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 drunken night. (serghei, lucian)

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MessageSujet: drunken night. (serghei, lucian)   drunken night. (serghei, lucian) EmptyLun 24 Avr - 7:40

soirée arrosée, départ alcoolisé. t’as suivi sil dans l’une de ses expéditions comme tu le fais toujours et tu t’es sans doute un peu éparpillée. le nez plongé dans les gobelets rouges, épuisant les mélanges. te laissant resservir sans même y penser, attrapant les verres qu’on te glisse, et ceux sur ton passage, sans te demander une seconde s’ils t’appartiennent, prouvant une nouvelle fois que les caldwell ont la décente facile. y a le reflet du paternal là, quelque part au fond d’un reste de tequila. l’image écoeurante et dégueulasse de son souvenir qui te hante chaque fois que touches à un verre de trop. ce soir ça n’a pas d’importance. ça n’en a plus depuis bien longtemps, t’as compris que personne viendrait vous sortir de votre merde et encore moins lui. alors au fin fond des verres, tu te réfugies, sans profiter du goût ni même de la brûlure qui glisse le long de ton palet. tout ce que tu cherches, c’est l’engourdissement. pensant stupidement que les verres déclencheront l'inhibition. stopperont les pensées sombres. le mal être. les questions incessantes, qui martèlent ton esprit. t’es vraiment trop conne, nora. à te rendre malade pour un garçon. t’entends déjà tes frères te cracher à la gueule et te reprocher de n’être rien d’autre qu’une fille. une stupide petite fille. la foule scindée en deux à ton passage, tu te faufiles, parmi les rangs bien remplis de cette fête adolescente. sans trop savoir ce que tu y fais. tu ne ressembles à aucun de ces gens, après tout. tu n’en connais même aucun. et tu finis ta course chancelante sur le canapé, la playlist  teen pop insupportable résonnant contre tes tempes malmenées. rien de mieux que katy perry pour te faire perdre quelques neurones. la vision brouillée cherche sil, en vain. t’es incapable de voir où il a disparu, et tu te dis qu’il a sûrement trouvé meilleure compagnie pour quelques heures, dans un placard ou dans la salle de bain, que tu ne le reverras sans doute pas avant un bon moment. alors tu te réfugies à l’extérieur, loin de ces gens qui posent sur toi des regards douteux, incongrus, et tu t’échappes quelques instants, la tête vers les étoiles, le joint au bout des lèvres. et si ça t’emporte vers des contrées un peu plus paisibles, la sensation est aussi éphémère que tout le reste. alors tu te relèves, t’étouffes, t’en peux plus d’être ici, avec ces gens auxquels tu ne ressembleras jamais. tu décides que sil retrouveras son chemin tout seul, après tout, il t’a abandonné au profit d’un joli petit cul. et tu prends le chemin de la maison, chancelante, titubante. tu perds la notion du temps et t’ignores l’heure qu’il peut être quand tu retrouves ton immeuble dans un soupir presque soulagé.  une heure avancée de la nuit, pour sûr. grimper les escaliers se révèle plus du type parcours du combattant type koh-lanta plutôt que de la simple promenade de santé et t’envisages sérieusement de te traîner au sol façon grosse limace jusqu’à arriver à ta porte. mais finalement, tu y es. et t’es pas qu’un peu fière, nora. tu pourras te vanter auprès de sil, demain. ou quand la gueule de bois sera passée. ça commence déjà à cogner sévère, tout là-haut, alors tu traînes pas d’enfiler la clé dans la porte. un bon vingt minutes à passer à secouer la poignée comme une dératée sans qu’aucune réaction ne se produise en retour. qu’est-ce qu’il se passe ? t’es certaine que nash ou l’un de tes abrutis de frère a changé la serrure en ton absence. connards. ils se croient drôles, en plus. tu secoues un peu plus. tu donnes des coups, maintenant. ils vont te le payer. tu vas certainement pas les laisser s’en sortir alors qu’ils t’empêchent de rejoindre ton merveilleux lit. finalement, ça s’ouvre. mais c’est pas nash, à l’intérieur. ni nash, ni l’un de tes idiots de frères. qu’est-ce que tu fous chez moi ? grognon. tu le dévisages un instant, tu comprends pas. c’est pas parce qu’il habite un étage en dessous de chez vous qu’il a le droit de s’incruster quand bon lui semble. t’as déjà assez passé de temps avec ces morveux de popescu pour avoir la folie de les inviter chez toi. coup d’oeil insistant. si seulement ce n’était que ça. en pyjama en plus. sourcil haussé, mais finalement plus rien ne t’étonne. plus vraiment. tu veux pas vraiment savoir ce qu’il fout dans ton appartement. sans doute que c’est nash qui lui a dit de venir et qu’ils ont fini la soirée en pyjama party. tu sais pas, tu t’en fous. t’espérais pouvoir t’écraser dans le lit, visiblement c’est raté. mais t’arrêtes d’y réfléchir pendant un instant, ça secoue violent, là-haut. marée haute dans ton cerveau surchauffé. faut le reposer. et toi par la même occasion. tu titubes encore un peu. si t’arrives pas à tenir sur tes deux jambes, tu peux très bien tenir contre le mur. juste un petit instant, le temps de reposer ta tête une seconde. et après, ça ira mieux, c’est certain. j’ai coincé la clé. que t’avoues finalement, à bout de forces. t’as pas envie de batailler, t’as juste envie d’aller te coucher.


