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 la loi de murphy. (madney)

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Mads Levy

Mads Levy
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MessageSujet: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyLun 1 Mai - 22:37

Plantée devant son armoire, elle rumine. Hésitante. Sa raison la pousse à enfiler un jean et un débardeur lambda, histoire de privilégier le confort et la sécurité. Mais y a son coeur qui n'est pas de cet avis. Y a cette envie qui raisonne dans sa poitrine, sans qu'elle ne prenne vraiment le temps de l'analyser, qui tente de la pousser à se vêtir un peu plus sexy. Envie tacite, inavouée, honteuse, envie à blâmer, parce que c'est pathétique. Et pourtant, ça la démange. C'est pas tant plaire à proprement parler qu'elle veut. Elle veut surtout rendre jaloux quelqu'un, attirer son attention, faire tourner sa tête. Mais elle n'entend pas tout ça. Ça reste une envie muette qu'elle étouffe soigneusement, la laissant exister sans pouvoir vraiment s'exprimer. C'est comme un besoin stupide de se venger, elle ne sait pas vraiment de quoi, ni de qui. Mais c'est là, bien présent et ça prend toute la place. Ça l'obsède. Elle vient mordiller l'intérieur de sa joue, sans parvenir à se décider. C'est le vibreur de son téléphone qui la tire de ses pensées. Elle soupire et marche jusqu'à son lit pour lire le message reçu. C'est Sid qui la prévient qu'il vient de partir et qu'il sera là dans 10 minutes à peine. Plus le temps d'hésiter, plus le temps de réfléchir. Elle se précipite jusqu'à son armoire, jette un dernier regard à ses jeans avant de se rabattre sur une mini-jupe taille haute, du genre moulante et à motifs, avec un petit croc-top noir basique. Elle rajoute une large chemise en jean par-dessus qu'elle laisse bien évidemment ouverte, remonte les manches jusqu'aux coudes et enfile une paire de baskets en toile. Elle passe devant le miroir, sans savoir quoi faire de ses cheveux. Elle les attache et les détache cinq fois de suite avant de perdre patience et d'abandonner, laissant sa crinière sauvage libre. Une touche de mascara sur les cils et déjà, on toque à sa porte. Elle inspire un grand coup et trottine jusqu'à cette dernière, balance ses cheveux en arrière et ouvre brusquement la porte, avec toujours cette foutue moue mécontente sur le visage. Fidèle à elle-même. Elle ferme les yeux une seconde en découvrant la tronche de Sid, ayant presque oublié qu'il s'était ramené quelques jours auparavant avec la gueule cassée. Et il avait fallut qu'elle s'occupe de lui, qu'elle le soigne. Elle n'avait pas été tendre avec lui. Pas que ça l'emmerdait de panser ses plaies, mais elle voulait juste lui montrer son désaccord. Elle l'avait trouvé stupide à se lancer à la poursuite de son voleur de sac et elle avait eu raison, puisqu'il était tombé dans un guet-apens et s'était fait ravaler la façade. Elle avait toujours aimer le côté doux et pacifiste de Sidney, elle n'avait absolument aucune envie de le voir se mettre à la bagarre. Elle avait autre chose à foutre que de ramasser les pots cassés, ou de s'inquiéter pour lui. Alors elle le dévisage, serre les dents et grimace doucement. - Super, j'avais oublié l'état d'ta tronche. On va avoir l'air malins. Elle lève les yeux au ciel et relâche la poignée histoire de se détourner pour retourner vers son lit, laissant Sidney rentrer de lui-même. Pas besoin de l'inviter à le faire, y a bien longtemps qu'ils ont dépassé ce stade. A vrai dire, Sidney a même le double des clés de la chambre, histoire de pouvoir passer quand il veut, si besoin. Juste au cas ou. Elle commence à remplir son sac à main de tout ce dont elle a besoin et continue de râler, comme à son habitude. - T'es sûr du plan de ce soir ? Tu m'as jamais parlé de c'pote en plus.. Et Sidney n'était pas du genre cachotier d'ordinaire. Ni du genre à avoir des potes qui participent à des soirées chelous. Parce que cette soirée puait le mauvais plan à 10 kilomètres à la ronde. Pas d'infos, juste une adresse et un horaires. Pas de nom, rien. Ça sentait la rave party et Mads n'avait jamais été une adepte de ce genre de soirées. Elle ferme son sac et le balance sur son épaule avant de pivoter pour refaire face à son ami. Et pendant quelques secondes, elle bloque un peu. Le souvenir de leurs lèvres qui se rencontrent revient lui cramer la bouche et embraser son palpitant. Elle se tend et chasse soigneusement ça de son esprit, verrouillant tous ces sentiments perturbants dans un recoin sombre de son esprit auquel elle n'a pas accès. Ça fait des jours qu'elle essaye d'oublier, de s'en débarrasser, mais ça finit toujours par s'échapper des prisons mentales qu'elle bâtit pour lui revenir en pleine face. Et ça commence à sérieusement la gonfler. Elle coupe court à cet échange visuel, d'un silence pesant, en braillant à nouveau. - Bon ben, on y va ou quoi ? Et elle lui passe devant, courant d'air chargé en électricité, prêt à foudroyer le premier venu qui l'emmerdera. Elle le laisse refermer derrière lui et se dirige vers la voiture de Sid, grimpant dedans sans dire un mot de plus. Elle a du mal à rester détendue en sa présence depuis leur altercation. Et encore pire depuis la nuit qu'ils ont passé ensemble ce soir-là. Tous les deux sous les couvertures, à se frôler sans oser se toucher, les entrailles en morceaux, les nuées de papillons, le rythme cardiaque affolé qu'elle n'était pas parvenu à calmer. Non, décidément, elle n'arrivait pas à oublier malgré tous ses efforts. Et ça la foutait en rogne. Alors, dès qu'il met le contact, elle n'attend pas une seconde de plus et monte le son de la radio. Le message est clair : elle ne veut pas parler. Tournée vers sa fenêtre, elle regarde le paysage défiler dans un silence pesant, trop pour ne pas devenir suspect. Et très vite, elle regrette sa tenue. Elle aurait été mieux dans un jean. Elle souffle par le nez, contrariée, excédée par ses propres décisions. La voiture finir par s'arrêter, devant un grand bâtiment ancien, qui de toute évidence n'est pas un bâtiment résidentiel. Ça ressemble plus à une sorte d'entrepôt. Et devant, ça grouille de monde. La musique bat son plein, ça gueule, ça se bouscule et Mad devine très bien à quoi ça doit ressembler à l'intérieur. Elle avait raison. Ce n'est pas une petite soirée tranquille chez quelqu'un. Elle échappe un gémissement plaintif, avec pour seule envie de faire demi-tour et de rentrer au motel. - Sid, putain. Qu'elle lâche enfin, comme si tout était de sa faute. Et dans sa tête, ça l'est. Après tout, c'est lui qui l'a invitée dans ce plan foireux. Elle croise les bras et lui lance un regard noir. - T'es qu'un con. Classique.
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Sidney Kasabian

Sidney Kasabian
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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyMar 9 Mai - 19:49

C'est ridicule d'être aussi nerveux, les mains un peu moites et le cœur qui fait des bonds, alors qu'il se fixe dans le rétroviseur en se traitant de con. Il sait même pas pourquoi il est dans cet état, alors qu'ils vont juste à une foutue soirée. Peut-être parce que la saveur de ses lèvres continue d'le hanter. Peut-être parce qu'il arrive plus à la sortir de sa tête – il avait déjà du mal avant, mais là ça devient carrément une torture. Il est même pas capable de dire s'il a vraiment envie d'être là, parce qu'il sait que ça va faire mal, de la voir, d'être proche mais pas assez, jamais assez, plus après c'qui s'est passé. Il sait pas combien de temps il va encore pouvoir s'en contenter. Plus ça va plus c'est compliqué, plus il est fatigué, frustré, tiraillé. Il en a marre mais il peut pas arrêter, il peut pas s'en passer. Sûrement que ça frôle le masochisme, y a quelque chose qui tourne pas rond chez lui, un truc abîmé là-dedans. Il préfère éviter d'y penser, surtout maintenant ; c'est pas l'temps pour les crises existentielles. Il traîne sa carcasse jusqu'au motel, salue rapidement la mère de Mads en la croisant, et va se planter devant sa porte. Elle met pas longtemps à venir ouvrir, et s'il se force à afficher un sourire un peu coincé, elle a pas la même amabilité. Elle tire la gueule et pourtant c'est pas ça qui le frappe. C'est son éternel air sauvage, avec son regard fauve et ses cheveux en vrac. Et puis sa tenue – la jupe qui dévoile ses cuisses et laisse deviner ses courbes, le haut qui laisse apercevoir un peu de sa peau. Elle est belle. Il a envie d'lui dire, il veut qu'elle sache, il oublie les barrières et il est prêt à le cracher comme un aveu trop honteux. Mais comme toujours, elle est là pour le ramener sur Terre. La chute est brutale. « Super, j'avais oublié l'état d'ta tronche. On va avoir l'air malins. » Mads, elle a un don pour réduire l'ego des gens en morceaux. Il sait bien la gueule qu'il a, difficile d'oublier sa lèvre toujours amochée, l'hématome sur sa pommette, la plaie qui lui barre encore l'arcade. Y a des ecchymoses qui ont fleuri jusque sous ses fringues, à lui dégueulasser le dos et l'abdomen. Il a l'impression de faire pitié et il se sent ridicule à côté d'elle, avec son pauvre t-shirt et son jean qui sortent pas de l'ordinaire, sa sale tronche et son sourire cassé. « Euh.. ok. Ça fait plaisir. Toi aussi t'es jolie. » Il emploie un ton sarcastique pour déguiser le compliment, pour le faire passer plus facilement. Il a envie de s'insulter mais d'un autre côté il s'en fout, il est las de jouer, las de toujours la fermer. Il aimerait se lâcher, juste un peu, juste assez. Et avec tout ce cinéma, il se dit qu'il a le droit. Au moins une fois. « T'es sûr du plan de ce soir ? Tu m'as jamais parlé de c'pote en plus.. » Normal, c'est pas un pote. Mais il veut pas lui dire, parce que ça l'obligerait à mentir encore plus, ou à avouer ce qui s'est réellement passé quand il a tenté de récupérer son sac. Il aime pas raconter des bobards, mais vaut mieux ça plutôt que passer pour un loser encore et encore. « Mais oui t'en fais pas, il est un peu chelou mais il est cool. Il m'ferait pas un plan foireux. » Y a sa main qui frotte l'arrière de son crâne et ça se voit qu'il est nerveux, ça se sent qu'il est pas à l'aise. Elle va le voir, elle va le griller, c'est obligé. Il panique un peu intérieurement, et il finit par soupirer, prenant un air exaspéré pour cacher son anxiété. « Et puis arrête de t'inquiéter, promis tout va bien s'passer. Tu me connais. » Il insiste du regard, pour lui rappeler à qui elle fait face – juste lui, le pauvre gars un peu minable, mais sûr. Pas une raclure.

