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 (Llewyn) It's another day of sun

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MessageSujet: (Llewyn) It's another day of sun   (Llewyn) It's another day of sun EmptyDim 14 Mai - 9:07


Don't let them hit you, you deserve the best.

La subtilité de la vie consistait à savoir varier des moments de quiétude avec des périodes épisodiques de troubles. Sans crier gare, ces derniers tentaient de se forger une place qu’ils s’empressaient de tenir avec plus ou moins de ténacité. Il s’agissait là d’un des plus grands mystères de l’Humanité. Celui-là même qui alimentait les théories les plus philosophiques visant à mettre en exergue des termes tels que l’inné et l’acquis, la thèse contre l’antithèse, le Yin et le Yan. Bref tout un panel illusoire et d’autant plus véridique puisqu’il savait s’immiscer, sans même qu’on ne puisse en prendre conscience, dans notre expérience. Un jour ensoleillé, l’autre plus ou moins grisâtre, nous avions développé une capacité à nous confondre dans cette masse, à nous adapter parce qu’il s’agissait là de notre nature primale. L’Humain n’avait-il pas conquiert le monde ? N’était-il pas prédestiné à la colonisation ? Il suffisait de détailler un peu plus le tableau qui se trouvait juste devant les yeux de la jeune peintre pour trouver toutes les réponses à ses questions. Les thèmes variaient, défilaient sous son regard émeraude, mettant en avant des scènes de batailles, de découvertes, parfois même des havres de paix. Les supports pouvaient être variés, pourtant l’essence, elle, restait la même : il se dégageait de ce désir colonial, de cette volonté d’imposer par la force, par la douceur, parfois même par la subtilité. L’Humain dans toute sa splendeur se projetait dans chaque recoin de ce musée. Un peu comme une leçon qu’on désirait inculquer à tout un chacun, une de celle visant à pointer du doigt le fait que nous nous devions de nous adapter. Qu’importe le moyen et la finalité, il fallait juste le faire sans se poser de question. Encore une question de codes à remplir. Ces foutus préceptes qui enfermaient l’imaginaire derrière des barrières et qui finirait probablement par causer la perte de l’Art tout entier. Au moins, Anthea en prenait conscience. C’était bien mieux que personne, même si elle n’en ferait rien de plus. Seul l’enrichissement pour ses élèves comptait à vrai dire. Depuis sa conversation avec son collègue Oakley, la jeune fille s’était déplacée plus d’une fois dans ce musée afin de trouver LE sujet qui serait à même de ramener un semblant d’évasion pour eux. Ses élèves. Cette pensée lui arracha un sourire en coin alors qu’elle n’avait jamais songé à revêtir ce rôle d’enseignante auprès de quiconque. Elle. Anthea Stark, la cancre des écoles, celle qui ne parvenait pas à se concentrer pendant les cours théoriques, voilà qu’elle se trouvait de l’autre côté à présent. Une ironie à part entière pour celle qui n’avait jamais apprécié l’école. Comme quoi, la vie était toujours riche en surprises. Elle chassa rapidement cette pensée de son esprit, retournant vers ce bloc notes d’où gisaient par-ci par-là des gribouillis d’impatience. De nouvelles notes y furent inscrites, pareilles à l’écriture d’un chat en pleine expérimentation. Ces dernières se présentaient sous la forme de mots : Passion, Réflexion, Originalité, Evasion. Béatrice trouverait certainement son dû dans le dernier. Cette jeune fille savait allier codes et imaginaire aux rythmes sentiments qu’elle savait reconnaître. Anthea l’admirait beaucoup, lui accordant également la désignation de virtuose concernant son domaine. Malheureusement, son talent risquait d’être mis à mal à cause de tierces personnes. D’abnégations qui veillaient à l’enfermer plus que de raison dans son monde, l’isolant de plus en plus. Le vibreur de son téléphone eut tendance à la sortir de sa réflexion de l’instant. Cherchant ce dernier dans les innombrables poches de son sac à dos, la jeune fille parvint à l’extirper avant que la tonalité ne se termine et transfère son interlocuteur vers sa messagerie vocale. « Ouais, Grand Chef ? » Le ton devant lequel elle se heurtait lui donnait l’impression de sortir d’outre-tombe, lui faisant ainsi prendre conscience de la réalité. Elle était en retard pour leur rendez-vous. « Oh merde… Non j’te jure j’ai pas oublié, j’suis au musée, j’arrive. » Ils avaient prévu cette rencontre lors de leur dernière conversation. Le sujet les rapprochant n’était autre que cette visite prévue pour les jeunes qu’il était venu voir il y avait de cela quelque semaine. L’eau ayant coulé sous les ponts, la jeune fille avait noté ce rendez-vous, sans pour autant prendre la peine de vérifier son agenda. Mais étrangement, elle n’avait pas oublié, elle s’était juste fait dépasser par le temps rien de plus. Elle s’empressa alors de couper son téléphone et le laissa s’échapper dans les méandres de son sac avant de prendre ses clics et ses clacs pour rejoindre son ami.

Le trajet pour se faire n’en était pas d’une longueur exceptionnelle, d’autant plus qu’elle avait pu récupérer son véhicule avec une magnifique portière qui dénaturait complètement sa voiture, la semaine d’avant. Au moins, elle roulait à nouveau. Mais dès qu’elle avait pu voir la silhouette du jeune homme, Anthea n’avait pu que constater que quelque chose n’allait pas. Plus affaissé, plus remplié sur lui-même, Llewyn renvoyait l’image d’une personne accablait par la douleur et rongé par cette dernière. Bien sûr, la jeune fille n’avait pas osé commenter dans les premières minutes de leurs échanges, néanmoins son caractère entreprenant et très à même de défendre ceux qu’elle appréciait ne pu que prendre le dessus devant son impulsivité grandissante. « Bon allez on s’casse, on parlera d’ça plus tard. » Ce n’était pas la peine d’insister, voire même d’entreprendre un semblant de projet concernant les jeunes, pas alors que son ami avait besoin de se changer les idées et de retrouver un semblant d’apaisement. Anthea ne lui laissa pas le choix d’ailleurs, puisqu’elle s’était déjà redressée pour prendre ses affaires et avait fait quelques pas en direction de l’extérieur pour rejoindre sa voiture. « Tu viens ? » finit-elle par l’interpeller alors qu’elle s’était retournée pour affronter son regard et lui faire un signe de tête pour lui indiquer la route à prendre. Elle l’attendit quelques secondes, vérifiant qu’il voulait bien la suivre pour qu’ils puissent peut être créer un environnement dans lequel ils seraient plus à même de partager leur complicité, celle la même qu’ils avaient commencé à construire ensemble dans ce café. Elle lui avait décrit le tableau qu’elle voyait juste là devant ses yeux concernant leur relation, et voilà qu’elle veillait à reprendre ce même parapluie pour qu’il vienne s’abriter avec elle. Un sourire naquit sur ses lèvres au moment où Llewyn lui montrait qu’il la suivrait et lorsque le trajet les fit se garer sur le parking de la plage, la jeune fille chercha dans sa portière ses lunettes de soleil qu’elle mit rapidement sur son nez avant de se tourner vers son ami. « On est arrivés, t’as l’choix soit on s’balade sur le port soit on s’cale sur le sable. » Un large sourire vint à s’imprégner sur ses lèvres, désireux de ramener un semblant de bienveillance entre eux mais surtout de revoir ce même sourire qu’il avait su lui montrer la dernière fois. Il fallait qu’il s’apaise, ou du moins qu’il se soulage de manière à se retrouver pour ainsi se sentir mieux. Le cœur d’Anthea crevait littéralement de le voir ainsi. «L’temps qu’tu choisisses, je vais nous chercher un truc. » L’avertit-elle avant d’ouvrir sa portière qui grinça dans un son bien strident « Ouais, j’sais quand j’serai riche je changerai d’caisse. » Un rire lui échappa avant qu’elle n’en vienne à sortir totalement de la voiture et récupérer son porte monnaie à l’arrière. La plage était son royaume. L’endroit dans lequel elle savait qu’elle pouvait laissé libre court à son imagination et à ses réflexions également. Elle s’y apaisait à chaque fois, alors peut être que cet endroit pourrait également faire du bien au jeune homme. Les quelques pas qu’elle fit vers la camionnette furent l’occasion pour elle de réfléchir à ce qu’il pouvait bien se passer. Du peu qu’elle avait pu constater la dernière fois, il lui avait semblé que la famille Bridges était encline à des périodes difficiles voire même douloureuses. Bien sûr il s’agissait là d’une légitimité au vue de l’épreuve devant laquelle ils devaient faire face. Pourtant, il lui semblait que cela cachait autre chose, une chose beaucoup plus profonde et vieille de plusieurs années. Peut-être qu’il lui en parlerait ? Ou peut être pas… Dans tous les cas, la jeune fille ne le forcerait pas, tant son désir le plus cher était de pouvoir permettre à son ami de trouver une quiétude avec elle, ici, voire même un espoir sur lequel se raccrocher. Elle commanda comme d’habitude des churros, gourmandises que Noah lui avait fait connaître dans le passé. La nostalgie l’habitait à chaque fois qu’elle en dégustait un, fantôme d’un passé qu’elle commençait même à croire qu’elle avait imaginé, depuis le temps. Les mains pleines, elle revint au niveau de la voiture et fut heureuse de constater que Grand Chef l’attendait sur le côté. Cette vision fut à même de la faire sourire. « Alors t’as choisi ? J’te préviens, t’as intérêt à t’décider vite parce que dès qu’j’ai un truc sucré dans la main, j’peux pas m’empêcher d’le manger. » Un nouveau rire vint à passer la barrière de ses lèvres alors qu’elle attendait sagement qu’il finisse par lui faire part de son propre choix. Car ça aussi, Anthea avait pu le remarquer : Llewyn n’était souvent pas maître de ses choix, chose qu’elle essaierait de changer pour lui prouver qu’il avait droit à sa place dans ce monde. Il l’avait déjà auprès d’elle.

