT PAS D'RACE ! » Il comprend pas pourquoi il fait ça, pourquoi il l'a lâché et pourquoi il s'amuse à faire comme si de rien n'était. Pourquoi pourquoi pourquoi et il voudrait lui demander, ça tourne en boucle chaque fois mais les mots n'viennent pas, sa langue se verrouille et à la place il crache rien d'autre que des sarcasmes et des insultes qui valent rien. Ça compense avec toute la valeur qu'il avait donnée à Rhoan à leur pacte à ses espoirs, tout le cœur qu'il avait mis là-dedans trop vite trop fort et tout ça pour rien. Il a envie d'lui lacérer les tripes pour que la douleur soit partagée, lui taillader le cœur jusqu'à l'entendre supplier. À la place il se contente de sa joue et l'entaille se fait profonde, suffisamment pour promettre une balafre à l'avenir. Sa proie hurle, sa proie se débat, il jubile de sentir le sang qui coule et qui lui brûle les doigts à défaut de réchauffer le truc atrophié dans sa poitrine – qui bat, bat encore ou du moins il croit, parfois il sait pas, il sait plus. Il a l'impression que oui quand il observe son œuvre, quand il se délecte de la trace qu'il laisse. Rhoan veut faire d'lui un fantôme alors il compte bien le hanter, et pour l'instant c'est le meilleur moyen qu'il ait trouvé. Il bronche pas quand il le sent pivoter sous lui, le laissant faire sans quitter sa place, s'retrouvant à cheval sur un Rhoan qui lui agrippe les poignets. Il se débat vaguement et puis il arrête, quand il voit que la riposte ne vient pas. Y a du sang sur ses doigts ou peut-être que c'est ceux de l'autre, du sang sur leurs peaux et au fond de leurs yeux, du sang encore du sang trop d'sang entre eux. « On dirait que tu veux crever, mais m'entraîne pas là-dedans. » Ça gronde dans sa poitrine et il sait même pas si c'est parce qu'il veut lui donner tort ou parce qu'il a peur qu'il ait raison. Il le dévisage et y a ses lèvres qui s'tordent, ses poings qui se serrent. « Ta gueule. » Il veut pas crever, il a jamais voulu crever – ou peut-être une fois juste une fois à seize ans sur le toit avec Lena. Putain il veut pas penser à ça, mais quand il regarde Rhoan ça le renvoie des années en arrière, ça le renvoie à tous les presque et les et si qui n'auront jamais d'suite. « J'ai pris une putain de balle pour toi. » Son souffle reste coincé quelque part dans sa trachée ou peut-être que c'est juste les morceaux d'son cœur qui remontent parce qu'il est prêt à exploser. Il se fige, statue de pierre mais c'est plein de fissures et d'écorchures, son regard qui scanne celui de Rhoan. Ça glisse sur chaque parcelle de son visage, d'la même manière qu'il le fait quand l'autre ne fait pas gaffe, quand il s'autorise à le trouver beau peut-être, juste un peu, juste une seconde. Et pourtant à cet instant il le trouve plus laid que jamais parce qu'il aime pas qu'on lui mente et Rhoan le fait avec le foutage de gueule le plus absolu. Personne prend de balles dans la vraie vie, et surtout pas pour lui. « T'es vraiment un fils de pute. C'est tout c'que t'as trouvé ? » D'un geste brusque, il libère totalement ses poignets, s'tenant le dos bien droit, prunelles vrillées sur lui. La haine la haine la haine. « Dis-le que t'es juste un gros lâche et qu'tu fais des promesses en l'air putain ! DIS-LE ! » Ça vrille. Encore. Ses deux mains qui viennent attraper la gorge de Rhoan brutalement et il serre, serre, serre. D'la même manière qu'il a été étranglé avec la barre – mais lui ça lui suffit pas ça, il a besoin du contact, de sentir la chair entre ses doigts, de flamber en même temps que lui. « TU SAIS COMBIEN D'TEMPS J'AI ATTENDU COMME UN CON ? J'COMPTAIS SUR TOI PUTAIN J'T'AI CRU, J'T'AI CRU ET TU M'AS BIEN BAISÉ ESPÈCE DE CONNARD. » Sa voix vibre et c'est à s'demander si c'est la rage ou la détresse et y a tout qui s'mélange, parce qu'il a tout ravalé pendant tout ce temps et maintenant il avoue. Il a les mains qui continuent de serrer et pourtant il a l'impression d'être le plus faible des deux, parce qu'il a cédé, parce qu'il a mis des mots sur sa colère et c'est rien, deux phrases hurlées d'sa voix qui déraille. Mais deux phrases c'est trop parce qu'y a la trahison qui pèse dans chaque syllabe, la douleur trop palpable. Il voulait pas bordel il voulait pas, mais maintenant c'est trop tard. Maintenant il a l'impression que c'est lui qui affiche des plaies béantes et il supporte pas, tout ce qu'il peut faire c'est détourner l'attention avec sa violence. Serrer sa gorge encore et encore et peut-être que s'il l'étouffe ils seront à égalité, peut-être que s'il l'étouffe il pourra lui faire oublier. Sa langue écorchée, et la faiblesse à demi avouée.
