“I will tell you the story about the little boy I found in the grass Tired, solace, he told me he could hear the children wanting to pass Sounds of laughters in the air Still today we hear them
Let them run from the violence The world is way too cold and bright for their eyes Little boy runs beside them As they take his hands and jump to the sky Still today you hear them”
Aujourd'hui, elle se l'était promis, elle allait sortir. Se balader un peu, explorer la ville plus en profondeur, tenter de craindre au minimum la population de Savannah. Il le fallait. Ça commençait à devenir vital, parce que le Troisième Œil, elle a beau le connaître par cœur et apprécier s'y trouver. Elle en a fait mille fois le tour. Elle s'en lasse. Il lui faut du nouveau. Puis, même. Ses petites aventures en dehors de son cocon avec Serena, avec Leo, ça a fini par l'habituer à pointer le bout de son nez à l'extérieur de leur maison de Tybee Island. La foule, encore, c'est tout autre chose. C'est plus angoissant, les gens qui se pressent autour d'elle, c'est anxiogène. Elle aime pas ce contact indésirable, mais en même temps… C'est un minimum quand on vit en ville. Y a du monde partout, moins qu'à Seattle, certes, mais ça reste une ville animée, surtout en cette période de l'année. Alors, elle prend son courage à deux mains, fouille parmi ses fringues, mais insatisfaite, par piquer des vêtements dans la chambre de Chief qui dort encore. Petite souris, elle se glisse dans la pièce, discrète et lui emprunte l'habituel jogging gris qu'elle lui dérobe et un de ses t-shirts. Puis, elle bondit sous la douche et se presse, parce qu'elle sait qu'elle risque de changer d'avis et … non. Il ne faut pas. C’est mieux pour elle, si elle parvient à se sortir de chez elle. Voir les quatre mêmes murs toujours, les mêmes visages, c’est bien, mais ce n’est pas non plus pour cette raison qu’elle a atterri à Savannah, ni pour ça que sa mère l’a confiée à Madame. Sa guérison est en route. Il ne faut donc pas qu’elle se rajoute du leste aux chevilles. Sitôt sortie de la douche, elle se passe brièvement la main dans les cheveux, histoire de les dompter un minimum, pour qu’ils sèchent, sauvages, au vent.
Puis, casque audio sur les oreilles, elle s’envole par-dessus les marches, atterrit dans ses chaussures et se glisse à l’extérieur de la maison encore silencieuse en ce petit matin. C’est son heure de prédilection, Robin. 6 heures du matin à peine tapées, le monde entier qui s’éveille, les oiseaux qui s’étirent et le soleil qui commence tout juste à lécher l’horizon. Même la ville semble encore groggy, quelques lumières rebelles clignotent déjà dans les fenêtres des immeubles du centre-ville, au loin. Les premiers bus et les premières voitures roulent tranquillement et plutôt rarement sur les rues grises. C’est apaisant. Dans à peine une heure, ce sera le rush. Du monde partout, des chauffards à bord de leurs bolides, des groupes d’étudiants et d’employés qui se pressent sur les trottoirs et qui courent pour ne pas louper leur correspondance. Elle, elle remonte les rues, vers le centre-ville. Vendredi soir, samedi matin qui se quittent, se déchirent et laissent dans le ciel des traînées rouges orangées. Clope au bec, elle ferme les yeux tout en marchant, se laissant porter par les flots de musique électronique qui emplissent ses oreilles. Elle entend pas, Robin, ce qui se passe autour d’elle. Elle n’a pas entendu non plus la musique du dehors qui s’est tue et ses gens qui se sont éparpillés en vitesse à la sortie de cette salle obscure. Quand elle ouvre les yeux, son regard balaye le sol jonché de mégots de cigarettes et de joints, de canettes et de bouteilles de bière vides, ainsi que quantités d’autres déchets. Y a un type ivre mort qui dort dans un buisson. Il devrait prendre des cours avec Caïn qu’elle se surprend à penser. Parce que ce dernier est quand même un sacré champion quant à la tolérance à l’alcool. Puis, curieuse, elle se dit qu’elle irait bien voir ce qu’il se passe par ici. Elle baisse son casque, le laisse pendre autour de son cou et s’approche de l’arrière du bâtiment, comme si ses pas avaient été guidés dans cette direction. Des voitures quittent le parking et laisse le champ libre. Y a un type, là-bas, près de la porte. Crâne rasé. Elle le scrute et s’approche. Elle le reconnaît, sans vraiment trop le reconnaître. Comme des échos du passé qui viennent faire des ricochets dans sa mémoire. Face à lui, elle s’arrête et ouvre grand des yeux.
