|
| Auteur | Message |
---|
⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 693 ▹ points : 2 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava: afanen ; signa: afanen ; icons: chrysalis ▹ avatar : poots ▹ signe particulier : les yeux bleus percutants, les traces de brûlures visibles au niveau de son coude et sous le poignet gauche. le restant de la cicatrice s'étend du même côté, presque tout le long de ses côtes jusqu'au creux de ses reins, mais bon ça faut qu'elle se désape pour que d'autres le remarquent. les sons paraissent de plus en plus étouffés quand ils lui arrivent par la droite.
☽ ☾
| Sujet: wordless – sidney Mer 30 Nov - 0:16 | |
| Elle est dans un bon jour, qu’ils lui ont dit quand elle est arrivée y a pas cinq minutes. Ça fait deux jours qu’elle demande de vos nouvelles, qu’ils ajoutent. Elle ne nous parle toujours pas vraiment, mais elle sait très bien qui elle est et où elle est, précisent-ils en la détaillant avec curiosité comme si elle allait enfin répondre à leurs questions elle aussi. Ils espèrent peut-être encore que leur nouveau mutisme la poussera à s’ouvrir. Ils ont tort. Ils sont pas cons, ils se doutent bien que Gabrielle Valentine n’a pas un simple alzheimer précoce. Dani a dû leur dire qu’elle a subi quelques mauvais traitements, mais pour le reste, ils ont dû coudre la vérité tout seul avec ce qu’ils voyaient. Ils ont aussi vu que c’était la fille qui payait toutes les semaines, le droit à sa mère d’être en sécurité et “soignée”. Alors ils ont essayé un jour. C’était quand la première fois que vous avez ressenti le besoin de protéger votre mère ? Son silence de marbre a un peu plus cristallisé ses traits. Et depuis ils ne lui ont jamais reposé de questions. De toute façon, elle n’aurait pas su répondre. 10 ? 8 ans ? Ou avant ? Elle sait plus. Ça se confond depuis trop longtemps tout ça. Mais elle, elle a une question pour eux : est-ce qu’ils ont le droit de mentir comme ça alors que les gens payent pour être ici ? Non parce qu’elle était clairement pas dans un bon jour quand elle lui a sauté à la gorge et qu’elle lui a envoyé son poing dans la mâchoire. Elle lui a pas demandé si ça allait. Elle s’croit plutôt ailleurs qu’ici. Dani, elle, elle a reconnu l’ombré dans son regard. L’instinct offensif primaire nécessaire à sa défense. Celui qui ressortait toujours dès lors que son mari les approchait pendant toutes ces années de fuite. Elle a vu les traits du père dans ceux de sa fille et elle a attaqué. C’est la première fois que ça arrive. Alors ils peuvent lui expliquer en quoi, c’est un bon jour ?! En quoi elle va mieux ?! Elle est pas experte dans l’épanchement des sentiments ou dans n’importe quelles autres pathologies bien moisies, mais c’est plutôt évident qu’il y a un truc qui va pas là. Et si elle avait pu, Dani aurait sorti sa mère de là. Mais un corps sédaté, c’est pas facile à trainer. Si ça avait été un bon jour, elles auraient discuté normalement. Dani lui aurait menti sur sa vie et Gabrielle s’en serait doutée. Si ça avait été un mauvais jour, Gabrielle ne l’aurait reconnue qu’à moitié et Dani aurait prétendu que ça ne lui faisait rien d’être transparente pour la seule constante de sa vie. Mais puisqu’aujourd’hui, c’est pire qu’un mauvais jour, bah faut encore plus prendre sur soi, non ? Elle s’est faite violence pour pas saccager leurs bureaux pendant qu’ils s’évertuaient à vouloir glacer sa joue. Elle a rongé ses menaces assassines quand ils ont essayé de lui expliquer que personne n’aurait pu prédire une telle réaction. Et elle sait pas c’qui est le plus difficile à avaler : que quand elle demande finalement un peu d’aide, ça empire ou que celle qui a perdu toute sa vie à la protéger essaye aujourd’hui de l’étrangler ? Au moins, elle sera pas restée longtemps dans cet endroit puant. En même pas quinze minutes, c’était réglé. Elle déteste cette odeur d’enfermé qui s’installe dans les plis d’ses vêtements, dans ses cheveux. Ça lui file le vertige et aujourd’hui, elle se rue un peu plus vite à l’extérieur du bâtiment pour pas s’asphyxier. Du moins c’est c’qu’elle croit. Peut-être qu’elle va devoir fuir sa mère maintenant ? Rien que penser à cette idée accentue le frémissement d’ses organes. Elle entend pas le médecin la héler pour qu’ils discutent de ce qui vient de se passer. Elle regarde pas avant de traverser pour tracer de l’autre côté, vers l’espèce de zone inhabitée où des touffes de gazon s’battent en duel avec le béton. C’est son raccourci habituel. Jamais passer par les grands axes. Quitte à marcher des kilomètres en plus. C’est pas grave. Elle vrille à droite si rapidement qu’elle passe devant le même clodo que tout à l’heure sans l’voir. Certainement le même que toutes les autres fois. Celui qui doit certainement s’faufiler en s’cred dans l’centre pour piquer dans la pharmacie. Peu importe. Elle s’est arrêtée brusquement. Elle observe ses mains trembler comme si c’était la première fois, alors elle les change en poings, crispent et décrispent. Elle a tellement d’énergie dans le sang qu’elle ne peut pas supporter l’idée d’être immobile. Inconsciemment, elle se remet en mouvement, traçant des cercles comme un animal en cage. Faut qu’elle trouve quelque chose sur quoi se concentrer. Le poids des mains de sa mère pèse encore sur sa gorge, sa voix hystérique la brise presque encore jusqu’à ce qu’un éclair de rage l’emporte. Comme une détonation, elle fait exploser c’qui lui passe sous les mains. Des bouts de briques et des restes de pots d’fleurs, des traces d’une ancienne vie normale qui aurait eu lieu ici. Elle fait tout valser contre le muret le plus proche, dans un vrac de roches délaissé. Visage tordu par une sourde colère. Elle a cette furie au fond des yeux, hurlante. Assurant que malgré le manque d’air qui pourrait la tuer, dans son dernier souffle, elle s’obstinerait, elle enverrait quand même le monde se faire foutre ! Encore faudrait-il que le monde arrête de bouger. Y a ce mouvement qu’elle avait pas anticipé. Ça la fige. Elle découvre la tête du zonard, du dealer or whatever. Ils s’dévisagent en chien de faïence. Mais ça a eu l’effet de trancher dans l’vif de son courroux. Elle a bien eu envie de lui sortir un “qu’est-ce que tu regardes comme ça ?!” tout en heurtant son cahier merdique, comme une p’tite brute des cours de récré. Mais sa voix s’est étouffée toute seule dans un picotement blessant. Coincée entre ce qu’elle sait, ignore et ce qu’elle ressent, elle préfère l’ignorer l’temps d’se calmer, le temps de renterrer son chaos sous ses pas. Tourner en rond, avancer puis reculer, sans un mot, c’est un peu l'squelette de son histoire.
|
| | |
Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Mar 6 Déc - 17:18 | |
| Sid tourne en rond. Encore et encore, comme chaque fois qu'il vient se planter là, comme chaque fois qu'il se dit qu'il va le faire. Il va passer les portes, passer l'accueil, déambuler dans les couloirs et avancer jusqu'à sa mère. Il va y arriver. Il va la voir. Il y croit. Jusqu'à c'que son corps devienne lourd comme un bloc de béton, que ses pieds s'ancrent dans le sol pour l'empêcher d'avancer, qu'une enclume pèse dans ses entrailles pour mieux lui donner envie de chialer. Il reste planté devant l'établissement pendant de longues minutes, et puis il tourne. Il peut pas entrer. Il peut pas et ça l'rend dingue, ça lui donne la nausée, ça l'énerve autant que ça lui brise le cœur. Il s'en veut d'être lâche, il s'en veut de n'avoir aucun courage. Peut-être qu'il devrait demander de l'aide. Peut-être qu'il devrait demander à son père de trouver l'temps pour venir avec lui – mais même ça il sait que ça suffirait pas. Ça marcherait pas. Il pourrait demander à Mads aussi, mais il veut pas. Il veut pas avouer combien il est pathétique, il veut pas qu'elle le voie comme ça, il veut pas qu'elle ait pitié de sa faiblesse apparente et qu'elle se dise qu'il n'est qu'un raté. Alors il prend sur lui. Il rumine seul, et il continue son petit manège inlassablement. Il vient régulièrement, et ça le soulage un peu, il se dit qu'il fait au moins l'effort de venir. Que tout n'est pas perdu. Qu'il n'est pas le pire fils de l'univers, parce qu'il persiste à se pointer même s'il n'entre jamais, parce qu'il fait la démarche même s'il ne trouve jamais la volonté d'aller jusqu'au bout. Trop peur de la voir là-dedans, trop peur qu'elle fasse une crise comme celles auxquelles il a assisté toute son enfance, trop peur de s'écrouler face à elle. Il a sept ans, il est mort de trouille, il a les mains qui tremblent et les yeux humides. Il a douze ans, il est complètement dépassé, il a la panique dans les veines et une boule dans la gorge. Il a dix-huit ans, il est submergé par la culpabilité, il a le cœur lourd et le regard fuyant. Il a vingt-quatre ans, il est terrassé par l'ombre du bâtiment, il a les épaules affaissées et les traits fatigués. Il peut pas. Ça lui fait mal, d'être là, d'avoir l'impression que tout va s'effondrer sur sa carcasse pour l'avaler tout entier. Ça lui fait mal mais il en a besoin. Même quand ça lui donne envie de pleurer, de hurler, de tout casser ; même quand il donnerait tout pour pouvoir oublier, pour ne plus avoir à se sentir minable. Même quand il en crève, même quand il se traîne sur le chemin du retour pour mieux noyer ses larmes au fond d'une bouteille. Même quand les sanglots retenus dans sa gorge le font suffoquer, même quand il oublie comment on fait pour respirer. Il en a besoin. Pas pour rien qu'il continue de venir. À croire que ça lui plaît de souffrir.