Dernière édition par Nora Caldwell le Sam 10 Juin - 22:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: drunken night. (serghei, lucian)   drunken night. (serghei, lucian) EmptyMer 26 Avr - 12:19

Je sais même pas ce que je fous là. Mais genre vraiment pas. J’ai passé la soirée avec Anca, ça, c’est pas trop un souci. On a regardé tous les deux la télé, vautrés dans le canapé, comme si rien de toute cette merde qui n’arrête jamais de tomber n’existait vraiment. On a rigolé, beaucoup, même si, bien souvent, ce rire ne gagnait pas ses yeux. Mais au moins, on a bien fait semblant. C’est ce qui compte non ? Parce qu’à force de faire semblant, à la longue, on va peut-être finir par y croire pour de bon. Oui, je sais bien, tout ça c’est des conneries, ça n’ira jamais bien. Il y aura toujours quelque chose ou quelqu’un pour nous rappeler que dans cette foutue famille, ça tourne toujours mal. Un jour, ça finira mal, genre pour de bon. Et là, ça va vraiment partir en vrille.

Alors, en attendant que ça arrive, elle m’a demandé de rester dormir. Pourquoi j’ai accepté ? J’en ai pas la moindre idée. Parce que je me rends compte, alors que je suis installé sur ce foutu canapé, avec un pantalon de pyjama dans lequel je flotte et qui doit appartenir à mon très cher paternel, que je déteste cet endroit. Surtout quand il est silencieux. Parce que toute mes pensées résonnent, ricochent contre les murs et que personne n’est là pour les interrompre en criant, en riant, en se bousculant ou je sais pas quoi dans le même genre. Venir le dimanche, ça passe encore. Je sais que je vais pas me retrouver tout seul, que c’est pour un temps limité et que je finirais par fuir. Mais là, alors que je râle tout seul parce que la couverture est trop courte, j’ai l’impression que je sortirais jamais de là. Que la nuit va m’engloutir et ne me laissera jamais plus jamais partir d’ici. Que je suis condamné à rester là, à hanter cet endroit que tout le monde a fui sans pouvoir rien y faire. Ouais, je sais, je devrais me faire soigner ou une connerie dans le genre. Peut-être que mon connard de frère me ferait un prix tiens.

Et voilà, à la pensée de Valerian, ça repart de plus belle. La colère qui se dispute avec la peine. Je vous laisse deviner lequel des deux l’emporte sur l’autre hein. La déception, la rancœur et j’en passe. Un tas de sentiments aussi joyeux les uns que les autres et que je maitrise absolument pas. Et ça m’énerve à un point qu’ils imaginent même pas. Oh, je sais bien que je suis pas connu comme le gosse le plus doux et le plus docile, loin de là, mais je pourrais jamais vraiment balancer tout ce que j’ai dans la tête. Et, au final, je me retrouve comme un con, à zapper d’une chaine à l’autre alors qu’il est quoi ? Une heure ? Deux heures ? J’en sais trop rien. Le vieux est même pas rentré de sa petite virée. Alors, que j’entends une clé dans la serrure, je me planque sous ma couverture, comme quand j’étais gosse. Ne pas attirer son attention, on sait jamais, s’il a perdu, s’il a trop bu, s’il est juste pas d’humeur. N’importe quoi et ça peut partir dans tous les sens. Et, alors que je m’empêtre dans le bout de tissu, j’essaie d’ignorer ce que je ressens, ce qui me file la chair de poule et qui, pour un peu, m’empêcherait presque de respirer convenablement.

J’ai la trouille. J’ai une peur bleue de ce type qui va rentrer, de son état. Alors que j’ai passé l’âge depuis longtemps. Enfin, est-ce qu’on passe vraiment l’âge d’avoir peur de son père ? Je laisse la réflexion à monsieur le psy, moi, je passe mon tour. Je suis pas dur genre à penser à tout ça, je me contente de le ressentir et putain, autant vous dire un truc. C’est le genre de trouille qui paralyse totalement. Y en a qui donnent des ailes, qui permettent d’avoir l’adrénaline suffisante pour s’en tirer mais là, c’est pas du tout le cas. Alors je respire doucement pour me calmer, avant d’arquer un sourcil. Parce que là, à moins qu’il soit totalement bourré y a comme qui dirait un souci. J’hésite un moment avant de me relever, parce que là, il va finir par réveiller la barque. Et au pire, je me prendrais juste une petite bousculade pour lui avoir ouvert, ou pour être là. Ou parce que j’existe, allez savoir.

J’ouvre la porte et je me fige devant le spectacle.

Nora.

Et en plus, elle est bourrée.

Super. Voilà une raison supplémentaire de ne plus jamais dormir ici tiens.

"Salut gamine."

J’hésite un instant à lui dire qu’elle s’est juste plantée d’appart, qu’elle est pas au bon étage mais je suis pas persuadé qu’elle va percuter. L’autre option qui me vient, c’est de lui fermer la porte au nez, qu’elle cuve sur le palier avant de comprendre son erreur. J’avoue, je suis partagé. D’autant qu’avec une pichenette, elle se retrouverait par terre. La môme Caldwell dans cet état, ça a quelque chose de drôle un peu. Et là, elle me dit qu’elle a coincé la clé. Merveilleux.