« Rhoan... » le nom glisse entre ses lèvres et s’échappe dans un murmure. Rhoan. Rhoan qui avait disparu. Rhoan… sans cheveux. Qu’est-ce qu’il a changé. Qu’est-ce qu’il a grandi…Ce n’est plus le petit freshman qu’elle avait pris sous son aile. C’était un beau jeune homme. Un grand sourire vient se peindre sur les lèvres de Robin. Elle a bien fait de sortir ce matin.
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Sujet: Re: Echoes from the past. Dim 21 Mai - 13:16
Matin morne et gris. Rhoan n'a pas dormi. Le bout incandescent de sa cigarette le brûle, quand il l'allume du mauvais côté avant de lâcher un juron. Il se frotte les yeux, jette le mégot avorté, en saisit une autre, machinalement, en bâillant. Il sait que ses insomnies sont tout sauf productives, qu'il lui faut de l'énergie à dépenser, car une fois sur scène, il ne peut avoir l'air d'un pantin. Demain c'est un jour important, Moe bouffe ses ongles chaque fois qu'il le voit. Paraît qu'il y a des producteurs dans la salle et si l'un deux pourrait les signer, ça les arrangerait bien. Alors Rhoan se gave de sucre pour faire monter l'adrénaline, mais ça ne marche pas. À pleine poignées comme un gamin, il prend les bonbons et les enfourne dans la bouche. Il se sent un peu sale. « T'as un truc entre les dents. » Il lève les yeux au ciel et prend la main de Moe. « Retire moi ça, esclave. - Putain mais t'es vraiment un gros porc. » Mais son ami s'exécute, une mine dégoûtée sur les lèvres. Rhoan sort un miroir de son sac à dos, déclare que l'honneur est sauf. « Tu viens avec nous ? - Non, je vais... J'sais pas. Me balader un peu. - Tombe pas dans un ravin. - Super drôle. » Après quelques doigts d'honneur mutuels, ses compagnons de route prennent le van et s'en vont, sans tenter un dérapage – ils sont trop crevés pour ça, tous autant qu'ils sont. Ça ne dort pas beaucoup chez Stellarr, c'est aussi comme ça qu'ils se sont connus. Parfois Rhoan se dit que ses insomnies ont du bon, quand bien même il sent ses muscles trembler quand il tire sur la cigarette. Et puis, une main passée sur son crâne pour se redonner de la contenance, il tourne la tête et la clope tombe sur le sol humide. Rhoan ouvre les yeux, grand, grand comme un enfant à Noël. Il se demande même si la vision n'est pas inventée de toutes pièces par son esprit fatigué -ça lui arrive, parfois, souvent. Les cheveux ont changé, sont passés d'un brun à un blond presque blanc, sa mine est un peu plus creusée qu'avant mais il reconnaît ce visage, le visage qui l'avait aidé à redescendre sur terre, puis qu'il avait finalement laissé derrière. Rhoan s'avance, doucement comme on le ferait devant un animal qu'on ne voudrait pas faire fuir. « Ro... Robin ? » Rhoan tend la main, timidement, en tremblant un peu. Le silence qui se fait n'est ni pesant ni angoissant. Comme une fascination dans la tête du gamin. Et quand la main de la blonde trouve la sienne, Rhoan fond dans ses bras, passe les siens autour d'elle. Et il respire enfin.