Il était vingt-trois heures. India Jefferson venait de terminer son service au restaurant où elle servait de coutume. Son fils lui avait envoyé un texto à vingt heures pour dire qu'il n'allait pas tarder à se coucher. Il lui avait envoyé une photo de son lit et sa peluche préféré : l’écureuil dans "l'âge de glace". Même à quatorze ans, il jouait les grands gamins. Avec sa mère, il était fusionnel. Ils partageait un vécu difficile d'où leur venue dans cette ville. Harry représentait une bonne personne. Il n'avait pas dévié à cause de sa situation familiale. Il apparaissait réfléchi, mature, et très réceptif. Il n'effectuait pas de bêtises. Il arborait des beaux bulletins et des bonnes remarques des professeurs. Il était assez populaire, moins à Savannah car il était nouveau mais il n'y avait pas de soucis à se faire : Harry se montrait très ouvert et sociable. India ne se plaignait pas de lui. Elle pouvait être fier de son bébé. Il réussissait tout contrairement à sa maman. Cette dernière n'avait pas le choix que de repartir à zéro. Elle n'avait pas effectué de grandes études, préférant se rebeller contre l'autorité familiale alors elle restait bloquée. La belle ne se vantait pas de son métier actuel. Elle faisait cela pour gagner de l'argent donc pour subvenir aux besoins de sa famille. Harry qualifiait sa priorité. Il méritait un bel avenir. Il ne devait pas subir les problèmes de ses parents mais plutôt avancer à son rythme pour grandir et plus tard devenir un adulte responsable. Les parents de India lui prêtaient une de leurs propriétés. Ils se rattrapaient de leurs absences à répétition. Ils lui avaient également offert de l'argent pour décoller. Ils la savaient dans les problèmes et ils ne lui tournaient pas le dos comme les autres fois. En même temps, les nouvelles de leur fille à l'hôpital, dans un état critique, ne les avait pas rassuré. Maintenant, loin de Oliver, elle était peut-être sauvée. Bien-sûr, elle devait demander une mesure d'éloignement. Il ne savait pas où l'anglaise se trouvait et il n'allait pas tarder à connaître sa destination alors autant se préparer au pire. Oliver possédait pas mal de connaissances un peu partout, des truands comme lui pour la plupart. India regrettait ses choix dans la vie. Présentement, elle déambulait dans la rue, fatiguée.... si éreintée, qu'elle en vint à effectuer un malaise devant la maison des Bridges. Llewyn venait d'en sortir. Elle ne l'avait pas vu. Ils s'étaient croisés à plusieurs reprises. Séparés de sa femme, il devait sûrement reprendre des affaires dans la maison familiale ou alors rendre une petite visite à sa fille, Lucy. Allait-il passer son chemin ? En tant que pompier, c'était plutôt rare.

India Jefferson venait d'effectuer un malaise devant la maison familiale des Bridges. Elle appréciait passer dans ce merveilleux quartier à la beauté sans pareille après son service. Aussi, la jeune femme savait que son frangin vivait dans cet endroit. Alors, elle se baladait souvent dans le coin. Elle avait déjà réussi à l'approcher et à discuter rapidement à plusieurs reprises avec lui. Bien évidemment, ils se croisaient rarement au même endroit. India ne souhaitait pas éveiller des soupçons. Présentement, leurs retrouvailles restaient fortuites. Jefferson n'avait pas choisi de tomber dans les pommes non loin de Llewyn. Ce dernier représentait un pompier de formation. Il n'allait sûrement pas passer son chemin. Indy ne pouvait pas le voir mais le brunet faisait vite. Il venait de dégringoler les marches de sa maison pour la retrouver. De son emplacement, il ne devait rien apercevoir de précis mais son instinct parlait. Il voulait observer le résultat d'une vision troublée par la distance. Il se montrait professionnel et concerné. Il ne s'était pas trompé, quelqu'un avait besoin de son aide. Il s'agissait de sa sœur. Bien évidemment, l'anglais ne connaissait pas encore la nouvelle. Ceci n'allait pas tarder à arriver. Jefferson gisait au sol, endormie. La fatigue des derniers jours ne lui portaient pas bonheur. Aussi, elle n'avait pas mangé un réel repas depuis ce matin, le petit déjeuné. Elle devait beaucoup travailler pour ramener de l'argent à la maison afin de subvenir aux besoins de son fiston surtout. Harry méritait une belle vie. A l'instant T, Llewyn prenait soin d'une inconnue à ses yeux. Il appelait « Madame ? Madame ? ». Elle l'entendait mais très mal. La communication passait. Or, la réception devenait difficile. India devait sortir de cet état. Elle le voulait. Elle ouvrait doucement les yeux, sans répondre aux sollicitations de Bridges. Un marteau tapait à l'intérieur de sa tête. Il la plaçait dans une position plus confortable, quelque part il prenait soin d'elle. Elle arrivait à sentir une sorte d'oreiller sous sa nuque. Llew posait des questions. Il avançait une bienveillance naturelle.

