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 l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)

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Jael Feliciano

Jael Feliciano
Jurassic Park
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▹ pseudo : zoé (baalsamine)
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MessageSujet: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptySam 21 Jan - 12:13

En fait plus j’avance et plus je me dis que c’est une mauvaise idée. Une très très très mauvaise idée. Je sais pas pourquoi je fais ça, ce que je veux me prouver, ce que je veux lui prouver. Je sais même pas pourquoi j’ai embarqué Sasha là dedans. Peut être parce qu’elle me fait me sentir plus en sécurité et que de toute façon Milan n’aurait jamais voulu m’accompagner. Pourtant je regrette déjà.
On pédale depuis un moment, faut dire que Tybee Island c’est pas la porte à côté et je m’essouffle déjà. Avant j’étais sportive. Maintenant je suis juste fatiguée. Ma jument me manque. Mon père me manque. Ma vie me manque. Terriblement. J’inspire un grand coup, d’une main je réajuste mon bonnet qui me tombe sur les yeux avant de jeter un regard à Sasha. Sasha c’est la surprise. C’est la sécurité. C’est le soutient. C’est aussi le mystère. En fait Sasha ça pourrait être fille ou garçon pas vrai ? Je sais pas. Je sais plus. Y a trop de choses qui se mélangent dans ma tête quand je la regarde. Le regarde ? Putain. Ca me fait rire. Parce que je suis stupide. Peter serait d’accord avec ça, il dirait que oui je suis stupide et que c’est pour ça qu’il faut que je sois jamais seule. Parce que sinon je me ferais avoir comme une prune. Parce que je suis stupide. Et il a raison.
Seven aussi trouve que je suis stupide. Il me l’a dit. Non. En fait d’après lui, pour reprendre ses mots, je suis conne. Moi je pense qu’ils sont juste pas vraiment tolérants tous ces gens. Ils utilisent tout de suite des grands mots pour des choses bien insignifiante. C’est fatiguant. Usant. Moi j’aimerais que les choses soient plus simple, je sais pas t’es beau c’est quand même mieux que ta gueule non ? Non. Pas pour eux.

On approche. Je fais signe à Sasha de s’arrêter avant de descendre de mon velo. Il fait froid et j’ai les mains gelées, même avec des gants. Je les tape entre elles, histoire de les réchauffer un peu avant de me rapprocher de Sasha. « Bon, à partir de là faut continuer à pied. J’ai repéré le chemin la dernière fois et si on passe par derrière on nous verra pas ! » De toute façon j’ai déjà vérifié qu’il y avait pas d’alarmes ni rien d’autre qui trainait dans la maison, et que l’autre nulle était pas dedans. La vue de la maison me fait mal cœur. Très mal. J’ai soudain envie de pleurer. Je repense à tous les été passés avec papa dans cette maison, avec que Cecilia ne débarque et vienne tout briser. Putain. Papa. J’aimerais tellement juste qu’il réapparaisse qu’il me prenne dans ses bras et qu’il m’appelle mon petit dinosaure comme avant. Mais non. Y a rien. Y a que du vent, que du vide. Plus personne. Juste les LB et moi-même. « Tu viens ? » j’attrape la main de Sasha et je la traine avant de m’arrêter. « Ah non les vélos…. » Oui les vélos. Mince. Je rebrousse chemin et je sors de mon sac de quoi attacher le mien, laissant Sasha se débrouiller avec le sien. « c’était moins une pas vrai ? » Ouais c’était moins une et si on se les était fait voler hein ? Faut dire que ça me ferait bien rire, genre l’arroseur arrosé quoi. Parce mon vélo je l’ai pas vraiment acheté.
Bref on avant, et plus on avance plus je panique. Et si Cecilia était là ? Non. Non. A cette heure ci elle est à son putain de cours de yoga. Ou alors entrain de bouffer du petit jeune. A voler les copains de pauvres gamines qui ont rien fait ; Ou alors entrain de tuer des pères, de priver des filles de cet amour paternel. Connasse. Je le murmure presque entre mes dents mais je me retiens.
La maison est noire, pas un bruit, pas un chat. Rien. Alors je me retourne vers Sasha avant de murmurer tout bas le cœur battant à tout rompre : « on fait comment pour rentrer ? » Parce que c’est Sasha la pro. Pas moi. Moi je tends juste la main aux passants pour récolter un peu d’argent. Le dur à cuir de la bande c’est Sasha, personne d’autre, ça on le sait tous. Et puis voila. J’aimerais bien être comme Sasha moi. Rien qu’une fois. Peut être pour ça aussi que je l’ai embarquée avec moi, histoire de voir comment elle fait, d’apprendre avec elle.
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MessageSujet: Re: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptySam 21 Jan - 14:06

Les entrées par effraction, les cambriolages… j’ai toujours aimé ça, d’aussi loin que je m’en souvienne. Entrer chez quelqu’un dont on ne connaît rien, découvrir de beaux objets de valeurs et les embarquer, découvrir de petits secrets… Ouais, j’adore ça. Je me rappelle de ma première fois, il y a quelques mois. J’étais sortie en pleine nuit sans prévenir les garçons, je marchais tranquillement dans les rues, puis je suis tombé sur cette baraque à la fenêtre ouverte. Pour moi, c’était comme un appel, comme un signe qui m’disait ‘il faut qu’t’ailles emmerder les propriétaires de cette maison !’, j’ai écouté ma voix intérieure puis je me suis glissé par la fenêtre pour arriver à l’intérieur, dans une grande chambre qui semblait être celle des parents. Vide. J’ai jeté un rapide coup d’œil autour de moi puis je me suis mise à fouiller les tiroirs. De vieux téléphones, une tablette, des babioles… Je sais pas si vous vous rendez compte de ce qu’on peut trouver en cinq minutes, c’est ouf. On peut se faire facilement plus de 500$ en une vingtaine de minutes, ‘faut juste être discret, tâter le terrain avant d’attaquer, prendre ses repères… puis t’y fonces. 

Cette nuit-là, je roulais en vélo avec Jael, la petite protégée de Peter. Enfin, si on veut, quand on voit la façon dont il la traite parfois… Elle m’avait parlé d’une maison dans laquelle on aurait pu se faire la masse de thunes. Une résidence de gens friqués dans laquelle il ne devrait normalement y avoir personne ce soir-là. Je sais pas d’où elle tenait ces infos, mais j’ai accepté de la suivre. Parce que j’avais besoin de me défouler, parce que ça me permettrait de passer un petit moment avec elle, cette fille qui me tournait pas mal autour, cette fille plus âgée que moi que j’avais l’air d’intéresser. Les autres m’en avaient parlé, elle se demandait si j’étais un mec ou une meuf. Ça me faisait marrer, alors je m’en amusais. Alors, quand elle est venue interrompre ma petite soirée télévision pour me proposer de m’introduire dans une maison, avec elle, j’ai pas pu refuser. Non. 

Je descendais de mon vélo, mes mains dans ces gants troués tenaient fermement chaque branche du guidon alors que je suivais Jael de très près. Pour la première fois, je ne savais pas où j’allais, ce que j’allais faire et pourquoi. Elle me l’avait demandé comme ça, comme on balançait un simple bonjour. « J’espère bien… J’suis crevé, j’ai pas envie de courir. » Si la maison était occupée, on pourrait se faire prendre la main dans le sac, c’est sûr. Mais bon, j’trouverais obligatoirement un moyen de détaler rapidement. Une balayette et un coup de poing dans la face, un petit saut par la fenêtre… Y a des choses plus faciles, plus utiles à faire que d’autres, je le savais puisque j’ai déjà pas mal de fois dû me barrer en pleine intrusion nocturne. Je marchais avec Sasha dans cette petite rue faiblement éclairée par ces lampadaires bleus. Putain, qu’est-ce qu’il faisait noir.
Je pose finalement mon vélo contre l’un d’eux, sortant directement mon antivol de la poche de mon blouson pour attacher mon vélo, histoire de pas me le faire piquer alors que l’adolescente s’apprêtait déjà à se jeter dans la gueule du loup. « T’as pas oublié un truc, là ? » je la regardais, me penchant en avant pour finir d’attacher mon vélo alors qu’elle se retourne et réalise l’oubli qu’elle vient de faire. On est mal barrés…

Ouais, c’était moins une. Une simple erreur pourrait tout gâcher, tout faire foirer. Et si on commençait déjà à faire de la merde alors qu’on n’était même pas arrivées sur place… « Tu fais ce que je te dis, t’évites de faire du bruit et tu te concentres un minimum, s’teuplaît. » J’avais l’air d’être une adulte à parler comme ça, à donner des ordres. Bon, c’était plutôt cool à faire et c’était loin de me déranger. 

