✧ 01 solomon, c'est l'enfant d'un couple qui n'était pas fait pour exister. maman avait tourné le dos à ses origines bourgeoises pour se perdre dans les bras de papa — un flic tout ce qu'il y avait de plus modeste. leur histoire n'a pas duré éternellement, et ils se sont séparés après plusieurs années de mésentente quand le gamin avait seize ans. même après ça, pourtant, il a continué à passer beaucoup de temps chez son père. pas question de quitter sa vie entière pour suivre sa mère. pas question de laisser derrière lui ce paternel dont il avait bien plus hérité que sa génitrice ne l'aurait souhaité. la loyauté, la fidélité. les bonnes valeurs qui faisaient de mr. coen un flic exemplaire, et qui coulaient aussi dans les veines de son fils. un fils qui s'était toujours identifié davantage à son père qu'à sa mère — et à raison, sûrement. un fils qui avait hérité de sa modestie et de son attrait pour une vie calme, non-corrompue par l'argent. un fils qui avait toujours continué de vouer un grand respect à cet homme et qui, aujourd'hui, regrette plus que tout au monde de ne pas avoir pu être là lorsque ses jours se sont terminés. ✧ 02 maman, elle aurait souhaité mieux pour lui. elle a rapidement compris le potentiel de son fils, a rapidement vu qu'il pourrait aller loin s'il s'en donnait les moyens. et maman, elle n'a jamais vraiment accepté son manque d'ambition. pas alors qu'elle avait l'argent pour l'emmener là où il aurait désiré, pas alors qu'il avait l'intelligence nécessaire pour se propulser au sommet. maman, elle aurait voulu que son fils arrête ses conneries et mette son insouciance de côté. maman, elle aurait voulu le voir accéder à une carrière dont elle aurait pu être fière. et ça n'a fait qu'empirer lorsqu'elle s'est remariée, et que son nouveau mari s'y est mis, lui aussi. le fils a encaissé, le fils n'a rien dit. mais il ne l'a jamais écouté pour autant. il savait ce qu'il voulait, et il n'en avait rien à faire de devenir l'enfant décevant. ✧ 03 solomon, ç'a toujours été une tête. petit, il a appris à marcher et à parler avant l'âge normal. il a su lire et compter tôt, mais il a gardé ce petit secret pour lui. il a fait semblant d'être au même stade que les enfants de son âge — pas intéressé par l'école, pas adapté à ce système qui lui drainait plus d'énergie qu'il ne le stimulait. lorsque ses parents s'en sont rendu compte, leurs attitudes ont été très différentes. mais le gamin n'avait pas envie d'être poussé. il voulait juste rester là où il était, et ne pas être vu différemment. c'est papa qui lui a donné ce regard — maman, elle, a voulu l'emmener au sommet. c'est papa qui l'a laissé vivre sa vie, et qui se fichait pas mal des capacités de son fils. tu fais ce que tu veux avec ce que t'as, qu'il lui disait. et c'est ce que sol' a fait. il n'a jamais renié son intelligence, mais n'a jamais souhaité voir jusqu'où elle pouvait l'emmener. petit génie discret, désintéressé par l'esprit de compétition de la société. supplanter les autres ne l'intéressait pas. tout ce qu'il voulait, c'était qu'on lui foute la paix. ✧ 04 à l'école, il était capable de performer partout. pourtant, il ne s'appliquait que dans ce qui l'intéressait — et toujours à sa manière. ses notes ont toujours été bonnes, mais n'ont jamais décollé non plus. les sciences ont été ses matières fortes, et il s'est très rapidement pris au jeu de l'autodidacte. apprendre par lui-même, faire ses propres expériences. la chimie s'est avérée sa matière de prédilection, et il a bien vite pris un plaisir fou à expérimenter tout ce qu'il pouvait. l'informatique, les maths et la physique ont suivi de près, et sa polyvalence a toujours laissé ses professeurs pantois. à la fin de ses études secondaires, il a pris conscience qu'il ne pourrait pas tout étudier. il aurait pu suivre sa meilleure amie au mit, il aurait pu avoir accès aux meilleures universités du pays ; mais il a choisi de faire son trou