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| c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Jeu 20 Avr - 16:10 | |
| Ça commence toujours pareil : par une catastrophe. C’est varié, elle n’ôte pas ça à la vie, mais ça commence toujours pareil : par une merde, par une couille, par quelque chose qui dérape et qui déconne. C’est pas grave en soit, y a jamais rien d’irrattrapable – enfin peut-être que si, elle s’amende, lance une pensée à Arman – mais la vie a un nombre incalculable de façon de la faire dévier de sa route et le résultat est quasi toujours le même : quelque chose cloche. Quelques jours plus tôt, une bouteille de coca lui avait explosé à la figure – vengeance capitaliste, avait-elle plaisanté, les cheveux plaquées sur le visage. Une autre fois, elle s’était pris un poteau en skate, avait rencontré une vieille connaissance, avait été obligé d’assister à une réunion skype avec le reste de son équipe de Counter Strike, parfois, son ordinateur portable tombait en rade et il fallait qu’elle appelle Ivory pour le retaper, parfois, c’était encore autre chose. Souvent, elle devait l’admettre, c’était Meredith qui mettait des couilles dans les recoins de sa vie – quoi qu’elle se demandait parfois s’il en avait – et elle ne parvenait même pas à lui en vouloir, tellement il semblait en avoir bouffé. Cette fois-là, ce n’est rien de tout cela. Cette fois-là, Fiver est malade et elle attend chez le vétérinaire, une caisse sur les genoux et l’air le plus emmerdé du monde sur le visage.
Ça ne devrait pas prendre longtemps, lui a dit le secrétaire et elle a envie de lui faire des doigts maintenant qu’il lui tourne le dos. Bien sûr, le pauvre bougre n’y peut rien mais elle s’ennuie terriblement et le véto est affreusement en retard, parce qu’il est toujours en retard, parce qu’elle le soupçonne de se taper la moitié des proprios de ses patients. Elle n’a rien contre les plaisirs charnels, en soit, elle aimerait juste qu’ils n’interfèrent pas avec le bon déroulement de sa journée et ce n’est pas les vibrations de son portable contre la cage de transport de son bestiaux qui arrange la chose : elle a hâte de partir, hâte d’aller balancer des croissants à la tête d’Asher qui se paye bien sa tête, hâte d’aller s’asseoir en tailleurs sur son tapis pour se moquer de lui, hâte d’être n’importe où à part ici parce qu’une salle d’attente qui sent la javel ne lui a jamais vendu particulièrement du rêve. C’est peut-être pour cela qu’elle ne daigne pas lui répondre, lorsque son téléphone vibre une dernière fois, parce que la porte s’ouvre et que le vétérinaire a effectivement du rouge à lèvres sur le col, parce qu’elle a envie de rouler des yeux, parce qu’elle est presque sûre qu’elle a déjà croisé la nana dans son magasin de fleur et qu’elle est mariée, parce qu’elle ne veut pas juger mais que ça lui semble quand même un peu exagéré. Lorsqu’il la fait rentrer dans son cabinet, elle est prête à le mordre. Comme elle n’a pas envie que cela dure plus de temps encore que ça ne le devrait, elle s’abstient.
Une demi-heure plus tard, ses croissants et ses donuts sous le bras, et la caisse de son lapin dans l’autre main, Minerva roule vers chez Asher, un sourire un peu trop large sur le visage et des cheveux plein les yeux. Elle n’est pas élégante, Minnie, pas réellement, elle s’en moque aussi un peu, parce que ce n’est pas ça sa relation avec Asher, pas réellement, parce qu’elle ne sait pas bien ce qu’est mais que ce n’est pas ça en tout cas et qu’il n’a pas besoin de la voir belle parce que ce n’est pas ce qu’elle est. Elle est beaucoup d’autres choses, elle suppose, drôle, bandit, féroce, mais pas belle, parce qu’elle déteste le terme, parce qu’on l’a utilisé beaucoup trop de fois pour parler d’elle et pour la pousser de côté, pour l’empêcher de faire ce qu’elle voulait. Tu es belle, disait son père, tu seras mère, épouse ou tout ce qui pouvait lui passer par l’esprit. Tu es belle, soufflait sa mère, et c’était tout ce qui importait. Tu es belle, disait son ex-mari et rien d’autre n’existait. Elle n’est pas élégante, Minnie, lorsqu’elle braque la porte d’Asher, pas belle lorsqu’elle pousse sa porte, pas tranquille, pas adulte, pas mature, lorsqu’elle claque la porte d’un mouvement de pied et balance la bouffe qu’elle ramène sur la table basse devant laquelle il est affalé.
« Tu ressembles à un putain de cachalot, Bloomberg. » est ce qui se rapproche le plus d’un bonjour, comme tu vas, entre ses lèvres, et elle se penche pour libérer Fiver de sa cage, parce qu’elle n’a aucune gêne, parce qu’elle ne s’embarrasse jamais de permissions. Elle se penche vers Asher pour heurter son front contre le sien, une demi seconde, comme pour vérifier qu’il n’a pas de fièvre, lui adresse un sourire diabolique, un éclair de malice dans les yeux. « Je vais chercher du café, je t’en ramène un ? »
Et elle n’attend pas sa réponse avant de décamper vers la cuisine, tornade en kickers et en salopette, trop rapide pour être saisie. |
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donne coeur, pas cher, déjà utilisé ▹ posts envoyés : 1889 ▹ points : 16 ▹ pseudo : Unserious/Agnès ▹ crédits : WHI, tumblr, bazzart / avatar : balaclava / AES : moi / gif : camille ▹ avatar : Ben Barnes ▹ signe particulier : un accent de liverpool, un tatouage "bad" au creux du coude, et une chevalière à l'index gauche. oh, et totalement casher. en théorie.
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| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Mar 25 Avr - 0:10 | |
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Minnie & Asher C'est juste une idée qui passe et que je fuis © creditimage|tumblr C’est son job. C’est quelque chose qu’il se répète à chaque fois qu’il passe un peu plus de temps avec l’Egide, chaque fois qu’il culpabilise de passer pour un simple geek alors qu’il est un putain de flic, chaque fois qu’il croise les yeux de Minerva Farghadani et qu’il se dit que la pire chose qu’il pourrait faire, ce serait de la trahir. C’est son job, il fait semblant, et il le fait tellement bien que c’en rendrait confus, tellement bien qu’il passerait presque pour honnête. C’est son job et son patron l’a libéré d’une partie de son boulot au poste, pour que l’infiltration soit la plus crédible possible. Crédible, mon cul. Il passe son temps à la maison, entre le piano et le canapé, à se maudire d’avoir accepté de jouer les taupes pour un boss qu’il honnit de toutes ses tripes, quitte à se faire détester de gens qu’ils commence à apprécier. Elle l’a accueilli sans trop se poser de questions, Minerva, sans se demander ce qu’il foutait là ou pourquoi il s’adressait à eux en particulier, sans chercher à en apprendre plus sur son histoire. Il n’a jamais caché son nom, Asher, jamais dissimulé son identité. Tout au plus, il a demandé à son chef de le faire disparaître du fichier de la police, pour pas risquer de se faire pincer s’il se faisait, par mégarde, pirater. Il a prévu pas mal de trucs, Asher, mais il n’a pas prévu Minerva. Il n’a pas prévu ses grands yeux noirs qui racontent des histoires qu’il ne comprend pas toujours, son skateboard dégueulasse et ses chaussures toujours délacées, son lapin géant et absolument grotesque, son look d’adolescente attardé. Il n’aime pas vraiment Minerva, Asher. Enfin, il ne croit pas vraiment l’aimer. Elle est trop compliquée, Minerva. Elle a trop d’énigmes dans la voix, trop de mystères dans les gestes. Elle a trop de douleur dans le creux des mains quand elle s’approche de lui et le saisit par les épaules, trop de creux les rides quand elle lui assure qu’elle va bien. Elle est trop bizarre, Minerva. Elle a ses habitudes stupides et ses obsessions enfantines, elle a ses blagues potaches et sa trop grande exubérance. Elle est renfermée pourtant, Minerva, il pense. Il pense, parce qu’il n’est pas sûr. C’est difficile d’être certain de quoi que ce soit avec Minerva, difficile de n’avoir aucun doute sur elle et les autres et la vie. Pourtant, Asher n’a pas de doute sur l’affection qu’elle lui porte. Son téléphone vient de sonner. Elle a répondu, Minerva. Elle répond toujours. Même chez le véto, avec sa saleté de bestiole sur les genoux. Même alors qu’elle doit avoir un tas d’autres choses à penser. Elle va ramener des cookies. C’est bien, parce qu’il adore ça et aussi, un peu, parce qu’il ne croit pas vraiment la détester. Entre les vingt minutes qui séparent leur dernier échange, Asher se rendort. C’est pas qu’il soit très fatigué mais il a du mal à garder les yeux ouverts, dernièrement. Y a trop de choses qui tournent dans sa tête, trop de choses qui lui donnent envie de rester éveillé, les mirettes écarquillées. Y a Lena et Lena et Lena et aussi un peu de Swann, parce qu’elle l’inquiète autant qu’elle a pu l’indifférer à une époque. Et puis, y a Minerva. Elle est insaisissable, Minerva. Elle fait trop de choses, comme si elle voulait attirer l’attention partout sauf sur elle. Elle y arrive, malheureusement. Elle y arrive et c’est saoulant, parce qu’elle se pointe avec ses gros sabots, colle son front contre celui d’Asher sans ménagement, l’insulte, mais elle ne fait pas comme Lena. Lena, elle attend qu’Asher réplique. Minerva, elle, espère tout sauf ça, tout sauf une réponse, tout sauf un comment ça va parce qu’elle n’a pas envie de parler d’elle, de parler de ça. Elle est trop sensible, Minerva, et c’est pour ça qu’il se redresse et qu’il s’étire : pour faire disparaître le cachalot et réapparaître l’ami.
