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 fiction et réalité. (nerax)

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Jax Roses

Jax Roses
halina 4ver, je ne t'oublierai jamais
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MessageSujet: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyJeu 20 Avr - 17:28

- Mais il est où putain ? Il retourne sa caravane à la recherche de l'anneau qu'il a perdu, sans rien trouver. Il grommèle, râle et perd patience, commençant à tout envoyer balader dans tous les sens, laissant un monstrueux bordel derrière lui. Le sang qui vient battre contre ses tempes, la colère démesurée, injustifiée. Et totalement inutile. Il s'agace et passe ses nerfs sur l'une des portes de son meuble haut qui refuse de s'ouvrir correctement. Il tire dessus en échappant un long râle de frustration. - CARAVANE DE MERDE ! Et ce qui devait arriver, arriva. La porte déjà fragilisée finit par sortir de ses gonds et Jax se retrouve avec l'objet en main. Trois secondes de flottement avant qu'il ne la balance à travers la pièce, hors de lui. Il se prend la tête entre les mains, au bord de l'implosion. D'une nature déjà peu tranquille, en ce moment c'était pire que tout. Ces histoires avec Halina, ça le rend fou. Ça l'obsède. Et y a l'image de Max aussi, qui refuse toujours de partir, malgré les mois écoulés depuis. Il en rêve souvent la nuit, cauchemars angoissants qui le réveillent parfois en sueur. Le cirque n'est toujours pas remis de l'ouragan, alors toujours pas d'entrainements, toujours pas de représentations. Il s'ennuie, il tourne en rond, il cogite. Il n'a plus d'exutoire, plus de défouloir. Il garde tout pour lui, il fout tout ça derrière un grand mur dans son esprit. Mais c'est trop remplis, la pression est trop forte et le mur commence à se fissurer, à laisser filtrer des émotions envahissantes et incontrôlables. Et alors qu'il allait abattre son point dans un des murs de sa caravane, un bêlement se fait entendre. Il tourne aussitôt la tête vers son lit, là où Pani Ser squatte tranquillement pour sa sieste habituelle. Visiblement contrariée par tout ce bordel, elle semble vouloir le rappeler à l'ordre, le calmer. Et ça marche. Il soupire, laisse retomber ses épaules et vient s'asseoir à côté d'elle, caressant ses flancs chauffés par le soleil qui filtre à travers les stores. Elle pose sa tête sur sa cuisse et laisse ronfler ses naseaux, dans un soupire de détente absolue. Et c'est communicatif. Il se calme et reste un moment là, à la câliner en silence. Apaisant les tensions dans sa tête, ralentissant son rythme cardiaque. Il ne pense plus à rien et son esprit vagabonde tranquillement, jusqu'à ce que. - Nergüi ! C'est l'illumination. Il a dû le perdre dans la caravane de Nergüi en dormant avec elle l'autre nuit. Il se relève délicatement, sans la brusquer et dépose un baiser sur son petit front. - T'es la plus forte. Qu'il souffle, comme si c'était grâce à elle. Et puis, il quitte la caravane pour foncer vers celle de Nergüi. Une fois devant, il tape plusieurs coups à sa porte et attend quelques instants. Pas de réponse. Il frappe une seconde fois. - Nergüi ? C'est Jax ! Rien. L'impatience le gagne à nouveau et il finit par ouvrir la porte avant de glisser sa tête dans l’entrebâillement, méfiant. - Pia ? Personne. Il commence par refermer la porte, se mord brièvement la lèvre inférieure, hésitant un instant. Et puis, il se dit qu'il peut bien rentrer juste quelques secondes histoire de jeter un coup d’œil. Il a passé tellement de temps dans cette caravane qu'il se sent un peu comme chez lui là-dedans. Faut dire que la notion de propriété devient rapidement abstraite au sein du cirque. Laissant la porte entrouverte derrière lui, il commence par regarder en surface, sans rien toucher. Mais ne le trouvant pas, il se met à fouiller un peu. Il ouvre des tiroirs, regarde brièvement, pas forcément non plus très à l'aise avec ce qu'il fait. Il connait Nergüi, il sait qu'elle n'appréciera pas et il peut comprendre. Il n'aimerait pas non plus à sa place. Et au fond, ce n'est qu'un anneau. Ça pourrait attendre. Ouais. Si seulement il était dans un état normal, si seulement il n'avait pas absolument besoin de se concentrer sur quelque chose sans rapport avec ses soucis. Il finit par soulever les draps, inspecter le lit de fond en comble : nada. Alors, il passe les mains sous le matelas en se disant qu'il a peut-être glissé durant la nuit. Et très vite, sa main heurte un objet non identifié. Il fronce les sourcils et sort ce qui s'avère être un carnet. Dans un premier temps, il ne s'intéresse pas au contenu. Il s'en fout. Sa curiosité sur la vie des autres a toujours été très limitée. Chacun sa vie, chacun ses histoires. Mais il l'ouvre en le tenant par la couverture, jusque pour le secouer, au cas ou. Puis, il le laisse retomber négligemment sur le lit avant de repartir fouiller ailleurs. Au bout de 10 minutes, toujours rien. Il se laisse tomber sur le lit en soupirant. Où est-ce qu'il a bien pu perdre ce bout d'ferraille ? Ses yeux trainent ici et là et finissent par parcourir le carnet remplis d'encre noir. Son front se plisse alors qu'il ne comprend pas ce qu'il lit. Machinalement, il vient attraper le cahier et se met à lire les pages ouvertes. Concentré, il cherche à comprendre ce qu'il est en train de lire sans y parvenir. Ça parle de numéro de sirène, de bouquets de fleur et de foule en délire. C'est signé par une lettre qui ne correspond ni à Nergüi, ni à Pia. Qu'est-ce que c'est que ça ? Il tourne la page mais n'a le temps d’apercevoir que le "H." en bas de page avant d'entendre la voix de Nergüi surgir de nulle part. Il sursaute et l'objet lui échappe des mains. Il prend une grande inspiration et vient poser sa main droite sur son torse. - Bon sang, tu m'as fait flipper ! Il se redresse et ramasse le carnet. - Nergüi j'suis désolé, j'étais juste venu voir si j'retrouvais mon anneau, je l'ai perdu. Qu'il avoue en venant se caresser d'une façon distraite le lobe de son oreille sur lequel est censé être son anneau. - T'énerve pas s'te plait, je faisais rien de mal. Il n'en avait pas l'intention en tout cas. Mais elle n'a pas l'air d'en avoir quoi que ce soit à faire de son anneau. Elle est furieuse et il s'dit qu'il risque de se prendre quelques coups de canne vu le regard qu'elle lui lance. Gêné, il lui tend le carnet pour qu'elle le récupère. - Euh, tiens, pardon, j'ai pas.. Il voudrait lui dire qu'il n'a pas lu, ou pas grand chose en tout cas, à peine une ligne, mais il n'arrive pas à se résoudre à lui mentir. Ce n'est pas trop son genre, pas avec elle en tout cas. Alors il se ravise. Il passe sa langue sur ses lèvres, dans un mouvement inconscient, trahissant son hésitation. Et puis, prudent, il demande quand même. - C'est.. c'est quoi ? T'écris une histoire ? Il ne comprend jamais rien Jax. Jamais rien, non.
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Ruby Holmes

Ruby Holmes
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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyJeu 20 Avr - 23:53

Adela parle. Encore. Encore. Elle parle trop vite, trop sèchement me faisant une liste interminable de petites choses qui doivent être réparées, rapiécées, recousues. Des choses que l’ouragan a dévasté et que même des mois après c’est pas terminé, qu’il faut encore plancher dessus. Puis y a ses idées aussi, pour le prochain spectacle et les couleurs qui s’entassent autour de nous pendant qu’elle cause sans prendre le temps de respirer. Bon sang ce qu’elle peut parler. Pire qu’une mitraillette, des mots elle doit en dire une bonne dizaine à la seconde, et j’exagère à peine. Pia fait ci, Pia note ça, Pia tiens moi ça . Elle me tape sur le crâne. Et je sais que je lui tape sur le crâne aussi. C’est réciproque, notre équilibre tangible. Assise je la regarde même plus, me contentant de hocher la tête puisque de toute façon, quoi que je fasse ou quoi que je dise elle reviendra dessus et il faudra tout changer. Parfois jme dis que si elle se trouvait un mec, ça la calmerait un peu, parce que là c’est clairement la ménopause, et ça abime. Surtout quand on a l’âge d’Adela. Bref elle cause et moi je reste assise à attendre que la tempête passe. Je pars un peu, pense à autre chose et instinctivement mes doigts s’enfoncent dans ma poche pour en sortir un petit anneau que je pause au milieu de ma paume. Jax. Et le cœur qui loupe un battement comme à chaque fois, le goût un peu aigre dans la bouche du mélange de l’appréhension et du sourire que j’essaye de refouler. Je l’ai retrouvé en faisant mon lit le matin, perdu entre les draps, abandonné par son propriétaire, un peu comme moi. Enfin pas vraiment. Mais c’est un peu le même sentiment que j’ai quand je le regarde filer. Il vient, il s’en va, passe ses doigts sur ma peau et l’instant d’après y a plus personne. Juste un putain d’anneau. Mais c’est comme ça pas vrai. Tant que y a les sourires qui restent, le reste importe peu. J’essaye de m’en convaincre. Pia tu m’écoute ? Non j’écoute pas grognasse, jt’ai jamais écouté et je vois pas pourquoi ça changerait. T’es fatigante, usante, chiante. Un peu comme moi quoi, à croire que t’as déteint sur ma personnalité en prouvant que la génétique c’est pour les ploucs. « Oui oui j’ai compris, refaire les rideaux pour machin truc la et puis y a les costumes du numéro moche avec les chevaux à repriser j’ai entendu la première fois » pas si conne que ça tu vois Adela. J’écoute. Et sans attendre je me relève, la main serrée sur le pommeau de ma canne pour pas riper, pour pas chuter. Faudrait pas que ça devienne une habitude. « Je peux y aller ? Je suis fatiguée et je voudrais finir la broderie pour le costume de l’un des débiles de la famille Kida là » mensonge. Enfin. Techniquement si je dois finir le costume de Zyki. Mais j’ai pas envie de bosser dessus, j’ai pas envie de penser à lui, j’ai pas envie de penser à ses conneries en stock. J’ai envie de retourner dans la caravane. Seule. Loin des autres, loin du cirque, loin des bruits de fond et des rires des autres. Adela ne me répond même pas, trop occupée à associer des tissus pour me voir partir, je soupire et me dirige en boitillant vers ma caravane.

Personne ne me voit. Et moi je vois tout le monde. La vie qui grouille et les petites mains qui courent partout. Les animaux, les chansons, la reconstruction de notre univers pierre par pierre. Personne ne me voit et au fond c’est mieux comme ça. J’ai pas envie qu’on me demande d’être plus aimable ou moins aigrie, genre t’as tes règles Pia ? Ouai du con, mes règles jles ai toute l’année si c’est ça qui me rend aussi rageuse. Mais je crois que la réponse leur suffira pas. Perdue dans mes pensées, la main toujours fermée sur le petit anneau métallique, je ne fais pas attention à la porte ouverte. Du moins pas tout de suite. Ce n’est qu’en cherchant à l’ouvrir que je me rencontre que c’est déjà ouvert. Putain. «Zyki je te jure si t’as touché au gâteau je te pète les dents » que je râle en rentrant, claquant la porte derrière. Mais c’est pas Zyki. Au fond j’aurais peut-être préféré. J’en sais rien, je comprends plus grand-chose en ce moment. Je le vois sursauter lâcher un truc avant qu’il ne prenne la parole : Bon sang, tu m'as fait flipper ! « Bah en même temps je vais pas sonner avant de rentrer chez moi. ? Tu fais quoi ici » que je grommelle en soupirant doucement, le regard rivé sur mes pieds. Je sais pas trop ce qu’il fait là, ni pourquoi il a pas attendu dehors, j’aime pas trop l’idée que quelqu’un entre chez moi sans me prévenir. Mais bon. C’est Jax. Et Jax c’est différent. Jax c’est la rancune qui s’évapore quand je croise son regard, et le sourire timide que j’essaye d’afficher pour lui montrer que je m’en fou. Nergüi j'suis désolé, j'étais juste venu voir si j'retrouvais mon anneau, je l'ai perdu. « Ah oui je l’ai trouvé ce matin avant que… » je finis pas ma phrase et arrête mon geste quand mon regard se pose sur l’objet qu’il vient de ramasser. C’est rouge, un peu usé, un peu corné. C’est rouge et je connais par cœur chaque goutte d’encre imbibée sur le papier. Non. Mon cœur s’arrête pendant quelques instants, et c’est douloureux. Non. Et soudain je crois que je deviens aussi blanche la couverture. « Jax » ma voix me parait trop faible, éloignée, bien loin de l’assurance que j met dans mes mots à chaque fois que j’ouvre la bouche. T'énerve pas s'te plait, je faisais rien de mal. Et mes sourcils qui se froncent pendant que la colère monte lentement mais surement parce qu’il n’a pas le droit. Pas ça. Pas la dernière chose que personne a piétiné. Et Jax a beau être Jax j’ai comme une putain d’envie de crier. Euh, tiens, pardon, j'ai pas. Silencieuse je lui arrache le cahier des mains avant de le garder contre ma poitrine, comme pour le protéger d’une nouvelle intrusion involontaire. Et dans ma tête je fais le calcul. Qu’est-ce qu’il a lu, qu’est-ce qu’il a compris. C’est le carnet rouge, ça veut dire que le noir est encore à sa place et c’est un maigre réconfort. Ca aurait pu être pire. Mais c’est quand même mauvais. C'est.. c'est quoi ? T'écris une histoire ? « Pourquoi ça t’intéresse ? » je siffle un peu trop fort, un peu trop vite, un peu trop violemment. Je tremble aussi. Parce que j’ai l’impression qu’il va se moquer de moi, comme ils le font tous, tout le temps. « Pourquoi t’as ouvert le carnet Jax ? Putain. Ca se fait pas ! » Je le dépasse lentement, me trainant jusqu’au lit avant de m’y asseoir, la jambe douloureuse d’être restée debout un peu trop longtemps. Je pose le carnet à côté de moi avant de passé la main dans mes cheveux, le souffle légèrement haché par la panique qui m’envahit. Puis je le regarde lui. Lui et son air un peu paumé, son air désolé, et la colère retombe aussi vite qu’elle est venue. Parce que j’arrive pas. C’est bien le seul je crois. J’arrive pas à le détester, même après toutes ces années. Même après toutes les conneries. « Pardon, je voulais pas crier c’est juste… » C’est juste quoi Nergüi ? Hein ? Il se passera quoi s’il comprend ? S’il fait le lien entre les lettres, les initiales et les moments. S’il fait le lien avec Elle. « C’est une histoire voilà, ouais….T’as lu quoi ? » que je demande finalement, curieuse, la voix qui dérape et mon regard qui se fixe de nouveau au sol. J’ose pas. Je veux pas. J’ai peur qu’il comprenne tout et qu’il se mette à me voir comme les autres. Comme un monstre. Je pourrais pas je crois. « Tiens ton anneau. Evite de le perdre la prochaine fois. » pour éviter de fouiller de tomber sur les secrets que je refuse de lui dévoiler.
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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyDim 30 Avr - 9:42

