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 There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva

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MessageSujet: There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva   There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva EmptyMer 26 Avr - 17:54

Elle aurait dû aller en cours aujourd'hui. Elle aurait dû y aller le jour d'avant aussi, pour tout dire, mais elle aurait vraiment mieux fait d'y aller aujourd'hui. Parce que si elle était allée en cours, la journée se serait terminée comme ça : Mia sortit de la fac, bouscula une vieille en montant dans le bus parce qu'elle portait de la vraie fourrure beaucoup trop fièrement — elle la croisait souvent, celle-là —, descendit du bus, ouvrit la porte de son appartemment et s'affala dans son canapé avec un latte, son ordinateur et Tool à fond dans les oreilles. Seulement, elle n'était pas allée en cours. Comme on était jeudi et qu'elle n'était pas sortie de chez elle depuis dimanche matin, elle s'était forcée à mettre le nez dehors. Il lui avait fallu un prétexte, et le frigo vide en était un tout trouvé. Elle n'aimait pas faire les courses, Mia. Elle ne savait jamais quoi acheter et finissait toujours par manger la même chose. Elle n'aimait pas voir toutes les saloperies qu'on vendait dans les magasins, alerte travail d'enfants par-ci et déforestation plus meurtres d'orangs-outans par-là, c'était assez déprimant. Elle essayait d'acheter éthique mais ça aussi, ça la saoulait parfois, parce qu'il fallait toujours se renseigner au préalable. Pourquoi est-ce que c'était encore nécessaire aux États-Unis en 2017, bon sang ? Ç’aurait dû être un acquis depuis longtemps. Elle n'aimait pas faire ses courses, mais elle y était allée quand même. Et tant qu'à faire, elle s'était dit qu'elle allait tâcher de pousser plus loin que l'épicerie du bas de la rue. Elle avait fini dans un grand centre commercial du centre-ville, même si elle n'aimait pas non plus les centres commerciaux. Ça lui rappelait l'époque du shopping forcé avec sa mère, quand elle faisait encore semblant de s'intéresser à sa fille et la traînait acheter des fringues qui ne lui plaisaient pas pour le lui prouver. Et pourtant, en sortant du supermarché, elle avait eu le regard happé par une vitrine très noire, avec des tee-shirts à l'effigie de groupes de métal et des vinyles et un cendrier en forme de tête de mort renversée. Forcément, elle y avait fait un tour et était ressortie plus chargée que du supermarché. Elle avait même trouvé un porte-clé pour Ivory en forme de vieille bagnole avec une pin-up taguée dessus. L'ironie dramatique, en somme. Chargée comme un mulet à frange brune, elle était rentrée chez elle, avait posé ses sacs et tâté la poche de son blouson noir pour en sortir ses clés, et elle n'y avait rien trouvé. « Bordel à queue putain ! » s'était-elle exclamée au moment où un voisin sortait ses poubelles. Elle avait tout retourné. Il lui restait son portefeuille, sa carte de bus, son téléphone, le casque qui ne quittait jamais ses oreilles, mais ses clés s'étaient volatilisées.

Voilà pourquoi, quinze minutes plus tard, elle se pointa devant la boutique de Minerva qui était en train de fermer, toujours chargée de ses sacs et traînant son cabas à roulettes derrière elle. Elle aurait pu appeler l'un des gars ou l'une de ses rares copines, mais elle avait pris l'habitude de penser à Minerva chaque fois qu'elle se retrouvait dans une situation compliquée. Ce qui était bien, c'est qu'elle avait fini de regretter que son père ne soit pas là pour tuer les bestioles avec trop de pattes et pas assez de poils qui squattaient parfois sa première piaule d'étudiante. Maintenant, elle avait Minerva pour la sauver. En quelque sorte. « Hey, Minnie, attends ferme pas ! » fit-elle, un brin essoufflée. Elle arriva sur le pas de la porte en soupirant. « Salut. Minnie, tu peux m'héberger un coup ? Ou me laisser poser tout ça chez toi avant de me foutre dehors au moins. » Elle sourit de toutes ses dents, un truc qu'elle ne faisait qu'ironiquement bien sûr, et puis elle grogna, parce que c'était Mia. « J'ai paumé mes clés, faut que j'appelle un serrurier mais j'ai la la femme de l'attendre trois plombes dehors. Mais j'ai des bières. Tièdes, mais si t'as un congélo... » Elle secoua son cabas pour les faire s'entrechoquer doucement.


