Elle partait totalement en vrille. Elle était perdue, comme elle ne l’avait jamais été. Elle se sentait encore plus seule, encore plus en insécurité que quand elle s’était cassé de chez elle et qu’elle dormait dans la rue. Elle ne l’aimait pas. Elle ne l’avait jamais aimé. Sa mère. Et pourtant, un chamboulement avait créé en Barbra, un véritable raz-de-marée de conneries.  Elle s’en rendait compte parfois, quand elle arrivait à réfléchir, entre deux cuites, entre deux pétards, entre deux conneries. Mais elle préférait ignorer, oublier, continuer à s’autodétruire c’était ce qu’il lui fallait. Elle fut réveillée par le bruit de la sonnette. Putain. C’était qui ? Elle se leva, visiblement seule dans l’appartement. La lumière agressait ses yeux, son cerveau… son âme. Son esprit était trop dans les ténèbres, la lumière lui faisait mal. Elle était sobre et elle avait la gueule de bois. Elle se demanda même pas quelle tête elle avait. C’était le signe que rien n’allait plus. Barbra. Se foutait de son apparence.  Elle prit son téléphone pour observer l’heure. Elle le reposa, sans même avoir regardé l’horloge. Elle fuyait, fuyait les appels manqués, de Joe, de Maia. Elle les ignorait, les évitait. Cela faisait presque cinq répet qu’elle évitait. Elle ne pouvait pas les voir, pas les affronter, pas faire genre que tout allait bien. Mais elle était incapable de dire que tout allait bien. Elle ne voulait pas les perdre. Elle ne voulait pas perdre Joe. Elle l’aimait. Enfin, elle pensait l’aimer. Elle savait pas trop à quoi cela ressemblait l’amour. Elle savait juste que Joe était bien pour elle, qu’elle était bien avec lui et qu’elle avait son cœur qui se serrait à chaque fois qu’elle sentait son souffle sur elle. Elle ouvrit alors la porte, les yeux mi-clos. C’était lui. C’était Joe. Son cœur se serra. Elle n’avait pas la force de lui dire qu’elle n’était pas prête, pas prête pour lui, pour lui sourire, pour être là. Surtout, elle avait cruellement envie de lui parler de sa mère, de ce coup de tel qui l’avait chamboulé. Parce que c’était son meilleur ami, cela avait toujours été le cas depuis qu’elle l’avait vu pour la première fois. Elle avait toujours eu confiance en lui, et c’était ouverte à lui comme avec personne. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle tout gâché ? Aujourd’hui, leur relation l’empêchait de lui dire ce qui n’allait pas, comme si en tant que « petite amie » elle devait paraitre parfaite… Elle ne voulait pas retourner dans un psychodrame comme avec Jimmy. Elle n’était pas faite pour ça. Il était beau, il était là. Et il cachait son bouquet de fleur derrière son dos. Lui. Le macho. Le dragueur. Il avait pris un bouquet pour elle. Barbra. Son cœur se brisa comment pouvait-elle lui faire ça ? Son comportement l’a brisé mais elle ne pouvait pas faire autrement, elle ne savait pas comment faire. « Salut ». Parce qu’elle ne pouvait rien dire. « T’as amené des fleurs ? » aucune intonation, elle ne voulait pas être méchante, elle avait juste éteins ses sentiments parce que c’était trop dur.