"Putain, picoler te rend encore plus conne que d’habitude gamine. T’es même pas chez toi en fait. Mais j’imagine que c’est le genre de détails qui te passe au-dessus de la tête. Si tu veux je t’apprendrais à compter une autre fois."

Parce que là, ça va juste gueuler quand le vieux va voir l’état de la serrure. J’ai d’ailleurs pas le temps d’en dire plus que je reconnais le pas du paternel dans les escaliers.

"Et merde. Amène-toi."

Je lui tire le bras, sans lui laisser le temps de dire quelque chose et je la pousse dans la cuisine. Parce que si le vieux la voit comme ça, je sens qu’il va pas aimer du tout. Une fille bourrée, la gamine en plus, c’est un coup à ce qu’il s’énerve un peu. Et j’ai pas particulièrement envie de devoir le gérer. Ou m’en prendre plein la gueule parce qu’elle sait pas compter jusqu’à trois.

"Tu fermes ta gueule et tu serres les fesses gamine. Avec un peu de bol, tu survivras à ta nuit. Et moi aussi."

Mais non, j’en fais pas trop.
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MessageSujet: Re: drunken night. (serghei, lucian)   drunken night. (serghei, lucian) EmptyMar 2 Mai - 20:31

passage à vide, moment de réflexion intense. qu’est-ce qu’il fait chez toi, serghei ? t’as beau passer en revue toutes les éventualités, tu vois pas de solutions plausibles. aucune qui n’ait du sens en tout cas. tu te contentes de buguer un long moment, sur le pas de la porte, appuyée contre le mur. tu crois que si tu y restais un instant de trop, tu pourrais tout à fait t’endormir ici, décuver jusqu’à demain. mais non, il faut tenir bon. résoudre ce puzzle. remettre les pièces dans l’ordre, trouver du sens. serghei est chez toi. et en plus, il est pas très aimable. tout débraillé. et il continue de t’appeler gamine. t’as horreur de ça. et il le sait, tout le monde le sait, que t’as beau être la plus jeune de la meute, t’es pas celle qui se laisse faire. celle qu’on appelle bébé. j’suis pas une gamine. t’essayes de paraître aussi convaincante que possible dans ta contradiction, avec les sourcils froncés et tout ce dont tu te sers d’habitude pour effrayer. ce soir, tout est en place, mais y a comme quelque chose qui ne fonctionne pas. quelque chose de différent, dans l’attitude, la lionne parvenant à peine à gronder. fatiguée. alcoolisée. alors ça retombe, presque aussi vite que ça n’est arrivé, trop épuisé d’avoir à rétorquer quoi que ce soit. tu rêves de ton lit, là, même si pour ça tu devras virer nash. et t’incruster avec lui jusqu’à ce qu’il soit lassé et aille dormir dans ton matelas pourri. tu pourrais peut-être lui vomir dessus, ça pourrait fonctionner. tu ne sais pas, tu perds le fil à nouveau. à tel point que t’écoutes à peine les explications du voisin du dessous, qui semble te dire que t’es pas chez toi. t’empêches pas un rire, un peu stupide, pas très enthousiaste. si l’un de vous deux n’est pas chez lui ici, c’est bien lui. la répartie prend un peu plus de temps que d’ordinaire ce soir, et pendant que tu le fixes à chercher la phrase choc qui le ferait taire sans aucun doute, tu ne le remarques même pas paniquer, t’emporter à sa suite, dans l’appartement. putain mais tu fais quoi ? éclair de lucidité, là, dans le noir, quand tu reprends un peu tes esprits le temps de comprendre ce qu’il se passe. mais t’as beau essayer, tu comprends pas. tu te recules de son emprises sur ton poignet, grognant un peu plus. le chacal te pousse dans la cuisine sans trop de ménagement et tu grognes, te cognant dans un truc quelconque. ça fait pas mal, ou en tout cas tu ne crois pas, t’es pas vraiment en état de ressentir la douleur à cet instant. mais ça fait quand même un boucan d’enfer, ça bouscule les casseroles sur la gazinière. enfin, tu crois. sshhhhhh. que tu lances à l’adresse des casseroles, comme si elles faisaient trop de bruit. y a que toi qui fait du bruit ici, incapable de relier tes deux neurones ensemble pour les faire fonctionner malgré l’esprit embrumé. c’est vrai que ça ressemble pas trop à ta cuisine. ni même à ton appart. tu reconnais rien, rien qui soit à toi. tu cherches serghei, dans le noir. et y a le sourire un peu bête sur ton visage, celui presque fier de lui. celui qui a l’air de dire, qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? tu t’impatientes, un peu. t’es pas du genre à rester en place, encore moins alors que tu cherches à tout prix à retrouver ton lit. en y pensant bien, tu pourrais simplement faire la morte ici, tomber sur le sol en mode ninja et attendre que monsieur te porte jusqu’à ton lit. ça pourrait le faire, non ? tu réfléchis à d’autres solutions, mais celle-ci te paraît la plus efficace. et puis tu l’entends toi aussi, ce pas traînant sur le palier. y a le sourcil hissé dans la direction de serghei, les questions qui se forment avec difficulté. c’est ta copine ? tu veux pas qu’elle me voit c’est ça ? t’essayes de te faire discrète, en gueulant alors que tu crois chuchoter. t’as l’impression d’être plus lucide que jamais. de toute comprendre, soudainement. t’inquiète, j’vais rester cachée là pendant que tu lui expliques tout. y a le sourire un peu malicieux et le doigt sur les lèvres, comme une promesse en l’air que tu seras silencieuse. y a l’air euphorique qui revient doucement. l’illusion que tout va bien, pour une fois. le réveil sera dur, demain, mais c’est pas grave. là, t’es presque sur un petit nuage. et qui sait combien de temps ça va durer.
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MessageSujet: Re: drunken night. (serghei, lucian)   drunken night. (serghei, lucian) EmptyMer 10 Mai - 13:16