« Bon ben, on y va ou quoi ? » Il sent la fermeté dans sa voix, dans sa façon d'éviter son regard, dans son pas déterminé. Elle lui passe devant et il la regarde faire en silence, sortant derrière elle en fermant la porte. Il la suit et il peut pas empêcher son regard de couler dans son dos, jusqu'au creux de ses reins, puis le long de ses jambes. Il la regarde et ça lui tord les tripes, parce que c'est tout ce qu'il n'a pas, n'aura jamais. Y a les mots de Nash qui reviennent tourner dans sa boîte crânienne – les je lui fais sa fête et je m'occupe de ce que tu seras jamais capable de faire, chaque lettre qui s'incruste sous sa peau et qui lui fait serrer les poings. Ça le fout en colère, autant que ça le met à terre. Alors il a beau ravaler la bile, y a ses dents qui grincent et ses yeux qui s'assombrissent, ses traits qui prennent une expression fermée quand ils s'engouffrent dans la voiture. Presque soulagé quand elle prend le soin de monter le volume de la radio, comblant tout l'habitacle. Ça suffit pas à faire disparaître la tension – celle de Sid, celle de Mads. C'est palpable et ça rend l'air électrique, mais il fait mine de se concentrer sur la route pendant qu'elle regarde par la fenêtre. Tant pis si ses mains se cramponnent un peu trop au volant, tant pis s'il se mord la langue pour pas l'ouvrir et tout gâcher à nouveau. Il a pas envie. Il aimerait juste pouvoir profiter, oublier tout le reste et simplement s'amuser, avec elle. Passer une bonne soirée, et laisser les rancœurs de côté. Mais y a ses lèvres qui brûlent de revenir happer les siennes, la moindre de ces cellules qui le supplie de rétablir le contact. Pourtant il ose pas. C'est étrange, c'est un peu gênant, comme si le simple fait de se frôler risquait de mettre le feu aux poudres. Elle risquerait de lui exploser entre les doigts, et il est pas sûr de pouvoir se recoller encore une fois. « Sid, putain. » Il se gare, et la musique dans l'entrepôt est tellement forte qu'elle vibre jusque dans l'habitacle. Ça grouille comme une fourmilière, des carcasses qui s'affairent et des éclats de voix un peu partout. Clairement, c'est pas le genre de coin où il a l'habitude de se traîner. C'est plus proche de la rave party que de la bonne soirée entre potes. Il sent les réticences de Mads, et sûrement qu'en temps normal il aurait un peu les mêmes – c'est pas ce qu'il préfère, ces trucs-là. Mais il s'dit que ça peut être un mal pour un bien, peut-être que ça l'aidera à se détendre et à tout lâcher, à arrêter de se torturer dans le vide. Peut-être qu'il a besoin de ça pour se vider la tête, pour pouvoir profiter avec elle sans avoir le cœur qui se serre. Et puis peut-être qu'au fond, il repense aux conseils du connard qui l'a cogné puis invité – peut-être bien qu'il a envie d'y croire. « Quoi ? » Il prend un air presque innocent, comme s'il comprenait pas pourquoi elle tirait une tronche pareille. « T'es qu'un con. » Elle croise les bras comme une petite fille fâchée, c'est ridicule. Il la regarde un instant, avant de soupirer. « Mads, s'te plaît. C'est juste une soirée. Arrête de me regarder comme si j'avais cassé ton jouet préféré. » Il fait la moue lui aussi, d'un air un peu enfantin, dans une tentative de paraître aussi mignon que possible. Il a pas envie de l'énerver, juste de l'amadouer. Maintenant qu'ils sont là, ce serait con de reculer. « On va pas repartir sans au moins essayer d'entrer, hein ? On est même pas obligés de rester si ça t'plaît pas, mais au moins on tente, ok ? Juste dix minutes, pour voir. » Il tente de la rassurer du regard, pour lui montrer qu'il veut pas l'embarquer dans un truc foireux si c'est c'que ça se révèle être. Il veut juste tenter – il en a marre de jamais oser. Et il attend pas vraiment qu'elle réponde, sortant de la voiture le premier, bien décidé à ne pas la laisser choisir pour deux cette fois. Il voit bien qu'elle est pas franchement convaincue, alors il souffle un peu, même si un sourire amusé tire le coin de ses lèvres. Il fait le tour, venant ouvrir la portière de Mads en s'appuyant dessus, sans la quitter du regard. « Allez, s'te plaît. » Qu'il répète, doux mais la voix presque suppliante. « Dix minutes. » Il finit par tendre la main vers elle, un peu hésitant, mais bien décidé à ne pas lui céder. « Tu m'fais confiance ? » Et au final c'est une vraie question – comme un test, comme si sa réponse n'était pas valable juste pour ce soir, mais pour tout le temps. C'est sûrement pour ça qu'y a un truc qui s'emballe, dans son palpitant.
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Mads Levy

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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyLun 15 Mai - 14:32

- Euh.. ok. Ça fait plaisir. Toi aussi t'es jolie. Le ton a beau être sarcastique, y a le mot jolie qui raisonne en boucle dans la tête de Mads. Elle se crispe, contient un frisson et fait taire son cœur qui s'emballe joyeusement. Crétin de palpitant. Elle voudrait le crever parfois, pour qu'il arrête de battre si fort dès que Sid est là. Il est con ce palpitant, à s'emballer pour rien. Pour Sidney. Elle a jamais compris pourquoi son rythme cardiaque n'était jamais le même en compagnie de son ami. Elle n'a jamais voulu comprendre. Elle se dit que c'est probablement lié au fait qu'ils sont amis depuis longtemps, fusionnels, inséparables. Qu'il a une place de choix d'une certaine façon. Ni plus, ni moins. Mais ce soir, le compliment - est-ce que c'en était vraiment un ? - tourne en rond dans le crâne de la brune. Est-ce qu'il lui a déjà dit qu'elle était jolie ? Elle ne sait même plus. Elle n'avait jamais fait attention jusqu'à maintenant, jamais percuté. Alors, elle ne saurait pas dire. Mais cette fois-ci, elle l'a bien entendu. Bien enregistré. Et elle n'est pas certaine d'apprécier. Parce que le baiser de la dernière fois a tout compliqué. Que désormais, tout devient ambiguë et prête à confusion. Elle serre les dents et déglutit. Elle était censé se l'être enlevé de la tête ce foutu baiser. Cette erreur, ce dérapage. Ça ne voulait rien dire. Rien dire du tout. Simple moment de faiblesse, pulsion instinctive pour combler sa solitude et le manque qu'il avait laissé pendant son absence. C'est tout. Fin de l'histoire. Elle s'en convainc plus ou moins et parvient ainsi à se détendre. Elle se contente donc de hausser les épaules et de pivoter pour aller récupérer ses affaires, enchainant la conversation sur autre chose, histoire d'oublier les mots de Sidney. - Mais oui t'en fais pas, il est un peu chelou mais il est cool. Il m'ferait pas un plan foireux. Elle le connaît depuis le temps. Elle sait quand il ment, quand il n'est pas sûr. Sa voix qui devient plus aigüe, son ton un peu hésitant, comme s'il tâtait le terrain. Elle tourne la tête vers lui et l'observe, le regard dur. Comme si elle le sondait, comme si elle allait tout pouvoir deviner. Et elle le voit s'enfoncer en passant une main nerveuse derrière sa tête. Elle se redresse et souffle, posant sur lui ses prunelles inquisitrices. Ça pue le plan foireux. Il soupire et se défend comme il peut. - Et puis arrête de t'inquiéter, promis tout va bien s'passer. Tu me connais. Elle demeure stoïque encore quelques secondes, comme si elle décidait de sa sentence. Puis finalement elle soupire et lève les yeux au ciel. - Ça va, ça va, t'as gagné. Elle n'est pas vraiment convaincue mais elle n'ose pas remettre en question sa confiance en lui. S'il promet, alors, elle veut bien le croire. Elle l'a toujours cru. Elle s'en est toujours remise à lui aveuglément. Alors ce soir encore, elle veut bien jouer le jeu. En espérant ne pas faire une erreur.

Et le trajet s'apparente à une interminable torture. Elle sent l'électricité dans l'air, qui émane d'eux, de leurs nerfs à fleur de peau. Ça brûle, ça pique et elle se sent horriblement mal à l'aise. Y a un truc de changé entre eux depuis l'autre soir. C'est la première fois qu'elle est mal à l'aise en sa présence, et ça lui fait comme un pincement au cœur. Parce que Sid a toujours été son havre de paix et de bonheur. Il a toujours été cette présence si douce, si réconfortante. Avec lui, tout est si naturel. Mais plus maintenant. Quand il est revenu dormir l'autre nuit, elle n'a même pas osé le toucher, alors que d'habitude elle aime venir coller ses pieds glacés sur lui et se blottir contre son dos. Là, elle s'était installée le plus loin possible de lui et avait à peine dormi, nerveuse, gênée. Et voilà que ça recommençait. D'ordinaire, elle ne pouvait pas s'empêcher de toucher au volant en lui gueulant dessus parce qu'il n'était pas assez à droite, ou pas assez à gauche. D'habitude, elle s'amusait à poser sa main sur le levier de vitesse, sous celle de Sid, juste comme ça. Juste pour le plaisir. Mais pas ce soir. Non, ce soir elle reste terrée dans son coin, sans un regard. Le cœur comprimé, qui bat maladroitement. Le sang bouillant qui liquéfie tout sur son passage. Notamment son courage. Quoi que, ça fait bien longtemps qu'il s'est barré celui-là. Elle n'est même pas sûre de l'avoir déjà croisé une fois. Le seul point positif dans tout ça, c'est que Sid n'insiste pas. Il ne dit rien non plus, il laisse le son de la musique les séparer et conduit en silence. Pourtant, elle la sent sa nervosité. Il la contamine, parce qu'elle a toujours été trop réceptive aux émotions de Sidney. Comme un fil invisible qui les relierait en permanence et sur lequel glisserait les émotions de l'un ou de l'autre.

Et lorsqu'ils arrivent enfin, ça ne s'arrange pas. Elle avait raison. Il est là le plan foireux, sous ses yeux. L'endroit est foireux, la musique est foireuse, la quantité de gens aussi. Y a rien qui va. Tout qui déconne. Alors elle râle. Et Sid fait l'innocent, fait celui qui ne comprend pas. Et ça l'énerve encore plus. T'es qu'un con, qu'elle lui dit, fâchée, pas décidée à sortir de la voiture. Elle voudrait lui dire de faire demi-tour et de rentrer immédiatement. De la ramener chez elle et de s'en aller, pour la laisser respirer. Parce qu'elle étouffe là. Sa présence se mêle aux souvenirs de l'autre nuit, ça rempli toute sa cage thoracique et ça ne laisse plus de place pour l'oxygène. Ses lèvres désespérées qui font écho aux réclamations de sa poitrine et qu'elle refuse toujours d'entendre. Luttant de toutes ses forces, bâtissant un mur insonorisé autour d'elle pour ne plus rien entendre, ne plus rien sentir. - Mads, s'te plaît. C'est juste une soirée. Arrête de me regarder comme si j'avais cassé ton jouet préféré. Il se fait doux et Mads tourne la tête vers lui, pour découvrir la petite moue qu'il lui offre. Et c'est comme de l'acide qui vient doucement ronger son mur, le fissurer. Il a ce foutu pouvoir sur elle et elle se demande s'il en a conscience. Elle serre les dents encore plus fort, s'engueule intérieurement pour ne pas céder. - On va pas repartir sans au moins essayer d'entrer, hein ? On est même pas obligés de rester si ça t'plaît pas, mais au moins on tente, ok ? Juste dix minutes, pour voir. Elle détourne la tête pour ne plus le regarder, pour garder un peu de forces, pour lui résister. Mais c'est dur. Les fondations de son mur qui s'écroulent et déjà y a Sid qui s'infiltre de partout. Comme une lumière chaude, qui réchauffe tout sur son passage. Elle balance sa tête en arrière en soupirant fortement, contrariée. Elle n'a aucune volonté. Et ça l'agace. Elle continue de se taire, de bouder. Parce que si elle se met à parler, elle va craquer. Elle le sait. Mais Sid prend les devants. Il sort de la voiture, sous le regard mécontent de Mads qui voudrait protester mais qui continue de la fermer. Juste au cas ou. Il ouvre sa portière, avec toujours cet air si délicat qui le caractérise si bien. Sid, c'est 1m80 de douceur. L'allure d'un voyou, le regard d'un tendre et le cœur généreux. Et tout ça, ça la touche bien plus qu'elle ne l'a jamais avoué. - Allez, s'te plaît. Dix minutes. Elle échappe une sorte de grognement, histoire de montrer qu'elle proteste, qu'elle n'est pas d'accord. Mais le voilà qui lui tend la main et qui la prend par les sentiments. - Tu m'fais confiance ? Elle tourne la tête vers lui, presque indignée et le fusille du regard. Elle a la sale impression de se faire avoir. Elle inspire un grand coup et souffle bruyamment par le nez. Après quelques secondes de flottement, elle finit par se bouger. Elle frappe la main tendue de Sid pour qu'il la retire et sort de la voiture par ses propres moyens. - Tu m'saoules. Qu'elle râle. Mais pourtant, elle est sorti. Elle est bien là sur le trottoir, avec lui. Et ça veut tout dire. Bien sûr qu'elle lui fait confiance. Plus qu'à n'importe qui d'autre. Mais elle n'aime pas devoir lui montrer, lui prouver. Elle n'aime pas qu'il le sache, qu'il en soit sûr. Comme si c'était risqué pour elle. C'est ridicule.