- Zyki je te jure si t’as touché au gâteau je te pète les dents. Il ne peut pas s'empêcher de frissonner en entendant ce prénom. Et puis, la simple idée que Zyki puisse se permettre lui aussi de rentrer comme bon lui semble ici et de prendre ses aises, ça le révolte. Une sorte de jalousie mal placée. Autant vis-à-vis de Nergüi que de Zyki finalement. C'est ridicule et il le sait, mais il ne contrôle pas. Il ne contrôle pas grand chose globalement de toute façon. Alors, il se contente de serrer les dents et les poings, puis de se concentrer, de souffler, pour tenter de se calmer, de passer à autre chose. Il ne rebondit pas, il ne répond rien à ça, parce que ça lui en demande trop. Et qu'il risquerait de devenir un peu trop désagréable probablement. Alors, il fait la sourde oreille. - Bah en même temps je vais pas sonner avant de rentrer chez moi ? Tu fais quoi ici ? Elle n'a pas tort, c'est sûr. Jax se contente de faire une moue approbatrice, et en même temps un peu confuse, accompagné d'un petit haussement d'épaule. Le tout dans une tentative de paix, pour apaiser les tensions et éviter de se faire cogner. Même si jusqu'à présent, il n'a jamais été sa cible. Alors il s'excuse et il s'explique, pour montrer qu'il n'était pas là avec de mauvaises intentions. Comme si elle pouvait vraiment croire ça. Comme si elle pouvait croire que Jax était ici avec de sales idées. Il n'a jamais rien fait de mal contre elle. Ou alors, il ne s'en est même pas rendu compte, parce que ce n'était pas volontaire. Jax est grognon, Jax est sauvage, mais en aucun cas, Jax n'est méchant. Nuire aux gens n'a jamais été son domaine de prédilection. Même si parfois, l'envie de planter quelques couteaux dans le dos de certains abrutis lui démange les doigts. Des envies qui le font un peu pâlir généralement, de honte et d'appréhension. Cette petite peur, là, nichée au creux de sa poitrine, de se dire que peut-être qu'un jour ses envies dépasseront le stade de son imagination. Est-ce qu'il en serait capable ? Il ne pense pas. Il n'espère pas. -  Ah oui je l’ai trouvé ce matin avant que… Elle s'interrompt dans sa phrase et Jax se redresse, carnet en main, la dévisageant sans comprendre, attendant la suite de son explication. Plutôt rassuré de se dire qu'elle a retrouvé son anneau. Faut dire qu'il y tient. Il n'y a pas de raison particulière, il ne représente rien de sentimental à ses yeux. Mais il y tient, c'est comme ça. C'est son petit côté matérialiste. - Jax.. Elle se décompose, elle blêmit et le grand brun ne comprend pas. Il a l'impression qu'elle vient de découvrir un cadavre et ça l'oppresse. Cette sensation désagréable d'avoir fait quelque chose d'affreux, d'horriblement mal, sans savoir ce que c'est. L'impression d'être largué, d'avoir manqué un bout de l'histoire. Machinalement, il regarde autour de lui, sans comprendre que l'objet de son émoi, il le tient entre les mains. - Nergüi, ça va ? Qu'il demande, sans être certain de vouloir connaître la réponse. Il s'excuse platement, réalisant qu'il a merdé quelque part. Il s'approche prudemment et lui tend le carnet qu'il se fait violemment arracher des mains. Ok. Elle est en colère et visiblement, le carnet pose problème. Il fronce les sourcils et la dévisage, un peu perplexe, ne sachant pas du tout comment interpréter les signaux qu'elle lui envoie. Il recule machinalement et l'observe, méfiant. Elle ne dit plus rien, le carnet collé contre elle, comme s'il était son enfant. Son bébé disparu, arraché de ses bras par Jax, pour finalement y retourner. Le silence est pesant et Jax finit par le briser, cherchant à comprendre ce qui est en train de se passer. Mais Nergüi demeure sur la réserve. Agressive, comme prête à bondir, à lui sauter à la gorge pour le dépecer. Et lui, il est largué. - Pourquoi ça t’intéresse ? Il prend la mouche aussitôt, se redresse et se braque, n'ayant jamais supporté qu'on lève un peu la voix sur lui. Qu'on s'adresse à lui d'une façon un peu trop autoritaire. Surtout quand il estime n'avoir rien fait de mal. Les traits de son visage se tirent et ses prunelles s'assombrissent, tandis qu'il la fixe durement. - Hey, pourquoi tu t'énerves comme ça ?! Qu'il demande plus ou moins sur le même ton qu'elle, en guise de protestation. Et ses yeux glissent jusque sur ses mains, celles qui entourent précieusement le fameux carnet et il voit les tremblements. Il perçoit l'insécurité qui émane d'elle, mais ça ne fait que le perdre encore plus. Il a l'impression d'avoir découvert son pire secret, comme si elle notait dans ces foutues pages les noms des gens qu'elle assassine la nuit, durant sa vie secrète. - Pourquoi t’as ouvert le carnet Jax ? Putain. Ça se fait pas ! Il se sent attaqué et ça le fait doucement vriller. Il serre les poings et les dents, n'aimant pas franchement ce qu'elle sous-entend. - Déjà, je l'ai pas ouvert. Qu'il grogne à mi-voix, contenant toute la rage et l'indignation qui s'excitent sous sa peau claire. - Je cherchais juste l'anneau, j'ai trouvé le carnet sans le vouloir et je l'ai juste balancé sur le lit. J'ai lu par hasard, j'en sais rien, j'ai été intrigué ! J'ai pas.. C'était pas volontaire putain. Explications confuses, qui n'ont pas vraiment de sens, mais il est trop fâché pour parvenir à aligner correctement ses pensées. Il demeure stoïque, devenu roc de pierre, seules ses tempes battantes de colère prouvent qu'il est encore en vie. Nergüi finit par se mouvoir et vient le contourner pour aller s'asseoir sur le lit, la jambe probablement fatiguée. Dans un premier temps, il reste immobile, fixant le vide devant lui, cherchant à calmer cette colère irrationnelle, démesurée face à l'enjeu. Il inspire, souffle et finit par lentement pivoter pour lui faire face à nouveau, déjà un peu calmé. - Pardon, je voulais pas crier c’est juste… Il la sait sincère et ça suffit à finir de l'apaiser. Il croise les bras et s'appuie sur le meuble derrière lui, adoptant une position à la fois distante et nonchalante. Il ne dit rien, l'incitant tacitement à poursuivre ses explications. Parce que là, il a bien besoin de comprendre ce qu'il se passe. Mais Nergüi abandonne ses excuses et prend une autre voie. - C’est une histoire voilà, ouais….T’as lu quoi ? Il souffle, lève les yeux au ciel et vient finalement passer une main sur son front, un peu excédé, un peu paumé. Il finit par laisser retomber les bras le long de son corps, s'ouvrant à nouveau. Il hausse les épaules, comme si tout ceci n'avait finalement aucune importance. - Juste une page. Une histoire de sirène, de bouquets de fleurs et de fans, quelque chose comme ça, j'ai un peu lu en diagonale. Il pose son regard sur elle, mais elle fixe le sol. Il ne comprend pas sa gêne. Alors il ajoute. - C'était plutôt bien écrit, c'est cool que.. enfin, que t'écrives une histoire. Surtout sur le thème d'un cirque. Les gens d'ici seront contents. Parce que dans sa tête, Nergüi finira cette histoire, la fera lire à tout le monde et, pourquoi pas, la publiera même. Ce serait bien, une vraie histoire de cirque, écrite par quelqu'un qui s'y connait vraiment. Qui a passé sa vie dans ce milieu. Loin des fausses idées, loin du côté strass et paillettes qu'on voit une fois sur scène, loin des clichés aussi. - J'suis désolé de l'avoir lu, mais c'est pas grave merde, pourquoi tu réagis comme ça ? Il plisse le front et la dévisage avec insistance, cherchant à comprendre ce qui la dérange. C'est parce que l'histoire n'est pas encore terminée ? Qu'elle n'a pas encore relu et corrigé ? C'est absurde. Il s'en fiche lui que ce soit parfait ou pas. Il a juste envie d'en savoir plus. Comment s'appelle l'héroïne ? Et que fait-elle exactement dans le cirque ? Quelle est l'intrigue, les rebondissements, le dénouement. Les questions le titillent mais il ne dit rien pour l'instant. Pour l'instant. - Tiens ton anneau. Évite de le perdre la prochaine fois. Il s'approche pour venir récupérer calmement l'anneau qu'elle lui tend. - Merci. Qu'il souffle, tout en remettant l'anneau à son oreille. Et ça va déjà mieux. Son attirail est au complet. Il finit par venir s'asseoir à côté d'elle, posant une main réconfortante sur la cuisse de la petite brune. - Allez Nergüi fait pas cette tête, d'accord ? J'suis désolé j't'ai dit. Il vient la bousculer gentiment, d'un léger coup d'épaule, tentant un petit sourire en coin pour tenter de capter son attention, de la faire réagir. Parait que sourire est contagieux. Il y croit moyennement, n'étant pas lui-même très réceptif aux sourires des autres, mais ça valait le coup d'essayer quand même.