« Je ne bois pas de café, Minnie », il répond en étirant les bras et en baillant à moitié, les yeux vagabondant sur le truc qui remue son pompon sous le nez de Dalek. « TSSS, Dalek, pas touche ». De toute façon, le clebs s’est déjà pris un coup de dents du lapin, une fois. Depuis, il semble qu’il évite soigneusement sous contact avec la bestiole, comme s’il craignait une nouvelle tentative d’assassinat. Il attrape le lapin, Asher, le pose sur son ventre. C’est mignon cette connerie, putain. Il se trouve tout le temps en train de dire la même chose, mais c’est mignon. Ses doigts s’attardent derrière les oreilles de la créature, sur sa tête, sur le bout de son nez qu’il caresse tout doucement, avec une délicatesse qu’il ne montre que trop rarement. « Je veux bien un verre de lait », et il jure dans sa barbe avant de rajouter « si Lena en a laissé ». Elle en a entendu parler, Minerva, de Lena et sa manie de finir le lait, Lena et ses culottes sur l’étagère, Lena et les miettes dans les couvertures qui garnissent le canapé. Elle a aussi entendu des trucs plus personnels, comme le fait que Lena faisait battre son cœur un peu plus vitre et qu’il aimait bien la voir le soir, ou le fait que lorsqu’elle l’effleurait du bout des doigts, il ne savait plus où il était ni à quelle époque. Il se doute pas, Asher, que ça puisse faire du mal à son amie, tout ça. Lena et la vie et l’amour, et tout ce qu’il vit en dehors d’elle, quand elle n’est pas là, quand elle est occupée à vivre. Il se penche, embrasse le front poilu du lapin. Putain d’adorable. « Minnie ? », il gémit, geint, comme un gamin qui aurait envie de faire un caprice et appellerait sa maman. Il est con, Asher, quand il est blessé, ce genre de mec infoutu de faire quoi que ce soit par lui-même. C’est quand il la voit revenir qu’il ose un sourire, malgré son nez trop rouge et ses yeux cernés d’un ocre dégueulasse. Il a la couleur de ce qu’il a vomi la nuit dernière, tiens. « Viens vers moi, pose-toi deux secondes. Raconte-moi ta journée ». Il tapote la place à côté de lui, Fiver toujours serré contre sa poitrine. C’est pas son habitude de demander ça, mais faut croire qu’il y a un début à tout.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Lun 8 Mai - 6:48 | |
| Elle trébuche, Minerva, à force de foncer en avant. C’est toujours comme ça, elle se prend les pieds dans le tapis, se prend les murs, les portes, tombe dans l’escalier ou du tabouret, tombe amoureuse aussi parfois. C’est tragique, Minnie amoureuse, une sorte de blague un peu cruelle, de plaisanterie farfelue. Ca devrait pas arriver, Minnie amoureuse, parce qu’elle a le monde à redresser, parce qu’elle a trop de truc auxquels penser, parce qu’elle a pas besoin de ça, pas du tout, qu’elle a besoin de tout sauf de son esprit qui s’embrouille et de son coeur qui s’emballe et de toutes les merdes que survendent les films commerciaux. C’est surcoté, l’amour, ça sert à rien, qu’est-ce que tu veux faire quand tu peux penser à rien ? Comment tu veux faire mieux si t’arrives pas à réfléchir, si t’arrives pas à prendre du recul, s’il te regarde et que ça tambourine et que ça tape et que ça tremble, s’il a les yeux sur toi et que tes genoux se dérobent ? C’est une connerie, l’amour, une putain de bêtises sur une longue liste d’erreurs, parce qu’elle s’y attend pas et parce qu’elle attend rien, parce qu’elle tombe amoureuse comme elle tombe d’une chaise, avec fracas et douleur mais sans gravité, parce qu’elle tombe amoureuse comme on trébuche sur le pavé un peu bourré, pas de trop haut mais d’assez pour se tirer de sa torpeur, pas d’assez haut mais suffisamment pour s’arracher les ailes au vol. Elle tombe amoureuse et c’est stupide, parce que Lena culbute hors de la bouche d’Asher et qu’elle se prend les pieds dans un tapis qu’elle sait depuis longtemps là. Elle connaît Lena. Pas personnellement, évidemment, mais elle la connaît, comme en creux, une espèce de silhouette découpée qui occuperait les récits d’Asher et les contours de l’appartement, une femme-pointillée qu’elle voit à travers les yeux de la personne qui l’aime. Elle connaît Lena parce qu’elle a vu les bouteilles de laits vides et les traces de sa vie chez Asher, elle connaît les signes et ce qui reste après elle, parce que c’est tout ce qu’elle a vu d’elle, des conséquences, des résultats, des sentiments qui fleurissent et ne se fanent pas. Elle ne sait pas à quoi elle ressemble, dans le fond, pas vraiment, et sans doute qu’elle s’en fiche, parce que ça ne la regarde pas, parce qu’elle a pas à foutre son nez dans ça, parce qu’elle a fait une erreur mais que personne a besoin de le savoir, parce qu’elle sait trop bien cadenasser, verrouiller, rien montrer, qu’elle a passé des années à faire ça et qu’elle peut continuer.
« T’es un gosse, Bloomberg. » murmure-t-elle lorsque la douleur qui lui enserrait la poitrine part d’elle-même. Il y a de l’affection, dans son ton, parce qu’elle sait que c’est un terrain plus sûr, parce qu’elle n’a jamais cacher qu’elle l’appréciait et qu’il a toujours agi comme s’il l’appréciait aussi, parce que c’est sûr, ça, plus sûr que Lena qui trébuche et collisionne, plus sûr que de penser à la bouteille de lait presque vide dont elle arrive à tirer un verre, plus sûr que de penser aux trépidations qu’elle a au creux du ventre et à tout ce qui lui donne envie de serrer les dents. Elle vaut mieux que ça, Minerva, elle veut valoir mieux que ça, en tout cas, parce qu’elle est grande, parce qu’elle a déjà vécu, parce qu’elle a pas besoin de la pique de jalousie, pas besoin de la pique d’envie, parce qu’elle peut juste être heureuse, parce qu’elle veut l’être, parce que y a rien d’autre qui compte. Elle ne fait pas de bruit, lorsqu’elle pose le verre et la tasse sur la table basse, lorsqu’elle se coule à côté d’Asher en lui rendant son sourire, lorsqu’elle tend la main pour frotter son pouce entre ses sourcils comme pour en chasser une ride. « Rassure-moi, il a pas encore mordu ton clebs ? » Elle élude, Minnie, parce qu’Asher pose des questions et que c’est étrange, parce que ça n’arrive pas, d’habitude, parce qu’il ne tente pas de creuser, comme satisfait par l’espèce de statu quo qu’ils occupent, en équilibre sur une planche bancale, à se fréquenter sans jamais rien exiger. Elle a envie de parler, pourtant, alors elle déballe la bouffe qu’elle a ramené, pose les sacs en papier gras contre la table, se laisse glisser pour s’affaler plus confortablement sur le canapé, les yeux perdus quelque part sur le plafond parce qu’elle a du mal à le regarder, parfois, du mal à comprendre ce qu’il veut, du mal à saisir ce qu’il fait.
« Ça a été une longue journée. » elle admet, finalement, avant de tendre la main pour attraper un donuts. « J’ai cru que Fiver allait mourir, ce matin, j’ai un peu paniqué. C’est rien de dramatique, je sais, mais j’ai vu le cadavre de mon ex-mari, tu vois, j’ai ressenti moins de trouille que là. » Elle sait pas trop si Asher sait, en fait, parce qu’elle en fait pas la pub mais que c’est pas vraiment un secret. Les gens du coin sont au courant, Meredith aussi, la plupart de l’Egide doit savoir en fait, en réalité, mais elle n’est pas sûr qu’Asher ait été là, pas sûr qu’il ait saisi. Elle hausse les épaules, comme pour changer l’espèce de culpabilité qui lui ronge l’estomac, parce qu’elle vient d’admettre que la mort d’un lapin lui importait plus que celle d’un être humain, parce qu’elle n’est pas sûr de la normalité de la chose, pas sûr de comment le regard d’Asher va changer après, sûre de rien en réalité, c’est sans doute ça qui la fait flipper et qui lui fait des nœuds dans le bide. Elle risque un sourire, un bête sourire, du sucre glacé sur les lèvres et contre les fossettes, cherche ses yeux, une seconde, avant de se dérober. « Je suis fatiguée, Asher, si t’avais pas la gueule de bois, je t’aurais proposé de te mettre une mine avec moi, mais je crois qu’il va falloir que je débauche quelqu’un d’autre que toi. »
Ou personne, peut-être, parce que l’idée l’attire plus que la réalité, que ce n’est pas tant l’alcool qui lui fait envie que le besoin de passer une soirée à rire avec quelqu’un, qu’elle a juste envie de compagnie et d’oublier, de tourner la page sur toutes les choses qui reviennent la hanter.
« Je crois qu’un de mes lapins est en cloque, d’ailleurs, t’en voudrais pas un ? Promis, il te piquera pas ton lait. »
Lui, manque-t-elle d’ajouter, et elle se mord fort la joue pour ravaler le ton accusateur qui accompagne le mot, chasser l’amertume qui manque d’entacher. Lui, ravale-t-elle et elle a l’impression d’avaler un verre d’acide et de déception. Lui, retient-elle et elle ferme les yeux. Elle avale un morceau de donuts pour compenser. |
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| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Mer 10 Mai - 19:57 | |
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Minnie & Asher C'est juste une idée qui passe et que je fuis © creditimage|tumblr C’est facile, avec Minnie. Il est égoïste, Asher, parce qu’il ne sent pas les légers trémolos dans sa voix, parce qu’il ne voit pas comme elle le regarde avec ses yeux plus grands que le monde, parce qu’il ne comprend pas qu’elle fait beaucoup de choses par affection pour lui, beaucoup de choses qu’elle ne serait pas obligée de faire. Il pose un regard attendri sur elle quand elle revient vers lui parce qu’elle l’a traité de gosse et que c’est vrai, qu’il est un gosse quelque part, un gosse qui connait pas grand-chose aux émotions, un gosse qui ne voit même pas qu’elle le contemple un peu trop fort, se contente de tirer un peu la langue. Ça fait du bien, terriblement, d’avoir quelqu’un avec qui il peut être léger, quelqu’un avec qui il peut laisser ses soucis de côté, parce que s’il est honnête avec lui-même, il sait que ce n’est pas ce qu’il a avec Elena, que c’est plus fort, que c’est plus tendre, que ça a quelque chose de plus simple et de terriblement plus compliqué pour qui daigne ouvrir un peu les yeux, avec la présence fantôme de la brunette et la douleur qu’elle insinue dans la voix de Minerva. C’est plus simple et plus compliqué, et plus tout en fait, à croire qu’Asher se fout volontairement un mouchoir devant les yeux pour ignorer l’évidence, pour ne pas lui faire face. L’évidence, c’est qu’il n’est lui-même qu’avec Minerva, qu’avec Jael, qu’avec Caïn, ces trois personnes, juste elles, et qu’il ignore foutrement pourquoi, qu’il ignore ce qui lui fait baisser le masque et les armes, ce qui le fait céder, il l’ignore mais il l’accepte sans trop y prêter attention. C’est plus simple de dire qu’il agit comme ça parce que ce sont ses meilleurs amis, parce qu’il les a totalement acceptés et qu’ils l’ont accepté aussi, dans ses failles et ses faiblesses, c’est plus simple de se dire que c’est juste une histoire de relations humaines. C’est plus compliqué si on lit entre les lignes, si on comprend que Jael est sa Maxine de substitution, que Caïn est son Samuel, que Minnie est… quelque chose d’autre, qu’il n’a pas encore bien défini. Faut pas se vautrer dans le compliqué, ça sert à rien, c’est peut-être pour ça qu’il rebondit sur la première question que lui pose Minnie, pas vraiment importante mais il fait comme si, comme s’il ne remarquait pas qu’elle a mal dans le cœur, comme s’il n’était pas aussi con. « Si, il l’a fait, parce que c’est l’incarnation de Satan », et il regarde le lapin qui a ses grands yeux levés vers lui, poursuit avec la voix du mec complètement gaga de la boule de poils qu’il tient dans ses mains « hein, t’es un être diabolique, diabolique et adoraaaaable. » Il va pour frotter le bout de son nez contre celui du lapin, se rappelle qu’il est à moitié pété et grimace quand le contact lui remémore la douleur de la veille, comme s’il se reprenait un poing en plein dans la gueule. « Ouch. » Ça lui est revenu, un flash après l’autre, le mec qu’avait trop bu et qu’il avait essayé de contenir avec Caïn, qui les avait rétamés tous les deux, il se souvient vaguement, aussi, avoir prononcé une phrase en hébreu avant de s’évanouir, mais n’est pas sûr que toutes les syllabes étaient dans le bon ordre. Il sait juste que maintenant, il regrette de s’être un peu emporté, l’aurait mieux fait de le laisser cuver dans un coin et de continuer de picoler tranquillement. L’air est un peu lourd, un peu trop, et quand Minerva évoque son ex-mari, Asher garde un instant les yeux perdus dans le vague. Il n’a jamais su comment gérer ça, les émotions des autres, leurs souvenirs mortifères, n’a jamais su gérer la tristesse, la joie, la colère, n’a jamais vraiment compris, non plus, pourquoi on se sentait obligé de se soumettre à des mœurs étrange, la compassion, les condoléances, la miséricorde. Quand il raconte son histoire, Asher, il n’a pas envie qu’on le plaigne. On l’a déjà trop fait, ou pas assez, on l’a déjà rangé dans une petite boîte, le mec qui aimait les mecs et les filles. Y a pas grand-chose à en dire, en fait. Il a perdu son boulot, sa vie, sa richesse, il a perdu sa fiancée et son meilleur ami, il a perdu ses parents et sa sœur. Il a tout perdu et s’apitoyer n’y changera rien. Alors quand Minnie parle de son mari, il ne sait pas quoi faire, il ne sait pas si elle est comme lui ou si elle cache tout sous des couches de désinvolture, si ça lui tord le cœur ou si ça le pince tout juste. « Je comprends, t’inquiète », il dit juste, je comprends, t’inquiète parce que ça veut tout et rien dire, parce que ça permet d’éluder, parce que Minerva le suit et parle d’alcool, et que l’alcool est un sujet fédérateur, d’aucuns doivent nécessairement le reconnaître. Ça n’appelle pas de réponse malgré tout, elle a parfaitement résumé le problème, c’est clairement pas avec lui qu’elle pourra se biturer ce soir. Il ne la regarde pas, Asher, esquive, parce qu’il a un peu honte d’avoir trop bu et aussi parce qu’il est trop occupé à faire des bisous sur le nez de l’adorable lapin de Minerva.