Putain j’ai l’impression que ses deux neurones encore en vie refusent de se connecter. Ca se voit à son regard vitreux là. Pire qu’un poisson mort, je vous jure. Enfin, au moins, elle apporte une distraction presque bienvenue face à l’obscurité, au silence, à ce passé qui essaie de m’engloutir et de me bouffer pour ne recracher que ce qu’il pourra pas digérer. Et autant dire que, vu que j’ai du mal à me sortir de tout ça, à me créer une vraie vie, à trouver ma place, il aura pas grand-chose à recracher. Mais là, quand même, voir Nora dans cet état a presque quelque chose de marrant. J’ai dit presque, faut pas non plus totalement déconner. Je lève les yeux au ciel à sa répartie avant de souffler, avec un sourire narquois. "Rappelle-moi quel âge t’as ? Je parie que les flics seraient ravis de voir une putain de gamine de moins de 21 ans tellement bourrée qu’elle pourrait prendre feu si on approche une allumette de trop près."

Ouais, ouais, j’ai bien accentué le mot gamine, mais en même temps, c’est ce qu’elle est. Et depuis toujours ou presque. A trainer dans nos pattes avec les autres frangines. Comme si on était déjà pas assez nombreux, comme si ce foutu appartement, c’était le paradis. Voilà qu’elle déconnecte de nouveau alors que moi, toute mon attention est captée par l’arrivée imminente du paternel. Et des ennuis qui s’annoncent dans la foulée. "Y a quoi que tu piges pas quand je te dis de fermer ta gueule exactement ? Je sauve ton cul. Et le mien si possible." J’avoue, je la pousse sans le moindre ménagement et je serre assez fort ses poignets pour qu’il y ait potentiellement des marques si je continue trop longtemps. Mais c’est juste pour pas qu’elle tombe. Ou une connerie du genre. Je peux quand même pas m’empêcher d’arquer un sourcil quand elle se cogne contre les casseroles et qu’elle leur dit… ouais, de se taire. Merveilleux.

Bon, le tout là, c’est d’être assez intelligent et surtout, d’ignorer cette panique qui me noue le bide alors qu’elle, elle a pas l’air de se rendre compte de ce qui se passe. En même temps, c’est pas plus mal en fait. Je suis partagé quand je la vois sourire, entre l’envie de lui en coller et de rire nerveusement. Alors, dans le doute, je préfère me marrer, aussi silencieusement que possible. Quel plan à la con sérieux. Je sais pas ce qu’elle prendra s’il la voit comme ça mais j’ai comme dans l’idée que pour moi, ça va barder. Sans trop arriver à saisir pourquoi soit dit en passant, c’est pas comme si j’y étais pour quelque chose en plus. Mais ça se saurait si ce putain de monde était juste et si les Popescu avaient de la chance. Cumulée à celle des Caldwell en plus, on doit faire chuter toutes les statistiques du monde. Au moins. Point positif, je suis assez réveillé pour penser à tout ça. Point négatif, je suis un peu en train de partir en vrille tout seul. Et, quand elle reprend, je me fige avant de secouer la tête. "Pourquoi j’aurais pas envie qu’elle te voit ? On pourrait même trouver de quoi s’amuser en plus."

Alors, on va arrêter d’être con deux minutes et de raconter de la merde, même si, pour le coup, je trouve ça marrant, ne serait-ce que pour voir sa mine offusquée. Ça me parait judicieux. J’attrape sa main dont l’index est posé sur ses lèvres et je secoue la tête. "Je vais rien expliquer du tout. Tu veux jouer à cache-cache ? Genre on se planque, on fait pas de bruit et on voit si le grand méchant loup va se pieuter sans nous voir. T’en dis quoi ?" Tout en parlant, je la tire vers le sol, pas vraiment délicatement, j’avoue, mais on a pas le temps pour ce genre de conneries. Vu que je vois la lumière du couloir, ce qui veut dire que la porte d’entrée est ouverte. Au moins, elle est pas pétée c’est déjà ça de pris. Et j’attends quelques secondes, prêt à lui mettre ma main sur la bouche en guise de bâillon si besoin. Ou à me tirer en courant. C’est bien ça aussi comme plan non ? Elle se démerdera pour expliquer au vieux ce qu’elle fout là.
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MessageSujet: Re: drunken night. (serghei, lucian)   drunken night. (serghei, lucian) EmptyDim 21 Mai - 8:22