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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyMar 9 Mai - 23:50

C’est Jax. Et pas Zyki. C’est Jax et le cœur qui se carapate un peu comme à chaque fois qu’il vient ici. C’est Jax et puis c’est tout, ce qui devrait être terriblement simple mais qui commence à devenir trop compliqué. Même pour moi. Surtout pour moi. Jax et son regard paumé quand il me voit débarquer, Jax et ce foutu cahier qu’il tient dans les bras. Putain foudroyez moi sur place. De tous les gens du cirque il a fallu que ce soit lui qui tombe dessus. Lui et pas quelqu’un d’autre. Bam. Reviens ici le cœur, je vais avoir besoin de toi. Enfin de ta force surtout. Pour pas craquer, pour pas tout envoyer bouler. Parce que ces journaux c’est tout ce que je suis et ce que je ne serais jamais. C’est moi, sans artifice ni barrière. C’est moi. Tout simplement. Moi comme personne ne le saura jamais, pas même Jax à qui je dis pourtant bien trop de chose quand il vient parfois me prendre dans ses bras. Peut être pour ça que je réagis aussi vite, que mon sourire se transforme vite en grimace. Nergüi, ça va ? Non ça va pas. Mais je peux pas lui dire ça, parce qu’après il demandera pourquoi. Et je n’aurais aucune envie de répondre à cette question. Alors sans un mot j’arrache le carnet des mains de Jax. Couverture rouge. Pas la noire. Je peux respirer. Un peu. Un tout petit peu. Parce que c’est si facile de faire le rapprochement. Et ça me fait peur. Sans doute pour ça que je me met à crier contre la seule personne contre qui je ne voudrais jamais crier. Je crie parce que j’ai peur, je crie parce que j’ai mal, je crie parce que je me dis et si, et parce que je ne veux pas le perdre. Pas Jax. Le monde entier mais pas Jax. Pas après tout ça, tout ce temps, toutes ces douleurs refoulées. Hey, pourquoi tu t'énerves comme ça ?! Il se rebiffe Jax. Parce qu’il déteste quand on lui parle comme ça, je le sais. Pourtant c’est plus fort que moi. Pourquoi je m’énerve ? Bon sang s’il savait, à quel point j’ai envie de hurler toute la journée, à cause des autres, à cause de lui, à cause d’Halina ou bien de Zyki. Putain d’injustice. Et par-dessus tout ça tu rajoute la douleur, les os brisés et les muscles atrophiés. Peut être qu’il aurait envie de hurler lui aussi s’il était comme moi. « Parce que t’aimerais qu’on touche à tes affaires comme ça ? » le ton sec, encore, toujours, pour camoufler la boule qui se forme dans ma gorge et ma voix qui menace de se casser la gueule d’une seconde à l’autre. Souffle Nergüi, c’est comme en sophrologie, tout dans la respiration pour chasser le reste, pour pas craquer. Je me bats, il se bat, on se fracasse légèrement avec nos auras plutôt que nos poings parce qu’on est pas comme ça, pas tous les deux, mais la tension est palpable. On se sent agressé, chacun de son côté, par l’autre. C’est drôle parce que d’habitude c’est plutôt l’inverse. Mais pas aujourd’hui. Déjà, je l'ai pas ouvert. Tant mieux. Parce que s’il l’avait ouvert ça voudrait dire qu’il l’aurait lu. Et s’il l’avait lu…Je ne sais pas. Je cherchais juste l'anneau, j'ai trouvé le carnet sans le vouloir et je l'ai juste balancé sur le lit. J'ai lu par hasard, j'en sais rien, j'ai été intrigué ! J'ai pas.. C'était pas volontaire putain. « Merde » c’est murmuré à voix haute, sans faire exprès. Merde. Que je reprends dans ma tête. Parce qu’il ne l’a peut-être pas ouvert lui-même mais il l’a lu. Et ça, c’est pas mieux. Je m’apprête à répliquer, à cracher le venin comme je le fais si bien, sauf que je rencontre le regard de Jax et la dureté que j’y lis dedans me brise dans mon élan.Merde. Troisième fois. J’en ai assez. Je voudrais pouvoir l’affronter comme j’affronte le monde, mais à chaque fois je m’étale devant lui. Je ne veux pas qu’il soit en colère. Pire. Je ne veux pas qu’il soit en colère contre moi. Ça me boufferait je crois. Alors j’essaye de me calmer, secoue la tête avant de m’asseoir sur le lit parce que j’ai mal et même si c’est sans doute psychologique, je ne vais pas tenir longtemps dans ma position.
Une fois assise je le dévisage, cherchant mes mots, un semblant d’excuse pour l’apaiser, pour m’apaiser aussi. S’il avait lu un truc choquant sans doute qu’il m’aurait déjà fait la remarque. Mais non. Il se contente de croiser les bras et de me regarder pendant que je parle, déjà fatiguée par la querelle évité et par les mensonges que je vais devoir inventer. Encore. Toujours. Menteuse. J’en ai assez. Mais c’est mieux que rien, que le vide, que l’abandon total. Une fois peut être mais pas deux. Jamais deux. Juste une page. Une histoire de sirène, de bouquets de fleurs et de fans, quelque chose comme ça, j'ai un peu lu en diagonale. Oh. La page du bouquet. Et puis la sirène. Peut être la seule chose qui me donne envie d’essayer encore, si seulement j’arrivais à leur prouver que je peux nager, que je suis pas mauvaise et qu’avec de l’entrainement j’arriverais surement à quelque chose. Si seulement. Mais non. C’est jamais bon. Jamais pour moi. Tais toi Nergüi, fais ci Nergüi, pousse toi Nergüi et blablabla. Tu parles. C'était plutôt bien écrit, c'est cool que.. enfin, que t'écrives une histoire. Surtout sur le thème d'un cirque. Les gens d'ici seront contents. Des compliments. Je ne m’attendais pas à ça. Pas vraiment. Peut être que ça m’arrache un sourire, timide, et les yeux rivés vers le sol, j’essaye de cacher ça. Parce que je ne veux pas qu’il pense qu’il a gagné ou que ce qu’il vient de faire est acceptable. Mais il vient de me complimenter quand même. Et étrangement, ça me touche. J'suis désolé de l'avoir lu, mais c'est pas grave merde, pourquoi tu réagis comme ça ? « C’est juste… » Allez Nergüi fait fonctionner ton cerveau. Mens encore et encore. C’est si facile comme ça. « C’est juste que…J’en ai parlé à personne d’accord ? Et je sais pas, c’est personnel. T’aimerais pas que je vienne découvrir ton prochain spectacle avant qu’il ne soit terminé non ? » Ouais. Si on part du principe que mon journal intime rêvé est un putain de spectacle, que je vais le publier et le faire lire au monde entier. Tu parles. Même pas en rêve. Ca serait honteux. Et tellement douloureux. Comme un doigt pointé en pleins sur ma figure : Regarde idiote, même ton toi imaginé est mieux que ce que tu proposes actuellement. Parce que bien sur que cette Nergüi là, celle que j’invente sur le papier serait célèbre, populaire, adorée. Je l’ai faite exprès. Et c’est douloureux.
Finalement je lui tends son anneau et il le récupère me remerciant au passage. C’est mieux comme ça. Qu’on parle de l’anneau plutôt que de moi. Je préfère. Et quand il vient s’asseoir à côté de moi, posant sa main sur ma cuisse, je sens mes barricades qui cèdent. Encore. Allez Nergüi fait pas cette tête, d'accord ? J'suis désolé j't'ai dit. Parce qu’il y a ce foutu sourire qui vient illuminer son visage, sourire bien trop rare que je ne me lasse jamais de regarder. Bon sang, s’il savait à quel point il peut être dangereux avec ce sourire, il deviendrait le roi du monde. Mais Jax s’ignore, comme il ignore bien trop de choses, dans sa bulle un peu bancale que j’ai du mal parfois à percer. « Pardon Jax » et je lève la tête, lui offrant un sourire timide parce que j’ai envie de l’imiter, parce que ça me réchauffe de le savoir à côté de moi et heureux plutôt que loin et en colère. Doucement je pose ma tête sur son épaule fermant les yeux. « J’ai du mal en ce moment, avec tout, avec Savannah, avec les autres. Depuis l’ouragan Adela est insupportable et…Je sais pas. J’y arrive pas tu vois ce que je veux dire ? » Cette sensation de couler, que l’Amérique n’est qu’un vaste champ de sables mouvants et qu’on s’enfonce tous petit à petit dans les méandres d’une société qui n’est pas la notre. Du moins pas la mienne. Jax c’est sans doute différent.
Je me redresse avant de me hisser complètement sur le lit, massant légèrement ma jambe fatiguée à travers le tissus de ma jupe. Pudique. Comme toujours. Je finis par soupirer avant de me tourner vers Jax, cherchant à capter son regard. « Promets moi que tu vas en parler à personne d’accord ? Enfin…Du carnet je veux dire. » S’il te plait dis oui, personne, juste toi et moi, comme un secret, comme avant.
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Jax Roses

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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyJeu 18 Mai - 18:57

   - Parce que t’aimerais qu’on touche à tes affaires comme ça ? Il se braque encore plus, parce qu'elle continue de hausser le ton et ça lui déplaît. Il n'a pas l'habitude qu'elle s'adresse à lui de cette façon, il a toujours été épargné par ses humeurs. Et il n'aime pas l'idée d'en faire les frais. Il souffle plus fort, plus vite, pourtant, il reste stoïque, comme d'habitude. Colère latente, qu'il ne laisse ressurgir qu'à travers le bleu de ses yeux. Un bleu orageux. Il détourne le regard pour se calmer et aussi parce qu'il ne trouve rien à répondre à ça. Elle a parfaitement raison. Il serait devenu fou aussi s'il l'avait trouvé elle ou n'importe qui d'autre en train de fouiller dans sa caravane. Lui aussi à ses secrets bien gardé. Cette boite en bois cachée sous son lit et fermée à clé, qui contient un objet volet de toutes les filles qu'il a connu de façon intime. Pour ne pas les oublier. Ça ressemble salement à des trophées, mais ça n'en est rien. Au fond, il est trop sentimental Jax. Il veut se souvenir de ces filles croisées partout dans le monde et qui ont partagées avec lui un instant de douceur. Dans sa façon d'aborder la chose, c'est terriblement respectueux. Mais il sait de quoi ça pourrait avoir l'air. Et c'est pour ça qu'il ne veut pas qu'on le découvre. Alors oui, il comprend parfaitement. Mais malgré tout, il enrage de se faire gueuler dessus comme un gosse. Les lèvres pincées, les traits du visage tirés, il est contrarié mais étouffe la colère naissante dans l’œuf. Il ne veut pas se disputer avec elle. Jamais. Nergüi c'est censé être le calme dans la tempête. Et il ne veut pas que ça change, surtout pas pour quelque chose comme ça. Alors il déglutit comme il peut, il inspire un coup et souffle pour chasser les tentions de ses muscles. Pour calmer ses nerfs à fleur de peau. Il explique ce qu'il s'est passé, il tente de se justifier. Il se dit qu'elle va comprendre, pardonner, parce qu'il n'a pas fait exprès, que ce n'était pas volontaire. Mais tout ce qui sort, c'est : - Merde. Il se crispe, les sourcils froncés, toujours silencieux. C'est son truc à Jax. Ne rien dire, ne pas bouger. Se contenter de charger l'air de son humeur massacrante. Tout retenir, tout enfouir, jusqu'au moment ou ça ressort, ou ça explose. Alors il attend de voir. Tout dépendra du choix d'attitude de Nergüi. Heureusement, elle se calme. Le ton moins agressif. Et progressivement, Jax fait de même. Les muscles qui se relâchent, le regard qui s'apaise, les traits qui se détendent. Alors, il vient finalement s'asseoir à côté d'elle. Parce que c'est trop bête de se fâcher pour ça. Il n'a pas besoin de ça en ce moment, bien au contraire. Il a déjà perdu trop de gens, il est déjà trop seul. Il ne veut pas devoir rajouter son nom sur la liste des disparus. Des déserteurs. Alors il joue le jeu, il tempère, il complimente même. Et il la voit qui sourit, qui tente de dissimuler tout ça en se cachant de lui. Mais il voit quand même. Et il se met à sourire aussi, victorieux et taquin. Il préfère quand c'est comme ça. Quand c'est simple et teinté de sourires tendres. - C’est juste… C’est juste que…J’en ai parlé à personne d’accord ? Et je sais pas, c’est personnel. T’aimerais pas que je vienne découvrir ton prochain spectacle avant qu’il ne soit terminé non ? Il se redresse un peu et prend le temps d'inspirer un coup, réfléchissant sérieusement à sa question. Quelques secondes de flottement, de réflexion. Et puis, finalement. - J'crois que si c'était toi, ça ne me gênerait pas. Mais.. mais j'comprends oui. Qu'il lâche doucement, comme pour avouer sa faute et demander pardon. Ce qu'il n'est pas réellement foutu de faire. Trop fier, trop bloqué. Y sa main qui se pose sur la cuisse de la brune, il vient la titiller doucement, avec l'envie de passer à autre chose et d'oublier ce moment désagréable. Il lui sourit de plus belle, avec les plis qui se forment au coin de ses yeux et ses jouent qui se creusent. Sans se douter de l'effet que ça peut avoir sur elle. Sur personne en fait. Tout ce qu'il sait, tout ce qu'il voit, c'est qu'elle cède enfin. La colère qui termine de s'évaporer autour d'eux, disparaissant totalement. - Pardon Jax. Les excuses présentées en toute honnêteté, mise à nue. Elle fait tout ce qui n'est pas capable de faire. Lui, il n'est bon qu'à lâcher des "j'suis désolé" énervés. Rien de glorieux. Il déglutit un peu et baisse les yeux, pour fixer sa main sur sa cuisse. - C'est rien Nergüi, c'est rien. Il murmure ça, tout doucement, comme si c'était un secret gênant. Il relève la tête seulement lorsqu'elle vient poser la sienne sur son épaule et aussitôt, il l'entoure de son bras, posant doucement son menton sur son crâne. - J’ai du mal en ce moment, avec tout, avec Savannah, avec les autres. Depuis l’ouragan Adela est insupportable et…Je sais pas. J’y arrive pas tu vois ce que je veux dire ? Il se ferme un peu. Elle n'imagine même pas à quel point il voit oui. Y a la culpabilité qui vient déformer les traits de son visage et voiler son regard, l'assombrissant au passage. Les mots qui se coincent dans sa gorge et la chaire de poule qui glisse sur ses avant-bras découverts. Il soupire discrètement, pas certain d'être le mieux placé pour parler de ça en ce moment. Il voudrait pouvoir l'aider, la rassurer, la guider. Mais il s'est perdu lui-même. Il ne peut rien pour elle. - Je sais Nergüi. L'ouragan nous a tous mis à cran, il a fait bien trop de dégâts. Et pas que matériel, pas que financier. C'est depuis l'ouragan que Jax a commencé à vraiment merder. Et il a été trop aveugle pour voir la détresse de son amie. Il s'en veut pour ça. Il s'en veut d'être si égoïste ces derniers temps, si absent. Elle se redresse et il laisse retomber son bras le long de ses flancs. - C'est comme si.. Comme si quelque chose avait changé depuis. Ou alors c'est juste lui. Lui qui change. Il baisse un peu les yeux, honteux. Une honte qu'il dissimule derrière un masque impassible, comme toujours. - Raconte moi, qu'est-ce qu'il se passe avec Adela ? Elles ont toujours eu une relation difficile. Il n'a jamais été capable de saisir la taille de leurs sentiments vis à vis de l'autre. Il a du mal à comprendre tout ça. Alors souvent, il se contente de l'écouter. C'est tout ce qu'il peut faire, finalement. Ses yeux traînent sur la jambe qu'elle malaxe à travers sa jupe et il devine qu'elle a mal. Comme d'habitude. Et ça lui fait comme un pincement là, dans la poitrine. Parce qu'il ne comprend pas pourquoi elle doit subir tout ça. Y a ce foutu sentiment d'injustice qui l'étreint à chaque fois qu'il la voit boitiller, clopiner. Il voudrait tellement pouvoir la réparer. Mais il ne peut pas. Alors, il garde ça pour lui. En fait, il garde tout pour lui. Tout le temps. - Promets moi que tu vas en parler à personne d’accord ? Enfin…Du carnet je veux dire. Il hoche la tête sans hésiter, tranquillement. - Promis. Et Jax, il ne fait jamais de promesses en l'air. Personne ne saura, pas même Panini. Ce sera juste entre elle et lui. Il se rapproche d'elle et lui fait signe d'étendre sa jambe sur ses cuisses. - Donne. Qu'il souffle, calme mais autoritaire. Une sale habitude. Il la sent hésitante, prise de court. - J'vais le faire, donne. Qu'il répète, pour la convaincre. Ce sera plus efficace si c'est lui qui la masse. Il finit par attraper délicatement sa jambe pour l'installer sur lui. Y a ses mains qui attrapent le bas de la jupe pour la remonter lentement et aussitôt, il sent Nergüi se tendre. Il s'interrompt et relève les yeux vers elle, interloqué. Et quand il comprend, il peut pas s'empêcher de rire doucement. - Nergüi... Qu'il lâche, amusé. Il l'a déjà vu nue tellement de fois, il a du mal à croire qu'elle puisse encore être gênée devant lui. Mais il ne veut pas la brusquer, il ne veut rien forcer. Il attend qu'elle lui donne le feu vert pour terminer de repousser le tissu. Et ses mains abimées par le travail qu'il fait en dehors du cirque viennent se poser sur la jambe douloureuse, commençant le massage. Et puis, y a les questions qui tournent en boucle dans sa tête depuis trop longtemps qu'il voudrait lui poser mais qu'il retient. Et il se dit que finalement, là, c'est peut-être le bon moment. Il hésite encore un peu, lui lance quelques regards fuyants. Et finalement, tout en fixant ses propres mains qui s'appliquent à la tâche, il trouve le courage d'aborder le sujet. - Dis, est-ce que.. Est-ce que t'as déjà pensé à t'installer quelque part ? Enfin, ce que j'veux dire, c'est que.. C'est aussi difficile à dire qu'il l'avait imaginé. - Tu t'es déjà demandée ce que serait ta vie si tu quittais le cirque ? C'est maladroit et ça trahi bien trop de choses, mais fallait que ça finisse par sortir. Fallait bien qu'il finisse par aborder le sujet avec quelqu'un. Trop longtemps que ça lui pèse. Et si y a bien quelqu'un qui peut comprendre ça, c'est Nergüi. Il sait qu'elle n'est pas accrochée au cirque autant qu'Halina ou que les autres. Et puis, il espère qu'elle comprendra. Il se dit, que, peut-être.. Vu que ça va mal pour elle aussi en ce moment, peut-être qu'elle rêve d'ailleurs. Qu'elle rêve d'autres choses. Et si c'est le cas, il se demande s'il fait toujours partie de l'équation ?
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Ruby Holmes