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MessageSujet: Re: (Llewyn) It's another day of sun   (Llewyn) It's another day of sun EmptySam 20 Mai - 17:22


Don't let them hit you, you deserve the best.

Voir le monde dans un grain de sable et le paradis dans une fleur sauvage. Tenir l'infini dans le creux de sa main, et l'éternité dans une heure. Depuis une heure, Llewyn relisait en boucle les quelques phrases de ce poème, il n’arrivait pas à passer à autre chose, bloquait sur les mots, revenait sans cesse en arrière. Aussi décousu que ses pensées du moment. Comme il aurait aimé voir le monde de cette façon, au travers de ce grain de sable. Se dire que l’infini ne durerait qu’une seconde à peine, voyant ainsi sa souffrance terminer bien plus vite que prévu. Mais le temps en avait décidé autrement, et semblait vouloir marquer ses heures jusqu'à la fin, en étirant chaque minute, chaque seconde , bien plus que de raison et ce jusqu'à l'infini. Afin qu'il prenne conscience de toute la mesure des tourments résultant de l'accident qui l'avait conduit jusqu'à ce moment, celui où il décida d'appeler Anthea, pour lui rappeler leur rendez-vous du jour, ne la voyant pas arriver. Un sourire maigre s'afficha sur les lèvres du Pompier alors qu'Anthea jurait à l'autre bout du fil. Elle aussi semblait avoir un problème avec la notion du temps. Cette satanée notion qui semblait faire oublier l'essentiel à certains, faisait culpabiliser et stresser d'autres. « Prends ton temps, je ne veux pas que tu ai un accident. Je ne suis pas pressé de toute manière ! », ajouta-t-il simplement avant qu'ils ne raccrochent tous deux. Ce rendez-vous était prévu depuis quelques semaines déjà et il ne l'aurait annulé pour rien au monde. Même s'il devait bien reconnaître qu'il n'avait pas du tout la tête à parler projet vis à vis des élèves de la jeune femme. Il était ressorti tellement léger et vivant du dernier entretien qu'il s'était fait violence pour parvenir jusqu'au lieu de rendez-vous. Il le savait d'expérience que cet entretien lui ferait fermer les portes du monde réel durant quelques heures. Et c'est justement ce dont il avait besoin. Ne plus penser à son quotidien, ne plus penser à rien d'autre qu'à l'instant présent. Oublier les peines et les tourments. Dans ce monde ci, il n'y avait plus de deuil, plus de béquille, plus de trahison. Juste de la sérénité. Le temps perdu n'existait plus. Il s'était retrouvé en chemin. Un monde où il faisait bon vivre, où les actes n'étaient plus individuels, où les normes n'étaient plus dictées par la société. Plus rien n'avait d'importance hormis retrouver son amie et discuter avec d'elle d'une éventuelle sortie avec les élèves à la caserne. D'ailleurs il n'essayait plus de retenir le temps, la vie filait maintenant à une vitesse décidée par la vie elle-même.  Il referma son recueil au moment où il l'aperçut. Llewyn tenta de se redresser et de ne pas donner l'impression que le poids du monde pesait sur ses épaules.  

L'entrevue ne dura pas plus de quelques minutes. Llewyn n'arrivait pas à faire semblant, pourtant il avait bien essayé de laisser ses problèmes personnels en dehors de cette salle. Mais à croire que tout était peine perdue. Le poids de la trahison étant bien trop lourde à porter pour lui. Thea venait de prendre les devants en lui prouvant une fois de plus qu'elle savait lire à travers lui. Sans demander son reste, l'Anglais ramassa à son tour ses affaires et amorça également un pas vers l'extérieur. « J'arrive ! », répondit-il à la jeune femme qui semblait pressée de prendre la direction de sa voiture. Une petite sortie ne serait pas de refus. Un sourire s'afficha sur les traits de Llewyn alors qu'il reconnaissait l'endroit où Anthea venait de les emmener. La jeune femme avec son énergie habituelle lui proposa deux solutions. Se promener ou juste s'installer sur le sable. La seconde solution eut sa préférence. Il attendit le retour de cette dernière pour lui en faire part. En l'attendant, il la remercia intérieurement du choix de cette destination. Lorsqu'il avait un coup de mou, par le passé, il avait pour habitude de se promener le long de la plage à Coney Island. River son regard à l'océan, et se perdre dans l'éternité de ce dernier. Cela lui avait toujours fait le plus grand bien. Serait-ce le cas aujourd'hui ? Rien n'était moins sûr. Il essaya de retrouver un semblant de contenance avant de répondre à Anthea « Au moins cette voiture roule à nouveau, c'est le plus important... On peut se poser dans le sable ? Même si ça risque de gratter. Je... je ne me sens pas trop de marcher aujourd'hui. » Le Pompier avait laissé sa béquille à l'intérieur du véhicule, puisqu'il s'était fixé comme objectif d'arriver à marcher sans. Ses efforts commençaient à payer. Il y avait au moins quelque chose qui s'améliorait dans tout ce désastre. Il s'amusa de la réaction de cette dernière en scrutant le paquet qu'elle tenait dans les mains « C'est des churros ? Tu fais des infidélités à nos bons vieux donuts à ce que je vois ! Enfin c'est plus ou moins la même recette, de la farine, du gras au gras et de la friture. Pourquoi on donne toujours des noms différents, alors que c'est sensiblement la même chose ? » Son interrogation n'appelait pas vraiment de réponse, il était seulement du genre à se demander ce genre de truc existentiel. Cela lui rappela malgré lui les fêtes foraines où il emmenait ses enfants et il dû faire tous les efforts du monde pour ne pas courir jusque sur le port, avant de se jeter la tête la première à l'eau. En attendant qu'elle lui réponde, il commença à avancer en direction de la plage, fronçant le nez parce qu'il n'avait pas pensé à prendre ses lunettes de soleil et qu'il ne voyait rien pour la peine. En portant sa main droite en visière il demanda à Anthea, tout en se tournant vers elle. « Tu étais au musée pour admirer des vieilles croutes ? j'espère ne pas t'avoir interrompu en t'appelant » L'Anglais se doutait qu'il s'agissait surement d'une visite à visée pédagogique, mais c'est tout ce qu'il trouva à demander à la blondinette. Il devait faire tellement pitié, sa joie de vivre du dernier entretien n'était plus à présent qu'un lointain souvenir.
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MessageSujet: Re: (Llewyn) It's another day of sun   (Llewyn) It's another day of sun EmptyMar 6 Juin - 14:58


Don't let them hit you, you deserve the best.

