Les premiers rayons du soleil me percèrent douloureusement les prunelles. Habituées à la noirceur elles protestèrent en me faisant plisser les yeux devant cette faible luminosité. La nuit avait été harassante: d'abord de permanence au club puis envoyé pour l'arrivée de nouvelles filles, j'avais pas fermé l’œil. L'une des belles de nuit m'avait interpellé avec son minois me rappelant Nadja. Depuis la nuit où je l'avais hébergé j'étais perdu, avec de plus en plus de mal à faire la part entre le personnel et le professionnel. C'était ce qui m'empêchait de dormir, ne me nourrir même correctement. Le cerveau en ébullition, j'avais le sommeil qui me fuyait, n'acceptant de se faire rattraper qu'une fois assommé à coup de bourbon. J'me retrouvais donc au petit matin, perché sur un banc avec la tronche décomposée à détailler les premiers passants de la journée et les derniers noctambules. La fumée de cigarette se confondait avec les panaches embués sortant d'entre mes lèvres. J'attendais rien de cette journée et elle attendait certainement rien de moi non plus. Jusqu'à ce qu'une dégaine me fasse de l’œil. Elle était trop loin pour que je sois sûr qu'il s'agisse de la nana en question, mais ça valait la peine de vérifier. Dans un grincement sonore je me levais et entamais de vives enjambées afin de parvenir à sa hauteur. La silhouette menue, un dos étroit surmonté d'un cou de cygne et d'une cascade de boucles blondes ramassées en queue de cheval qui lui frôlait les omoplates. Ça pouvait que être elle. "Excuse-moi..." fis-je une première fois, enroué par un trop plein de cigarettes calcinées. "Excuse-moi!" Cette fois-ci elle se retourna. Pas vivement, comme n'importe qui l'aurait fait à l'écoute d'une voix inconnue, mais doucement, gracieusement. Et c'était bien elle. La fille du bar. La jolie blonde qui m'avait envoyé sur les roses avec l'art et la manière.
Fallait dire que ce soir-là Anton m'avait chauffé. Shooters sur shooters qu'il m'avait payé, et un réel abus d'alcool me désinhibait de façon efficace. J'avais louché sur cette inconnue pendant quelques tournées, avant que le mac me mette au défi de l'aborder. Toute retenue envolée, je m'étais faufilé jusqu'à elle avec un fin sourire. Mais au lieu d'un premier contact normal et une diction acceptable je n'avais rien trouvé de mieux que de me comporter comme le dernier des abrutis. Un "salut ma jolie" et quelques phrases du même acabit plus tard la demoiselle m'avait envoyé chier de façon virulente. Le pire était que je ne m'étais pas découragé, et avais continué à lui tourner autour jusqu'à ce que, excédée, elle claque la porte du rade. Ca m'était revenu douloureusement en tête le lendemain matin alors que je me retrouvais seul avec ma gueule de con.
En réalité je n'savais même pas pourquoi j'étais en train de lui courir après. Un vague soupçon de culpabilité me traversait l'esprit, poussant un semblant de conscience à tenter de me faire pardonner. Ou tout du moins à ce qu'elle n'a plus cette image tronquée de lourdeau finis. "Salut..." m’éclaircis-je la voix. "Je sais pas si tu me remets mais..." J'me sentais sacrément con."Je voulais m'excuser pour la dernière fois. D'avoir été lourd." En dépit de mes mains dans les poches et de ma mine sombre je la fixais droit dans les yeux. Deux miroirs pour plaider ma sincérité. "Je peux t'offrir un café?" Vu l'heure ça me paraissait délicat de lui proposer un verre. "J'm'appelle Saul et, promis, cette fois j'me comporterais pas comme le connard que t'as déjà rencontré." J'avais l'impression d'attendre le verdict d'une cours martiale, planté là sur le trottoir à me faire malmené par des prunelles claires et intransigeantes. Goliath contre David, mais j'étais pas vraiment sûr du rôle de chacun là dedans...