On avance sur le trottoir, je regardais autour de moi : ce quartier m’était inconnu. J’y connaissais vraiment rien, c’était à peine si j’y étais déjà allée. Puis Jael me montre enfin cette fameuse maison du doigt. Les lumières éteintes, pas un seul bruit. Ça avait l’air vide. « Tu la connais, cette baraque ? », je passais la main dans mes cheveux bruns, soupirant. J’aurais dû établir un plan avant de me lancer là-dedans, je le savais. « On va faire le tour, histoire de voir s’il y a une fenêtre ouverte. Sinon, on en pétera une. » J’enroule ma main autour du bras de Jael pour faire le tour de la maison avec elle. La plupart des fenêtres étaient fermées, et presque toutes en hauteur. « Putain. », je soupirais, escaladant cet énorme portail qui menait à l’arrière de la maison, dans le jardin. J’attendais qu’elle me rejoigne pour faire le tour du jardin, tapant doucement sur chacune des fenêtres, fermées. « Eloigne-toi. » Je m’assurais que l’adolescente se recule un peu pour sortir ce qui semblait être une petite pierre de la poche de mon jean. Je reculais à mon tour puis la lançait en plein dans la fenêtre. La vitre se brise légèrement, mais pas entièrement. Je m’approche directement pour passer ma tête à l’intérieur, histoire de voir s’il y a quelqu’un à l’intérieur, s’il y a une réaction, mais personne. « Nickel. », je donnais de vulgaires coups de coude dans ce qui restait de cette vitre brisée, histoire de la péter entièrement pour qu’on puisse se hisser à l’intérieur. Puis je me hissais à l’intérieur, sautant de l’appui de fenêtre pour atterrir sur le sol de la cuisine recouvert de morceaux de verre. J’étais à l’intérieur. Je me déplaçais dans cette pièce, faiblement éclairée par le clair de lune. Merde, j'avais oublié de prendre une lampe torche. « Jael ? Tu te ramènes ? » je murmurais.
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MessageSujet: Re: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptySam 21 Jan - 15:13

Je pense que Sasha me prend parfois pour une débile. Comme beaucoup de gens en fait. Beaucoup trop de gens. M’enfin bon, c’est pas comme si ça m’importait vraiment au fond, du moment qu’elle reste mon amie c’est le principal non ? je sais que je suis pas vraiment fute-fute, toujours dans la lune ou dans les étoiles, à penser à autre chose que ce que je suis censée faire. Mais bon, c’est comme ça. Mon père disait que c’était une de mes qualités, que j’étais une rêveuse plutôt qu’une concrète, que comme ça rien ne me touchait vraiment. Une armure faite de rêves et de bon sentiments, une innocence trop rare à mon âge dans ce monde. Tu fais ce que je te dis, t’évites de faire du bruit et tu te concentres un minimum, s’teuplaît Je lui offre un pâle sourire d’excuse avant d’hocher la tête « chef oui chef promis, je ferais attention » je fais un mini salut militaire. Ou scout. Je sais plus vraiment, je mélange les deux. Je termine de cadenasser mon vélo et c’est reparti. Faut que je me concentre, c’est important mine de rien. Très important. Et puis c’est moi qui ai embarqué Sasha là-dedans, ça serait vraiment égoïste de ma part de la faire plonger avec moi pas vrai ? Alors ouais, concentre toi Jael, vraiment.
Tu la connais, cette baraque ? La question à dix millions. Oui je la connais cette baraque. Elle est à moi normalement. Je sais, j’ai vu le testament de mon père, le vrai. Je sais aps comment Cecilia s’est débrouillée mais lors de la visite du notaire tout avait été changé. Comme si mon père pouvait léguer toute sa fortune à cette cruche. Connasse. Je serre les dents, inspirant un grand coup avec de regarder Sasha dans les yeux. « Non. Enfin je suis passée plusieurs fois devant et je me suis dis que ça avait l’air d’être un bon coup… » Ah ça oui, pour être un bon coup c’était un bon coup. Et puis franchement pas vraiment sécurisé la maison, alors on pouvait se la jouer à la Bling Ring et rentrer par effraction sans déclencher l’alarme. Rien qu’une fois je béni mon père pour sa négligence. On va faire le tour, histoire de voir s’il y a une fenêtre ouverte. Sinon, on en pétera une. Je hoche la tête, sérieuse au possible, vraiment concentrée. « Oui compris ! » que je chuchote comme pour lui montrer que je l’écoute. Moi je m’en fiche que Sasha elle soit plus jeune que moi, c’est pas ça qui compte, je pense que c’est l’expérience. Elle sait ce qu’elle fait, pas moi, alors autant l’écouter et la suivre pour pas tout faire merder pas vrai ? Et je me laisse entrainer par Sasha et on commence à faire le tour de la maison à la recherche d’une fenêtre ouverte. C’est con j’ai la clé dans ma poche, elle est bien là, cachée sous des tonnes de stupidités que j’entasse chaque jour dans mon manteau. Je la sens brûler, briller, comme un appel, comme une alarme. Putain. ça me fait rire doucement, en silence. Peut être que c’est mieux que je sois venue avec Sasha de toute façon, ça me permet de me concentrer, de pas perdre les pédales, de pas phaser. Je la regarde escalader le portail avant de la rejoindre rapidement. Moi escalader ça me pose pas de problème, j’ai l’habitude, alors sans effort vraiment je me retrouve à atterrir à côté de Sasha. Elle regarde un peu toutes les fenêtres, sans doute pour en trouver une ouverte. On passe devant celle de ma chambre, ça me fait drôle, ça me serre le cœur. Vite. Eloigne-toi. Sans me faire prier je m’éloigne, peut être un peu trop loin, j’en sais rien, je la regarde briser la vitre de la cuisine, passer sa tête pour vérifier que tout va bien et finir d’enlever le verre. Dommage pour la discrétion, Cecilia se rendra surement compte de ça, non pas qu’elle aille dans la cuisine souvent mais quand même. Je regarde l’endroit où se tenait Sasha y a quelques instant, hésitante. Ai-je vraiment envie de faire ça ? Vraiment ? Je sais pas, je sais plus, j’ai l’impression que je vais gerber, que je vais pleurer, que je vais hurler. Jael ? Tu te ramènes ? « J’arrive oui oui » petite claque mentale je me faufile à mon tour par l’ouverture fraichement crée avant d’atterrir dans la cuisine. Sans attendre je fouille dans mon sac et en sors une lampe tempête que j’allume et commence à éclairer la pièce. Tout est comme avant. Exactement comme avant. Baraque de luxe aseptisée, placard à bouteilles d’eau et plats sans calories, à croire que le frigo distribue des diamants plutôt que des glaçons. C’est presque le cas. Ils ont juste la forme des pierres précieuses. Une idée de ma part, j’avais insisté pendant très longtemps pour que mon père prenne cette option. Il avait fini par craquer. « On fait comment on se réparti la maison ? Ou on fais tout ensemble ? » Rapidement je regarde ma montre avant de reprendre « On a environ une heure avant qu’elle ne revienne. Faudra pas trop tarder. » Et comme poussée par une force invisible c’est moi qui prend la marche, j’ouvre le frigo et balance dans mon sac quelques aliments, de la viande surtout, une bouteille de vin, des légumes. J’en profite pour fouiller ensuite dans les placards, je sais que j’ai laissé des trucs ici avant de partir, au cas où, caché derrière les paquets de pâtes et de riz. Je fous tout par terre, les paquets s’écrasent dans un bruit mat et je pose enfin la main sur une petite liasse de billets. Des économies de côté, que j’avais caché au cas ou. « Bingo ! » Je me retourne vers Sasha avant de lui montrer l’argent en rigolant doucement « Je propose qu’on en parle pas à Peter, t’en pense quoi ? » Je vous l’ai dit, je suis pas stupide. Juste un peu perchée. Y a une différence entre les deux.
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MessageSujet: Re: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptySam 21 Jan - 16:04

J’sais vraiment pas ce qui m’a pris de suivre Jael, vraiment. Je la connais pas vraiment, c’est pas le genre de personnes avec lesquelles je traîne habituellement, elle a l’air un peu perchée, un peu bêbête. T’sais, quand tu la regardes, quand tu discutes avec elle, t’as parfois l’impression de faire face à une gamine de sept ans, une petite chose naïve, innocente et toute fragile à laquelle on a pas envie de faire de mal. Est-ce qu’elle est réellement comme ça ? J’en ai aucune idée et je m’en tape un peu. Elle me fait marrer moi, Jael. Elle a ce truc avec moi, on m’a déjà dit qu’elle sait pas si j’suis un mec, une meuf. Ça me fait rire de la voir douter sans réellement me poser la question donc je m’amuse à la titiller un peu indirectement à ce propos. Parfois j’m’incruste dans le dortoir des mecs, parfois j’dors chez les filles ou simplement dans le salon parce que j’ai envie d’un peu être seule. Puis j’m’habille presque tout le temps avec des fringues qui pourraient être qualifiées de vêtements masculins, les robes, les jupes… c’est bof bof. Puis je présume que le fait que j’ai des cheveux courts n’aide pas beaucoup… Qu’elle croit que j’suis une fille ou un garçon, ça m’importe peu. J’aime pas qu’on mette les gens dans certaines cases…

La lumière allumée, je ne perdais pas mon temps à attendre que Jael entre à son tour pour commencer à faire les armoires, les tiroirs, histoire de trouver des choses qu’on pourrait récupérer pour l’appartement ou des trucs qu’on pourrait tout simplement revendre pour nous faire des thunes. Et franchement, en voyant l’intérieur de c’te baraque, j’ai directement su qu’on partirait pas les mains vides. Les propriétaires devaient être assez fortunés, tout avait l’air de valoir une certaine somme… J’regrettais pas du tout d’avoir écouté Jael. « Ah, t’as ramené une lampe. Nickel. » Elle avait prévu le coup, contrairement à moi qui n’avait pris que le strict nécessaire et qui avait complètement zappé de prendre une lampe. Ça m’arrive rarement d’oublier ce genre de choses, c’est peut-être dû au fait que je sois contrariée ces derniers temps. Les fêtes approchent, et j’vais encore passer une année loin de ma famille, loin de mon petit frère. Putain. « On commence par la bouffe. Des bouteilles, de la viande, quelques trucs gras… Si t’as pas assez de place dans ton sac, j’crois qu’on devrait pouvoir trouver des sachets ou un truc du genre… » je la conseillais, ou plutôt lui ordonnait de faire d’une certaine manière. Elle était pas conne Jael et j’savais très bien qu’elle saurait prendre ce dont on aurait besoin et pas des trucs complètement inutiles qui intéresseraient personne à l’appart. Puis je la laisse vider le frigo et m’agenouille devant les placards, les ouvrant tous uns par uns pour voir ce qu’ils cachaient. Des paquets de gâteaux, des friandises, des ustensiles de cuisine, des couverts propres. Je prenais un peu de tout, essayant de tout bien ranger dans le petit sac de cours que j’avais pris. J’essayais de prendre des choses qui plairaient à tout le monde tout en essayant de penser à certaines personnes. Peter, Tinks, Toots. Quand j’m’introduis chez des gens pour piquer de la bouffe, j’essaye toujours de leur faire des petits cadeaux. Je sais que l’un adore les trucs au chocolat noir ? Je prends. L’un adore le thé ? Je cache ça dans une poche de mon sac. C’est un peu égoïste quand on y pense, ceux que je connais pas, ceux que j’aime pas bénéficient jamais de ces petits plaisirs. Mais bon, c’est moi qui m’farcies ce boulot la plupart du temps, donc j’fais plaisir qu’on le veuille ou non. Il y  a encore quelques temps, Curl bénéficiait encore de ce genre de petites attentions. « Si tu trouves des trucs que tu veux garder pour toi, hésite pas non plus. Mais pense surtout aux autres. » C’est rare que j’prenne des choses pour moi seule, vachement rare. Et quand j’le fais, ça s’arrête aux revues sportives, aux bandes dessinées et aux fringues. La bande avant tout, pas vrai ?