Elle croise à nouveau ses bras et avance à ses côtés jusqu'à l'entrée. Elle y met toute la mauvaise volonté du monde. Le pas claquant, les soupirs répétés, les regards furieux lancés à tout ceux qu'ils croisent. Comme si c'était de leur faute à tous. Et pendant qu'ils font la queue pour rentrer, elle se décide enfin à l'ouvrir. Pour râler, évidemment. - Dix minutes hein ? Pas une de plus. Elle le darde de ses prunelles, se faisant intransigeante. Pas de négociations possibles. Elle guette déjà l'heure sur son téléphone, prête à repartir. Et quand ils rentrent enfin, la musique lui vrille les tympans et il lui faut quelques secondes pour se faire aux lumières. C'est bondé et les gens sont déjà déchaînés. Et ça la gonfle déjà. Elle voudrait s'accrocher à Sid, de peur de le perdre dans la foule, mais elle n'ose pas, restant à une distance raisonnable, le surveillant du coin de l’œil. Elle ne veut pas danser, pas rire, pas s'éclater. Elle veut rentrer. Mais elle a promis à Sid dix minutes. Alors, elle fait un effort. Elle se penche vers son oreille, sans pour autant le toucher, comme si elle avait peur de partir en fumée au moindre contact. Et elle hurle, pour couvrir la musique. - J'vais aux toilettes, va nous prendre à boire et on se rejoint ici. On boit le verre et après, on s'casse. Et sans lui demander son avis, elle pivote et l'abandonne pour se diriger vers les toilettes des filles. Enfin, ce qu'elle croyait être les toilettes des filles. En réalité, c'est mixte, tout le monde se mélange et ça la gonfle. Elle fait la queue un moment, attendant son tour, trépignant d'impatience. Une fois fait et ses mains lavées, elle ne peut pas s'empêcher de se sentir gênée par les regards posés sur ses jambes. Faut dire qu'elle n'avait pas prévue d'atterrir ici. Si elle avait su, elle serait venue avec un truc plus long. Du coup, elle s'empresse de retirer sa chemise en jean et elle vient la nouer autour de sa taille. La chemise, plutôt large, tombe plus bas que sa jupe et la couvre un peu mieux et déjà, ça la rassure. Elle retourne dans la foule, au point de rendez-vous et Sid est déjà là. Deux verres à la main. Elle attrape celui qu'il lui tend en gueulant. - Plus que 4 minutes. Ouais, elle triche. C'est pas juste de compter le temps de séparation, mais c'est comme ça. De toute façon, elle se sent mal. Les odeurs et la foule, ça l'oppresse. Elle a peur d'avoir la nausée. Alors autant en finir rapidement. Elle descend son verre cul sec, sans se soucier de ce qu'il y a dedans. Sans savoir qu'elle vient de se faire avoir. Elle repose le gobelet sur le mur derrière elle et reprend sa posture fermée, complètement hermétique au monde qui l'entoure, tirant une gueule de six pieds de long. Et puis, les minutes passent. Elle en oublie presque de vérifier l'heure. Y a ses muscles qui se détendent, les idées noires qui s'estompent, sans qu'elle sache pourquoi et, bizarrement, ça ne la préoccupe pas plus que ça. Son visage s'éclaire progressivement, ses barrières tombent doucement. Soudain, c'est comme si la musique lui semblait moins mauvaise. L'ambiance moins pesante. Et la présence de Sid plus facile à accepter. Elle se tourne même vers lui, sa main glissant le long du bras de son ami. - On danse un peu, avant de partir ? Y a toujours cette idée en tête, celle de partir. Mais elle lui semble moins urgente, moins importante. Les dix minutes sont déjà largement passées, mais elle ne réalise pas vraiment. Elle passe devant, Sid dans son sillage, pour aller se noyer au cœur de la masse. Ils se retrouvent face à face et Mads se met à onduler au rythme de la musique, le visage à moitié couvert par sa crinière. Elle se sent plus légère, plus euphorique, à chaque seconde qui passe. Et très vite, elle se retrouve à danser près de lui, ses mains qui viennent se poser sur le torse de son ami, son bassin qui frôle le sien dans des mouvements aussi lascifs qu'innocents. Elle ne sait pas d'où ça vient cette subite humeur légère et en temps normal, elle s'en serait inquiétée, elle aurait réagit. Mais y a plus rien de normal à cet instant. La drogue qui coule dans son sang, sans qu'elle ne le sache. Libération chimique. Sidney a triché. Sidney a foiré.
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Sidney Kasabian

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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyLun 22 Mai - 21:03

« Ça va, ça va, t'as gagné. » Ça change de d'habitude et il peut pas s'empêcher de sourire – un truc léger, presque discret, mais qui lui donne l'air d'un gosse. Parce qu'il est venu à bout d'elle et que ça n'arrive pas si souvent que ça, c'est plutôt l'inverse en général et il essaie même plus de lutter, au point où il en est. Mais ce soir c'est lui qui gagne la partie, peut-être que c'est un peu déloyal parce qu'il appuie sur les points sensibles, parce qu'il utilise son regard le plus rassurant et la confiance qu'elle lui porte. À promettre que tout s'passera bien alors que lui-même n'en sait rien, après tout vu comment il a été invité c'est mal barré avant même d'avoir commencé, et pourtant y a un truc qui lui interdit de reculer. Il s'dit que c'est une occasion de repartir sur d'autres bases et d'effacer l'humiliation, la frustration, ce cocktail qui lui ronge la poitrine quand il pense à elle, qui lui brûle le bout des doigts quand il se retient d'la toucher. Il veut juste faire ce qu'elle a ordonné, oublier parce qu'il a pas l'choix, parce que c'est ça ou la perdre et la question se pose même pas. Peut-être que c'est pas une bonne idée cette soirée, peut-être qu'il va trop boire et tout balancer, peut-être qu'il va faire des trucs qu'il va regretter, peut-être que ça va mal tourner, peut-être même qu'elle va trouver un autre type avec qui rentrer. Rien que d'y penser ça lui retourne les tripes et il ravale la colère et la douleur quand ils avancent jusqu'à la bagnole, il se cramponne au volant tout le trajet, traits crispés, dents serrées. Il arrive pas à effacer les images de Mads avec un autre – Mads avec Nash et putain ça fait un mal de chien. Il s'déteste de penser à ça, il s'déteste de ruminer, il s'déteste de rien faire, il s'déteste de l'aimer. Il a besoin d'un remontant pour affronter tout ça et quand il se gare en regardant le monde qui se presse à l'entrée, il s'dit qu'il aura pas de mal à trouver son bonheur là-dedans. Pourtant Mads tire la gueule, Mads n'a pas envie d'être là et encore moins de rester, il le voit. Il soupire mais dans l'fond ça le fait sourire, parce qu'elle a cet air de môme boudeuse, ce truc qu'il trouve adorable même s'il le dit pas. Alors il se calque sur elle ; lui aussi un air de gamin, pour l'amadouer, pour tenter de la dérider. Il insiste parce qu'il veut pas faire demi-tour et qu'elle a dit t'as gagné, maintenant c'est trop tard pour retirer. Il a pas envie d'la laisser décider et il se retrouve à venir ouvrir sa portière, tant pis si elle grogne, tant pis si elle a les yeux mitraillettes. Il lui tend la main et y a un silence, une pause, juste elle et lui et la question qui flotte. Tu m'fais confiance ? Pendant une seconde il a peur, qu'elle se mette à rire, qu'elle se foute de lui, qu'elle dise non et qu'elle le pousse pour refermer la portière, qu'elle se vexe et qu'elle décide de rentrer à pieds. Il a peur de perdre et il sait pas combien d'échecs il peut encore supporter sans imploser, il a peur de la perdre et de se faire salement abandonner. Son cœur s'arrête, quand elle repousse sa main sèchement – ça y est c'est foutu elle en a rien à faire elle va l'envoyer chier elle va encore le piétiner, merde merde merde. « Tu m'saoules. » Il respire. Parce que finalement elle obtempère, elle sort, même si elle fait mine de le repousser. Il s'en fout tant qu'elle se tient à ses côtés, tant qu'elle est là, tant qu'elle a cédé. « Cool, viens. » Il ferme la voiture et il peut pas retenir son sourire débile quand ils avancent jusqu'à l'entrée. Ils ont l'air ridicules – Mads qui tue tout l'monde d'un regard, Sid qui sourit comme un abruti. « Dix minutes hein ? Pas une de plus. » Elle y met toute la mauvaise volonté du monde mais ça suffit pas à le plomber – elle est là, le reste n'a pas d'importance, pas même sa mauvaise humeur. « Promis. » Pourtant il croise les doigts pour que ça soit plus que ça, il dit promis mais en vrai il va tenter d'les faire rester jusqu'au bout de la nuit.

Une fois qu'ils sont à l'intérieur y a tout qui l'assaille – la musique, la lumière, les gens partout. Il tend le bras vers Mads pour l'attraper parce qu'il veut pas qu'ils se perdent dans la foule, mais elle lui échappe. Elle se dérobe avant même qu'il l'ait touchée et il sait pas si elle a fait exprès, si elle a vu ce qui venait, mais il se ravise sagement. Tant pis pour le pincement dans sa poitrine. Elle finit par se pencher vers lui pour beugler et il a presque peur qu'elle lui dise qu'elle a changé d'avis, que le temps est écoulé et qu'elle veut se barrer. « J'vais aux toilettes, va nous prendre à boire et on se rejoint ici. On boit le verre et après, on s'casse. » C'est pas grand-chose mais c'est mieux que rien, il sait qu'elle fait des efforts alors il prend. Il se contente de hocher le menton mais elle a déjà disparu et il soupire, se mettant à slalomer entre les gens pour tenter d'accéder au stand de boissons. Il vient à peine d'arriver quand il sent une main claquer son dos et il fronce les sourcils – elle a pas pu être aussi rapide. Quand il s'retourne, il reconnaît immédiatement le type qui est responsable de sa présence ici. Il s'met à parler mais Sid ne comprend qu'un mot sur trois et il est pas assez concentré pour faire mieux, parce qu'il est trop focalisé sur ses traits, sur ses mains, sur la façon qu'il a de gesticuler. Tout ce qu'il sait c'est qu'il est instable alors il est attentif au moindre de ses mouvements, cherchant le moindre changement dans sa posture ou son regard. Il a pas envie que ça finisse mal une nouvelle fois. Il a rien suivi Sid, alors il comprend pas au début, quand il le voit attraper deux verres. Il sait pas trop ce qu'il fout, quand il le voit glisser un truc dans l'un des deux. « Eh attends, c'est quoi ça ? » Avec le brouhaha il entend rien mais ça ressemble vaguement à t'inquiètes mec avec ça elle te résistera pas et il a les yeux qui s'écarquillent quand l'autre lui fourre les verres dans les mains. « Non non non, attends ! EH ! » Trop tard. Il est déjà reparti et Sid a pas l'temps de le suivre, y a Mads qui revient. Il est planté là comme un con, et il sait pas ce qui lui prend quand il lui tend le verre empoisonné. « Plus que 4 minutes. » Il la voit porter le gobelet à ses lèvres et il panique, parce qu'il sait pas ce qui est dedans exactement, parce qu'il peut pas laisser ça arriver, pas comme ça, pas à elle. « Non Mads attends ! MADS ÉCOUTE MOI ! Bois.. » Eh merde. « Pas.. Putain. » Putain putain putain elle a bu, tout d'un coup, cul sec et maintenant il fait quoi ? Il fait quoi bordel ? Il sait pas et y a son palpitant qui s'affole, il sait même pas si elle a compris ce qu'il a tenté de lui gueuler par-dessus la musique et il se sent stupide, il se sent dégueulasse, il a l'impression de l'avoir trahie alors qu'il voulait pas, il a rien vu venir. Il a envie d'aller se taper la tête contre le mur mais à défaut il se noie dans son verre, à le vider lentement, les yeux rivés sur elle. Il sait pas s'il doit lui dire ou pas, attendre les effets ou la mettre en garde tout de suite, voir ce que ça lui fait ou l'embarquer et quitter cet endroit foireux. Il sait pas ce qu'il doit faire et il reste figé, les pieds cloués au sol et un poids trop lourd sur les épaules, l'impression qu'il va se courber puis s'effondrer. Il a chaud, il transpire, et il sait plus si c'est la foule ou l'alcool ou le stress. Sûrement les trois et il continue de la fixer, putain merde fait chier maintenant il fait quoi ? Il voit les changements sur son visage et ça le rassure pas, il sait pas comment il doit interpréter ça. Elle arrête de faire la tronche et sûrement qu'il devrait s'en réjouir mais il y arrive même pas, trop inquiet, trop angoissé. Il est tellement coincé dans sa panique intérieure qu'il sursaute quand il sent la main de Mads glisser sur son bras. « On danse un peu, avant de partir ? » Il a mal compris. Il a forcément mal compris, sûrement qu'elle voulait dire qu'il est l'heure de partir ou un truc comme ça, elle peut pas avoir demandé ça. Pourtant elle commence déjà à s'enfoncer au milieu des gens et il est forcé de suivre, collant son verre dans les mains du premier qu'il croise parce qu'il arrive pas à le finir tant sa gorge est nouée. Il va finir par s'étouffer.

Ils finissent face à face et il est toujours aussi raide, les muscles tendus et les traits crispés par le malaise, alors qu'elle se met déjà à bouger. Elle sourit, elle rit, elle danse et pendant ce temps il crève sur place. Il arrive même pas à faire le moindre mouvement, les membres lourds comme du béton alors qu'elle s'approche, encore, encore, ça y est il va crever. Ses mains sur son torse et son bassin qui ondule, il a peur de faire un infarctus. « Mads attends.. » Attends quoi ? Qu'il lui avoue ? Avouer quoi, de toute façon ? C'est pas lui le coupable, si ? Il sait même pas ce qu'elle a ingurgité. Il sait pas quels sont les effets. Il sait plus rien Sid, il peut plus réfléchir quand elle le touche et qu'elle le frôle, quand elle est plus proche que jamais, quand y a son myocarde qui fait des claquettes et sa température qui grimpe en flèche. Il veut lui dire, il veut la stopper, il veut faire les choses bien mais y a rien qui vient. C'est plus son esprit qui dirige, c'est l'instinct. Et malgré lui y a ses mains qui glissent jusqu'à elle, lentement, timidement. Il hésite un instant, les doigts en l'air sans trop savoir quoi en faire, avant de finalement les poser sur ses hanches. Le contact est à peine perceptible au début, parce qu'il a peur de s'faire repousser, peur qu'elle l'envoie bouler. Et puis il voit que rien n'se passe alors il prend un peu plus d'assurance, il laisse ses paumes la serrer un peu plus fermement et il s'approche lui aussi, une jambe entre les siennes et leurs bassins qui s'effleurent à chaque mouvement. Il a l'impression que son cœur va exploser, bondir hors de sa poitrine, dans ses veines c'est un volcan et il arrive plus à respirer – il a trop chaud et y a le souffle de Mads trop près du sien. Sûrement qu'il devrait s'éloigner et il essaie de toutes ses forces mais il peut pas, parce que ça fait trop longtemps qu'il a envie de tout ça, parce que ses cellules lui hurlent de se coller à elle encore et encore, jusqu'à ne plus laisser aucun espace entre eux. Y a son front qui rencontre le sien et l'une de ses mains quitte sa place pour monter jusqu'à la nuque de Mads, les phalanges qui se faufilent entre ses cheveux emmêlés. Son autre bras s'enroule autour de sa taille pour l'attirer encore plus près et il sait plus vraiment ce qu'il fait, probablement qu'il finira par le regretter. Sa poitrine contre son torse et son souffle contre ses lèvres, il a l'impression qu'il va mourir et là tout d'suite il se dit que ça lui va de crever comme ça, elle entre ses bras. Une main qui se plaque dans son dos parce qu'il arrive pas à arrêter de la toucher, parce qu'il a besoin de plus, tellement plus, de continuer jusqu'à connaître chaque parcelle de peau sur le bout des doigts. Sa paume se cale finalement au creux de ses reins et l'autre finit sa course contre sa joue, il écarte un peu ses cheveux pour mieux la voir et y a son regard qui tombe sur ses lèvres et putain il a envie de l'embrasser jusqu'à en oublier comment respirer, il est proche, beaucoup trop proche, il va céder. Et puis y a ses yeux dans les siens et ça fait un choc dans sa poitrine – ses prunelles trop dilatées, son expression qui est pas naturelle, pas vraiment elle. Il peut pas. Il peut pas faire ça et il recule son visage, juste un peu, juste assez pour pas craquer. Mais il arrive pas à la lâcher, son corps toujours collé au sien, ses mains partout, ses doigts contre sa joue. « Ça va ? » Il hausse la voix pour qu'elle puisse l'entendre mais il est encore si proche qu'elle devrait pas avoir trop de mal. « T'as l'air bizarre, comment tu t'sens ? Tu veux qu'on sorte ? » Lui il veut pas, bien sûr qu'il veut pas ; s'il s'écoutait il resterait comme ça à tout jamais, elle contre lui et sa peau qui brûle à son contact. Mais y a sa conscience qui le rappelle à l'ordre et qui le pousse à s'insulter en silence, parce qu'il a pas l'droit de lui faire ça, parce que c'est trop salaud et qu'elle lui pardonnera pas. Il a arrêté de danser même s'il continue de la tenir et au final il sait plus ce qu'il doit faire, y a trop de trucs qui se bousculent en lui. Tiraillé entre sa raison et ses envies.
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Mads Levy