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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyDim 21 Mai - 23:11

J'crois que si c'était toi, ça ne me gênerait pas. Mais.. mais j'comprends oui. Ca vrille dans mon cœur, ça serre trop fort, putain ce que ça fait mal. Et en même temps ce que ça fait du bien. Parce que je sais qu’il y a toujours ce lien entre nous deux et que malgré la séparation, malgré Halina et toutes les conneries qui se sont ajoutés depuis, j’ai toujours ma place quelque part avec lui. Le truc c’est que dernièrement je me demande jusqu’à quand j’y aurais le droit à cette foutu place. Alors je profite le plus possible, avant de le voir me filer entre les doigts. Je me retiens de répondre, me contente de faire tout mon possible pour diminuer mon sourire, pour pas que ça soit si facile à chaque fois, qu’il ne pense pas non plus qu’il ai le droit. Alors que c’est faux. C’est terrible à dire mais c’est faux. Il a tous les droits et ça me bouffe de penser comme ça. Parfois je me dis qu’il faudrait que je coupe le cordon, qu’on arrête tous les deux cette relation parce que ça fait trop mal de continuer. Puis je me souviens que si Jax disparait, il n’y aura plus personne. Et c’est pire encore. Cette foutue solitude, celle qui rampe silencieusement sur le sol avant de s’enrouler autour de vous pour mieux vous étouffer. Je la hais.
Alors c’est les excuses, c’est effacer la colère qui vibre entre nous et qui est tout sauf naturelle. Oui. C’est les excuses, celles que je ne prononce que très rarement, refusant la plupart du temps de reconnaitre mes fautes. Mais je m’excuse quand même parce que s’il y a bien un truc que je déteste par-dessus tout, c’est voir la colère de Jax dirigée contre moi. C’est terrible, ces émotions qu’il peut transmettre juste avec le bleu de ses yeux. Ou son sourire. Bon sang. Son sourire. Si on me demandait la partie que j’aime le plus chez Jax je répondrais sans hésiter sa bouche. Et les petites rides de bonheur qui se forment au coin de ses yeux. Et ça me suffit. Ca nous suffit. C'est rien Nergüi, c'est rien. Je sens son bras qui m’entoure et ça m’apaise instantanément. Il me pardonne de m’être emporté, je lui pardonne d’avoir fouillé, on est quitte comme ça. Alors je bredouille un peu, lui confie que c’est difficile avec Adela en ce moment, avec l’ouragan aussi. J’aimerais lui dire que je trouve cette ville toxique, que les gens qui grouillent dans les rues me font peur ou me dégoutent et que je me sens comme une étrangère – ce que je suis fondamentalement certes – mais c’est déroutant quand même. Je sais Nergüi. L'ouragan nous a tous mis à cran, il a fait bien trop de dégâts. Je n’ai pas besoin de lever la tête pour savoir qu’il me comprend. Qu’il pense comme moi. C’est bien plus que quelques tantes arrachées ou des roulottes explosées. C’est bien plus que ça. L’ouragan a creusé des brèches dans nos cœur, que ce soit chez lui, chez Zyki, chez moi ou bien chez Halina. Je suis pas stupide, je les vois se morfondre, tourner en rond tels des lions en cage ou alors chercher à s’évader pour retrouver la sensation de liberté dans les poumons. C'est comme si.. Comme si quelque chose avait changé depuis. J’hoche la tête en me redressant lentement, m’installant complètement sur le lit pour pouvoir masser ma jambe. Voilà, c’est ça, il a tout à fait raison. « Exactement, et on arrive pas à mettre le doigt dessus et ça commence à nous rendre fous » que je murmure tout bas, comme une confession. Ca me fait du bien de savoir que je ne suis pas le seule à ressentir ça.
Raconte moi, qu'est-ce qu'il se passe avec Adela ? Je regrette un peu d’avoir parlé d’Adela, parce que c’est toujours compliqué entre nous, parce que c’est les problèmes de famille et qu’il en a sans doute assez comme ça lui aussi. Foutu cirque élitiste qui vous fait comprendre que vous n’êtes pas comme eux. Que vous ne serez jamais comme eux. « Tu sais, c’est toujours pareil mais en deux fois plus, comme quoi je suis une perte de temps, que je ne serais jamais assez efficace de toute façon, qu’elle n’aurait jamais du accepter de s’occuper de moi, blablabla » je lève les yeux au ciel et fait semblant de me pendre. C’est mieux comme ça, de prendre les choses à la rigolade plutôt que d’y croire vraiment. « Enfin bref tu la connais, une vraie mégère » mais une mégère que j’aime. Malgré tout. C’est pour ça que ses critiques sont aussi difficiles ces derniers temps. Parce que je fais de mon mieux pour lui plaire et que c’est sans succès, à chaque fois. Pardon d’être un poids Adela

Il finit par me promettre qu’il ne dira rien à propos du carnet et je me détends instantanément, soulagée. Jax tiens toujours ses paroles, s’il me promet alors je lui fais confiance, et ça me rassure. Parce que je peux encore rattraper les pots cassés et continuer comme si tout allait bien. « Merci » oui. Merci. Parce que mine de rien, c’est important pour moi.
Donne. Surprise je le regarde, avant de comprendre ce qu’il veut. « Jax je… » J'vais le faire, donne. Et sans attendre il prend ma jambe abimée avec délicatesse pour l’installer sur ses genoux. Je panique. Je panique et serre les dents, parce que je lutte pour ne pas me redresser d’un coup et partir en courant. Pourtant c’est Jax. Depuis quand le fait que Jax me touche, touche ma jambe me pose un problème ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Ou peut être que ça ne me pose pas de problème et que c’est ça le pire ? Que mon cœur loupe un battement quand je le vois qui commence à remonter le tissu au-dessus de ma cheville ? « Attend » que j’essaye de murmurer pour lui signaler que je suis gênée, que peut être j’ai honte. Pourtant il m’a vu tellement de fois nue, moi, ma foutue jambe déglinguée et tout mon corps bousillé. Mais quand même, à chaque fois y a ce pincement qui me fait penser : Et si ? Et s’il décidait que ce n’était plus suffisant ?
Nergüi... Puis y a le sourire dans sa voix, y a le sourire dans ses yeux, et y a ses mains à quelques millimètres à peine de ma peau. Et juste comme ça, ça balaye mes peurs. J’hoche la tête pour lui signaler qu’il peut continuer et je frisonne quand il finit par pauser ses mains sur mon mollet. Personne ne me touche. Jamais. Personne ? Sauf Adela. Et puis Jax. « Merci, je pense que c’est l’air humide qui me fait mal en ce moment et j’ai plus de médicaments, Adela a dit que j’en avais pas besoin » je bredouille un peu, comme pour expliquer la grimace que j’affiche quand ses doigts rencontre un nœud douloureux entre mes nerfs bousillés. Adela, encore une fois. Peut-être parce que j’ai fait l’erreur de parler de Zyki un soir, de ses cachets qu’il prend n’importe comment et que maintenant elle a peur que je fasse pareil. Sauf que je ne suis pas Zyki, heureusement, et que ces foutus médicaments j’en ai besoin. Je laisse mes mots mourir dans l’air avant de reporter mon attention sur Jax, sur ses mains, sur ma peau. Bon sang ce que je déteste ma peau.
C’est Jax qui reprend la parole, me sortant de mes pensées sordides, les yeux rivés sur ses mains il me questionne, la voix hésitante. Dis, est-ce que.. Est-ce que t'as déjà pensé à t'installer quelque part ? Enfin, ce que j'veux dire, c'est que.. Ah. La fameuse question. Et les rumeurs qui circulent dans le cirque pour qui veut bien les entendre. Sans me rendre compte je m’arrête de respirer, suspendue aux lèvres de Jax, attendant la suite de sa question, pour savoir s’il va bien m’avouer ce que tout le monde pense. Qu’il va finir par nous quitter. Tu t'es déjà demandée ce que serait ta vie si tu quittais le cirque ? L’air qui rentre de nouveau doucement dans mes poumons et ma main qui vient se poser timidement sur la sienne. Je la soulève de ma jambe et la retourne, faisant glisser mes ongles sur sa peau calée que je connais par cœur. «Parfois…J’y pense. » c’est vrai. Autant ne pas mentir pas vrai ? Je n’ai jamais vraiment eu ma place parmi eux : pas la même couleur de peau, l’étiquette boulet sur le front et l’absence d’attaches parmi les membres du cirque. Oui j’y pense parfois, le soir quand je n’arrive pas à trouver le sommeil ou que je me retrouve balancée par terre parce qu’un gamin m’a fait un croche-patte. « Mais je peux pas Jax…Je veux dire, regarde moi » oui, regarde moi, ma jambe, mon corps cassé, ma santé qui ne fait qu’osciller. « Je ferais quoi toute seule ? » Et ma voix qui se brise parce que je l’ai dit. Toute seule. Si je pars ce sera sans le reste, sans Adela, sans même Jax. Parce que je suis persuadée que personne ne me suivra. « J’ai déjà du mal à me rendre utile ici, alors tu m’imagine dehors ? Au milieu des gens ? Je me noierais en quelques minutes » je me rapproche de lui, repliant ma jambe pour m’installer sur les genoux. Je le dépasse légèrement, et ça me fait sourire, alors j’attrape doucement son visage entre mes mains pour poser mon front contre le sien. « Mais toi c’est pas ton cas Jax. » pourquoi est-ce que je dis ça ? Pourquoi est-ce que je dis ça. Putain. Tais-toi. Arrête. Le laisse pas partir une seconde fois, parce qu’il n’y en aura pas de troisième. « Tu pourrais survivre dehors nan ? » j’ai envie de me frapper, je me dégoute, tout en moi a envie de lui hurler m’abandonne pas mais sans doute que je suis trop fière pour le supplier. « C’est vrai les rumeurs Jax ? Tu veux partir ? » je viens chercher son regard glacé pour ne plus le lacher. Me mens pas, dis moi.
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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptySam 27 Mai - 8:58