Il finit par se caler en retrait, pour ne plus avoir l'objet de sa torture juste en face de lui. Et il sort son cahier, un stylo, avant d'se mettre à gribouiller. Il réfléchit pas trop à ce qu'il fait, il trace des traits qui ressemblent à rien, qui reflètent juste son état d'esprit. Y a une silhouette qui passe devant lui et qui lui fait relever la tête, parce que c'est pas la première fois qu'il la voit. Elle vient souvent là – alors qu'il zone devant la bâtisse comme une âme en peine, elle y entre chaque fois. Elle a cette allure sauvage et c'regard farouche, qui ont un peu attiré son attention. Parce que c'est intéressant à dessiner, parce qu'elle a des airs de guerrière et que ça l'fait penser aux personnages qu'il aime coucher sur le papier. Alors même si c'est fugace, même s'il l'a jamais vue d'assez près pour pouvoir bien distinguer ses traits puisqu'elle n'lui a jamais prêté la moindre attention, il se lance. Il reproduit sa silhouette élancée, qu'il trouve un peu féline ; sa crinière de lionne qui lui donne cette aura indomptable ; et il brode pour le reste. Des yeux en amande, un regard sombre, des traits fins mais pas fragiles. Il invente pour le nez, pour la bouche, parce qu'il sait pas, parce qu'il se souvient pas quelle forme ils ont. Il se concentre surtout sur ce qu'elle dégage, sur ce qu'il imagine d'elle. Il la dessine comme il la perçoit, et même si c'est pas une copie conforme, c'est suffisant pour qu'on puisse la reconnaître. Toute son animosité et sa dignité suintent à travers la feuille. Et il est surpris quand il la voit revenir plus vite que d'habitude, quand elle s'arrête en regardant ses mains comme s'il s'agissait de grenades qu'elle venait de dégoupiller. Il reste campé dans son coin, à l'observer alors qu'elle n'a même pas l'air de le remarquer. Il a l'impression d'la voir craquer, se fissurer. Elle se met à ramasser des trucs et à les envoyer valser sur le muret en face, dans un fracas qui résonne jusqu'au creux d'la cage thoracique de Sid. La lionne devient furie et il finit par se relever en silence, perchant son stylo sur son oreille, gardant son cahier à la main. C'est dangereux, de s'approcher. Il a un peu peur qu'elle lui saute dessus et qu'elle lui tranche la jugulaire, mais il peut pas s'en empêcher – comme si derrière toute cette agressivité, il percevait autre chose, un truc qui fait écho à ce qu'il ressent. Il avance prudemment et elle se fige, avant d'se tourner vers lui. Leurs regards se croisent et il déglutit, un peu inquiet. Mais elle bronche pas. Elle ne dit rien, se contente de le fixer, et ça le rassure un peu ; il prend ça comme un signe qu'elle ne le voit pas comme une menace. Pas pour l'instant. « Euh... Je... Ça va ? » Il bredouille, un peu maladroit, sans trop savoir comment la prendre de peur d'éveiller son courroux à nouveau. Il a pas franchement envie de finir comme les pots qu'elle a fracassés. « Désolé, c'est juste que j'vous regarde depuis tout à l'heure, et vous avez l'air un peu... » À cran ? Enragée ? Il sait pas quoi dire pour pas la vexer, putain, c'est trop compliqué d'être face à une bête furieuse. « Enfin vous voyez. » Il sait pas si elle voit, mais il espère quand même. Il espère surtout qu'elle va pas lui en retourner une dans la tronche. Du coup, il crispe un peu les doigts autour de son cahier, comme pour se rassurer, comme pour avoir un truc auquel se raccrocher. Même pas foutu de camoufler sa nervosité. |
| | |
⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 693 ▹ points : 2 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava: afanen ; signa: afanen ; icons: chrysalis ▹ avatar : poots ▹ signe particulier : les yeux bleus percutants, les traces de brûlures visibles au niveau de son coude et sous le poignet gauche. le restant de la cicatrice s'étend du même côté, presque tout le long de ses côtes jusqu'au creux de ses reins, mais bon ça faut qu'elle se désape pour que d'autres le remarquent. les sons paraissent de plus en plus étouffés quand ils lui arrivent par la droite.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Mer 7 Déc - 23:26 | |
| “Euh... Je... Ça va ?” Ses yeux se plissent, l’ombre de l’iris se fait abysse. Concentrée. Fixée. Sur lui. Pas sur la question qu’elle n’a pas entendu. Non dans sa tête ça défile. Plop. Ça estime. Plop. Le degré de menace, les probabilités de se faire agresser. Les manoeuvres à enchaîner pour se sauver sans perdre une griffe. Tout est passé au crible en quelques secondes. Secondes qu’elle a réduites en miettes comme si elle écrasait une simple biscotte. Miettes sous ses mains. Y a du sang qui s’y mélange. Perles carmines. C’est plus du pain grillé mais de la chair souillée. Les flashs d’une rixe de rue. Des souvenirs en lueur qui viennent troubler l’image du présent. Parce que la colère qui a jailli ici... c’est la même que celle qu’elle lâche volontairement pour s’faire quelques billets. C ‘est son essence. Et ça s’est confondu. Elle s’est absentée. Toujours pour quelques miettes de s’condes. L’obligeant à papillonner pour mieux discerner la silhouette face à elle. Elle l’aperçoit enfin. Celui qui n’était qu’un walou, un rien. Comme tous ces gens qu’on croise tous les jours sans voir. On peut pas dire qu’il impose, il a pas une carure de baobab, mais il est là. Bonhomme échoué là. Elle voit les nervures de son corps. La tension saillante. “Désolé, c'est juste que j'vous regarde depuis tout à l'heure, et vous avez l'air un peu...” Elle tique. Son visage se chiffonne en entendant le “vous”. Hormis à travers la politesse glacée de Søren, peu de gens s’adresse à elle de cette façon. Mais ça a le mérite de la détendre un peu. “Enfin vous voyez.” Ou peut-être est-ce parce qu’il a l’air aussi largué qu’elle ? Ça la rassure. Mais elle n’a toujours pas décoché un mot, ni même un son. Il a fait taire sa hargne. Et elle, elle finit par s’en laver les mains, les frottant littéralement contre son jean pour essuyer la terre et la peine.
“J’vois bien ouais.” Elle le fixe encore un peu. De sa vision, c’est lui la bête curieuse. Alors la méfiance prend le dessus -têtue comme une mule et elle recule d’un petit pas. “Désolée j’t’avais pas vu.” Et maintenant sa colère cogne à l’intérieur, contre elle. Elle aurait pas dû s’laisser aller. Elle aurait dû s’contrôler. Mais dès qu’elle essaye d’ravaler la boule dans sa gorge, ça fait mal. Elle a eu peur là-bas. Pas d’son sort. Mais que plus tard, dans un éclair de lucidité révélant un souvenir occulté, sa mère se revoit à essayer de lui tordre le cou. Ouais parfois, Dani aime savoir que sa mère peut oublier même si ça veut dire qu’elle-même ne fait plus partie d’ce vécu. Et parfois ça la paralyse d’savoir qu’il y aura qu’elle pour témoigner au procès d’cet enfoiré. Qu’elle sera la seule à mettre du poids dans la balance d’son jugement dernier, mais qu’elle est aussi seule à porter c’poids. Alors ouais, la laisser là, dans c’cube de béton où folies et peurs s’emmêlent salement, c’est facile. Et elle préfère s’dire qu’ils soignent pas forcément des cas graves, qu’ils s’occupent de trucs minimes, d’ichthyophobie ou de conneries d’ce genre, et que sa mère est comme tous les autres patients. Ça serait pas mal d’être comme les autres quelques fois. Sauf que non. Elle a pas l’droit. Elle peut pas. C’est pas permis. Elle a un plan à mener, une revanche à tenir, une vengeance à faire tomber. Et personne l’arrêtera. Surtout pas lui. Ses yeux chutent sur ses mains, le carnet, le croquis, son visage. Des traits qui la font encore parfois vomir parce que c’est c’qu’il lui dictait d’éprouver pour son propre reflet. Et y a ses ombres qui se froissent à nouveau sur elle, referment leurs serres. Vision, réaction. Son bras contre sa trachée. “T’es qui ? Qu’est-ce que tu veux ? Pourquoi t’as mon portrait ? Depuis quand tu m’surveilles ? Combien il te paye ?!” La menace donne le ton, le rythme à chaque question frappée. Son dos contre le béton. Tambour battant dans ces tympans. Paranoïa griffée dans les veines. Fracture dans les yeux. “QU’EST-CE QUE TU SAIS ?! QU’EST-CE QUE TU LUI AS DIT ?!”