Dernière édition par Mia Faulkner le Dim 14 Mai - 18:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva   There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva EmptyDim 7 Mai - 23:22

La vie de Minerva est constituée de deux choses : de beaucoup d’humour, d’une part, parce que c’est la seule façon qui lui permet de traverser la vie sans s’y égratigner et de beaucoup d’animaux perdus. « Animaux », dans ce cas-là, est un mot qui désigne de façon large tous les gamins qui franchissent le pas de sa porte pour finir dans sa cave parce qu’ils n’ont pas réellement d’autres endroits où aller, pour certains, parce qu’ils n’ont pas envie d’aller ailleurs, pour d’autres. Elle pourrait les compter sur les doigts d’une main, potentiellement, mais elle est presque sûre qu’à peine elle aurait fini qu’il en débarquerait un autre, comme un espèce de cercle vicieux où, incapable de produire des enfants, elle se retrouve à adopter la moitié des adolescents de ce trou paumé qu’était Savannah. Peut-être qu’elle est trop sympa, Minnie, dans le fond, ou peut-être que pas du tout, mais en tout cas elle offre à toi à Meredith lorsqu’il a peur de rentrer le soir, elle laisse aller et venir Ivory dans sa boutique sans faire de réflexion, encaisse sans broncher l’espèce de morgue de Mia, ne bat pas un cil lorsqu’un nouveau se pointe et qu’il a nettement besoin de se faire dompter. Ce n’est pas une corvée, d’une certaine façon, parce qu’il y a quelque chose de naturel, dans la façon dont elle les prend sous son aile, quelque chose d’instictif, quelque chose qui n’est pas maternel, pas du tout, parce qu’elle n’est pas mère, certainement pas la leur, et qu’elle est trop occupée à leur balancer des piques ou à leur botter les fesses pour être à proprement parlé maternelle. C’est évident, pourtant, et si on lui demande, elle répondra sans doute que l’Egide est sa famille, qu’elle sortira les griffes et les crocs pour les défendre et qu’elle n’épargnera personne en le faisant, parce que c’est comme ça, que c’est la réalité, qu’elle ne peut pas le nier.

C’est peut-être pour cela qu’elle ne moufte pas lorsque Mia se pointe, pour cela que ça ne l’étonne qu’à moitié qu’elle soit chargée comme un baudet qui aurait oublié que potentiellement faire des pauses pour larguer les trucs qu’elle transporte, pour ça qu’elle rit, en fait, quand elle lui demande si elle peut rester, évoque le fait qu’elle est prête à se faire chasser passée une certaine heure, sous-entend même que Minnie pourrait se résoudre à faire un truc pareil. Ça la fait rouler des yeux, Minerva, bien sûr, parce qu’elle a jamais collé qui que ce soit à la porte, même pas son ex-mari qui aurait mérité plus d’une fois et Mia est loin de mériter ça.

« Rentre, degourdidos. » lui balance-t-elle avec une certaine affection alors qu’elle relève le store pour la laisser passer en dessous. « Laisse tes machins en bas, si y a des trucs qui vont au frais, le frigo est en haut, derrière le bar, tu peux pas le louper. » Elle est mignonne, Mia, avec sa frange et ses cheveux noirs et sa langue trop bien pendue. Elle est mignonne parce qu’elle a les boules et que ça se voit, mignonne et Minerva se demande si elle aurait pu être comme elle à son âge, aussi dure et droite et forte. Ce n’est pas la même chose, se raisonne-t-elle, souvent, pas la même situation, pas la même histoire, pas le même passif, ce n’est pas pareil, répète-t-elle intérieurement parce qu’elle a besoin de s’en convaincre, pour arrêter de se dire qu’elle est trop faible, trop lâche, pas assez résolue. C’est faux. C’est faux maintenant, en tout cas, et ça devrait lui suffire, bien sûr, lui suffire parce qu’elle ne peut pas rembobiner, pas revenir en arrière, pas tout recommencer.