Et en parlant de lapin, y a le mot magique qui résonne dans la pièce, lapin et puis en cloque, une phrase qu’il aime moins, mais elle lui demande s’il en veut un et il se tourne vers elle, sourire large comme un putain de soleil collé sur le visage. « Vraiment ? » Il est adorable, merde, Asher et ce foutu lapin sur ses genoux qu’il caresse inlassablement depuis plusieurs minutes, il est adorable même quand il ajoute, goguenard : « je veux bien mais tu sais, même s’il ne pique pas mon lait, y a d’autres choses qu’elle fait et qu’il ne pourra pas faire, si tu vois c’que je veux dire. » Bête, stupide, consternant, un petit rire au bout des lèvres alors qu’il ajoute ça, très fier de lui, petit coup de coude à Minerva avant de reporter son attention sur le léporidé qui remue frénétiquement le bout de son museau. Y a pas de méchanceté dans ce qu’il dit, Asher, simplement de l’ignorance, de l’aveuglement, une dose d’entêtement aussi, parce qu’il aime se convaincre qu’il n’y a rien, qu’il n’y aura jamais rien. Elle est trop bien, Minerva, avec ses grands yeux et ses lèvres à tomber, avec ses cheveux emmêlés et son skate sous le bras, elle est au-dessus de tout ce qu’il pourrait espérer. Il vise pas aussi haut, Asher, pas dans cette direction, parce qu’il a peur de se louper, peur que la balle passe à côté, peur qu’elle abatte la biche du premier coup. Ça lui vient pas à l’esprit, jamais, parce qu’il y a Elena et qu’Elena est suffisante, qu’elle est même davantage, parce qu’Elena lui coupe le souffle et le détruit lentement, parce qu’elle représente exactement l’idée qu’il se fait de l’amour. Il n’a pas appris ce que ça devait vraiment être, la douceur et la tendresse et la complicité, ne sait pas qu’y aurait peut-être à creuser quelque part. Il sait pas et avec Minnie, ce serait impossible. Elle sait tout de lui sans rien savoir, elle sait ses failles et son caractère et ses goûts mais elle ne sait pas son passé, son métier, ses aspirations. C’est mieux de faire comme si. Comme si de rien n’était, comme s’il n’avait pas été stupide. Il s’arrête de rire, attrape la main de Minerva et la pose doucement sur son nez endolori, souffle quelque chose entre gloussement et gémissement de douleur. Masochisme, quand tu nous tiens. « Tu penses pouvoir réparer ça, Minnie ? » Comme changement de sujet, y a pas mieux, pas mieux que poser les doigts de ton amie sur ta peau sans lui demander son avis, pas mieux qu’esquiver encore une fois les problèmes. L’est vraiment pété, Asher.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Jeu 11 Mai - 0:22 | |
| Il est cruel, Asher, parce qu’il est aveugle, parce qu’il refuse de voir, parce qu’il refuse d’envisager. Il est cruel, Asher, et ça lui fait des nœuds dans le cœur, à Minerva, parce qu’elle ne sait pas s’il fait exprès ou s’il ne comprend juste pas, parce qu’elle ne sait pas si c’est une façon de l’éloigner ou juste une maladresse, parce qu’elle ne sait pas comment interpréter ça. Il lui met un coup de coude et elle a l’impression de s’effondrer à l’intérieur, un grand vacarme de ses os qui se décrochent, le tintement de ses côtes et de ses vertèbres, de son corps entier qui s’affaisse et se détruit. Il lui met un coup de coude et elle aimerait pouvoir éclater de rire parce que ce serait drôle, si elle ne l’aimait pas, ce serait drôle, s’il n’y avait pas son cœur qui gisait en haut du tas. Elle se demande si c’est à ça que ça ressemblait, les vieilles tombes et les anciens mausolées, des tas d’os et un cœur qui bat douloureusement au-dessus, un cadavre en dessous et plus d’espoir nulle part, parce qu’il y a la peau qu’on écorche et les remarques qui deviennent des couteaux, parce que c’est un assassinat en forme de blague et qu’elle n’était pas préparée à ça. Elle n’était pas préparée à grand-chose, c’est vrai, c’est peut-être ça son tort, peut-être ça son pêché, peut-être qu’elle aurait dû être prête, peut-être qu’elle aurait dû savoir que ça allait arriver, parce qu’elle n’en dit pas assez, parce qu’elle élude, évite, esquive, parce qu’elle se laisse vivre dans une demi-teinte qui ne veut rien dire et que c’est ça qui provoque le carnage, ça qui arme les mots dans la bouche d’Asher, ça qui invoque la catastrophe. Elle se raidit, pour ne rien montrer, parce qu’il ne peut pas assister à ça, parce qu’il ne peut pas voir ça. Elle est trop fière, Minnie, la tête trop droite et les mâchoires serrées à s’en user les dents. Elle s’étiole et elle veut que personne ne le voit, parce que c’est pas sérieux, d’avoir le cœur brisé à trente-sept ans, pas sérieux de tomber amoureuse, pas sérieux d’attendre quelque chose de quelqu’un qui a les yeux rivés sur une autre, pas sérieux du tout. Elle le sait, Minerva. Elle le sait depuis le début, depuis qu’Elena a trébuché hors de sa bouche, depuis qu’elle a été catapultée sur Minnie sans qu’elle ait pu le prévoir, depuis qu’elle s’est pris la flotte sans pouvoir prendre son souffle ou arrêter de couler. Elle reste immobile, parce qu’elle est incapable de bouger, ne bat pas des cils lorsqu’Asher attrape sa main pour coller ses doigts contre son nez, ne moufte pas lorsque ses doigts rentrent en collision avec sa peau.
« Tu comprends ? » elle demande, et il faut rembobiner, revenir en arrière, et il y a une étincelle de colère dans ses yeux, une étincelle de rage, une étincelle qui la fait vibrer alors que sa seule envie est de disparaître, alors qu’elle voudrait pouvoir se fondre dans le décor et ne plus jamais avoir à exister. « Tu comprends ? » et l’inflexion change d’endroit et le sous-entendu change, évolue, se morphe. Elle a envie de serrer fort son nez entre ses doigts pour lui arracher un cri de douleur, envie de le faire quitter cette espèce de réserve joyeuse qui lui a donné le droit de lui piétiner le cœur, envie d’hurler et de crier et de tempêter parce qu’elle est fatiguée d’être raisonnable, fatiguée d’être laissée pour compte, fatiguée de la mousse dans les yeux d’Asher et de sa putain d’obstination à ne rien remarquer, à ne pas vouloir prendre en compte l’éléphant qui se tient dans la pièce et sur son abdomen, parce qu’il est incapable d’encaisser, peut-être, effrayé de réaliser, sans doute, parce qu’il est lâche, putain de lâche et que ça la fait criser. Elle ne serre pas, pourtant, parce que ça ne lui apporterait rien, parce qu’elle n’aurait pas moins mal parce qu’il souffre, parce qu’elle ne serait pas plus heureuse. Elle aimerait, que ce soit aussi simple. Elle voudrait, que ce soit comme ça, parce que les choses seraient plus simple, parce qu’elle lui écraserait le pied et irait aimer quelqu’un d’autre, parce qu’elle le pousserait et tournerait la page. C’est pas comme ça que ça marche, malheureusement. Pas comme ça du tout et si sa voix est glaciale, ses geste n’en restent pas moins précautionneux. « Tu comprends rien, Asher, arrête de mentir. Tu piges rien. » Elle parle pas de son mari mort, pas du tout. Elle s’en fout de son mari crevé, ça fait des lustres qu’elle l’a oublié. Elle a pas oublié ce qu’il vient de lui balancer, par contre, comme si c’était rien, comme si ça avait pas d’importance, comme si elle méritait pas qu’on la ménage un peu. Elle a pas le droit d’exiger ça de lui, pourtant, parce qu’il sait pas Asher, parce qu’il est putain d’aveugle, parce qu’il veut pas savoir. C’est pour ça qu’il pose pas de questions, sans doute, ou qu’il pose des questions dont il veut pas les réponses, pour ça qu’il se carapate à chaque fois que les conversations deviennent sérieuses, pour ça qu’il refuse de faire face. « Je sais pas quoi foutre de toi, Bloomberg. Et non je vois pas ce que tu veux dire. » Et elle appuie un peu plus ses doigts sous couvert d’inspecter. Elle sait, elle, que c’est juste pour passer sa frustration, elle sait que c’est puéril, elle sait mais elle peut pas se retenir parce que ça remonte dans sa gorge comme une envie de vomir, parce qu’elle a envie de le blesser, parce qu’elle peut pas gérer. « Va chercher ta trousse de secours. » Elle retire sa main, le pousse avec les pieds. « Je peux te retaper ça. »
Elle vaut pas mieux que lui à cet instant-là. Elle vaut pas mieux, pas moins, elle vaut autant que lui parce qu’elle fuit aussi au final, parce qu’elle digère son corps en miette et ses lambeaux d’espoir, parce qu’elle peut pas lui balancer la vérité à la gueule même après en avoir trop dit. C’est pas juste de dire je t’aime à Asher, pas juste pour lui, pas juste pour Elena, pas juste pour elle non plus. Elle peut pas faire ça parce qu’elle veut pas être la nana qui se pointe et qui déballe tout, qui ruine tout, qui explose tout, parce qu’il a l’air heureux, Asher, la plupart du temps, quand il parle d’Elena, parce que ça doit être un signe, quelque part, un appel du pied du destin qui lui dit de pas s’aventurer par là. Elle aimerait que ce soit différent et plus facile, elle aimerait qu’Elena soit une connasse et qu’elle le rende malheureux, elle voudrait tellement pouvoir la détester mais elle peut pas, elle en est incapable, parce que les choses sont comme elles sont, parce qu’elle peut rien y changer, parce qu’elle peut rien modifier, parce qu’elle est coincé là avec son putain d’amour trop lourd et son cœur qu’en peut plus de se retrouver toujours au mauvais endroit au mauvais moment, toujours à contretemps, jamais à l’heure, les yeux jamais tournés sur la bonne personne.