|
| | |
Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Mar 13 Déc - 19:18 | |
| Elle le jauge et il a l'impression de s'faire passer aux rayons X, comme si elle était en train d'évaluer le degré de menace qu'il peut représenter, comme si cette analyse était sur l'point de sceller son destin. Peut-être qu'elle va le bouffer. Peut-être qu'elle va le laisser en paix. Il en sait foutrement rien mais c'est pas franchement rassurant comme comportement, et il ose plus bouger – il s'demande même s'il a encore le droit de respirer. Mais faut croire qu'il passe le test avec brio ou presque, parce qu'elle ne bronche pas vraiment. Elle répond pas mais elle le tue pas, alors c'est déjà pas mal. Il l'observe s'essuyer les mains en silence, se demandant s'il a finalement réussi à désamorcer la bombe avant qu'elle ne lui explose à la gueule, avant de se faire réduire en charpie. « J’vois bien ouais. » Si elle voit, c'est mieux que rien. C'est que même s'il s'exprime trop maladroitement, elle a plus ou moins compris ce qu'il voulait dire. « Désolée j’t’avais pas vu. » Il s'attendait pas à ce qu'elle s'excuse. Il était préparé à la voir bondir, à sentir ses griffes s'enfoncer dans sa chair, à devoir s'défendre parce qu'il a été trop con en s'approchant d'une bête féroce. Mais non. Elle le prend de cours en balançant qu'elle est désolée et il peut pas s'empêcher de hausser les sourcils en la dévisageant. « Oh, euh... Pas grave hein, t'inquiètes. » Ça l'dérange pas vraiment, quand on le voit pas. Il préfère ça plutôt qu'avoir toute l'attention du monde tournée sur sa personne alors c'est pas comme s'il comptait lui faire le moindre reproche à ce sujet. À la place, il esquisse un sourire avenant, quand même un peu hésitant. Il veut lui montrer qu'elle a vu juste, qu'il a rien de dangereux et qu'elle a pas besoin de s'méfier de lui. « Tant que tu me confonds pas avec tous les pots que tu viens de défoncer, tout va bien. » Il rigole à moitié, pour montrer qu'il blague et qu'il tente de détendre un peu l'atmosphère, parce que la tension de la donzelle est toujours aussi palpable dans l'air. Tellement que ça le rend particulièrement nerveux. Et qu'il se dit que sa vanne était peut-être pas une si bonne idée, finalement. Surtout quand il voit les ombres passer sur son visage. Il comprend pas Sid – il voit pas qu'elle a baissé les yeux sur son cahier, qu'elle a reconnu ses propres traits. Il sait pas ce qui se passe quand il sent un bras lui barrer la gorge d'un coup, lâchant tout ce qu'il tient sous le coup de la surprise, laissant même échapper un hoquet stupéfait. « T’es qui ? Qu’est-ce que tu veux ? Pourquoi t’as mon portrait ? Depuis quand tu m’surveilles ? Combien il te paye ?! » Les questions se succèdent sans qu'il n'en saisisse aucune, et surtout sans qu'il n'ait le temps de réfléchir à la moindre réponse. Il est totalement perdu face à ce revirement de situation, lui qui croyait pourtant avoir évité le pire. Il s'retrouve plaqué contre le muret, forcé d'admettre qu'elle a une sacrée force, la tigresse. Il aimerait vraiment tenter de s'en défaire, mais il a un peu peur d'y laisser sa jugulaire. Du coup, il s'immobilise et retient son souffle. Instinct de survie oblige.
« QU’EST-CE QUE TU SAIS ?! QU’EST-CE QUE TU LUI AS DIT ?! » Panique à bord. Il sait pas si elle fait une crise quelconque, si elle pète complètement les plombs, si elle est sous l'effet d'une substance inconnue. Il sait pas ce qui a déclenché une telle paranoïa chez elle, mais il n'a pas la moindre idée de qui est ce lui, et il est pas sûr de vouloir le découvrir. Il regrette amèrement de s'être levé, d'avoir voulu l'approcher, lui parler. Il aurait mieux fait d'se tirer dès qu'il l'a vu commencer à balancer des trucs comme une enragée. « WOH WOH ! Du calme, du calme, respire ! » Enfin pour le coup, c'est surtout lui qui voudrait respirer, plutôt que d'se sentir suffoquer sous l'étau de sa poigne. Il lève les mains en signe de paix, lui présentant ses paumes pour montrer combien il est inoffensif. « Je sais absolument pas de quoi ou de qui tu parles. » Son ton est posé, comme s'il espérait que ça suffise à l'apaiser. Comme s'il tentait de lui communiquer un peu de calme, pour qu'elle évite de lui arracher la tête tout de suite. « Je m'appelle Sid, je te connais pas, et je crois que j'aimerais mieux que ça reste comme ça finalement. » Il grimace un peu, parce qu'il est pas sûr que ça soit la meilleure chose à dire. Mais faut l'excuser, son myocarde s'affole et ses neurones pédalent dans le vide, il sait pas trop comment se sortir de ce mauvais pas. Elle a l'air de le prendre pour un espèce de stalker, pour un type qui la surveille ou il n'sait trop quoi, juste parce qu'il l'a dessinée. C'est pas pour rien qu'il veut jamais montrer ses œuvres à ses modèles – il a toujours peur de passer pour un psychopathe, comme là. « Le portrait, c'est, euh... C'est juste que j'aime bien dessiner des gens au hasard, et j'te vois souvent venir ici, donc aujourd'hui c'est tombé sur toi. Pardon. » Il gigote un peu, mal à l'aise, autant vis-à-vis de la situation que de sa position, qui le fait se sentir un peu trop à l'étroit. « J'suis pas un stalker hein, je sais pas qui t'es, je te suis pas ni rien, promis. Personne me paie. » L'air un peu penaud, il plonge ses prunelles dans les siennes, intimidé par le brasier qu'il perçoit là-dedans. Ça le rassure toujours pas. « Du coup j'aimerais bien que tu me lâches, s'te plaît ? » Il amène une main sur le bras de la sauvage, sans forcer ni la presser, juste pour le tenir doucement et l'inviter à lâcher prise. Sinon, il craint qu'elle se mette à appuyer jusqu'à ce qu'un truc se brise. |
| | |
⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 693 ▹ points : 2 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava: afanen ; signa: afanen ; icons: chrysalis ▹ avatar : poots ▹ signe particulier : les yeux bleus percutants, les traces de brûlures visibles au niveau de son coude et sous le poignet gauche. le restant de la cicatrice s'étend du même côté, presque tout le long de ses côtes jusqu'au creux de ses reins, mais bon ça faut qu'elle se désape pour que d'autres le remarquent. les sons paraissent de plus en plus étouffés quand ils lui arrivent par la droite.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Mar 3 Jan - 17:35 | |
| “Tant que tu me confonds pas avec tous les pots que tu viens de défoncer, tout va bien.” Elle le regarde rire avec une absence d’émotions percutante. Au moins elle ne dénigre pas son humour. Mais c’est qu’elle n’est pas vraiment connectée à la même réalité. Y a toujours un décalage. Y a des basiques qu’elle a jamais connus. Et c’est certain que le chaud et le froid qu’elle crache comme un dragon n’aide pas, peut effrayer. Normal que personne ne cherche à l’accoutumer à quoique ce soit d’autre ou à la sortir de son quotidien. Et peut-être que c’est certain aussi… que dans son crâne, ça tourne pas rond. C’est sûr même. Les pensées en ellipses. Quand elle l’assomme de questions qui n’ont de sens que pour elle. Quand elle ne sait plus quel instinct croire. Est-ce qu’elle est censée boire ses paroles et pas l’casser juste parce qu’il dit ce qu’il faudrait qu’elle entende ? Juste parce qu’il a l’air d’un paumé, peut-être même d’un looser ? Non. Sans façon. Elle peut pas se faire avoir. Mais d’un autre côté, c’est pas dans les habitudes du patriarche. Il traite pas avec les merdeux. Il a besoin de plus d’influence, de plus de puissance pour faire pression. Et un gamin comme lui, il est rien. Il est la victime parfaite d’un meurtre comme il y en a des milliers chaque jour dans les ruelles sombres et citadines. Elle aurait aucun mal à sortir la lame cachée dans son blouson pour en finir vite. Elle a la même tendance que lui, à classer les gens selon leur propension à se briser sous leurs mains. Mais elle s’croit pas forcément comme son père, toujours en haut de la chaîne alimentaire. Elle est censée mieux juger. Parce qu’elle sait qu’elle est aussi brisable que n’importe qui. Elle le sait très bien. Jusqu’où et comment, elle sait, elle s’connaît. Même si elle cherche aussi à fracturer ses limites