No...no...non. Je vais... elle se reprenait à plusieurs reprises, encore dans les vapes. Bien. Elle profitait de l'air frais, allongée face au ciel. Merci. Vous... Llewyn ? Je... je rêve ? Comment allait-il vivre ce moment ? Ils se connaissaient mais très peu.

La situation demeurait étrange. Sans le savoir, Llewyn Bridges prenait en charge sa sœur biologique. Il s'occupait de la jeune femme qui venait d'effectuer un malaise devant chez lui. Pour cela, il tenait une conversation pour l'occuper, une fois réveillée. Il lui maintenait les jambes dans la position préconisée en secourisme. L'anglais connaissait parfaitement bien son métier. Il était pompier. Il avait l'habitude de prendre soin des autres. Il réagissait avec ses tripes, avec son cœur. Il représentait un excellent citoyen. Il n'abandonnait pas une âme dans le besoin à son triste sort. Présentement, India Jefferson n'avait rien demandé mais elle remerciait son frangin de l'avoir sauvé. Bien évidemment, même sans son aide, elle aurait su retrouver ses esprits. Il s'agissait juste d'un petit malaise. La brune avait connu une journée harassante au travail. Elle ne dormait pas beaucoup et elle n'avait pas eu le temps de manger ses repas. Il fallait toujours travailler plus pour subvenir aux besoins de son fils, Harry. Il ne réclamait rien mais India souhaitait lui apporter tout ce dont il avait envie. Elle le gâtait beaucoup. Il était son univers. Fusionnels, ils ne faisaient jamais l'un sans l'autre. La jeune femme s'oubliait pour son fiston. Il avait vécu un cauchemar et elle voulait lui faire oublier tout cela. Bien-sûr, elle ne se sentait pas en sécurité. Olliver pouvait revenir. Pour cela, elle irait voir les flics pour éviter d'être approchée par ce bandit. Actuellement, elle ne se posait pas de questions. Elle restait dans les vapes. Doucement, elle reprenait connaissance. Elle répondait de manière difficilement audible à Llew, heureusement tout revenait petit à petit dans la normale.

Fallait pas... pas besoin... de ce contrôle. Elle tentait de s'asseoir lentement. Or, sa tête tournait de nouveau. Alors, elle choisissait de se rallonger quelques secondes de plus. Il fallait le temps. Euh... ce matin. Elle était claire mais elle conversait avec des coupures dans ses phrases. Elle cherchait son air par moment. La suite, elle la regrettait. Contre sa volonté, sans réfléchir, elle avançait le prénom du père de famille. Ce dernier adoptait un air suspicieux. Je m'en.... rappelle c'est tout. Vous... vous l'avez... déjà... donné. Ils avaient discuté plus d'une fois c'était crédible mais parler d'un rêve, sûrement pas ! India était fier de son frangin. Il était magnifique. Il possédait une réelle présence et il se débrouillait bien. La vérité était plus jolie à observer. Leurs parents seraient fiers également, ils pouvait l'être. Bridges s'en sortait bien. Jefferson devait dissimuler son bonheur de le côtoyer. Non non... je vous veux... aucun... mal. Allongée, elle regardait le ciel. Après deux minutes, elle retentait son mouvement précédent : s'asseoir. C'était réussi ! Merci pour votre... aide. Ça va mieux. Vous vivez ici ?