dans l'établissement du coin, et d'étudier la chimie à l'université du tennessee. un choix que sa mère a désapprouvé. un choix que son père a salué. un choix qui le satisfaisait, et qu'il ne regrette pas le moins du monde aujourd'hui. ✧ 05 au final, il n'est jamais arrivé au bout de ce qu'il avait entrepris. quand il a eu commencé son doctorat, il s'est trouvé en parallèle un poste de prof, dans un établissement secondaire d'un quartier défavorisé de memphis. il y a donc déménagé, pensant finir ses études en parallèle du boulot qu'il venait de dénicher. ça n'est jamais arrivé, et son doctorat est encore aujourd'hui en suspens. il ne pense plus vraiment le terminer un jour. tout ça, c'est derrière lui. enseigner était devenu plus important qu'étudier. un choix qui, une fois encore, déçut profondément sa mère — déception qui ne lui fit ni chaud ni froid. il faisait ce qu'il aimait, et c'était tout ce qui comptait. être prof, ça lui a plu. ce statut lui allait comme un gant, et il n'aurait probablement jamais arrêté si ça n'avait été des verrous qui l'ont forcé à tirer un trait sur tout cette vie. avec le casier trop frais qu'il a aujourd'hui, peu d'établissements voudraient encore de lui. et il ne veut pas prendre le risque de se faire claquer la porte au nez dans ce domaine — pas alors que c'est aussi important pour lui. ✧ 06 solomon, il a fait des expériences qui ne tenaient pas toujours dans le cadre de la légalité. la chimie lui a ouvert des portes un peu plus dangereuses, et il n'a pas hésité à s'aventurer dans des terrains qui lui procuraient plus d'adrénaline. à la fin de son adolescence, il a commencé à tester la préparation de quelques drogues, aidé par sa meilleure amie. lorsqu'elle est partie pour le massachussets et qu'il est entré à l'université de knoxville, il a continué ses petites expériences. celles-ci se sont amplifiées avec le temps ; pourtant, il a toujours été suffisamment intelligent et prudent pour ne pas tomber la tête la première dans la boucle des trafics. il a su rester discret, faire profil bas. il avait toujours un coup d'avance sur les combines qui auraient pu le faire plonger plus profondément dans cette spirale infernale, et il a réussi à ne jamais se faire prendre. il en a été de même pour sa propre consommation de drogues — régulière, mais jamais addictive. aujourd'hui, il lui arrive encore d'en prendre ; il évite cependant les stupéfiants, et fuit comme la peste toutes les drogues stimulantes. il préfère fumer un peu d'herbe de temps à autre. il sait d'ailleurs parfaitement comment faire pousser du cannabis, et ses quelques plants ont remplacé la confection de drogues — abandonnée très peu de temps après qu'il a commencé à enseigner. ✧ 07 s'il a arrêté ses petits jeux chimiques, il n'est cependant pas resté très longtemps loin de l'illégalité. lorsque solveig est revenue du mit, il s'est rapidement retrouvé à participer à ses petites expériences de hacking. puis, ils ont vu plus grand. c'est alors le blanchiment d'argent qui les a occupés. là encore, ils ont été capables de garder la longueur d'avance nécessaire à ne jamais se faire prendre dans aucun cercle vicieux. ils ont été les ombres, assurant leurs arrières grâce au hacking et ne se laissant jamais attraper par quiconque. en quittant memphis, ils ont perdu leur répertoire et ont donc plus ou moins cessé leurs activités. cependant, il leur est arrivé de reprendre d'anciens clients, et de voir quelques nouveaux cogner à leur porte. on leur faisait confiance. on savait leurs compétences, on savait leur intelligence ; on savait, et on l'appréciait autant qu'on s'en méfiait. si solomon a ensuite arrêté à cause de son arrestation, solveig ne s'est pas gênée pour continuer lorsqu'il était en prison. aujourd'hui, il essaie de ne pas trop replonger, de peur de se faire pincer et de devoir retourner derrière les barreaux. ✧ 08 pourtant, contre toute attente, ce n'est pas le