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Sujet: Re: Talking body _ (Brabra) Jeu 30 Mar - 12:46
Barbra savoure, barbra éprouve. Le soleil sur sa peau, ses jambes dénudés. Un retour de répet, un raccourci pour aller plus vite. Même si elle avait le temps. Elle avait toujours le temps, elle devait travailler seulement en saison. Sauveteuse en hiver ça sert pas à grand-chose. Elle avait sa basse, enfermé, bien caché à l’abri de l’atrocité du monde dans sa coque. Elle s’était posé, un instant, pour profiter du soleil et des yeux envieux autour d’elle. Comme une sangsue. Elle se nourrissait des regards et de l’envie. Comme si le nombre de tête retournée lui prouvait sa valeur. Elle qui avait toujours cruellement manqué de confiance en elle. En apparence une princesse, dans le cœur un iceberg. Elle cachait au fond de son cerveau qu’elle foirait tout. Joe. Joe qui aurait pu être l’homme qui fallait, l’homme parfait. Peut-être que cela aurait pu fonctionner. Mais elle n’était pas de ceux-là. Elle n’était plus comme avant, plus aussi sereine, plus aussi sûre d’elle. Mais elle continuait à montrer son visage aux grands jours. Joe. Ce nom qu’elle cachait, ces regards qu’elle cachait alors que leur musique sonnait si bien. Ils avaient gardé ça secret et aujourd’hui elle ne pouvait même plus en parler… Alors elle flânait, vêtue de sa petite robe dos nue, courte. Elle prenait le soleil et elle prenait le plein de regards. Et puis sans crier gare, un oiseau perdu osa l’aborder. "Excuse-moi..." un son inaudible, elle ne se retourna pas, ayant perçu le son comme on perçoit le son du vent. On l’ignore. Un vent malade cela dit . "Excuse-moi!" son esprit capta alors l’appel. Elle était habituée à se faire happer dans la rue de toute manière. Mais elle était douée aussi pour mettre court à ce genre de situation. Elle ne le reconnut pas au début. Elle se disait qu’elle avait déjà vu cette tête, cette barbe et surtout ses yeux mais elle n’arrivait plus à se remettre quand. Elle en voyait tellement des mecs aussi…
"Salut..." il avait une belle voix. Un truc assez sensuel au fond. Elle sentait déjà son corps se réveiller. "Je sais pas si tu me remets mais..." donc il s’était déjà vu. Qu’il se taise, peut-être qu’elle pourrait profiter un peu de ce corps. Elle le regarde de haut en bas. Beau morceau. Elle afficha un sourire. Elle devait se rappeler qui c’était avant d’aller plus loin. "Je voulais m'excuser pour la dernière fois. D'avoir été lourd." Un regard perplexe s’afficha sur son doux visage d’ange. Et puis elle eut la lumière. Elle se rappelait de lui. Elle l’avait vite expédier. Trop banale dans son approche, mauvais moment aussi. Il avait l’air différent. Plus mature. Plus homme. Plus macho. Moins bourré surement. Elle préférait ça. Elle sourit. Encore. Soudainement éveillé par l’homme qui s’affichait devant elle. Au moins il avait les couilles de revenir la voir. La plupart se serait juste enfui. Et barbra aimait les hommes courageux. « C’est gentil ». Elle voyait rarement des hommes reconnaitre qu’ils pouvaient être lourd, chiants, machos et toute la panoplie du parfait homme qu’on évitait. Elle avait l’impression d’avoir affaire à un autre homme désormais. « C’est oublié » Parce que dans sa tête, ca l’était. Deux hommes différents.
"Je peux t'offrir un café?" elle n’était pas très café, ni très thé. Plutôt du jus d’orange mais elle avait envie de parler, envie d’être regarder et les yeux du beau mec devant elle étaient plongée dans les siens. Une vague de bien-être l’enivra. Elle était de celles qui ont besoin de regard pour survivre.. Et il lui donnait exactement ce dont elle avait besoin. "J'm'appelle Saul et, promis, cette fois j'me comporterais pas comme le connard que t'as déjà rencontré." Elle laissa un silence après sa petite présentation. Jugeant le bonhomme une dernière fois pour finir par lui tendre sa main. « Si c’est une promesse, Barbra » elle lui tendit la main pour qu’il la sert et puis elle se retourna vers l’horizon. « Je suis pas très café mais un jus d’orange ça m’va » assoiffée à l’idée de voir cette autre homme qui prenait les devants. « J’ai été un peu brusque avec toi la dernière fois, mais parfois je suis gentille ... parfois». Elle lui offrit son plus beau sourire, et plongea ses yeux dans les siens. Une certaine attirance s’installa au creux des reins de la blonde. Un mec pareil en même temps, à la lumière du soleil et non imbibé d’alcool, ça change tout.