« Bouffe un truc, au passage, histoire que je me sois pas fait chier à ramener ça pour rien. »
Elle ordonne, la voix lasse et le regard distant, tend les mains pour récupérer Fiver parce qu’elle en a besoin, un bouclier contre le regard d’Asher, une défense enfantine contre les conséquences, trois fois rien. Elle est en colère, à cet instant, et elle ne sait pas à propos de quoi, et elle ne sait pas contre qui. Elle sait juste qu’elle a la rage et que ça la consume petit à petit. Elle oublie peut-être qu’elle est terrifiée, aussi, et que c’est le plus grand danger, les yeux baissés sur ses genoux où le lapin s’est blotti, les pupilles partout sauf sur le flic qu’elle crève d’envie de cogner. |
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| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Jeu 11 Mai - 20:16 | |
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Minnie & Asher C'est juste une idée qui passe et que je fuis © creditimage|tumblr Tu comprends ? La question claque et Asher se fige, tourne les yeux vers Minerva. Ça fait des mois. Des mois qu’ils se connaissent, qu’ils s’apprivoisent, des mois qu’ils se côtoient quasiment chaque jour, des mois qu’ils partagent leur quotidien et se racontent leurs petits pépins, pas les gros, juste ceux qui peuvent tenir le temps d’une conversation d’ascenseur. Même. Ça fait des mois qu’ils s’envoient des messages en plein milieu de la nuit, des mois qu’ils pioncent parfois sur le même bout de canapé chez Minnie, des mois qu’ils bouffent les mêmes donuts trop gras et qu’ils boivent le café dans la même tasse. Ça fait des mois qu’ils se glissent des blagues au creux de l’oreille et qu’ils se marrent sans que personne ne comprenne pourquoi, des mois qu’ils prennent leur traditionnel brunch du dimanche au bord de la rivière, tout ça pour ça, cet instant et cette foutue question qui claque dans l’air. Non, il ne comprend pas, et pas pour les raisons qu’elle croit. Il ne comprend pas parce que les syllabes se détachent, le ramènent quelques instants plus tôt, font étrangement écho à ce qu’il lui a répondu quand elle a évoqué la mort de son mari. Il ne comprend pas parce qu’il pense qu’elle parle de ça, qu’elle réagit à ça, parce qu’il pense que c’est de ça qu’il s’agit, son mari et son deuil, et toutes ces choses qu’une femme de trente-sept piges ne devrait pas avoir à traverser. Il ne comprend pas parce qu’il n’a aucune idée, Asher, parce qu’il ne pourrait pas se douter qu’elle parle en réalité du trou béant qu’elle a au milieu du cœur, qu’elle parle d’Elena et de lui et de ses sentiments qu’elle cache derrière des couches d’insolence. Il peut pas savoir parce qu’elle cause pas, Minerva, parce qu’elle ne dit pas ce qu’elle veut, parce qu’elle se planque derrière ses pâtisseries et ses lapins, parce qu’elle ne montre pas les fêlures de son histoire. Elle serre le bout de son nez, lui fait mal. Il cille pas, par esprit de contradiction, par colère, il bouge pas d’un pouce et se lève quand elle le pousse avec les pieds, comme s’il venait de s’asseoir sur une aiguille, comme si son canapé lui brûlait la peau à travers son jean. Il est con parce qu’il a toujours le lapin dans les bras, parce qu’il n’a pas vraiment de trousse de secours, parce que Minerva n’est pas en position de lui dicter quoi que ce soit et qu’elle l’emmerde, vraiment. Il est ce petit gosse gâté qui chiale d’avoir l’arête du pif en miettes alors qu’il a tout fait pour, qu’il a juste voulu montrer qu’il pissait plus loin que le voisin, il est ce petit mec insupportable qui pense être le seul coq de la basse-cour mais il est aussi quelqu’un de bien, parfois, quelqu’un de bien quand il laisse son orgueil de côté et qu’il écoute un peu les autres. Il est quelqu’un de bien et ce qu’il ressent, quand Minerva se met à parler, c’est un profond sentiment d’injustice, parce que le dard de son amie se plante sous son épiderme et que le venin se répand, parce qu’elle continue de parler pour dire des conneries, pour lui demander de bouffer un morceau alors qu’il a clairement plus faim, parce qu’elle reprend le lapin qu’il tenait dans ses bras alors que c’était sa seule échappatoire pour se calmer, et il ne se contrôle plus vraiment quand il lui dit « oh la ferme, Minerva », ton froid et sec, la ferme et c’est violent venant de lui, violent, imprévu, indélicat. Il reste debout, ne sait pas trop quoi faire de son corps, de ses bras, des mots qui se pressent à la porte de ses lèvres. Il va pour s’éloigner, pour faire les cent pas, il sait pas trop, y a juste ses pas qui l’éloignent du canapé et de Minerva et de l’adorable lapin, y a juste le sang qui lui monte dans les tempes et le dégueulis imminent de paroles qu’il va probablement regretter d’avoir prononcé, comme un poids beaucoup trop lourd qui pèse sur son sternum. « Je sais que ton mari est mort, et que c’est terrible, je sais que j’connaîtrai sûrement jamais ça, je sais que j’peux pas comprendre parce que j’ai jamais vécu ça justement, mais » et sa phrase est coupée en plein vol parce qu’il déglutit, parce qu’elle est injuste, parce qu’il a eu son lot de choses merdiques dans la vie et que même si personne n’est mort, ça ne fait pas de lui quelqu’un dépourvu d’empathie. « Putain, Minnie », il lâche, croise les bras sur sa poitrine pour éviter de trop les agiter, n’ose pas vraiment la regarder. Il soulève la poussière du bout du pied, la change de place, prie pour qu’elle disparaisse et sa colère aussi. Elle comprend pas, elle non plus, elle comprend pas tout ce qu’il a pu vivre à New-York et tout ce qu’il vit encore ici, elle comprend pas que perdre des gens qui sont encore vivants, ça blesse encore plus que ce qu’elle a pu vivre. Elle comprend pas qu’il a le moral qui balance entre correct et désastreux, qu’il est comme un funambule au-dessus de sa ligne de vie, qu’y a pas grand-chose qui lui fait garder l’équilibre et pas plonger du côté de la mort. Y a elle, y a Elena. Y a d’autres personnes mais y a surtout elles deux. Et bordel, elle comprend pas, elle comprend pas qu’ils se connaissent depuis des mois et qu’il se tape Elena depuis dix fois moins. Elle comprend pas que si elle avait dit quelque chose, si elle avait montré une quelconque forme d’affection, elle aurait pu changer la donne, elle comprend pas parce que ça serait la mettre devant le fait accompli, lui faire comprendre qu’elle avait une part de responsabilité dans le malheur qu’elle semblait lui reprocher. C’est plus facile de foutre ça sur les épaules de quelqu’un d’autre et il est bien placé pour le savoir, parce que c’est ce qu’il a fait avec Samuel. « J’ai perdu ma fiancée, j’ai perdu mon meilleur ami, j’ai perdu mes parents et pour ce que j’en sais, j’ai aussi perdu ma petite sœur. Non, ils sont pas morts, mais ouais putain, ça fait mal. » Il se racle la gorge, ose la regarder de nouveau du coin de l’œil, soupire, elle fait chier Minerva parce qu’il l’aime, profondément, il l’aime mais ça l’emmerde d’avoir à se justifier, d’avoir à parler de ça, d’avoir à évoquer quelque chose qu’il voulait pas vraiment lui dire, pas vraiment lui révéler. « Alors oui, Minnie, je baise et j’aime bien ça, parce que ça me donne l’impression d’être vivant, et je plaisante parce que j’ai envie de me faire rire, et j’te demande de venir me voir parce que j’aime passer du temps avec toi et que je me dis que, quelque part, t’aimes ça aussi. » Il pince ses lèvres, reprend son souffle, il a envie d’aller coller son nez dans le cou de Minerva et de la serrer contre lui jusqu’à ce qu’elle ait mal, il a envie frotter son dos jusqu’à écailler le vernis d’aigreur qu’elle porte comme une carapace, il a envie d’embrasser ses joues jusqu’à lui en donner des crampes aux maxillaires. « Je suis désolé pour ton mari, vraiment, mais me dis pas que j’comprends pas. » Il se rassied à côté d’elle, prudemment, libéré du poids des mots qui écrasait jusqu’alors sa cage thoracique.
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| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Jeu 11 Mai - 21:45 | |
| Y a une fêlure, chez Minerva, une longue craquelure qui perce son âme et parcourt son corps, une ligne de faille, béante et prête à l’engloutir. Y a une fêlure, chez Minerva, ça tremble et ça gronde et c’est prêt à s’effondrer, parce qu’elle se tient au milieu d’une zone sismique, les répliques de séismes depuis longtemps passés toujours prêtes à lui sauter à la figure. Y a un gouffre, chez Minerva, un cataclysme, une catastrophe naturelle, quelque chose qui la fendille et qui la brise, qui la fait tourner en rond, encore et encore. Elle en parle jamais, Minnie. Elle parle pas des lieux étroits et sombres qui bloquent sa respiration et des zones d’ombres qui peuplent son passé, elle parle pas des larmes au milieu de la nuit ou de la joie qu’elle ressent à chaque fois que s’approche l’anniversaire de la mort de son ex-mari. Elle parle pas de la culpabilité, elle en parle jamais, elle parle pas non plus de son pays et du soleil qui lui manque, de la façon dont elle a perdu l’habitude de parler sa langue maternelle ou de comment elle ne sait plus pratiquer sa foi. C’est facile d’être fort quand on livre rien, facile de rien montrer quand on montre rien, parce que les gens peuvent pas savoir, parce que les gens peuvent pas frapper, parce que y a pas un seul endroit où poser le doigt, un seul point faible où porter un coup. C’est facile d’être fort comme elle est forte, Minerva, c’est une conjonction de silences et de distances, une recette détonante d’exubérance et de réserve, un tour de magie qui attire l’attention sur ce qui ne compte pas pour dissimuler le reste, les craquelures dans la faïence de son corps et les fêlures qui parcourent sa peau. Elle est pas juste, Minnie. Elle est injuste, elle est blessée, elle fait plus la part des choses et c’est ce qui lui coûte. C’est comme ça qu’elle blesse, comme ça qu’elle oublie que la personne en face d’elle compte, beaucoup plus que les sentiments qu’elle mâche et digère et dissimule, qu’avant même de tomber amoureuse, elle tient à lui parce que c’est un ami et qu’elle n’en a pas suffisamment pour se permettre de les perdre. « Asher » elle commence pour se reprendre, pour se rattraper, parce que ça n’a pas de sens, parce qu’elle veut pas être comme ça, parce qu’elle veut pas se transformer en la nana qui dégobille sa jalousie alors qu’elle a rien fait pour dire ce qu’elle ressent, qu’elle a jamais agi, qu’elle a toujours reculé. Elle peut pas. Elle peut pas parce qu’il a la voix qui tranche et la voix qui tressaute, parce qu’il lui dit de la fermer et qu’elle se tétanise, flashback et terreur, les doigts crispés contre la fourrure du lapin qui pige plus rien au changement d’atmosphère ou aux grosses gouttes qui tombe du menton de Minnie pour s’échouer contre son oreille. La ferme, il ordonne, et elle dit plus rien parce que y a rien à dire, parce qu’il a raison et qu’elle en a trop fait, parce qu’il a le droit, dans le fond, et qu’elle a dérapé, sortie de route incontrôlée.