blanchiment ou la drogue qui l'ont envoyé à l'ombre. il s'est d'ailleurs assuré que rien de tout cela ne fasse surface dans son dossier lors de son procès ; les choses auraient été bien plus compliquées si ç'avait été le cas — il le sait. au final il n'a pris que trois ans. trois ans qui auraient facilement pu devenir dix, quinze, voire vingt ou plus si la vérité avait éclaté. mais non — elle est restée enterrée. sagement protégée par solveig et par la discrétion qu'ils avaient depuis toujours employée. prudence qui a fini par payer. c'est la violence qui l'a envoyé derrière les barreaux. la violence débridée dont il a fait usage, un soir qu'un type un peu trop ivre l'a cherché. la violence qui a répondu aux paroles déplacées sur sa soeur. la violence qui a cloué le gars dans un coma. coups et blessures volontaires. l'autre avait commencé, et la légitime défense a donc permis d'alléger la peine. mais solomon avait conscience d'être allé trop loin, et injustement. il a plaidé coupable, et ça lui a valu ses trois ans. aujourd'hui sorti depuis plus d'un an, il essaie de faire profil bas et de rester loin de tout ce qui pourrait le renvoyer là-bas. sans grand succès, néanmoins. ✧ 09 solomon, il a la violence latente. comme une rengaine silencieuse dans ses veines, prête à jaillir à n'importe quel moment. il aimerait que ça n'existe pas, il aimerait pouvoir vivre sans s'en soucier. mais c'est impossible, et il le sait. c'est la raison pour laquelle il évite les drogues stimulantes. il sait qu'il serait capable de dégénérer trop facilement, et que les barrières mentales qu'il a érigées pour contenir sa violence n'en seraient que dangereusement affaiblies. il a déjà explosé plus d'une fois avant que ce vice incontrôlable ne l'envoie en prison. et aujourd'hui, il essaie de tenir ça à l'écart. il essaie de se souvenir de ce que son père lui a appris pour se canaliser. il se réfugie dans le sport comme son géniteur le faisait miser sur l'entraînement lorsqu'il était plus jeune. il court tous les jours, va boxer plusieurs fois par semaine depuis qu'il est adolescent. il fait tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir l'animal en cage, et éviter de faire déborder les coups aveugles qu'il peut être capable de donner une fois qu'on l'a cherché. ✧ 10 malgré cette tendance, il est plus calme qu'on ne pourrait l'imaginer. pas particulièrement nerveux, il est rare de le voir s'emporter et tomber dans de grosses colères. tranquille, il sait parfaitement comment garder son sang-froid et réprimer la violence qui lui laboure parfois l'estomac. il est pourvu d'un self-control redoutable, qu'il est capable de conserver même lorsqu'on vient le chercher. les limites s'amenuisent cependant lorsqu'on s'en prend à ceux qu'il chérit ou sur qui il veille. loyal et bienveillant, il a développé un instinct de protection particulièrement fort et ferait n'importe quoi pour ceux qui se retrouvent pris sous son aile. il a le dos large, il sait en prendre ; et même s'il arrive que des conflits pointent le bout de leur nez, la rancune n'est jamais suffisamment forte pour gommer son instinct de protection. solomon, il ne bouge pas. roc planté en pleine tempête, impassible face aux vents et marées. solomon, il reste là. et s'il n'est pas envahissant pour autant, il sera toujours disponible pour ceux qui en ont besoin. coeur de lion. coeur de chien. ✧ 11 cette tendance se ressent particulièrement dans la relation qu'il entretient avec sa demi-soeur. izia, elle a dix-neuf ans de moins que lui. à ce titre, elle aurait autant pu être sa fille qu'elle n'est sa soeur. et izia, il l'a toujours chérie et protégée. il aurait voulu pouvoir la planter dans le ciel, au milieu des étoiles, pour l'éloigner de toute cette merde qui rampait sur terre. il aurait voulu que rien ni personne ne l'atteigne jamais. mais tout ça, ce n'est pas de son ressort, et il le sait. il n'a pas été le frère le plus présent du