On avait à peu près une heure pour remplir nos sacs et prendre tout ce dont on avait besoin. Une heure, soixante minutes. Si Jael ne disait pas de bêtises, tout marcherait comme sur des roulettes. Mais bon, on est pas à l’abri des imprévus donc j’me fies pas vraiment à ce qu’elle dit et fais vite. Une heure… ? C’était drôle, la façon dont elle savait certaines choses. C’est pas sécurisé, on devrait entrer par là, ils rentrent pas avant telle heure… Elle devait avoir passé pas mal de temps à observer cet endroit. Mon sac était pratiquement déjà plein. Je refermais les placards que j’avais fouillé et qui étaient d’ailleurs loin d’être vides. Ouais, ils en avaient de l’argent… « Eh, t’es douée toi… » je complimentais ma coéquipière en la voyant arborer une petite liasse de billets qu’elle venait de trouver je ne sais où. Et ce qu’elle me dit à ce moment précis me fit même sourire. Elle était pas si bête que ça… « Parles-en à personne tout court. Faudra qu’tu caches ça bien… » Ah, Jael, elle ne cessait de m’impressionner. Elle me demandait d’abord de m’accompagner pour un cambriolage et maintenant, elle proposait de garder du butin pour elle. Putain, j’l’adore.

« On reste ensemble pour le bas. On a déjà fait la cuisine, on va un peu fouiller les autres pièces histoire de voir ce qu’on peut prendre, puis on monte. » Je quitte la pièce, éclairée par la lampe tempête de Jael, traînant mon sac derrière moi. Puis je recommençais à le remplir. Des téléphones fixes, une télécommande de télévision… des trucs qu’on pourrait vendre à un certain prix. Clic. Clac. Je lève les yeux et m’aperçoit qu’il y a une horloge sur le mur, positionnée au-dessus de la télévision. Le temps passait hyper vite. « Si tu veux te rendre utile, va à l’étage et voit s’il y a des trucs intéressants. On ira plus vite si on fait ça… » J’aurais préféré la garder avec moi mais on a pas vraiment le choix.
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MessageSujet: Re: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptySam 21 Jan - 16:11

Ah, t’as ramené une lampe. Nickel. Je hoche distraitement la tête trop occupée à observer autour de moi le décors trop familier qui se dessine. Ca grimpe dans ma gorge comme une sensation d‘étouffement et je me retiens de me rouler en boule pour pleurer. Je sais pas si c’est une mauvaise idée. Surement. J’ai peur de ce que je pourrais découvrir, ou ne pas découvrir. J’ai peur que Cecilia ai effacé complètement sa présence à lui, qu’elle m’ai effacé moi aussi. Je secoue ma tête et me retiens de me foutre une claque, faut pas que je me laisse abattre comme ça. On est pas là pour pleurer sur mon sort, on est là pour se venger. C’est tout petit, mais c’est déjà ça. C’est mieux que rien. On commence par la bouffe. Des bouteilles, de la viande, quelques trucs gras… Si t’as pas assez de place dans ton sac, j’crois qu’on devrait pouvoir trouver des sachets ou un truc du genre… Sasha elle est pragmatique pour son âge, plus que moi. A croire que c’est elle la plus âgée et moi la petite. On dirait pas comme ça quand on la regarde, pourtant elle pourrait vous envoyer par terre en un instant. Sasha elle a su dompter Tinks, elle a su dompter Lachlan. Je sais pas comment elle fait, puis Peter lui fait confiance. Moi à côté chui qu’une loque qui parasite la vie des autres. J’aimerais bien lui ressembler. Un jour. Etre aussi forte. « Faut pas qu’on galère trop avec nos vélos aussi… On aurait peut être du demander à un gars de venir avec nous » ça aurait fait des bras en plus. Mais non. « Non. C’est cool de passer du temps à deux, sans les autres nullosses la » que je reprend en rigolant doucement avant de fermer le frigo, le sac remplis de nourriture. Ca me donne faim, j’ai presque envie d’allumer la cuisinière pour m’y faire griller une tranche. Mais je me retiens. Puis de toute façon j’ai jamais vraiment su cuisiner, c’était toujours quelqu’un d’autre qui mettait la nourriture dans mon assiette. Récemment j’ai appris à cuire des pâtes, je crois que c’est un des grands progrès de ma vie. Si tu trouves des trucs que tu veux garder pour toi, hésite pas non plus. Mais pense surtout aux autres. Je hoche une nouvelle fois la tête sans répondre cette fois ci. Je sais ce que je suis venue chercher. J’avais trop peur venir seule, et c’est pour ça que j’ai embarqué Sasha avec moi, égoïstement. Mais c’est pas encore le moment d’aller fouiller en haut, d’aller fouiller dans ma chambre et dans la leur. « J’aimerais bien trouver un truc pour chacun tu sais…Histoire de leur faire plaisir, puis c’est bientôt noël. » si seulement j’avais une hotte sans fond, un peu comme le sac d’Hermione dans Harry Potter. Je pourrais glisser tout ce que je veux dedans.
Ca me rappelle quelque chose, l’argent caché et en quelques secondes j’ai entre mes mains une liasse de billet. Avant tout cet argent m’aurait paru ridicule, mais aujourd’hui je vois ça comme un trésor. Il me faudrait bien un mois à tendre la main du matin jusqu’au soir pour ramasser ne serait-ce que la moitié. Eh, t’es douée toi… Le compliment me fait rougir et j’offre à Sasha mon plus beau sourire. J’aime qu’elle se rende compte que je ne suis pas si inutile que la plus part le pense, j’aime qu’elle trouve que j’ai un talent caché, là quelque part. Parles-en à personne tout court. Faudra qu’tu caches ça bien… Mon sourire se calme un peu et je hoche la tête, réflechissant déjà à la nouvelle cachette. C’est plus difficile chez Peter, tout le monde fouille partout, y a pas vraiment de secret. Y aurait bien chez Nora que je pourrais cacher ça, ou bien Leo ou Serena…Mais je sais pas, ça me parait pas judicieux. J’irais demander à Moreh, ou je lui demanderais pas d’ailleurs. Mais je sais que dans son café, ça sera en sécurité. Lentement je contemple la liasse de billets avant de la séparer en deux. Je recompte au cas où puis en tend la moitié à Sasha. « Tiens c’est à toi aussi. » puis j’enfonce le reste dans la poche de mon pantalon. Le sujet est clos.

On reste ensemble pour le bas. On a déjà fait la cuisine, on va un peu fouiller les autres pièces histoire de voir ce qu’on peut prendre, puis on monte. « Yes chef » et je la suis, éclairant le chemin à l’aide de ma lampe. Je la regarde remplir son sac de babioles, de choses que j’aurais jamais cru utile d’embarquer. Moi mon regard se pose sur les murs, sur les peintures, sur les photos. Moi je préfère embarquer un foulard qui traine, une paire de boucle d’oreille posée sur la commode, des trucs comme ça. Si tu veux te rendre utile, va à l’étage et voit s’il y a des trucs intéressants. On ira plus vite si on fait ça… Sa voix me fait sursauter et je la dévisage. Se séparer ? Aller à l’étage ? Pourquoi pas. Je lui tends ma lampe avant de sortir mon téléphone « d’accord, tiens prends ça je vais m’éclairer avec mon portable. Et si jamais y a besoin appelle moi dessus ça sera plus simple que de crier non ? » Puis je tourne les talons avant de monter quatre à quatre les escaliers. J’ai presque pas besoin de lumière tant je connais les couloirs par cœur, la rugosité du sol et l’agencement des chambres. Une fois à l’étage je me dirige d’abord vers la chambre de mon père. De Cecilia. Je me dis que je pourrais peut-être trouver des indices, quelque chose qui prouve qu’elle est bien responsable de la mort de mon père. Il faut. Il le faut. D’après Peter l’idéal serait de mettre la main sur le testament originel, prouver que mon père ne m’avait pas rayé et que Cecilia l’a falsifié pour tout récupérer pour sa pomme. Mais elle ne serait pas stupide au point de cacher ça dans sa commode. Je le sais bien.
J’essaye de ne pas trop m’attarder sur la chambre, sur son odeur à elle qui flotte dans l’air. J’essaye de ne pas tout casser, de ne pas tout détruire, de ne pas mettre le feu. Ca servirait à rien. Rien du tout ; Alors machinalement j’enfonce dans mon sac, par-dessus la nourriture une robe. Gucci. Je sais qu’à elle seule cette robe vaut six fois le loyer de l’appartement de Peter. Puis je commence à ouvrir délicatement les tiroirs, à fouiller un peu partout à la recherche d’indice, de quelque chose. Trop absorbée par ma tâche j’en oublie Sasha, j’en oublie tout le reste, je feuillette les papiers prenant en photo ce qui me semble important, même si j’y comprend pas grand-chose. Peut-être que Peter saura lui.