Le monde était en proie aux menaces. Victime parfaite des pêchés divers et variés, ce dernier savait très bien se revêtir d’une de ses plus belles armures pour ainsi parjurer tout mauvais sort. Se relever était une épreuve qu’il fallait toujours garder en mémoire, pour soi, pour les autres, mais surtout pour que l’espoir puisse retrouver un peu de sa magie pour ainsi laisser entrevoir le merveilleux derrière tout cela. Le soleil se levait tous les jours, léchait quotidiennement les êtres les plus majestueux de nos contrées. Il savait illuminer, rien que par sa présence, les décors les plus sombres afin de leur accorder un peu de cet apaisement pour leur permettre de grandir. Qu’importe la longueur de la nuit, les malséances de l’obscurité, le résultat demeurait inchangé. Cet allié, aussi fidèle soit-il était toujours à même de permettre à tout un chacun de se relever. Par ses rayons, par sa chaleur, par cette lumière dans laquelle il savait nous plonger et nous laisser comprendre que la difficulté méritait un combat loyal. Pour les souvenirs, pour ces détails qui avaient pu nous rendre heureux à un moment où à un autre, nous nous devions de nous relever pour ainsi apprendre à côtoyer de nouvelles choses. Une nouvelle rencontre par exemple. Celle mettant en évidence deux personnalités totalement différentes mais qui pourtant avaient eu raison du reste pour se retrouver. Anthéa était très certainement naïve concernant sa vision du monde, néanmoins, elle ne pouvait laisser de côté cette part d’elle qui osait entrevoir le meilleur des autres. Ce meilleur qu’elle avait su déceler dans les attentions du jeune homme au cours de leur dernière rencontre. Lui, qui, n’avait de cesse que de lui renvoyer l’image d’un homme rongé par le chagrin et la culpabilité, lui avait prouvé qu’il s’apparentait au contraire, à ce bourgeon qui luttait encore et encore malgré le froid, le gel, les affres du vent. Il luttait pour enfin trouver ou plutôt retrouver le monde dans lequel il se sentait épanoui. Le chemin lui en serait certainement difficile, mais l’artiste désirait plus que tout participer à cette exploration afin de le soutenir. Ce fut d’ailleurs par cette volonté, qu’ils décidèrent de se retrouver. Le sourire l’avait habité dans le même temps que la joie alors qu’elle retrouvait l’habitacle de sa voiture et que la conscience d’une telle rencontre finissait par remonter jusque dans son cerveau. La blonde ne tarda pas à lui transmettre cet état d’âme et ce même si elle se heurtait devant une fatigue morale qui commençait à l’inquiéter. Prenant soin de se montrer patiente dans un premier temps, son caractère quelque peu franc ne put que laisser ses ardeurs prendre le dessus sur le reste au moment où elle sentait bien qu’un mal profond rongeait son ami. Il n’y avait rien de pire que cette impuissance qu’elle ressentait. Emotion qui la submergeait voire même l’immergeait complètement alors qu’ils filaient tout droit vers la plage. Peut-être que la destination serait encline à une délivrance pour Grand Chef ? L’espoir quant à une réponse affirmative concernant ce but grandissait à mesure que les horizons se dessinaient. Quelques coups d’yeux en direction de son passager parvinrent à radoucir un peu les appréhensions de la conductrice, même si il était plus que palpable de ressentir cette morsure glacée qui donnait tout l’air d’avoir ôté un pan de vie de ce dernier. Qu’à cela ne tienne, Anthea était déterminée à devenir ce soleil qui aurait raison du glacial afin de permettre à Llewyn de souffler un peu. Aussi, elle s’affaira à lui laisser le choix entre des options qui auraient été à même de lui accorder un peu de quiétude. Choix, qui se révélèrent comme un des meilleurs moyens de participer à ce bien être à venir ou du moins à cet interlude grâce auquel, il pourrait oublier un peu son quotidien. Les attentions de la jeune artiste étaient certainement minimes, mais il n’empêchait que lorsqu’elle s’attachait à une personne, elle ne pouvait décidément pas la laisser ruminer toute seule dans son coin. « Oh oh sans béquilles ? Mais c’est vachement bien ça. » nota t-elle  alors qu’elle revenait vers lui et qu’elle prit conscience de l’absence de ses appuis. Un sourire illumina le visage de la jeune fille alors qu’elle haussait ses yeux vers le ciel devant cette excuse. « Excuse bidon, t’as le droit de dire que tu préfères le sable hein. De toute façon, j’préfère aussi r’garder la mer. On évite l’odeur de marée basse. » D’un geste vif elle remonta ses deux épaules pour les affaisser dans les secondes qui suivirent avant de finalement tendre les gourmandises en direction de son ami.

Contente d’elle, Anthea acquiesça d’un signe de tête devant la bonne déduction de Llewyn concernant les churros. Mais bien vite cette joie eut tendance à se transformer en une sorte de grimace quelque peu exagérée devant les paroles du pompier. Même si elle adorait l’entendre raconter des histoires et parler de tout et de rien, le caractère moqueur de la petite Stark ne pouvait que répondre à cette appel. Surtout si ce dernier était à même de pouvoir apporter un peu de légèreté à la conversation et donc d’apaiser les tourments de celui qu’elle considérait comme un grand ami. « T’sais Grand Chef, s’tu parles autant à chaque fois que j’te présente un truc à bouffer, viens pas t’plaindre s’il en manque la moitié. » s’amusa t-elle à le chambrer tout en se retenant de ne pas déjà entamer un des churros. «J’sais pas surement à cause d’la forme. » Un nouveau sourire vint à vouloir s’échanger avec son ami alors qu’elle se confrontait à cette sorte de mutisme malheureux qui veillait à figer Llewyn. L’impuissance la gagnait une nouvelle fois, l’empêchant de laisser parler ses ardeurs pour ainsi accorder un peu de calme au pompier. Car il s’agissait peut-être du meilleur moyen d’affronter ses démons ? Anthea ne le connaissait pas assez pour savoir quel était le meilleur moyen de lui venir en aide. Pourtant, il lui avait semblé qu’au cours de leur dernière rencontre, les jeunes avaient eu cette sorte de bonté dans laquelle il avait appliqué un peu de baume sur son cœur. Malheureusement, aucun des élèves n’était présent aujourd’hui, et la jeune fille savait qu’elle devrait trouver le moyen pour ramener un semblant de vie dans le regard du jeune homme. Son pas se rythma selon la démarche investi par son ami, calme et détendue, la jeune artiste regardait déjà les alentours pour ainsi profiter de ce bien être qu’elle ne pouvait ressentir qu’ici. Un rappel de son passé, mais surtout un havre dans lequel se mêlait les divers éléments qui avaient toujours suscité son intérêt. Son regard se détourna en vitesse au moment où la voix de Llewyn lui donna l’impression de fendre l’air juste à côté d’elle et elle ne put s’empêcher de froncer ses sourcils devant le spectacle qu’elle voyait. « Bouge pas ! » D’un geste rapide qu’elle s’enleva ses lunettes de soleil pour les apposer sur le nez de son ami alors qu’elle-même plissait des yeux. « On va éviter d’te cramer les rétines, c’pas l’but. » Vu la couleur des iris de Llewyn, Anthea voulait bien comprendre à quel point il devait peiner devant la luminosité et la réverbération du soleil sur l’espace. Elle-même en était une victime avec ses yeux verts, néanmoins, son habitude prévalait sur le reste. « C’est mieux ? » Demanda t-elle innocemment avant de finalement reprendre leur marche tout en répondant sur un naturel déroutant. « J’étais en train d’voir un plan pour une sortie avec les élèves d’un collègue. J’pense avoir trouver la trame donc non t’me déranges pas, t’sais j’suis pas d’celle qui vont aller râler après hein. Si j’réponds c’est qu’j’l’veux pas parce qu’j’me sens forcée. » Un sourire entendu vint à chercher de la complicité sur les lèvres du jeune homme. Anthea était une personne qui agissait aux grés de ses intentions sans se poser de questions. Que ses décisions soient bonnes ou mauvaises, elle ne réfléchissait pas, chose qui pouvait être très préjudiciable pour quelques occasions.   « Et toi, tu f’sais quoi avant ? » lui demanda t-elle avec une répartie bien spécifique à son tempérament. Elle en profita également pour lui désigner un endroit où ils pourraient s’assoir tranquillement. « Ca te va ici ? » Lieu, où elle avait l’habitude de venir mais surtout de s’installer pour ainsi admirer la plage de ce point de vue. Isolée, elle savait profiter des moindres détails qui l’aidaient aussi à réaliser certaines de ses peintures. « On s’ra plus éloignés d’la foule donc des cris et compagnie. » Elle préférait se justifier sur ce fait, il lui semblait avoir décelé cette envie d’être un peu à l’écart, loin de toutes ces menaces criardes et violentes. Et comme pour accompagner son geste, la jeune fille finit par s’installer confortablement sur le sable avant de présenter son côté au jeune homme. « Si m’sieur veut bien s’donner la peine. » Un grand sourire témoigna de sa bonne volonté à mettre tout en œuvre pour que son ami puisse se sentir mieux. D’ailleurs, elle lui tendait sa main afin qu’il puisse s’en servir comme d’un appui pour ne pas qu’il tombe et qu’il se fasse mal. Quelques secondes plus tard, c’est en tendant le paquet ouvert qu’elle finit par dévoiler ses churros. « On est bien là tranquilles en train de manger des cochonneries. » Une fois Llewyn servi, Anthea fit de même et commença à déguster cette gourmandise à son tour. « Ilf fonf oncore fo ! » Thea et son éternelle manie de parler la bouche pleine avait encore frappée. Un problème que sa grande sœur essayait de résoudre en vain, mais qui était un très bon moyen pour laisser ainsi Llewyn comprendre qu’il n’avait rien à craindre d’elle. Elle était là pour l’écouter s’il le désirait mais jamais elle ne le forcerait à lui révéler des choses car la base d’une amitié passait par la confiance. Et c’est ce qu’ils étaient en train de construire ensemble.
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MessageSujet: Re: (Llewyn) It's another day of sun   (Llewyn) It's another day of sun EmptyMer 21 Juin - 17:21