il est particulièrement chiant ce soir, le popescu. peut-être qu’il devrait faire comme toi, boire un verre, un deuxième et puis un huitième, ça le détendrait un peu. il est grognon, comme toi d’habitude. toi, tu t’en fiches. t’as l’air joyeux, le coeur léger, au moins pour quelques heures. et ça fait tellement de bien, tellement que t’envisages de recommencer le lendemain, et tous les autres jours. pour ne plus jamais à avoir à t’occuper des problèmes. ça te ferait atrocement ressembler à ton paternel, et ça, putain, c’est bien la seule chose qui puisse te freiner. alors tu le fais pas. tu te donneras envie de gerber, un peu plus tard, peut-être, quand tu seras redescendue de ton petit nuage. et que tu verras à quel point c’est lamentable, nora, de s’oublier dans la boisson, de croire que ça suffirait à tout effacer. appelle-les, j’pense qu’ils seraient contents de tomber sur deux ou trois affaires pourries des popescu ouais. y a personne d’honnête dans cette putain de famille de truands. ils sont tous à blâmer, ont tous leurs petites affaires. les emmerdes sur le coin du nez. t’es bien certaine que lui non plus soit pas blanc comme neige, qu’ils ont beau se prétendre quelque chose qu’ils ne sont pas, ils ont tous les mêmes putains de trucs à cacher. tout autant que toi, que vous. on s’démerde comme on peut quand on grandit dans la rue, y a toute la ribambelle de gamins pour en témoigner. alors les flics, ouais. qu’ils viennent. c’est sûrement pas toi et ta sobriété discutable dont ils s’occuperont en premier. fallait y penser avant de sauter une autre meuf que ta gonzesse, popescu. c’est bien pour ça qu’il se cache, non ? il a merdé. au final s’il se fait zigouiller sur le sol de la cuisine par sa copine il l’aura bien mérité. peut-être qu’elle serait pas autant en colère s’il avait joué au mec bien. mais non, non, ils doivent tous faire la même chose. ils prétendent que c’est acquis et au moindre regard ailleurs, bam. ça frappe quand on s’y attend pas. et ça baise des farrah. pfff, vous êtes tous les mêmes, hein ? que des connards. tous pareils. ike, nash, les popescu. peut-être que tu devrais songer à devenir lesbienne, mais tu t’entendrais jamais avec une fille. les paillettes et les licornes c’est vraiment pas ton truc, même bien bourrée. mais t’as pas le temps d’y penser trop longtemps, il te traîne vers le bas, serghei, parce qu’il veut jouer à cache-cache. c’est peut-être comme ça qu’il compte lui échapper, tu penses, mais tu joues le jeu, les yeux grands ouverts, alertes, effrayés à l’idée qu’on te trouve. mais t’es con ou quoi, c’est pas comme ça qu’on joue. c’est toi qui doit venir me trouver. serghei il a rien compris. à croire qu’il a jamais joué à cache-cache avec ses frères et soeurs avant, pourtant ça devait pas être ça qui lui manquait. mais tant pis, tu le suis pendant quelques minutes, à imiter ses gestes, à grogner parce qu’il sert encore trop fort ton poignet. elle est partie ? coup d’oeil interrogateur, dans la cuisine sombre, dans le reste de l’appart. à serghei, aussi, qui te regarde à peine. lui aussi est trop occupé à rassembler les preuves, d’avoir la certitude que le chemin est libre. encore un qui doit pas trop porter ses couilles pour avoir si peur de sa meuf. et tu sais pas trop à quoi elle doit ressembler mais pour qu’elle fasse si peur tu l’imagines bien à mi chemin entre chewbacca et godzilla. un truc bien flippant quoi. mais ouais, elle semble être partie, tout droit dans la chambre, la lumière qui dépasse encore sous la porte fermée. et toi, ça te laisse le champ libre pour prendre possession de ton nouveau terrain de jeu. attrape-moi ! ni une ni deux, tu te relèves, t’échappes à son emprise. tu cours dans tout l’appart dans la première chambre que tu trouves. c’est noir, évidemment, y a pas l’air d’avoir grand monde. ils dorment jamais là, les popescu ? tu te faufiles à travers le bordel, jusqu’au placard dans lequel tu t’engouffres le plus élégamment du monde - non sans tomber un peu. mais c’est pas grave, t’es sur une pile de vêtements, ça te va très bien. t’espères que t’es pas dans la chambre de ce gros connard de seven, ça te suffirait à vomir de dégoût. ou bien c’est peut-être pas si mal finalement, tu pourrais pisser dans son placard et lui laisser un joli souvenir pour la prochaine fois. ça te fait rire toute seule, t’en oublies presque pourquoi t’es là. j’suis cachée ! tu beugles, la voix à moitié étouffée. t’es vraiment trop forte à ce jeu.
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MessageSujet: Re: drunken night. (serghei, lucian)   drunken night. (serghei, lucian) EmptyMar 30 Mai - 16:46