un peu plus à chaque occasion donnée. Mais là, entre les mots et les gestes innocents de ce mec et le sang qui tape trop dans ses tympans, ses yeux qui bondissent sur le moindre de ses mouvements comme un réflexe, Dani perçoit petit à petit l’erreur. Il est pas là il est pas là et pourtant il a la main-mise sur toi. Pathétique, pathétique. C’est pas un simple brasier dans son crâne, c’est le feu d’un enfer auto-destructeur. Elle le sait qu’elle est parano, il le faut, ça leur a permis de survivre jusque-là, mais parfois ça dérape trop. Son visage se tord à nouveau. Elle sait pas quoi croire. Elle l’entend presque pas quand il lui dit de respirer, de se calmer, quand il lui dit son prénom, qu’il ne sait pas de quoi elle parle, que le portrait c’est juste ce qu’il fait et que c’est pas un espion. Elle se sent juste pas en sécurité. La forme solide d’un flingue sous son oreiller, d’un canif contre ses côtes, ça c’est la rassurance. Mais elle sent aussi son pouls à lui taper un sprint, et ce rush, cette résonance qui ne lui appartient pas, ça commence à faire descendre sa tension. Comme si voir la panique et la peur se frayer un chemin chez les autres pouvait annihiler ces émotions d’elle. “Du coup j'aimerais bien que tu me lâches, s'te plaît ?” Son regard suit la main qui se pose sur son bras. Le contact. Léger. Sans mauvaise intention aucune. Elle oublie souvent ce que c’est. Que c’est pas toujours pour mener un tour de force, blesser. Elle fronce à nouveau les sourcils, en retrouvant ses esprits. Faut qu’elle apprenne à dépasser ce que la loi de son père lui a greffé dans les nerfs. C’est c’qu’elle veut. C’est pour ça qu’elle mène cette vie de fou. Présumé innocent. Bénéfice du tout. La mécanique de ses méninges se raccrochent à ses cours de droit pour trouver une ancre concrète, normale, réelle. Il a rendu sa mère folle et probablement qu’elle aussi. Peut-être pas totalement encore, mais c’est certain qu’elle doit paraître bien déglinguée quand elle recule doucement et se détache de Sid. Elle ne le croit toujours pas, mais elle baisse le volume de sa paranoïa. Une, deux, trois secondes passent. Elle le scrute pour diluer l’ombre qu’elle lui a mis sur les épaules. Puis récupère le carnet de croquis pour l’examiner. Il disait vrai alors ? Des dizaines de portraits noircissent les pages qu’elle fait défiler. Ce simple fait vérifié lui permet d’éteindre tout ce qui lui cramait les nerfs jusque-là. La barricade se reforge aussi vite qu’elle est tombée. Et quand elle revient sur son propre portrait, la page est arrachée sans cérémonie. Le carnet est rendu calmement. Puis tout aussi froidement, Dani s’fait brûler. Briquet sorti, la flamme craque et le papier s’enflamme au bout de ses doigts dans la plus grande indifférence. “Apprends à mieux planquer tes dessins si tu veux pas que ça s’reproduise.” La voix plate, neutre, absente de toutes les choses qui l’ont fait vibrer ces dernières secondes. C’est comme si il ne s’était rien passé. “Et t’as bien raison de pas vouloir me connaître. Sid.” Pure vérité. Ça lui fait rien d’avouer. Ça lui fait rien de savoir qu’elle fait tout pour rester seule, en sécurité, sans avoir à perdre de temps, sans s’laisser distraire. “Tes instincts te trompent pas au moins...” Une excuse déguisée ? Dans tous les cas, la dureté de l’acier est à nouveau au fond des yeux. Regard jeté, fixé, ailleurs loin devant. Dani exige toujours beaucoup, même de ceux qu’elle ne fait que croiser. Elle place ses objectifs et ses standards impossiblement hauts and essaye de les atteindre avec tout ce qu’elle a. Aussi acharnée qu’impitoyable envers elle-même. Et elle ne comprend pas pourquoi les autres ne font pas de même. Elle pardonne pas. Elle s’pardonne pas. “Journée d’merde.”
|
| | |
Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Jeu 5 Jan - 22:02 | |
| Y a pas l'ombre d'un sourire sur ses traits, pas même dans son regard. Elle a l'air dure comme la pierre et Sid sait pas trop comment réagir, il sait pas comment percer à travers la roche sans se recevoir tous les éclats en pleine tête. Et sûrement qu'il a fait un truc qu'il fallait pas – peut-être un mot de trop, peut-être un geste mal interprété, peut-être juste sa gueule qui lui revient pas. Il en sait rien, il sait pas ce qui cause le revirement de situation mais il panique un peu. Il la connaît pas cette fille, il sait pas de quoi elle peut être capable et vu le spectacle dont il a été témoin un peu plus tôt, il craint le pire. P't'être bien qu'elle va le bouffer. Il a pas envie, il a l'impression qu'elle ne ferait qu'une bouchée de lui et ça l'inquiète autant que ça le désespère. Ça lui apprendra à ouvrir sa gueule et à parler aux gens qui sont tout sauf avenants. Faut croire que toutes ses mauvaises expériences ne suffisent pas à lui donner une leçon, peut-être même qu'il apprendra jamais, qui sait. Toujours est-il qu'il se retrouve coincé entre le mur et elle, un bras en travers de la gorge, la respiration laborieuse et le myocarde affolé. Elle s'énerve, elle balance des questions sans queue ni tête alors qu'il tente de la calmer maladroitement, dépassé par les événements. Il sait toujours pas ce qu'il a fait mais cette fois ça marche pas trop mal, parce qu'elle finit par le lâcher avant de reculer. Automatiquement, il porte ses mains à son cou pour le masser un peu, l'air devenant douloureux quand il s'engouffre jusqu'à ses poumons. « T'as une sacrée poigne. » Il a pas envie de tester plus que ce qu'elle vient de lui donner, merci. Son regard se pose sur elle avec précaution et on peut lire combien il est méfiant, combien il s'attend encore au pire. Les muscles tendus, clairement pas rassuré. Il l'observe prendre son cahier et il se fige alors qu'elle en arrache une page, devinant qu'il s'agit du portrait d'elle. Il a peur qu'elle se mette à tout arracher avant de faire pareil avec lui, mais non. Semblerait qu'elle soit calmée alors qu'elle lui rend son bien tranquillement, son air sauvage planqué derrière une armure en acier trempé, que Sid serait incapable de traverser sans encombres. Non pas qu'il en ait envie ; au contraire en fait. « Merci, je suppose. » Il attrape son cahier et s'y accroche fermement, comme s'il craignait qu'elle revienne le lui arracher pour faire un carnage. Et puis elle sort un briquet, et inconsciemment, il se plaque un peu plus contre le mur, comme s'il tentait de mettre toute la distance du monde entre elle et lui. Manquerait plus qu'elle pète un câble et qu'elle le foute au bûcher. Mais sa seule cible semble être le dessin, qui s'incendie sous leurs yeux. Le cœur de Sid se serre un peu, parce qu'il y a passé du temps, parce qu'il s'est appliqué, parce qu'il est blessé de voir son œuvre partir en fumée. « Apprends à mieux planquer tes dessins si tu veux pas que ça s’reproduise. » Le ton est presque monotone, comme si elle avait perdu l'éventail d'émotions qui l'ont secouée y a quelques minutes seulement. Sid se renfrogne, croisant les bras contre son torse. « Ouais, je dessinerai plus de pyromane. J'ai pas envie d'être ta prochaine cible. T'inquiètes, message reçu cinq sur cinq. » L'amertume est palpable dans sa voix, ça pue le reproche même s'il n'ose pas la blâmer ouvertement, de peur de s'attirer son courroux à nouveau. « Et t’as bien raison de pas vouloir me connaître. Sid. » C'est pas rassurant, d'entendre ça. Pourquoi, y a pire ? Elle planque quel genre de squelettes dans son placard ? Il veut pas savoir, mais il peut pas s'empêcher de s'interroger quand même. « Tes instincts te trompent pas au moins... » En même temps, difficile d'avoir un autre instinct que celui-ci face à quelqu'un qui vient plus ou moins de vous agresser. Ça non plus il ose pas lui dire, d'autant plus qu'elle a l'air de se radoucir un poil, et il voudrait pas tout gâcher. « Ça dépend des fois. » Faut dire qu'il a pas l'instinct de survie particulièrement développé non plus, ou en tous cas juste assez pour pas crever, mais pas suffisamment pour le garder éloigné de tous les dangers. C'est entre les deux, c'est un peu foireux – c'est à son image. « Journée d’merde. » Elle se détourne un peu de lui mais dans ses yeux y a