Lucy Bridges se situait dans la maison parentale. Ses parents venaient de se séparer. Llewyn avait surpris sa femme avec un autre homme. Lullaby dissimulait un adultère. La brunette se montrait très secrète. Ses absences se répétaient. Elle se disputait souvent avec son époux. Ils avaient perdu un enfant, Mason quatorze ans. Ils ne se remettaient pas. Llewyn se terrait dans son coin et il subissait les conséquences de l'accident. Il était plus dépendant, sa santé restait mise à rude épreuve. Il retravaillait seulement depuis quelques jours. Lullaby le jugeait différemment, elle ne s'était pas mariée avec ce genre d'hommes : passif et transparent. Alors, elle s'offrait du bon temps. Il fallait bien qu'elle passe à autre chose, qu'elle oublie tous ses malheurs car la femme se sentait également responsable de la mort de son fiston. Elle n'avait pas pu le sauver ou éviter cet accident. Elle était seule, son mari ne la soutenait pas. Elle palliait à toutes ses souffrances. Cette relation adultère lui servait de bouée de sauvetage. Or, la farce était découverte. La séparation représentait leur option afin de prendre du recul et évaluer la situation. Lucy ne l'acceptait pas. Elle demeurait très déçue même si elle voyait ses parents se déchirer. Elle avait compris la trahison de sa mère. L'adolescente était plus intelligente que la moyenne. Elle réfléchissait plus que ses camarades du même âge qu'elle. D'ailleurs, ils la mettaient à part. Dernièrement, elle s'était vengée. Les autres lycéens s'en prenaient beaucoup à elle en la bousculant, en l'insultant, en volant ses affaires, en trichant sur elle, en piquant ses devoirs. Luce n'appréciait pas sa nouvelle vie : ce déménagement survenu six mois après le décès de Mason. Ce changement d'environnement ne lui réussissait pas. La jeune fille bousculait la donne en modifiant sa façon d'être. Maintenant elle avait des amis et elle prenait plus de temps pour elle : fini l'intello solitaire.

Présentement, la gamine choisissait de descendre dans la cuisine afin de prendre un petit goûter. Sa journée s'était terminée tôt : à quinze heures trente. Avant, elle aurait usé de ce temps pour bosser ses cours comme une malade. Aujourd'hui, elle partageait les instants qui se présentaient à elle. Elle préférait s'attaquer aux jeux vidéos, aux sorties au skate parc, pour les loisirs moins intellectuels. Outlast qualifiait son choix cette après-midi. Sa mère travaillait et son père, elle le verrait quand elle le déciderait. Elle était un peu en froid avec lui. En s'avançant vers la cuisine, la lycéenne connaissait un sursaut. Elle avait oublié la présence de Eleonore Childs. Lucy savait juste que sa mère lui prêtait son toit pour quelques temps. La jeune fille avait rien. Lullaby s'était prise de pitié pour cette inconnue. Pourquoi ? Luce n'avait pas tout écouté. Eleonore était autorisée à dormir, à manger, à se laver dans cette maison. Qui était-elle ? Pourquoi Lullaby agissait-elle de cette manière ? Pour se rattraper ? Lucy ne voulait pas savoir. Pour la première fois, elle croisait cette personne. Devait-elle lui adresser la parole ? Elle ne savait pas quoi dire. Pourtant, elle pouvait en poser des questions, elle ne possédait pas d'informations sur Leo sauf son prénom et son nom.

Euh... salut, tu veux quelque chose ? J'allais me préparer un smoothie. Elle l'invitait à s'installer dans la cuisine. Euh... tu restes combien de temps ici ? M'man a dit que tu avais ta place dans cette maison. Je n'ai pas écouté les raisons de ta venue, tu n'as pas de famille ? La petite brune détaillait sa voisine. Par le regard, elle se faisait un avis. Cette inconnue semblait normale.