La soirée avait été triomphale, placée sous le signe de la victoire. Ce soir, le combat avait été facile, sans la moindre difficulté. Aucun challenge, c’était gagné d’avance. A la base, Lucian ne devait pas combattre, mais plutôt se contenter de superviser les combats de la soirée. Parce que dans cette discipline, il n’était pas qu’un simple combattant, il gérait et organisait aussi les événements et les rencontres. Cela n’avait rien de légal, certes, mais ça rapportait bien et surtout ça lui permettait de se défouler. Parce que le père Popescu ne vivait que pour ça, pour en foutre plein la gueule aux autres, gratuitement – ou presque. Mais ce soir, il n’avait pas de combat de prévu. Théoriquement. Pourtant, un petit con en avait décidé autrement. Il l’avait provoqué, il l’avait cherché pendant une bonne partie de la soirée pour obtenir un combat contre lui. Le jeune con n’avait aucune chance, d’autant plus qu’il était légèrement éméché. L’alcool lui donnait des ailes, à cet avorton. Si au départ, Lucian se foutait de sa gueule en l’humiliant, les nerfs lui étaient vite montés quand le jeune s'était montré de plus en plus insistant. Il voulait se battre ? Il voulait affronter le grand Lucian Popescu ? Soit. Le patriarche accepta. Un coup. Un seul coup et ce fut terminé. Son poing droit rencontra la mâchoire du jeune insolent et le combat prit fin. Tout ça pour ça. Comme quoi, les ravages de l’alcool sont terribles. Et le résultat en était frustrant. Victorieux, mais frustrant.

Alors le cinquantenaire décida d’aller boire un verre pour faire passer ce sentiment désagréable. Il y avait un bar pas très loin du lieu où étaient organisés les combats de ce soir, et il avait l’habitude d’y aller. Il n’eut même pas besoin d’ouvrir la bouche pour que le serveur lui apporte son verre de whisky. Le Popescu était un habitué des alcools forts, pour les hommes, les vrais. Il détestait la pisse qu’on servait aux gonzesses. D’ailleurs en parlant de ça, il en repéra une pas trop mal non loin de là. Quitte à se détendre autant employer les grands moyens non ? Des coups d’œil insistants dans sa direction suffirent à la demoiselle pour lui faire ramener son petit cul sur le tabouret voisin de celui de Lucian. La nana n’était pas farouche, loin de là. Elle lui paya même un verre. Si c’était pas mignon ça. Bien que Popescu senior n’était pas du genre à apprécier qu’on lui paye quoi que ce soit. Après plusieurs verres, il finit par se la taper dans les chiottes du bar. Voilà ce qu’on pouvait appeler une soirée gagnante et plutôt bien réussie.

Mais il fallait bien rentrer à la baraque un jour. Alors il laissa son coup d’un soir sans plus de cérémonie et il rentra chez lui. Arrivé devant sa porte, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que quelque chose dépassait de la serrure. Grimaçant, et supposant que Ioan était rentré tellement bourré qu’il s’était planté de clé, il se pencha pour déloger l’intruse de sa serrure. Il dut forcer pour y parvenir et une fois chose faite, il balança la clé derrière lui. Peu importe à qui elle appartenait, la personne se démerderait. Il ouvrit la porte pour rentrer chez lui et retira ses chaussures qu’il laissa en plein dans le passage. Lavinia les rangerait demain. Il claqua la porte derrière lui, se fichant que tout le monde dorme ou non. Il alluma la lumière du couloir pour y voir plus clair et se dirigea vers les toilettes pour aller pisser. Parce qu’à force de boire, il fallait bien vider sa vessie à un moment donné. Mais faut dire qu’il avait toujours soif le père Popescu et une petite bière ne serait pas de refus. Alors, la vessie vide, il se dirigea vers la cuisine pour aller chercher son bien dans le frigo. Cependant, il se stoppa à mi-chemin, quand il découvrit son fils Serghei en face de lui. Bon dieu qu’est-ce que ce morveux foutait encore là à une heure pareille ? Il avait pourtant son propre appart. Lucian le dévisagea quelques secondes avant de froncer les sourcils sous l’incompréhension de la situation. « Putain de merde qu’est-ce que tu branles ici ? » Ce petit con s’était tiré comme les autres alors pourquoi venir squatter ici en pleine nuit ? « C’est pas un hôtel. » Il lança un regard mauvais à son fils, l’alcool ingurgité plus tôt dans la soirée ne favorisant pas sa bonne humeur, bien au contraire. Il était de notoriété publique et même familiale qu’il avait l’alcool mauvais. Il esquissa un mouvement pour rejoindre le frigo, se voyant déjà bousculer sa progéniture au passage mais il se figea sur place lorsqu’il entendit un « j’suis cachée ! » légèrement lointain en provenance de la chambre de Tereza. Immédiatement, il jeta un regard noir à Serghei, la mâchoire serrée. « Qu’est-ce que c’est que ça ? » C’était une voix de fille, jeune, à n’en pas douter. Ce dont il était sûr c’est qu’elle n’appartenait à aucune des Popescu. Alors sous la colère montante, il empoigna son cher fils adoré par le col, l’air menaçant. Serghei avait intérêt à coopérer et à répondre au plus vite s’il ne voulait pas s’en prendre une. Lucian n’avait aucune patience, c’était bien connu. « Tu traines à la baraque pour ramener tes putes ? »
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MessageSujet: Re: drunken night. (serghei, lucian)   drunken night. (serghei, lucian) EmptyMer 31 Mai - 18:53