Elle s’essuie le visage d’un revers de la main, quand il a fini de parler, éponge l’humidité, durcit sa peau parce qu’il y a que ça qu’elle puisse faire, parce que y a que comme ça qu’elle peut affronter, encaisser, qu’elle peut faire face aux conséquences du venin qu’elle a craché. Il peut pas lui raconter sa vie, Asher, il a pas le droit parce qu’elle veut pas l’entendre, parce qu’il a pas de raisons de se justifier, parce qu’ils font pas un concours, là, et qu’elle veut même pas en entendre parler, de toutes ces personnes qu’il a plu et qui lui manquent, de tous ces gens qui l’ont laissé alors qu’il a beaucoup trop à donner. Elle comprend pas, Minnie, pourquoi il lui dit ça, pourquoi il lui parle de gens qui comptent, pourquoi il évoque des gens qu’il a aimé quand elle n’a jamais ressenti une fraction de ça pour ce type qui est mort et avec lequel il se trouvait qu’elle était marié, elle comprend pas pourquoi il compare, pourquoi ils repartent là-dessus, pourquoi la conversation se fait entre deux sourds qui ne parlent pas de la même chose, pourquoi elle se retrouve là, la gorge sèche et les mains tremblantes, un secret inavouable au bout de la langue et quelque chose comme de la honte qui lui brûle la nuque. Elle a trente-sept ans, elle a pas le temps pour ça, elle a pas le temps pour ce genre de conneries, pas le temps d’agir comme une gamine, pas le temps de ressentir les choses comme une enfant. Elle peut pas se permettre, elle peut pas encaisser.
« Tu peux pas comparer. » lâche-t-elle, finalement, et elle refuse obstinément de le regarder parce qu’elle sera incapable de continuer. « Tu les aimes, non ? Tu peux pas les comparer à mon ex-mari. C’est pas juste pour eux. C’était un enfoiré. Je le détestais. » C’est trop et pas assez, elle veut pas en parler, elle veut pas s’épancher, elle veut pas s’étendre, elle veut pas qu’il comprenne, qu’elle a été arrachée à son pays et à ses ambitions, qu’elle a été délaissée, abandonnée, parce qu’elle peut pas concevoir, qu’il l’a jamais cogné mais que c’était plus insidieux et plus pervers, que c’était plus trompeur et qu’elle est incapable d’en parler. « T’as pas à te justifier, Asher, personne te demande ça. » Elle lui demande pas ça, en tout cas, parce que ses raisons importent peu, parce qu’il a raison dans le fond, qu’elle se place en mère la morale mais qu’elle a pas le droit, parce que c’est son ami, elle suppose en tout cas, parce qu’elle peut pas gâcher ça, parce qu’elle veut pas gâcher ça. Elle a les gestes mécaniques, lorsqu’elle pose Fiver sur le canapé, qu’elle se lève, un pas, deux, pour se tenir devant lui, inspecter son nez avec une fausse attention, parce qu’elle se concentre autant pour éviter ses yeux, parce que ses mains se tendent et passent contre la zone endolorie sans s’attarder pour mieux estimer les dégâts : « Comment tu t’es fait ça ? »
Elle retombe pas sur ses pattes, Minerva, pas vraiment, parce qu’elle en est pas capable, pas tout de suite, parce qu’elle est pas certaine de pouvoir avant un moment, certainement pas alors qu’Asher est là, parce qu’elle s’apprête à enfoncer le dernier clou dans le cercueil de leur relation, probablement, parce qu’elle sait pas ce qu’elle fait mais qu’elle sait que c’est pas bien, parce qu’elle tire sur la corde et qu’il est en droit de lâcher, parce qu’elle sait qu’elle va voler, le jour où il le fera, parce qu’elle a mis trop d’énergie à camoufler, trop d’efforts pour taire, passer sous silence.
« On parlait pas de la même chose, tu sais. » lui dit-elle, parce qu’elle a l’impression de lui devoir des explications, maintenant, même si elle est incapable de le fixer, incapable de le regarder et qu’elle se donne des excuses lorsqu’elle fouille dans son sac, pour chercher la trousse de premier soin qu’elle trimballe avec elle après trop de chutes, trop d’accidents. Elle se voile pas la face, dans le fond, elle sait qu’elle peut rien faire, s’il a le nez cassé, mais ça lui donne l’impression d’avoir un but, quelque chose pour occuper ses mains alors qu’elle s’apprête à faire la pire bêtise de sa vie. « Tu fais ce que tu veux, j’ai pas voix au chapitre, Asher. Je veux pas en entendre parler. Je suis désolée, ça doit tomber du ciel pour toi. » commence-t-elle alors qu’elle colle soigneusement un pansement jaune vif couvert de chats à la base de son nez. « J’ai des sentiments pour toi, tu vois. Je veux pas en parler. En vrai je veux même pas de réponses, je veux pas en entendre parler. C’est juste comme ça et je te le dis pour que tu comprennes, je veux rien de toi et j’attends rien, je suis heureuse pour toi, même, tu vois. » Elle est mécanique, quand elle parle, presque clinique, les yeux rivés sur sa tâche alors qu’elle colle un deuxième puis un troisième pansement le long de l’arête de son nez.
« Il va falloir que tu consultes un ORL, tu sais ? Y a qu’eux qui peuvent te dire quoi faire pour ça. Tant que ça a pas dégonflé, ça sert à rien, note. » finit-elle par ajouter, quand elle est à court de pansements avec des motifs différents. C’est n’importe quoi, ça ressemble à rien, parce qu’elle abuse, elle abuse complètement, elle lui balance des trucs à la gueule et puis elle lui vomit ses sentiments dessus et maintenant elle attrape sa tasse et se dirige vers la cuisine pour remplir à nouveau sa tasse. Elle veut pas le regarder, elle veut pas savoir, elle veut pas rester, pas partir, elle sait pas comment faire pour rattraper la situation, enchaîner, débrayer, faire autre chose, parce qu’elle a l’impression d’avoir des tonnes et des tonnes de débris sur la poitrine et rien pour pouvoir se dégager. |
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| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Sam 13 Mai - 22:27 | |
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Minnie & Asher C'est juste une idée qui passe et que je fuis © creditimage|tumblr Il a le cœur en friche, Asher, y a des herbes qui poussent de partout, des bonnes et des mauvaises, et y a des bouts de paille qui se développent là où on l’a trop brûlé, là où la terre est aride et plus entretenue depuis longtemps, des bouts de paille qui lui sont jetés aux yeux et qui l’aveuglent. Y a Minerva qui pleure et il comprend pas, et il continue de parler sans penser un seul instant qu’elle a raison, qu’il est définitivement buté et borné et stupide, qu’il pige rien à rien et qu’elle mérite tellement, tellement mieux, elle mérite un ami qui ne la fasse pas chialer et qui l’écoute, pour commencer. Il n’y arrive pas, pourtant, et c’est pas faute d’essayer. Il n’arrive pas à entendre ce qu’elle veut dire, à lire entre les lignes, à interpréter. Il n’a jamais été bon pour ça, Asher, il y va au ressenti immédiat, il y va à l’instinct et quand il regarde Minerva, c’est comme s’il se retrouvait plongé en pleines abysses, y a pas de lumière et pas de présence, juste l’obscurité la plus complète. Il sait quelques petits trucs sur elle, comme le fait qu’elle soit iranienne, qu’elle joue à Counter Strike comme une déesse et qu’elle sache mieux s’exprimer avec des fleurs qu’avec des mots, mais y a des choses qu’il ignore et y en a trop, comme Arman dont il connait à peine le prénom et qu’apparemment elle déteste, comme sa foi qu’il devine esquintée mais toujours là, comme ses peurs et ses doutes qu’elle ne lui dévoile pas vraiment. En vérité, il ne sait que ce qu’elle veut bien qu’il sache, parce que Minerva peut prétendre ce qu’elle veut, elle se réfugie toujours derrière tout un tas de combats pour éviter de trop en révéler, de trop en dire, comme si elle avait peur qu’il s’en serve contre elle. Là est la cruelle ironie de leur relation, parce qu’elle a raison au fond, Minnie, elle a raison de se méfier et de contenir, et de pleurer lorsqu’il explose, elle a raison de le craindre et de vouloir lui cacher son passé comme son avenir. Il l’a su à la seconde où il a franchi la porte de l’Egide, Asher, à l’instant où il a croisé ses grands yeux noirs et où y a eu un électrochoc qui a secoué l’un de ses ventricules, un jour je vais la briser, et jamais jusqu’à aujourd’hui il n’avait su de quelle manière ça allait arriver. Sauf que là, Minnie commence à parler, se lève, sort des pansements bariolés et lui en colle un sur le pif, elle parle et il se prend trente-six tonnes dans la gueule d’un coup, parce que les mots fatidiques sortent et que son cœur reste en suspens, tape un battement dans le vide, foire complètement sa rythmique. J’ai des sentiments pour toi. Y a une voix qui sonne dans sa tête, en réponse, une petite voix à peine audible, celle du diable qui se tient à califourchon sur son épaule gauche et qui lui balance : tu l’as mérité.
Il peut plus bouger, Asher, il est paralysé par sa stupidité, par son insensibilité, par son aveuglement, il a les membres complètement anesthésié, ignore s’il pourra se relever après ça, après des mots qu’il ne voulait pas vraiment entendre mais qu’il a poussés, qu’il a obligés, qu’il a forcés hors de la bouche de Minerva. Il la laisse coller les pansements, ne l’écoute pas vraiment. Y a pas grand-chose d’autre à dire, pas grand-chose d’autre à entendre, y a les mêmes mots qui se répètent en boucle, le pire motif musical au monde, j’ai des sentiments pour toi. C’est comme un boomerang qui fait le tour de son cerveau pour revenir dans sa position initiale, comme un réveil avec la touche snooze bloquée, y a les mots qu’il voudrait dire et qui ne sortent pas de sa gorge, ceux qu’il devrait dire qui ne trouvent pas non plus leur chemin. Y a trop de choses à avouer, trop de choses à ravaler, parce qu’il y a Elena et qu’elle est bien, qu’elle est parfaite, qu’elle est suffisante et il s’en veut de penser ça, y a Elena et il l’aime, il pense, il l’aime ou il commence à l’aimer mais c’est pareil, c’est le même point de départ et la même chute. Y a les doigts de Minerva qui le lâchent et ça fait un nouveau bond dans son cœur, une nouvelle cassure, un nouvel enchaînement de scénarii dans son esprit et autant d’hypothèses possibles, de réponses, de choses qu’il ne peut pas avouer. Elle se barre, Minnie, le laisse comme un con sur son canapé, à décuver des révélations, à digérer tout ce qui vient de sortir de ses jolies lèvres, alors que le plat est avarié, dégueulasse, alors que le plat est indigeste, lui file la nausée et des vertiges. Il sait pas ce qu’il est censé répondre, Asher. Normalement, c’est lui qui confie ses sentiments, toujours, c’est lui qui fait le premier pas et qui fourre les révélations dans les bras de l’autre comme il lui filerait ses cadeaux de Noël, c’est lui qui se mouille et qui a mal, après. C’est pas l’inverse, jamais, il aime les handicapés des sentiments de toute façon, ceux qui disent pas je t’aime, ceux qui lui crachent à la gueule. Ça fait chier de s’apercevoir qu’il est celui-là, pour Minnie, celui qu’il déteste tellement, celui à qui il casserait la gueule tellement il peut pas le saquer.