Don't let them hit you, you deserve the best.

Prisonnier de son passé. Llewyn n’arrivait pas à se libérer réellement du fardeau qu’il transportait depuis son plus jeune âge. Celui-ci finissait par gouverner son existence toute entière. Et le minait bien plus que de raison. Ce passé conditionnait certainement le moindre acte, la moindre pensée également. Persuadé qu’il était maudit, c’était certainement bien plus sa propension à tout assombrir qui lui donnait cette malheureuse impression. Sans doute était-il plus simple pour le commun des mortels de se complaire dans la douleur, plutôt que de tenter de voir le bon côté des choses. Pour l’instant, le Pompier n’en était pas encore arrivé à ce stade de compréhension de la vie. Pour le moment, il essayait simplement de composer avec un présent qu’il détestait par-dessus-tout. Un présent où son fils était absent à tout jamais et où sa femme préférait passer du bon temps dans les bras d’un autre, plutôt que d’affronter les problèmes familiaux. Llewyn n’était pas sûr d’arriver à surmonter ni l’un, ni l’autre un jour. Il était en train de se dire qu’il apprendrait peut-être à vivre avec, c'est tout. Un jour. A le garder enfoui, dans une partie de lui-même qu’il serait seul à connaître et dans laquelle il pourrait plonger à chaque instant de chaque journée. Malgré tous les efforts possibles et imaginables, mais il savait que ce serait toujours là, tout le temps. Que ça ne le quitterait plus, jusqu'à la fin. Puisque tout était si volatil, un équilibre bien trop précaire. Cette chape de plomb qui s’abattait sur ses épaules, pesait plus lourd de minutes en minutes. Qu’il aurait aimé partager avec Anthea ses tourments, ses tracas, mais il ne voulait pas surcharger les épaules de la jeune femme. Elle-même devait avoir son propre sac à porter. Elle ne méritait pas de se retrouver injustement confrontée à ce fardeau. Elle méritait le meilleur et de passer un agréable moment. Et non pas de passer un moment en compagnie d’un pleurnicheur de son espèce. Mais quelque part, il s’agissait là d’une manière comme une autre d’approfondir la connaissance de l’autre. Connaitre une personne, c’était la voir dans sa propre douleur. Dans cet instant où seul le vrai visage et la vraie personnalité d’une  personne ressort. Et c’est ce vrai visage qu’il offrait aujourd’hui à la face et aux yeux du monde. Il ne se cachait pas, n’y arrivait plus. La tristesse se lisait clairement dans son regard. Ce même regard qu’il posa sur sa jeune acolyte, un pâle sourire naissant au creux des lèvres, « J'arrive à avancer sans roulettes ! C'est un gros progrès tu vois ! », le Pompier lui adressa un clin d’œil sans pourtant grande conviction. Il avait cette terrible impression d'être un enfant qui essayait tant bien que mal de trouver son équilibre et son point de gravité pour ne pas se casser la figure au moindre pas. « Je deviens un vrai fainéant avec les années, que veux-tu ! Le sable, c'est génial pour faire un bon gommage... enfin c'est pas moi qui le dit... C'est pas une excuse bidon oh ! » Llewyn feinta un air offusqué. Il avait beau essayer de blaguer et de rire, cela sonnait faux à ses oreilles. Le cœur n'y était pas vraiment. Pourtant il essayait vraiment de faire comme si tout allait bien. Pourtant, rien que le fait qu'il parle moins qu'en temps normal le trahissait.