Elle est particulièrement chiante ce soir, la Caldwell. Ou alors, c'est pas pire que d'habitude, c'est juste que j'avais fini par oublier. Remarque, avec l'alcool, ça a dû décupler son potentiel à conneries, ce serait pas si étonnant. C'est pas permis d'être aussi jovial, surtout chez les Popescu à cette heure de la nuit et j'avoue que j'aimerais bien la faire descendre de son petit nuage, rien que pour la faire chier. "Tu parles, comme s'ils allaient venir nous voir. Au pire, tu te feras arrêter pour racolage la prochaine fois que tu sors, ça me va bien aussi." Oui, c'était petit, surtout que bon, y a pire niveau fringues. Mais je sais pas, j'ai envie d'être mesquin. Parce qu'elle me les brise sévère à être toujours d'aussi bonne humeur. Genre, depuis quand elle est comme ça la gamine ? Et sa gueule de renfrognée, elle est où sérieux ? "Je te garantis un truc gamine, si je devais baiser une autre nana que la mienne, ce serait certainement pas toi." Oh ça va hein, oui, elle est mignonne, sexy, ce que vous voulez. Mais c'est la sale gosse de l'étage du dessus. Et franchement, c'est pas près de changer au vu de ce que je vois. J'arrive quand même à laisser filer un rire quand elle reprend, même si mon cœur a un raté avec les bruits que j'entends dans le couloir. "Hey, ta première parole sensée de la soirée gamine. Evidemment qu'on est tous des connards, t'étais pas encore au courant ?"

Bon, j'essaie de réfléchir, avec plus ou moins de succès quand je vois qu'elle me suit et qu'elle imite le moindre de mes mouvements. Sérieusement ? Pour un peu, je partirais en fou-rire nerveux si je commençais pas à vraiment flipper ma mère. Tiens, en parlant de mère, j'espère qu'elle dort bien. Vraiment bien. Parce que j'ai pas envie qu'elle assiste à la suite des évènements. Enfin, c'est comme Anca, leurs oreilles doivent tellement être habituées aux arrivées fracassantes du paternel que ça devrait aller. "Et bah apprend-moi si t'es si maligne." Putain, qu'est ce qu'il faut pas dire. Je serre son poignet toujours un peu trop fort pour être parfaitement honnête et je suis presque content … non bon, je suis étrangement satisfait de voir la marque rouge quand je finis par la relâcher. Je sursaute quand elle parle, lâchant un "hein, quoi ?" pas super loquace à sa question. Avant de réaliser qu'elle est plus là. Et merde.

Et là, quand j'entends sa voix, je sens que ça me prend aux tripes. Cette vieille terreur, celle que j'essayais vaguement d'oublier quand j'étais en train de tenter sans succès de dormir dans le canapé, celle que j'étais heureux de plus ressentir maintenant que je m'étais tiré d'ici. Elle est là cette connasse, elle attendait juste d'entendre cette voix, de sentir les relents d'alcool si familiers qui l'accompagnent, pour se manifester. Et c'est marrant, parce qu'elle se mêle à un truc auquel je m'attendais pas. De la colère. Pire encore, une espèce de rage qui pourrait me faire péter un câble si je m'écoutais.  Je me rends bien compte que je devrais répondre un truc, me justifier, même si je sais que ça servira à rien et que s'il a juste envie de me secouer un peu, il le fera. Je sens mes muscles se raidir à cette pensée et je déglutis, redressant tant bien que mal la tête pour … pour quoi au juste ? Lui montrer que j'ai pas peur de lui ? Mon cul ouais. Il me terrifie. Je me demande s'il le sait. S'il a conscience de l'effet qu'il a toujours eu sur moi. Ce mélange d'adoration et de terreur depuis que je suis tout gosse. Cette peur de le voir tomber au sol pendant un de ses foutus combats et de jamais se relever. Cette envie de jamais le voir se relever et d'être celui qui l'a cloué par terre. Trop de sentiments diffus, contradictoires, que je m'efforce d'oublier quand je suis loin d'ici. Avec un certain succès soit dit en passant.

Je pourrais me faire tout petit, attendre que l'orage passe. Mais c'est sans compter sur la gamine dont j'entends la voix résonner je sais même pas où. Je lâche, sans pouvoir m'en empêcher un "et merde, quelle conne", à mi-voix, avant de me figer totalement aux propos du paternel. Oh putain, ça sent pas bon, mais alors pas bon du tout. J'ai pas le temps de m'esquiver, les vieux réflexes n'ont pas la vie si dure que ça, moi je vous le dis, que je sens sa main agripper mon t-shirt. Et là, j'ai de nouveau 14 ans. Valerian est parti. Je suis le plus vieux des garçons et c'est tant pis pour ma gueule. J'essaie de réfléchir, de trouver un truc intelligent à répondre qui nous sorte tous les deux de la merde, mais putain, y a rien qui vient. Alors je tente d'être honnête, plus ou moins, alors que je me laisse entrainer sans trop moufter, pour éviter de réveiller m'man et Anca. "C'est Nora. Tu sais, la petite Caldwell. La fille des voisins." Une fille. Il touche pas aux filles. Il fait pas de mal aux filles. Ouais, ça c'est important. Tu parles. S'il nous foutait des roustes, c'était toujours pour une bonne raison. Là, il va comprendre et tout va bien se passer. Parce que ouais, évidemment, j'ai tout justifié avec ces quelques mots. Ou pas, on est bien d'accord.