Llewyn Bridges connaissait toutes les procédures qui incombaient à ce type de sauvetage : le malaise. Ce pompier de carrière jouait le bon gentleman, voire le bon samaritain. Il avait cela dans le sang. Il représentait une bonne âme. Il vivait des situations périlleuses dans sa vie privée mais il n'hésitait pas à aider autrui. Qui était là pour ce bel anglais au final ? Il se retrouvait mis sur le côté. Personne ne lui portait assistance malgré les gros malheurs qu'il subissait. Ce n'était pas juste ! Il méritait une main tendue. India Jefferson connaissait les détails de l'existence de son frangin. Pouvait-elle s'en servir ? Non car elle ne devait pas si bien le connaître. Llewyn ne savait rien de sa véritable famille. Pour lui, la brune représentait une connaissance. Ils se croisaient de temps à autre mais rien de plus. India se sentait coupable des épreuves subies par son frère. Leurs parents s'étaient montrés égoïstes en l'abandonnant. Puis, il avait gardé leur fille. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle obtenu cette pseudo-chance ? « Pseudo » car elle possédait des points de repères mais ils se montraient peu présents par le passé. Maintenant, de l'eau avait coulé sous les ponts. Elle pouvait compter sur eux. Llewyn ne rencontrait pas cette possibilité. C'était injuste ! Il en avait besoin. Aujourd'hui, India lui dirait tout. Elle ne tenait plus. Il était difficile de dissimuler cette admiration pour son frangin. Quand elle l'observait, elle visualisait un héro sans pour autant l'aborder pleinement. Elle portait les choix du pompier. Pour elle, il avait l'air d'un homme bien. Tout lui plaisait chez lui car elle le plaçait sur un piédestal. Pourtant, elle se basait sur des dossiers et des photos, voire des vidéos : rien de concret. Pour elle, cela voulait tout dire : il représentait le frère qu'elle désirait depuis toute petite. Elle avait connu beaucoup de moments seule et celui lui plaisait de penser à son frère. Comme une quête, elle souhaitait le retrouver. C'était chose faite. Ses parents lui en avaient tellement parlé. C'était étrange mais elle vivait avec ce secret de famille qui n'allait pas tarder à éclore.

Merci, j'espère que ça ne sera pas long. J'ai un fils à la maison et j'ai hâte de le retrouver. Harry avait l'âge de Mason. Il représentait un gamin intelligent, sociable et très courageux. Pour lui, India était prête à tout. Elle le démontrait bien par son manque de sommeil car si elle effectuait des heures sup', c'était pour qu'il manque de rien. Je vais bien. Je travaille beaucoup c'est tout. En tant que pompier, euh... lui avait-il avoué son métier ? Fin' vous devez connaître cela avec vos job non ? La serveuse subissait un manque de force. Elle n'arrivait pas encore à se relever correctement car tout tournait. Llewyn l'accompagnait du mieux qu'il le pouvait. Il demeurait très prévenant. D'ailleurs, il sortait un paquet de cookies. Il lui proposait, de manière subtile, de manger un peu. Merci, c'est gentil ! Je vais attendre un peu mais c'est vraiment sympa de votre part. La brunette se grillait un peu. Elle n'avait rien à perdre. Je m'appelle India. India Jefferson. La suite la faisait sourire mais elle comprenait que son interlocuteur se méfiait. Il était si drôle ! Ah je vois, je pourrais vous surprendre alors. Son fils lui avait appris pas mal de choses sur la console, India n'était pas si nulle : un point commun avec Llewyn ! Elle lui posait des questions. Elle avait réussi à s'asseoir. L'air frais lui procurait le plus grand bien. Elle reprenait un peu de contenance. Vous êtes modeste. Il tentait de répondre aux interrogations de la serveuse. Je vois, une séparation ? C'est jamais drôle, heureusement vous n'êtes pas à la rue. Elle le pensait sincèrement. Non je passais simplement dans le coin, il est vraiment beau ce quartier ! Ma voiture ne doit plus se situer très loin. Elle souriait de nouveau. Vous avez des enfants ? Sujet épineux mais bateau pour apprendre à faire semblant de se connaître. Il le fallait bien.