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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyJeu 25 Mai - 11:34

Le verre descendu cul sec et Sidney qui gueule en fond sonore, sans que ses mots ne parviennent jusqu'aux oreilles de Mads. Elle avale le tout, grimace, parce que ça arrache, parce que c'est dégueulasse. Y a sa langue qui râpe son palais à plusieurs reprises comme pour faire passer le goût amer de l'alcool qui lui brûle encore le gosier et la gorge. Puis, elle exécute un petit mouvement de tête vers Sid, pour l'interpeller, sourcils froncés. — De quoi ? Qu'elle demande, afin qu'il répète. Mais il n'a pas l'air décidé alors elle se dit simplement que ça ne devait être rien. Pas important. Alors elle recommence à faire la gueule après s'être débarrassé du gobelet. Elle le zieute en coin et voit qu'il met une éternité à boire son verre. Il traine, il fait durer. Et pendant un certains temps, elle se dit simplement qu'il le fait exprès. Pour allonger les 4 minutes, pour qu'ils restent ici plus longtemps avec l'excuse du "je n'ai pas terminé mon verre encore". Et au départ, ça l'énerve. Mais ça ne dure pas. Étrangement, la rage diminue et s'évapore même complètement. Y a cette chaleur dans son ventre qui se diffuse de partout, injectant dans ses veines une dose d'euphorie. Le cœur qui s'accélère, le souffle qui se calme, et le monde autour d'elle qui lui semble moins noir, moins chiant. Ses yeux qui se posent sur Sid et l'évidence presque frappante. La beauté de ses traits qu'elle a bien trop de fois observés en secret. Le sourire qui vient doucement étirer ses traits fâchés, l'envie de proximité qui la démange. L'humeur joyeuse, les barrières qui fondent. Elle s'approche, sa main qui glisse sur lui, avec une facilité déconcertante. Et elle l'entraine avec elle, pour aller danser, pour profiter. Ils sont là pour ça, non ? Rien qu'eux deux, au milieu de cette foule, pour oublier le reste, les autres, le monde. Rien qu'eux deux, lovés dans cette bulle qu'ils se sont créés au fil du temps. Et Mads se sent tellement à l'aise. Tout lui semble si naturel, si facile. Instinctif. La retenue qui se casse la gueule, les peurs qui s'envolent. Et déjà, elle se rapproche de lui, ses mains posées sur lui, désireuse d'établir un contact trop refoulé ces dernières années. Besoin viscéral de le savoir proche d'elle, de savoir qu'il est là. Besoin de se fondre entre ses bras, d'aller se cacher dans le creux de sa poitrine. Besoin de lui, tellement fort. — Mads attends.. Et elle sourit sans l'écouter, parce qu'elle ne veut rien attendre. Rien entendre. Elle n'écoute que les battements de son cœur qui semble si apaisé ce soir. Comme libéré de l'étau dans lequel il étouffait depuis trop longtemps, oppressé par ce foutu déni derrière lequel elle se cache lâchement. Alors elle continue de se déhancher, avec l'impression fugace de marcher sur des nuages ou du coton, elle ne sait plus trop. Comme si elle ne pesait plus rien. Et elle les sent finalement, enfin, les mains de Sidney qui viennent se caler sur elle. D'abord faiblement et puis avec assurance. Il l'attrape, il l'agrippe et y a son esprit qui dérape. Se sentiment d'aise tellement puissant qui la transperce et qui l'envahit. Toutes ses envies qui filtrent de tous les côtés et qui s'expriment librement. Elle vient finalement passer ses bras autour du cou de Sid, venant se coller à lui sans lui laisser la moindre porte de sortie. Et elle le sent qui finit par se détendre aussi et se plier au jeu. Leurs bassins qui se rejoignent enfin et Mads qui veut coller son cœur contre celui de Sid, pour l'entendre battre à l'unisson avec le sien. Les mains du garçon qui vont et viennent, bougent et se calent à des endroits différents, l'électrisant de la tête aux pieds, dans une vague de plaisir salvateur. Tellement attendu, tellement espéré. Et elle rit doucement, laissant son souffle alcoolisé venir s'éparpiller sur les lèvres de son ami. Instant de bonheur intense, sans la moindre tâche sombre au tableau. Les nuages dégagés, l'horizon radieux. L'euphorie est totale. Sa peau qui brûle contre celle de Sid, son corps qui fonctionne sans qu'elle ne le contrôle, sans même s'en rendre compte. Les gestes qui se font tout seuls, naturellement. Elle défait ses bras pour venir caler ses mains dans la nuque de son partenaire, remontant parfois un peu sur son crâne avant de redescendre et elle l'attire toujours plus contre elle. Furieuse envie de fusionner. Mais progressivement, y a tout qui devient abstrait. L'euphorie devient confuse et le contact avec Sid qui lui semble un peu trop lointain. Comme si elle n'arrivait plus à sentir sa peau, sa chaleur. Et ça la frustre. Alors, elle s'accroche de plus belle, elle se presse encore plus contre lui, pour retrouver cette douce extase qu'elle vient de traverser. Parce qu'elle voudrait que ça ne s'arrête jamais. Et y a la main de Sid qui vient se poser sur sa joue, elle relève la tête vers lui, mais sa tête pèse si lourd subitement. Elle part un peu trop en arrière, comme un nouveau né qui n'a pas encore la force de la maintenir droite. C'est la main du garçon qui la retient et elle sourit un peu bêtement, un peu trop heureuse, sans savoir pourquoi vraiment. Et subitement, elle fait un mouvement en avant, pour venir capturer les lèvres de Sidney. Parce qu'elle en crève d'envie. Depuis trop longtemps. Mais elle finit dans le vide, parce que Sid s'est reculé et elle n'est pas certaine de comprendre. Elle l'interroge du regard et se met à rire, même pas froissée, même pas blessée. Y a aucun sentiment négatif qui l'habite à cet instant. Elle est pleine de cette chaleur qui n'est pas la sienne et qui vient embraser sa raison. — Ça va ? T'as l'air bizarre, comment tu t'sens ? Tu veux qu'on sorte ? Le visage illuminé, les lèvres étirées, elle retire ses mains de sa nuque et vient entourer le buste de Sid avec ses bras. Sa langue qui se délie trop facilement. — T'es trooop mignon quand tu t'inquiètes, j'aime trop. Et elle vient se blottir contre lui, la tête posée sur son torse, le serrant entre ses bras de toutes ses forces, comme si sa vie en dépendait. Elle finit par le relâcher et se recule d'un pas, mais son corps est subitement trop lourd, comme incontrôlable et tout son poids la fait basculer en arrière. Elle se rattrape de justesse à Sid, morte de rire. Le fil de ses pensées s'embrouille de plus en plus, la laissant dans un état vaseux et de confusion profonde. Mais ça n'enlève rien à cette joie excessive qui la fait vibrer. S'aidant de son ami, elle revient vers lui, ses mains qui se posent maladroitement sur son visage. Et ça n'a rien de tendre, elle vise mal, est à la fois molle et brusque. Ses yeux qui se perdent dans les siens mais elle peine à le visualiser vraiment. Elle cligne un peu ses paupières, comme pour chasser de sa rétine des gouttes d'eau qui viendraient rendre trouble sa vision. — Oh la la, même dans l'noir t'es trop beau Sid. La vérité qui sort, comme ça, sans raison, sans prévenir. Sans regret. Pour l'instant. Et elle galère de plus en plus à tenir en équilibre sur ses deux jambes. Comme si celles-ci étaient subitement devenues élastique. Ça tangue et elle continue de s'agripper à lui, les yeux éclatés. — Hey.. ! Pourquoi tu m'as pas embrassée l'autre soir ? Qu'elle demande tranquillement, comme si elle parlait de la pluie et du beau temps. L'autre soir. Quand elle l'a embrassé, puis giflé. Ce foutu soir qui est venu tout compliquer. Comme si ça ne l'était pas déjà assez. — Atteeend, j'te montre. Et elle fond sur lui, avec la ferme intention de venir attraper ses lèvres. Mais elle foire son coup et finit la tête contre son épaule, ses lèvres sur son t-shirt. Sans même réaliser. Sa main droite qui attrape son t-shirt et le froisse, tirant dessus pour se maintenir debout. Il finit par la redresser et elle se met à tirer un peu la tronche, oubliant déjà ce qu'elle vient de dire, de tenter. — J'ai mal à la tête.. Qu'elle geint comme une gamine, toujours collée à lui.
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Sidney Kasabian

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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyDim 11 Juin - 21:48