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MessageSujet: Re: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptyVen 10 Fév - 22:39

Jael, j’commence à avoir une bonne image de toi, à me dire que t’es plus intelligente que je le pensais, alors s’il te plaît, ne me dis pas qu’on aurait peut-être dû demander aux mecs de nous suivre. C’est con, c’est débile. On est bien mieux toutes seules. Les garçons, à quoi ils servent concrètement dans ce genre de situation ? Qu’est-ce qu’ils auraient pu faire pour nous aider ? Rien. Ils seraient juste venus, puis ils n’auraient pas arrêté de nous rappeler et de nous faire penser au fait que sans les mecs, on est complètement dans la merde dans certaines situations. Parce qu’on est censées être faibles, parce qu’ils sont censés être indispensable à notre quotidien. Et pourtant… « Non non, c’est bien qu’on soit deux, pas trois. », agenouillée à terre, en train de vider un armoire de bouffe. « Tu les connais, ils auraient été là, à nous dire que sans eux, on serait paumés… Puis même, t’aurais voulu appeler qui ? Peter, Lachlan ? Non, sans déconner Jael, on est bien là. S’il le faut, on fera un autre aller-retour et ce sera réglé. », j’en profitais pour lui faire un clin d’œil, un petit sourire était dessiné sur mes lèvres mais j’m’en rendais pas compte sur le moment. « Ça tu l’as dit… » Les deux nullosses. Putain, j’aurais pas utilisé ces mots-là mais elle a bien parlé. « Avec Peter, ça va toi… ? C’est toujours le grand amour, ou tu l’as aussi surpris en train d’se taper une autre fille ? » Ah, les mecs… Elle savait que Peter, c’était pas un gars facile. Ouais, parce que Peter, ça a beau être un amour avec moi, j’sais à quel point il peut se comporter comme un véritable connard avec Jael. J’ai entendu certaines rumeurs, je l’ai déjà entendu lui gueuler dessus, lui faire des remarques complètement déplacées. Connard. J’ai beau énormément tenir à lui, si j’étais elle, ça ferait longtemps que j’me serais barrée. J’la connais pas Jael, ça me fait chier de dire ça pour Peter, mais elle mérite mieux, beaucoup mieux. Quelqu’un qui saura prendre soin d’elle, la protéger, la rendre heureuse et lui faire découvrir de très belles choses. Mais elle mérite surtout pas un gars comme Peter, surtout pas non.

Noël approchait, et j’étais franchement pas emballée à l’idée de le fêter. Je savais même pas si on allait faire quelque chose de toute façon. À quoi bon, hein ? Je voulais rien faire au réveillon. J’savais que j’allais encore déprimer, penser à ma famille, à mon petit-frère que j’vois quasiment plus. Fut un temps, on passait encore de belles fêtes ensemble, puis maintenant… « C’est une bonne idée, ouais… Si jamais tu trouves pas leur bonheur ici, j’irai fouiller d’autres baraques. ».

Jael, ça ne faisait que quelques minutes qu’on était ensemble mais j’avais l’impression que ce qu’on était en train de faire lui faisait un bien fou. Me demandez surtout pas pourquoi, mais j’pense clairement que ça serait une bonne idée si elle me suivait lors de mes prochaines intrusions. Elle pourrait être douée pour ça, la preuve, elle a déjà trouvé une grosse liasse de billets alors que tout ce que j’ai fait moi, c’est trouver de la bouffe. Si tout se passe bien, je lui proposerai peut-être. Elle passerait moins de temps près de Peter, elle galérerait moins à payer sa part à chaque fin de mois. Ouais, ça peut être une bonne idée. « Merci, tu gères. », l’argent, ça se refuse jamais, surtout lorsqu’on est dans ma situation. Alors j’ai pris la liasse, puis sans même y jeter de coup d’œil, je l’ai rangé dans la poche arrière de mon froc.

Puis elle m’a suivie dans le salon, dans la salle à manger pour piquer d’autres trucs. Nos sacs étaient pas grands donc il est évident qu’on a pas pu prendre la télévision, la chaîne hi-fi et tout ce qui aurait pu nous rapporter une fortune, mais on a quand même pu piquer des téléphones, télécommandes et babioles qui valaient quand même pas mal. Parfois, je me sens mal quand je vole des familles. Je me dis que j’suis pas une bonne personne, que j’vole ce que certains ont galéré à s’offrir. Puis j’me rappelle que ces personnes, c’est celles qui s’arrêtent pas pour me filer une pièce quand j’suis assise comme une conne devant un magasin. Et ça va directement mieux, étrangement.

Elle m’a filé sa lampe torche que j’ai gentiment accepté, m’annonçant qu’elle allait monter en s’éclairant avec son téléphone. Pas bête. « T’inquiète pas, fais attention à toi et c’est pareil pour toi. Si y a un souci, super Sasha sera là pour te sauver. » Je blaguais, les deux mains posées sur mes hanches. J’aurais bien aimé être un super héros, ça doit être cool de pouvoir voler et d’être respecté.

Je l’ai regardée monter à l’étage, c’était bien de pas être seule ce soir-là. J’suis du genre solitaire, mais avoir un peu de compagnie parfois, je refuse pas, surtout depuis que j’ai plus Lachlan pour me serrer dans ses bras la nuit. Ça me manque un peu, il me manque. Je sais pas si c’est parce que j’en ai marre d’être seule, que l’avoir à mes côtés tout le temps a fait que je me sois habitué à toujours avoir quelqu’un avec moi. Ou peut-être que c’est simplement parce qu’il me manque. Ses caresses, ses mots doux, ses baisers et ses câlins. J’arrive toujours pas à croire que j’me sois autant faites baiser.. Les mecs, c’est pas pour moi.

Maintenant seule au rez-de-chaussée, j’ai continué de fouiller. Mon sac ouvert, j’y jetais quelques bijoux que je trouvais dans la salle de bain, des trucs de valeur qui pourraient être revendus cher, très cher. Puis quelques télécommandes, une manette de console… Tout en m’éclairant avec la lampe torche, je montais silencieusement les escaliers de la demeure. Le poids de la marchandise commençait à se faire ressentir, j’aurais sûrement mal au dos le lendemain matin mais ça aura valu le coup.

Je jete un coup d’œil là-haut, puis je trouve Jael dans une chambre, en train de fouiller des tiroirs. Je m’approche de son sac ouvert, plonge les mains à l’intérieur pour voir ce qu’elle a pu piquer. Quelques babioles, une putain de robe de marque. « Si on s’en sort vivants, j’veux qu’on se refasse ça. Sans déconner. » À deux, on est plus utiles : on peut prendre plus de trucs, on est plus rapides… Peut-être que prendre Jael avec moi, l’avoir comme coéquipière ne serait pas une mauvaise idée. « T'as un truc prévu, ce soir ? J'veux dire, tu comptes rentrer direct à l'appart ou tu penses qu'on pourrait... faire un truc ? J'en sais rien, on a de l'argent, du temps... » Je sais absolument pas ce qui m'a pris, mais je lui ai bien demandé, ouais...

« Fin, si tu veux pas, on peut juste rent... »
On entend du bruit au rez-de-chaussée. Quelqu'un vient d'ouvrir la porte d'entrée. Un cri de surprise, la porte qui claque. Putain. De. Merde. « Fait chier ! » Je lui tire directement la main, puis je brise la vitre de cette chambre dans laquelle on se trouvait avec mon coude. Je soupirais de douleur, grimaçant. Je saignais un peu. « Allez, allez... t'attends quoi ! » Je lui disais, elle avait l'air totalement ailleurs, paniquée. C'était pas un putain de film.
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Jael Feliciano

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MessageSujet: Re: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptyLun 6 Mar - 18:41

Non non, c’est bien qu’on soit deux, pas trois Ca me rassure que Sasha pense comme moi. Au fond c’est mieux comme ça, juste nous deux. On les a suffisamment sur les dos les garçons et bref, c’est mieux. Tu les connais, ils auraient été là, à nous dire que sans eux, on serait paumés… Puis même, t’aurais voulu appeler qui ? Peter, Lachlan ? Non, sans déconner Jael, on est bien là. S’il le faut, on fera un autre aller-retour et ce sera réglé. Je tique un peu sur son choix de prénoms. Je sais que y a eu quelque chose entre elle et Lachlan et que depuis plus rien ne va. Je sais aussi qu’elle n’approuve pas ma relation avec Peter, mais moi-même je ne comprends pas tous les tenants de cette amitié. Si on peu appeler ça de l’amitié. Je sais pas. J’hoche la tête un peu gênée, pour montrer que je suis de son côté. Voilà, juste nous deux, je me le répète encore une fois pour m’assurer que c’est une bonne idée. Avec Peter, ça va toi… ? C’est toujours le grand amour, ou tu l’as aussi surpris en train d’se taper une autre fille ? Amour ? Oh. Non. Elle comprend tout de travers. Je sens mes joues s’échauffer et je lâche ce que je suis entrain de faire pour secouer la tête. « Non enfin tu sais c’est pas comme ça, il ne m’aime pas, je l’aime pas. C’est plus… Je lui suis redevable tu vois il m’a tendu la main quand y avait personne pour… »  Je finis ma phrase en murmurant, me repassant cette nuit sous les ponts où Peter m’avait ramassé. Puis soudain je tique sur la fin de sa phrase. tu l’as aussi surpris en train d’se taper une autre fille « Attend. Sasha. C’est ce qui s’est passé avec Lachlan ? »  Ma voix monte dans les aigues et j’ouvre grand les yeux, surprise. Ils ne m’ont jamais raconté ce qui s’était passé et j’avais été un peu ailleur, pas vraiment dans l’esprit de jouer les détectives pour les relations foireuses. De toute façon, pas comme l’amour était un truc que je comprenais, plutôt un langage extra-terrestre si vous voulez mon avis. Ca vous retourne la tête et le cœur, ça vous bousille les neurones, encore plus que le LSD ou la weed. Alors je préfère me shooter avec quelque chose que je maitrise que ça.