Llewyn rassurait bien la jeune femme. Bridges se montrait très prévenant. Il portait secours à une victime de manière naturelle et avec professionnalisme. Il ne travaillait pas mais ses bons réflexes le rattrapaient. Le pompier de formation représentait une bonne âme. Il vivait tant de malheurs mais cela ne l'empêchait pas de donner de son temps. Quel modèle ! Sa sœur biologique le pensait fortement. Elle était ravie de passer du temps avec lui même si la situation lui échappait. Ils échangeaient sereinement. Comment lancer la bombe ? Il le fallait. Ils s'étaient croisés trop de fois pour encore faire semblant. India Jefferson avait ce secret à partager. Elle ne pouvait pas le garder pour elle. Son frère vieillissait et un jour, il chercherait la vérité. Elle pouvait la lui apporter dès aujourd'hui. Comment le prendrait-il ? C'était pour l'aider mais le vivrait-il de cette manière ? Merci Llewyn, j'accepte votre compagnie. Je n'ai pas envie de subir ce contrôle seule, j'aurai aimé éviter tout ça. Indy évoquait son fils. Bêtement, elle n'avait pas pensé à la situation de son interlocuteur. Il avait connu une perte importante. Devait-elle tout lui dire ? L'anglais ne comprendrait pas le silence de la serveuse. Partager restait un bon moyen de faire connaissance. Harry représentait le neveu de Bridges, il ne le savait pas encore. Il a quatorze ans. Il s'appelle Harry. Loin de Londres, cela me rappelle notre patrimoine. Elle souriait, elle dévoilait des détails importants de son existence : ces derniers la rapprochaient de Llew. Il a l'habitude rester seul à la maison, nous sommes que deux. Elle espérait de pas devoir parler de Olliver, son mari violent. Vous ne travaillez plus ? A la suite, elle acquiesçait sans pouvoir respecter cette maxime. La santé était précieuse mais la famille encore plus et elle voulait porter son fiston vers le haut. Pour cela, il ne manquerait de rien. Il avait déjà trop subi de choses dans sa courte vie pour connaître d'autres déboires. Llewyn affichait une gentillesse sans pareil. Il tenait à aider au mieux la serveuse. Demain matin pour sûr, avant je vais bien dormir je pense. Ce malaise m'a encore plus épuisé. Oui et merci. Vous êtes très gentil ! Je me lance, je connais quelqu'un qui vous ressemble. Ils étaient seuls, au calme, elle pouvait balancer ce qui lui tenait à cœur. Elle le ferait tôt ou tard et l'instant restait propice à ce genre de révélations. Rien ne pouvait les déranger à part l'arrivée des secours. Merci Llewyn, ça me touche ! La brunette se sentait de mieux en mieux. Elle retrouvait ses esprits. L'air frais et l'anglais lui apportaient tout ce qui lui fallait pour respirer au mieux. Non je plaisante mais... oui je peux vous surprendre. Jefferson s'intéressait au quotidien de son interlocuteur. Ses parents ne l’informaient plus donc elle se renseignait aux sources. Ça va alors, vous êtes si bon : vous ne méritez pas la misère. India sentait un malaise. Soit elle posait trop de questions, soit il se doutait de quelque chose. Vous avez de la chance. Seize ans ce n'est pas un âge facile, elle s'appelle comment ? Mon fils c'est Harry comme j'ai pu le dire tout à l'heure. Vous allez bien ? Je vous sens … mal à l'aise ? Je vous fais peur ?