« De quoi ? » Elle comprend rien Mads – ni ce qu'il raconte, ni la bêtise qu'elle vient de faire en vidant son verre. Faut qu'il lui dise, faut qu'il la mette en garde, faut qu'il lui explique qu'il est désolé et que c'est pas d'sa faute et qu'ils feraient mieux de rentrer. « Je. Ton verre. Merde, tu.. » Les mots ne veulent pas s'articuler entre ses lèvres. Il peut pas. Elle va penser quoi s'il lui avoue ? S'il lui dit qu'ils sont là à cause du type qui l'a cogné, qu'il vient de le croiser. Que cet abruti a glissé un truc dans le verre et qu'au lieu de le jeter, Sid le lui a donné. Elle va penser quoi s'il lui explique à quel point il est stupide, la facilité avec laquelle il s'est fait embarquer dans ce truc foireux, la lâcheté avec laquelle il a agi au lieu d'faire la bonne chose. Elle va penser quoi s'il lui montre combien il peut être pathétique, s'il met leur amitié en péril encore une fois ? Elle va penser quoi, hein ? Elle va le jeter. Alors le mieux c'est encore de se taire et peut-être que s'il fait comme si de rien n'était ça va marcher, peut-être aussi que c'est pas si grave le truc qu'elle a ingurgité. À force de se le répéter, peut-être même que ça finira par devenir vrai. « Laisse tomber. » Il finit par balayer sa question d'un geste de la main et elle a pas l'air de s'en soucier tant que ça. Il sait plus si c'est bien ou mal, s'il aurait préféré qu'elle insiste ou si c'est réellement mieux de prétendre que tout va bien alors qu'il est au bord de la rupture. Les doigts crispés autour de son verre, la gorge tellement nouée qu'il arrive pas à le vider. Il l'observe et il voit tous les changements un à un – ça le rassure pas putain il comprend rien. Elle le regarde, elle sourit, il arque un sourcil, il déglutit. Elle s'approche, elle se fait presque féline, il se fige, il se sent comme un animal pris au piège. Putain putain putain il doit rêver, il voit pas d'autre explication à cette proximité soudaine, les mains qu'elle pose sur lui et le regard avec lequel elle le couve ; il se tend d'la tête aux pieds en priant pour pas tomber. Et c'est plus fort que lui. Le verre qu'il abandonne sans le terminer, ses mains qui glissent jusqu'à elle. Il ose à peine, comme si elle était en verre et qu'il avait peur de la briser, comme si elle flambait et qu'il avait peur de se brûler. C'est un peu timide, légèrement maladroit, mais quand il finit par trouver ses marques il s'dit qu'il pourra plus jamais la lâcher. Elle l'aide pas à retrouver ses esprits quand elle enroule ses bras autour de son cou, à se coller tout contre son torse, le bassin qui ondule et il est même pas sûr qu'ils soient en rythme avec la musique, mais ils sont en rythme l'un avec l'autre et au final le reste il s'en fout. Y a qu'elle et lui au milieu de la cacophonie et elle est belle et il a envie de l'embrasser. Leurs visages trop proches puis ses yeux dans les siens et le charme est rompu – c'est pas Mads c'est juste les substances qu'elle a bues. Il se recule alors qu'elle avance et il comprend trop tard ce qu'il vient de louper, à s'en mordre les doigts, à sentir son cœur se serrer. Mais il peut pas, pas quand elle est dans cet état, il a pas l'droit. Il a le regard inquiet, front plissé et sourcils froncés. Elle sourit, elle enroule ses bras autour de lui, elle le fout à l'agonie. « T'es trooop mignon quand tu t'inquiètes, j'aime trop. » L'impression qu'elle se moque de lui même si c'est innocent. Elle a l'air d'une gamine avec son foutu sourire trop grand et la façon qu'elle a de se lover dans ses bras, blottie contre lui alors qu'il sait plus quoi faire. Quand il finit par rendre l'étreinte plus doucement c'est déjà trop tard, elle le relâche – il s'demande s'ils arriveront à être synchros une fois, juste une fois. Il en a marre de la louper tout le temps, elle est comme le train qui ferme ses portes et qui file trop vite sans jamais l'attendre et lui il est là, seul sur le quai, comme un con les bras ballants. Elle voit rien, elle est là à tituber et tanguer et il garde les mains autour d'elle, sur elle, prêt à la rattraper si elle est trop proche de s'effondrer. Elle pose les mains sur son visage et c'est chaud c'est froid c'est moite, elle a les doigts qui glissent et il sait pas si elle veut vraiment le toucher ou si elle le prend juste pour un piquet auquel elle se rattraper. Pourtant il la laisse faire. Comme toujours. « Oh la la, même dans l'noir t'es trop beau Sid. » Y a ses yeux qui s'écarquillent un peu alors qu'il la dévisage, comme s'il était pas sûr d'avoir bien entendu, comme si ses oreilles lui faisaient défaut. Elle peut pas avoir dit ça – elle fait pas de compliments Mads ou en tous cas pas de façon aussi franche et pas à lui. Elle dit qu'il est beau et pendant une seconde il a envie de la croire – bien sûr qu'il sait qu'il est pas hideux, y a pire mais y a surtout mieux et parfois il s'dit que s'il avait la dégaine d'un apollon il aurait peut-être ses chances, puis il s'insulte mentalement pour être aussi ridicule. Mais elle est là et elle lui dit qu'il est beau et il veut y croire, il y croit, juste un peu. Puis il plonge son regard dans le sien et y a les pupilles éclatées qui le heurtent de plein fouet. C'est pas elle qui parle, pas vrai ? C'est juste l'alcool, peut-être même qu'elle le confond alors qu'elle a bien dit son prénom. Il sait pas il sait plus, il a pas envie d'espérer pour rien, il a trop donné. « Avec l'alcool, tout l'monde est beau. Mais merci, t'es gentille. » La méfiance se sent dans sa voix, dans son sourire un peu crispé. Il a envie de lui demander si c'est vrai, si elle pense ce qu'elle dit, si elle le trouve beau lui aussi. Mais il veut pas s'ridiculiser alors il se tait, il se contente d'enregistrer. Il pourra rejouer la scène à l'infini, quand il aura envie d'se créer de nouveaux faux espoirs.

« Hey.. ! Pourquoi tu m'as pas embrassée l'autre soir ? » Il se fige et son cœur loupe un battement et le temps s'arrête. Il la contemple, la bouche entrouverte, le souffle coupé. C'est con pourtant, c'est rien, juste une question. Mais elle a tellement tout nié en bloc qu'il s'attendait pas à voir le sujet revenir sur le tapis, surtout pas de sa volonté à elle et surtout pas pour dire un truc comme ça. Y a tout qui se bouscule dans sa tête et il voudrait tout dire mais il sait pas par où commencer, quels mots employer, comment lui expliquer. De toute façon elle lui laisse pas le temps, elle va trop vite, elle va toujours trop vite et il peut jamais la rattraper. « Atteeends, j'te montre. » Il bouge pas Sid, peut-être qu'il devrait mais il y arrive pas, on dirait une statue et tout ce qu'il peut faire c'est assister au crash. Mads qui s'approche trop vite trop fort et qui sait pas viser, sa tête qui heurte son épaule et son visage enfoui dans son t-shirt, il reprend son souffle et il sait toujours pas s'il aurait préféré qu'elle réussisse ou pas. On dirait qu'elle tient même pas debout et il l'aide à se redresser correctement, les mains sur ses épaules et les yeux dans les siens. « J'ai mal à la tête.. » Il soupire, glisse les mains jusqu'à ses cheveux emmêlés pour les éloigner de son visage et les caler derrière ses oreilles comme il peut. « Viens. » Il attrape son poignet et se met en marche, la traînant derrière lui alors qu'il tente de se frayer un chemin parmi les gens. Mais y a trop de monde et ses doigts sur le poignet de Mads glissent et il a trop peur qu'elle se fasse avaler par la foule. Alors il finit par changer de tactique, venant jusqu'à elle pour enrouler un bras autour de sa taille et la faire avancer plus vite, la maintenant collée contre son flanc, s'assurant de n'pas la perdre. Ils finissent par gagner la sortie et il a l'impression de mieux respirer, l'air frais de la nuit qui caresse sa peau et gonfle ses poumons. Il la lâche toujours pas, pivotant simplement pour lui faire face, les mains qui se calent sur ses hanches sans qu'il s'en rende vraiment compte. Il cherche son regard, l'air toujours aussi préoccupé. Un peu coupable, aussi. « Ça va mieux ? » Il a pas besoin qu'elle réponde, il voit bien que ça ira pas ce soir. Peut-être demain, quand les effets de l'alcool et du truc non identifié se seront estompés. « On devrait rentrer. » Là encore il attend pas vraiment de réponse, se mettant à avancer vers sa voiture sans trop se soucier de ce qu'elle a à en dire. Il lui tient le bras puis la taille puis les épaules et finalement il attrape sa main, ses doigts qui s'enroulent aux siens. Il sait ce qu'il fait et il a presque peur qu'elle le repousse en lui disant qu'elle peut marcher toute seule, mais il prend le risque. Il a envie de s'accorder, ça, juste ça. La chaleur de sa paume et la finesse de ses doigts. Et puis il repense à tous ses mots, à la façon dont elle s'est collée à lui, au regard qu'elle lui a offert. Il veut pas espérer mais il peut pas s'en empêcher – t'es beau et pourquoi tu m'as pas embrassée et il s'fait étouffer par les regrets. Il aurait peut-être pas dû capituler. « Je l'ai fait. T'embrasser, j'veux dire. » Il répond avec un train de retard comme trop souvent, et il est presque sûr qu'elle a déjà oublié la question qu'elle a posé mais tant pis. Il peut pas laisser passer ça. Pas alors qu'elle s'ouvre enfin, au moins un peu. Tant pis si c'est à cause de ce qu'elle a bu – autant que ça soit utile. « J't'ai rendu ton baiser, tu te souviens pas ? Avant que tu me gifles. » Il en a tout juste eu le temps et c'était trop court et ça le tue chaque fois qu'il y repense. Et peut-être qu'il devrait pas avouer ça à voix haute, pas à elle, pas avec la réaction qu'elle a eue. Mais il a envie de tâter le terrain même s'il ose pas la regarder, les yeux fixés sur la voiture comme le but à atteindre, continuant d'avancer en la tirant dans son sillage. « Du coup je crois que c'est à moi de demander pourquoi tu l'as fait, plutôt que toi qui demande pourquoi j't'ai pas embrassée. Même si.. » Il a le cœur qui bat trop vite et il a l'impression que toute la rue peut l'entendre, putain ça bat jusque dans ses tempes, il sait plus ce qu'il dit. C'est risqué, d'avoir cette discussion, d'être honnête, de pas se cacher. C'est risqué et c'est voué à l'échec – une part de lui en est persuadée. Mais il a besoin de tenter. Il avance sans savoir où il met les pieds et si une mine lui éclate à la gueule, il pourra pas dire que c'est pas mérité. « T'aurais voulu que je le fasse ? Genre, que je le fasse vraiment ? » Il a tourné la situation dans sa tête un millier de fois. Il se serait passé quoi, s'il l'avait embrassée à nouveau en ignorant la claque, en l'attrapant et en imposant à elle ses sentiments ? Elle aurait fait quoi, s'il lui avait pas laissé le choix ? Il en sait rien et ça l'rend malade, parce que les hypothèses sont nombreuses et continuent de nourrir ses espoirs, foutus espoirs qu'il tente d'étouffer sans jamais y arriver. Ça le tue lentement, à petit feu, ça le pourrit de l'intérieur. Il sait pas ce qu'il fera, quand la gangrène aura fini de dévorer son cœur.
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Mads Levy

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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyJeu 22 Juin - 10:29