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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyLun 12 Juin - 20:27

Y'a du sang sur ses paupières, du sang sur ses mains, du sang autour de lui, son cœur écrasé sur le parquet du théâtre. Leur sang partout, partout autour d'eux. Rhoan a mal, il a du mal à parler, du mal à soutenir son regard mais c'est pas de la honte. C'est de l'épuisement parce qu'il se bat comme un lion mais qu'il est blessé, qu'il sait qu'il tiendra pas longtemps. Il s'est déjà battu, depuis l'Accident, mais on le récupère souvent, dans le caniveau ou ailleurs. On le recoud, on le fout à l'hosto, il s'en sort. Mais pas là. Pas maintenant.
Y'a le sang qui bat, partout dans son crâne
y'a les flashs qui le réveillent, qui font vibrer ses muscles
le regard de Seven qui le transperce.
Il a pris une balle pour lui.
Il se souvient plus trop ni comment, il se souvient un peu de l'argent, un peu de la fuite, il se souvient surtout des derniers instants avant la mort, de ne pas avoir parlé, de ne pas avoir dit son nom. Seven. Seven. Seven.
« T'allais rejoindre qui, hein ? »
Seven.
Et Seven ne le croit pas, il comprend. Lui-même ne peut plus se fier à son cerveau malade, blessé de guerre, celui qui comme la marée impossible à prédire lui envoie en permanence des visions. Il imagine peut être ses souvenirs, les invente. Il ferme les yeux pour ne plus affronter les siens. Il essaye de se souvenir, encore, de cracher la vérité, mais rien ne vient.
Ça parle de lâcheté et de promesses et Seven a attendu, mais qui, quoi ? Il l'a attendu, lui ?
Ils se connaissaient,
il l'a laissé.
Mais Rhoan ne sait plus, Rhoan ne peut pas dire qu'il est désolé.
Il n'en a même pas le temps. Gorge obstruée, les mains qui serrent et son souffle qui se coupe. Ça fait mal, il serre encore. Il se débat, il serre plus fort. Il perds ses couleurs et ses poumons se tordent. Alors c'est comme ça qu'il va crever, de la main d'un mirage ?
J't'ai cru.
Les promesses qui s'envolent autant que les souvenirs.
Il veut parler, lui expliquer. Ses mains autour de celles de Seven, mais il ne le lâche pas. Leurs forces sont égales, il s'en est rendu compte, il sait qu'ils sont dangereux, tous les deux, l'un pour l'autre. Mais il veut se battre, et cette fois pour sa vie, pas pour lui ôter la sienne. Il n'en a plus la force. Ni l'envie. L'orage est encore là mais la tornade est partie. Alors il fait la dernière chose qu'il lui reste à faire. Ses mains se faufilent jusqu'à la gorge de Seven, celle barrée d'une marque violette. Et il serre, il serre, aussi fort que lui, utilise ses dernières forces. C'est quand il pense que tout est fini que l'autre lâche et qu'il lâche à son tour. Et il retombe dans les débris, le souffle court, il crache du sang, l'épave, les poumons en feu et le cœur en charpie. Sa voix est rauque, la faute à ses mains.