Exactement, et on arrive pas à mettre le doigt dessus et ça commence à nous rendre fous. Il ne dit rien, songeur. Il ne sait plus vraiment à quel moment ça a commencé à merder. Si c'était avec l'ouragan, ou avant. Avec la mort de Max. Il n'en parle jamais. Et à part Halina, personne n'est au courant. Pourtant, ça a brisé quelque chose en lui. Et sûrement qu'il a commencé à déconner à ce moment là. C'est d'ailleurs à cette période qu'il a rencontré Cash et qu'il a commencé à nouer une relation. Peut-être que si c'était arrivé à un autre moment, il n'aurait tout simplement pas fait attention à lui. Peut-être. Quoi qu'il en soit, y a ce poids qui pèse sur lui. Sur sa conscience. Il fait en sorte de l'ignorer la plupart du temps, mais parfois, il n'y arrive pas. Parfois, c'est trop dur. Il inspire profondément et souffle, pour essayer de chasser ça de ses pensées. Ce n'est pas le moment. Alors, il détourne un peu la conversation en essayant d'en savoir plus sur Adela. Nergüi se redresse et il la laisse faire, se contentant de l'écouter. — Tu sais, c’est toujours pareil mais en deux fois plus, comme quoi je suis une perte de temps, que je ne serais jamais assez efficace de toute façon, qu’elle n’aurait jamais du accepter de s’occuper de moi, blablabla. Il fronce les sourcils et échappe un léger rire lorsqu'elle fait semblant de se pendre, avant de lever les yeux au ciel. Il n'a jamais compris leur relation. Et surtout, il n'a jamais compris Adela. Il n'a jamais compris pourquoi elle se comportait ainsi avec Nergüi, pourquoi elle lui infligeait tout ça. Il fait la moue quand elle la traite de mégère, pour approuver. — Tu devrais l'envoyer chier. J'veux dire.. vraiment. Ouais, pas juste s'engueuler, pas juste hausser le ton. Mais lui dire d'aller se faire foutre et ne plus rien lui devoir. Prendre sa totale autonomie au sein du cirque, s'imposer. Il a toujours eu du mal à supporter de la voir subir et s'écraser comme ça. Il sait que sa jambe la limite et l'empêche d'être sur le devant de la scène. Mais y a sûrement mieux à faire que ce qu'elle fait déjà. Parce que ça ne l'éclate pas, de toute évidence. — Tu devrais arrêter de coudre et trouver un truc à toi. Y a d'autres choses à faire au cirque et qui ne soient pas dangereux pour toi. Faut.. Faut que tu t'imposes. Personne ne la foutra dehors pour ça. Ici, les gens n'aiment pas les traitres. Mais jamais on ne mettrait à la porte quelqu'un qui a voulu s'investir autrement dans le cirque. Peut-être que ça demanderait du temps avant que tous ne l'accepte. Peut-être que ça susciterait quelques polémiques au départ. Mais ça finirait par passer. Puis, il attrape sa jambe, pour l'aider à dénouer les nœuds, à soulager la douleur. Et Nergüi oppose dans un premier temps une faible résistance, visiblement pleine d'appréhension. Il s'en amuse, il soupire en souriant. Il l'a déjà vue sa jambe. Des centaines de fois. Il l'a déjà vue elle, nue, sous toutes les coutures. Qu'est-ce qu'elle pense qu'il puisse bien découvrir d'affreux après tout ce temps ? Elle finit par abdiquer mais malgré tout, il la sent moyennement à l'aise. Pas complètement détendue. Il n'y prête pas attention, se contentant de se concentrer sur ce qu'il fait, pour essayer de la soulager un peu. Si c'est possible. — Merci, je pense que c’est l’air humide qui me fait mal en ce moment et j’ai plus de médicaments, Adela a dit que j’en avais pas besoin. Son sang ne fait qu'un tour et vient s'éclater contre ses tempes. Il redresse subitement la tête et la dévisage, furieux. — Quoi ? Qu'il s'indigne, les yeux sombres et la voix chargée de colère. — Et depuis quand Adela y connait quoi que ce soit dans c'domaine, hein ? Ça le fout en colère. Son regard qui revient observer la jambe abimée de la brune et y a comme un pincement dans sa poitrine. Elle a mal. C'est tellement évident qu'elle a mal. Pourquoi Adela la priverait de ça ? Pourquoi elle lui ferait subir toute cette douleur inutile ? Pour la garder à sa botte ? Il ne pige pas. Ses dents se serrent et il ne lui faut pas plus longtemps avant de prendre sa décision. Il relève la tête et pose son regard dans le sien, grave, et terriblement sérieux. — Donne moi le nom de tes médicaments, je te les ramènerai. Il ira les voler ou trouvera un autre moyen de s'en procurer, mais il les aura. Et il les lui amènera. Parce qu'il n'y a pas de raisons qu'elle souffre inutilement. Tout ça parce qu'Adela a pris une décision merdique, qui ne repose sur absolument rien de logique. Alors tant pis, si Adela n'est pas foutu de prendre soin de sa propre fille, lui, il le fera. Il finit par se calmer, alors que d'autres questions viennent le tarauder. Ses gestes qui deviennent plus incertains, son regard qui fuit le sien. C'est à son tour de plus être à l'aise. A son tour d'être gêné par ce qu'il va évoquer. Mais malgré tout, il trouve le courage de se lancer. Parce que c'est Nergüi, parce qu'il a confiance. Les questions sortent, mal assurées, pas assumées. Nergüi reste calme. Sans dire un mot, elle vient attraper sa main et la retourner avec douceur, avant de venir la parcourir du bout des doigts. Il la laisse faire, observe ses gestes au lieu d'affronter son regard. Le cœur battant. Plein d'incertitudes. — Parfois… J’y pense. Il fronce les sourcils et remonte enfin les yeux vers elle, un peu interloqué. Mais surtout soulagé. Y a de la curiosité dans son regard, parce qu'il s'interroge. Et puis au fond, ça lui semble terriblement évident. Logique. Il sait qu'elle ne s'est jamais sentie vraiment à sa place ici. Alors il comprend. — Mais je peux pas Jax… Je veux dire, regarde moi. Je ferais quoi toute seule ? Il reste stoïque quelques secondes avant d'échapper un léger sourire. Il la dévisage, tendre, et sa main droite vient se glisser dans les mèches sombres de Nergüi pour replacer un côté derrière son oreille et lui dégager le visage. — Tu te sous-estime beaucoup trop. Qu'il souffle, sûr de lui. Elle est bien plus forte qu'elle ne le croit. Et elle pourrait soulever des montagnes si elle le voulait, si elle ouvrait enfin les yeux sur tout ce dont elle est capable. Malgré son handicape. Malgré la douleur. Lui, il a toujours eu foi en elle. Il ne l'a jamais considérée comme une petite chose fragile. La fragilité, ce n'est pas une jambe atrophiée, un bras en moins, ou le cul vissé dans un fauteuil. C'est dans la tête. Dans la poitrine. Et Nergüi n'a jamais été fragile, ni faible. Mais faut croire qu'il n'y a que lui qui le voit. — J’ai déjà du mal à me rendre utile ici, alors tu m’imagine dehors ? Au milieu des gens ? Je me noierais en quelques minutes. Il secoue la tête de gauche à droite, pour envoyer balader tout ce qu'elle avance. Comme si c'était une fatalité. Un truc inévitable. Comme si ça se passerait forcément mal. Mais il refuse sa vérité. Parce que la sienne est tout autre. — Arrête de faire ça. De voir toujours l'pire. T'es utile ici. Tout le monde est utile. Et moi, je sais que tu te débrouillerais très bien. Quelque soit la situation, tu t'en sortirais. Tu t'en sortiras toujours. Et il voudrait qu'elle se voit comme il la voit. Pour enfin prendre confiance en elle. Parce qu'elle le mérite. Et ça lui fait mal un peu de la voir se recroqueviller dans son coin plutôt que de se déployer et de vivre pleinement sa vie, au même titre que n'importe qui d'autre. Elle finit par replier sa jambe et vient s'installer sur les genoux, s'approchant de lui. Elle capture son visage entre ses mains et vient poser son front contre le sien. Il la laisse faire, se contentant de lever les yeux vers elle, sage, curieux. — Mais toi c’est pas ton cas Jax. Tu pourrais survivre dehors nan ? Oui, il pourrait. Il gagne de l'argent, certes de l'argent dégueulasse, mais de l'argent quand même. Et il pourrait aller squatter chez Nicky ou chez Solomon, le temps de se trouver un appartement ou quelque chose dans ce goût-là. Il pourrait même prendre sa caravane et aller s'installer ailleurs éventuellement. Bien sûr qu'il pourrait se démerder. Qu'il pourrait y arriver. Mais cette pensée l'accable et le fait se sentir encore plus honteux, misérable. Il baisse les yeux, avec la terrible sensation d'être un salaud. De trahir tout le monde. De tourner le dos à sa famille. Cette famille qui l'a trop de fois rejeté ces derniers temps. Il ne sait plus où se positionner, parce qu'il ne se sent plus à sa place nulle part. L'impression de ne plus faire partie du cirque et en même temps, la pleine conscience de ne pas appartenir au monde des sédentaires. Sûrement qu'il n'y appartiendra jamais vraiment. Alors, elle est où sa place, hein ? Il ne dit rien, la gorge nouée, encrassé de tous un tas de sentiments douloureux, la tête remplie de doutes qui raisonnent et l'assourdisse. Il est juste complètement perdu. — C’est vrai les rumeurs Jax ? Tu veux partir ? Quelques secondes de silence, puis, il souffle tout doucement, de façon à peine audible. Et pas vraiment convaincante. — Non.. Il décolle son front du sien, comme étouffé par cette proximité. Il reste quelques secondes comme ça, la tête tournée vers la fenêtre de sa caravane, sans bouger. Et finalement, il vient l'entourer de ses bras et la plaquer contre lui, déposant sa tête sur son abdomen, le cœur en feu, le cerveau en cendres. — J'sais pas Nergüi. Qu'il avoue enfin. La voix tordue par la culpabilité. — J'ai retourné le problème un million de fois dans ma tête et je n'trouve pas de solution. Il la garde serré contre lui, comme pour aspirer un peu de sa chaleur et de sa force, parce que lui, il n'en a plus vraiment. — Si j'pars, j'vais finir par le regretter. Mais si je n'pars pas, je sais que je le regretterai aussi. Quelle que soit la décision qu'il prendra, il ne sera pas heureux. Et ça le tue de devoir faire un choix entre deux options qui finiront forcément par le ronger. Il souffle, la relâche, laisse ses mains glisser le long des bras de la brune jusqu'à venir attraper doucement ses mains, jouer nerveusement avec ses doigts graciles. — Si j'pars, je pourrais pas revenir. Et j'suis pas prêt à faire une croix sur certaines choses. Certaines personnes auraient été plus exact. Ses parents, Halina, Nergüi. Et même Zyki. Il soupire bruyamment, fatigué de cette situation dans laquelle il se retrouve coincé. — Tu m'en voudrais, si j'partais ? Et il pose ses prunelles bleues dans les siennes, avec ce besoin viscéral d'entendre la vérité. Il ne veut pas se faire ménager, il a juste besoin de savoir. Et doucement, dans un murmure, il ajoute. — Qu'est-ce que tu ferais, à ma place ? Est-ce qu'elle aussi elle serait tentée d'aller découvrir une autre vie ? Ou est-ce qu'elle ne quitterait pour rien au monde le cirque ? Est-ce qu'il n'est qu'un sale ingrat égoïste finalement ? C'est ce qu'il se dit en tout cas, depuis des semaines. Peut-être même des mois.
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Ruby Holmes

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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyDim 28 Mai - 20:22

