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| just as every cop is a criminal • bloomberg. | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: just as every cop is a criminal • bloomberg. Jeu 11 Mai - 11:30 | |
| please allow me to introduce myself I'm a man of wealth and taste Taffy affiche un air songeur tandis qu'il observe la vie autour de lui. Son regard crapahute sur la ville, les trottoirs, les voitures et la chaussée, les arbres, les gens aussi. Un recoin de sa bouche se crispe un peu. Trois ans après, il a encore le mal du pays. Un mal qui ronge et gangrène, qui creuse son trou dans son abdomen, comme une vilaine plaie dans les viscères. Il appelle sa mère, parfois, à l'occasion. Il ne sait jamais trop quoi lui dire. Savannah est différente, Savannah est changeante. Rien à voir avec le Maryland. Taffy contemple le ciel et ses nuages de coton, alors il déglutit. Baltimore a estampillé son âme. Elle l'a poinçonné de toute sa suie ; fragments de charbon qui raclent les poumons. Elle l'a marqué comme une mauvaise fille des bas quartiers, grise et anémiée ; les traits tristes et fatigués, les membres malingres et la peau cloquée. Baltimore Baltimore Baltimore. Aigrie et jalouse, comme une vieille femme. Parfois, il devine sur ses lèvres encore l'acide de ses baisers. Ça le picote dans la poitrine. Alors il croque dans la pâte sucrée, tendre et moelleuse de la pâtisserie qu'il tient du bout des doigts. Dès la première bouchée, ses papilles s'affolent et il sent sa glycémie bondir. Un sourire benêt se dessine sur son visage. Le fourmillement entre les cotes s'atténue puis s'efface sous la tendresse féline de la sucrerie. Taffy lâche une petite plainte satisfaite et poursuit sa route. Il marche quelques mètres encore et accoste près d'une voiture stationnée sur le bas-côté. Il grimpe dans l'automobile d'un saut et s'affale sur le siège passager. « Tiens j't'ai pris un muffin, un cookie et... trois donuts pour Taffy ! » Il décoche un demi sourire à Asher, qui patiente derrière son volant, et d'un geste il lui tend sa confiserie. Dans son calcul, Taffy n'a pas noté le reste de viennoiserie qui fond encore sur la langue et s’émiette sur ses lèvres ; c'était juste la taxe pour le trajet à pied. Il est toujours à fond Taffy, c'est ce qu'on aime chez lui et ce que l'on déteste aussi. Soudain, la bouche pleine encore, il lâche un profond soupir, une expiration bruyante et exagérée. Il lève les yeux jusqu'au revêtement en tissu du plafond. Le véhicule dégage un florilège d'odeurs, capiteux parfums de tabac froid, d'essence et de friture. Des arômes forts et âcres, un peu écœurants mais qui évoquent quelque chose de chaud et rassurant. Taffy se sent bien ici. « Ash Ash Ash, mec, stop ! On arrête le carnage. » s'esclaffe-t-il en se ruant sur le tableau de bord pour couper la douce mélodie qui valse dans l'habitacle. « Vieux, tu peux pas écouter ça. T'abuse sérieux, tu veux qu'on aille s'pendre de suite ou comment ça s'passe ? » Tandis qu'il parle d'une voix animée, ses doigts agiles ouvrent d'un mouvement la boîte à gants comme un coffre au trésor, pour y dénicher une panoplie de cd-roms. « T'as pas un truc plus punchy ? Un truc qui donne envie de ne pas se jeter d'un pont ? » Les album défilent, Mozart, Chopin, Beethoven, Bach, Brahms, Mahler, que des noms à coucher dehors, des patronymes aux tonalités étranges, germaniques sans doute, d'illustres compositeurs de la grande Prusse, dont la chair et les os ont depuis longtemps retrouvé la terre. « Okaaay, on va essayer autre chose. » Il poursuit son inspection musicale avec application et désespoir. Il a oublié Asher un instant, juste un court moment, tout à son investigation. Tout à coup, sa main attrape le plastique d'une autre pochette de disque. La