un truc, comme une fêlure qu'on a coulé dans le béton mais qui reste visible, qui fait tache dans le décor. Il devrait se taire. Il devrait se barrer, tourner les talons et prier pour ne plus jamais la croiser. Mais c'est plus fort que lui. « Tu reviens de... là-bas ? » Il fait un mouvement de menton dans la direction de l'institution, sans la désigner clairement. Il sait qu'elle comprendra sûrement de quoi il parle, de toute façon. « Ça s'est mal passé ? » Il sait pas pourquoi il demande. Ils se connaissent pas, il a dit qu'il voulait pas la connaître et elle a sûrement aucune envie de lui dévoiler quoi que ce soit. Pourtant il a l'impression qu'y a un truc qui fait écho, dans la fêlure il voit un morceau de la sienne, il voit sa mère, il voit tout ce qu'il n'arrive pas à faire. Et ça fait un mal de chien. « Pardon, ça m'regarde pas. » Il lâche un soupir en baissant les yeux, calant son cahier entre son bras et son torse alors qu'il sort son paquet de clopes, en coinçant une entre ses lèvres avant de le tendre vers l'inconnue, au cas où elle en voudrait une. « C'est juste que je devrais y aller aussi, mais j'y arrive pas. Bref. Désolé. » Il s'excuse une seconde fois, sans réelle raison de le faire. Et il allume son bâton de nicotine, sourcils froncés, la frustration visible sur ses traits. C'est lassant, d'être victime de sa propre lâcheté. |
| | |
⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 693 ▹ points : 2 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava: afanen ; signa: afanen ; icons: chrysalis ▹ avatar : poots ▹ signe particulier : les yeux bleus percutants, les traces de brûlures visibles au niveau de son coude et sous le poignet gauche. le restant de la cicatrice s'étend du même côté, presque tout le long de ses côtes jusqu'au creux de ses reins, mais bon ça faut qu'elle se désape pour que d'autres le remarquent. les sons paraissent de plus en plus étouffés quand ils lui arrivent par la droite.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Jeu 12 Jan - 22:06 | |
| L’absence. Le calme plat après le typhon. Comme si l’éclatement de sa paranoïa avait tout emporté avec lui. Tout aspiré. Tout emporté. Tout vidé. “Ouais, je dessinerai plus de pyromane. J'ai pas envie d'être ta prochaine cible. T'inquiètes, message reçu cinq sur cinq.” Sa tête s’incline à peine vers lui, son regard suit paresseusement. Toujours aussi vide, toujours aussi blanc. Sarcasme ? Fair enough. Elle dit rien, détourne à nouveau la tête. Mais quand elle parle d’instincts, il avoue qu’il ne réagit pas toujours comme il faudrait et ça lui fait sensiblement écho. C’qu’elle aimerait avoir la maturité d’agir et réagir comme il faut, comme sa mère le faisait, comme elle s’efforçait de lui apprendre durement. Même si elle fait preuve de sang-froid quand il faut ou non. Elle vole encore en éclats au mauvais moment. Elle est peut-être bien plus volatile et instable qu’elle ne le croit. Ça ne l’étonne même pas. Mais devant certaines personnes comme Søren, elle veille à ne pas faire de faux pas comme celui-ci. Mais dans la rue, les règles du jeu sont différentes. Et les probabilités pour qu’ils se recroisent ou que Sid se souvienne d’elle flirtent sous la barre des 30%. Donc c’est pas grave. C’est un grain de sable dans son quotidien. Peu importe que Sid croit ou non qu’elle puisse aussi inanimée qu’une méduse échouée sur la plage. C’est pas important. Les gens se trompent souvent sur les autres. Si ça se trouve, il n’est pas aussi paumé qu’il en a l’air. “Tu reviens de... là-bas ?” Ses pupilles se figent, son souffle se cristallise quelques secondes. Du coin des yeux, elle a vu son mouvement, mais même sans ça, elle sait pertinemment de quoi il parle. “Ça s'est mal passé ?” Y a à nouveau ce froncement de nez et ses yeux qui se plissent sous la suspicion. C’est clair. Elle comprend pas. Ne vient-il pas de dire qu’il préférerait ne pas la connaître ? À quoi il joue ? Il se fout de sa gueule ? “Pardon, ça m'regarde pas.” Peut-être pas. Il donne l’air penaud, dépité, presque fataliste. C’est l’impression qu’il donne en tout cas lorsqu’elle laisse son regard couler à nouveau sur lui au moment où il lui tend son paquet de clopes. Le taux d’incompréhension grimpe encore d’ailleurs. Comment il peut lui offrir une cigarette après ce qu’elle lui a fait ? Il est vraiment étrange. Mais elle prend même si elle l’allumera pas tout de suite. C’est pas une grande fumeuse. En échange, elle lui balance son briquet. “C'est juste que je devrais y aller aussi, mais j'y arrive pas. Bref. Désolé.” Le fait qu’il s’excuse deux fois de suite disloque encore plus ses hypothèses. Y a une faille dans sa poitrine. Ça la fait tiquer. Le reflet la rend inconsciemment mal à l’aise. Comme un manteau qu’on porte mais qui est en train de cramer. Les fourmis dans les jambes, elle préfère s’éloigner un petit peu plus. Ça vaut peut-être mieux pour tous les deux. Et peut-être aussi parce qu’elle vient de réaliser. En cherchant quoi répondre, en l’voyant s’frotter la gorge une nouvelle fois, elle se rend compte qu’elle vient quasiment de reproduire les intentions de sa mère. Comme si pour effacer ce qu’elle venait de lui faire, il avait fallu qu’elle le fasse subir à un autre. C’était pas tout à fait ça. Dani n’a pas emprisonné son cou entre ses mains, mais la volonté était similaire. Constat affligeant : sa sanité ne tient qu’à un fil, continuellement sous tension. À part peut-être pendant la première heure après un rail de coke. C’est peut-être ce laps de temps, ces uniques créneaux où on peut l’approcher normalement, sans redouter une réaction électrique de sa part. C’est réducteur et bien minable. Mais elle n’a pas vraiment le choix. Y a des rouages indélébiles. Alors peut-être que c’est une façon de s’excuser que d’accepter de lui parler. Normalement, elle aurait déjà dû s’casser et plus penser à tout ça. Mais elle reste, faisant rouler le bâtonnet de nicotine entre ses doigts. “Ma...” Elle se stoppe déjà. Elle a si peu l’habitude de parler que parfois, elle reconnaît à peine sa voix quand elle doit se teinter de normalité. Nouveau née. Elle cherche sa salive. “Ma mère. … C’était pas un bon jour pour elle.” Donc pas un bon jour pour elle non plus. “J’reviendrai demain. Ça ira mieux.” Persuadée, une certaine droiture et confiance fichée dans ses mots. Elle dit ça comme si ça allait être facile. Mais déjà, elle se mord l’intérieur de la joue, regrettant d’avoir donné cette info. Pour quelqu’un dont la survie dépend des silences, des secrets, des non-dits, des mensonges… Elle ne peut pas se permettre de baisser la garde. Alors pourquoi est-ce venu si facilement ? C’est parce qu’elle sait tout au fond, que sa mère n’a rien contrôlé. C’était pas intentionnel. Elle lui ferait jamais de mal. C’est pas sa faute. Et peut-être que c’est pour le prouver aux autres. Et Dani n’a pas d’autres choix que d’accepter. “Pourquoi tu peux pas ?” Le regard direct décoché droit sur lui, attendant clairement une réponse. “Qu’est-ce qui te bloque ? C’est pas quelqu’un d’important qu’il y a là-bas ?” Dérobade interdite.
|
| | |
Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Jeu 2 Fév - 22:43 | |