Au premier abord Eleonore Childs paraissait douce et gentille. La méchanceté ne cernait pas son visage, bien au contraire, mais il fallait toujours se méfier des apparences. Cette fille devait posséder la petite vingtaine. Elle n'était pas bien grande, même si c'était toujours simple d'être plus grand ou grande que Lucy. En effet, l'adolescente mesurait un petit mètre cinquante-cinq. Il ne fallait pas oublier de prendre en compte la situation de cette jeune femme, fringuée de manière stylée et actuelle. Elle n'avait pas les moyens de subvenir à ses besoins. Elle pouvait très bien voler l'argent de Lullaby ou s'en prendre à Lucy. Elle représentait une pure inconnue. Luce demeurait sur ses gardes. Lullaby arborait une belle âme. Elle aidait cette personne. Pourquoi ? Comment s'était déroulée leur rencontre ? Quel lien entretenait-elle ? La fille de l'agent immobilier se posait un maximum de questions. Elle était seule avec Leo. En cas de soucis, elle devait penser à une alternative. Comment Childs survivait-elle sans rien ? Quelles étaient ses manières de pallier à ce manque d'argent ? Lucy le lui demanderait. Elle n'avait pas peur de paraître nonchalante ou ridicule, elle se situait chez elle. Par contre, elle admirait la silhouette parfaite de Eleonore. Plus tard, elle apprécierait de ressembler à cela. La jeune femme validait la proposition de l'adolescente. Elle voulait bien prendre un goûter avec elle. Mais que souhaitait-elle ? Luce ne connaissait pas ses goûts. Elle ne savait rien de cette squatteuse. Bridges ne voyait pas la problématique de son interlocutrice : elle était sourde. Elle portait un appareil auditif. Cette inconnue avait pleins de secrets à son actif. Or, elle osait en parler. La raison de sa visite dans la maison familiale : des piles.

Ah d'accord, c'est arrivé comment ? Tu veux quoi comme goûter ? Gâteaux ? Smoothie ? Fruits ? Céréales ? Je ne connais pas tes goûts. Elle souriait légèrement. T'as rencontré comment ma mère ? Vous êtes amies ? Tu es un peu jeune non pour parler à une trentenaire ? Lucy partageait ses interrogations. Childs se montrait assez réceptive. La brunette ne comprenait pas tout. Elle avait du mal à lire sur les livres. T'as trouvé les piles ou tu veux que je t'en file ? Ça ira mieux pour toi je suppose. Elle était sincère. Elle évitait finalement le sujet de la famille pour éviter de trop incommoder la jeune femme, même si elle ne savait pas quelle position adopter face à cette situation. Elle pensait à son père, Llewyn, sur le coup. Qu'aurait-il dit ? Il se serait certainement méfié comme elle. La rencontre était particulière : Leo qualifiait simplement une connaissance de Lulla. Luce lui laissait le bénéfice du doute. Peut-être qu'elle qualifiait une bonne personne après tout.

Lucy Bridges interrogeait son interlocutrice. Elle se montrait curieuse. La brunette ne connaissait pas cette inconnue qui se baladait dans la maison familiale. Alors, c'était légitime de se poser un millier de questions. Eleonore Childs pouvait représenter une voleuse qui s'aventurait dans cet endroit pour piquer un tas de trucs. Étant donné qu'il y avait une seule personne dans ce lieu, une ado, elle n'avait peut-être pas pris de précautions, ou alors elle imaginait la maison vide et elle venait de se faire pincer. Rien ne demeurait sûr à propos de la jeune femme. Cette dernière affichait une surdité. Apparemment, elle était à la recherche de piles pour son appareil auditif. Lullaby Bridges lui donnait l'autorisation de squatter cet endroit. Si Leo demeurait présente, il s'agissait d'une proposition de l'agent immobilier. Comment une amitié entre une fille paumée et une adulte responsable pouvait exister ? Elles n'étaient pas du même monde et aussi elles ne possédaient pas le même âge. Luce restait dubitative. En attendant, Childs répondait une questions de la jeune fille.

Ah... c'est pas cool, tu n'as pas choisi d'avoir ça. Fin' j'imagine que tu sais comment gérer cela depuis le temps... ?! Désolé pour toi.

Lucy savait savait ses paroles inutiles. Leo devait connaître ce genre de commentaires tout le temps. Cela ne devait plus avoir de sens. L'adolescente pensait et pesait ses dires, personne ne méritait ce sort difficile. Heureusement, le temps de goûter ensemble apportait du bon. La bonne humeur régnait. Eleonore ne semblait pas compliquée. En même temps, elle n'avait pas grand chose. Lulla avait partagé cette donnée avec sa fille : elle prêtait de bon cœur, son toit à cette jeune femme rencontrée quelques jours plus tôt. Lucy ne voulait pas contrarier sa mère, ni ses projets de réparer ses erreurs par ce moyen.

