Soit belle Ivy, soit grande Ivy, t’es parfaite Ivy. Les cheveux en cascade et la bouche en cœur, la robe de poupée qui épouse son corps tatoué et le contraste qui marque terriblement. Une pose, deux poses, soulève la jupe et montre ta cuisse. Aguiche, allume, brûle Ivy, putain, brûle. Y a plus de temporalité quand elle est devant l’objectif, juste le cœur calme et le cerveau en mode automatique. Ca lui avait manqué le bruit du flash, les fond multicolores et le corset qui serre sa taille déjà trop fine. Elle aime ça Ivy, parce que c’est sa vie, c’est ce pour quoi elle existe, ce pour quoi elle respire. Le regard approbateur du photographe et son agent derrière qui lève les pouces pour la féliciter. Faut dire que des merdes elle en a enchainé un paquet, entre l’ouragan et le toit qui s’effondre, Meo qui disparait, Halloween, et ainsi de suite. Elle est pas encore parfaite, y a les marques de coup qui décorent ses côtes, des jolis bleus-mauves qui viennent entourer les dessins encrés sur sa chaire. Elle aime bien cette image Ivy, le photographe aussi puisqu’il lui demande de retirer la robe pour se focaliser là-dessus. Nuisette transparente, babydoll, et les larmes pailletées qui coulent sur sa peau. Il la trouve belle. Elle le voit dans son regard, dans la façon dont il se rapproche pour caresser les marques laissées par Seven. Y a le sourire carnassier qui apparait sur ses lèvres, et le cœur qui fait boom. Putain, ce que ça lui avait manqué.

Il est tard quand la séance se termine, tard mais encore tôt. Trop tôt pour retourner chez elle. Je passe te voir. Le sms rapidement envoyé à la blonde qui l’obsède depuis quelques temps. Gaïa. Et puis les deux autres. C’est cette bande de paumés comme elle qui se forme lentement mais surement, leurs rires, leurs larmes et puis leurs armes. Les dents limées, le venin sur la langue et le rire dans la gorge distillé à l’absinthe. Elle se sent bien avec eux. Vraiment bien. C’est différent, pas comme avec Lola ou Soan. C’est plus bestial, plus primaire. Y a ses jambes qui ne tremblent pas quand elle sort dans la rue à la recherche du bar où travaille Gaïa et pendant tout le trajet elle a ce sourire vibrant plaqué sur les lèvres, comme si le monde était enfin à ses pieds. Et c’est parce qu’il l’est. Son sourire ne s’éteint même pas quand elle voit la queue devant le bar, club select où bosse Gaïa, il faut souvent poirauter plus d’une heure avant de rentrer. Tu parles. Et Ivy double la file sans vraiment faire attention aux gens qu’elle offusque. Fais la queue comme tout le monde connasse ouais ; Connasse. Et alors. « Quand t’auras fait la couverture de Gala ou d’un quelconque torchon que tu lis aux chiottes toi aussi tu pourras éviter de ‘’faire la queue’’ » Star un jour, star toujours et il reste encore des gens pour se souvenir d’elle pour la prendre en photo, comme maintenant. Elle prend la pose rapide pour une selfie qui sera surement dégueulasse, pas grave, elle ne la verra sans doute jamais, puis finit par s’arrêter devant le vigile. « Gaïa est déjà là ? » Oui, au bar comme d’hab « Merci » clin d’œil provoquant, elle se hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sucré sur ses lèvres avant d’entrer dans le club.
La jeune fille ne perd pas de temps, elle se fraie un chemin à travers la foule qui commence déjà à s’enflammer pour rejoindre le bar, les yeux rivés sur la chevelure blonde qui s’affaire à préparer un cocktail aux couleurs atroces. C’est pas ça qu’elle demandera ce soir. « Un spéciale apocalypse et la serveuse avec s’il vous plait »  qu’elle murmure doucement, sourire de gamine au bout des lèvres alors qu’elle s’installe en face de son amie. Apocalypse, foutu jeu de mots entre eux. Mort et Famine, un duo bien trop inflammable pour la sécurité des gens dans ce lieu.