On reprend notre travail et je propose de ramener un petit quelque chose pour les autres restés à l’appart, un peu comme un noël en avance. Ca serait bien. Mais du coup j’ai moins envie de ramener un truc pour Lachlan, vu ce qu’elle vient de me dire. Et je pense pas avoir envie de ramener un truc pour Tinks non plus. Mon enthousiasme retombe un peu vite, peut être aussi influencé par l’humeur de Sasha. C’est une bonne idée, ouais… Si jamais tu trouves pas leur bonheur ici, j’irai fouiller d’autres baraques. Je secoue la tête en soupirant  « Non non, te mets pas en danger pour ça, on trouvera bien un truc. » j’ai pas envie que Sasha se fasse pincer à cause de mon idée stupide. Cette maison-là, je gère, je connais les sorties ou même les gardes qui font les rondes. Mais le reste ? Non. Je pourrais pas la protéger. Peut être pour ça aussi que je partage l’argent avec elle, et le sourire qu’elle m’offre quand elle empoche les billets me fait vraiment plaisir. Merci, tu gères Tu parles, y a rien de fantastique à braquer sa propre maison. Mais ça je vais pas l’avouer, alors je me contente juste de rigoler doucement avant de reprendre la fouille de la maison.
On finit par décider de se séparer, moi à l’étage, elle en bas. Je lui laisse ma lampe torche et elle me remercie. T’inquiète pas, fais attention à toi et c’est pareil pour toi. Si y a un souci, super Sasha sera là pour te sauver. Super Sasha, j’aime bien, c’est vrai qu’elle est super, le genre de nana que j’aimerais devenir un jour, aussi courageuse. Je garde la phrase dans un coin de ma tête pour lui faire un dessin plus tard, je suis sur qu’elle aimera. «Parfait Super sasha et Jaelosaure, ça fait un bon nom de comics»  clin d’œil je tourne les talons pour grimper les escaliers quatre à quatre.
Je sais pas pourquoi je me dirige directement vers la chambre de Cecilia, peut-être parce que j’espère y trouver encore des affaires de mon père, une trace de la famille qui avait habité ici avant son meurtre. Mais rien. Cecilia avait été efficace, elle avait effacé les derniers restes de son mari et s’était installée une chambre de riche veuve. salope. Ca me donne envie de hurler, de tout déchirer. Mais je suis pas là pour ça et pour une fois j’arrive à me contrôler. Finalement c’est Sasha qui me sors de mes pensées quand elle me rejoint dans la chambre. Si on s’en sort vivants, j’veux qu’on se refasse ça. Sans déconner. Son sourire la fait paraitre plus jeune. Enfin, l’âge qu’elle a quoi. D’habitude quand elle fronce les sourcils on a l’impression qu’elle a plus 17 ans ou 18 ans, mais là ses 15 ans brillent et ça me serre le cœur. Quand j’avais 15 ans j’étais heureuse, loin de Savannah, en Suisse, juste occupée à savoir ce que j’allais porter pour mon bal des débutantes. « Ouais…Il faudra »  que je murmure un peu perdue dans mes pensées, refermant les dossiers que j’ai sorti.
T'as un truc prévu, ce soir ? J'veux dire, tu comptes rentrer direct à l'appart ou tu penses qu'on pourrait... faire un truc ? J'en sais rien, on a de l'argent, du temps... Je la regarde un instant avant de rigoler doucement. Bien sur qu’on peut aller faire quelque chose après, surtout que j’ai pas vraiment envie de rentrer, de m’enfermer dans la chambre avec Bren qui fait la gueule. Puis j’ai ce trop plein de souvenirs qui font mal, j’ai besoin d’évacuer tout, et peut être que Sasha peut aider. Fin, si tu veux pas, on peut juste rent... – Fais chier Je sursaute entendant moi aussi la porte se fermer. Non. C’est pas possible. Pas maintenant. Mon cœur se met à battre trop vite et je sens Sasha qui me tire Allez, allez... t'attends quoi ! je me dégage rapidement avant de la regarder « Laisse moi réfléchir un instant Sasha » je suis sérieuse. Vraiment sérieuse. J’inspire un grand coup avant de lui faire signe de me suivre sans bruit. « On est pas obligé de passer par la fenêtre. »  Je sais ce qu’il me reste à faire. Sans attendre j’enfile mon sac sur mon épaule et traine Sasha hors de la chambre. On finit par courir dans le couloir, faisant le moins de bruit possible, pour atteindre une porte tout au bout. « La terrasse »  que je murmure en essayant d’ouvrir la porte qui donne à la fameuse terrasse. Bloquée. « Merde »  Rageuse j’attrape la clé que je garde à mon cou et l’utilise pour ouvrir le verrou. Je jette un regard à Sasha en secouant la tête « On en parlera plus tard ok ? »  Pas le temps qu’elle me pose des questions, il ne faut absolument pas que Cecilia me voit. Ca foutrait tout en l’air. J’ouvre la porte et laisse passer Sasha devant moi puis je lui indique l’escalier en métal qui permet de descendre de la terrasse au jardin. Je descends quatre à quatre, manquant une marche sur deux pour finalement atterrir sur l’herbe, le cœur battant. Je vérifie que Sasha me suis toujours et je reprends ma course vers les vélos, heureusement qu’on a pris le temps de les cacher et de les laisser à l’écart.
Quand finalement on arrive aux vélos je m’arrête, tombant au sol, la respiration courte. J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure, mon sang qui cogne dans les veines de mon cerveau et tout qui résonne trop fort. Je suis vraiment plus en forme, heureusement que l’adrénaline est là pour nous booster. « Putain. »  Ouais putain. Je crois que j’explose mon capital vie future depuis que je traine avec les LB, mais jme suis jamais sentie aussi vivante. Alors je crois que c’est ça qui craque, la digue, je me mets à rigoler. Je rigole sans pouvoir m’arrêter. Je rigole jusqu’à en pleurer, mélange de trop de choses, de ras le bol, de liberté, de rage aussi. Sasha doit me prendre pour une folle, elle a rarement assisté à mes crises nerfs, tant pis faut bien une première fois à tout.
Je finis finalement par me calmer et je la dévisage « Pas question de rentrer, on a bien mérité une pause, loin de tout, loin d’eux. »  Et puis je crois qu’on va avoir besoin de parler, parce qu’elle est pas conne Sasha et je pense qu’elle sait faire le calcul
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MessageSujet: Re: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptyJeu 30 Mar - 23:06

Jael est d’accord avec moi sur le fait qu’on se coltine assez les mecs chaque jour pour en plus devoir se les trimballer avec nous… Il y a trois fois plus de mecs que de filles à l’appart, on se parle à peine, on a l’honneur de les voir faire leurs trucs dégueu tous les jours… Non, je pense qu’on a bien fait de sortir que toutes les deux ce soir-là. Puis, au moins, ça nous a permis de faire connaissance, moi et Jael. Je sais qu’elle se pose énormément de questions à mon sujet, moi de même. J’en ai légèrement appris sur elle ce soir-là… Rien de bien intéressant pour le moment, mais la nuit venait de commencer, pas vrai ? « M’ouais. T’es sûre qu’il n’y a rien de plus entre vous, rien de rien ? », je lui demandais, incroyablement curieuse à propos de leur relation. Peter n’est pas du genre à trop parler de lui, j’en ai bien chié pour en apprendre le peu de choses que je sais sur lui alors peut-être que Jael me dira plus de choses sur eux deux… Mais bon, soyons honnêtes, de ce que je sais de leur relation, j’ai clairement pas envie de les voir ensemble. Peter mérite d’être heureux, Jael aussi et je ne pense pas qu’ils puissent être le bonheur de l’autre.

On a toujours dit que j’étais un petit boulet, quelqu’un qui n’arrête pas de faire des conneries, d’être maladroit… C’est réellement le cas, et je le sais. J’ai pas l’habitude de parler de ma relation avec Lachlan aux gens, pourtant, je venais de révéler la cause de notre rupture… Enfin, l’une des causes. « Ouais, surprenant quand on voit le nombre de meufs avec lesquelles il traîne, hein ? », je soufflais, agacée. Rien qu’en y pensant, j’avais envie de rentrer à l’appart pour le cogner. Impulsivité quand tu nous tiens… « Il a toujours été autour de pas mal de filles, j’ai toujours pensé qu’il passerait à l’acte donc j’ai pas réellement été choquée quand il l’a fait. C’est un mec, il est allé chercher ailleurs ce que je voulais pas faire avec lui, je l’ai surpris, j’ai pété un câble… Bref, tu vois. J’commence à croire que j’devrais me mettre aux meufs moi, j’te jure. » je blague.

Ne jamais faire confiance à un garçon. À personne, en fait. Ne jamais faire confiance parce qu’on finit toujours par se faire baiser… C’est pour ça que je ne fais pratiquement plus confiance à personne, maintenant. J’ai énormément donné ma confiance, on m’a planté un couteau dans le dos au moment où je ne m’y attendais pas.

