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 terminus j'descends tout le monde (sevile)

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Seven Popescu

Seven Popescu
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MessageSujet: terminus j'descends tout le monde (sevile)   terminus j'descends tout le monde (sevile) EmptyDim 23 Avr - 22:41

C'est noir. Dans l'ciel, dans sa tête, dans son cœur. C'est noir et il s'noie, emporté par les vagues de sa rage, sa haine, sa folie. Ça tourne en boucle depuis des jours – depuis toujours. Mais ça fait qu'empirer encore et encore, il sait plus quoi faire de tout ça, il finit même par en oublier comment respirer. Alors il oublie toutes les limites, toutes ses barrières, et il s'défonce. Le corps, les veines. Tout pourvu que ça l'aide à pas crever. Et il fait que ruminer Seven, parce qu'y a trop de fureur accumulée, parce que ça n'arrête pas de déborder. Ce soir encore une fois ; il sait même pas pourquoi. Il sait juste que c'est la cacophonie dans sa cage thoracique et il contrôle plus rien. À ses tempes y a le sang qui bat et tout ce qu'il entend c'est cette voix, ce truc qui hurle vengeance vengeance vengeance, ce truc qui l'amène au bord de la démence. Il sait pas comment il s'est retrouvé avec ces deux bidons d'essence entre les doigts, il sait pas à quel moment ça a déraillé. Le dernier truc dont il se souvient c'est la musique assourdissante, le monde qui tourne autour de lui, les peaux en fusion. Puis une chevelure rousse qui lui chatouille le nez, les souvenirs qui s'mettent à remonter. Líle et son sourire à la con, Líle et l'humiliation. Puis avec elle les autres – Samih, la cicatrice dans son épaule, JJ, les mains qui brûlent. Y a tout qui est revenu l'assaillir et il a vrillé. Parce qu'elle, elle a jamais payé. Elle s'en est tirée avec son affront, n'lui laissant rien d'autre que des hématomes et le goût amer de la honte. Alors il sait pas vraiment ce qui s'est passé ensuite et il s'en fout, y a un trou noir mais c'est rien en comparaison de celui qui lui orne la poitrine. Il sait juste ce qu'il veut. Vengeance vengeance vengeance. Parce que c'est la guerre et même si à la base c'était pas la sienne il a trop d'sang sur les mains, trop d'sang craché sur les pavés. Maintenant il est enfoncé dedans et c'est pire que des sables mouvants, ça l'avale tout entier, ça va finir par l'étouffer. Il s'en fout, tant qu'il leur fait tous payer. Il s'le promet, là, les godasses qui râpent le sol et le visage éclairé par les lampadaires. Il s'le promet, qu'il va tous leur faire payer. Tous jusqu'au dernier, même ceux qui l'ont pas attaqué personnellement, même ceux qui ont rien demandé. C'est tous des salauds, tous des raclures qui méritent de finir dans le caniveau. Il a dégommé Samih une fois et il reviendra pour lui – même s'il préfère le garder pour la fin parce que c'est p't'être lui qu'il pense être le pire, celui contre qui il est jamais sûr de gagner. Il a réduit l'ego de JJ en lambeaux et il recommencera jusqu'à ce que ce soit son corps en morceaux, jusqu'à s'assurer qu'il s'en relèvera plus jamais. Ce soir, il veut foutre Líle et son abruti de frère au bûcher. Quant à Eanna et Daire, il avisera après. Il s'en fout, il les aura tous. Il en est convaincu, le pas décidé, le regard explosé. Ses phalanges se cramponnent à ses bidons et il avance en tremblant un peu, tant il est agité par cette haine incontrôlable. Incontrôlée. Prête à tout consumer.

Quand il arrive devant le van des Foley, sa colère redouble d'intensité. Putains d'clochards, sales chiens galeux, il va les cramer. Littéralement. Il fait pas un bruit, ombre qui s'affaire dans la nuit, à déboucher ses bidons à la va-vite. Il asperge le van généreusement, le contournant lentement, tournant autour comme un charognard autour de la proie qu'il s'apprête à déchiqueter. Il s'assure de n'rien oublier, de le recouvrir d'essence tout entier pour que le feu d'joie soit grandiose. Ça dégouline partout comme la pluie mais ça brûle les narines, ça s'incruste sur ses doigts, sous ses ongles. Il a jamais été aussi satisfait d'être baigné dans l'odeur du pétrole. Tellement que ça l'fait sourire mais c'est tordu, ça ressemble à rien, ça lui coupe le visage en deux comme une sale balafre. Il s'en fout. Il est fier de lui. Persuadé qu'il a déjà gagné, qu'il va réduire en cendres leur possession la plus précieuse et n'rien leur laisser d'autre que l'amertume – œil pour œil et dent pour dent, tant pis s'ils finissent tous aveugles. Il réfléchit ni à la portée de ses actes, ni aux conséquences. Il évalue pas les chances qu'au moins l'un d'eux soit à l'intérieur, au final il espère même que Líle y est, endormie. Son cerveau est trop imbibé pour analyser, pour s'rendre compte que ça reviendrait à la tuer. Il est convaincu d'en être capable, de le vouloir. Pour leur montrer à tous ces connards, pour leur prouver qu'on a pas l'droit de le toucher puis s'en sortir aussi facilement. Tout se paie ; l'heure de l'addition a sonné. Il sort une clope et son briquet. Il allume son bâtonnet d'abord, se plaçant près de la porte, prêt à tout incendier ensuite. Sans voir qu'il est trop près et qu'il risque de se brûler au passage. Sans entendre qu'y a du mouvement, là-dedans. Peut-être qu'il aurait dû les allumer eux avant sa cigarette. Trop tard. La porte s'ouvre à la volée et il la prend en pleine tête, lui faisant perdre l'équilibre. « PUTAIN ! » Il lâche son briquet, qui disparaît il sait pas trop où, il l'a pas vu tomber. Il a même perdu sa clope et tout ce qu'il reste, c'est la saloperie qui se tient droite devant lui. Líle. Il verrouille son regard au sien, une main frottant son arcade encore douloureuse à cause de la porte. Son plan tombe un peu à l'eau maintenant qu'elle l'a vu, mais c'est pas pour autant qu'il se démonte. Il arrive même à afficher un rictus méprisant en ouvrant grand les bras. « Surprise, grosse pute. C'est l'karma qui t'rend visite. » Mais l'karma ne marche pas ou alors il se retourne contre lui, parce que son briquet est toujours aux abonnés absents et qu'il a pas encore pu allumer son bûcher. Et maintenant Líle est là, Líle est tout près, et il a l'impression que finalement c'est lui qui est en train de cramer. Alors il fond sur elle brusquement, lui assénant un coup de tête avant d'la repousser de toutes ses forces contre le van, faisant claquer sa carcasse sur la paroi violemment. Puis il s'éloigne d'elle tout aussi vite, l'oubliant presque alors qu'il commence à chercher son briquet, bien décidé à terminer ce qu'il a commencé. Vengeance vengeance vengeance. P't'être que c'est sur elle, qu'il aurait dû vider l'essence.
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