Avec l'alcool, tout l'monde est beau. Mais merci, t'es gentille. Elle sourit mais ne répond rien, parce qu'elle n'a entendu que la moitié de sa phrase avec le bordel tout autour d'eux. Alors elle reste bêtement là, à sourire, en se disant que ça suffira comme réponse, qu'il s'en contentera. Et de toute façon, son cerveau passe rapidement à autre chose. Il tourne à toute allure et ça lui refile le tournis. Elle a du mal à suivre, du mal à capter les choses autour d'elle. Ses sensations qui deviennent floues, ses pensées incompréhensibles. Et elle se contente de réagir de façon maladroite et approximative. Un peu dans le gaz et en même temps, tellement euphorique. Drôle de mélange, drôle de sensation. Son esprit qui carbure et son corps qui divague. Désaccord sévère qui la fait tanguer. L'équilibre balayé, elle se raccroche à Sidney comme à une bouée. Et il ne le sait pas, mais elle le fait déjà quand elle est sobre. Différemment, certes. Dans l'ombre, oui. Mais elle le fait. C'est grâce à lui si elle n'est pas encore partie à la dérive. Grâce à lui si elle ne s'est pas noyée dans la complexité de ses comportements. Grâce à lui aussi, qu'elle n'a pas fini toute seule. Grâce à lui pour tout, finalement. Mais même là, elle n'est pas foutue de lui dire tout ça. Parce que c'est trop compliqué pour l'état actuel de son cerveau. Parce qu'elle n'en a pas totalement conscience non plus. C'est le genre de vérité établie qu'on ignore. On ne s'en rend même pas compte parce que c'est trop évident, parce que c'est comme ça depuis trop longtemps. Et Mads se remet à parler, les mains qui vont et viennent sur Sid, son corps qui penche à droite, à gauche, en avant puis en arrière. Bancale. Un peu à l'image de son palpitant qui part dans tous les sens, parce que c'est un lâche. Qu'il fait un pas en avant et deux pas en arrière tout le temps. Mais ce soir, il est plutôt stable. Tout engourdit à cause du produit ingéré, il ne bouge pas, reste à sa place et s'ouvre sereinement. Mads parle mais elle n'est pas foutue d'observer et d'analyser les réactions de son ami. Elle ne voit pas l'effet que ça lui fait tout ce qu'elle lui dit. Elle est perdue dans le flot de pensées qui la submerge, et les mots qui sortent tout seuls. Son regard qui se perd dans le vague, qui le cherche par instant avant de repartir se poser dans la foule, dans le vide. Elle sent à peine ses mains sur ses épaules, pour l'aider à tenir debout alors qu'elle menace de s'écrouler. La tête qui devient douloureuse et le corps qui se ramollit de plus en plus. Il passe ses doigts dans ses cheveux, délicatement, pour lui dégager le visage et elle ne s'en rend même pas compte, complètement à côté de ses pompes. — Viens. Elle n'entend pas, ou en tout cas, elle ne percute pas. Mais rapidement, elle se sent emportée et elle suit le mouvement, docile. Y a sa vision qui se trouble et elle se sent un peu agressée par tous ces gens qu'elle percute en avançant. Et elle ne voit plus Sid et elle ne comprend plus rien et y a la panique qui grimpe subitement. Jusqu'à ce que le garçon refasse surface, vienne se blottir à ses côtés et l'attrape pour l'aider à continuer à avancer, faisant office de bouclier humain. Et la panique s'estompe, repart aussi vite qu'elle est venue. Mads retrouve son sourire et sa tête se pose sur l'épaule de Sidney, elle avance sans broncher, elle s'en fout. Il peut aller où il veut, elle le suivra. Jusqu'au bout du monde. Ils finissent dehors et l'air la remet un peu d'aplomb. La vision qui revient et elle respire à nouveau. Sidney s'arrête et s'installe face à elle, ses mains sur ses hanches. Et elle voudrait qu'il l'attire contre lui, qu'il la serre plus fort que ça encore. Qu'il enfonce ses doigts dans sa peau et lui arrache un baiser. Ce foutu baiser qu'elle attend depuis trop longtemps et qui ne vient pas. Parce qu'ils sont aussi peu courageux l'un que l'autre, pour différentes raisons. Lui parce qu'il a peur d'elle et du rejet. Elle, parce qu'elle a peur de ce qu'elle ressent. — Ça va mieux ? Elle hausse les épaules, la tête lourde, le regard hagard et les pupilles toujours autant dilatées. Les yeux éclatés. — On devrait rentrer. Elle vient attraper les bras de Sidney et se met à trépigner sur place, comme une gosse contrariée. — Oh noooon Sid, on s'amusait bien ! Elle ne réalise même pas l'état dans lequel elle est. Elle veut juste retourner danser, elle veut juste leurs corps collés l'un à l'autre, pour enfin fusionner. Parce que la distance est trop douloureuse, trop frustrante. Comme une longue brûlure qui ne guérit jamais. Mais il s'en fout, il l'entraîne déjà sur le trottoir, en direction de la voiture. Elle bougonne un peu mais oublie aussitôt, retrouvant son sourire et un pas léger, bien qu'instable. Elle sent la main de Sidney qui se perd un peu partout sur elle, cherchant probablement le meilleur endroit où se poser, et elle voudrait lui dire que ce n'est pas assez. Qu'elle en veut plus encore. Elle veut ses deux mains et ses lèvres, partout sur son corps. Elle veut qu'il l'aime de la tête aux pieds, elle veut qu'il la caresse de baisers. Alors, quand il glisse ses doigts entre les siens, elle serre de toutes ses forces. Pour se raccrocher, pour l'empêcher de lâcher. Et elle peut presque sentir le cœur du garçon battre dans sa paume. Et elle se demande s'il sent le sien aussi. Le sien qui bat pour lui, depuis tellement d'années déjà. Et cette pensée ne lui fait pas peur ce soir, au contraire même, elle espère qu'il sent, qu'il sait. Elle est sereine, sûre d'elle, tellement loin de la réalité, échappée de sa cage faite de peurs et de déni. — Je l'ai fait. T'embrasser, j'veux dire. Elle fronce les sourcils, elle ne comprend pas. Son cerveau n'assimile pas. Et ça se voit à son air perdu et aux points d'interrogations dans ses yeux. De quoi il parle ? Et puis, elle ne se souvient pas elle, d'un baiser de sa part. — J't'ai rendu ton baiser, tu te souviens pas ? Avant que tu me gifles. Et sa réaction est immédiate, elle éclate de rire. Elle trébuche aussi, manque de tomber et se heurte à Sid qui lui évite ainsi de choir. Elle serre sa main encore plus fort, prend appui dessus, se redresse tant bien que mal mais reste collée à lui, la tête à nouveau sur son épaule pendant qu'ils avancent. — J't'ai giflé.. Qu'elle répète vaguement, toujours hilare, n'ayant retenu que ça de ses deux phrases. Faut dire que les mots ne font que passer dans sa tête, elle n'a pas le temps de les analyser ni de les retenir. Ils se font pulvériser par la drogue qu'elle a prise et elle est incapable de se concentrer sur quoi que ce soit. — Du coup je crois que c'est à moi de demander pourquoi tu l'as fait, plutôt que toi qui demande pourquoi j't'ai pas embrassée. Même si.. T'aurais voulu que je le fasse ? Genre, que je le fasse vraiment ? Elle percute plus grand chose, elle l'entend à peine, elle ne sait même plus si c'est vraiment réel ou pas. Elle lève les yeux vers lui, souriante, béate presque, et elle voit bien qu'il attend une réponse, quelque chose. Mais elle a déjà perdu le fil de la conversation. Alors elle hausse à nouveau les épaules et lâche un vague — Hm ? Oui, oui. Elle se dit que oui c'est une bonne réponse, que ça plait toujours aux gens et que ça fera l'affaire pour cette fois également. Puis elle repose sa tête sur l'épaule de Sid, silencieuse, se contentant de savourer l'instant présent, comme si une part d'elle avait conscience de son unicité. Ils finissent par arriver à la voiture et Sidney l'installe dedans, elle se laisse faire, petite princesse choyée, c'est comme ça qu'elle se voit plutôt que victime droguée. Mais dès que le véhicule se lance, les choses se compliquent. Y a son estomac qui se retourne et ses sens en alerte. Elle se redresse, se tend et agrippe la poignée de sa portière. — Roule doucement ! Qu'elle s'insurge, alors qu'elle a l'horrible sensation qu'il défile à 130 en plein centre-ville. Le cœur qui s'emballe, les yeux exorbités, elle a envie de vomir et la peur lui cisaille les intestins. — Sid tu vas trop vite, on va avoir un accident ! Ralentit, RALENTIT ! Et pendant tout le trajet c'est le même cinéma. Elle cri, s'époumone et panique, elle ferme les yeux, s'accroche et manque de provoquer un accident en essayant d'enclencher le frein à main pour arrêter la voiture de force. La drogue qui déforme toutes ses perceptions et c'est terrifiant. La peur est réelle et elle ne comprend pas à quoi Sid joue, ce n'est pourtant pas son style de faire l'imprudent. Alors, quand la voiture se gare enfin en bas de chez lui, elle se laisse retomber en arrière, soulagée. Les muscles qui se détendent enfin et la peur passe rapidement, parce que son esprit passe déjà à autre chose. Ils grimpent jusque chez lui et Mads se laisse aussitôt tomber sur le canapé, épuisée, les jambes lourdes, la bouche pâteuse. Elle écarte les bras en avant, en direction de Sidney, pour le réclamer à ses côtés, comme le ferait un tout petit enfant qui veut être pris dans les bras de ses parents. Et dès qu'il la rejoint, elle s'agrippe à lui comme un koala. Les bras autour de son torse, la tête dessus également et une jambe qu'elle balance par-dessus les siennes, dans une position à priori inconfortable, mais elle, elle est bien là, lovée dans ses bras. Son oreille contre sa poitrine, elle entend son cœur qui bat et elle oublie tout le reste. — Il bat vite. Qu'elle murmure tout doucement, avant d'attraper la main de Sid et de la poser sur sa poitrine à elle. — Regarde, le mien aussi. Elle ferme les yeux pour se concentrer sur leurs battements qui semblent s'accorder progressivement. Et ça la fait sourire tendrement.
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Sidney Kasabian

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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyJeu 29 Juin - 19:51

« Oh noooon Sid, on s'amusait bien ! » Et il a envie d'lui dire que non, il a arrêté de s'amuser à la seconde où il lui a tendu le verre empoisonné. Il a envie d'lui dire qu'elle non plus elle s'amuse pas, elle a juste l'air déchirée et on dirait qu'elle sait plus trop ce qu'elle fait. Y a une voix qui lui souffle que c'est pour ça qu'elle s'fait presque douce, son visage de poupée boudeuse soudain orné d'un sourire béat. C'est pour ça qu'elle devient aussi tactile, c'est pour ça qu'elle a ondulé tout contre lui, c'est pour ça qu'elle vient trop près, à lui filer des infarctus à répétition. C'est juste pour ça. Rien d'autre.

Et pourtant y a une part de lui qui a envie d'y croire, parce qu'on dit que l'ivresse fait tomber les barrières et ça nourrit tous ses espoirs. C'est p't'être pour ça qu'il prend sa main comme ça, nouant leurs doigts, trop tendre et trop ferme pour que ça soit habituel. C'est p't'être pour ça qu'il ose ouvrir la bouche, revenir sur le baiser avorté, le baiser qui l'a assassiné. C'est cruel – avoir goûté à ses lèvres une fois, et la promesse tacite que ça n'arrivera plus jamais. Il a envie de remonter le temps, faire autrement, l'empêcher de se défiler. Mais c'est trop tard et il n'lui reste que les regrets, un goût amer tapissant son palais quand elle s'met à rigoler. Ça sonne léger, innocent, mais il sent son cœur se serrer, sa gorge se nouer. « J't'ai giflé.. » Il a pas envie d'rire Sid, parce que c'est une plaie à vif. Bien sûr son ego en a pris un sacré coup mais ça il s'en fout un peu, il a l'habitude et il a depuis longtemps appris à mettre sa fierté de côté, il finit toujours par s'en relever. Mais il comprend pas comment elle a pu faire ça – peut-être parce qu'elle sait pas, ou ne veut juste pas savoir. Elle avait pas le droit de lui donner pour tout lui arracher la seconde d'après, l'irradier d'une chaleur solaire pour n'lui laisser que le vide et le froid et le néant au creux de sa poitrine. C'est trop salaud. Et elle en rit. Et il lui en tient pas rigueur, parce que ça va de paire avec son état. Parce que de toute façon elle voit pas, elle voit jamais rien. Elle entend rien non plus, alors qu'il s'aventure sur une pente risquée, un terrain miné. Elle le fait douter hésiter elle lui fout les neurones à l'envers, et il sait plus s'il a bien fait de se plier à ses désirs ou s'il aurait mieux fait d'écouter les siens ; l'agripper et l'embrasser sans lui laisser le choix. « Hm ? Oui, oui. » Sur le coup ça fait un bond dans sa cage thoracique et puis la déception laisse une brûlure acide au fond d'sa gorge. Elle a rien écouté, il aura pas de réponse, pas pour de vrai. Alors il serre les dents et il se concentre sur autre chose, l'installant enfin sur le siège passager, bouclant sa ceinture en prenant soin de n'pas trop la toucher. Il peut pas. Il a l'impression qu'il va partir en fumée.

Il pensait que ça serait comme à l'aller. Silencieux. Il s'est planté. « Roule doucement ! » Et elle s'agrippe et elle gueule et il comprend pas, il lui lance des œillades à mi-chemin entre la perplexité et l'inquiétude, fixant l'aiguille qui ne dépasse pas cinquante. « Mais je vais doucement ? » Ça sonne comme une question parce qu'il sent sa panique et ça le dépasse complètement, il sait pas ce qui lui arrive. « Sid tu vas trop vite, on va avoir un accident ! Ralentis, RALENTIS ! » C'est l'enfer. Il a beau lui demander d'se calmer, lui montrer le compteur, rouler au pas – rien n'y fait. Elle lui arrache les tympans et elle fait n'importe quoi, à s'accrocher partout et à tirer sur le frein à main. Il l'engueule, tente de la rassurer, attrape sa main, lui répète que ça va aller. Ça sert à rien, elle continue à jouer la possédée tout le long du trajet.

Quand il se gare enfin, c'est la libération. Elle se calme et on dirait presque qu'elle a tout oublié alors que Sid est trop inquiet, à la jauger comme s'il attendait de la voir repartir en crise. Il devine que c'est la drogue qu'elle a ingurgité qui a provoqué tout ce cirque et ça le rassure pas, ça pèse sur sa poitrine comme une enclume. Son regard est soucieux quand il l'aide à s'extirper de la voiture, enroulant son bras autour de sa taille encore une fois parce que c'est plus fort que lui, parce qu'il a un peu peur de la voir s'écrouler. « Ça va ? » Il sait même plus combien d'fois il a posé cette question ce soir et y a la culpabilité qui lui étreint la gorge, l'anxiété qui grouille sous sa peau. Il continue de la tenir jusqu'à ce qu'ils arrivent à son appartement, jusqu'à l'installer sur le canapé. Il la regarde comme un parent concerné qui sait pas quoi faire avec son gosse bourré, et il hésite entre la guider jusqu'à la salle de bains ou juste la foutre au lit. Elle prend la décision pour lui, faisant disparaître les deux options quand elle tend ses bras quémandeurs. Il soupire mais il obtempère rapidement et vient s'poser à ses côtés. Elle lui laisse même pas le temps de s'enfoncer contre le dossier ; ses bras qui emprisonnent sa carcasse, sa tête contre son torse, sa jambe qui escalade les siennes. Ça fait remonter sa jupe beaucoup trop haut sur ses cuisses et il sait bien qu'elle s'en est pas rendue compte, ça attire son regard comme un aimant et y a ses doigts qui brûlent de la toucher l'accrocher la caresser. Mais il serre les dents, il se tend. Il se force à poser ses yeux ailleurs et les mots de Nash reviennent encore tourner dans sa tête – je m'occupe de ce que tu seras jamais capable de faire, il a envie de tout casser. « Il bat vite. » Sa voix n'est qu'un murmure et ça le ramène un peu à la réalité, mais la colère est toujours là et avec elle la frustration qui l'étouffe un peu plus à chaque seconde qui passe. Il a envie d'y mettre fin, il approche sa main et il s'dit tant pis, il veut toucher il va toucher, il est fatigué de tout s'interdire. Mais elle stoppe son geste en plein vol et pendant une seconde il pense qu'elle l'a grillé, qu'elle va le repousser, peut-être même l'engueuler.

Elle fait pire. Elle amène sa main jusqu'à sa poitrine et y a son cœur qui s'arrête alors qu'il sent celui de Mads battre sous ses doigts.

« Regarde, le mien aussi. » Il bouge plus mais y a tout qui s'affole – ses pensées qui s'embrouillent, son myocarde qui fait des claquettes jusque dans ses tempes, les nœuds qui se font et se défont dans son bide. Ça pulse sous sa main et au final il sait même plus si ça vient d'elle ou de lui aussi, tout se mélange. Il sent les battements trop rapides, l'oxygène qui entre et sort comme le ressac des vagues, la courbure du haut de ses seins, la douceur de sa peau. Il a envie de descendre sa main et la laisser s'aventurer et relever sa tête pour l'embrasser et oublier l'organe qui menace d'exploser dans sa cage thoracique. Il a envie de tout balayer et pulvériser les obstacles fragiles qui les séparent, écouter ses envies et arrêter d'se contrôler et lâcher prise.