« J'me souviens plus, Seven ! J'ME SOUVIENS PLUS DE RIEN! »
Il le croira sûrement pas. Il le connaît pas assez pour savoir. Les trous de mémoire, les oublis constants, les visages, les gens, tout le monde. Combien de fois depuis l'accident a-t-il dit désolé, j'ai oublié, j'me souviens plus, t'es qui ?
T'es qui, Seven ?
Un visage qui se dessine dans les ombres du passé, trop instable dans le présent. Il se masse la gorge, tousse. Il veut se souvenir. Y'a rien qui lui revient. Une rencontre, peut être, une route. Pas de promesse.
« J'me suis échappé... Ils m'ont retrouvé et... Je sais plus. Je sais qu'on m'a tabassé et qu'on m'a dit de parler et que j'ai rien dit. J'me souviens du flingue contre mon crâne. »
Il tourne sa tête à gauche et désigne sa blessure. Le trou béant, réouvert de ses mains. Les points de suture en lambeaux, le crâne ensanglanté. La balle dans sa tête toujours logée, il a jamais su à quel point, il sait juste qu'on peut plus l'enlever.
« Et après, tout a disparu.  J'me souviens plus.»
Il reprend son souffle et il essaye de toutes ses forces, y'a son regard et un jour, il pense avoir vu son sourire. Avant. Y'a une éternité.
« J'me souviens juste que c'est ton putain de visage que j'ai vu juste avant qu'ils tirent et que tout soit noir. »
C'est tout ce qu'il peut lui donner,
c'est tout ce dont il se rappelle.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyLun 19 Juin - 1:31

Il serre et pourtant c'est lui qui suffoque, il serre et pourtant c'est dans sa poitrine que ça fait mal, dans sa tête que c'est le chaos. Il serre mais il a l'impression de s'étouffer lui-même et il arrive plus à s'arrêter. Rhoan qui devient trop pâle trop blanc et puis bleu, l'orage encore visible dans le fond de ses yeux. Seven voudrait continuer jusqu'à le sentir s'affaisser entre ses doigts, jusqu'à n'en garder qu'une poupée désarticulée, un pantin à disloquer pour lui faire payer. Mais il est trop penché sur lui, trop proche, et soudain Rhoan devient miroir – ses phalanges qui répètent les gestes de Seven. Ils s'étranglent mutuellement et p't'être bien que c'est tout ce qu'ils méritent, tout ce dont ils sont capables, tout ce qu'ils ont à s'offrir. L'agonie et le souffle coupé, la rage et un combat que personne peut gagner. Ils sont à égalité et la guerre est stérile, la guerre n'a aucun sens si ce n'est la rancœur qui suinte et coule et empoisonne, ce truc qui se démène au fond d'son cœur, se déchaîne au creux d'ses veines. Il retient sa respiration, encore, encore, parce que la douleur il peut en faire abstraction, la douleur il connaît trop ça c'est ce qui le fait avancer mais pas s'arrêter, jamais. Y a plus d'air qui passe et ça éveille un truc qu'il aime pas, n'accepte pas – la panique chaque fois qu'il respire pas. Ça suffit à l'faire lâcher prise même s'il reste perché là, sur lui, la trachée brûlée par tout l'oxygène qu'il essaie de récupérer. « J'me souviens plus, Seven ! J'ME SOUVIENS PLUS DE RIEN ! » La voix qui le ramène sur terre et il baisse le regard jusqu'à le plonger dans le sien, une main portée à son propre cou comme s'il voulait effacer les traces que Rhoan a laissées ou bien les accentuer jusqu'à les incruster, il sait pas il veut pas savoir. « J'me suis échappé... Ils m'ont retrouvé et... Je sais plus. Je sais qu'on m'a tabassé et qu'on m'a dit de parler et que j'ai rien dit. J'me souviens du flingue contre mon crâne. » Jusqu'à la dernière seconde il refuse d'y croire parce que c'est plus facile de s'dire que Rhoan n'est qu'un putain de menteur, un pauvre con sans le moindre honneur. Ça il peut l'encaisser ça il peut lui faire payer, et puis il tourne la tête et désigne la plaie et tout part en fumée. Y a le sang y a la blessure et ce qu'il reste des points de sutures. Sans trop s'en rendre compte, Seven amène la main jusqu'à son crâne pour le tenir en place, pour mieux voir, pour en être sûr. Comme s'il avait besoin de toucher pour y croire. Le bout des doigts qui effleure la blessure et la chair ne ment pas, la chair ne ment jamais. C'est vrai. Il a pris une balle, une foutue balle, et il a jamais su. « Putain. » Il retire sa main brusquement, comme s'il avait cramé ou pris l'électricité, comme s'il pouvait plus supporter. « Et après, tout a disparu.  