Il n'y a pas de soucis, je vous remercie de prendre soin de moi comme cela gratuitement et sans rien attendre en retour. C'est rare de nos jours. Vous êtes quelqu'un de bien. Vous n'étiez pas obligé de vous arrêter. Elle le pensait sincèrement. Son frère possédait une belle âme. Il partageait son temps et ses compétences. Il gérait un cas isolé sans espérer quelque chose en retour. Son professionnalisme le rattrapait grandement. Il ne fléchissait pas. Llewyn Bridges prenait toutes les précautions pour aider au mieux l'inconnue qui lui faisait face. Cette dernière parlait de son fiston. Elle en était fière. Harry avait l'âge de Mason. Il représentait un garçon épanouie, intelligent, sociable et très agréable. Malgré son vécu difficile, il avançait sans se poser de questions. Il tirait un trait sur le passé pour bien se construite. Il demeurait plus mature que la moyenne. Pour India Jefferson, c'était son soleil, l'amour de sa vie. Ils étaient fusionnels. La jeune femme restait prête à tout pour son enfant, il était l'unique. Il méritait d'être chouchouté après toutes les horreurs auxquelles il avait assisté. Pour le moment, je ne me plains pas. Harry est très à l'écoute et évolué pour son âge. La suite lui faisait prendre encore plus conscience de la nécessité de dévoiler ce secret de famille qui la rongeait tant. Le pompier calculait le fait qu'il venait de Londres tout comme son interlocutrice. Vous ne connaissez pas votre famille ? Sa remarque l'avait mise sur la voie même si elle savait déjà tout. Devait-elle également confier les raisons de son départ ? Il ne pouvait pas tout savoir. Leur lien n'était pas encore fondé. Oui il a déjà pleins d'amis. Vos... votre fille aussi doit être populaire si elle est aussi agréable que son père. Elle souriait. Je suis partie pour retrouver mon frère, il le fallait. Il ne sait pas qui je suis. Il lui offrait l'occasion de se lancer. Arriverait-il à déchiffrer le message ? India jouait de subtilité. Les deux trentenaires évoquaient des parties de leur quotidien, mine de rien : des sujets sérieux étaient développés. Indy se méprenait moins que son frangin. Elle savait où elle allait en venir. Ah je vois, vous avez du courage. Elle avait repéré la démarche particulière de l’anglais. Puis, elle connaissait pas mal de choses sur Llew : l'accident, la perte de son fils. Cela la rendait très triste, elle le prenait pour elle aussi car il s'agissait de sa famille même si elle ne détenait pas encore de liens avec ces gens. Maintenant, elle pouvait se lancer, les portes étaient enfoncées. La serveuse se taisait pour écouter son interlocuteur se dévoiler pour finalement répondre à tout cela et se livrer de a à z. Vous êtes chanceux avec votre fille. Vous le méritez. Et vous avez raison personne ne mérite de tragédies. Elle soufflait un grand coup pour se lever et faire les quatre cent pas. Je dois vous avouer quelque chose, je ne vais plus tellement tenir. Je vois que vous êtes réceptifs à mes dires. Indy tremblait un peu. Elle avait froid tout d'un coup. Elle soufflait un bon coup pour prendre une bonne inspiration. Il était temps de tout balancer. La personne qui vous ressemble est... votre père. Physiquement, vous êtes aussi beau que lui. Votre mère possède la même bonté que vous malgré son geste. Vous méritez une plus belle existence, de ne pas vivre avec des zones d'ombre qui peuvent vous pourrir votre quotidien. Vous êtes bien londonien. Je connais vos parents. A vrai dire... elle marquait une légère pause. Grosse inspiration. Je suis votre sœur biologique. Je ne peux pas le cacher plus longtemps. Mais c'est vous que je viens retrouver. Elle le fixait avec une moue inquiète. Comment allait-il prendre la nouvelle ? Il passait déjà un moment bizarre en sa compagnie. Qu'allait-il penser du reste ?