Il fait rien et il est fatigué de n'rien faire et ce soir il veut plus se taire.

Il retire sa main lentement, presque à contrecœur. « Le mien bat toujours comme ça quand t'es là. » Sa voix est posée mais il a les muscles crispés, alors qu'il vient lui retirer une chaussure, puis l'autre, les laissant tomber par terre. Ses doigts effleurent l'une de ses chevilles, avant de remonter le long d'sa jambe doucement, comme le toucher d'une plume. « Depuis l'temps, tu devrais le savoir. » Ça lui arrache un petit sourire, un peu mélancolique, à l'arrière goût doux-amer. Il en a marre de s'enfermer dans le silence, respecter les œillères qu'elle semble se mettre. Souvent il a l'impression que tout l'monde sait ce qu'il ressent, tout l'monde sauf elle et ça le tue. Elle le tue. Y a des jours où il finit par se dire qu'elle le fait exprès, qu'elle aime le poignarder. Y en a d'autres où il se demande comment elle peut passer à côté de la vérité. « En fait je sais pas si t'es aveugle ou si tu t'en fous. » Il soupire, sa tête venant se caler contre le dossier alors qu'il fixe le plafond. Et soudain il est reconnaissant qu'elle soit collée à son torse – au moins il a pas besoin d'affronter son regard. Y a ses phalanges qui courent jusqu'à son genou, qui frôlent sa cuisse puis redescendent à son tibia pour mieux refaire le chemin inverse. Son bras libre s'est enroulé autour d'elle, sa main calée dans ses cheveux. Ses gestes sont lents, doux, autorisés par l'intimité d'la nuit qui les avale. La seule lumière qui baigne la pièce vient du lampadaire dans la rue d'en-bas, et l'état de Mads suffit à lui donner du courage. Parce que ce soir elle a quelque chose de paisible, elle a mis son bouclier de côté et il a moins peur de se faire lacérer par ses crocs, ses mots-couteaux. Ce soir elle est ramollie par le poison qu'on lui a filé et bien sûr il s'en veut mais ça le rend moins lâche, ça lui donne l'impression qu'il peut tout faire tout dire tout oser. S'il le fait pas maintenant il le fera jamais. « J'aurais dû t'embrasser. La vérité c'est que j'veux le faire depuis des années. Chaque fois que j'te vois. Tout le temps. » Son cœur bat tellement fort qu'il a l'impression qu'il va péter tous ses os et traverser sa peau, quitter son habitacle pour venir crever sur les genoux de Mads. Il continue ses caresses encore et encore et il s'en rend même plus compte, l'oreille tendue, tous les sens concentrés sur elle. Il attend. Le raz-de-marée, la tempête, les cris ou pire, le rire. Le rejet, les moqueries, la colère, le déni. Il en sait rien. Il attend tout et son contraire parce que c'est Mads, parce qu'elle peut dire blanc puis noir à deux secondes d'intervalles et tout envoyer valser. Avec elle c'est toujours les montagnes russes et parfois il sait plus sur quel pied danser mais putain c'est elle la seule danse qui l'fait vibrer.

« Tu sais, des fois j'me dis que je gâche mon temps. » À tourner en rond à s'poser trop de questions à ruminer comme un con. « Peut-être que dans dix ans j'te dirai combien j'étais amoureux d'toi. Peut-être qu'on en rigolera. » La confidence plane dans l'air de la nuit et il le dit pas mais la vérité c'est qu'il est persuadé que dans dix ans, rien n'aura changé. Convaincu que même quand il sera vieux et ridé y aura toujours une part de lui qui l'aimera, quoi qu'il fasse quoi qu'il dise. Et ses doigts ont fini par tomber dans l'immobilité sur elle, et son regard reste sagement vissé au plafond. Il ose plus bouger – il ose à peine respirer. Il a l'impression d'être en apnée, comme si le temps s'était arrêté.
Il attend. Il passe sa vie à attendre.
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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyLun 14 Aoû - 21:55

Ça va ? Qu'il demande avec son air soucieux, entourant sa taille de ses bras pour la maintenir debout alors qu'il la sort de la voiture. Elle le dévisage, à moitié étonnée par sa question, à moitié amusée aussi. Presque hilare, comme s'il venait de dire quelque chose d'amusant. Elle hausse les épaules et se laisse guider, n'opposant aucune résistance. — Ben ouais, pourquoi ? Grand sourire au coin des lèvres, regard hagard. Et elle voudrait venir lui bondir dessus, s'agripper à lui comme un koala à sa branche, se laisser porter, se lover dans ses bras, le nez dans sa nuque pour se noyer dans son odeur, son parfum. Mais même ça, elle n'en a pas la force. Elle se contente d'y penser, très fort. Et c'est presque comme si elle y était. Elle voit pas les étages défiler et les minutes s'écouler. Elle a l'impression qu'il y a une seconde encore, elle était à la soirée. Du coup, elle a un peu de mal à faire les connexions. Elle finit par aller se vautrer dans le canapé et aussitôt, elle le quémande près de lui, avide de son contact. De sa chaleur. De ce truc qui irradie de lui et qui l'illumine au passage, elle si sombre, si grave. Sidney il éclaire tout, il rend tout plus beau. Avec lui, elle peut voir le monde à travers ses yeux, et c'est mieux ainsi. Quand il n'est pas là, tout est plus gris, plus sale, moins joli. Mais ça, elle ne lui a jamais dit. Elle n'en est pas capable. En fait, elle n'en a même pas vraiment conscience. Tout se passe au niveau au-dessus, au niveau de l'inconscient. Elle a choisi la facilité et la lâcheté Mads, et c'est Sid qui en fait les frais depuis toutes ces années. Combien de temps encore est-ce qu'il va accepter cette situation ? Sa condition ? Des fois, elle y pense vaguement, comme un bref éclaire de lucidité et ça lui fait peur. Tellement peur qu'elle refoule tout aussi sec pour retourner à son état de déni permanent. Mais au fond, elle sait qu'un jour ça finira par lui péter à la gueule. Et qu'elle s'en mordra les doigts. Bombe à retardement. Le compteur est lancé. Mais ce soir, cette nuit, elle n'y pense pas, elle n'y pense plus. Elle savoure cet instant, qui semble presque irréel à cause de son état. Une sorte de chimère synthétique. Une illusion, un songe, un truc qui n'existera déjà plus dans quelques heures. Elle se colle à lui, sa tête contre son torse et sa main qui attrape la sienne pour venir la poser sur son cœur. Et c'est comme un aveux maladroit. Comme un indice semé là, sur le bord de la route, l'air de rien. Les secondes s'écoulent et elle sent la fatigue qui s'insinue partout en elle. Comme un poids contre lequel elle ne peut pas lutter. Mais elle revient un peu à la réalité lorsque Sid retire sa main de la sienne, lui laissant un arrière goût un peu fade et une impression de vent glacé. Elle laisse mollement retomber sa main, n'ayant pas la force de lutter ou de rattraper la sienne pour la ramener là, au creux de sa poitrine. — Le mien bat toujours comme ça quand t'es là. Et ça la fait sourire, elle rit même un peu. Parce que ses mots ne trouvent pas l'écho qu'ils devraient. La drogue déforme tout, change le sens de ses paroles. Elle ne comprend pas la révélation qui se cache derrière, pourtant tellement évidente. Comme un éléphant qui tenterait de se camoufler derrière un poteau. Mais non, Mads ne percute pas. L'esprit qui s'embrume de plus en plus et ses yeux qui se ferment à moitié, bercée par la respiration de Sidney et les battements de son cœur, qui se calquent sur le sien, dans une douce harmonie. Il se mouve et vient retirer ses chaussures, elle se laisse faire, avec l'impression de se fondre dans un lit de coton. Les doigts de Sid le long de sa peau qui la calment et l'apaisent. Elle soupire de bien-être, détendue, sereine, planant à des milliers de kilomètres de la réalité. — Depuis l'temps, tu devrais le savoir. Elle fronce un peu les sourcils, alors que la voix du garçon lui semble soudainement loin. Si loin. Comme un écho étouffé par des murs trop épais. Et il continue de parler, elle le sait, mais elle n'entend plus distinctement. Ses paupières ont finit par se fermer totalement, bien trop lourdes pour qu'elle puisse les garder ouvertes. Ses muscles se détendent, pesant de plus en plus lourd sur Sidney. Et finalement, le visage heureux, elle finit par se laisser aller dans les bras de Morphée, se mettant progressivement à respirer plus lentement et un peu plus fort aussi. Immobile. Calme. Ratant sans le savoir l'élan de courage de Sidney.


15h12.
Elle ouvre péniblement les yeux, la tête en vrac, la bouche pâteuse. Elle gémit doucement et se mouve lentement, le corps douloureux. Elle déglutit, tourne et tourne encore. Et dans sa tête c'est l'enfer. Ça cogne et elle se sent comme vaporeuse. Il lui faut de longues minutes pour émerger véritablement. La gorge sèche et douloureuse, comme si elle était malade. Elle souffle, râle, soupire, et finit par se redresser dans le canapé déplié. Elle entend l'eau qui coule dans la salle-de-bain, Sidney est sous la douche. Il lui faut encore un moment pour s'éclaircir les idées et faire les connexions, avant de se rendre à l'évidence : black out. Elle ne se souvient de rien. Ou pas de grand chose. Des flashs éparpillés, par-ci, par-là. Elle se souvient un peu de l'arrivée à la soirée. De son passage aux toilettes. Puis du verre qu'elle a bu, et puis : plus rien. Et elle sait que ce n'est pas normal. Qu'un truc cloche. Parce que Mads ne boit jamais à avoir des trous noirs. Elle boit un verre, parfois deux, et fin de l'histoire. Elle a bien trop peur de vomir ensuite pour se prendre des cuites. Il lui faut encore quelques secondes avant de se rendre à l'évidence : y avait un truc dans son verre. Et son état ce matin ne fait que confirmer ses craintes. Elle a l'impression d'avoir été passée dans un rouleau compresseur et ça la rend folle de rage. Elle quitte le lit, titube un peu et se rattrape au mur, prise de vertiges. La tête qui tourne et les tripes au bord des lèvres. Et ça la dégoûte autant que ça la terrifie. L'idée de vomir la tétanise et lui fait monter les larmes aux yeux. Elle prend le temps de calmer cette sensation, mais celle-ci refuse de partir. Elle abdique et se rallonge sur le lit, vraiment mal en point. Et dès qu'elle entend les pas de Sidney revenir dans la pièce, sans même le voir encore, elle hurle déjà. — ESPÈCE DE SALE CON ! J'AI BU QUOI HIER ?! C'est pire qu'un cri de rage. Y a toute la force de la peur qui l'anime à cet instant. Elle en veut pas vomir, elle en tremble, prise d'une crise de panique. — C'est ta faute ! J'savais qu'il fallait pas y aller à cette fête ! J'AI ENVIE DE VOMIR SID, PUTAIN JE.. ! Elle pose ses mains sur son visage pour essayer de se calmer, les muscles tendus, au bord de la rupture, les nerfs à fleur de peau. — J'me souviens de rien, pourquoi j'me souviens de rien ? Sid putain, t'es vraiment le pire de tous les cons d'la terre ! Et elle tourne enfin la tête vers lui, mal en point. — Mon médicament, donne moi mon médicament. Elle a toujours une boite chez lui, étant donné qu'elle y passe presque plus de temps qu'au motel. Et là, il faut qu'elle avale une gélule et vite, pour faire passer l'envie de vomir. Elle va le tuer. Elle va vraiment le tuer. Dès qu'elle ira mieux, dès que la bile dans son ventre ne menacera plus de remonter.
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Sidney Kasabian

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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyMar 29 Aoû - 16:51

Y a pas un son pas un bruit y a rien du tout. Rien d'autre que le silence qui s'étire et s'éternise – ses mots suspendus dans l'air il a l'impression d'encore les entendre résonner c'est insupportable. J'aurais dû t'embrasser putain il regrette déjà amoureux d'toi il aurait jamais dû faire ça.

Il attend. Il se sait condamné il attend juste la sentence il attend que Mads se décide enfin à l'achever.

Mais il s'passe rien. Il a l'impression d'attendre des heures sans qu'elle ne parle sans qu'elle ne bouge et soudain il s'demande même si elle respire. Ses mains qui attrapent son visage doucement pour le relever vers lui. Il voit ses paupières closes son air paisible sa poitrine qui se soulève lentement. Elle dort. Putain il vient d'lui ouvrir son cœur et elle dort. Il a presque envie d'la secouer jusqu'à la réveiller, mais tout ce qu'il arrive à faire c'est rire. Nerveusement, frénétiquement, il se mord les joues pour n'pas faire de bruit et il rit encore et encore jusqu'à avoir du mal à respirer. Il rit pour pas s'mettre à hurler il rit parce qu'il a un peu envie d'chialer.

Quand il réussit enfin à reprendre son souffle il se force à s'lever, Mads qu'il emporte à moitié avec lui pour la déplacer. Elle bronche pas, se réveille un peu mais se laisse faire docilement. Il déplie le canapé rapidement, trop fatigué pour aller chercher des draps. Il aide Mads à se rallonger et il se contente d'attraper le plaid qui traîne sur l'accoudoir pour le déplier sur elle, venant s'poser à ses côtés.