« Tu vas bien ? » demande-t-elle, lorsqu’elle finit de fermer boutique et qu’elle tourne les talons pour la regarder, lorsqu’elle tend la main pour lui ébouriffer les cheveux, un sourire un rien sarcastique sur la bouche. « Un jour tu vas perdre ta tête et bonjour pour la retrouver, tu sais. »

Et peut-être qu’elle joue un peu trop les grandes sœurs, dans le fond.
Peut-être qu’elle aime un peu trop ça.
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MessageSujet: Re: There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva   There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva EmptyMar 16 Mai - 18:50

Bien sûr qu'elle savait que Minnie n'allait pas la mettre dehors. Ce n'était pas par hasard qu'elle avait choisi d'aller chez elle, dans sa situation de sans-abri. Minnie, c'était un refuge à elle toute seule. Mia, elle récupérait des bestioles, des rats et les chats du quartier qui se battaient sur son balcon pour accéder à la gamelle qu'elle avait mise à leur disposition — et elle chassait les gros lards bien nourris quand ils piquaient la place aux chats errants —, mais Minnie, elle était plus généreuse que ça. Minnie, elle ne fermait pas la porte au nez des humains non plus, alors que c'était chiant, que ça parlait, que ça demandait beaucoup plus d'attention qu'un animal, que ça avait plus de chance de l'entuber ou de lui pourrir la vie d'une façon ou d'une autre. Mia n'étendait sa propension à l'hospitalité qu'à une poignée d'êtres humains, elle n'aimait pas qu'on envahisse son antre, et elle se sentait rapidement envahie.

Elle admirait Minerva pour ça, entre beaucoup d'autres choses. Elle se rendait compte de son besoin constant de mentor et de sa tendance à l'idéaliser, une fois qu'elle en trouvait un, mais elle savait qu'elle ne faisait pas fausse route avec Minnie. Parce que ce n'était pas seulement un mentor, pas vraiment un modèle, Minerva, c'était d'abord une personne qu'elle avait aimée trop rapidement mais qui ne l'avait jamais déçue lorsqu'elle avait appris à la connaître, c'était l'un de ces rares cas où le réel surpasse l'idéal, où l'admiration distante se mue tranquillement en un amour authentique et féroce. Elle avait été étonnée de trouver ça si facile, si naturel, Mia qui n'avait jamais eu d'amis, qui n'avait quasiment jamais aimé personne, à part son père. Elle avait pensé, pendant un temps, que ça durerait, que ce serait toujours si simple, que Minerva était entrée dans sa vie pour y rester et qu'elle trouverait toujours sa place auprès d'elle. Mais les relations humaines n'étaient jamais si simples, pas quand elles devaient signifier quelque chose. Mia avait fini par voir, peu à peu, qu'il y avait souvent un voile de mélancolie sur les excentricités de Minerva, sur ses mots durs et ses regards doux, il y avait ce voile, ce quelque chose qu'elle n’identifiait pas vraiment et qui lui rappelait que, de Minerva, elle ne connaissait que la surface émergée de l'iceberg. Elle aurait voulu pouvoir le décoder, elle aurait voulu être proche d'elle comme une sœur, elle aurait voulu avoir partagé son passé, et c'était quelque chose de nouveau pour Mia, de vouloir faire partie d'une vie. Ça lui faisait peur, parfois. Elle n'avait pas encore trouvé les mots pour parler de tout ça à Minnie, elle n'avait jamais osé aborder le moindre sujet qui puisse lui faire se sentir mise à nue, vulnérable, parce qu'elle avait l'intuition que c'était un tabou. Elle était peut-être fausse, son intuition, peut-être simplement une projection, parce que Mia trouvait souvent qu'elles se ressemblaient, elle et Minnie, et elle se faisait peut-être des idées. C'était difficile, c'était nouveau, elle ne savait pas comment s'y prendre. Et Minnie la perdait, quand elle semblait si ouverte et l'accueillait avec tout le naturel du monde et réussissait en même temps à lui donner le sentiment qu'elle n'avait encore fait que l'effleurer.