L'Anglais tenta donc de faire un nouveau trait d'humour concernant les churros et le fait qu'Anthea était en train de faire des infidélités aux donuts nationaux. Infidélité, ce mot qu’il avait envie de bannir de son vocabulaire. Devant la moquerie de la jeune femme, sur le fait qu'il parlait trop et que par conséquent il risquait de ne pas voir la couleur des beignets frits, il haussa juste les épaules. Malheureux comme les pierres, il tenta une esquisse de sourire et salua les efforts d'Anthea pour le distraire et le faire sourire. « Tu sauras plus apprécier les beignets que moi, j'ai l'impression ! D'où te viens cet amour pour le gras ? Laisse-moi deviner... » il se frotta le menton durant quelques secondes avant de lâcher l'air convaincu « Tu es une grande fan de fêtes foraines et de parcs d’attraction, non ? ». C’est parfaitement au hasard qu’il venait d’avancer sa grande théorie. Il imaginait parfaitement Thea avec son âme artistique, qui avait gardé une très belle part enfantine en elle. Elle avait ce luxe, de savoir rêver – ou plutôt de s’accorder le droit de rêver - et quel meilleur moyen d’y parvenir que de se laisser transporter au grès des manèges ? Un instant à part, quelque peu hors du temps, comme celui qu’ils étaient en train de vivre cet après-midi. Le soleil les accompagnait dans leur petite promenade dominicale. Repos de l’âme, qui semblait s’apaiser au contact de la chaleur des rayons de cet astre bienfaisant. Ces mêmes rayons qui mettaient à mal sa vision, puisqu’il avait oublié ses lunettes de soleil. Chose que la jeune femme remarqua et presque aussitôt l’Anglais se retrouva affublé des lunettes de Thea. Il retint un léger rire. Une véritable mère pour lui. « Merci ! Oh c’est comme ça de voir sans plisser les yeux ? », demanda-t-il juste pour la blague. « Oui c’est mieux… mais et toi ? Je ne voudrais pas être responsable de ta cécité ! ». Apparemment ce n’était pas une chose qui l’inquiétait puisqu’elle enchaina presque aussitôt et sans se soucier de l’état de ses propres yeux. L’ombrelle sous laquelle elle l’abritait toujours. Image qui lui trottait dans la tête, tandis qu’il écoutait le programme du début de journée de la blondinette.  « Super ! Et tu comptes les emmener où si c’est pas indiscret ? » Anthea était réellement dévouée à ses élèves. Toujours soucieuse de leur apporter un mieux en terme de culture, mais aussi de bien-être, puisque les cours, mais aussi les sorties leur permettait à chacun de s’évader le temps de quelques heures. « Je sais bien… enfin quoique ce rendez-vous était prévu depuis un moment, donc tu pourrais très bien être là juste parce que tu dois être là ! » Il savait pertinemment que la jeune femme n’était pas du genre à se forcer à faire quelque chose. C’était même le contraire, du moins de l’aperçu qu’il en avait eu. Thea représentait pour lui un courant d’air un soir d’été, aussi impertinente qu’insaisissable. Il admirait ce trait de caractère chez elle, ce libre arbitre et cette façon qu’elle avait de prendre la vie. Pour sûr il devrait en prendre de la graine. Llewyn se contenta de hausser les épaules – suite à la question d’Anthea - témoignant là du fait qu’il ne faisait pas grand-chose, avant leur rendez-vous. « J’errais comme une âme en peine, en lisant William Blake… Pour voir mon seuil de résistance à la torture psychique ! J’hésite entre génie ou folie pour cet auteur… ». Les quelques phrases du poème qu’il lisait quelques minutes plus tôt lui revinrent en mémoire. Il voulait toujours devenir ce grain de sable, qui se fichait bien du lendemain. Grain de sable qu’ils retrouvèrent d’ailleurs en s’installant sur la plage. Drôle de coïncidence. « C’est parfait ! C’est ici que tu viens chercher l’inspiration pour peindre ? », demanda-t-il, soudainement curieux de savoir où est-ce qu’elle avait l’habitude de s’installer pour se laisser aller à sa passion.  Une fois de plus, Llewyn lui fut reconnaissant quant aux attentions qu’elle portait, pour que le moment soit le plus serein possible. Sans rechigner, il attrapa doucement la main qu’elle lui tendait, pour venir s’installer à ses côtés. « Merci ! »Le contact avec le sable le rasséréna quelque peu. Anthea avait cet effet bénéfique d’apaisement. Rien que pour ça, il la remercia d’un sourire, tout en piochant dans le paquet de churros qu’elle lui tendait. Elle mourrait visiblement d’envie de partager le fait de manger des cochonneries. « Des churros au sable, c’est parfait ! On ne pouvait pas rêver meilleur après-midi ! », ajouta-t-il finalement en mordant dans le beignet. La thérapie par le gras, Anthea avait raison sur toute la ligne, une fois de plus. Llewyn manqua de se brûler, il souffla sur le reste de la pâtisserie pour éviter de perdre sa langue. Un rire lui échappa, tandis que la peintre fit la remarque la bouche pleine. « Il va me falloir un décodeur à ce stade ! », une façon de dire qu’il n’y avait aucun jugement sur son comportement et qu’il acceptait ce qu’elle était. Tout comme il avait accepté il y a longtemps que Lullaby aimait séduire, il n’avait jamais été dupe là-dessus. Une douleur indescriptible s’abattit à nouveau sur lui à cette pensée. Il était conscient qu’aimer s’apparentait à prendre un risque, comme traverser un lac infesté de piranhas. Il était dangereux de s’abandonner à l’autre. Malheureusement il était trop tard pour cela. Ne restait plus qu’à espérer qu’un médicament existe pour ce mal de cœur. Et ce traitement était peut-être à ses côtés, sous les traits d’Anthea et de cette nouvelle amitié. L’Anglais lâcha alors. « Si tu découvrais, par le plus grand des hasards, que la personne avec qui tu vis depuis plusieurs années te trompes, tu ferais quoi ? » Question rhétorique. « Vous avez trois heures ! », tentative plutôt ratée de faire de l’humour. Pour avoir eu un aperçu du comportement de feu de la jeune femme, la solution qui s’offrait à l’instant était la suivante : lui arracher la tête pour jouer au foot avec.
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MessageSujet: Re: (Llewyn) It's another day of sun   (Llewyn) It's another day of sun EmptyMer 28 Juin - 11:48


Don't let them hit you, you deserve the best.

Le malheur s’étendait à perte de vue. Dissimulé dans les moindres recoins d’un espace, ce dernier savait saisir les opportunités pour se montrer au grand jour et ainsi accabler les âmes qui deviendraient ses victimes. Toujours traître, toujours enclin à cette élaboration constante de ce que les tourments étaient à même de fournir pour assombrir ainsi le cœur le plus pur, ce dernier savait s’immiscer dans les bases les plus solides pour pourrir ces dernières de l’intérieur et engendrer ainsi une douleur insatiable. Le désespoir devenait son plus fidèle allié, à mesure que les étendues de ses dégâts éloignaient les souvenirs auxquels nous essayions vainement de nous raccrocher. Le malheur finissait par se situer partout, aveuglant ainsi nos visions les plus revigorantes de manière à clamer haut et fort de sa domination sur tout le reste. Foutu malheur. Le combat n’en devenait que plus vif alors que l’impuissance guettait chacun des protagonistes. Néanmoins, la force résidait dans le fait de ne pas lui laisser cette opportunité, aussi douloureuse puisse être la bataille, la jeune fille savait que la victoire en valait la peine, non pas pour elle mais plutôt pour ceux qui partageaient son existence. Si la falaise parvenait à s’ériger et grandir grâce aux frottements des plaques, si elle accédait à cette liberté puissante et d’autant plus vivifiante contre l’érosion, alors l’Humain était capable de faire de même pour les siens. Cette vision était certainement révélatrice d’une certaine naïveté de sa part, mais qui serait assez fou pour oser lui dire qu’elle se trompait ? La paix pouvait régner et saurait mettre un terme à tout ce néfaste, si seulement les gens y croyaient. L’Art avait su saisir ce message au fil des siècles. Apprenant au plus commun des mortels qu’un instant pouvait être éternel, que l’ombre pouvait trouver une réelle entente avec la lumière non pas pour se livrer bataille mais bel et bien pour magnifier une perspective. Pour lui apporter de ce meilleur qui veillait à la transposer directement tout droit dans l’Age d’Or de son apogée. Alors pourquoi l’âme devrait-elle être différente de ce moyen ? Pourquoi n’était-elle pas à même d’en devenir que plus merveilleuse devant les épreuves que la vie amenait juste pour faire des personnes des êtres uniques et magnifiques ? La douleur était toujours difficile à franchir, d’autant plus lorsque cette dernière laissait croire qu’elle se présentait sous les trait d’un insurmontable, pourtant, les détails aussi minimes soient-ils prouvaient le contraire. Ils savaient se décliner sous des formes diverses et variés et ce dans le but d’intimer un meilleur pour tout un chacun. Un rayon de soleil, une main tendue, un sourire, des churros… Il y avait une multitude d’éléments capables de venir à bout d’un trépas. Ou du moins de le laisser de côté ne serait-ce que pour quelques heures. Voilà ce qu’espérait montrer Anthea à son ami, alors qu’elle s’attachait à lui démontrer que sa place avait lieur d’être à ses côtés. Un endroit qu’ils étaient en train de créer tous les deux et grâce auquel, elle pouvait lire que les tourments qui l’affligeaient avaient eu raison de sa bonne humeur passée. Aussi, était-elle en train de lui apprendre qu’il disposait de ce droit d’être lui. De ne plus se dissimuler derrière ses paroles et son humour juste pour laisser Llewyn Bridges s’exprimer comme il l’entendait. Il s’agissait là de son propre choix, celui de lui accorder le droit d’entrer dans sa vie. Mais surtout celui de lui prouvé que lui aussi était en droit d’établir ses propres choix sans se soucier des retombées. Un long chemin semblait les attendre. Il n’était pas nécessaire d’être dans la psychologie pour se rendre compte que le jeune homme avait perdu toute bonne entente avec son propre fort intérieur. Sa réponse quant à ce choix qu’il devait faire entre la plage et le port n’en était qu’un exemple, auquel elle comprit bien vite qu’il laissait toujours le choix à sa famille pour réaliser telle ou telle activité. Ainsi, Anthea comprenait à quel point Grand Chef s’était perdu lui-même, probablement en raison des années de vie commune avec les siens ou peut-être parce que la vie ne lui avait jamais laissé l’occasion de penser à lui. « On s’en fout d’qui l’dit, moi j’veux savoir c’que toi t’en dis. » lui répondit-elle de ce même ton enjoué et bien téméraire, désireux de connaître un peu plus les pensées de son ami. Son sourire n’en devenait que plus grand alors que l’espoir guidait ses actions afin de la convaincre que Llewyn parviendrait à vaincre ce mal. Avec ou sans elle. Mais il y arriverait parce qu’il était une personne formidable que la vie n’avait pas épargné. Une personne qui avait eu raison sur cette dernière et qui méritait simplement de pouvoir avancer pour ainsi survivre aux pertes qu’il avait pu connaître.