 

Llewyn Bridges n'était pas obligé de rester. Il prenait de son temps pour accompagner une apparente victime. Même si cela faisait partie de sa nature ou de son professionnalisme, il se montrait plus généreux que la moyenne. Il affichait un côté humble et modeste. Il y avait peu de personnes comme lui sur terre. La bonté et la gentillesse se perdaient à l'époque actuelle. Les gens vivaient le nez collé à leur smartphone, à leur tablette ou leur ordinateur. C'était préférable de tenir une conversation virtuelle que réelle. Les citoyens avaient peur de leur ombre et ils pensaient avoir tous les pouvoirs grâce à la technologie. Il s'agissait d'un élément désolant. India Jefferson ne pouvait que sourire à l'attitude de son frangin. Elle écoutait attentivement le pompier. Il évoquait un cas de conscience. Il ne pouvait pas laisser la jeune femme seule, sans soins, car il se sentirait responsable des conséquences de ses actes : celui de l'abandon, peut-être dangereux. Il pouvait arriver n'importe quoi à une personne, surtout à une femme sans connaissance, allongée dans rue, un soir. Il ne fallait pas être parano mais plutôt prudent. Présentement, les deux inconnus discutaient sereinement. Indy se portait mieux. Ils échangeaient sur des sujets communs : les enfants. Llewyn possédait deux enfants. Mason, quatorze ans, était décédé des mois plus tôt lors d'un accident de voiture. Cette histoire représentait l'un des pires faits divers. Lucy, seize ans, subissait la douleur et les problèmes de ses parents. Lullaby et l'anglais faisaient au mieux pour s'en sortir. En s'éloignant, ils avaient trouvé la solution à leurs soucis. Le recul semblait nécessaire. Ils devaient réfléchir à leurs erreurs pour ne plus les refaire. Un jour, ils seraient capables de se soutenir à nouveau. India Phillmore possédait une progéniture. Harry, quatorze ans, se reconstruisait après sa fuite avec sa mère. Ils se cachaient d'un homme violent, Olliver, le mari de India. Les parents effectuaient de leur mieux pour offrir un bel avenir à leurs enfants. Parfois, ils ne contrôlaient pas les événements mais le mieux restait de diminuer les dommages. Oui, vous pouvez le dire ! Harry l'impressionnait parfois. Il était plus fort que n'importe qui. Il ne se plaignait jamais. Pourtant, il en avait vu ! Il qualifiait un vrai modèle, il savait se gérer seul comme un adulte responsable. Pourtant, sa maman ne lui en demandait pas autant. Heureusement, il savait profiter de sa jeunesse entre temps. Bridges n'avait pas connu ses parents. Son enfance était particulière. Il partageait les mêmes géniteurs que Jefferson. Il ne le savait pas encore. C'est triste. La suite la faisait sourire. Étrangement Lucy n'était pas si populaire que son charmant papa. Le monde pouvait se montrer fourbe et la nature s'inverser. Ça va venir. L'anglaise savait qu'ils venaient de déménager. India échangeait pas mal de détails sur sa quête. Elle lançait des pics. L'attitude de Llew évoluait, il était moins à l'aise. Ses sourires se transformaient en drôles de grimaces. Il comprenait peut-être où elle voulait en venir. Elle suivait une logique. Elle l'emmenait là où elle le souhaitait. Soudainement, elle révélait ses desseins. Le pompier, comme attendu, affichait une mine perdue et dépitée. Il paraissait sur une autre planète, prêt à décrocher. Tout devait lui sembler improbable ou irréaliste. India tentait de se mettre à sa place. Je suis désolée. Je ne pouvais plus garder ce secret pour moi. Tout cela vous concerne, faites-en ce que vous en souhaitez. Je me doute que c'est dur à avaler mais... vous devez savoir avant... bref, je trouve cela normal de partager cette partie de votre vie avec vous. Elle se sentait bête et démunie. Elle n'osait plus l'approcher, devait-elle quitter l'endroit ?