Ça prend une dose de courage pour se lever, une autre pour rejoindre Minerva dans la cuisine, l’observer alors qu’elle lui tourne le dos et se resserre une tasse. « Minerva », il commence, grimace, la solennité c’est pas son truc, il n’arrive pas à rester distant. Pas avec elle, du moins. « Minnie ». Ça va mieux, ça lui ressemble plus, ça leur correspond davantage. C’est pas une étrangère, Minnie, c’est l’une des raisons pour lesquelles il se lève tous les matins, c’est une amie, une confidente, une protectrice, c’est une femme et une enfant et c’est aussi, en dépit de tout, quelqu’un qu’il aime, profondément, durablement, quelqu’un qu’il aime trop ou pas assez, ou pas au bon moment. « Tu peux pas m’aimer, Minnie ». Y a un peu de douleur dans sa voix, mélangée à de la pudeur. Elle sait pas, elle non plus, elle sait rien. Quand elle saura, elle le haïra, parce que c’est ce qui arrive à chaque fois, c’est ce qui arrive parce qu’Asher ment, parce qu’Asher dissimule, parce qu’Asher finit invariablement par détruire ceux qui l’approchent trop. « Je ruine tout ce que j’entreprends. New-York, mon mariage, ma carrière d’avocat. Je ruine mes relations. Je ruine mes amitiés. Je te ruine et ça me détruit ». Il se rapproche, lui attrape la main. C’est pas les mots qu’elle attend et il le sait, et il se tend parce qu’il en est conscient, parce que ça le tue de la blesser, de lui enfoncer encore plus le pieu qu’il a déjà commencé à planter dans son cœur. « Tu peux pas m’aimer ». On croirait qu'il dit ça pour se convaincre. Il y croit pas, Asher, il a trop vu d’histoires se casser la gueule pour y croire, trop entendu de conneries sur ce que devrait être l’amour sans jamais connaître pareil sentiment, il a trop traversé, trop enduré pour penser qu’elle pourrait être sincère, qu’elle devrait l’être. Y a la main de Minerva qui glisse dans la sienne, qui tient pas totalement, la main de Minerva à laquelle il se raccroche et leurs doigts qu’il entremêle avant de s’apercevoir de sa maladresse, de sa gaucherie, et il baisse les yeux lorsque sa paume tremblante lâche enfin sa jumelle. « Putain », c’est tout ce qu’il arrive à dire, et c’est pas suffisant, ça le sera jamais. Il fourre les mains dans ses poches, ferme les paupières en expirant. Du bout de la main gauche, il devine la forme d'une cigarette, qu'il s’empresse de sortir et de planter au coin de ses lèvres. Visiblement, c’est pas aujourd’hui non plus qu’il arrêtera de fumer.
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| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Mer 17 Mai - 8:53 | |
| Elle a toujours les mêmes mécanismes de défense, Minerva, les mêmes retranchements, encore et encore, quand on l’accule et qu’on force la vérité hors de ses lèvres closes. Elle a toujours les mêmes murs qui s’élèvent et la même façon de s’occuper, les mains qui vont qui viennent et autre chose dans la tête. Elle rêve debout Minnie, un peu, pas volontairement, elle construit des palais à l’intérieur de son crâne pour ne pas avoir à affronter la réalité, elle repense à l’Iran. Elle repense aux mosaïques colorées des mosquées et aux arches des bâtiments, au soleil étouffant et aux rires des enfants qui couraient pieds nus dans sa rue. Elle repense à l’Iran et à sa mère, parfois, à ses longs cheveux dans lesquels elle entremêlait les doigts et à sa bouche contre son front, au premier Ramadan où elle a eu ses règles et à tous les petits moments, les petites complicités, les doigts dans le miel et le thé dans la bouche et Minnie qui riait. Ça s’arrêtait là, avant, ça se stoppait net, comme si elle avait coupé le fil de sa vie des années auparavant. C’est plus le cas, plus vraiment, parce que la bobine reprend et qu’elle est assise en tailleurs au milieu de sa boutique fermée, une tasse de thé brûlant sur le sol et Meredith qui brasse des fleurs quelque part à l’arrière de son crâne, qui râle et qui boude parce qu’elle balance des piques, c’est plus le cas, plus vraiment, parce qu’il y a la voix de Caïn, quelque part au loin et une trace de rouge à lèvres sur la vitrine, plus le cas, plus du tout, parce qu’il y a Mia, à qui elle coupe les cheveux assise devant elle, Ivory qui essaye de lui faire payer la réparation d’un pc qu’il a effectué et Kieren qui ronchonne, un casque sur les oreilles, c’est plus le cas, définitivement plus, parce qu’elle a pas besoin de tourner la tête, parce qu’elle sait que l’épaule contre la sienne est celle d’Asher, parce qu’elle sait qu’il sourit, parce qu’elle sait que dans sa tête tout est sur pause, rien ne s’est passé, il ne sait pas, il ne saura jamais. Ce n’est pas le cas à ce moment-là. C’est peut-être ce qui fait le plus mal, Asher sait, maintenant, et elle ne peut plus rien y changer, même en construisant des mondes à l’intérieur de son crâne, même en essayant de tout modifier, Asher sait et bien sûr que tout va changer, et c’est peut-être ce qui fait le plus mal, peut-être ce qui l’écorche le plus.
Et puis il la rejoint dans la cuisine, et puis il a l’air incertain, et puis elle sait qu’il va dire quelque chose parce que ça se lit dans ses yeux et dans son attitude dans la façon dont il bouge, dans la façon dont il s’approche, et puis il l’appelle Minerva et elle en a le souffle coupé. Ca ne dure qu’une seconde, pas beaucoup plus, il se reprend, évidemment, mais il y a une brisure, quelque chose de douloureux, quelque chose d’imposé, parce qu’il faut mettre de la distance entre eux, peut-être un peu, peut-être que c’est ce qu’il cherche, elle sait pas trop, elle sait plus trop, elle comprend plus trop parce qu’il fait pas de sens, Asher, dans ses explications, parce qu’elle lui a dit qu’elle voulait pas en parler, parce qu’elle a pas envie, parce qu’elle a tout calculé, tout bouclé, parce qu’il l’aimera pas, pas comme ça, et qu’elle est résigné. Elle voulait pas en parler et elle a été claire mais il veut s’exprimer quand même et elle a envie d’hurler, parce qu’elle veut pas d’espoir, parce qu’elle sait qu’elle va espérer, parce que c’est mal, pas sain, pas bien, parce qu’il y a Elena et qu’il n’y a pas de raisons qu’elle soit blessée dans l’opération, parce qu’il y a Elena et que ce n’est qu’une ombre pour Minerva mais qu’elle sait que c’est beaucoup plus en réalité, parce que c’est facile, de penser à son mec tant qu’elle n’a pas de réalité, facile, de rêver d’Asher tant qu’elle n’existe pas vraiment, parce que c’est peut-être pour ça qu’elle refuse de se projeter, parce qu’elle a peur de la rendre consistante et de se rendre compte d’à quelle point elle est odieuse et égoïste et stupide d’avoir même imaginé pouvoir cracher ses sentiments, parce que ça n’implique pas qu’elle, finalement, parce qu’ils lui appartiennent mais que l’impact qu’ils font créent une onde de choc dont les effets n’atteignent pas qu’elle. Peut-être qu’elle est horrible, finalement, peut-être qu’elle aurait dû mentir, tête haute, esquiver, botter en touche, peut-être qu’elle aurait dû parce que ça lui aurait évité d’entendre les mots d’Asher qui ne veulent rien dire, qui ne disent pas non, qui interdisent juste, qui parlent d’elle et pas de lui. Peut-être qu’elle aurait dû, oui, mais tout le monde sait qu’elle est pas douée pour faire les bons choix.
« Asher. » Elle a les doigts serrés autour de sa tasse de café. « Tu peux me dire que tu m’aimes pas, pas comme ça, tu peux me dire que c’est pas réciproque, tu peux me dire tout ça, même si je t’ai dit que je voulais pas savoir, que je voulais pas en parler. » Elle fait une pause, boit une gorgée, reprend son calme qui commençait à vaciller, voix qui craque et qui part un peu dans les aigus sans qu’elle soit capable de le contrôler. « Mais tu peux pas me dire que je ne peux pas ressentir quelque chose. C’est à moi. Ça m’appartient. J’en fais ce que je veux, personne n’a un droit de regard sur ce que je ressens. Ça rend pas ce que je ressens bien, ça rend pas ce que je veux possible, mais ça reste à moi et je laisserais personne s’approprier ça. Surtout pas toi. » Elle a la tête haute, à ce moment-là, Minerva, rattrape la main d’Asher entre la sienne, celle qui ne tient pas la cigarette, la serre fort entre ses doigts, parce que c’est difficile pour lui aussi et qu’elle en a conscience, parce que c’est compliqué pour tout le monde même si c’est elle qui finit avec le cœur brisé. « Je te demande rien, d’accord ? Continue juste d’être comme avant, ça me suffit. »
C’est pas vrai, mais la vérité n’est pas bonne à dire. Ça lui suffit pas, évidemment pas, pas à ce moment-là. Ça lui suffira lorsqu’elle aura léché ses plaies et pansé ses blessures, lorsqu’elle aura pleuré, bu, fait la fête, lorsqu’elle se sera rappelé que c’est ça, la vie, qu’on tombe pas toujours sur quelqu’un qui attend la même chose, qu’on est pas toujours synchrone, qu’on se rencontre pas toujours au bon moment. Ça lui suffira, lorsqu’Asher ne manquera pas d’agir bizarrement après ça et qu’il faudra qu’elle répare les pots qu’elle a cassé en admettant, ça lui suffira, lorsqu’il faudra affronter la suite, lorsqu’elle finira par tomber par Elena, lorsqu’elle sera heureuse, vraiment heureuse, parce qu’elle ne peut être que ça, parce qu’Asher est un ami auquel elle tient farouchement avant d’être plus que ça.