Il a envie de tout effacer. Oublier cette soirée oublier la façon dont elle s'est collée à lui oublier qu'il a tout avoué. Il aimerait juste fermer les yeux et s'perdre dans les songes jusqu'à se vider la tête se vider le cœur, jusqu'à n'plus avoir l'impression de se consumer de l'intérieur.

Il arrive pas à dormir.

Elle est là, juste là, à moitié blottie contre lui. Il ose pas bouger pour n'pas la déranger et il reste étalé là comme un con, yeux rivés sur le plafond. Il s'laisse envahir par les remords et les regrets, le verre qu'il aurait pas dû lui donner le baiser qu'il l'a laissée gâcher. Les heures passent et il reste là, il voit les phares des voitures se découper d'temps en temps sur les murs, il écoute la respiration de Mads, il se concentre sur la chaleur qui émane d'elle. Elle le brûle. Elle le brûle et elle le voit même pas et il a cru que le moment était venu il a cru que son calvaire prendrait fin d'une manière ou d'une autre. Que ce soit dans la joie ou la haine il en a plus rien à foutre, il veut juste arrêter d'avoir mal tout l'temps – mal quand elle est là, encore plus quand elle ne l'est pas.

Mais non. Même ça il est pas foutu d'le faire correctement et quand le soleil se lève il n'a toujours pas fermé l'œil. La vérité c'est qu'il est épuisé il a l'impression de n'pas avoir dormi depuis une éternité. Il sait pas combien de temps il reste comme ça, à osciller entre conscience et somnolence, à fermer les yeux par intermittence sans réussir à s'abandonner vraiment. P't'être qu'il a dormi une ou deux heures en tout, par petits à-coups. Il en sait rien il s'en fout, il fait jour dehors y a un tas de bruit c'est sûrement déjà l'après-midi. Il finit par s'asseoir difficilement, les membres engourdis d'être restés statiques si longtemps, la tête tellement lourde qu'il est obligé d'la prendre entre ses mains. Il se frotte le visage comme si ça pouvait faire disparaître ce qui le ronge comme s'il suffisait de ça – bien sûr ça n'marche pas. Il se tourne, observe la silhouette encore endormie, soupire. Quand il se lève ses gestes sont lents ses pas sont lourds eux aussi, il avance jusqu'à la salle de bains au ralenti.

L'eau qui coule sur sa peau n'aide pas, il est pas endormi il est pas éveillé, il est dans un entre-deux qui le fatigue trop et il reste planté là trop longtemps, simplement debout sous le jet de la douche. Il a même plus envie de sortir, il voudrait juste rester là, enveloppé par les vapeurs chaudes, à s'noyer dans sa douche plutôt que dans sa peine.

Il finit par s'extirper de là tant bien que mal, nouant une serviette autour de sa taille avant d'croiser son reflet. Il a une gueule de zombie, le teint plus pâle que d'habitude l'regard éteint les yeux cernés de noir. Il se contente de soupirer avant de sortir, prêt à se diriger vers la chambre pour aller s'habiller. Il a pas l'temps. Y a Mads qui l'intercepte Mads qui l'a entendu Mads qui beugle. Bonjour. « ESPÈCE DE SALE CON ! J'AI BU QUOI HIER ?! » Il se fige sur place, devinant sans mal la rage et la panique qui l'agitent. Ses pas sont traînants quand il revient au salon, épaules voûtées regard baissé. Il a pas l'énergie pour l'affronter, pas là pas comme ça. « C'est ta faute ! J'savais qu'il fallait pas y aller à cette fête ! J'AI ENVIE DE VOMIR SID, PUTAIN JE.. ! » Et bien sûr il connaît sa phobie bien sûr il sait que c'est la pire des sensations pour elle. Bien sûr que c'est d'sa faute bien sûr qu'il le sait bien sûr qu'il s'en veut. Elle l'accable et elle a raison et il a rien pour se défendre. « Arrête de crier Mads, s'te plaît.. » Il a pas la force de canaliser tout ça cette fois, sa voix est aussi éteinte que ses prunelles quand il les pose sur elle. Il a plus vingt-quatre ans – on dirait qu'il en a cent-cinquante.

« J'me souviens de rien, pourquoi j'me souviens de rien ? Sid putain, t'es vraiment le pire de tous les cons d'la terre ! » Il esquisse un sourire désabusé, celui qui veut dire je sais. « Mon médicament, donne moi mon médicament. » Elle le regarde et ça lui tord les tripes, elle le regarde et il est obligé de faire demi-tour pour lui échapper. Il s'éclipse à la salle de bains sans un mot, attrape la boîte qu'elle laisse toujours chez lui par précaution, sert un verre d'eau et revient à elle silencieusement. Il s'approche jusqu'à lui tendre le tout, un air trop coupable venant marquer ses traits. « Laisse-moi le temps de m'habiller et j't'explique ok ? Crie pas. » Elle lui fout mal au crâne alors qu'il n'a même pas la gueule de bois. Et pour une fois il tient pas compte de son avis, il se contente de partir comme il l'a dit, disparaissant dans sa chambre le temps d'enfiler des fringues à la va-vite. Il est tenté d'se planquer sous sa couette et de n'plus en sortir, tant pis pour le monstre qu'il a éveillé dans la pièce d'à côté. Mais il peut pas la laisser comme ça il a pas le droit. Alors il prend sur lui et il revient même s'il n'est toujours pas prêt à l'affronter, même s'il sait qu'il perdra le premier. Comme chaque fois.

Son regard se pose sur elle et il garde ses distances parce qu'il a un peu peur qu'elle lui saute à la gorge, parce que cette fois si elle le gifle ça sera mérité mais il est pas prêt à l'encaisser. « Ça va mieux ? » C'est con, il sait parfaitement que non. « Tu te souviens de quoi ? » Et ça aussi c'est con mais au fond d'lui y a comme un espoir, peut-être que dans son sommeil elle l'a entendu peut-être que son cerveau a enregistré les mots peut-être qu'elle sait – il aimerait. Là elle aurait une bonne raison d'le tuer, de toute façon il a même pas envie de lutter. « T'as bu qu'un verre, t'as dansé, et on est partis, d'accord ? » T'as dansé pas on a dansé parce qu'il sait même pas si elle s'en rappelle et si c'est pas l'cas il veut pas lui dire. Il veut juste revenir en arrière et tout effacer. « Il s'est rien passé, t'as pas vomi, et là avec ton médoc ça va passer. J'te promets. » Il sait pas trop comment la rassurer il sait pas quoi dire pour la calmer, il sait que les questions vont venir et il veut pas y répondre. Il veut plus penser à tout ça, à la sensation de Mads entre ses doigts, Mads qui s'accroche à lui Mads qui lui sourit Mads qui lui dit qu'il est beau Mads qui pourrit ses nuits Mads qui l'fout à l'agonie. Elle continue d'lui ronger le cœur morceau par morceau, elle lui déglingue les neurones un à un et si elle continue bientôt y aura plus rien. Y a pas pire sensation que d'se sentir crever entre ses mains.
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MessageSujet: Re: la loi de murphy. (madney)   la loi de murphy. (madney) EmptyVen 29 Sep - 18:28

Il arrive dans le salon, avec sa mine usée, sans savoir que c'est elle qui en est à l'origine. C'est elle qui l'épuise, qui le ronge et qui le met dans cet état. Mais elle voit rien, bien au chaud dans sa bulle opaque qui la protège. En revanche, le corps de Sid elle le voit. Un peu trop d'ailleurs. Il est là, avec sa simple serviette autour de la taille et Mads ça la perturbe. Malgré la colère, le dégoût, l'envie de vomir et la peur que ça provoque chez elle. Elle force ses prunelles à rester vissées dans celles de Sidney, elle se raccroche à ça. Mais Sidney l'affronte à peine. Le regard vers le sol, comme si c'était trop dur pour lui de le remonter. Que ça le fatiguait et qu'il laissait tout tomber. On dirait presque qu'il va tomber justement. Avec ses épaules voûtées et son corps qui penche vers l'avant. Peut-être que ça pourrait la toucher et lui faire de la peine, si elle n'était pas aussi remontée. Si elle n'avait pas cette sensation horrible dans le ventre et ce goût de bile dégueulasse dans la gorge. Sans parler de son cœur qui fait n'importe quoi. Et ça, elle ne supporte pas. — Arrête de crier Mads, s'te plaît.. Mais elle ne peut pas. C'est plus fort qu'elle. Sa voix qui porte et qui tremble de rage, faut que ça sorte, faut qu'elle beugle. Parce que quand elle crie, on ne voit plus rien d'autre. Et ça l'arrange. Alors elle surenchérit, elle continue de se plaindre, de crier, de se faire entendre. Ça elle sait faire, ça elle maîtrise. Comme une artiste confirmée qui n'aurait plus rien à prouver à personne, le talent est maitrisé. Elle lui ordonne d'aller lui chercher son médicament, comme si elle ne pouvait pas le faire elle-même. Et il s'exécute, d'un pas las et l'air désabusé. On dirait qu'une horrible nouvelle vient de lui tomber dessus. Mais elle n'y fait pas attention. Elle n'y fait jamais attention. Et pendant qu'il s'absente, elle pose une main sur le mur et l'autre sur son ventre, elle se concentre et fait quelques exercices de respiration pour essayer de se calmer, pour essayer de faire passer cette sensation immonde qui l'étreint et qui envahit tout son corps, qui vient tapisser son palais d'une sale amertume. Quand il revient, elle ne le remercie même pas. Pas un regard, pas un sourire, nada. Elle se contente de lui arracher le verre des mains, de diluer le médicament dans l'eau et de l'avaler en deux temps trois mouvements, pressée de mettre un terme à ce calvaire. — Laisse-moi le temps de m'habiller et j't'explique ok ? Crie pas. Elle ne le retient même pas. A dire vrai, ça l'arrange. Qu'il aille s'habiller bon dieu, avant que ses prunelles se fendillent. Comme après un choc entre quelque chose de brûlant et quelque chose de gelé. Ça fume de tous les côtés, ça pète, ça fait un bruit à vous vriller les tympans. Alors oui, qu'il aille se foutre quelque chose sur le dos. Il n'attend pas sa réponse et se tire, lui laissant un peu d'air. Elle oublie rapidement tout ça, se concentrant à nouveau sur sa petite personne et sur son estomac qui fait des siennes. Elle savoure le goût âpre de son médicament, comme s'il s'agissait de Jésus en personne qui viendrait la guérir. Elle ferme les yeux un instant et soupire, rassurée. Mais elle est toujours fâchée. Contre Sid. Et elle compte bien lui faire savoir. — Ça va mieux ? Elle le fusille du regard, un truc violent, un truc méchant. — J'ai l'air d'aller mieux ducon ?! Pourtant c'est vrai, elle va mieux. L'envie est toujours là, mais maintenant qu'elle a pris son médicament, elle sait qu'elle ne vomira pas, en principe, et que la sensation va vite disparaitre. Et ça la soulage. Mais elle ne veut pas l'admettre. Et elle ne veut pas faire ce plaisir à Sidney. Il ne le mérite pas. Il ne mérite rien à cet instant. Si ce n'est tout son mépris et toute sa colère - la plus foudroyante. — Tu te souviens de quoi ? Elle claque le verre sur le meuble le plus proche, féroce et se remet à hurler. — J'TE L'AI DIT ! DE RIEN ! C'EST BIEN ÇA LE PROBLÈME ! Elle voudrait l'étrangler. Il l'énerve bon sang, il l'énerve tellement, avec sa tête de chiot et son air désespéré. C'est désespérant. Il est là, tout mou et impuissant et elle voudrait le secouer, le gifler, jusqu'à ce qu'il réagisse. Qu'il fasse quelque chose. N'importe quoi. Mais qu'il arrête de lui offrir cet air. Ça lui donne des envies de meurtre parfois. — T'as bu qu'un verre, t'as dansé, et on est partis, d'accord ? Il s'est rien passé, t'as pas vomi, et là avec ton médoc ça va passer. J'te promets. Elle le dévisage longuement, la tête penchée sur le côté, la bouche entrouverte et les sourcils froncés, sévère. Puis elle se redresse, esquisse une grimace de mépris et échappe un léger ricanement irrité. Elle passe une main sur son front et la laisse glisser dans sa crinière, ramenant ses cheveux en arrière. — Y s'fout d'ma gueule en plus ce con... Elle passe sa langue sur ses lèvres avant de finalement se mettre en mouvement, agacée, au bord de la crise de nerfs. — J'ai bu qu'un verre et j'suis malade et je fais un blackout ? Tu te moque de qui là Sid ? Elle gueule plus et c'est pire en fait. Et puis, rapidement, elle redevient furie. Elle ramasse toutes ses affaires, dans de grands gestes brusques et secs. — J'en ai marre de tes conneries. Je. me. casse ! Une fois qu'elle a tout, elle enfile ses pompes, récupère son sac-à-main et se retourne vers Sidney une dernière fois. — Fais moi signe quand t'en aura marre d'être UN CON et d'me mentir en plus ! Retourne faire mumuse avec ton pote de merde et t'sais quoi... Elle ouvre la porte. — RESTE AVEC LUI ! Elle claque la porte, si fort que les murs en tremblent et que ça raisonne dans tout l'appartement, dans toute la cage d'escalier. Et elle part en furie, en rouspétant et dévalant les marches bruyamment. Tragédienne jusque dans les coulisses.

RP TERMINÉ.
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