C'est à ça qu'elle pensait pendant qu'elle empilait ses bières et ses légumes dans le réfrigérateur, parce qu'elle avait senti ce petit quelque chose quand Minnie lui avait dit d'aller mettre ses courses au frais. Mais il y avait aussi ces choses plus légères, il y avait la façon dont elle venait de l'appeler dégourdidos qui lui donnait envie de sourire et en même temps de ronchonner et de lui dire qu'elle n'était plus une gamine. Et quand elle revint vers elle après avoir fermé la boutique, elle en remit une couche. Mia mit deux bières au congélateur pour pouvoir trinquer avec Minnie avant la nuit, et lui fit face avec une mine renfrognée. « Minnie. Je suis une adulte. Et me fais pas croire que tu perds jamais rien. » Elle souffla pour chasser la frange qui lui tombait dans les yeux. Il fallait qu'elle la raccourcisse un peu. « Ça va, à part le coup des clés et que j'arrive pas aller en cours en ce moment. » Elle n'avait pas prévu de lui déballer ça, mais c'était sorti tout seul. Elle voulait dire que tout allait bien. Elle ne voulait pas se faire botter le derrière par Minnie, elle savait bien comment elle faisait avec Meredith — même si, lui, il le méritait vraiment. Elle haussa les épaules. « Et toi, comment tu vas ? Dure journée ? » Elle attrapa une paire de ciseaux et commença à en examiner les lames. « Tu veux jouer à la coiffeuse pour changer un peu ? »


Dernière édition par Mia Faulkner le Mer 19 Juil - 21:36, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva   There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva EmptyVen 26 Mai - 18:34

Elle se demande souvent, Minnie, à quoi ressemblerait sa vie si y avait pas eu l’Égide. Elle se demande souvent ce que ce serait, les soirées sans Meredith ou Asher, ou Mia, ou Ivory, les longues journées à se demander comment passe les minutes, à quel point le temps est lent, à se perdre sur internet sans but et sans envie. Elle se demande souvent Minnie ce qu’elle aurait fait, en réalité, livrée à elle-même dans une ville pour laquelle elle n’a pas d’affection, à gérer seule un magasin qu’elle aime mais qui ne lui suffit pas, à rêver de terres par de-là l’océan et de temps depuis longtemps engloutis par la course des aiguilles si y avait pas eu Meredith ou Mia ou Ivory, si y avait pas eu Asher ou Kieren et le bruit constant de l’activité au creux de sa cave, comme un bourdonnement apaisant qui lui permettrait de se focaliser, d’avancer, de progresser, d’aller de l’avant pour pas flancher. C’est pas qu’elle aurait pas eu de raisons de le faire, en réalité, peut-être qu’il aurait fallu qu’elle craque à un moment, qu’elle laisse tout s’échapper, la mort de son mari et les années à le détester, le placard trop noir et les enfants qu’elle peut pas porter, peut-être qu’il aurait fallu qu’elle lâche l’affaire, à un moment, pour arrêter de ressasser, pour arrêter de détester, pour laisser filer la rancune, qui ronge et qui dévore et qui paralyse. Peut-être qu’elle aurait dû. Elle en sait rien, en fait. Elle sait juste qu’elle a pas à se poser la question, pas vraiment, parce que y a Mia en face d’elle qui fait la moue et que ça lui donne envie de rire, parce qu’elle a la frange trop longue et le nez qui plein de tâches de rousseur, parce qu’il y a quelque chose dans ses yeux d’incroyablement familier, parce que c’est une adulte, évidemment, comme elle se plaît à lui rappeler, mais qu’elle a encore tellement de choses à vivre et que Minnie a encore beaucoup trop d’affection à lui donner.

« Je perds plein de trucs ! » lui répond-t-elle et elle lui adresse un sourire beaucoup trop large quand elle la rejoint à l’étage. Elle perd plein de trucs, bien sûr, la tête, son cœur, trop de trucs, dont elle parlera jamais parce que ça donnerait un ton trop triste à une conversation qu’a pas besoin de l’être. Elle perd plein de trucs, évidemment, tout le monde perd trop de trucs et ça finit toujours en bordel par terre parce que quelqu’un finira toujours par avoir à nettoyer les saletés qu’on y a laissé. Elle a pas envie que ce soit Mia qui balaye les plâtres de ses émotions en vrac, parce que ce serait pas juste, parce qu’elle vient d’admettre entre deux phrases que ça va mais et y a ce petit mais en suspens qui lui fait un nœud au cœur, parce qu’elle sait pas bien comment elle peut aider ou même si elle peut aider, parce qu’elle peut pas faire comme avec Meredith qui fait n’importe quoi, parce qu’elle peut pas la secouer comme elle agite Meredith, parce que le problème est différent, que c’est pas une question de responsabilité, qu’elle croit pas, pas un problème de gestion d’argent, vraiment pas, qu’on peut pas régler des maux différents par le même remède et qu’elle le sait beaucoup trop bien. Elle dit rien, du coup rien vraiment, rien tout de suite, mais elle tapote un pouf balancé au sol dans le salon pour faire s’asseoir Mia, s’installe sur la table basse et attrape les ciseaux. « Fiver a eu un accident y a quelques jours mais sinon ça va. » Elle parle pas de la catastrophe Asher ou du reste parce que c’est pas la peine, pas vraiment, parce qu’elle a pas envie que ça ait de l’importance pour d’autres que pour elle, parce que y a pas de raisons que ses peines de cœur influent sur la façon dont les autres le regarde. « Tu veux que je raccourcisse juste un peu ou tu as des envies plus fantaisistes ? »