| L'orage est passé mais pas la tension – pas vraiment. Sid la sent qui plane et qui lui crispe les muscles, le forçant à garder ses sens en alerte et à rester sur ses gardes. Elle a pas l'air stable, cette fille. Il comprend pas ses réactions et c'est comme s'il suffisait d'un rien pour l'incendier. Un truc anodin, un truc qu'il balance sans réfléchir, qui passe sur ses traits sans qu'il s'en rende compte. Un truc, une seconde, et elle vrille. Sûrement qu'elle a ses raisons mais il les ignore toutes et il a l'impression d'avoir sauté à pieds joints dans la fosse aux lions. Le fauve repu pour l'instant, qui retrouve son flegme et son air désintéressé, mais pour combien de temps ? Il en sait rien. Et pourtant il reste. Il reste parce qu'il pense avoir décelé un truc dans l'ombre de ses yeux, il reste parce qu'il a soudain l'espoir de n'pas être totalement seul. Il reste et il parle et il s'excuse et rien n'a de sens, il lui tend le bras pour offrir une clope alors qu'elle a tendu le sien pour l'étrangler un instant plus tôt. Il reste et dans ses yeux y a quelque chose qui continue de répéter désolé, quelque chose qui finit par murmurer s'il te plaît. Finalement il veut pas qu'elle parte, il veut pas qu'elle le laisse, il veut pas être à nouveau coincé avec rien d'autre que sa lâcheté et ses regrets. Pourtant elle a aucune raison de répondre ou même de continuer à lui accorder la moindre attention. Il s'attend à ce qu'elle l'envoie chier, à ce qu'elle lui rie au nez, à ce qu'elle l'ignore avant de se barrer. Mais elle fait rien de tout ça. Elle accepte l'offrande, lui prête son briquet en retour, et même si c'est pas grand-chose ça veut dire beaucoup. Ça veut dire qu'elle va peut-être pas le bouffer au final. Les volutes s'échappent de ses lèvres et pendant qu'il s'encrasse, elle croasse. « Ma... » Il lève à nouveau la tête vers elle, la jaugeant d'un air curieux, silencieux alors qu'il attend patiemment la suite. « Ma mère. ... C’était pas un bon jour pour elle. » Il est encore là, le truc dans ses yeux, dans ses traits. Le truc qui ressemble à celui qu'il ressent au creux d'sa cage thoracique. Ça lui tord un peu les tripes mais il dit rien, n'esquisse pas le moindre geste. Il se contente de continuer à la fixer et son regard parle pour lui, son regard gueule à quel point il sait c'que c'est, à quel point il connaît les mauvais jours qui s'alignent comme les barres sur les murs d'une cellule. « J’reviendrai demain. Ça ira mieux. » Et dans sa voix ça vibre – une détermination qu'il admire, qu'il aimerait avoir, qui lui manque cruellement. Il voudrait pouvoir faire pareil, pouvoir se dire que demain tout ira mieux, que demain il trouvera le courage qu'il n'a jamais eu et qu'il pourra être un fils digne de ce nom plutôt qu'une loque aussi lâche qu'ingrate. Il a envie d'approuver, de dire comme elle – ça ira mieux ça ira mieux ça ira mieux mais c'est faux et il y croit pas et ça fait mal. Chaque soir il se le répète comme un mantra, chaque matin il se maudit d'avoir menti. Rien n'va mieux, rien n'va jamais. Mais elle, elle a l'air d'y croire. « Pourquoi tu peux pas ? » La question le déstabilise autant que les prunelles qui se verrouillent sur lui et il se sent à nouveau comme une bestiole prise au piège. Mais cette fois c'est pire ; cette fois l'étau qui lui serre la gorge est invisible. « Je... » Il s'arrête, incapable de trouver les mots à coller après le premier. « Qu’est-ce qui te bloque ? C’est pas quelqu’un d’important qu’il y a là-bas ? » Y a un léger rire qui lui échappe dans un soupir, mais c'est juste triste à voir et il préfère s'adonner à la contemplation de ses pompes plutôt qu'affronter les deux billes qui le scannent. « Si. » Il tire une latte plus longue que les autres, passe une main sur son crâne. Ses sourcils se froncent, son sourire se crispe. « Ma mère. » Un écho à ce qu'elle a avoué juste avant – comme quoi ils sont peut-être pas si différents. « Les bons jours, elle en a pas. » C'est pas vrai et il le sait. C'est juste qu'il arrive pas à faire la part des choses et les bons jours crèvent écrasés sous les mauvais, éclatés par les souvenirs de crises trop fortes, saccagés quand il est hanté par les heures planqué dans un coin parce qu'elle le terrorisait alors que son père n'était pas encore rentré. « Je peux pas la voir là-dedans. J'arrive même pas à passer ces putains de portes. » À nouveau il se marre ; à nouveau ça sonne comme son cœur qui s'fissure. Il se déteste de pas être fort comme elle. « Tu fais comment ? » Il finit par la regarder à nouveau, une boule dans la gorge et la voix trop basse – il a peur qu'elle aussi, on l'entende se briser. « C'est quoi qui t'fait croire que ça ira mieux demain ? » Et comment elle fait pour pas s'écrouler ? Comment elle fait pour pas s'étouffer ? C'est quoi, le secret pour pas en crever ? |
| | |
⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 693 ▹ points : 2 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava: afanen ; signa: afanen ; icons: chrysalis ▹ avatar : poots ▹ signe particulier : les yeux bleus percutants, les traces de brûlures visibles au niveau de son coude et sous le poignet gauche. le restant de la cicatrice s'étend du même côté, presque tout le long de ses côtes jusqu'au creux de ses reins, mais bon ça faut qu'elle se désape pour que d'autres le remarquent. les sons paraissent de plus en plus étouffés quand ils lui arrivent par la droite.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Dim 5 Mar - 19:03 | |
| Pourquoi il s’intéresse ? Pourquoi il l’écoute ? Pourquoi elle l’écoute ? Pourquoi ça l’intéresse ? Ses gestes et ses petits mots. Chacun comme des aveux de sa faiblesse. Elle les voit. Elle les entend. Elle aime pas ça. Elle a pas besoin de voir ça. Elle a besoin des gens forts pour l’être aussi. Et il a pas besoin de sa pitié ou de sa compassion pour se sentir mieux. De toute façon, elle lui donnera pas. Elle donne rien Dani. “Ma mère.” Mais c’est à cause de cette résonance qu’elle n’a pas cillé. “Les bons jours, elle en a pas.” Et comme en réponse à son fatalisme, elle inspire sa frustration, l’enfonce profondément dans ses poumons pour mieux la recracher avec la première taffe de nicotine. Étouffer le mal par le mal. Poison contre poison. S’intoxiquer jusqu’aux organes. Parce qu’elle veut pas que sa mère résume à ça elle aussi. Elle le laissera pas arriver. Même si pour ça, elle doit s’bercer d’illusions. “Je peux pas la voir là-dedans. J'arrive même pas à passer ces putains de portes.” Son rire jaune attire son oeillade. C’est vrai que c’est triste et qu’elle pourrait avoir pitié, qu’il touche une corde sensible à son coeur, c’est vrai tout ça, c’est peut-être pour ça qu’il y a une drôle de forme de respect qui se mêle au ridicule qu’elle perçoit de lui. Il est fragile et ça doit pas être de sa faute. Mais pour autant, elle voit pas c’qu’elle peut lui dire. Si il peut, c’est qu’il peut vraiment pas. Ou alors, il veut pas assez. “Tu fais comment ?” Elle a l’impression qu’il est en verre, que si elle lui souffle dessus sans lui dire son secret, il s’émiettera pour de bon. Et elle n’aime pas ce genre de pression, quand on attend trop d’elle. “C'est quoi qui t'fait croire que ça ira mieux demain ?” Sa question calme le sarcasme gratuit qui allait s’extirper. “J’ai pas le choix, faut que j’y crois sinon.”, qu’elle commence simplement en nouant ses bras sur son ventre. “Sinon tout ça, tous ces efforts, ça sert à rien. Sinon… J’me tire une balle.” Même si elle a détourné le visage, sa voix s’est assombrie, marquant le sérieux de ses mots. “C’est pour elle et grâce à elle que je suis encore là. Alors je la laisserai pas tomber. Peu importe ce que ça veut dire pour moi ou pour les autres.” À nouveau ce regard en biais qui ne s’excuse pas de ce qu’elle a fait un peu plus tôt. Et puis quitte à crever, autant que ce soit pour le bien de sa mère, ou même de ses mains à elle. “J’lui dois au moins ça.” En réalité, elle pourra jamais éponger sa dette. Sa mère est convaincue que la vie qu’elles mènent est entièrement de sa faute. Dani ne lui a jamais dit qu’elle a tort, mais elle n’en pense pas moins. Sa mère s’afflige assez de culpabilité, parce qu’elle sait qu’elles ne seront jamais totalement en paix. Alors, Dani cherche un moyen de lui prouver le contraire. Elle obtiendra un p’tit bout de paradis et elle le lui donnera. C’est ça ou rien. Cours ou crève. Y a pas d’entre-deux avec Dani. Pas comme lui qui semble s’en contenter, même si il n’y peut peut-être rien. Malgré tout, malgré lui. “On a tous nos histoires. Si tu lui dois rien, te torture pas à venir ici. C’est pas grave.” Elle tire à nouveau sur le filtre, s’encrasse un peu plus. “Et puis si elle n’a que des mauvais jours, que tu sois là ou pas, ça changera rien. Elle verra pas la différence, non ?” C’est brutal et provocant. Et c’est peut-être bien fait exprès. Parce que si il veut vraiment passer ces portes, c’est lui qui doit faire ce qu’il faut pour plus être bloqué. “Parce que si c’est juste pour essayer d’apaiser ta conscience, c’est minable. Et ça lui fera pas de bien pour autant.” C’est lui qui doit changer.