L’espoir l’habitait encore au moment où elle reconnaissait ce désir quasi obligatoire qu’il pouvait avoir lorsqu’il parlait. Même si leurs retrouvailles n’étaient pas encore au stade de permettre à l’un comme à l’autre de se connaître sur le bout des doigts, la blonde décelait, néanmoins une de ses attentions particulières veillant à ramener un semblant de normalité à la situation. Espoir qui ne cessait de grandir à mesure que l’humour se frayait un chemin parmi l’épais brouillard de désespoir et tendait à leur faire prendre conscience d’une éclaircie. Cependant cette dernière fut de très courte durée au moment où ses yeux rejoignirent ce regard triste. Impuissante devant ce constant, la colère de l’artiste allait au-delà de ses entendements. Si seulement, elle pouvait faire quelque chose pour retrouver cette étincelle qu’elle avait pu déjà croiser lors de leur première rencontre. Son honnêteté tendit à laisser exprimer des mimiques qui essayèrent de transmettre une compassion franche et sincère en direction du pompier. Et ce même si le sujet en question aurait pu prêter à rire. « J’ai bossé dans un parc d’attractions quand j’étais jeune. » Un sourire amusé était en train de naître sur le coin de ses lèvres avant qu’elle n’en vienne à relever ses yeux d’une manière excédée. « God j’parle comme une vieille… Quand j’étais jeune. » Un éclat de rire ne tarda pas à se joindre à cette conversation alors qu’elle laissait libre court à sa parole pour que peut être Grand Chef puisse trouver ici une occasion de se moquer et donc d’oublier un peu sa peine. « Dans mes jeunes années, quand j’rejoignais mon père à San Francisco, j’devais bosser et y avait le parc d’attractions à côté d’la plage. C’tait pas mal c’te époque et puis c’là que j’ai découvert les fameux churros. » Elle tenta de lancer un rapide coup d’œil en direction de son ami pour vérifier des expressions de son visage avant de hausser ses épaules à son tour et de mimer une nostalgie exagérée sur le pourtour de ses lèvres. « J’aimais bien c’temps en fait. » rajouta t-elle avant de finalement continuer le chemin qui les ramenait petit à petit en direction de leur rédemption. Pourtant, le silence qui habitait l’espace lui parut quelque peu étrange. Pareil à ce poids qui surchargeait toujours les épaules les plus meurtries pour ainsi leur faire croire que l’ombre prenait le dessus. Les intentions de la jeune fille n’en devinrent que plus équivoques au moment où ce constat battait de son plein, lui révélant cet air mêlant aussi bien le maussade que l’indifférence dans le regard émacié du jeune homme. Sans plus attendre, elle ne put refreiner son geste. Révélateur de ce rôle qu’elle désirait jouer pour lui, celui là même qui leur permettait ainsi de s’apercevoir que le monde n’était pas aussi noir qu’il voulait bien le paraître. « C’est beau hein ? »rétorqua t-elle de cette voix amusée alors qu’elle plissait à son tour ses yeux devant le visage de son ami. Mais bien vite, sa tête se mit à hocher violemment de droite à gauche devant cette inquiétude qu’elle ne voulait pas faire naître chez lui. « T’inquiète j’ai pas b’soin d’mes yeux pour voir d’toute facon. » plaisanta t-elle-même si la réalité de ses dires était bien vraie. Voir était une capacité que la majorité des êtres partageaient néanmoins les perspectives qui s’en dégageaient en étaient toujours différentes d’un regard à l’autre. Suffisait-il, par exemple, d’avoir le sens de la vue pour percevoir la peine dans le son de la voix de son ami ? Définitivement non et Anthea préférait que ce geste n’en devienne que plus équivoque pour Llewyn alors qu’elle lui dévoilait bien à quel point elle appréciait. Un ami était une personne sur qui il se fallait de veiller et ce qu’importe les circonstances dans lesquelles ils se trouvaient actuellement. Aussi, un peu de soleil ne lui ferait pas de mal, ou plutôt ne leur ferait pas de mal à tous les deux. Son sourire grandissait déjà alors que les diverses attitudes qu’ils veillaient à partager lui permettaient de comprendre qu’il était heureux d’être ici, ou du moins qu’il voulait bien laisser lui laisser une chance. « Au musée historique. En fait c’est une sortie organisée avec l’prof d’histoire, c’pour… » Un arrêt s’en suivit alors que sa conversation avec Jordan lui revint à mémoire. «… leur changer les idées mais pas que. En fait on a appris qu’une d’nos élèves avaient des soucis chez elle et on s’est dit qu’ce serait un bon moyen pour arriver à la faire parler. » Instinctivement le regard de la jeune fille s’abaissa, trouvant refuge sur le sable qui jonchait là juste devant eux alors que sa bouche se refermait pour pincer ses lèvres dans un air dubitatif. Beatrice l’inquiétait beaucoup, aussi, elle espérait que cette sortie puisse être une clé de plus pour lui venir en aide. Mais bien vite ses tourments furent chassés devant les justifications qu’elle entendait. « Mais t’as fini oui ! » s’offusqua t-elle en redressant son regard et en arquant un de ses sourcils pour exprimer un air blasé. « Si j’suis là c’est parce que j’le veux mais si tu continues ça va m’saouler et là j’partirai. » Comme à son habitude, Anthea n’avait pu retenir ses dires, même si le message qu’elle délivrait était chargé d’une réelle intention de rester là où elle se trouvait, à savoir avec Grand Chef.