" Ouais...enfin je les ai piqué sur le palier de ta voisine. "   Ouais. C’est ça. Genre des aussi belles fleurs ? Mon cul c’est du poulet. Mais Barbra préféra ne rien dire. Elle préféra accepter cette excuse bidon. Elle ne pouvait pas lui en vouloir d’esquiver après l’accueil qu’elle venait de lui faire. Elle l’aimait. Elle ne voulait pas lui faire du mal. Mais quand on était mal au fond de notre cœur, on ne peut être aimables avec les autres. C’était une loi bien connu. Barbra aurait voulu lui montrer son amour mais elle n’était capable que d’un lunatisme. Un jour elle l’aimait, un jour elle l’évitait. Elle n’était plus elle-même. Elle avait l’impression d’avoir perdu son meilleur ami. Elle lui aurait envoyé un message, pleurait dans ses bras, parce qu’avant, elle se foutait de l’image qu’elle lui renvoyait, parce qu’avant elle savait qu’elle ne perdrait pas. Aujourd’hui, elle avait l’impression d’avoir perdu cette confiance.  " Fais en ce que tu veux. "  Elle récupéra les fleurs. Elle aurait aimé lui dire que cela lui faisait plaisir, parce que oui, cela lui mettait du baume au cœur  mais elle ne le disait pas. C’était le problème. Elle ne disait rien de ce qu’elle pensait et ressentait. Joe était devenu presque un homme comme un autre. Elle n’avait même pas honte de l’état de son appart. Elle n’avait plus honte aujourd’hui mise à part d’avoir fuie sa mère et de l’avoir laissé mourir. Elle ferma la porte, en portant son regard sur ses fleurs. Elle sourit, quand Joe lui tourna le dos, pour pas qu’il voit. Il aurait pu le voir, mais le destin en avait décidé autrement. Elle chercha un verre quelque part, et mis de l’eau dedans pour mettre les fleurs dedans. Et le posa contre la paroi dans un coin de la pièce. Le bouquet était magnifique mais il ne suffisait pas à éclairer son appart qui ressemblait à son cœur. " T'as loupé les dernières répèt. "  elle souffla, se retourna vers l’homme qui faisait battre son petit cœur. «  je sais ». " Tu ne réponds plus au téléphone. T'es froide avec moi... Qu'est ce qui se passe ? C'est de ma faute ? A cause de mon comportement ces derniers temps ? J'sais que j'ai pas été au top mais... On peut arranger ça. Je suis là pour ça. "  non ce n’était pas sa faute, non ce n’était pas lui. elle voulait juste éviter le conflit, éviter la vérité, fuir plutôt que d’affronter. Elle n’était pas de ce genre-là pourtant. Elle était de celle qui vont sur le front, qui gueule, qui frappe, qui se montre. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. « J’étais juste… occupée. » ouais à son tour de sortir une excuse bidon. Occupée à manger macdo et à laisser la poussière s’entasser dans son appart. «  ramène pas tout à toi. Tu deviens parano. J’étais juste.. occupée. Rien rien à régler. » elle aurait voulu pouvoir lui dire la vérité, lui parler, mais elle en était incapable. Elle préférait attaquer plutôt que de se confier. Vive le problème de communication.

" Occupée... ? Ah ouais, et à quoi au juste ? A te cacher dans ton appart ? A m'éviter ? A t'empiffrer de malbouffe ? " Elle comprends alors qu’elle ne pourra pas, pas éviter la discussion. Qu’il savait, qu’il voyait et qu’il voulait comprendre. Joe n’allait pas faire l’indifférent, il n’allait pas passer, ne pas attendre qu’elle se sente mieux, qu’elle sorte de son mutisme, de sa fuite. Elle n’avait pas envie, plus la force, plus l’envie, de se battre, de débattre. Mais elle ne voulait pas le perdre. Elle avait peur, peur de dire ce qu’il ne fallait pas. Deux âmes se battaient en elle : d’un côté, elle voulait l’envoyer bouler, lui dire que c’était fini, ne plus avoir à se préoccuper de trouver une excuse, de mentir… juste ne plus le voir, ni les voir, plus voir personne qui comptent. De l’autre côté, son amour pour lui, son besoin de lui dans sa vie la poussait à ne pas le rejeter, à lui expliquer… mais elle ne pouvait pas. Elle se sentait tellement honteuse, coupable d’avoir évité sa mère. Certes, elle l’avait toujours ignoré, dans leur enfance, elle n’avait été qu’une mère indigne. Ne se préoccupant pas de sa santé, de lui donner à manger ou de l’emmener en cours. Mais il y avait cette petite voix qui lui disait que peut-être, peut-être sa mère avait changé et la recherchait pour faire amende honorable, pour s’excuser, quêter le pardon… Elle fixa la malbouffe qui trainait et stagnait sur sa pauvre table basse… la culpabilité était là et toqué à sa porte. " Tu veux franchement me faire croire qu'il n'y a aucuns problèmes, que tout va bien ? Tu t'es regardée deux secondes dans un miroir ? T'as regardé autour de toi ? Non mais sérieux t'as pas l'impression de te foutre de ma gueule ? J'sais que je suis con, mais tu crois vraiment que je le suis au point que je vais gober tes mensonges à deux balles ? " Elle baissa le regard, honteuse. Il la perçait à jour. Elle avait espéré qu’il ne remarque pas ou qu’il remarque mais ne soulève pas. Elle avait espéré qu’il ne la force pas à affronter. Elle préférait fuir, elle préférait la facilité. Elle en avait marre de se battre. Elle avait l’impression que sa vie partait en couilles et n’arrivait pas à imaginer que les autres vivaient peut-être eux aussi des galères… joe y compris. " Je suis censé être ton meilleur ami non ? Alors pourquoi j'ai l'impression qu'on est devenu limite des étrangers l'un pour l'autre ? " Elle décida de baisser les armes. Elle ne pourrait pas être là pour lui, pas comme une parfaite petite copine. Elle n’était pas comme ça. Elle n’avait jamais été la copine idéal, elle n’était pas à marier. « Parce que tu ne l’es plus. Tu n’es plus simplement mon meilleur ami. T’es plus. Et… tu comptes. » Elle resta à distance, ne pas s’approcher pour ne pas déclencher des conséquences qu’elle voulait éviter à tout prix. Elle était sur ses gardes. Elle avait perdu la confiance qu’elle avait pour lui, de peur de le perdre. « J’ai juste pas envie d’en parler Ok ? » Elle savait qu’elle ne s’en sortirait pas comme ça mais on ne pouvait pas lui en vouloir d’essayer. « Mais j’ai pas envie de te perdre ».

Le simple «  je n’ai pas envie d’en parler » n’a pas l’air de marcher. Peut-être que leur petit jeu avait assez duré. Peut-être qu’il se rendait compte qu’elle était trop bris et trop inutile pour être avec lui. Elle était trop dangereuse. Elle s’était pourtant autorisé à imaginer sa vie tranquille. Pour une fois être en couple avec un homme qui l’aime. Mais elle savait aussi pertinemment qu’elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Pour mentir à sa moi-même il faut plus d’énergie que ce qu’elle avait. Elle pouvait tromper son monde mais pas plus longtemps. Barbra était voué aux enfers et ce depuis toujours. " Et bien t'as une drôle de façon de le montrer. " Elle comprenait son énervement. Après tout, elle l’avait considéré comme une sous merde pendant ces mois. Elle l’avait ignoré, lui posé des lapins, inventés des excuses pour ne pas le voir, pour ne plus mentir. Pourquoi continuait-elle à mentir après tout ? Si il ne pouvait pas comprendre qu’elle avait besoin d’espace, si sa curiosité envers elle était si forte qu’il ne pouvait pas attendre. Alors a quoi bon qu’il attente ?" Mais alors quoi, on est plus meilleurs amis ? Cela veut dire qu'on ne peut plus rien se dire ? "  
Aucun mot ne sort de sa bouche alors qu’elle accepte la critique pour mieux répliquer. C’était leur problème aucun des deux ne pouvaient accepter de se rabaisser pour l’autre. Trop de fierté, trop de souffrance dans leur passé pour cela. Elle reproduisait constamment le même schéma, inlassablement.
" On est quoi, juste deux personnes qui couchent ensemble ? Parce que si c'est ça franchement, ça ne m'intéresse pas. Je peux déjà en avoir à la pelle des filles si je veux. "
Parce qu’elle vaut n’importe quelle fille ? Barbra se rendait bien compte que derrière ces paroles blessante se cachait en réalité une jolie déclaration. Il voulait plus avec elle, plus que ce qu’elle avait avec d’autres filles. Une relation. Solide. Confiante. Mais elle n’était pas de celles qui avaient des relations sérieux et solide. Elle ne pouvait pas se mentir à elle-même. Elle aurait pu lui faire comprendre. Ele aurait peut-être réussi à calmer ses inquiétudes. A l’endormir assez longtemps. Mais non. Elle n’était pas de celles-là. Elle était de celle qu’on baise et qu’on oublie. « Bah t’as qu’à les appeler si t’es tant en manque que ça. » oui elle évitait le sujet. Oui, elle partait complètement à la dérive. Et oui, elle s’en rendait compte. C’était son but. L’énerver assez pour qu’il se barre. Parce qu’elle ne voulait pas lui parler. Elle ne voulait pas y penser. Elle voulait fumer. Elle lui tourna le dos pour trouver son paquet dans son sac. Elle commença à allumer sa cigarette. « t’as qu’à appeler trixia elle sera ravie de parler d’elle à volonté ». Elle commença à s’énerver contre lui, alors qu’en réalité c’est contre elle, sa mère, le monde entier qu’elle s’énervait. « J’ai pas envie de parler. Donc tu me lâches ». Princesse barbie de retour. Le côté le plus sombre d’elle-même était de sortie. Sortez les boucliers et les assiettes, ça va barder.