« C’est pas grave, Bloomberg, tu sais. » Elle murmure, le regard rivé sur son visage pour la première fois depuis tout le bordel. « Ça arrive. Tout le monde passe par là. » Machinalement, elle jette un œil à la montre qu’elle porte au poignet et qui s’est arrêté des lustres déjà. « Une soirée pizza boisson film d’horreur, dans la semaine, ça te tente ? Y aura pas que moi, je vais proposer à mon voisin, le tatoueur, tu sais, et y aura sans doute les gosses. » Elle se fraye un passage dans le salon, commence à rassembler ses affaires, machinalement, remet le lapin dans son sac, cherche le reste de ses affaires qu’elle a éparpillé un peu partout en arrivant parce qu’elle est définitivement beaucoup trop désorganisée, même chez les autres. « J’avais oublié de te prévenir parce qu’on en a parlé hier à l’arrache. » lance-t-elle, en remontant le zip de son sac à dos avant de lui jeter un regard par-dessus son épaule alors qu’elle tend la main pour gratouiller le dos de Dalek. « Mais t’es le bienvenu, ce serait pas pareil sans toi. » Elle plisse les yeux, en l’examinant, soupire. « Va voir l’ORL avant, quand même, d’accord ? »
Et c’est ridicule, parce que son changement de sujet est une fuite, mais elle a l’impression d’enfin retomber sur ses pieds. |
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| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Ven 19 Mai - 23:42 | |
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Minnie & Asher C'est juste une idée qui passe et que je fuis © creditimage|tumblr Ses doigts s’accrochent comme son âme à sa cigarette, comme son cœur qui se consume un peu plus à chaque seconde, qui lâche ses cendres dans l’évier, du bout de la main. C’est facile de garder sa contenance quand on a un truc auquel s’agripper, aussi petit soit-il, une chose infime, minuscule et si grosse à la fois, une addiction qui en cache une autre. Le tabagisme qui cache l’amour, deux passions qui connaissent les mêmes fins terribles, la maladie et la souffrance et la mort, quand le cœur se nécrose et que les veines se bouchent parce que le sang bat trop fort et trop mal. Il aspire, souffle, écoute Minerva, crève. Il crève parce qu’elle lui lance des trucs sans logique, parce qu’elle lui reproche de vouloir décider pour elle alors qu’elle fait la même chose lorsqu’elle lui dit de ne plus en parler, de ne pas relancer le sujet, lorsqu’elle attrape sa main libre pour l’emprisonner contre sa paume, et elle n’a pas le droit non plus. Elle n’a pas le droit de lui dire qu’il doit se taire alors qu’elle ne le fait pas, elle, qu’elle s’approprie des mots qui ne sont pas les siens, qu’elle émet des hypothèses sorties de nulle part. Il est sur le point de parler, Asher, y a sa langue qui bute contre ses dents, y a ses doigts qui grattent nerveusement les petites peaux sèches autour de ses ongles, y a son cerveau qui fait un tour et qui revient comme si de rien n’était. Et au final, rien. Rien qui ne sort de ses lèvres, rien qui ne la contredise. Elle le tuerait s’il parlait, Asher, elle le truciderait. Alors, il se tait. C’est ce qu’il sait faire de mieux, Asher, se taire, éviter de dire ce qui tape à l’intérieur de ses lèvres, ce qui lui bouffe les gencives, ce qui gratte sa gorge jusqu’à la rougir. C’est ce qu’il sait faire de mieux depuis New-York, depuis Samuel, depuis la trahison, le couteau qu’il lui avait planté entre les côtes lorsqu’il avait regardé ses parents pour leur dire c’est lui, tout est de sa faute, lorsqu’il avait reporté son attention sur son meilleur ami et l’avait détaillé des pieds à la tête comme s’il s’agissait d’un nuisible. C’est ce qu’il sait faire de mieux depuis qu’il avait trop parlé, depuis qu’il avait appris qu’il pouvait aussi rester silencieux, que ça ne le rendait pas moins brave ou moins admirable, que ça le rendait surtout plus intelligent. Il a appris à le maîtriser, l’art du mutisme, à s’en servir comme d’une arme, comme d’une force, comme de quelque chose qui ne pourrait jamais lui faire du mal, et il n’a pourtant jamais autant souffert qu’à cet instant, alors qu’il laisse Minerva placer dans sa bouche des mots qu’il n’a jamais pensés. Y a ses doigts qui se resserrent un peu sur les siens, avant qu’elle ne les lâche. Il se tait, il souffre. Y a juste une larme qui coule sur sa joue quand elle tourne les talons pour ramasser ses affaires, une larme qu’il essuie, une larme qu’elle ne verra jamais. Il est peut-être trop bon pour dissimuler, Asher, trop bon pour ne rien montrer et pour tout détruire, y compris lui-même.
Y a les mots qu’elle prononce et qu’il n’entend pas, les affaires qu’elle r amasse sans qu’il ne les voie vraiment. Y a Dalek qui se laisse caresser comme s’il ne comprenait pas le drame qui se joue dans l’appartement depuis quelques minutes, le verre de lait qui se réchauffe sur la table basse et la tasse de café à moitié pleine qui est restée orpheline à côté des plaques de cuisson. Il croit qu’elle lui parle de quelque chose, qu’elle l’invite quelque part, mais ça sonne faux, ça sonne bête, ça sonne insignifiant par rapport à tout ce qu’ils se sont dit et tout ce qu’ils ont tu. Une dernière question qui claque alors qu’elle s’apprête à partir, sûrement, ORL il comprend, répond « ouais, j’irai », la voix rauque et cassée qu’il racle immédiatement, histoire de chasser la fumée qui encombre ses bronches. Il tremble un peu, Asher, il ne le remarque que maintenant mais y a ses doigts qui s’agitent un peu, qu’il fourre dans ses poches histoire de pas le montrer, histoire de pas paraître bouleversé, histoire de garder la face alors que tout tombe en miettes. « Minnie », il commence, sans savoir où aller, sans être sûr de pouvoir s’y rendre sans se prendre les pieds dans l’immense tapis imaginaire qui nappe l’étendue sur laquelle il avance. Y a pas de bon moment pour dire ça, pas de bonne façon non plus, d’avouer qu’elle se plante, qu’il se goure aussi, qu’ils sont en avance ou en retard, qu’ils sont pas synchrones, qu’ils foutent tout en l’air. Qu’ils sont comme ça et qu’il ne faut pas leur en vouloir, lui en vouloir. C’est pas évident parce qu’il s’en veut lui-même, parce qu’il se déteste, parce qu’Elena ne quitte pas son esprit mais qu’y a son cœur qui a mal pour Minnie. Y a une expression en hébreu pour ça, s’il se souvient bien. כואב לי הלב. Il est pas sûr parce qu’il ne le parle pas souvent, parce que ça lui rappelle trop sa famille, les hanoukkas dans l’appartement de sa grand-mère et l’odeur du gâteau à l’orange, ça lui rappelle les poésies lues à sa petite sœur les soirs où elle n’arrivait pas à dormir et les fois où il avait tenté de comprendre la Torah. Il est pas sûr parce qu’il oublie, parfois, parce que les syllabes se mélangent et qu’il ne tend plus vraiment l’oreille, n’essaie plus vraiment de comprendre lorsqu’il entend parler hébreu en pleine rue, il est pas sûr mais quasiment, et de toute façon c’est pas grave, parce que c’est le sens des mots qui compte. « Koev li halev », il souffle, se rassied sur le canapé parce que ses jambes le lâchent, parce qu’elles tiennent plus trop, parce qu’elle deviennent deux bâtons de sable qui croulent sous son poids. « En hébreu, ça se dit, quand on a mal pour quelqu’un au point de se faire mal à soi-même. Je trouve que c’est plus joli en version originale ». Il justifie sa nullité, maintenant, c’est chaud. « Je », il reprend, s’arrête, baisse les yeux et tapote du pied presque frénétiquement, incapable d’arrêter les gestes nerveux qui agitent presque imperceptiblement sa jambe. Une partie de lui a envie de se taire, l’autre languit d’hurler ce qu’elle ressent. Il est pas sûr de vouloir connaître l’issue du combat. « J’peux pas te dire que c’est pas réciproque ». Il est con. Ça aide personne, ça. Ni lui, ni Elena. Certainement pas Minerva. Ça ne l’aide pas parce que c’est précisément l’inverse de ce qu’elle lui demande. Y a une seconde pendant laquelle il regrette, une seconde pendant laquelle il hésite à lui dire qu’il est désolé, qu’il ne le pensait pas. Ce serait mentir. Il veut pas. Il veut pas ajouter ça à la liste des trahisons, à la longue et non-exhaustive énumération de ses erreurs. Y en a eu trop, et il refuse que Minnie devienne l’une d’entre elles. « Me déteste pas, Minnie. Me déteste pas ». Il n’a pas relevé la tête, ne veut pas la regarder. C’est pas juste. Pas juste pour lui, pour elle, pour Elena, pour toutes les personnes impliquées dans l’équation. Pas juste parce qu’il est amoureux d’Elena, parce que son cœur bat plus vite quand elle est là et qu’il n’a jamais été aussi bien que dans ses bras. Pas juste parce qu’il ne sait pas ce qu’il ressent pour Minerva, parce que c’est un mélange de trop de choses, parce que ça a le goût du popcorn salé et des dimanches au bord de la plage, parce qu’il l’aime aussi. Pas juste parce qu’il sait qu’y a un truc qui se casse, en ce moment, un truc qui se brise en un million de morceaux et que c’est peut-être son cœur, ou celui de Minnie, ou les deux, c’est peut-être le passé et présent et l’avenir, toutes les dimensions conjuguées, c’est peut-être tout ça et rien à la fois.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Ven 26 Mai - 17:42 | |
| J’peux pas te dire que c’est pas réciproque. Ca vire, ça tourne, ça lui file la gerbe, le tournis, ça lui donne envie de crier. J’peux pas te dire que c’est pas réciproque, qu’il lui dire, et il lui crève le cœur après lui avoir dit qu’il souffrait pour elle, et il lui enfonce des épines dans le cœur après lui avoir dit ça. Il fait pas exprès et elle le sait et c’est peut-être ce qui est pire, dans le fond, ce qui est horrible et terrible et infernal parce qu’il fait pas exprès, évidemment pas, parce qu’il est pas comme ça, Asher, pas cruel, pas calculateur, pas atroce, mais que ce qu’il fait là est pas juste, mais que ce qu’il lui dit là l’est pas du tout. Elle a l’impression d’étouffer, Minnie, comme un crochet du droit soigneusement placé au creux de son bide, comme si tout l’air s’était échappé de ses poumons pour former des bulles dans l’eau qui s’abat sur sa tête. J’peux pas te dire que c’est pas réciproque, et ça a pas de sens parce que ça rend les choses plus compliquées, j’peux pas te dire que c’est pas réciproque et sans doute que c’est vrai mais quelle importance maintenant qu’il y a Elena, maintenant qu’elle est arrivée trop tard, maintenant qu’ils ont rangé leur possibilité dans des boites qu’ils ont soigneusement stockées aux greniers de leur vie ? Quelle importance maintenant que ça n’en a plus, justement, d’importance, plus d’impact, plus d’avenir, plus rien, parce qu’ils sont faits du bois de ceux qui se manquent, parce qu’ils sont faits du bois de ceux qui ne sont pas faits pour se trouver, parce qu’ils sont faits du bois des peut-être et des presque et des quasi mais qu’il n’y a rien d’autre après, rien d’autre à espérer, rien d’autre à offrir. J’peux pas te dire que c’est pas réciproque, qu’il lui dit et elle est en colère et elle comprend, et elle est en colère parce qu’elle comprend, comme une adolescente attardée qui voudrait se boucher les oreilles mais qui peut pas, qui voudrait fermer les yeux mais qui peut pas, parce qu’il est honnête, Asher, à ce moment-là, même si c’est pas ce qu’elle veut entendre, même si elle est pas sûre de pouvoir le tolérer, il est honnête et elle a envie de crever parce qu’elle peut pas le lui reprocher, parce qu’elle peut pas lui jeter la pierre, parce que tout est compliqué, parce que les sentiments le sont, parce que la situation l’est, parce qu’ils sont tous dans la merde et que ça lui donne envie d’hurler, parce qu’elle voudrait juste avoir une échappatoire, une porte de sortie, balayer la connerie de son aveux d’un revers de main, haha c’était une blague et quelle blague, putain, elle gagnera pas un prix avec un humour comme ça.