|
| | |
Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Dim 19 Mar - 14:22 | |
| « J’ai pas le choix, faut que j’y crois sinon. Sinon tout ça, tous ces efforts, ça sert à rien. Sinon... J’me tire une balle. » Bang bang. La balle est déjà tirée et Sid l'accueille sans bouger, même si ça lui coupe un peu le souffle. Elle détourne le visage et ses traits lui échappent, mais il comprend combien elle est sérieuse. Ça suinte dans sa voix, dans toute sa posture. Et il s'demande finalement quelle est la meilleure solution des deux. Jouer au lâche pour avancer, ou se forcer pour pas crever ? Il sait pas. Il attendait pas un remède miracle, mais pas ça non plus. « C’est pour elle et grâce à elle que je suis encore là. Alors je la laisserai pas tomber. Peu importe ce que ça veut dire pour moi ou pour les autres. » À nouveau elle le regarde, et à nouveau ça le laisse sans voix. Cette force qui émane d'elle, cette allure de lionne prête à s'battre jusqu'au sang pour un os à ronger. Il aimerait avoir ça – cette détermination, cette assurance pour laquelle elle ne s'excuse pas, ne s'excusera probablement jamais. Alors que Sid ne fait que ça, s'excuser. Pour lui, pour les autres, pour la Terre entière jusqu'à en devenir pathétique. « J’lui dois au moins ça. » Il affiche un petit sourire, léger, discret, presque désolé. « Et à toi-même, tu te dois quoi ? » C'est sorti tout seul et il le regrette presque, mais maintenant que c'est dit, tant pis. Il voit bien qu'elle se sent redevable envers sa mère, quelles qu'en soient les raisons. Mais il sait qu'à trop vouloir payer des dettes invisibles – que ce soit à tort ou à raison – on se perd souvent et surtout on se perd soi-même. Elle est forte, il n'en doute pas une seule seconde. Pourtant il a tiqué face à l'indifférence qu'elle a affiché, en cramant son propre portrait. Cette froideur presque dérangeante, comme si ça n'avait aucune valeur – et pas juste le dessin, l'image qu'il représentait également. Le même sérieux dans sa voix, quand elle évoque le fait de s'tirer une balle. Facilement, trop facilement, comme si c'était pas vraiment important. P't'être bien qu'elle a raison, p't'être bien qu'elle doit des choses à sa mère. Mais p't'être qu'elle se doit des choses à elle-même aussi ; au moins un peu de chaleur, pour assouplir le métal dont elle semble s'être forgée. « On a tous nos histoires. Si tu lui dois rien, te torture pas à venir ici. C’est pas grave. » Si c'est grave, bien sûr que c'est grave. Il la fixe, l'air soudainement offensé. Bien plus que quand elle l'a malmené. « Et puis si elle n’a que des mauvais jours, que tu sois là ou pas, ça changera rien. Elle verra pas la différence, non ? » Elle met le doigt là où ça fait mal, enfonce dans la plaie ses ongles aiguisés. Il s'est souvent posé la question et il n'en sait rien. Il sait juste qu'au début, au tout début, quand il y allait avec son père, elle s'en rendait compte. Et maintenant ? Il s'demande si elle l'appelle, si elle parle de lui quand son père va la voir. S'il lui manque. Si elle lui en veut. Si elle le déteste. Il sait pas et ça n'fait que rendre les choses plus compliquées – l'angoisse encore plus étouffante quand il tente d'approcher les portes. Et si elle lui en voulait ? Et si elle s'mettait à tout lui reprocher ? Il est pas sûr qu'il y survivrait, et l'inconnue ne fait que le lui rappeler un peu plus. Alors il fuit son regard, se planquant derrière sa clope pour pas montrer combien elle l'ébranle en quelques mots seulement. « Parce que si c’est juste pour essayer d’apaiser ta conscience, c’est minable. Et ça lui fera pas de bien pour autant. » Mais soudain il lève la tête vers elle à nouveau, et dans ses yeux y a de la colère. Parce que ça fait mal, parce qu'il sait qu'elle a raison, parce que c'est trop dur de l'entendre. « Pour qui tu t'prends ? » Le changement dans son attitude est brutal, il se retrouve soudain sur la défensive, le regard noir et les traits crispés. Comme s'il se sentait bien plus agressé maintenant que lorsqu'elle l'a étranglé. « Tu crois que tu fais mieux ? T'y vas parce que tu t'sens redevable, en quoi c'est différent ? Toi aussi, t'apaises ta conscience en faisant ça. Alors si j'suis minable, tu l'es autant que moi. » La voix aussi dure que ses mots, il se risque même à faire un pas vers elle. Et quand il s'en rend compte, ça fait comme un électrochoc. Parce qu'il est pas comme ça Sid, il a pas l'habitude de s'énerver contre des étrangers. Faut croire que le sujet est trop sensible pour lui – pas pour rien qu'il l'évite depuis trop longtemps. Sourcils froncés, il baisse les yeux en se frottant le crâne nerveusement une nouvelle fois. « Pardon. » Qu'il marmonne vaguement, tirant sur sa cigarette avec hargne pour se calmer. « J'ai pas l'habitude de parler d'tout ça. » Même avec son père, il le fait pas. |
| | |
⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 693 ▹ points : 2 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava: afanen ; signa: afanen ; icons: chrysalis ▹ avatar : poots ▹ signe particulier : les yeux bleus percutants, les traces de brûlures visibles au niveau de son coude et sous le poignet gauche. le restant de la cicatrice s'étend du même côté, presque tout le long de ses côtes jusqu'au creux de ses reins, mais bon ça faut qu'elle se désape pour que d'autres le remarquent. les sons paraissent de plus en plus étouffés quand ils lui arrivent par la droite.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Jeu 13 Avr - 12:23 | |
| “Et à toi-même, tu te dois quoi ?” Elle fait mine de pas entendre, mais elle a très bien capté. Elle s’doit tout, d’sortir du joug de son père, de plus être dans l’illégalité constamment, d’être en vie et surtout qui elle veut. Elle le mérite, elle le sait, elle l’aura. Même si honnêtement, elle a dû mal à s’projeter avocate. Donc probablement. Juste pas tout de suite. Et seulement si elle tient jusqu’à la fin de la course, qu’elle passe la ligne d’arrivée. Chaque chose en son temps. Elle a un plan. Et c’est pas elle la première. Un théorème à double-tranchant où elle peut perdre autant qu’y gagner. Mais elle s’est décidée et elle changera pas d’avis. Comme lui reste bloqué devant les portes du centre médical, Dani reste campée sur ses idées. Sauf qu’elle voit du coin de l’oeil ce que ses mots provoquent, quand elle énonce que c’est pas grave et que ça changera probablement rien qu’il soit là ou pas. C’est sûr que ça manque de coeur. Elle aussi le prendrait mal. Et pendant une seconde, elle s’mord l’intérieur de la joue d’avoir rabaissé Sid à un rien, quelqu’un d’insignifiant, qui manquera à personne et surtout pas à sa mère. Sachant c’que sait, elle devrait pas. Mais peut-être qu’elle ressemble plus à son père qu’elle ne voudrait bien l’admettre. Peut-être qu’elle reflète bestialement le comportement qu’elle a connu, comme un chien imite son maître. Alors y a la haine et la rage qui viennent soudainement battre son pouls et sa jugulaire. Le sentiment-poison qui plante ses griffes dans son sang qu’elle tente de garder muselé cette fois-ci. Et pour ça, elle l’enfonce peut-être un peu plus, le jugeant minable, pitoyable. Pointant toujours plus brutalement c’qui fait mal aux égos en morceaux. “Pour qui tu t'prends ?” Ah. Il réagit enfin. “Tu crois que tu fais mieux ? T'y vas parce que tu t'sens redevable, en quoi c'est différent ? Toi aussi, t'apaises ta conscience en faisant ça. Alors si j'suis minable, tu l'es autant que moi.” Y a la crispation et la dureté qui traversent ses traits d’gamin des rues. Y a la colère qui fait avancer. Il fait un pas vers elle et elle s’tourne pour lui faire face, le défier d’avancer d’une lueur bien placée au fond d’ses rétines. “J’ai jamais dit l’contraire.”, qu’elle sourit simplement. Mais elle a aussi la posture de celle qui n’attend qu’ça. Qu’il trébuche sur c’qu’il s’avoue pas et s’élance contre c’qui lui ressemble pas. “Pardon. J'ai pas l'habitude de parler d'tout ça.” Et la tension s’dégonfle comme un ballon d’baudruche quand lui-même se dégonfle. “Arrête de t’excuser putain. Tu m’fais même plus pitié, c’est juste chiant.” Elle tire une dernière fois sur la clope qu’il lui a offert avant de l’écraser au sol vivement. “Y a deux moyens efficaces pour arrêter de parler de tout ça.”, qu’elle balance aussi vite en s’rapprochant, pupilles accrochées aux siennes. “Un. J’te pousse maintenant à l’intérieur du bâtiment et tu les passeras ces portes.” Elle marque une pause pour lire ses expressions qui se froissent si ouvertement sur son visage. “Deux. Si dans dix secondes tu te décides pas, j’reprends mon chemin et on s’revoit plus.” Comme si c’était aussi simple. Comme si c’était aussi certain qu’ils ne se recroiseront jamais. Même si c’est évident que Dani fonce trop vite en avant, Sidney lui stagne trop sur-place. Pourtant ils ont tous les deux leurs propres sables-mouvants. De ceux qui les piègent au sol aux côtés de leurs rêves déjà piétinés, de ceux qui les enlisent dans c’grand bain de cruauté...