Jael, elle a toujours été un peu perchée sur les bords, et ça m’a toujours fait marrer. Même si on ne se parle pas forcément tous à l’appart, on en apprend quand même pas mal sur les autres et Jael… Ah, Jael… Qu’est-ce qu’elle me fait rire. Pas méchamment, non, elle est vraiment drôle. « Jaelosaure, t’as trouvé ça où ? », je lui demande avant de faire une imitation complètement pourrie d’un dinosaure… Je sais qu’elle adore les dinosaures. J’y connais pratiquement rien perso, y a pleins de noms bizarres et d’espèces cheloues…

Puis c’est en riant qu’on s’est séparées. Elle est montée, je suis restée au rez-de-chaussée à chercher des trucs que je pourrais embarquer. J’ai rempli mon sac de choses qui, je le pensais avaient une certaine valeur, qui pourrait être utiles puis j’ai rejoint Jael à l’étage, dans cette chambre dont elle avait ouvert la porte quelques minutes plus tôt. « C’est pas grave si jamais on prend pas tout… On a déjà un bon gros pactole. » J’aurais pas de mal à donner à Peter ma part ce mois-ci et putain, qu’est-ce que j’en suis heureuse. Ces derniers temps, je galère un peu pour le payer, je suis un peu à la ramasse. Soit il me manque quelques billets, soit il me manque du temps… Je me sens un peu molle ces derniers jours, je sais pas ce qui m’arrive. Peut-être que j’suis tout simplement crevée. J’espère que c’est temporaire.

Puis tout se passe rapidement. Mon cœur s’est mit à battre hyper rapidement comme si je montais dans une montagne russe (enfin, je sais pas, je suppose que c’est ce qui arrive puisque je suis jamais allée dans un parc d’attractions). Je tremblote. On entend du bruit au rez-de-chaussée et c’est sûrement pas le chat qui a ouvert la porte et qui a ouvert les lumières, non. J’ai rapidement ouvert la fenêtre de la chambre. La fenêtre, c’est selon moi la meilleure sortie lorsqu’on est sur le point de se faire prendre. Pourtant, Jael avait une autre idée… et j’ai décidé de la suivre inconsciemment. Mon sac sur les épaules, je la suis, courant dans le couloir de cette immense baraque en essayant de faire le moins de bruit possible. On s’arrête près d’une fameuse porte. Verrouillée. Et comme par magie, elle finit par ouvrir la porte avec une clé qu’elle a… autour de cou. Putain de merde, elle connaît cette baraque. Elle avait les clés sur elle ! On aurait pu y entrer facilement sans péter quoi que ce soit, mais non, il a fallu que mademoiselle se la joue mystérieuse. Je savais qu’un truc clochait, maintenant j’en étais sûre. « Tu te fous vraiment de ma gueule… », je passe la première alors qu’elle ouvre la porte menant à cette fameuse terrasse dont elle venait de parler, je descends rapidement les marches de cet escalier métallique menant au jardin puis je cours à travers la pelouse pour escalader ce fameux portail me menant tout droit dans la rue. Jael est derrière moi, je m’en préoccupe pas.

Je cours jusqu’au vélo, détachant immédiatement le mien alors que je suis essoufflée comme jamais. Le seul avantage de ma petite taille de gamine de quinze ans, c’est sûrement la vitesse. Je cours hyper vite. Je pose mon cul sur la selle de mon vélo puis je regarde la blonde tomber au sol, juste à mes pieds… et se mettre à rire comme une grosse tarée. Je la détaille du regard, totalement mal à l’aise. Un fou rire, ça peut arriver à tout le monde… mais est-ce qu’elle se rend compte qu’elle vient de pratiquement se faire choper par les propriétaires de la baraque qu’on était en train de cambrioler ? Elle a la moindre idée de ce qu’on a risqué ? Elle me faisait peur…

Je recule un peu sur mon vélo, arrêtant que son petit fou rire se stoppe… « Ouais… T’es sûre que tu veux pas rentrer, hein ? Tu m’as l’air… complètement crevée. », j’ai froncé les sourcils, attendant qu’elle regagne son vélo. « T’as des trucs à me dire, toi… Je supporte pas qu’on se foute de ma gueule. »

Jael ayant regagné son vélo, je me mets à pédaler comme une folle pour quitter cette rue des enfers. Ce qui s’était avéré être une bonne idée de Jael était probablement une énorme connerie. Et si les propriétaires connaissaient Jael, et s’ils remontaient jusqu’à elles ? Quelle conne, putain.

Je roulais quelques minutes sans lui adresser la parole, totalement concentrée sur la route sans bien sûr oublier de regarder derrière moi de temps en temps… C’est pas cool de se faire suivre, j’vous l’jure. J’arrête enfin de pédaler en arrivant devant un bar-restaurant paumé, rempli d’ivrognes à cette heure-ci, dans un coin pauvre de la ville. J’avais l’habitude d’y aller, le barman étant devenu l’une de mes connaissances. Il m’offre des verres, me laisse parfois pieuter à l’étage au-dessus du bar quand j’me sens pas de rentrer à l’appart… J’ai lié mon vélo à un poteau qui faisait face au bar puis je me suis tournée vers Jael. « Si t’as faim, Jason fait les meilleurs hot-dogs du monde, j’te promets. », je lui ai aussitôt attrapé le bras pour l’emmener à l’intérieur. Il n’y avait pas grand monde, les habitués. Quelques mecs assis au bar, quelques couples de toxicos probablement défoncés assis à table… J’ai salué le gérant qui avait une dizaine d’années de plus que moi puis j’ai opté pour ma table habituelle qui se trouvait dans un coin de la pièce, au calme, loin de la fumée des joints et des voix. « Assieds-toi et fais pas trop attention aux gens… ils sont pas méchants. » C’est pas le coin de la ville le plus fréquentable, je sais bien mais c’est là que je me suis retrouvée avant de rejoindre Peter et ses potes. Je me suis installée, puis je me suis mise à la fixer, les bras croisés... Elle comptait me raconter ce qu'elle m'avait caché jusque là, ou il fallait que je lui fasse passer un interrogatoire ?
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MessageSujet: Re: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptyLun 17 Avr - 15:14

Elle me pose des questions sur Peter et moi. Peter et moi hein ? C’est compliqué. C’est différent. Je sais même pas comment je pourrais qualifier ça. J’ai besoin de lui et j’ose espérer qu’il a besoin de moi, quand je ferme les yeux et qu’il plante la seringue dans mon bras. J’ai jamais été aussi proche de quelqu’un je crois. Quand je pars au milieu des planètes et qu’il me serre dans ses bras, qu’il ne me lache pas, la main sur mon front pour me rappeler constamment qu’il est là. Peter. Pan. Le lien fragile auquel je me raccroche depuis quels mois maintenant. Il me manque tout d’un coup. Mais je serre les dents, concentrée sur mon travail plutôt que mes rêveries stupides. M’ouais. T’es sûre qu’il n’y a rien de plus entre vous, rien de rien ? « Certaine…Tu sais j’ai…J’ai du mal avec ce genre de relations » être en couple, appartenir à quelqu’un et vice versa, consacrer son amour à une seule personne quand mon cœur pourrait en accueillir des milliers. Merle, Peter, Rez, Sasha. Trop de gens pour un seul statut. J’ai encore du mal à comprendre tout ça.
Finalement la conversation dérive sur Lachlan et Sasha, leurs regards complices qui s’étaient soudain changés en glace sans que je comprenne vraiment pourquoi. Jusqu’à ce soir. Sasha me regarde pas quand elle m’explique mais je sens qu’elle se tend un peu. Ouais, surprenant quand on voit le nombre de meufs avec lesquelles il traîne, hein ? Je sais pas, j’ai pas vraiment fait attention à ça je suppose, trop occupée à lui grimper sur le dos pour le faire chier ou à venir me lover dans ses bras quand y a personne la nuit à qui demander ça. Mais soudain je me sens amère. Parce que je vois Sasha, et je vois le mal qu’il lui a fait. Et ça me retranspose à mon cas, à l’école, en Suisse. Il a toujours été autour de pas mal de filles, j’ai toujours pensé qu’il passerait à l’acte donc j’ai pas réellement été choquée quand il l’a fait. C’est un mec, il est allé chercher ailleurs ce que je voulais pas faire avec lui, je l’ai surpris, j’ai pété un câble… Bref, tu vois. J’commence à croire que j’devrais me mettre aux meufs moi, j’te jure. Je soupire doucement. Parce que ces gars ne savent pas attendre, parce que ces gars ne comprennent pas. Comme ceux en soirées, persuadées qu’une jupe veux dire oui ou qu’un baiser donne le droit à plus. Ca me tue. « J’irais lui casser les dents. » Enfin je sais pas. Là maintenant j’aimerais. Pas sur que j’en sois capable, surtout vu la taille de Lachlan. Je suis la plus petite des LB alors bon, niveau force on repassera. Je demanderais à quelqu’un d’autre. A Jax. A Bran. Je sais pas. Je suis pas si mesquine. Si ? Je sais plus. Mais le rire triste de Sasha me fend le cœur et j’ai envie de la prendre dans mes bras. « Les filles c’est mieux. Sauf si c’est Bren et la elle risque dix fois plus de te tromper que Lachlan » que je souligne en soupirant, repensant à ma partenaire de chambre. Bren, l’incompréhensible mystère des Lost Boys.
Finalement on décide de se séparer, je raconte une énième connerie qui achève de la faire rigoler. Plus sincèrement cette fois et ça fait briller sur mon visage un sourire plein de fierté. Jaelosaure, t’as trouvé ça où ? Et son imitation pourrie de dinosaure qui me fait secouer la tête. « Beaucoup trop de visionnage de Jurrasic Park je pense » ou un truc comme ça. Et le surnom que me balance Bren depuis quelques temps. Bref. Pas vraiment important. Je tourne les talons avant de m’enfoncer dans des débats philosophiques concernant mes idées pourries. J’ai pas envie de lui dire que les joints que j’enchaine avec Bren, le tout accompagné de whisky aide pas vraiment à la clarté mentale. Elle grincerait sans doute des dents. Parce qu’elle est pas comme ça Sasha, le corps vide des substances magiques que Peter nous distille.