couverture criarde titre Beggars Banquet en rouge carmin sur le jaune pisse de l'album. Un autre nom s'étale juste au-dessous en lettres capitales : THE ROLLING STONES. Taffy cligne des paupières une fois ou deux, intrigué par sa trouvaille. Ça lui parle et ça n'est clairement pas le fruit d'un illuminé autrichien qui se branlait sur du solfège voilà deux siècles. « Bon s'tu veux, on peut essayer ça plutôt. C'est le moins pire. » Leur suspect est supposément dans le cinéma, en pleine séance sur plein écran. Leur attente s'annonce longue. Les joies fluettes de la filature. Le plus jeune jette un regard en diagonale à son comparse. Ses yeux rieurs crépitent de toute leur flamme. On peut deviner toutes les taquineries qui se camouflent derrière le brun de ces iris. Un drôle de sourire reste suspendu à sa bouche charnue. Il a de grands yeux très expressifs, Thompson. Des petits bouts d'écorce, de humus, des coques de noix, de terreau meuble. Il rappelle la forêt et la campagne, la ville et les étoiles. Ses yeux font penser à l'automne, mais son cœur chuchote printemps. Alors Taffy tend le cd-rom à Asher et s'installe confortablement, nuque sur l'appuie tête, donuts sur les cuisses et jambes écartées. Ready to play bro.
pleased to meet you hope you guess my name |
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donne coeur, pas cher, déjà utilisé ▹ posts envoyés : 1889 ▹ points : 16 ▹ pseudo : Unserious/Agnès ▹ crédits : WHI, tumblr, bazzart / avatar : balaclava / AES : moi / gif : camille ▹ avatar : Ben Barnes ▹ signe particulier : un accent de liverpool, un tatouage "bad" au creux du coude, et une chevalière à l'index gauche. oh, et totalement casher. en théorie.
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| Sujet: Re: just as every cop is a criminal • bloomberg. Sam 13 Mai - 19:02 | |
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Taffy & Asher But what's puzzling you Is the nature of my game © creditimage|tumblr (blair-helps) Sa vie est une succession d’emmerdes. Et pas des emmerdes d’une seule nature, hein, parce que ça serait simple à enrayer ça, simple à esquiver, ça serait facile de les balayer d’un seul coup si ça ne dépendait que d’une chose. Non, sa vie est une succession d’emmerdes parce qu’il a un job pourri, parce qu’il est en permanence en train de repêcher des gosses à la dérive, parce que les histoires d’amour finissent toujours mal pour lui, parce qu’il est inexorablement seul. Et commençons par le boulot de merde, tiens. Les missions à la con qu’on lui refile parce qu’il n’ose pas dire non, parce qu’il veut aider, parce qu’il ne pense pas avoir vraiment le choix. Y a un rapport qui part tous les mois en direction de chez ses parents, un compte-rendu exhaustif de ses activités et de sa contribution à la vie du poste de police, un truc qui ne sert à rien si ce n’est à tuer des arbres. Il lui pardonnera pas, tout comme sa mère, et Asher s’est fait à l’idée, il l’a avalée, digérée, il a tiré un trait sur toute perspective d’amélioration. Ça n’arrivera pas parce que Jefferson Bloomberg est un connard fini, parce qu’il reste buté sur ses pensées, figé sur ses aprioris, incapable de revoir son jugement, parce qu’il pense déjà lui avoir fait une fleur en l’exilant et en le pistonnant pour ce job en carton. Et pourtant le papier part toutes les quatre semaines, à heure fixe, étale froidement les faits, le nombre d’heures bossées dans le mois et le temps qu’Asher passe dans sa bagnole à patrouiller. Aux dernière nouvelles, le courrier parlait de soixante heures par semaine, un peu plus ou un peu moins, soixante heures et une rétribution minimale, un salaire à chier, deux dollars qui se battent en duel dans la poche arrière de son jean et à peine plus pour payer loyer, eau, électricité. Il