À la place, elle se laisse tomber assise en tailleurs par terre, parce que c’est la meilleure solution et qu’elle peut regarder Asher, comme ça, parce qu’elle a les yeux rivés sur lui et le cœur dirigé vers lui, parce qu’elle oscille entre la colère et la tristesse et la compréhension, cette putain de compréhension qui la fait hoqueter et chavirer et hurler, qui lui fait trembler les doigts et faiblir les genoux, qui lui donne envie de pleurer sans qu’elle puisse vraiment parce que c’est elle qui est en tort, parce que c’est elle qui lui balance ses sentiments à la gueule alors qu’il est en couple, parce que c’est elle qui débarque avec ses bagages et qui les jette, qui envoie un boomerang mais qui s’attend pas à se le récupérer dans les dents. C’est stupide ce qu’elle a fait, stupide et odieux et elle inspire profondément, quelque part depuis le fond de son ventre pour mieux évacuer tout le reste, pour mieux faire sortir tout le marasme qui la hante, toute la douleur qui la crispe, tout ce qui continue à pourrir et macérer en dedans parce qu’elle est incapable de se laisser tout à fait aller, incapable de lâcher prise, incapable de craquer et de pleurer son trop plein d’émotions alors qu’elle voudrait, alors qu’il faudrait, alors qu’elle pourrait. Elle veut pas lui faire pitié, à Asher, elle veut pas retourner le couteau dans une plaie qu’elle a causé, elle veut pas qu’il la regarde différemment, elle veut pas plein de choses sur lesquelles elle arrive pas à mettre de mot parce qu’elle est boiteuse dès qu’il est question de sentiment, handicapée dès qu’il faut agir en adulte, à genou dès que le monde qu’elle a construit difficilement se pète la gueule.
« Alors dis rien. » Elle appuie son front contre le canapé, pas à côté d’Asher mais pas loin non plus parce qu’elle est pas capable de coller de la distance entre eux, parce qu’elle est physiquement incapable de rompre les ponts, parce que y a trop de trucs, parce que y a son rire et ses grimaces et comment elle l’emmerde quand il a du jambon dans son frigo, parce que y a toutes les heures passées à refaire le monde et toute l’éternité à se balancer des vannes, parce qu’Asher sent l’été et les apéros à pas d’heures, parce qu’il sent la plage et la mer et le vent dans les cheveux, parce que c’est un de ses amis le plus proche et qu’elle a les griffes enfoncées dans sa peau, parce qu’elle peut pas le perdre, parce qu’elle refuse de le perdre, pas comme ça, pas pour ça. « Si tu peux pas me dire que c’est pas réciproque, dis rien. » C’est un vœux, une supplique, parce qu’elle est pas capable de l’entendre à ce moment-là. « Je suis heureuse que tu sois avec Elena. Je t’ai jamais menti. Je veux juste que tu saches ça au moins. » Elle marque une pause, oscille, hésite, tangue, parce qu’elle a la mer dans les yeux et qu’elle tend la main, pour lui filer un petit coup de poing dans la cuisse, sans conviction, sans violence, parce que c’est ce qu’elle aurait fait avant et qu’elle veut pas changer ça. « Je veux pas te perdre, Asher. » C’est la chose la plus importante qu’elle puisse lui dire à cet instant, parce qu’il la supplie de pas le haïr et qu’elle est incapable de le détester, parce qu’elle se redresse et grimpe sur le canapé, parce qu’elle décide qu’elle s’en fout, parce qu’il a l’air trop paumé, parce que c’est pas grave si ça lui écorche le cœur pour une seconde, pas grave si ça lui bousille l’âme un peu, parce qu’elle le serre dans ses bras comme si le monde allait mourir, parce qu’elle le serre dans ses bras comme si elle pourrait plus après, parce qu’elle en a besoin, là, tout de suite, terriblement besoin et que ça lui ronge le creux du bide, que ça lui tord l’estomac. « Comment on dit, en hébreu, que je pourrais jamais te haïr, jamais te détester, parce que tu es une des personnes les plus importante de ma vie ? »
Et c’est juste un souffle qui se perd entre eux, un trois fois rien, à peine un secret. |
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donne coeur, pas cher, déjà utilisé ▹ posts envoyés : 1889 ▹ points : 16 ▹ pseudo : Unserious/Agnès ▹ crédits : WHI, tumblr, bazzart / avatar : balaclava / AES : moi / gif : camille ▹ avatar : Ben Barnes ▹ signe particulier : un accent de liverpool, un tatouage "bad" au creux du coude, et une chevalière à l'index gauche. oh, et totalement casher. en théorie.
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| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher Sam 27 Mai - 19:43 | |
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Minnie & Asher C'est juste une idée qui passe et que je fuis © creditimage|tumblr Je t’aime. Y a un souvenir de jeudi soir devant un film d’horreur qui lui revient, Minnie serrée contre lui et son bras autour d’elle, la manière rassurante avec laquelle il avait déplacé une mèche pour embrasser sa joue, la façon qu’il avait eue de lui cacher les yeux lorsqu’il l’avait sentie frémir contre lui, l’odeur de popcorn et de caramel tout autour d’eux et la semi-obscurité, les répliques énoncées à voix haute, par cœur, they’re coming to get you Barbara et tout ce qu’ils avaient vu et revu, dit et redit. Y a la fois où il était venu au magasin pour lui apporter un latte et qu’y avait Mia qui l’avait presque insulté, la fois où il avait attrapé sa main quand un type dégueulasse l’avait abordée en pleine rue, cette même fois où il lui avait foutu une droite sans se préoccuper des conséquences. Y a toutes ces fois où il avait été trop protecteur, où il avait été trop con, où il avait crevé d’envie de sortir son badge mais où il s’était souvenu de sa couverture, du mensonge, des dissimulations, du fait qu’il mentait à Minnie, qu’il lui mentait, mentait, mentait, et qu’il se détestait au point de vouloir mourir. Y a tous ces trucs qui s’entrechoquent et les mots qui n’ont pas été dits, jamais, les je t’aime perdus dans leur imaginaire, dans tout l’air entre eux, même dans les moments où ils en avaient manqué. Et c’est le cas en ce moment. Il manque d’air, Asher, il a du mal à respirer, y a sa tête qui lui fait un mal de chien, y a ses mains qui tremblent, y a son cerveau qui ressasse, qui se demande ce qu’il pense de tout ça, qui repasse les évènements, les actes manqués, les fois où leurs mains s’étaient touchées sans que ça ne lui donne des frissons, sans que ça n’ait un quelconque effet sur son épiderme. Y a la suite de loupés dans la matrice, ceux qu’ils ont accumulé au fil des mois, des années maintenant, y a la couverture, l’Egide, y a le plus gros des mensonges, le secret ultime, qui se résoudrait en trois petits mots qu’il ne peut se résoudre à prononcer. Je suis flic. Ou je t’aime. Y a rien à dire, peut-être. Minnie lui confirme ça, elle lui demande de ne pas parler, elle le condamne au silence. Qui est-il pour lui refuser, une nouvelle fois, quelque chose qu’elle souhaite ? Qui est-il pour continuer de la ruiner à coup de jolis mots, de j’peux pas te dire ça, qui est-il si ce n’est un putain de connard de mec qui ne sait pas s’accorder avec ses propres sentiments ? Elle parle, elle parle, pendant que lui ressasse. Y a l’ordre de Minerva, et y a ce qu’il voudrait faire s’il s’écoutait. Lui déballer tout. Lui dire qu’il est désolé, qu’elle était une mission au début, que c’est plus du tout le cas aujourd’hui, qu’il l’aime, qu’il l’aime à s’en faire péter le cœur, à dégonder les portes qu’il a installées entre lui et le monde, à renverser des continents et assécher des océans, qu’il l’aime plus qu’il ne pourra jamais lui montrer, plus que ce à quoi elle s’attend, qu’il pourrait la rendre heureuse si seulement il savait comment faire. Mais il peut pas, parce qu’il est amoureux d’Elena, que c’est un fait, que c’est terrible mais que c’est comme ça, parce qu’il est tombé amoureux de Lena à la seconde où il l’a vue, parce qu’il a été comme frappé par la foudre et que c’est un sentiment qui lui colle aux godasses comme un vieux chewing-gum, que c’est sûrement mal, mauvais, mais qu’il n’y peut rien. Il aime Elena. Il aime Minnie. Putain de bordel de merde. Il sait pas, putain, il sait pas, et c’est au moment où il s’apprête à craquer que Minnie se rue sur lui, qu’elle l’attire contre elle, qu’elle étouffe le sanglot qui nait dans sa gorge, qui menace de faire s’effondrer toute la structure. C’est trop tard, il chiale dans ses bras, les larmes ruisselant sur ses joues et le visage perdu quelque part dans les cheveux de son amie, quelque part entre les effluves de vanille qui lui chatouillent les narines et qui lui rassurent, qui lui murmurent que Minnie est sa maison, son toit, son tout, qu’y a pas grand-chose de plus à dire, que leurs gestes parlent plus que leurs mots. Il la serre dans ses bras, la serre fort, reprend doucement son souffle parce que l’oxygène manque toujours, parce qu’il s’asphyxie mais qu’il semble profiter d’une bulle d’air, d’une accalmie dans les bras de Minerva. « Ani ohev otach, je t’aime, Minnie », il souffle, et ses doigts s’agrippent à elle comme s’il avait peur qu’elle ne parte, qu’elle ne le quitte, parce que depuis toujours, il n’y a que deux alternatives, soit les gens l’abandonnent soit c’est lui qui le fait, sciemment, pour pas souffrir, pour pas saigner. Et il pourrait pas quitter Minerva, il pourrait pas s’éloigner, il pourrait pas le faire même si elle le chassait, même si elle prétendait ne plus jamais vouloir entendre parler de lui. « Ani mitstaer meod », il enchaîne les mots dans un hébreu étrangement parfait, parce qu’il y a les souvenirs qui lui reviennent en pleine gueule, les samedis chez sa grand-mère à s’excuser dès qu’il avait fait une connerie, les mots d’amour susurrés à son oreille, le fameux gâteau à l’orange avec le verre de lait. Le verre de lait. Sa foutue obsession vient de là, même s’il ne prend plus la peine de regarder s’il est casher ou non, et il irait tellement en enfer pour ça, pour plein d’autres trucs aussi, notamment le fait de faire souffrir Minnie à ce point. Toutes les excuses du monde semblent dérisoires, ridicules, toutes les excuses et sa voix éraillée, et les sanglots qu’il cache parce qu’il n’a pas l’habitude de pleurer, Asher, pas devant les autres en tout cas. « Ata kol kakh khashuv li. » Les mots en hébreu ne cessent de franchir la barrière de ses lèvres, peut-être parce que c’est plus simple de lui dire tout ça dans une langue qu’elle ne comprend pas vraiment, comme si elle lui parlait en arabe, comme s’ils se disaient leurs sentiments dans leurs langues respectives, la musulmane, le juif, y a de quoi s’y perdre et pourtant, il sait qu’elle comprend, il sait qu’elle reconnait les mots, qu’ils se reconnaissent dans toutes les langues. Il dépose un baiser sur son épaule, un baiser salé qui doit avoir le goût de ses larmes, qui doit sentir la distance et la trop grande proximité, tout cela à la fois, ce qu’ils se disent et qu’ils ne se diront jamais, et il continue de la serrer contre lui, incapable de la laisser partir.
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| Sujet: Re: c'est juste une idée qui passe et que je fuis ; ft. asher | |
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