J'me souviens plus. » Finalement il sait pas ce qui est pire – Rhoan connard qui se fout de lui et de tout ce qu'ils s'étaient promis, ou Rhoan innocent qui a juste tout oublié tout effacé il reste rien à sauver. Il a la gorge nouée et cette fois c'est ni la barre ni les doigts, c'est l'amertume, c'est les lames enfoncées dans son cœur. J'me souviens plus et lui tout ce qu'il retient c'est qu'il a été oublié, encore, toujours, parce que c'est trop facile il paraît. Ses fugues et personne pour le voir ou le retenir ou le chercher. Sa sœur qui l'abandonne n'importe où parce qu'elle oublie elle aussi elle oublie toujours tout et surtout lui. Son père qui dit t'existes plus parce que c'est facile de le rayer trop facile ils l'ont tous fait même s'il prétend qu'il l'a fait en premier. Tout l'monde l'oublie et Rhoan ne fait que s'ajouter à la liste mais ça fait mal, parce qu'il pensait que ça serait différent, parce qu'il se souvient avoir cru dur comme fer qu'il serait l'exception – lui il allait l'aider, lui il allait l'emmener, pas comme tous les autres bons qu'à le laisser sur le bas-côté. Il s'en fout d'savoir qu'une balle a tout gâché, il s'en fout d'savoir que c'est pas vraiment sa faute. Il retient j'me souviens plus mais dans sa tête ça veut juste dire j't'ai oublié et il a tellement l'habitude que ça l'fait ricaner. « C'est pratique hein, moi aussi j'voudrais avoir oublié ta sale gueule. » La sienne et celles des autres, celles de tout l'monde parce que ça fait mal, ça fait trop mal, tous autant qu'ils sont. Les mauvais et même les bons il s'en fout, y a tout qui s'mélange et il les déteste tous tous tous. « J'me souviens juste que c'est ton putain de visage que j'ai vu juste avant qu'ils tirent et que tout soit noir. » Peut-être que ça devrait l'apaiser ou même le rassurer mais c'est juste une lame de plus et si sa peau saigne moins que celle de Rhoan, à l'intérieur c'est lui qui gagne, c'est lui qui s'vide. C'était lui la dernière pensée mais il veut pas y faire attention parce que c'est pas assez, parce que ça lui sert à rien d'être la virgule avant la mort. Ça fait un sacré bordel dans sa poitrine et ça s'reflète jusque dans ses prunelles, pourtant c'est froid quand ses lèvres s'articulent. « J'en ai rien à foutre. » Bien sûr qu'il ment mais ça suffit pas à faire taire l'abandon, cruel, implacable, même s'il était pas volontaire. Il veut être plus inévitable, plus fatal qu'une balle. « Ils auraient dû mieux viser. » Bang bang et il se relève, se sépare enfin de la carcasse de Rhoan pour mieux se reculer. Autour d'eux un champ d'bataille et du sang et des morceaux, un peu comme une part de Seven qui s'barre en lambeaux. « Moi, je t'aurais pas loupé. » Maintenant il veut juste se tirer, parce qu'il supporte plus ses yeux sa voix ses aveux, parce que la brèche a été affichée au grand jour et maintenant il a trop peur que Rhoan s'y engouffre. Alors il recule, s'éloigne, oublie qu'il est venu avec un sac et une soif de tout détruire. Il a l'impression d'avoir surtout réussi avec lui-même. « On fera comme si on s'était pas vus, t'as qu'à oublier tout ça. » Déjà il commence à tourner les talons mais entre les lignes on lit t'as qu'à m'oublier moi.