sait pas s’il tiendra Asher, sur le long terme, pencherait pour la négative, parce qu’il sent déjà que son cerveau est à bout de souffle, que son corps le lâche aussi, qu’il est pas loin de frôler la crise de nerfs mais qu’il se rattrape à chaque fois aux quelques branches qui se présentent, Jael, Minerva, Elena, Caïn, les quelques amis qu’il a, Swann, Merle, Lenny, River, la poignée de personnes qui l’aident à garder la tête hors de l’eau, et y en a une à laquelle il ne s’attendait pas, entre toutes. Y a Taffy, qui rentre dans l’habitacle avec un sourire beaucoup trop grand sur les lèvres avant de lui tendre un petit sachet et de lui en décrire le contenu. Asher rouvre les yeux qu’il avait fermés, parce que Beethoven le berce, parce qu’il est bien quand il a sa musique, quand il a sa clope au coin de la bouche, quand ses doigts jouent les notes sur le clavier imaginaire qu’il porte sur ses genoux. Il profite pas bien longtemps parce que son ami coupe l’autoradio, parce qu’il dit des trucs cons, comme si la musique classique était forcément déprimante. « Tu es en train de dénigrer la plus belle œuvre de Beethoven, je te signale », il dit laconiquement, le ton monotone, le regarde fouiller dans la boite à gants. C’est sa caisse et il sait parfaitement la musique qu’il embarque, alors il doute franchement que Taffy trouve son bonheur. Y a pas grand-chose d’entraînant, pas grand-chose de rythmé, pas grand-chose de jeune et putain qu’il se sent vieux à cette pensée, tellement vieux qu’il grimace et détourne le regard, profitant d’être sorti de sa torpeur pour faire tomber quelques cendres par la fenêtre ouverte. Et puis, l’autre flic sort un CD et lui tend, et il sourit à son tour quand il pose les yeux dessus. Y a pas beaucoup de trucs qu’il aime vraiment, Asher. Y a le lait, l’orage en été, l’odeur de la pluie, le vin rouge un peu sucré, les gaufres au petit-déjeuner, y a le poker, Doctor Who, la meringue et le kiwi, y a Beethoven, Liszt, Mozart, Haendel, Chopin, Debussy, y a plein de noms que Taffy trouverait sûrement très chiants s’il devait tous les énumérer, y a les Beatles, Pink Floyd, Led Zeppelin, Aerosmith, Radiohead, Blur, et y a les Stones. Si y a bien un groupe moderne qu’il aime, c’est celui-là, et pas forcément pour leur musique en elle-même, surtout pour eux. Eux et leur désinvolture, eux et leur insolence, eux tout court, sans équivoque, et quand il voit le jaune criard de l’album, ça le fait décoller, intérieurement, ça le fait partir très très haut, là où Mick est roi et où Keith est prince. Il sort le disque de Beethoven de la radio, le tend à son ami pour qu’il le range, du bout des doigts, comme si c’était son bien le plus précieux. « T’avise pas de coller tes doigts pleins de graisse dessus, même si tu ne l’aimes pas », il prévient, alors qu’il enfourne celui des Stones et que les premières notes de Sympathy for the Devil résonnent dans l’habitacle. Il rajuste sa position dans son siège, les reins bien collés à l’assise, aspire sur sa clope et attrape le muffin pour croquer dedans à pleine bouche. « Merde, ch’est délichieux », un soupir alors qu’il pose de nouveau sa nuque contre l’appuie-tête et expire profondément. Il a oublié d’ajouter ça à sa liste, les muffins, ceux au chocolat surtout. Il aime pas le chocolat d’ailleurs, en temps normal. Nouvelle inspiration, bouffée de tabac qui tombe en plein dans les poumons, ça lui fait ça de plus pour son futur cancer. « Par contre vas-y mollo avec la bouffe, on tombe souvent en planque tous les deux et j’veux pas devenir obèse ». Il rouvre un œil, lui adresse un sourire avant de fermer de nouveau les paupières. Ils surveillent que dalle ; les pires flics de Savannah, définitivement.
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