monde — la faute à ses études, la faute à sa vie. et il sait qu'aujourd'hui, izia a plus dérapé qu'il ne l'aurait souhaité. pourtant, y a des choses qui ne changent pas. il est allé en prison parce qu'on avait pressé sur le mauvais bouton, et qu'une langue avait été un peu trop lourde sur le cas de sa soeur. parce que, quoi qu'il arrive, izia, c'est un point sensible. et ça le restera. ✧ 12 solomon, il a toujours eu un côté paternel assez prononcé. ça s'est vu avec sa soeur, et ça s'est vu avec tous les gamins qui sont un jour passé dans sa classe. c'était un bon prof, c'était un bon frère. c'était quelqu'un qui savait s'occuper des plus jeunes, et qui était capable de se sortir de la figure d'autorité qui lui était naturellement attribuée. pourtant, il n'a jamais voulu d'enfants. il y a trop de gamins dans le besoin, qui ont déraillé et qui se sont égarés. le monde est trop cinglé pour qu'il ne lui jette en pâture sa propre progéniture. il a déjà suffisamment à faire avec ceux qui se débattent entre les pattes de la vie. suffisamment à sauver, suffisamment à protéger. alors lorsque la discussion des enfants est sortie, dans son ancien couple, solveig et lui se sont mis très vite d'accord. les enfants, c'était pas pour eux. pour compenser, ils ont adopté deux chiens. deux pitbulls — chacun le sien. solomon a gardé franklin, un gros cabot gris et blanc, trop doux et trop affectueux pour son propre bien. bête à chagrin sur laquelle son ex a veillé pendant qu'il était en prison, et qui est revenue vivre avec lui depuis. franklin, c'est son fils à lui. il ne s'en sépare que lorsqu'il y est obligé, et il n'y a rien qu'il ne ferait pas pour cette bestiole à quatre pattes. ✧ 13 solomon, il a quelques grosses cicatrices qui l'obligent à affronter ce qu'il a traversé chaque fois qu'il se regarde dans le miroir. l'accident qui a failli le tuer et qui a emporté ses ex-beaux-parents, lorsqu'il avait trente ans, lui a laissé les plus affreuses balafres du palmarès. l'une court notamment le long de son tibia gauche, et une autre sur son flanc droit ; l'opération qui a suivi l'accident lui a également laissé une marque sur l'abdomen. il conserve aussi quelques cicatrices des altercations qu'il a pu avoir par le passé. le tout rehaussé d'un certain nombre de tatouages que sa mère a toujours détestés, et qui font de son corps un tableau fidèle de sa vie et de ses décisions. ✧ 14 s'il a fait en sorte de ne pas inquiéter ses proches après son accident, il n'en reste pas moins que le traumatisme s'est incrusté sous sa peau. il a tenté d'oublier, du mieux qu'il le pouvait. il a accepté ce qui est arrivé, et a supporté de le revivre chaque fois qu'il a fermé les yeux, les premières semaines — puis chaque nuit, pour les premiers mois. avec le temps, la vivacité de la mémoire s'est atténuée, et il a réussi à passer outre l'incident. il lui arrive cependant encore d'en rêver. de se réveiller en sursaut et en sueur, hanté par les douleurs fantômes. à croire que les chocs psychologiques sont plus difficiles à traiter que les blessures physiques — d'autant plus lorsqu'on décline l'aide proposée. ✧ 15 les premiers temps après son accident, il a eu beaucoup de mal à se remettre à conduire. même si ce n'était pas de sa faute, et que le véhicule n'était même pas en mouvement lorsqu'il a été percuté, la mort de ses beaux-parents était encore trop fraîche dans sa mémoire pour qu'il n'arrive à voir autre chose au moment de prendre le volant. il a finalement surmonté sa peur, et a recommencé à conduire après quelques mois. aujourd'hui, c'est presque comme si son traumatisme n'avait jamais eu lieu — mis à part la prudence redoublée qu'il manifeste lorsqu'il est sur la route. avant tout cela, il avait beaucoup de plaisir à prendre la route ; un intérêt hérité de son père, une fois encore. celui-ci lui avait même appris à mettre les mains dans le cambouis. il est donc tout à fait capable de s'occuper