Oh elle connaît la réponse, évidemment, et Mia a de bien trop beaux cheveux pour qu’elle les massacre, mais s’imaginer lui faire une crête lui arrache un petit sourire. Elle est sûre, en plus, que ça lui irait bien, avec son visage de lutin et son regard bien trop vif, certaine même que ça lui irait parfaitement, parce qu’elle a pas besoin de ses cheveux pour équilibrer son visage, parce qu’il y a quelque chose qui attire l’œil et l’accroche et le maintient là, sans que Minnie sache trop bien mettre le doigt dessus, sans qu’elle sache trop bien pourquoi. Peut-être que c’est de la magie, un peu, ou peut-être que c’est un peu de la génétique. Sans doute un peu des deux.

« Tu sais, si t’arrives pas à aller en cours, tu peux venir ici. » Elle sait pas trop ce qu’elle fait de son temps libre, si elle va pas à l’école, elle sait pas trop comment sa proposition sera perçue non plus. Elle sait que c’est pas bon de rester enfermé, par contre, pas bon du tout de ressasser et c’est une main tendue qu’elle offre. « Genre pas pour bosser enfin sauf si tu veux mais tu serais pas toute seule et en même temps y aurait pas trop de mondes non plus. » Elle marque une pause, hésite. « Bon y aurait Meredith, j’admets, mais je suis sûre que si tu lui fais les gros yeux il te foutra la paix. »

Et l’idée l’amuse plus que de raisons.
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MessageSujet: Re: There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva   There's a light over at the Frankenstein Place - Minerva EmptyJeu 20 Juil - 15:14

Elle lâche un petit rire qui sonne un peu comme un soupir de soulagement. Minnie n'a pas l'air d'humeur à jouer la maman sévère, pas avec elle du moins. Mia se dit qu'elle a échappé au pire et que Minnie ne relèvera pas la fin de sa phrase, Halle-fucking-lujah. C'est une sale habitude qu'elle avait dans sa vie d'avant, lâcher des bombes dans la conversation et admirer avec quelle adresse ses parents parvenaient à les ignorer et à contourner sans les voir les cratères qu'elles avaient laissées derrière elles. En général, avec ceux qui n'entendent pas seulement ce qu'ils ont envie d'entendre, elle le fait juste pour plaisanter ou pour changer de sujet. Ou par accident, comme là. Avant, elle testait l'intérêt qu'on lui portait comme ça. Plus maintenant, c'est fini tout ça. Alors elle sourit en se laissant tomber sur un pouf. « J'espère juste que c'est pas un pervers qu'a ramassé mes clés. Ou pire, qui les a volées, sciemment, après m'avoir suivie dans la rue pendant des heures. Peut-être même qu'il connaît mon adresse. » Elle fixe Minerva avec des gros yeux en faisant mine d'être secouée d'un gigantesque frisson, et puis elle ricane. Une vieille habitude, ça aussi.

« Oh ! Qu'est-ce qui lui est arrivé, à Fiver ? » elle demande avec une mine inquiète, et sincère en plus, parce que le sort des lapins de Minerva l'intéresse presque autant que le sort de Minerva elle-même et sans doute plus que celui de quatre-vingt-dix-neuf pourcent des résidents de Savannah — y compris Kieren et Asher. N'empêche qu'elle a remarqué comment Minnie a éludé la question, en quelque sorte. Elle se demande même si elle n'a pas fait exprès de lui parler de Fiver plutôt que de Meredith ou d'un autre de ses protégés bipèdes, histoire de détourner plus efficacement son attention. Mia hésite toujours. Elle a peur d'être brutale envers Minerva, parce qu'elle est brutale Mia et Minerva lui donne toujours le sentiment d'être aussi forte que fragile.