Tu devrais l'envoyer chier. J'veux dire.. vraiment. Adela ? L’envoyer se faire chier ? J’y ai pensé un bon nombre de fois sans vraiment passer le pas. Faut dire qu’elle et moi c’est compliqué, c’est une histoire pleine de cris et d’hurlement, d’insultes balancées. Mais au fond y a ce quelque chose qui me lie à elle et elle à moi, ce quelque chose qui fait qu’après toutes ces années je reste encore là à la supporter, elle et ses jugements permanents. Tu devrais arrêter de coudre et trouver un truc à toi. Y a d'autres choses à faire au cirque et qui ne soient pas dangereux pour toi. Faut.. Faut que tu t'imposes. Je le dévisage un instant avant de secouer la tête. Je ne pourrais pas arrêter de coudre, c’est la seule chose que j’arrive encore à maitriser, qui me donne un minimum de crédibilité. Mais Jax a raison. Le truc c’est que j’essaye de m’imposer. J’essaye de m’imposer depuis toujours mais y a personne qui le voit. Parce que je suis là comme une idiote à gueuler à contrevent et qu’on me renvoi mes mots en pleine tronche. J’essaye du mieux que je peux mais c’est compliqué, c’est difficile, quand on est invisible, un putain de fantôme au milieu des étoiles.   « Je sais Jax. Je sais. » c’est bien ça le problème. Je sais. Mais rien n’y fait. Alors je chasse le moral loin de moi, les idées noires jles enfermes dans une boîte pour me concentrer sur Jax, sur ses yeux trop bleus et son sourire.   « Dans un an t’inquiète que je serais au sommet, tête d’affiche, tout ça. »  Parce que des numéros j’en ai plein la tête, des idées à la pelle et des rêves qui débordent. Mais ça personne ne le sait. Sauf Jax, inconsciemment il a ouvert le coffre et en a laissé s’échapper quelques bribes.    « La sirène, c’est ça. Tu sais, j’adore nager et je me suis dit que ça pourrait faire un super numéro. » je lui confie, comme un secret entre lui et moi. Parce que je sais qu’il ne dira rien. Parce que je sais qu’il peut comprendre et que c’est surement le seul parmi les gens du cirque à surement me soutenir si je lui explique tout. Enfin. Presque tout. Jax et moi ça remonte à y a trop longtemps, au rejet qui nous a rapproché, aux sourires qu’on s’offre quand les autres ont le droit aux crocs. Jax c’est celui qui a le droit, et même si je me tends quand il décide de me masser la jambe, je finis par capituler. Parce qu’au fond j’aime quand il me touche, ça me fait penser qu’on est toujours là où il faut, que y a rien qui pourra nous séparer.
Quoi ? Je sursaute, surprise par la colère de Jax. C’est moi qui râle dans notre duo, pas lui. Et depuis quand Adela y connait quoi que ce soit dans c'domaine, hein ?   « Tu sais elle ne jure que par la médecine naturelle, les plantes et toutes ces conneries. Elle dit que les médicaments c’est du poison pour le corps » et pendant très longtemps je l’ai cru. Mais ses infusions n’ont jamais calmé mes douleurs ni soigné mes allergies, alors depuis quelques années je suis moins encline à me laisser faire. Je pense qu’elle ne comprend pas. Pas grand monde comprend de toute façon, sauf ceux qui savent vraiment regarder. Puis faut dire que je préfère le dissimuler, jouer les fortes pour faire semblant, pour m’intégrer. Donne moi le nom de tes médicaments, je te les ramènerai. Ah. Jax. Chevalier servant. Le rêve de toutes ces dames. Parfois j’ai du mal à croire qu’il est là devant moi. Doucement je pose ma main sur son bras en secouant la tête, pour essayer de l’apaiser, apaiser cette colère qui ne lui va pas.   « Hey t’en fais pas, j’ai de l’argent de côté j’ai déjà prévu d’aller les chercher quand j’irais en ville. »  Je lui offre un petit sourire avant de reprendre     « Mais merci Jax. C’est gentil de proposer, si j’ai vraiment un souci je viendrais t’en parler. » Je le dévisage pour voir s’il s’est calmé, et quand je vois ses traits se détendre je pousse un soupir de soulagement. Je sais que ça pourrait en surprendre plus d’un mais j’ai toujours détesté le conflit quand ça touche des personnes que j’aime vraiment. Et Jax et Adela sont sans doute les deux personnes que j’aime le plus sur cette foutue planète, malgré les hauts et les bas permanents.

Il y a le silence, puis Jax qui devient plus hésitant et je sens qu’il a quelque chose à me demander. Il hésite, oscille avant de plonger. Il me pose enfin la question fatidique du cirque, de le quitter, des rêves qui dorment dans ma caboche et qui font surement écho aux siens. Je comprends où il veut en venir. Je comprends aussi qu’il va falloir faire un choix, être égoïste et le retenir, ou bien le laisser filer quand il demandera sa liberté. Et ça fait terriblement mal au cœur. Terriblement mal. Parce que sans Jax le cirque ne serait plus pareil, y aurait les souvenirs des heures passées à rigoler en cachette quand on était gosses, moi juchée sur ses épaules à hurler pendant qu’il courait. Alors je parle, hésite, balance ce qui me pèse sur le cœur. Je ferais quoi toute seule. Et soudain il est là, caresse discrète et je relève la tête pour le dévisager. Tu te sous-estime beaucoup trop. Sans doute. Faut dire que j’ai toujours eu toutes les raisons du monde de me détester. Parce que je ne sais pas faire grand-chose, que j’ai la couture comme arme mais au fond y a rien d’autre dans mon sac. Mais Jax ne l’entend pas de cette façon. Comme toujours Arrête de faire ça. De voir toujours l'pire. T'es utile ici. Tout le monde est utile. Et moi, je sais que tu te débrouillerais très bien. Quelque soit la situation, tu t'en sortirais. Tu t'en sortiras toujours. Pendant un instant y a plus de rancœur,ya  que ses mots qui me réchauffent et me font sourire de façon stupide.    « A chaque fois c’est pareil avec toi. Tu me donne l’impression que tout est si simple et que j’y arriverais quoi qu’il arrive »  Et peut être que c’est vrai, peut être que sans lui, sans ses encouragements je ne serais jamais allée aussi loin.   « Merci. »  oui. Merci Jax. Merci. Je pense que tu ne te rends pas compte à quel point tu es précieux pour trop de gens ici et que si tu nous quittais, sans doute que t’en briserais des cœurs. Le mien en premier.
Alors je me rapproche de lui, attrape son visage et coupe la distance qui nous sépare. Parce que je sais qu’il a besoin d’entendre ces mots, je sais qu’il en a besoin sinon il continuera à se morfondre dans son coin, à se haire un peu plus chaque jour. Il baisse les yeux et y a trop d’émotions qui émanent de lui. J’arrive à en lire certaines, d’autres non.  Alors je pose enfin la question. Celle que tout le monde se demande dans le cirque. Surtout Zyki, même s’il pense que je ne le vois pas s’inquiéter pour Jax. Et puis sans doute Halina. Qui sait. Non.. c’est si faible comme réponse, rien qu’un souffle qui se meurt entre nous deux. Il s’écarte de moi un instant avant de m’attirer à lui et instinctivement j’enroule mes bras autour de lui pour lui montrer que je suis là, que je ne le lâcherais pas. J'sais pas Nergüi. Je ferme les yeux pour écouter son cœur qui bat trop fort, bien plus vite que le mien. J'ai retourné le problème un million de fois dans ma tête et je n'trouve pas de solution. Donc il y a bien pensé. Et au fond de moi y a quelque chose qui se casse, comme une envie de lui hurler de rester, que de toute façon ça sera plus simple comme ça. Mais je sais que c’est faux. Alors je serre un peu plus son corps contre moi, je m’y accroche comme si c’était la dernière fois. Si j'pars, j'vais finir par le regretter. Mais si je n'pars pas, je sais que je le regretterai aussi. Le dilemme est là. Lui et les autres. Lui et nous. Son cœur coupé en deux. Je ne sais pas comment il fait pour ne pas crier.
Finalement il relâche son étreinte et je m’écarte, les yeux rivés dans les siens, incapable de détourner mon regard. Je peux pas. Je veux qu’il lise que quelque soit son choix je le soutiens. C’est important. Si j'pars, je pourrais pas revenir. Et j'suis pas prêt à faire une croix sur certaines choses. J’ai ce sourire triste que je n’arrive pas à retenir, l’envie de chialer parce que tout ça semble bien trop concret. Tu m'en voudrais, si j'partais ? Par reflexe je serre un peu trop fort ses paumes, entrelace ses doigts avec les miens. J’ouvre la bouche pour répondre une banalité, mentir comme je le fais si bien mais il reprend une dernière fois. Qu'est-ce que tu ferais, à ma place ? merde. Me demande pas ça. Je soupire doucement et baisse les yeux pour regarder nos mains emmêlées, j’ose pas vraiment soutenir son regard.   « C’est compliqué tu sais Jax. » Ouais. Compliqué c’est le mot.   « Si tu partais je crois que oui je t’en voudrais. Parce que tu sais à quel point tu comptes pour moi. »   sourire stupide, j’espère qu’il sait ce con. C’est trop rare que j’en parle ouvertement, même à lui.    « Mais là où je t’en voudrais le plus c’est si tu ne partais pas alors que t’en crève. » je lui lâche les mains doucement avant d’enfin lever les yeux. Y a pas de larmes dans les miens, j’espère qu’il en prend conscience.   « On est pas pareil Jax. Moi je pourrais supporter. Je râlerais surement beaucoup, filerait des coups de cannes à longueur de journées aux cons. Mais toi ? Combien de temps avant que t’explose Jax ? » doucement je viens caresser sa joue avec mon pouce.    « T’es pas fais pour être en cage. Et la personne qui ne comprend pas ça est un idiot »  Ouais. Un idiot. Un idiot finit que je me ferais un plaisir de tabasser avec ma canne ou mes poings tout simplement. Le premier à juger Jax pour ses choix, je le laisserais pas filer comme ça. Je m’écarte un peu et me laisse tomber sur le lit, la tête en travers de l’oreiller et les yeux fixés au plafond.    « Ah. Oui. Si tu pars, je t’en voudrais si tu m’oublie. Genre terriblement. Je ferais une poupée à ton effigie et je jetterais un sort pour que toutes les nanas que tu croise te trouve dégueulasse » je rigole comme une gamine avant de fermer les yeux. Je suis contente d’avoir pu parler. D’avoir pu lui expliquer comment je voyais la chose. J’espère que ça l’aidera. J’espère qu’il partira. J’espère qu’il restera. J’espère.
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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyDim 11 Juin - 10:48

   — Je sais Jax. Je sais. Elle sait mais elle ne fait rien malgré tout. Il se tait, un peu frustré. Il voudrait lui dire de se bouger, pour de vrai. D'arriver avec une idée, de l'imposer et de ne rien lâcher. C'est un peu la loi du plus fort dans le cirque. C'est à celui qui gueulera le plus fort, à celui qui aura le dernier mot. Et pour l'instant, ce n'est pas Nergüi. Parfois, il voudrait intervenir, l'aider, la soutenir, la défendre devant Mr Loyal et les autres. Mais il ne le fait pas, parce qu'il sait qu'elle n'apprécierait pas qu'il intervienne là-dedans. Qu'il s'en mêle. Alors il reste sur le coté, et tout ce qu'il peut faire c'est lui tendre la main quand elle se noie un peu trop sous les regards désapprobateurs des autres. — Dans un an t’inquiète que je serais au sommet, tête d’affiche, tout ça. La sirène, c’est ça. Tu sais, j’adore nager et je me suis dit que ça pourrait faire un super numéro. Il la dévisage, silencieux, pas certain de savoir quelle attitude il doit adopter face à tout ça. Y a une partie de lui qui bouillonne, qui a envie d'exploser, de la prendre par les épaules et de la secouer. Mais il sait que ce serait sûrement la pire chose à faire. Parce qu'elle se braquerait et qu'il n'obtiendrait plus rien d'elle. Alors il réfléchit à toute allure et finit par soupirer d'une façon un peu lasse. — Tu devrais vraiment parler de ce numéro tu sais. Il hausse négligemment les épaules, ne voulant pas paraître trop sec ou autoritaire. Alors qu'il voudrait lui attraper la main et la tirer hors de la caravane pour qu'elle aille exposer son idée immédiatement aux autres. Mais il se contient. S'efforce à demeurer immobile et il continue de réfléchir. Il finit par relever les yeux vers elle, sérieux et propose. — Et pourquoi tu n'aiderais pas à construire les numéros des autres si tu te sens pas d'avoir le tien ? T'as pleins d'idées visiblement, ce serait bien mieux que de coudre, non ? Ça pourrait être un début après tout. Le cirque dispose de nombreux numéros de groupes, ça pourrait probablement être intéressant pour tout le monde d'avoir une nouvelle personne qui aiderait à sa construction. Des idées fraiches, qui n'en voudrait pas ? Et petit à petit, elle pourrait peut-être parvenir à s'imposer, jusqu'à obtenir son propre numéro. Ne plus être dans les coulisses mais connaître enfin la lumière des projecteurs et les applaudissements enjoués. Elle le mérite autant que les autres. Mais l'humeur de Jax change du tout au tout lorsqu'elle lui explique qu'elle ne prend plus de médicaments à cause d'Adela. Et ça le fout en rogne. Aussitôt il s'emporte, colère froide mal gérée qui devient lave en fusion et qui s'écoule au travers de ses mots brûlants. — Tu sais elle ne jure que par la médecine naturelle, les plantes et toutes ces conneries. Elle dit que les médicaments c’est du poison pour le corps. Oui, il sait. Pas mal de personnes fonctionnent comme ça dans le cirque. Mais pas Jax, probablement à cause de son père qui a été habitué aux pharmacies et médicaments génériques. Froissé, il grommèle. — Ouais ben visiblement ses tisanes ne suffisent pas alors faut qu'elle s'rende à l'évidence. Comment elle peut rester là à regarder Nergüi en pâtir sans réagir ? A attendre que ses vieux remèdes finissent par faire effet ? A ses yeux, c'est comme prier pour le rétablissement de quelqu'un et attendre que Dieu finisse par faire quelque chose pour ça. Ça lui fout les boules. Alors sans hésiter il se propose pour aller lui chercher, lui voler, tout ce qu'elle voudra. Et sa réaction semble l'amuser, elle sourit doucement et vient poser sa main sur son bras, comme pour le calmer. — Hey t’en fais pas, j’ai de l’argent de côté j’ai déjà prévu d’aller les chercher quand j’irais en ville. Mais merci Jax. C’est gentil de proposer, si j’ai vraiment un souci je viendrais t’en parler. Mais ça ne suffit pas à le convaincre. Toujours braqué, il demande. — Et t'y va quand en ville ? Parce que moi j'y vais maintenant si tu veux. Surtout que si elle a déjà mal, ce n'est peut-être pas la peine de lui imposer une longue marche jusqu'à la pharmacie. Mais il ne dit rien à ce sujet, parce qu'il sait qu'elle déteste se sentir fragilisée et couverte de la sorte. Alors il se tait, espérant simplement qu'elle le laissera s'occuper de ça pour elle.