Smoothie vanille ? Ça te va ? J'ai pas mal de parfum, je peux te faire ce que tu veux. Lucy se montrait aussi hospitalière que sa mère. Après tout, Leo ne pouvait rien voler : elle était entourée alors elles pouvaient faire connaissance, et peut-être devenir pote. Luce tenait de comprendre au mieux le lien entre l'inconnue et sa mère. Ah d'accord... c'est sympa. Bah t'es la bienvenue alors. Tu vis où ? Un réel échange se disputait dans cette maison, le contact passait plutôt bien. Je vais t'apporter ça, j'arrive dans deux minutes. Elle comprenait l'importance de cet appareil : il jouait un rôle capital pour Leo. Les piles se situaient dans le tiroir de la commode du salon, premier tiroir. Lucy attrapait un paquet neuf, ils en avaient pleins. Elle choisissait de revenir vers Childs. Tiens. Tu peux les garder. Tu peux me parler de toi pendant que je prépare nos smoothies, après je t'emmène là-haut, t'aimes les jeux vidéos ? Elle souriait et elle se détendait. La pression n'existait plus.

Eleonore Childs devait avoir l'habitude d'entendre les excuses des autres mais aussi leurs regrets par rapport à sa situation : elle était sourde. Sa situation, visible, poussait les gens à user de pitié. Ils faisaient peut-être pire que mieux. Lucy Bridges se montrait sincère, elle pensait ses dires. Or, elle se rendait compte qu'ils n'étaient pas uniques. Leo devait être saoulée par tout cela. Elle offrait une bonne leçon de vie à autrui. Elle disait ne pas se plaindre de sa situation même si elle ne l'avait pas choisi dès le départ. Elle se jugeait semblable à ses camarades. Elle n'utilisait pas le terme « différence ». Elle fonctionnait comme tout le monde.

Tout le monde ne penserait pas comme toi, c'est cool de ta part.

Childs acceptait son problème. Elle possédait maturité et expérience dans ce domaine. Lucy ne s'imaginait pas perdre l'ouïe. Elle avait besoin de tout entendre : les cours, la voix de ses parents, la musique, tout. Elle vivait avec son environnement. Elle ne supporterait pas subir le même souci que son interlocutrice. Leo restait très courageuse. Se sentant un peu bête, Lucy s’attelait à une tâche : faire deux smoothies à la vanille. Elle n'allait pas laisser Leo sans goûter. Cette dernière squattait bien la maison, Lullaby lui donnait une place, donc pourquoi pas suivre cette démarche ? L'adolescente usait de gentillesses bien que ses interrogations cassaient sa démarche : trop intrusives. Toujours pour se rattraper, Luce piqua des piles dans le tiroirs de la commode pour l'invitée surprise. Cela semblait la ravir puisqu'elle était venue pour ce motif. En attendant de terminer la préparation du goûter, la jeune fille souhaitait en savoir plus sur Eleonore. Elle lui demandait des informations concrètes sur sa vie. Il lui fallait contrôler la visite de cette inconnue, l'occuper pour éviter le pire : vol, agression. Après tout, qui représentait réellement Eleaonore Childs ? La belle se confiait. Elle venait de Georgie, de Jesup. Elle n'avait peut-être jamais quitté le pays. Ses parents étaient décédés, Leo n'avait que treize ans. Son histoire paraissait difficile. Elle méritait sûrement l'aide d'autrui. Lullaby devait le savoir pour ouvrir sa porte aussi facilement. La brunette avait connu un placement compliqué. S'étant enfuie, elle subissait une situation précaire.

Tu fais quoi pour survivre ? Y'a rien dans l'centre ? Si t'as trouvé des potes de confiance c'est cool mais, si j'ai bien compris, tu vis dans la rue ? Ta cousine ne te cherche pas ? Elle souriait. Maman a le don pour repérer les âmes perdues, fin' c'est pas une critique, elle a bon cœur. Si t'as besoin, reste ici. Vaut mieux ça, que la rue non ? Ça craint un peu ton plan. T'as quel âge ? Elle n'évoquait pas encore son histoire, préférant se concentrer sur Leo.