Toujours dans la provocation, parce que c’est comme ça qu’ils ont appris à être. C’est comme ça qu’ils ont toujours fonctionner. C’est la vie qui les a rendus comme ça. " Peut être que je devrais ouais. " blessée, énervée. Elle ne savait pas sur quel pied dansé devait-elle pour une fois battre les armes, laisser tomber et lui qu’elle va mal que tout ce qu’elle a besoin c’est d’être serré dans les bras. Mais Barbra fait partie de ses filles qui ne se laisse pas saisir, qui ne laisse pas la peine transparaitre, qui refuse que quelqu’un entre dans son cœur autrement que aveugle. " Au moins elle a toujours été très clair sur notre relation. Elle ne m'a jamais fais croire des choses. " elle prenait ça en pleine face, comme une gifle. Il osait dire que Trixia était plus honnête qu’elle.Trixia qui trompait tout ce qui bouge. Enfin… elle se rendit compte alors qu’elle avait surement atteint le stade de trixia. Qu’elle aussi était devenu une espèce de boniche sans sentiment. Sa mère avait réussi à la détruire depuis l’au-delà. Et elle était énervée contre elle-même d’avoir fait ça. Mais comment donner de l’affection, comment être là pour quelqu’un quand on est pas bien soi-même… " J'sais pas quoi faire. Je veux être là pour toi et toi tu... "
Elle est quoi hein ? trop paumée pour elle… qu’il s’en aille alors, qu’il part et qu’il la laisse se détuire. Tout le monde part toujours de toute manière. Il ne pouvait pas la supporter de toute manière. Personne ne peut l’aider. Mais elle avait espéré que lui il pourrait. " T'sais quoi ? Va te faire foutre, Barb'.Si t'étais pas une p'tain d'égocentrique, autant tournée vers ta petite personne tu te rendrais peut être compte que t'es pas la seule à avoir des problèmes. Et peut être que moi j'avais envie d'en parler. " Elle repris une deuxième gifle. La colère se laissa submergée par la tristesse. Celle de l’amie qui se rend compte qu’elle a laissé tomber son meilleur ami. Les sentiments c’est de la merde, ça fou la merde partout où ça va. Elle s’était pourtant jurer de ne plus en avoir.
" Mais t'inquiètes pas, je vais pas t'embêter plus longtemps.  T'as gagné, t'as ce que tu veux. Je me casse. Félicitations, j'espère que ça vaut le coup. " Elle aurait eu envie de le rattraper. Elle aurait envie de lui dire toute la vérité, de lui ouvrir son cœur mais elle ne pouvait pas… elle n’en était pas capable. Elle avait forgé cette carapace, ne jamais trop en dire, ne jamais confier, surtout avec les hommes qui partageait son lit. C’était moins attirant une fille détruite, une fille brisée. Elle avait laissé ses démons prendre le dessus. Il se casse, emportant sa porte avec lui. Cette soudaine preuve de virilité la fit se réveiller. Elle allait le perdre. Elle le savait. Elle le voyait partir et elle était pétrifiée.

Mais alors que le silence s’abattit sur l’appartement. Une partie d’elle-même eut assez de courage pour aller à sa poursuite. Elle força sur sa porte, la détruisant encore plus que ce qu’elle n’était déjà détruite. Tant pis. Ca compte pas. Elle courut dans le couloir, le temps qu’elle se décide de bouger son cul, il s’était déjà éloigner. Et elle se précipita derrière lui. Sans rien dire, elle l’enlaça. La tête sur son dos. Elle essaya de le stopper. Elle pouvait se prendre un coup, des coups, tomber mais pour une fois elle s’en foutait. « Ne part pas » c’est tout ce qu’elle arriva à sortir de sa bouche alors qu’elle l’enlaçait. « Je… veux que tu me parles » un murmure un supplice. Elle voulait être là pour lui mais elle, était incapable de s’ouvrir à lui pour l’instant…