De nouveau on se retrouve dans la chambre de Cecilia, que je me retiens de saccager par énervement. Quand la colère monte y a son visage à elle que j’imagine. Et le sien uniquement. Connasse, connasse. Et je l’imagine devant moi pendant que je l’explose à coup de battes, à coup de poings à coup de pieds. S’ils savaient que j’ai moi aussi des idées de violence comme ça… Peut être qu’ils changeraient de façon de me regarder, avec moins de consternation et peut être un peu plus de respect. Peut être. Peut être pas. Bref. C’est pas grave si jamais on prend pas tout… On a déjà un bon gros pactole. Ah ça oui, rien que la robe si on peut la revendre sur internet ça paiera les factures et le loyer pour ce mois. Alors le reste ? Peter sera heureux. On est heureuse. Tout va bien. Et peut être que ce soir même Merle sera la et on pourra regarder Project Runway tranquillement devant la télé. Déjà mon esprit s’emballe quand la réalité bascule. Le bruit, Sasha qui me dit de bouger, et mon pout qui s’accélère. Je fonce. On fonce. Je réfléchis pas, laisse mes pieds faire le boulot à place en parcourant ce chemin que je connais sur le bout des doigts même les yeux fermés. Celui que j’ai emprunté pour partir d’ici. Drôle de coïncidence, que je me retrouve à l’utiliser une deuxième fois. Et ma clé autour du cou qui me sert à ouvrir cette fichue porte. Tu te fous vraiment de ma gueule… « C’est pas le moment Sasha. On a pas le temps pour jouer aux révélations maintenant. Plus tard peut être. Mais je la laisse passer devant moi avant de reprendre ma course, cavalant dans les escaliers, la pelouse. Je cours. Je cours tout le temps en ce moment. Bien plus qu’avant et ça se sent, les kilos qui s’effacent et mon corps qui prend du muscle discrètement. Finalement on arrive tant bien que mal aux vélos, la respiration haletante, saines et sauves. Tant mieux. J’aurais détesté que quelque chose dérape. Et puis je rigole. Encore, encore. L’adrénaline. La putain d’adrénaline. C’est presque aussi bon qu’un shoot de je sais pas quoi, quand le cœur se met à battre trop vite et que le monde tourne autour de moi. Mais Sasha ne rigole pas. Pas vraiment. Pas grave ? Ca lui passera. Ca leur passe toujours. Ouais… T’es sûre que tu veux pas rentrer, hein ? Tu m’as l’air… complètement crevée. « Oh non, non, non. Je suis pas crevée. Si j’étais crevée je serais étalée par terre et tu devrais me trainer jusqu’à la maison. » Nouveau gloussement incontrôlé qui meurt dans ma gorge quand elle reprend la parole. T’as des trucs à me dire, toi… Je supporte pas qu’on se foute de ma gueule. Mon sourire s’efface et je fronce les sourcils. Des trucs à dire. Peut être. J’ai pas envie. Mais j’ai pas vraiment le choix pas vrai ? Parce qu’elle a l’air blessée. Et je déteste l’idée qu’elle pense que je me foute d’elle. Parce que c’est vraiment pas le cas. « C’est pas ce que je fais Sasha » et j’enfourche mon velo en secouant la tête, l’euphorie retombée d’un coup. Maintenant j’ai plus envie de chialer qu’autre chose, parce que je réalise soudain que j’aurais pu me retrouver face à face avec Cecilia. Lui demander des comptes. Essayer de la faire parler, savoir si c’est vraiment elle qui a demandé à ce qu’on tue mon père. J’espère cependant que les papiers aideront Peter et qu’il pourra m’expliquer ce qu’elle a magouillé avec mon héritage. L’argent qui me revenait, et pas un centime pour elle. Alors comment avait-elle obtenue tout ce que possédait mon père ? Tout ce que je possédais moi ? Jusqu’à ma foutue jument ?
Je m’enfonce dans mes pensées tout en commençant à pédaler, suivant Sasha dans la nuit, laissant le vent faire sécher les dernières perles de sueurs provoquées par la course. On s’enfonce dans la ville, dans un des coins où je fais souvent des échanges quand Peter me fait assez confiance le matin. Pas vraiment réputé pour ses anges l’endroit, mais maintenant j’en ai plus rien à faire, malgré mes cheveux blonds et mes grands yeux bleus, je suis loin d’en être un moi-même.
Je descends à mon tour du vélo et la suit quand elle entre dans le bar un miteux devant lequel on s’est arrêté. A l’intérieur l’odeur de fumée et d’herbe me saute au nez et je sens mon cœur battre un peu plus. Est-ce que j’en ai envie ? Peut être. Sans doute. Mais jamais devant Sasha. J’aime pas quand elle me voit trop défoncée, je fais toujours des efforts quand je suis avec elle. Pour être moins pathétique. Assieds-toi et fais pas trop attention aux gens… ils sont pas méchants. J’hausse les épaules avant de répliquer doucement « T’en fais pas, j’ai vu pire. Puis j’en connais surement un ou deux » ceux assis à la table plus loin, qui m’adressent un signe de la main auquel je répond timidement. Je sais pas pourquoi j’ai moins de problème avec les adultes que les gens de mon âge. Ou un peu plus âgés. Je finis par m’installer en face de Sasha avant de la regarder. Je sais ce qu’elle attend. Je sais ce qu’elle veut. Mais j’ai besoin de courage. Et comme j’en ai pas vraiment en stock, je me dois de le choper déjà fabriqué. « Je reviens » rapidement je me relève avant de me diriger vers la table des gars. Je dois avoir l’air ridicule avec mon sweat trop grand, mes cheveux en pagaille et mon regard paumé. Gamine qu’a rien à foutre ici. Pourtant ils m’emmerdent pas. Ils m’emmerdent jamais. Pas eux. « Hey Max. Tu me laisse tirer ? Juste une taff ? J’ai vraiment eu une journée de merde alors tu vois… » Pauvre sourire et le gars qui me tend le joint que je m’empresse de caler entre mes lèvres, aspirant la fumée lentement avant de la recracher, la faisant passer dans mes poumons avec douceur. « Merci c’est cool » Je lui rends le cône en lui adressant un clin d’œil avant de retourner m’asseoir en face de Sasha. «Me fais pas la morale ok ? Je vais t’expliquer alors que j’en ai pas envie, donc, me fais pas la morale » que je murmure doucement avant de m’installer au fond de mon siège, remontant mes genoux contre la poitrine. « C’était ma maison qu’on a cambriolé. Enfin celle de mon père et de ma belle-mère. » je me concentre sur le bois abimé de la table, les inscriptions gravées, les miettes incrustées pour ne pas avoir à affronter le regard de Sasha. « Quand mon père est mort, j’en pouvais plus, Cecilia me faisais vivre un enfer. Alors j’ai fais mes valises et je me suis cassée de là. » Le froid, les larmes, les nuits à dormir sous les ponts avec la faim qui grondait. Je déteste y repenser. Vraiment. « Le reste tu connais, Peter, tout ça. Et voilà. » Version expresse, et pleins de choses omises. Mais bon, c’était pas encore le moment pour en parler. Ni à Sasha, ni à personne d’autre. Pas même à Merle alors que je lui disais beaucoup trop de chose quand il me prenait dans ses bras. Lentement je relève la tête pour la regarder. Je suis sérieuse. Y a pas de Jael barrée, pas de Jael paumée, pas de Jael à gueuler comme un dinosaure de merde. Juste moi, la vraie, celle que je fais terre à coup de composants chimiques pour pas pleurer, pour pas souffrir. Moi et moi seule, en exclusivité.
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MessageSujet: Re: l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael)   l'arme des humiliés, la vengeance (Sashael) EmptyLun 29 Mai - 0:32

Jael et Peter, j’ai jamais vraiment su ce qu’ils étaient l’un pour l’autre, comment ils se voyaient l’un l’autre. S’ils étaient en couple, si elle était sa chose, s’il était son prince charmant. Ça a toujours assez flou pour moi et peut-être que c’est pareil pour d’autres personnes, et Peter ne m’a jamais éclairée à ce sujet. Peut-être parce qu’il ne veut pas que j’en sache plus, peut-être parce que lui-même ne sait pas à quoi leur relation ressemble. En tout cas moi, je le sais. C’est quelque chose d’hyper toxique, de malsain, une relation dans laquelle Jael ne devrait pas être parce qu’elle est toute mignonne, parce que c’est une fille douce, sensible même si elle est un peu secouée intérieurement. Il se sert d’elle, il lui fait des choses qu’elle ne voudrait sûrement pas mais elle n’a pas l’air de s’en rendre compte puisqu’il est toujours là, avec lui, comme s’il était sa kryptonite, sa raison de vivre. « Tant mieux, mais… fais quand même attention à toi. J’ai beau l’apprécier, y a des trucs qui se font pas, une limite à respecter et il l’a dépassée depuis longtemps avec toi, j’ai l’impression. » J’aurais peut-être pas dû en parler, j’ai pas vraiment mon mot à dire à ce sujet mais si je peux aider, donner mon avis, bah je le fais.