   Et puis, y a ses yeux qui s'assombrissent et son cœur qui fait des siennes dans sa poitrine, alors qu'il aborde ce sujet douloureux. Mais y a qu'avec elle qu'il peut l'aborder. Ses parents deviendraient dingues, surtout sa mère. Halina, n'en parlons même pas. Elle le vivrait comme la pire de toutes les trahisons, encore pire que la prostituée. Pire que tout. Et il risquerait de la perdre définitivement. Y a que Nergüi pour l'écouter et le comprendre sans le juger. Et c'est ce qu'elle fait. Il sent bien que le sujet n'est pas évident pour elle, il n'est pas dupe malgré la mine qu'elle affiche et qui se veut compréhensive et rassurante. Si les rôles étaient inversés, il n'est pas certain qu'il serait aussi délicat dans ses réactions. Il n'est pas sûr qu'il comprendrait aussi bien. — A chaque fois c’est pareil avec toi. Tu me donne l’impression que tout est si simple et que j’y arriverais quoi qu’il arrive. Merci. Il lui sourit doucement et hausse légèrement les épaules, comme pour dire de rien. Il est réellement convaincu qu'elle y arriverait toute seule. Elle a trop de forces pour se laisser abattre, même si elle en doute. Même si elle ne croit pas en elle. Et après tout, il lui doit bien ça. Croire en elle. Mais la conversation ne fait que se compliquer. Il finit lové contre elle et il la sent qui le serre de plus en plus fort au fur et à mesure qu'il parle. Et ça lui fait mal au cœur. Parce qu'il n'est pas con Jax, il comprend bien qu'elle n'est pas sereine. Que cette façon qu'elle a d'enrouler ses bras autour de lui ne fait que camoufler une crainte qu'il comprend que trop bien. Et il soupire, coupable. Il s'en veut déjà terriblement, juste à évoquer tout ça. Alors comment il pourrait assumer de s'en aller ? Il finit par la relâcher et elle en fait de même, se contente de garder ses mains dans les siennes. Et quand il lui demande si elle lui en voudrait, il sent les doigts de Nergüi qui s'accrochent un peu plus fort aux siens et ça lui bousille le cœur. Plus très certain de vouloir entendre sa réponse, il profite de son hésitation pour poser une autre question. Elle baisse le regard pour venir fixer leurs mains et il fait de même, un peu penaud. — C’est compliqué tu sais Jax. Si tu partais je crois que oui je t’en voudrais. Parce que tu sais à quel point tu comptes pour moi. Et si d'ordinaire ce genre de révélations avait tendance à venir réchauffer son cœur, aujourd'hui ça ne fait que le malmener un peu plus fort. La culpabilité qui le ronge et qui le fait se sentir minable. Elle lui sourit mais lui n'y parvient pas. Stoïque, le dos légèrement voûté. — Mais là où je t’en voudrais le plus c’est si tu ne partais pas alors que t’en crève. Il hausse légèrement les sourcils, dans une moue pas convaincue. Elle relâche ses mains et il relève les yeux à son tour, leurs regards se croisant enfin. Mais il a du mal à soutenir le sien. Il serre les dents, avec la sale sensation d'être encore plus perdu qu'avant. — On est pas pareil Jax. Moi je pourrais supporter. Je râlerais surement beaucoup, filerait des coups de cannes à longueur de journées aux cons. Mais toi ? Combien de temps avant que t’explose Jax ? Il ne sait pas. Mais le compte à rebours est lancé, il en a conscience. Il souffle sèchement et passe une main dans ses cheveux pour les ramener en arrière alors qu'une mèche s'échappait et venait pendre devant ses yeux. Et elle vient passer son pouce sur sa joue, il tente un sourire mais rien de grandiloquent, il meurt aussi vite qu'il est apparut. — T’es pas fais pour être en cage. Et la personne qui ne comprend pas ça est un idiot. Et cette phrase le fait tiquer. Auparavant il n'avait jamais considéré le cirque comme une cage. Alors, qu'est-ce qui avait bien pu changer ? Il avait toujours été d'une loyauté sans faille, à haïr les sédentaires autant que les autres. Alors pourquoi est-ce qu'il avait baissé son armure ? Pourquoi il s'était ouvert au monde extérieur ? Il n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui avait pu changer en lui ou dans sa vie pour le mener à faire ça. Il ne pipe toujours pas mot, se faisant aussi peu bavard que d'ordinaire. Les vieilles habitudes ont la peau dur. Elle finit par se laisser tomber sur le lit et il l'observe tranquillement. — Ah. Oui. Si tu pars, je t’en voudrais si tu m’oublie. Genre terriblement. Je ferais une poupée à ton effigie et je jetterais un sort pour que toutes les nanas que tu croises te trouve dégueulasse. Et le voilà qui se déride et se joint volontiers à son rire. Il se remet en mouvement et l'oblige à se pousser un peu pour lui faire de la place alors qu'il vient s'allonger à côté d'elle. — J'suis pas sûr que ce soit possible ça. Qu'il lâche, sur un ton volontairement prétentieux, avant de se remettre à rire. Il finit par se tourner vers elle et doucement, il tend la main droite vers elle pour venir jouer avec les doigts de sa main à elle, le regard fixé dessus. — Tu sais quoi, oublie tout ça. J'suis sûr que.. que c'est juste parce qu'on fait plus de représentations, alors je tourne en rond et je cogite trop. Dès que le cirque sera remis sur pieds, tout rentrera dans l'ordre. Il l'espère en tout cas. Parce qu'il ne pourra pas vivre indéfiniment avec cette sensation qui lui étreint le palpitant. Celle de n'être à sa place nulle part. Cette confusion permanente dans laquelle il se noie. Et tous les mauvais choix qu'il fait. — J'sais même pas pourquoi je t'ai dit ça, je partirai jamais. Il déglutit, pas très fier de ce mensonge. Bien sûr qu'il songe à partir. Mais après cette conversation il ne s'en sent plus le courage. Comment il pourrait être égoïste à ce point et partir ? Laisser tomber tous les gens pour qui il compte ? Faire du mal à ses parents, à Nergüi, à Halina. Peut-être même à Zyki. Non, il ne peut pas. Il préfère encore vivre avec cette douleur, dans cette fameuse cage à laquelle Nergüi faisait allusion, plutôt que de vivre loin d'eux en sachant le mal qu'il aurait fait en partant. — Et tu sais bien que je pourrais pas t'oublier. Qu'il murmure discrètement, pas très à l'aise avec ce genre de choses, mais il lui devait bien ça. Il ne la regarde toujours pas, se faisant fuyant, comme toujours.
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Ruby Holmes

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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyMar 4 Juil - 15:51

Tu devrais vraiment parler de ce numéro tu sais. Jax. Jax et sa volonté, Jax et sa détermination, Jax et la lumière qui brille dans ses yeux depuis toujours. Sans doute un des trucs que j’aime le plus chez lui, cette flamme qui ne vacille jamais. Il me donne presque l’impression que je peux tout faire, que je peux y arriver. Presque. Parce que la réalité me retombe dessus dès l’instant où je commence espérer, mais ça je veux pas le lui dire. Pas encore, pas tout de suite. Et pourquoi tu n'aiderais pas à construire les numéros des autres si tu te sens pas d'avoir le tien ? T'as pleins d'idées visiblement, ce serait bien mieux que de coudre, non ? La je bloque. Sourire qui se fige sur mon visage, je sais qu’il ne rigole pas. Le pire c’est qu’il n’est pas le premier à me proposer cette alternative, que y a Zyki qui m’a demandé de l’aider, jouer les assistantes pour son prochain spectacle, mais je suis pas suffisamment stupide pour en parler à Jax. Puis de toute façon, je suis sûr que Zyki a déjà oublié, l’esprit tourné vers quelqu’un d’autre que moi. Foutu Zyki à l’esprit vagabond. « Faudrait déjà trouver quelqu’un qui accepterait de bosser avec moi » le sourire qui revient, qui remonte, moqueur. Il me connait Jax, et il connait ma réputation. « Cite moi une seule personne dans ce cirque qui accepterais de bosser avec moi, je suis trop chiante pour eux » vipère, sale peste, et la langue qui siffle trop souvent quand je parle avec les autres. J’ai l’habitude maintenant, de l’espèce de bulle qui m’entoure, sans doute que je la cultive, cette image de sale gosse qui fait fuir les autres avec mes mots poisons. « T’en fais pas Jax, je trouverais bien un truc, je baisse pas les bras. » Jamais. Jamais. J’ai toujours le feu qui brule en moi, même si ça me coûte mes gens, mes bras, les os de mon corps qui se brisent à chacune de mes tentatives, je ne renoncerais pas.
Le ton de la conversation qui change soudain quand on bascule sur Adela, sur les médicaments. Il se fâche Jax, ça se voit dans la façon dont ses muscles se contractent, dont son regard s’assombrit. Il se fache pour moi et ça me fait plaisir, égoïstement, juste un peu. Parce que ça veut dire qu’il fait toujours attention à moi, même après toutes ces années, même après toutes les conneries. Et même si je n’en doute jamais, c’est toujours rassurant de l’entendre parler comme ça. Ouais ben visiblement ses tisanes ne suffisent pas alors faut qu'elle s'rende à l'évidence. Bon. Le truc c’est qu’il touche juste, terriblement juste, et qu’en écho j’ai la douleur qui monte dans ma jambe, qui vrille un peu et qui me fait grimacer. Bien sûr que les tisanes ne suffisent plus. Elles n’ont jamais suffi, mais y a l’éducation qui va avec, serrer les dents et laisser la douleur grimper plutôt que de la combattre. Parait que ça devient plus facile avec le temps. Pas sur que j’ai le courage d’attendre jusqu’à là. J’essaye de le rassurer, un peu, maladroitement, ma main sur la sienne pour lui faire comprendre qu’il n’a pas à se mettre dans états comme ça pour moi. Je sais ce qu’il sous-entend quand il me propose d’aller en chercher et j’ai aucune envie qu’il se retrouve dans la merde à cause de ma fragilité. Et t'y va quand en ville ? Parce que moi j'y vais maintenant si tu veux Il est trop bon Jax. Trop aimant dans ses actions et ça me tord le cœur un peu plus quand je me perds dans le bleu de ses yeux. Je ferais quoi sans toi et l’addiction qui ressort un peu. Putain. Je ferais quoi sans toi. Pas grand-chose, encore une fois. « On fait un marché d’accord ? Tu m’y emmène en fin d’après-midi ? Et je te paye une glace ou un truc débile pour te remercier » Je sais que la dernière partie il refusera, du moins je peux m’en douter, mais moi ça me permet de balancer, de pas trop lui être redevable, d’essayer de devenir un peu indépendante. Juste un peu. Pis j’avoue que l’idée d’une ou deux heures en dehors du cirque avec lui me donne envie de sourire, d’insister jusqu’à ce qu’il dise oui et de l’embarquer avec moi. Qu’importe la douleur à ce moment-là, si y a nous deux c’est suffisant.