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MessageSujet: Re: mourir au club (rhoven)   mourir au club (rhoven) EmptyLun 19 Juin - 20:12

Il tourne et retourne les chimères dans sa tête. Il essaye, en vain, de mettre des mots. Sur les visions, les cauchemars. Le visage au dessus du sien qui est apparu dans ses rêves. Souvent. Trop.
Il essaye de s'accrocher au fantôme.
Il ne connaît toujours pas la promesse et sa trahison, il sait pas, il sait qu'il a volé, fui, voulu s'échapper, qu'on l'a rattrapé, mis à mort, qu'il s'est retrouvé dans le fossé. Meredith lui a raconté son état, c'était pas joli à voir, le nez dans les fougères et la tête explosée, il aurait pu y passer.
À cause de lui ?
Du petit con aux mains serrées sur sa trachée ?
Lui aussi a du mal à y croire. Mais ses pensées sont là. Ses yeux avant l'impact. Ses mains avant la chute. Il y a pensé dans ses dernières volontés, il le sent, il le sait. Comme s'il avait Seven gravé dans les veines.
Ça lui fout la haine.
Et quand ses doigts l'effleurent, il sent un courant électrique. La réalisation, quand il se recule comme attaqué. Pas par ses poings, par leurs souvenirs communs. Parce que Seven se souvient de tout. Il le voit. Il veut rien dire, il préfère l'accabler de tous les reproches du monde. Il le croit pas. Mais il la voit, la rancoeur et la colère des promesses en l'air. Il s'excusera pas. Il a rien fait. Il aurait pu crever pour lui. Pas aujourd'hui.
Et il crache dans sa direction. Lui aussi aurait aimé oublier. Oublier tout, tout, jusqu'à sa mémoire musculaire. Oublier les ombres floues. Ne pas essayer de se remémorer. Le laisser dans l'inconnu, et mourir de ses mains. Il aurait préféré crever, parce qu'il aurait pas eu droit à ce regard-là.
Le regard qui veut tout dire.
Y'a ses mots, crus, ses mots-couteaux,
ses mots qui sonnent faux.
Il voit, Rhoan, son regard trembler. Les prunelles gorgées de sang qui ne cesse de vaciller. Rhoan c'est comme un charognard. Il sent la détresse, il se délecte de la faiblesse. Mais il reste par terre, épave éphémère, loup blessé qui n'a plus le temps d'attaquer. Il voit l'abandon qui tangue dans les yeux de Seven et il sait,
parce qu'au fond,
ils sont pareils.
Parce qu'ils sont deux gamins paumés qui comptaient sur quelqu'un qui les as laissés, la part d'espoir envolée, les poing serrés. Ils sont pareils et ça le fait flipper, Rhoan, parce qu'il veut pas devenir ce connard paumé qu'il voit en face de lui. Comme les deux facettes d'une pièce rouillée bonne à jeter même en frottant bien. Seven se lève et il reste au sol, crache ses poumons, encore. Il le regarde tourner les talons comme s'il n'importait rien, mais il le laisse partir. Maintenant, il sait que c'est faux. Il sait qu'il importe, malgré ses mots, il l'a vu dans sa voix et ses pupilles qui tremblent. Il sourit, même, la balafre qui goutte contre le sol.
« C'est dommage hein, t'étais pas là. À voir si tu m'aurais sauvé ou achevé. »
Il part comme s'il laissait un travail inachevé et Rhoan espère qu'il emporte pas une partie de lui avec. Il voudrait le rattraper, mais pour quoi faire. Tout est foutu quand les deux équipes du match sont bousillées. Échec et mat, les talons qui claquent sur le sol.
« Tu sais qu'on se reverra. Et j'sais que toi, t'oublieras pas. »
Parce que peut être que demain, quand il se réveillera, il se demandera qui lui aura fait autant de marques et de bleus. Peut être qu'il repassera les mains sur ses blessures, la tête qui tourne. La gueule de travers à cause d'un gamin trop féroce. Il ricane à son tour. L'ombre qui lui file entre les doigts, qu'il ne cherche plus à rattraper. On peut pas courir après ses souvenirs.
« T'aurais du scarifier ton nom sur ma peau, au lieu d'une ligne droite. Là, t'aurais peut-être eu de l'importance. »
Il en avait eu, autrefois
il n'en a plus, maintenant
plus du tout
(il ment il ment il ment).
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