Enfin ça, c'est ce que je me suis dit avant de retrouver Nora dans la chambre. Je lève les yeux au ciel, même si personne doit le voir, alors que je sais pas si je dois me demander ce qui va se passer ou si je dois juste détaler comme un lâche.
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MessageSujet: Re: drunken night. (serghei, lucian)   drunken night. (serghei, lucian) EmptyLun 12 Juin - 6:42

t’as la tête dans le placard. le nez dans le bordel. les fringues étalées, tombées au sol. qu’est-ce que tu fous là ? c’est pas très confortable. mais tu t’crois si maligne, nora. en haut du monde. c’est toi qui commande, toi qui donne le rythme. et y a personne pour te dire le contraire, non. celui qui le dit n’est pas encore né et ne connaît certainement pas nora caldwell, l’enfant du feu, l’enfant des flammes. tout droit sorti des enfers. et si l’alcool apaise légèrement le feu sacré qui t’anime habituellement, tu perds rien de ta force et ta fierté. t’attends cachée, qu’il vienne te chercher. à croire que serghei a jamais joué à cache-cache, c’est pourtant lui qui compte plus de frères et soeurs que de copines à son compteur. t’as assez passé de temps chez ces saletés de popescu pour savoir qu’ils avaient pas besoin de grand chose pour passer le temps. les pierres et la terre, un repaire devenu commun. mais serghei ne vient pas, et y a du bruit dans le salon, la cuisine, peu importe là où vous étiez avant. des bruits étranges, pas très rassurants. ça t’inquiète pas plus que ça, ils sont un million chez les popescu, ça doit sûrement être l’un d’entre eux qui s’est réveillé. qu’est-ce que ça peut faire ? ou bien c’est une tactique de serghei. il attend que ça, fait du bruit pour que tu sortes de ta cachette et que tu viennes le trouver. perdant ainsi la partie. il rêve. et quand finalement t’entends remuer dans la chambre, c’est limite si tu ne retiens pas ton souffle comme une petite fille apprenant l’apnée pour la première fois. tu te fais muette, presque invisible, quand t’entends les pas se rapprocher, pas même consciente qu’il t’a vue partir dans la chambre. et quand il ouvre le placard, y a son visage dans l’obscurité que tu distingues à peine. mais t’entends le soupir se mourir dans l’air et ça ne te fait ni chaud ni froid. t’en as mis du temps. réponse grognon, presque déçue qu’il t’ait trouvée aussi vite. tu te redresses un peu de ce lit de vêtements et de bordel pas très confortable, éloigne tes mèches collées sur ton visage assez négligemment. comme la fille saoule qui se rendrait soudain compte qu’ils lui barraient la vue depuis tout ce temps. tu parlais à qui ? remarque curieuse, mais pas vraiment intéressée. t’es déjà debout, titubante, te raccrochant aux portes du placard, lassée d’avoir trop attendu. princesse capricieuse. bon allez, à toi d’te cacher. ça remue beaucoup trop pour quelqu’un qui devrait certainement se contenter de rester allongée. mais qu’est-ce que t’y peux, t’es bien trop joyeuse pour dormir, et c’est si rare, nora, c’est si inhabituel que t’es incapable de faire taire ce feu sacré. il est différent de d’habitude, pas colérique, pas jaloux, pas destructeur. pas triste, non plus. ou bien largement bien caché. et tu veux pas être triste. tu veux plus être triste, plus jamais. pas pour ike, pas pour nash, pas pour mads, pas pour personne. tu veux juste qu’on te foute la paix assez longtemps pour essayer d’oublier. alors t’es déjà en route, retraces les pas que t’as déjà foulé quelques instants plus tôt, pour retourner au salon et attendre que serghei joue le jeu lui aussi. mais tu comprends pourquoi il s’est fait si long, quand tu vois l’autre silhouette titubante de l’appartement. les effluves d’alcool dégueulasse remontant jusqu’à ton nez retroussé, presque écoeuré. il manquait plus que lui. c’est elle, ta copine ? un peu plus barbue que ce que j’imaginais. et ça t’amuse encore, les effluves d’alcool anesthésiant le cerveau. tu reconnais le padre popescu, celui qui ne cause que des emmerdes. pas foutu d’être un père, un moins que rien aussi mauvais que les autres. un connard parmi d’autres. c’est le point commun que vous partagez avec les popescu. pas de parents foutus d’assumer leurs gamins. et ça réveille la rage, ça te fout en rogne, nora, de voir qu’il encore là, qu’il te fixe avec ces yeux colériques. ça a l’air de t’inquiéter, toi ? c’est pas vraiment l’alcool qui parle, t’as jamais rien vu d’effrayant à la figure paternelle. encore un gars pas foutu de porter ses couilles, s’ils demandent ton avis. alors tu t’approches à nouveau, irresponsable, côtoie la bête d’un peu trop près. pourquoi tu vas pas te coucher, papy ? on s’amusait avant que tu te pointes et qu’tu gâches tout. t’as le regard insolent qui se plante dans le sien, la tête levée pour atteindre ses yeux, plus hauts que les tiens. ça t’fait pas peur. mais t’es comme ça; nora. t’as pas peur. t’as jamais peur et ça te perdra un jour, jusqu’à ce que tu trouves plus fort que toi.
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