Elle fait claquer sa langue et lui jette un regard méfiant. « Tu raccourcis juste. S'il-te-plaît, merci, je t'aime, » elle ajoute pour compenser le ton trop autoritaire qu'elle vient d'employer. Mia, elle aime sa frange droite et nette, de façon à ce que ses cheveux ne lui tombent pas dans les yeux quand elle passe des heures sur son écran, et puis peut-être pour des raisons plus esthétiques aussi, mais ça elle ne l'avouera jamais à haute voix. Mia aime passer pour une fille grunge, évidemment. Elle n'aime pas accorder trop d'intérêt aux choses matérielles et futiles de même qu'elle n'aime pas trop montrer l'intérêt qu'elle porte à ses proches. C'est pour ça qu'elle a du mal à orienter la conversation dans le sens qu'elle voudrait, même si elle a l'impression que quelque chose ne va pas. Elle ne sait jamais s'il vaut mieux insister et faire parler les gens ou plutôt leur changer les idées en les divertissant. Il faut dire que quand c'est elle qui va mal, elle ne sait pas ce qu'elle veut que les autres fassent non plus, et sa seule méthode consiste à s'isoler. Est-ce qu'elle est pareille, Minnie ? Mia ne l'a jamais vue en d'autre compagnie que des membres de l’Égide, à peu de choses près, et mis à part Asher le ténébreux mal rasé, ils ne sont que des gosses pour elle. Alors elle se demande à qui elle peut bien se confier, Minnie. Quand elle l'a rencontrée, d'abord en ligne et puis en personne, elle a eu l'impression qu'elle était très entourée, et elle l'enviait autant qu'elle avait envie de faire partie de son large cercle. Maintenant, elle lui paraît parfois un peu seule dans son cercle.

Elle met trop longtemps à se décider et c'est Minnie qui revient à l'attaque la première. Merde. Elle ne l'avait pas ignorée, finalement. Mia grimace et son cœur se serre en pensant à l'école et tout ce qui est en jeu là-dedans, mais ça a quelque chose de bizarrement agréable en même temps. Minnie l'écoute donc quand elle parle. Ce n'est pas pour autant que Mia a très envie de s'attarder sur le sujet, mais elle est contente, elle revient même d'une déception discrète qui l'avait étreinte à son insu, tout à l'heure. Elle rit à la remarque sur Meredith, qu'elle a effectivement tendance à faire fuir en se trimballant derrière lui avec l'un des lapins de Minnie dans les bras. Elle hausse les épaules en secouant et repeignant avec ses doigts sa frange fraîchement raccourcie par les doigts de fée de la fleuriste. Elle réfléchit. Son premier réflexe serait normalement de décliner l'invitation, de dire qu'elle n'a besoin de personne, qu'elle est mieux seule de toute façon, et c'est vrai la plupart du temps. Mais c'est Minnie qu'elle a en face d'elle et ça complique les choses.

« Je... verrai. Merci. » Elle gonfle les joues, soupire. « Non, en fait, faudrait que je retourne en cours, quand même. Si je foire mon année mes parents vont me rapatrier. J'veux rester avec vous, moi. » C'est ça l'important, et ce serait ça le plus grave, devoir quitter Savannah, mais malgré ça elle a du mal à se motiver. Ses cours, ils lui paraissent tellement dérisoires comparés à ce qu'elle fait au sein de l’Égide. Au moins, maintenant qu'elle en a parlé, elle aura peut-être suffisamment le sentiment de s'être engagée à quelque chose pour se bouger le cul. « J'veux pas t'embêter avec ça, c'est pas comme si j'avais à me plaindre. Mais dis, t'es sûre que tu vas bien toi ? Enfin d'ailleurs tu m'as même pas dit que t'allais bien. » Elle joue avec un fil tiré sur la housse du pouf sur lequel elle est assise et n'ose qu'un regard fuyant sur le visage trop doux de Minnie, et ses yeux toujours voilés de mélancolie même quand ils sourient. Elle a le cœur qui bat trop fort, comme une amoureuse ou comme si elle avait peur de se faire gronder, un peu des deux.
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