Peut être qu’on aurait du rester sur les médicaments. Peut être qu’on aurait du rester sur les spectacles. Parce que soudain l’air devient plus lourd et y a le cœur qui bat tellement fort que ça fait mal. Les mots de Jax, les allusions, les possibilités et l’envie égoïste d’hurler non non non alors que mes lèvres murmurent oui oui oui. Envole toi Jax, loin, loin, très loin. De moi, de nous, de Zyki et d’Halina, de ce cirque qui te tire vers le bas, qui t’enlise dans les sables mouvants sans accepter de te laisser respirer. J’ai les mots qui fusent, les larmes qui coulent invisibles parce que ça fait trop mal de dire tout ça, d’accepter de le laisser partir. Mais en même temps y a pas d’autre choix. Je veux pas être comme les autres, pas comme Adela, de celles qui enchainent l’être aimé jusqu’à lui lacérer la chaire avec le métal froid des maillons. Jle sens silencieux pendant que je parle, les doigts qui courent sur sa peau, qui s’accrochent à lui avant de le laisser filer. Jle sens silencieux, le sourire qui n’atteint pas ses yeux, tant mieux au final ça rend la chose plus facile. Parce que bon sang ce que c’est difficile quand il sourit.
Je finis par me laisser tomber, balançant un peu de comédie dans l’air pour rendre la chose moins dramatique, lui faire comprendre qu’il n’a pas à se braquer autant, que je ne lui en veux pas. Comment je pourrais ? Si j’étais à sa place, surement que je ferais pareil. J'suis pas sûr que ce soit possible ça. Et il rigole Jax. Il rigole et rentre dans le jeu, s’allonge à côté de moi et je me décale un peu, juste un peu pour lui laisser de la place. Ca me rappelle avant, quand je croise son regard et que nos doigts se touchent. Ca me rappelle avant y a trop d’années, quand on s’aimait. « Frimeur » que je murmure tout bas, le sourire mesquin qui effleure mes lèvres. Frimeur, bien sur. Mais c’est vrai. Même avec une malédiction il les fera toutes tomber, je me voile plus la face depuis longtemps.
Tu sais quoi, oublie tout ça. J'suis sûr que.. que c'est juste parce qu'on fait plus de représentations, alors je tourne en rond et je cogite trop. Dès que le cirque sera remis sur pieds, tout rentrera dans l'ordre. Il reprend la discussion Jax, se cherche des excuses sans doutes. Mais je suis pas dupe. Pourtant je ne le contredit pas, je le laisse parler doucement, mettre des idées sur ses mots, ptêtre que ça peut le rassurer lui aussi. Qui sait. J'sais même pas pourquoi je t'ai dit ça, je partirai jamais. Jamais ? Vraiment ? Vraiment vraiment ? Tu mens à qui comme ça Jax ? A moi ? Ou à toi ? Mais je préfère faire semblant, y croire à ses mots, à ses affirmations. «On oublie tout alors, on efface » que je souffle doucement, me rapprochant un peu plus de lui, les jambes qui s’entrelacent comme pour lui montrer que je le laisserais pas filer, qu’il a raison et qu’il ne partira jamais. Si seulement ça pouvait être vrai, sans doute qu’il s’en rend pas encore mais moi j’entends le temps s’échapper. Et tu sais bien que je pourrais pas t'oublier. Dis pas ça Jax. Dis pas ça comme ça. Je ferme les yeux un instant pour ne plus avoir à le regarder, pour essayer de préserver mes sentiments piétinés par cette proximité. J’attends un peu, quelques secondes, histoire de chercher la force et le moral. Histoire de réussir à affronter la marée glacée de son regard bleuté. « Bien sur que tu ne pourras pas m’oublier » que je finis par répondre, provoquante, comme si c’était une évidence. Trop de choses qu’on a partagé , trop de choses qui sont encrés en nous, à la vie à la mort, et même si des continents nous séparent, j’aime penser qu’il y aura toujours ce lien, aussi ténu soit-il, qui relie nos deux âmes. Cette fois ci je fais plus la timide, y a ce baiser que je dépose sur son front, avant de me reculer un peu pour le dévisager. « On rigole Jax, mais tu sais que je serais toujours de ton côté. Quoi qu’il arrive. Quels que soient tes choix. » La main qui se perd dans ses cheveux, vient capturer une mèche folle. Depuis toujours c’est comme ça. Combien de fois que je l’ai défendu après l’accident, après Halina. Combien de fois j’ai mordu des chaires, griffé des peaux, de ceux qui médisaient, de ceux qui l’insultaient. Trop fidèle, c’est mon problème, et l’incapacité de regarder ailleurs, de voir autre chose quand lui à ses yeux fixés sur une autre sans qu’il comprenne encore à quel point il peut l’aimer. « Enfin bon, va pas le crier sur tous les toits hein. Sinon les gens vont comprendre que je suis pas vraiment une peste et ça serait mauvais pour ma réputation » clin d’œil amusé, j’espère que le message est passé.
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Jax Roses

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MessageSujet: Re: fiction et réalité. (nerax)   fiction et réalité. (nerax) EmptyLun 14 Aoû - 21:16

Faudrait déjà trouver quelqu’un qui accepterait de bosser avec moi. Cite moi une seule personne dans ce cirque qui accepterais de bosser avec moi, je suis trop chiante pour eux. Il lève les yeux au ciel et échappe un petit rire désespéré, tout en secouant lentement la tête de gauche à droite. Elle est irrécupérable Nergüi. Sous ses airs de grosse dur insensible, y a cette gamine au cœur fragile qui hurle en silence. Et parfois, ça lui fait mal à Jax. Parce qu'il voudrait pouvoir lui prendre la main et la faire sortir de sa coquille. Briser cette image qu'elle se donne pour pouvoir continuer à avancer sans avoir peur de s'écrouler à chaque instant. Et il voudrait lui dire, qu'elle n'a pas besoin de vociférer et de s'isoler pour se protéger, pour être forte, pour encaisser. Mais comment il pourrait lui dire, alors que lui-même n'est pas foutu de faire les choses correctement ? Alors, il trouve d'autres alternatives, propose d'autres solutions. — J'pourrais en parler à mon groupe de cracheur de feu, si ça t'intéresse. J'suis sûr que tout le monde ne te déteste pas. Hey regarde, j'suis là moi, tu vois. Petit sourire en coin, pour l'encourager, pour la rassurer. C'est vrai que Jax, sur le principe, il ne déteste pas grand monde. Il a toujours été sociable avec les autres gosses du cirque. Il a juste du mal à devenir proche des gens. Pourtant, Nergüi s'est infiltrée dans sa vie sans crier gare. Et si elle a réussi avec lui, elle pourrait en dompter bien des autres au cirque. Il garde cette idée d'en parler aux autres cracheur de feu dans un coin de sa tête. Il n'est pas bien sûr que ce soit le meilleur moment. A cause de lui, de ses conneries et de ses absences. A cause de toutes les merdes qu'il enchaine et de sa réputation qui se ternit. Il n'est même pas certain d'avoir encore sa place de garantie parmi-eux. Mais s'il n'a plus ça, il n'a plus rien. Parce que son numéro de lanceur de couteaux n'existe plus non plus. Et ça lui noue la gorge de repenser à tout ça. Alors, il chasse ses pensées de son esprit, à la recherche du calme plat, du vide. Celui qui ne blesse pas à chaque battement de cœur. — T’en fais pas Jax, je trouverais bien un truc, je baisse pas les bras. Il ne dit rien, il se contente de hocher la tête. Il ne dit jamais grand chose lui, mais il est toujours là ensuite, pour veiller en cachette. Pour s'assurer que tout se passe bien. Pour elle et pour les autres aussi. Bien plus soucieux du cirque qu'il en a l'air, surtout ces derniers temps.

Et puis, il se fâche un peu, à cause de cette histoire de médicament. Ça ne lui plaît pas, l'idée qu'elle souffre comme ça et qu'Adela n'en fasse qu'à sa tête. Et Nergüi aussi. Toutes les deux si fières. Elles ne sont peut-être pas liées par le sang, mais bordel, elles se ressemblent tellement parfois. C'en est presque troublant. Et sa main sur la sienne ne suffit pas à l'apaiser. Il vibre à l'intérieur, de frustration et d'inquiétude, c'est plus fort que lui. Foutu instinct protecteur. Il voudrait être partout, veiller sur tout le monde, toujours tout gérer et arranger dans l'ombre. Mais ces derniers temps, faut se rendre à l'évidence : il va d'échec en échec. Il bousille tout ceux qu'il approche, à commencer par lui-même. Mais Nergüi reste douce et se montre conciliante. — On fait un marché d’accord ? Tu m’y emmène en fin d’après-midi ? Et je te paye une glace ou un truc débile pour te remercier. Il ouvre la bouche pour riposter. Pour lui dire qu'elle n'a pas besoin de lui payer quoi que ce soit en retour. Qu'il ne fait pas ça pour ça. Qu'elle n'est même pas obligé de venir si elle a trop mal. Mais y a cette lueur insistante dans le regard de son amie qui le fait se raviser. Il referme la bouche et déglutit, sérieux, l'observant avec une attention toute particulière. Et il le sent, au plus profond de ses tripes, que ce n'est pas le moment de jouer le chevalier servant. Qu'elle n'a surtout pas besoin de ça maintenant. Alors, il prend sur lui, et même si ça lui coûte et que ça le révolte, il hoche la tête, pour approuver. — Très bien. On fait comme ça. Et au fond, peut-être que lui aussi il est soulagé à l'idée de pouvoir s'éloigner du cirque avec elle. Sans que personne n'y voit quelque chose à y redire, pour une fois. Et si c'est le seul moyen pour qu'elle obtienne ses médicaments rapidement, alors ça lui va.

Et puis, tout s'enchaine, les mots qui dérapent, la vérité qui s'échappe. Honteusement. A mi-mot. Aveux terribles, pourtant aussitôt renié. Comme s'ils n'avaient pas existé, comme si Jax n'avait finalement rien dit. C'est rien que des conneries tout ça ; qu'il essaye de clamer haut et fort. Pour la convaincre elle. Pour se convaincre lui, surtout. Pour se rassurer, pour continuer à se voiler la face. Les excuses et les justifications qui s'enchainent, pour apaiser sa conscience. Pour rassurer Nergüi aussi, qu'il sent subitement un peu plus fébrile contre lui. Et il la serre un peu plus fort. Il ne partira pas. Il ferait quoi sans eux ? Il ne sait pas vivre sans eux. Il sait déjà qu'il deviendrait fou en quelques semaines. Et ça finirait par mal tourner, car quand on part du cirque, on n'y remet plus jamais les pieds. Et ça, non, il ne peut pas. — On oublie tout alors, on efface. Oui voilà, c'est mieux comme ça. Il hoche tristement la tête. C'est sûrement la meilleure chose à faire pour l'instant. Effacer. Oublier. Continuer à avancer tant que c'est possible et il avisera le jour où il se cassera vraiment la gueule. — Bien sur que tu ne pourras pas m’oublier. Et il retrouve le sourire, baisse la tête et les yeux vers elle, pour la chercher du regard, amusé. Il préfère quand la conversation est plus légère comme ça. C'est plus facile. Et ça fait moins mal. — Ben voyons. Qu'il souffle, moquerie innocente. — On rigole Jax, mais tu sais que je serais toujours de ton côté. Quoi qu’il arrive. Quels que soient tes choix. Ça redevient sérieux et aussitôt, son sourire disparait. Il se remet à fixer le plafond, pas très à l'aise. Il ne l'a jamais été avec ce genre de choses. Il se contente de caresser doucement le bras de la brune, comme un je sais, silencieux. Il pourrait lui dire merci, mais les mots restent coincés dans sa gorge. Et au fond de lui, il est persuadé qu'elle le sait déjà tout ça. A quel point il lui est reconnaissant, à quel point il tient à elle. Il l'espère en tout cas, parce qu'il n'est pas certain d'être capable un jour de foutre des mots dessus. — Enfin bon, va pas le crier sur tous les toits hein. Sinon les gens vont comprendre que je suis pas vraiment une peste et ça serait mauvais pour ma réputation. Et le voilà qui se marre à nouveau, balançant sa tête un peu en arrière, venant doucement lui pincer la taille, pour la chatouiller un peu. — Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi, hein ? Elle gigote entre ses bras, cherchant à se défendre et il finit par la capture tout contre lui, redevenant plus sérieux. Il a encore un peu de mal à se détendre et à rire. Y a trop de choses lugubres qui trainent dans son esprit. Alors, il se contente de venir se blottir contre elle. — Reste avec moi ce soir. Qu'il murmure, tout bas. Il n'est pas de taille a affronter la solitude écrasante qui le poursuit ces derniers temps. Il veut rester lové là, avec elle, à tromper l'ennui, à faire fuir l'ennemie qui l'accable un peu trop depuis des semaines. A se couper du monde, faire comme si tout ceci n'était finalement pas réel. Et attendre que la réalité de demain les rattrape. Toujours aussi laide. Toujours aussi effrayante.


RP TERMINÉ.
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