Llewyn Bridges prenait très mal la nouvelle balancée par sa sœur biologique. India Jefferson ne pouvait plus garder son secret. Elle imaginait que la bombe serait dure à avaler mais pas dans un sens négatif. La brunette pensait que cette révélation pouvait lui apporter beaucoup. Il était séparé de sa femme, son fils se trouvait six pieds sous terre, il voyait moins sa fille, il connaissait un handicap physique. Autant dire qu'il ne possédait pas beaucoup de chance. Alors, Indy croyait qu'il rencontrerait enfin la lumière, une main tendue, un soutien. Elle se situait à Savannah pour cela. Llew pouvait compter sur une famille, la sienne. Ses parents restaient prêts à reprendre contact avec lui, à s'exprimer sur les raisons de leur abandon, à offrir de l'amour à leur fiston. Ils vieillissaient et ils se rendaient compte que la vie passait rapidement et ils ne voulaient pas mourir avec des regrets car ils regrettaient réellement leur geste. Ils avaient toujours suivi les aventures de leur gamin grâce au détective privé qu'ils avaient engagé depuis le début. Ils en avaient perdu de l'argent pour cette enquête. Ils désiraient tout savoir de Llew, ils le surveillaient. Leur abandon demeurait physique, pas moral. Ils vivaient avec le fantôme de leur fils et ils l'avaient fait payer à leur fille. Cette dernière savait pratiquement tout sur un frère invisible et paradoxalement présent dans son esprit. Tout dire, la soulageait. Or, la réaction du pompier lui faisait perdre son sourire. Elle comprenait sa bêtise et l'attitude de l'anglais. Il se situait dans le rejet de la situation. Indy ne pouvait rien faire d'autre. Apparemment, elle détruisait encore plus une vie alors qu'elle était là pour apporter plus de bonheur et d'aide à cet homme qui représentait son frère. Jefferson ne possédait pas de noirs desseins. C'était juste une nana honnête et heureuse de voir Llewyn en vrai. Elle était fière de lui sans réellement le connaître. Mal je suppose, je comprends votre surprise... . Elle baissait la tête. Des mauvaises idées lui passaient par la tête. Elle réalisait que son rêve tourné au cauchemar. Pourquoi avait-elle osé ? Elle l'avait senti, c'était tout... . Bridges semblait très mal. Il prenait sa tête entre ses mains comme pour arrêter de penser, d'entendre. Il était en détresse. Non, j'suis désolée. Des sirènes se faisaient sentir au loin. India devait partir. Je ne sais pas. Je n'aurai pas du. A la suite, elle ne répondait pas. L'instant était plus dur qu'il n'y paraissait. India n'avait pas imaginé la scène ainsi. Tout se passait mal. Des larmes vinrent envahir ses joues. Elle se sentait idiote. Elle devait quitter l'endroit. Elle débutait sa marche. Je vous laisse, je suis vraiment désolée, j'ai été idiote. Pardon. Vous savez tout maintenant mais vous pouvez oublier, ça sera facile. Au revoir.

India Jefferson se sentait envahie par la tristesse. En effet, elle avait tellement rêvé de ce moment. Selon elle, cette révélation serait positive. Bien-sûr, elle prenait en compte l’abandon. Llewyn Bridges ne pouvait pas tout tolérer mais il trouverait une réelle alliée. Indy avait toujours vécu avec les parents du trentenaire. Elle connaissait toute la famille de ce dernier puisqu’il s’agissait de la sienne. Évidemment, il pourrait lui reprocher de ne pas avoir connu la même situation que lui mais elle le soupçonnait d’être une bonne âme. Elle ne l’imaginait pas penser de cette manière. Ce soir, il avait prouvé sa bonté d’âme. La jeune femme n’allait pas en jouer, ce n’était pas son genre. Actuellement, elle se méprenait. La situation l’attristait au plus au haut point. Elle s’en voulait d’avoir parlé. Sa culpabilité était telle qu’elle souhaitait partir et ne plus revoir son frère. Elle venait de bousculer la vie de ce dernier. Il devait croire qu’elle se fichait de lui. Elle n’était pas folle, elle ne lui jouait pas un mauvais tour. Elle partageait son secret, elle se livrait car elle se sentait capable et prête. C’était une bombe pour le pompier. Il n’arrivait pas à y faire face donc Indy ne savait pas comment réagir. Elle n’avait pas visualisé ce style de réactions. Elle partait plus sur des bons sentiments mais elle comprenait, durement… . Des sirènes retentissaient. L’anglais rappelait le contrôle médical que la jeune femme devait subir. Plus rien n’obtenait de valeurs à ses yeux. Elle baissait la tête, les larmes perlaient sur ses joues redevenues bien blanches.