Pour rien au monde elle n’aurait désiré échanger sa place pour être ailleurs, pas alors qu’il avait besoin d’elle et qu’il tentait tant bien que mal de vaincre les démons qui le hantaient. Il lui semblait même en déceler un dans cette description qu’il lui donnait. « T’sais des fois faut un peu d’folie pour avoir un éclair d’génie. » Un sourire entendu vint à naître sur ses lèvres, veillant ainsi à effacer toute gêne ou malaise qui auraient pu vouloir s’immiscer dans cette conversation. Anthea voulait simplement prouver à Llewyn qu’elle ne le jugeait pas et qu’elle resterait présente autant qu’il le désirerait. « Et donc… t’as mis combien d’temps avant d’piquer du nez ? » s’amusa t-elle en ne retenant pas le rire qui naissait déjà. Mais pourtant, elle se calma bien vite au moment où ils arrivèrent à bon port dès l’instant où elle reconnu ce petit monticule sur lequel elle s’installait bien souvent pour admirer le paysage. Bien entendu, son sourire resta présent, surtout au moment où le pompier lui demandait ce genre d’informations qui visait à lui faire croire qu’elle l’intéressait un minimum. « C’est ici ouais. » Cette fois-ci elle hochait sa tête de haut en bas d’une manière déterminée avant de tendre sa main à son ami pour ainsi l’aider à s’installer. Tous deux en place, la gourmandise de la blonde était à son paroxysme, l’obligeant ainsi à devoir céder à cette tentation qui l’appelait depuis qu’elle tenait ce paquet en main. Elle roula des yeux devant les remarques de son ami et se contenta en simple réponse de mordre à pleine bouche dans le churros qu’elle tenait dans ses mains. Gourmande jusqu’au bout, son habitude de parler la bouche pleine n’en avait pas été oublié. Détail qu’elle partageait toujours avec sa grande sœur d’ailleurs. Et apparemment, Llewyn avait également les mêmes réactions que cette dernière en vue de cette réponse. Lui faisant signe d’attendre en levant sa main pour qu’elle puisse avaler ce gros morceau, ce ne fut que lorsqu’elle déglutit fortement qu’il peut avoir sa réponse. « J’peux pas m’en empêcher, faut toujours qu’je parle la bouche pleine pardon. » Ses épaules se relevèrent doucement pour s’affaisser comme pour exprimer cette évidence qu’elle ne changerait jamais et ce malgré les remontrances qu’elle pouvait entendre. Après tout, son père lui avait toujours dis qu’il fallait qu’elle se batte pour qui elle était et lui-même ne lui avait jamais rien dis concernant cette mauvaise habitude. Un nouvelle bouchée ne tarda pas à rejoindre la première alors que le silence battait à nouveau de son plein. Persuadée que ce dernier n’était que le résultat d’une dégustation, la jeune fille finit par laisser son regard se perdre sur l’horizon, profitant ainsi de l’environnement de manière générale. Les remous résonnaient plus loin, la bise les berçait doucement et déjà ses pensées se noyaient dans les vagues qui donnaient tout l’air d’être témoins de cette amitié. Cependant ce calme ne dura que quelques secondes, et au moment où Llewyn reprit la parole pour lui demander cette information, les yeux d’Anthea s’écarquillèrent, l’amenant à détourner vivement son regard pour le poser sur son ami. « FOIIII ??? » laissa t-elle échapper alors que le sens de la question montait difficilement à son cerveau. Est-ce qu’elle avait bien entendu aussi ? Elle s’empressa d’avaler ce qu’elle avait dans sa bouche tout en continuant de détailler le visage de Grand Chef l’air probablement bien bête. « Hein ? C’quoi c’te question ? Pourquoi tu parles d’ça ? C’est c’qui t’arrives ? C’est pour ça qu’ça va pas ? » Ses yeux alternaient à présent entre les iris du jeune homme pour essayer de trouver une réponse à cette révélation. « T’veux vraiment qu’je te réponde à c’te question ? » L’incompréhension devait probablement se lire sur son visage alors qu’elle sentait déjà l’injustice lui envoyer une belle baffe. « Deux s’condes ! » demanda t-elle avant de finalement plisser ses yeux, signe de sa réflexion devant les réponses qu’elle devait donner à son ami. Il avait besoin d’elle et même si la surprise était présente, elle se devait de la laisser de côté pour l’aider. « Tu d’mandes ça à miss j’fuis l’engag’ment, j’sais pas si tu t’rends compte. Mais mmh… j’crois que j’réagirai très mal enfin sur l’moment parce que tromper quelqu’un c’pas pardonnable pour moi. Y a tellement d’moyens d’être honnête qu’ça s’fait pas. » Est-ce qu’elle répondait comme elle le devait ? Ou est-ce qu’elle était tout bonnement en train de s’enfoncer dans le sable en prouvant à Llewyn qu’elle était incapable de lui remonter le moral. Essayant de retrouver un semblant de calme, la blonde finit par soupirer bruyamment tout en gardant son regard dans celui de Grand Chef. « C’ta femme c’est ça ? J’suis désolée qu’tu vives ça, c’est… j’ai même pas d’mot t’llement c’est déc’vant… » Son ton se voulait sincère, il l’était. « Comment tu te sens ? » Parce que c’était ça qui lui importait le plus, même si elle était en train de jurer intérieurement de refaire le portrait de sa femme. Mais ce qui comptait le plus restait et resterait pour toujours cet homme qui méritait bien plus que ce que la vie lui réservait.

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MessageSujet: Re: (Llewyn) It's another day of sun   (Llewyn) It's another day of sun EmptyLun 10 Juil - 16:21


Don't let them hit you, you deserve the best.

Un malheur n’arrive jamais seul. Ce n’est pas ce qui se dit dans la culture populaire ? Une phrase à la noix, une phrase comme ça, qui était devenue le crédo du jeune homme et ce malgré lui. Tout du moins c’est ce dont il était persuadé au vu des évènements récents. Cet enchainement malheureux de faits tous plus douloureux  les uns que les autres. Cette sorte d’escarre de douleur qui l’obligeait à faire un choix, s’y soumettre ou le surmonter. Cela n’avait rien de merveilleux. Au contraire, cela le repoussait même dans ses derniers retranchements. Pour l’instant, il n’arrivait pas encore à parler du traumatisme, encore moins à le dessiner ou le mettre en scène. En résumé il ne maitrisait aucunement l’émotion qui le débordait au moment du choc. La blessure était bien là, malgré ce qui paraissait être un semblant de cicatrisation en cours. Sa vie - le passé, le présent et le futur - lui apparaissait en ce jour sombre, comme une porte dont il aurait perdu la clef. Angoissant à souhait. Cette impression tronquait certainement son jugement. Vint finalement le moment où il se demanda, et si un malheur arrivait finalement seul ? Pourquoi fallait-il toujours qu’il y en ait plusieurs ? D’où venait cette croyance absurde ? Cette synchronicité l’aveuglait. A tel point qu’il en avait perdu son esprit rationnel. Une petite partie de lui – au fin fond de son être - osait pourtant croire que tout ce qui leur arrivait, n’était en fait qu’un seul et même long malheur. « Ce que moi j’en dis ? ». Et qu’en disait-il au juste ? Question tout à fait intéressante. A force de toujours faire passer les siens avant lui-même, Llewyn n’était même plus capable de prendre une décision, aussi simple soit-elle. Il ne savait plus rien de lui. L’Anglais s’était effacé au profit des autres – ou plutôt au détriment de lui-même - devenant aussi invisible qu’un courant d’air. Personne hormis Anthea ne se souciait de savoir ce dont il avait réellement envie. Cette simple question lui fit prendre conscience de ce fait au combien angoissant. Impossibilité de répondre. Le vide intégral. Pourtant, il pensait réellement se connaitre après toutes ces années. Mais plus le temps passait et plus il devait reconnaitre qu’il ne comprenait plus qui était cette personne, au nom de qui il agissait. Etait-ce pourtant dérangeant ? Ne valait-il pas mieux vivre la vie d’un inconnu ? Nouvelle question à laquelle il n’arriva pas à répondre. Llewyn était profondément perdu, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Il se doutait bien que quoiqu’il puisse faire, l’illusion d’un bonheur éventuel était vaine. Anthea avait bien remarqué que quelque chose clochait. Cette sortie n’était pas anodine et avait pour but de lui tirer les vers du nez. De le faire verbaliser peut-être bien. Mais tout ceci dans le but de le soulager. Pas de voyeurisme quelconque. Ce n’était pas le genre de l’artiste, du moins c’est ce qu’elle lui prouvait au fur et à mesure de leur apprentissage l’un de l’autre. « J’en dis que j’en sais rien… et c’est bien ça le plus triste. Mais j’aime bien le sable ! », finit-il par dire en haussant les épaules. Est-ce que cela avait la moindre importance qu’il étaye ses propos ? Le Pompier jugea que non. Sa vulnérabilité ressortait par tous les pores de son épiderme. Il allait de chute en chute, n’arrivant à se rattraper à rien, avant de finir par toucher le sol et de se briser la nuque. Funambule de l’extrême, bien plus habile qu’il n’aurait jamais pu le soupçonner. Tant bien que mal, l’Anglais essayait de garder les yeux rivés sur la mince corde qui soutenait ses pas et dont Anthea faisait en sorte que cette dernière soit la plus sécurisée possible.