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Sujet: Re: Talking body _ (Brabra) Mer 19 Avr - 18:20
Ses paupières papillonnèrent quelques instants, le temps de rattraper le souvenir dans son esprit pour le superposer à mon visage. Je soupirais de soulagement lorsqu'elle manifesta son accord d'une voix aussi cristalline que dans ma mémoire avant de commencer à avancer, flanquée à mes côtés. Mes yeux s'attardèrent quelques instants sur son déhanché voluptueux: y avait pas à dire, c'était vraiment un beau brin de fille. J'restais silencieux jusqu'au carrefour suivant où un petit café "cosy" à souhait nous tendait les bras. Y avait plus qu'à. Galamment je lui tenais la porte pour la laisser passer, et lui emboîtais le pas jusqu'au comptoir. "Un allongé, noir s'il vous plaît, et..." Je jetais un regard interrogateur à la jeune femme avant de claquer un billet sur le zinc à l'aspect douteux. "Gardez la monnaie." Le serveur mal embouché et boutonneux ouvrit de grands yeux en constatant les dix dollars restant puis se fendit d'un sourire. Mieux aurait pourtant valu qu'il s'abstienne. Je regardais brièvement la terrasse où le soleil dardait des rayons de plus en plus prononcés. Malgré ma tronche de croque-mort et mon teint plutôt blafard, j'adorais paresser en pleine chaleur. Y avait rien qui me relaxait plus. A part une bonne pipe peut-être. Des deux je savais pas ce qui était le plus difficile à obtenir. Je fermais brièvement les yeux en essayant de me persuader d'être un type normal prenant un café avec une vieille copine. Ça marcha une demie seconde avant que la réalité ne me rattrape avec la délicatesse d'un train à grande vitesse. Vérifiant que Brabra (prénom étrange si vous vouliez mon avis mais qui, tout aussi étrangement résonnait avec apaisement sous le palais) suivait le mouvement je partis à grands pas conquérir notre table noyée de soleil. J'étais captivé par les rayons qui s'incrustaient dans ses boucles souples, transformant le jaune tendre en or rutilant. J'avais plus trop le luxe de détailler une femme ces derniers temps. De surcroit en plein jour. Le silence s'étirait: j'savais plus quoi dire. Comment pouvais-je socialiser normalement? Genre est-ce que j'étais pas sensé la complimenter sur sa tenue? Ou parler du beau temps? J'optais finalement pour réitérer mes excuses (parce que fallait bien avouer avoir été lamentable sur ce coup là, parole d'handicapé du genre humain). "Encore désolé du cirque de l'autre soir. C'est pas dans mes habitudes. J'avais besoin de décompresser et j'étais avec un idiot. Et beaucoup de shooters avalés." J'essayais pas particulièrement de me dédouaner mais exposais simplement les faits. En panne d'une suite acceptable je me contentais de l'observer. Elle arborait un regard effronté, dispensé de peur et rempli de curiosité. Elle était belle, nimbée par la lumière douée. Blle mais inaccessible, chose dont j'aurais du me rendre compte au premier coup d’œil même beurré comme un rat. Au final une étrange satisfaction me parcourait, comme le sentiment du devoir accompli. S'excuser de vive voix à la personne concernée c'était bon pour le karma. Et parfois c'truc là revenait comme un boomerang. "Bref tu... Tu fais quoi dans la vie sinon?" Elle devait pas être bien vieille. Pas de ride d'expression venant marquer son teint éclatant de jeune femme en devenir. J'commençais sérieusement à me demander si elle était pas encore au lycée. Une pointe de culpabilité me pinça le plexus en repensant à l'attitude de connard masochiste. Si j'avais eu une soeur et si un abruti s'était comporté de la même façon, je me serais moi-même démoli le portrait. Mais le minima d'instinct de conservation m'en empêchait. A la place je me contentais de laper le liquide amer tout en laissant courir mon regard sur la ville bel et bien réveillée. Avant de servir une mise ne garde bien sentie au type qui fixait Brabra d'un air torve. Je lui fis silencieusement passer le message avec une crispation de la mâchoire et un coup d’œil sombre. Il y toucherait pas. Pas même avec les yeux. Étrange cet élan de protection, presque animal. Un lion avec son petit, rugissant en prévention et prêt à sortir griffes et crocs affûtés dans un combat primitif. Machiste que je vous disais...