de son véhicule seul. après tout, la mécanique n'est pas si éloignée de ces sciences de précisions qui ont toujours donné un sens à sa vie. ✧ 16 son nouveau boulot est bien différent de ses responsabilités de prof. il ne peut pas dire qu'il est particulièrement heureux de cela, mais il ne s'en plaint pas non plus. jusqu'ici, ça lui permet de payer ses factures et de boucler ses fins de mois sans trop de soucis. et même si, au fond de lui, il aimerait pouvoir retourner dans cette carrière qu'il affectionnait particulièrement, il a accepté depuis longtemps que la prison y avait sûrement mis un point final. ✧ 17 cuisiner, ç'a toujours été quelque chose qu'il appréciait. lorsqu'il était jeune, sa mère n'était pas particulièrement douée pour lui concocter des petits plats, et c'était son père qui s'en chargeait lorsqu'il rentrait. et puis, un jour, solomon a compris que la cuisine était un peu comme la chimie : tout était dans la précision et les bonnes proportions — tout était dans le talent à faire des bonnes associations. ç'a donc été naturellement qu'il s'est mis à jouer avec les ingrédients qui passaient à sa portée. il a aujourd'hui un véritable talent pour créer des petits plats savoureux — ou même, sur une autre échelle, des cocktails bien dosés. ça lui a valu son nouveau boulot, où il n'a pas mis longtemps à faire ses preuves. et à dire vrai, cuisiner est peut-être une des choses qui lui a le plus manqué lorsqu'il était en prison. ✧ 18 solomon, il n'est jamais vraiment sorti de la période punk-rock de son adolescence. le rock et le métal qu'il écoutait à l'époque font encore partie de sa playlist, et il a gardé le même rythme de vie que lorsqu'il était plus jeune. il ne regrette pas les tatouages qui ont marqué cette période, et affiche sans honte ceux qu'il a récoltés depuis — et même en prison. il a cependant varié ses goûts musicaux avec le temps, pour y ajouter le blues et le jazz. hormis ces quelques genres, il n'écoute presque rien, et il éprouve une aversion particulière pour les genres alternatifs récents. il est capable de les supporter s'il le faut, mais il ne faut pas compter sur lui pour en mettre lorsqu'il a le contrôle de la playlist. ✧ 19 malgré les moyens financiers de sa mère et de son beau-père, il n'a jamais apprécié la vie riche qu'ils ont tenté de lui imposer. très modeste, il n'a jamais voulu de leur argent et de leurs biens. tout ce qu'il voulait, c'était qu'on le laisse se débrouiller. tout ce qu'il voulait, c'était la tranquillité. pas vraiment compliqué, il a vécu modestement et sans fioritures dès qu'il a pu s'éloigner de ses parents et prendre son propre appartement. il n'a pas de goûts de luxe, quels qu'ils soient, et préfère largement regarder un bon film d'horreur, enfoncé dans son canapé avec un petit plat fait maison et une bière, que de dépenser une fortune pour aller s'amuser sans compter. ✧ 20 son père était croyant, et avait pour habitude de l'emmener à l'église tous les dimanches. si solomon a un peu perdu cette habitude avec le temps, il n'était cependant pas rare qu'il rejoigne son paternel à la messe durant ses visites à knoxville. de plus, il garde toujours autour du cou le petit crucifix qui lui a été offert à ses dix ans. il est occasionnellement pratiquant, et conserve les dernières traces de ses origines dans les prières enseignées par son père — autant formulées en espagnol qu'en anglais. s'il ne s'est jamais confessé, il n'est cependant pas rare de le voir aller prendre quelques instants de paix dans une église. il le faisait régulièrement à la chapelle de la prison, et continue encore dans celles de savannah, maintenant qu'il est sorti. cette habitude s'est d'autant plus affirmée après la mort de son père. et s'il a conscience que son âme à lui ne pourra que difficilement être sauvée, cela ne l'empêche pas de vivre. cela ne l'empêche pas d'espérer que celle de son paternel, elle, s'en est finalement tiré.