|
| | |
Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Jeu 20 Avr - 21:39 | |
| « J’ai jamais dit l’contraire. » Y a la tension dans l'air et la lueur de défi dans l'regard de l'inconnue – les tripes de Sid qui lui crient d'évacuer un peu de toute cette frustration accumulée. Pourtant il flanche. Il flanche parce qu'il veut pas l'agresser comme elle l'a fait un peu plus tôt, parce qu'il veut pas se décharger sur quelqu'un qu'il ne connaît même pas, quelqu'un qui n'a rien demandé. Mais on dirait que si. On dirait qu'elle attend que ça, et lui il est là, des excuses encombrant sa voix. « Arrête de t’excuser putain. Tu m’fais même plus pitié, c’est juste chiant. » Il a un sourire amer, parce qu'il le sait. Bien sûr qu'il sait, elle est pas la première à l'dire, à l'envoyer chier. Mais c'est plus fort que lui. Il est toujours désolé pour tout, mais il fait jamais rien pour s'faire pardonner. À ramper plutôt que se relever et avancer. « Y a deux moyens efficaces pour arrêter de parler de tout ça. » Si elle connaissait le remède miracle pour surtout effacer tout ça, ça l'arrangerait. Il a pas envie d'en parler, mais il aimerait aussi arrêter d'y penser. Tout oublier, pour plus que ça vienne l'étrangler, l'angoisser, le torturer. Mais il a un peu peur que ce soit elle qui l'étrangle ; elle a prouvé qu'elle en était capable. Alors il tressaille légèrement quand elle s'approche sans prévenir, mais il recule pas. Il reste planté là où il est, à soutenir son regard. « Un. J’te pousse maintenant à l’intérieur du bâtiment et tu les passeras ces portes. » Son cœur loupe un battement, sa gorge se noue alors qu'il déglutit avec difficulté. Il veut pas. Elle a pas l'droit de lui sortir des trucs comme ça, de le traiter comme s'il était un gosse capricieux alors qu'elle le connaît pas. Elle a les crocs dehors, les griffes acérées, et elle s'applique à venir les planter là où les plaies sont béantes, là où ça cicatrise pas. Elle fait mal et il sait plus s'il veut chialer, ou la forcer à la fermer. « Deux. Si dans dix secondes tu te décides pas, j’reprends mon chemin et on s’revoit plus. » Qu'elle se casse. Qu'elle dégage avec ses traits assassins, sa carcasse de ferraille et le poison au bout d'sa langue. Qu'elle le laisse se complaire dans sa misère, parce que c'est plus facile de se lamenter en silence, c'est plus facile d'être lâche y compris avec soi-même. « Tu parles. Casse-toi si tu veux, on se recroisera quand même. » Y a même pas d'agressivité dans sa voix. Juste de l'amertume à en vomir, et une pointe de cynisme corrosif. « Je vais revenir là, à zoner comme un con. Encore et encore. Et toi, tu reviendras voir ta mère. Y aura d'autres mauvais jours. » Son ton est presque monotone – comme si c'était la fatalité, comme s'il fallait se contenter de l'accepter. Comme lui. C'est pas un battant Sid, il est juste résigné. « Parce que ça se soigne pas, ces trucs-là. Elle te refera un sale coup, et tu reviendras dégommer des pots d'fleurs parce que c'est tout ce que tu peux faire. Tu peux pas l'aider. » C'est à se demander s'il parle à elle ou à lui-même, il sait pas mais il veut pas savoir. Il a juste trop de bile qui lui brûle la gorge, le goût des regrets qui lui file la gerbe et les mains qui tremblent à l'idée de tout ce qu'il ne fera sûrement jamais. Alors il crache. Sa rancœur, sa douleur, ce trop plein acerbe qui le ronge à l'intérieur. Elle se soulage en pulvérisant des briques, en marquant des gorges. Il fait pareil en utilisant le pessimisme pour excuser sa propre lâcheté. |
| | |
⊹ life can hurt ▹ posts envoyés : 693 ▹ points : 2 ▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds) ▹ crédits : ava: afanen ; signa: afanen ; icons: chrysalis ▹ avatar : poots ▹ signe particulier : les yeux bleus percutants, les traces de brûlures visibles au niveau de son coude et sous le poignet gauche. le restant de la cicatrice s'étend du même côté, presque tout le long de ses côtes jusqu'au creux de ses reins, mais bon ça faut qu'elle se désape pour que d'autres le remarquent. les sons paraissent de plus en plus étouffés quand ils lui arrivent par la droite.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Sam 13 Mai - 15:39 | |
| Y a des mots de trop. Et ceux-là, tous ceux-là, ils le sont. Trop. Ternes. Tristes. Éteints. Pessimistes. Fatals. “Y aura d'autres mauvais jours. Parce que ça se soigne pas, ces trucs-là. Elle te refera un sale coup, et tu reviendras dégommer des pots d'fleurs parce que c'est tout ce que tu peux faire. Tu peux pas l'aider.” Tout ça c’était en trop et ça a pourtant rempli sa cage thoracique. Pour se planter dans ses côtes, ses poumons, son myocarde, sa gorge. Elle a rien dit quand elle s’est approchée mais que le poing est parti. Avec l’envie si forte de lui casser la mâchoire. Si fort qu’elle pourrait aussi lui briser l’nez. Si fort qu’elle pourrait s’briser la main. Et elle frappe une fois, deux fois pour annihiler la déflagration qu’il a provoqué en elle. Pour pas que son instinct rejoigne sa raison et qu’elle commence sérieusement à croire en ses mots. Elle peut pas y croire. Sa mère est différente de la sienne. Ça n’arrivera pas. Elle est pas comme lui non plus. Ça n’arrivera pas. Alors elle cogne encore deux, trois fois. Dans une rage silencieuse. Et elle s’dit qu’il va bien répliquer à un moment ou à un autre. Elle attend que ça oui. Parce que y a des moments où elle ne peut plus juste haïr son père, celui qui l’a faite comme ça. Elle peut juste que se haïr elle-même. Et ça passe par là, par les poings, les siens et ceux des autres. Même si d’un seul coup, elle s’est figé, le bras pourtant encore armé, et la respiration sifflante. Dani ne frappe peut-être plus, mais ses yeux lui arrachent encore sa chair. Sauf qu’il y a quelque chose qui cloche, qui a causé son arrêt. Une sensation méconnue. Qui trace un sillon corrosif sur sa peau. Une émotion en fuite. Du genre qu’elle a enfoui il y a longtemps. Du genre qu’elle avait oublié et même cru perdu à jamais. Une larme qui perle. Elle réalise pas ce qu’elle affiche, mais elle recule quand même. Elle peut pas aller plus loin. Sid n’a fait que recracher le poison qu’elle lui a lancé. Il y est pour rien si ces possibilités font aussi mal. Elle aurait jamais dû lui parler. Elle aurait jamais dû faire attention à lui. Elle aurait jamais dû s’arrêter sur lui. Elle aurait dû faire comme d’habitude et tracer. Elle aurait dû. Faut pas changer ses habitudes, ou Dani empire. Sa vie et celle des autres aussi. Son regard se tord sur celui qu’elle a blessé, mélange de dégoût et de regret incrusté sur son visage. Pas contre lui. “Putain, merde.” Qu’elle s’excuse en quelque sorte. Et vaudrait mieux arrêter la casse ici. Parce que dans un monde normal, ça suffit pas. Elle le sait. Pour ça qu’il vaut mieux qu’elle trace loin de ce monde-là, elle n’y aura jamais sa place. C’est trop tard.
|
| | |
Coyote ▹ posts envoyés : 2611 ▹ points : 52 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : lunar (av) + miserunt la kassos (gif) ▹ avatar : micky ayoub ▹ signe particulier : allure de zonard et pieds qui traînent, trop de couches de tissu pour couvrir ses épaules voûtées, l'air toujours un peu usé.
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney Dim 21 Mai - 20:07 | |
| Il voit le changement dans ses yeux, sa posture, l'angle de sa bouche. Il devine ce qui va suivre et pourtant il reste immobile Sid, il reste là, à la fixer sans bouger, comme le condamné prêt à recevoir sa sentence. Il bronche pas quand le premier coup part, venant heurter sa mâchoire. Il dit toujours rien quand il est suivi d'un autre, puis d'un autre, encore. Il cherche pas à riposter, ni même à se protéger. Il laisse venir et tant pis si ça fait mal, tant pis si le goût du sang envahit sa bouche, tant pis s'il a l'impression que ses os vont se briser. Il s'dit qu'il l'a sûrement mérité, parce qu'il est allé trop loin, parce que le venin qu'il a craché était dirigé autant vers lui-même que vers elle, parce qu'il n'est qu'un putain de lâche et que quelques coups n'y changeront rien. Il a titubé, elle a avancé, il a toujours pas bronché. Sa poitrine se soulève trop vite, trop fort, y a le feu dans sa gorge et partout sur son visage, le feu dans sa cage thoracique qui s'carbonise, le feu dans ses veines jusqu'au bout de ses doigts qui tremblent. Elle se fige et l'air est saturé par leurs respirations sifflantes, saccadées. Il voit la larme qui roule sur la joue de la sauvage et pourtant ça lui fait rien, il arrive pas à se sentir mal ni même à avoir un élan de compassion. Si elle a mal tant pis, au moins elle est dans le même état que lui. « Putain, merde. » Il la regarde même pas. Il se tourne pour cracher le sang accumulé dans sa bouche et puis il s'essuie du revers de la main, observant le rouge qui macule sa peau. Il doit avoir une sale gueule, encore. Un peu plus un peu moins on verra pas la différence et puis il s'en fout, aujourd'hui ça lui fait rien, aujourd'hui il a l'impression de rien sentir et peut-être qu'il en avait besoin, peut-être que c'est sa façon d'se punir lui-même pour tout ce qu'il fait – ne fait pas. Se laisser cogner comme un pauvre con par une inconnue, par une enragée, sans même chercher à répliquer. « Tu te sens mieux ? » C'est un peu amer, un peu teinté de reproches. « Je suis plus efficace que les pots d'fleurs ? » Et peut-être qu'il devrait pas pousser, il a vu de quoi elle est capable, il a senti, pourtant il arrive plus à retenir son amertume. Il la regarde et ses yeux sont plus noirs que jamais, il la regarde et y a plus aucune lumière sur ses traits. Il est juste sombre, acerbe, un sale goût âcre au fond d'la gorge – celui de la défaite et des regrets, de l'échec et des plaies infectées. « La prochaine fois que tu veux te défouler, trouve mieux. C'est pas en cognant n'importe qui n'importe comment que ça changera ta situation. » Et c'est toujours aussi hargneux que maussade, pas d'agressivité juste un trop plein de rancœur qui dégouline jusqu'à elle. Il s'met à marcher, lui passant à côté, la frôlant au passage sans franchement s'en soucier. Et il s'éloigne, du sang sous le nez et au bord des lèvres, une douleur diffuse dans tout le visage. C'est rien en comparaison de celle qui bout dans sa poitrine, au creux d'ses tripes, jusque sous ses ongles. Il a mal Sid, il a mal et il se barre, parce que c'est ce qu'il sait faire de mieux. Abandonner le front, et passer sa vie à ruminer comme un con.
(RP TERMINÉ) |
| | |
☽ ☾
| Sujet: Re: wordless – sidney | |
| |
| | | |
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |