Tu prévoyais de finir à vingt-deux heures, hier soir. Mais à la dernière minute, l’état de l’un de tes patients s’est compliqué et tu as été obligé de l’opérer une seconde fois. C’est donc à seulement cinq heures du matin, que tu as quitté l’hôpital. Epuisé, tu t’es fait raccompagner par un taxi et arrivé chez toi, tu t’es juste écroulé sur ton lit. Tu n’as même pas pris la peine de te déshabiller. Quelques heures plus tard, c’est Mina au téléphone avec une amie, vraisemblablement, traversant le couloir, qui te réveille.  Tu plisses les yeux, affrontant avec difficulté les rayons du soleil qui envahissent ta chambre et grognes doucement. Qu’est-ce qu’elle fait à la maison à onze heure, un jour de semaine ? Tu as déjà ta petite idée, mais tu décides de te lever pour aller lui demander directement. Tu traines les pieds dans le couloir qui mène à sa chambre et toque avant d’entrer. Comme tu t’en doutais, elle trouve une excuse un peu bancale qui te fait soupirer. Tu lui dis alors que tu vas préparer un truc à manger et que cet après-midi, tu veux qu’elle aille en cours. Elle t’ignore royalement, continuant sa discussion, pendant que tu refermes la porte pour aller prendre une douche. Quand tu es au boulot, tu ne manques pas d’autorité, mais avec elle, tu ne sais pas comment t’y prendre. T’as envie qu’elle t’accepte et qu’elle se sente bien avec toi. Tu sais que la situation n’est pas facile pour elle, alors tu tentes de ne pas trop l’étouffer. Mais elle en profite et tu t’en rends à peine compte. T’es trop naïf, trop gentil. Propre et habillé, tu descends à la cuisine pour préparer un brunch. Tu t’appliques comme à ton habitude, mais elle ne semble pas le remarquer, lorsqu’elle décide de descendre. Elle passe tout le repas sur son portable, malgré que tu lui aies demandé de le poser et finalement, remonte dans sa chambre. Elle te laisse seul avec ton désespoir sans t’avoir adressé le moindre mot. Alors, tu te plonges dans les pages du journal qu’on a déposé devant ta porte, ce matin. Tu réponds à quelques mails et check le courrier. Et pour finir, tu appelles un taxi pour retourner à l’hôpital, puisque ta voiture a passé la nuit là-bas. Une dernière fois, tu demandes à Mina de se rendre en cours. T’es pas sûr que cela serve à quelque chose, mais tu n’as pas le temps de la surveiller pour t’en assurer. Tu empruntes l’entrée des urgences qui semblent plutôt calmes et sur ton chemin, croise le regard d’une jeune femme, son fils dans les bras. Tu fronces les sourcils en voyant cette plaie qui saigne au niveau de son arcade, peu satisfait de voir ce genre de blessure attendre. Tu vas donc demander à l’une des infirmières depuis combien de temps cet enfant est ici et comme tu t’en doutais, trop longtemps. Alors, tu décides de prendre les choses en main et t’approches d’eux. « Bonjour, je suis le Docteur McGinness. Vous permettez que je regarde la blessure de votre fils ? » Personne ne t’a confirmé qu’il s’agissait de sa mère, mais à voir comment elle le tient, cela ne fait aucun doute. Tu attends son accord et seulement après l’avoir obtenu, tu te mets au niveau de l’enfant pour évaluer les dégâts. « Hey ! Moi c’est Henry et toi, monsieur le cascadeur ? » Demandes-tu avec un léger sourire, pour détendre le jeune Leon. « Tu peux me dire ce qui t’es arrivé ? » Les larmes perlent encore les joues de ce pauvre garçon et ça mère semble en stress, mais tu te veux rassurant.