Le rire de la blondinette le transperça, tel un aurore, lorsque le premier rayon de soleil traverse soudain la nuit et arrache le paysage à l'ombre. Elle arrivait à illuminer sa vie, rien que par sa simple présence – et un peu aussi par tous les efforts qu’elle mettait en exergue, pour lui arracher un sourire aussi mince soit-il. Et cela sembla fonctionner, durant quelques secondes au moins. Même si ses forces semblaient s’amenuiser au fur et à mesure de l’échange. Sa carapace pourtant si durement construite, se fendillait de part en part. Bientôt, il ne resterait plus grand-chose de lui, hormis peut-être une simple enveloppe qui s’envolerait bientôt dans le vent. Apparaitrait alors sans doute cette chrysalide, peut-être son véritable visage. Le véritable, celui qui lui dirait de cesser d’être simplement gentil, mais d’être vrai. D’être enfin lui-même. En attendant d’arriver à se retrouver ou se trouver, il reporta son attention sur son acolyte. La théorie qu’il venait d’avancer quant au fait que Thea était une adoratrice de parcs à sensation et autre joyeuseté, se révéla presque juste. Cela le fit sourire, parce que ce genre d’information était bien révélateur de la personnalité d’Anthea. Une douce rêveuse, libre comme l’air, tout comme pouvait l’être les wagons de certains manèges. « C’est vrai ? J’y étais presque alors ! Et je te vois bien travailler dans ce genre d’endroit. Ca colle bien avec le personnage… Dans tes jeunes années…. Tu ne fais pas ton âge… tu dois avoir une bonne crème anti-rides ! », la taquina-t-il. Il appréciait découvrir la jeune femme par le biais de ce genre d’anecdote. Sans doute en avait-elle des tonnes en stock. Mais visiblement, elle ne semblait pas encline à les partager, du moins pour l’instant. « San Francisco ne te manque pas trop ? Tu as revu ton père récemment ? ». Le pompier profita de cette perche tendue pour parler d’autre chose que de son cas. Ce sujet lui laissa quelques petites secondes de répit. Secondes durant lesquelles il laissa son regard vagabonder de ci, de là, aux alentours, tout en continuant de marcher à son rythme. Avant qu’elle ne décide qu’elle en avait déjà bien assez dit comme ça et que seul  le sujet Llewyn valait la peine. « T’as pas besoin de tes yeux pour voir... C’est bien une phrase d’artiste ça ! Et comment tu comptes terminer ces churros si tu ne vois rien ? En les ressentant avec tes doigts ? » Llewyn mettait là en avant le fait qu’il ne comprenait rien à l’art, mais qu’il essayait tout de même de percer le mystère. Certes il n’y avait nullement besoin d’avoir des yeux pour ressentir une émotion, la voir et l’imaginer. Imaginer ensuite une intention, celle-ci qui apparaitrait alors surement en image sur la rétine de l’individu. Sans doute quelque chose du genre. Le Pompier apprécia le geste de son amie - lorsqu'elle lui colla ses lunettes sur le nez - qui lui prouva par cette petite attention qu’elle veillait sur lui.

« J’espère que vous arriverez à la faire parler… et que ses soucis trouveront une solution ! Au moins, elle n’est pas seule, même si elle ne le sait peut-être pas encore ! ». A l’attitude d’Anthea, Llewyn put se rendre compte que ce cas de détresse l’attristait au plus haut point. Elle devait tenir tout particulièrement à cette élève, pour établir un plan d’action de « cette envergure ». Le Pompier espérait réellement qu’ils puissent la tirer du mauvais pas dans lequel elle se trouvait. D’ailleurs, il n’osa guère poser de questions. Si Anthea désirait parler un peu plus de cette élève, elle le ferait sans doute. Rapidement et comme à son habitude, le Pompier s’excusa presque d’exister. La réaction de l’artiste ne se fit guère attendre. La mine blasée qu’elle afficha alors le fit sourire. Ce n’était pas par hasard si elle restait à ses côtés et elle n’y était pas du tout obligée, Llewyn le savait bien. « Mais je sais bien ! Je plaisantais… ». La jeune femme lui offrit une fois de plus matière à réfléchir, avec cette nouvelle phrase énigmatique. La barrière entre le génie et la folie, était aussi fine que du papier à cigarette. A n’en pas douter, le Pompier avait toujours flirté avec cette barrière invisible. Bien difficile pour lui de savoir à quelle catégorie il appartenait. « Si tu avais mis quelques 10 minutes de plus, je pense que tu m’aurais retrouvé en train de dormir sur un banc ! ». A la suite de quoi il lui adressa un franc sourire. Un soupir d’aise ou peut-être de soulagement – il ne savait plus trop à ce stade – lui échappa alors qu’ils s’installaient sur le petit monticule préféré de la jeune artiste. Le lieu était apaisant et incitait au recueillement et à l’inspiration. Llewyn comprenait aisément pourquoi elle se plaisait à venir ici. « Je pourrais voir ce que tu as peint en venant sur la plage ? », demanda-t-il, alors avec sa curiosité habituelle, tout en passant une main dans le sable. Curiosité qui fut légèrement interrompue par un moment de gourmandise. Du moins, c’est surtout Anthea qui se laissa aller à manger les beignets, qu’elle enfourna avant de tenter de communiquer. Elle lui fit terriblement penser à une enfant à ce moment-là, désireuse de vouloir tout faire en même temps, manger et parler. Il attendit patiemment que la jeune femme termine ce qu’elle avait en bouche, pour avoir la traduction de la phrase énoncée quelques secondes plus tôt. Traduction qui ne tarda pas à arriver. Un léger sourire se grava sur les traits du Londonien. « Tant que tu t’étouffes pas, moi ça me va ! Heimlich avec le churros au sable, ça risque de gratter un peu ! Et puis j’ai pas spécialement envie de t’emmener aux urgences non plus… », plaisanta-t-il à moitié. Bien sûr il savait comment agir en cas d’étouffement, mais il se voyait mal accompagner son amie aux urgences, ce qui aurait impliqué le fait de conduire et ça clairement il n’y était pas encore prêt. Et puis sans prévenir, parce que le moment s’y prêtait certainement, il venait de lâcher sa patate chaude dans les mains d’Anthea. Visiblement, elle s’attendait à tout, sauf à cette question. En même temps, rien ne pouvait présager de cette interrogation. Quoique. Elle devait bien se douter que quelque chose clochait plus que de raison dans la vie du Pompier. Un tableau bien sombre qu’il était en train de lui dépeindre là, en une seule question. « Tu vas vraiment finir par t’étouffer… C’était pas le sujet du bac de cette année ? » laissa-t-il échapper sans trop savoir pourquoi, avant de finalement avouer « Ah non, je confonds avec ma propre vie… et oui, j’ai besoin d’y voir plus clair et de mettre un peu d’ordre dans mes idées ! ». Anthea aurait forcément un avis très tranché sur la question. Avis qui comptait beaucoup pour le Pompier, qui était incapable à l’heure actuelle d’y voir clair dans tout ce fatras. Il enlaça ses genoux de ses bras, tout en écoutant la réponse de l’artiste. Elle avait raison, tromper n’était pas pardonnable. « Oui, c’est bien à toi que je demande ça… On est d’accord sur ce point. C’est impardonnable et c’est pour ça que je suis à l’hôtel depuis… Pour éviter de lui vomir dessus, parce que ça me révulse ! Oui, celle-ci même, qui a promis de m’aimer à la vie à la mort… A croire qu’elle m’a enterré un peu trop tôt ! » Il esquissa une moue mi écœurée, mi attristée. La question de la jeune femme le fit réfléchir quelques secondes. « Comment je me sens… comme un cocu ! » et sans savoir pourquoi, il éclata de rire, alors que cela n’avait absolument rien de drôle. Il eût du mal à se calmer. Une larme roula sur sa joue, qu’il essuya avant d’enchérir « Dès que l’on aime vraiment quelqu’un, on ne peut s’empêcher de lui nuire, même si l’on veut le rendre heureux… Elle a ses raisons, même si je ne peux pas les comprendre et encore moins les accepter… Je suis à la fois fou de rage, à tel point que j’ai envie d’aller rendre une visite de courtoisie à cet enfoiré… mais je sais que ça finirait par la case prison… et je me sens aussi triste que lors du décès de mon fils… Cette trahison, elle fait mal ! Un mal de chien même... » en prononçant ces derniers mots, il serra un peu plus ses bras autour de ses genoux, comme pour se protéger.
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