Je m’en fiche de ce contrôle. Merci pour votre aide !

La jeune femme n’avait pas mimé un malaise. Elle n’interprétait pas un rôle. India tombait réellement de fatigue. Elle se sacrifiait beaucoup pour l’avenir de son fiston. Alors, elle s’oubliait et cela avait des conséquences pour sa santé. Jefferson préférait s’en aller, elle se voyait mal à l’aise et bouleversée. Llew lui posait des questions. Il avait le droit à des réponses. Si elle restait, elle subirait la présence des ambulanciers. La brunette était perdue. Bridges avait le droit de savoir.

Toujours. Pourquoi ? Parce que nos parents n’ont jamais arrêté de suivre votre évolution. Ils n’avaient pas le temps de gérer des enfants. Ils m’ont gardé mais avec regrets, ils n’étaient pas du tout présents. J’ai ressenti le besoin de partager car j’en ai marre de vous croiser partout sans pouvoir rien dire. Je sentais que vous seriez réceptif, bref… j’ai encore bien merdé.

La jeune femme ne dissimulait rien. Elle espérait qu’il renverrait le personnel soignant présent à l’instant. Le moment se prêtait plus aux révélations. Llewyn voulait des réponses, elle les lui donnerait même si elle se sentait fragilisée par ce moment. Elle regrettait tout.

Non je vous remercie mais je n’ai pas envie de perdre plus de temps. J’ai besoin de retrouver mon fils, mon chez moi, … .

La jeune femme ne pouvait en ajouter davantage. Son cœur se serrait au fur et à mesure de la conversation. Elle restait si triste d’offrir un impact aussi négatif dans la vie de quelqu’un qu’elle chérissait malgré le fait qu’il ne la connaissait pas. Il s’agissait de son frère. Elle n’avait rien demandé. Leurs parents avaient choisi d’abandon leur premier enfant. Leur deuxième enfant se voyait obligé de suivre le parcours du premier sans réclamer ce genre de choses. Alors, India Jefferson avait appris à aimer ce frangin : Llewyn. Souvent seule, elle idéalisait ce personnage. Elle rencontrait une hâte : celle de voir son frère en face à face. Son rêve se réalisait. La jeune femme avait envisagé les souffrances de ce type qui n’avait pas choisi sa condition. Il paraissait si décomposé. Elle pouvait largement le comprendre. Il subissait une fois de plus. Il rencontrait trop de difficultés sur son parcours. Alors, il réagissait avec naturel. Il était si touchant.

L’ambulance n’allait pas tarder à débarquer. Indy refusait un contrôle. Elle avait effectué un petit malaise, pas de quoi alerter le peuple. Le pompier se montrait très prévenant. Il faisait face à un refus. Il devrait expliquer la raison de son appel, surtout si la victime avait disparu. India regrettait de devoir agir ainsi mais elle se sentait mal. Elle ne souhaitait pas partager sa douleur avec le reste du monde. Alors, elle se voyait reconnaissante. L’attitude de Bridges restait exemplaire. Or, elle n’arrivait plus à avancer des phrases constructives. L’instant était trop dur à supporter. Llew voulait des réponses alors il interrogeait sa sœur. Il avait le droit d’agir de cette manière. India validait ce comportement.

Ils ne pouvaient pas vous élever alors ils l’ont fait à leur manière, à distance. Bien-sûr, ils ne vous ont rien apporté : ni amour, ni marques de reconnaissance mais pour eux, c’était un moyen de vous suivre. Ils regrettent leur geste. Ils me l’ont dit et un jour, ils aimeraient vous rencontrer. Ils vieillissent et se repentissent. Comme on dit, il n’est jamais trop tard. La suite la touchait réellement. Je comprends, désolé. Je ne vais plus vous embêter. A la suite, elle acquiesçait pour partir comme une voleuse. Elle pleurait sur la route et se dépêchait pour retrouver sa voiture. Elle avait besoin de se poser chez elle.