Puis puisqu’on parlait de leur relation, on s’est mis à parler de la mienne, de ma dernière relation qui remonte à plusieurs mois maintenant. Lachlan. Je l’aimais, peut-être que lui aussi, on était heureux ensemble… puis il est allé ailleurs, avec une autre fille comme si j’étais insuffisante pour lui, pour le rendre heureux. Il m’a laissée là comme une grosse conne parce que j’étais peut-être trop jeune pour lui, trop libre, trop emmerdeuse… Pourtant, j’étais différente avec lui. Je l’avais laissée me dompter, il me connaissait et me connait aujourd’hui mieux que n’importe qui, il a su lire en moi comme dans un livre ouvert. Ça m’était pas arrivé avec quelqu’un depuis un bail, et il a fallu qu’il y mette fin de la manière la plus stupide possible. J’en ai souffert mais aujourd’hui, je vais mieux. J’ai pas besoin de lui, de n’importe quel homme, garçon pour vivre. J’aime être libre, tranquille et seule même si parfois, j’en souffre. Parce qu’être seule parfois ça fait du bien, mais ça peut aussi te briser en mille morceaux. On fait tous comme si on avait besoin de personne pour vivre, comme si on pouvait s’en sortir seul mais la vérité c’est qu’être seul comme une merde, c’est pas une solution mais juste une souffrance. Je m’en rends peu à peu compte. Repousser les gens, leur faire croire qu’on est pas du genre à se faire des potes, faire la rebelle pour pas qu’on m’approche… je le regrette peu à peu mais j’essaye de changer ces facettes de ma personnalité pour enfin pouvoir être heureuse, épanouie comme n’importe quelle gamine de mon âge devrait l’être. « Bon courage à toi. » J’aurais bien aimé voir Jael lui péter les dents, ça aurait été amusant à regarder. Je ne sais pas ce qu’elle vaut en combat, mais pas grand-chose, je suppose. J’ai jamais levé la main sur lui parce que j’en ai jamais eu la moindre raison, même si aujourd’hui lui casser la gueule ne me dérangerait pas. « Je pense que ça dépend de la personne. Perso, j’suis pas du genre à aller voir ailleurs une fois que j’ai trouvé chaussure à mon pied. Je pense pas être la seule, ‘suffirait que je croise une personne comme moi puis le tour sera joué. » Ouais, mais je pense plus trop à ça en ce moment. J’ai besoin d’amis, de potes, de gens sur lesquels compter et Dieu sait que j’en manque terriblement. Je me rapproche peu à peu d’Otto, de Jael, d’autres lost boys et ça me fait du bien.

J’ai jamais vu Jurassic Park mais ça doit être un bon film. Ça me dit quelque chose. Un film de dinosaures, vieux, sorti dans les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix peut-être ? Peut-être qu’un jour j’aurais l’occasion de le voir. Je penserai à le télécharger. Je regarde pas de films ces derniers temps, je devrais m’y mettre. Je préfère passer mes soirées dehors à m’amuser et à foutre un peu la merde, parce que j’adore ça.

Puis on a dû se casser parce que Jael n’a pas suffisamment étudié son plan (si elle en avait un), la situation avant de me proposer de la rejoindre. Un imprévu, le propriétaire qui rentrait alors qu’on avait pas encore fini de vider la baraque. Je voulais sauter par la fenêtre, trouver un moyen de vite me barrer de là mais non, Jael a trouvé une solution. Elle en avait même déjà une sur elle, cette putain de clé qui lui a permis d’ouvrir cette porte qui nous a mené à l’extérieur. Cette clé, je savais pas où elle l’avait prise, si elle l’avait volée ou si… elle connaissait le proprio. En tout cas, elle me l’avait caché. Il y avait une couille, un truc qu’elle avait omis de me dire et c’était intentionnel, je m’en doutais. Elle me cachait quelque chose, et j’étais sûre de lui faire cracher le morceau. Parce que je déteste qu’on se foute de ma gueule, qu’on joue avec ma vie. Elle m’avait emmenée dans cette maison pour l’aider à la vider, mais peut-être qu’elle se doutait que le propriétaire reviendrait aussi tôt mais qu’elle avait décidé de ne pas me le dire pour que je la suive sans discuter ? Bah non Jael. Ça marche pas comme ça, je marche pas comme ça, moi et tu dois bien t’en douter.

Mes chaussures couraient dans l’herbe trempée, je débarrassais vite mon vélo du cadenas pour enfin me tirer avec Jael, avec la menteuse. Je lui ai demandé si elle allait bien, je me suis un peu énervée, lui crachant une remarque de merde au visage. Je faisais la gueule et je pense que c’est assez justifié… On a pris la route, enfourchant nos vélos pour quitter cette putain de rue qui n’allait pas sortir de ma tête pendant un bon bout de temps maintenant. C’est rare que j’rate des cambriolages, le dernier date d’il y a trois, quatre mois et il a fallu que je sois accompagnée pour rater celui-ci. Et si Jael pensait que j’étais une débile, que je savais pas faire mon job de la bonne façon ? Et si elle allait dire aux garçons, à Peter que j’étais une incapable ? Ces pensées me faisaient limite trembler, me donnaient envie de me planter dans le mur de l’un de ces bars encore ouverts à cette heure tardive. J’aime qu’on ait une belle image de moi, qu’on pense que je suis capable d’un tas de choses. Si elle va dire aux autres que j’ai merdé, j’me sentirai comme une merde. Je voulais pas y penser, pas du tout.

Alors j’ai pédalé le plus vite possible, du mieux que je pouvais, zieutant quand même de temps en temps Jael pour m’assurer de ne pas la perdre. Je ne voulais pas que les flics nous choppent, qu’on nous repère ou qu’on ait le moindre problème à ce sujet durant les prochains jours. Il fallait qu’on se fasse oublier, qu’on se cache. Alors, j’ai directement pensé à cet endroit que je fréquente de temps en temps. Je connais le proprio, c’est un gars bien qui me paye des verres de temps en temps même s’il sait que je suis loin d’être majeure. M’enfin, il sait qu’il n’a rien à craindre. C’est un mauvais coin de la ville, les flics ont limite peur de s’y ramener. Des alcoolos, des gars défoncés au crack… Y en a partout dans les rues, jour et nuit. C’est effrayant mais j’ai réussi à m’y habituer. Je peux pas comprendre que certaines familles y vivent, surtout avec des gamins.

J’ai rangé mon vélo dans un coin puis je suis entrée dans ce bar que je connais très bien avec elle, avec Jael pour directement aller m’installer au fond, dans un coin tranquille où on entendrait pas les verres claquer et où on recevrait pas de fumée dans la gueule. Je pose mon cul sur une chaise puis je sors mon portable pour regarder deux, trois trucs. L’heure, mes derniers messages reçus… rien d’important, mais des choses à vérifier de temps en temps. Et si les autres avaient des problèmes ? Et si on avait besoin de moi ? Ça arrive rarement, très rarement mais c’est quand même des choses importantes auxquelles je dois faire attention. Rangeant mon téléphone dans ma poche, Jael n’était plus assise face à moi quand j’ai relevé la tête, non. Elle était en train d’emprunter une taffe à un drogué à quelques tables de la nôtre. Elle a aspiré, puis recraché la fumée. Jael… ? Cette fille qu’on pourrait penser être l’incarnation de la sagesse mais qui traîne dans des trucs pas trop légaux. J’ai encore du mal à y croire. Jael qui cambriole une baraque, Jael qui fume, qui se drogue… c’est dur, très dur à croire. Peut-être que je ne la connais pas assez.

Puis elle est revenue s’installer à mes côtés, l’heure des explications avait sonné. Je suis restée silencieuse, j’avais juste envie de l’écouter me déblatérer ses conneries.
Puis à chaque mot qu’elle me disait, l’un après l’autre, mes yeux s’ouvraient de plus en plus grand, comme si j’avais vu un meurtre. Je l’ai coupée en pleine phrase. La maison de son père et de sa belle-mère. « DONC TU VEUX DIRE QU’ILS TE CONNAISSENT ? » J’ai haussé le ton, des gens se sont retournés pour me regarder, mais j’m’en bats les couilles. J’ai pas trop calculé, mais j’ai malencontreusement donné un énorme coup de pied à sa chaise, sous la table. « T’es vraiment… putain Jael. Merde. », j’essayais de me calmer, soufflant un bon coup… Putain, qu’est-ce que j’avais envie de lui gueuler dans les oreilles jusqu’à lui faire exploser les tympans. « J’vais t’expliquer parce que t’as pas l’air de comprendre… Tu sais qu’on est jamais, mais genre vraiment jamais censé se faufiler dans la baraque de gens qu’on connaît, hein ? C’est la base. Et si elle sait que c’est toi et qu’elle débarque à l’appart avec les flics, on fait quoi ? » Je la regardais droit dans les yeux avec ce regard que j’ai pas l’habitude de sortir mais qui veut dire tellement de choses. La colère, la déception, l’adrénaline qui monte en moi. Mes joues, mon front, mon visage entier tournait au rouge. Ma peau était en train de chauffer, j’avais chaud. « Pourquoi est-ce que tu me l’as pas dit ? On était à deux, et j’te jure que si j’y étais passée, j’t’aurais tirée avec moi dans la merde, sans pitié. C’est pas un jeu. Quand tu fais un truc avec quelqu’un, tu lui dis tout, la moindre chose. Voler ta famille, sans déconner… », j’ai roulé des yeux, secouant la tête, agacée mais visiblement un peu calmée. « Ta belle-mère t’a fait la misère alors t’as voulu te venger, sans déconner ? Ma mère m’a pourri la vie, j’oserais même pas retourner chez moi parce que si j’l’avais en face de moi, j’ferais plus que lui voler ses affaires. » Je mettrais le feu à la baraque, j'me jetterais sur elle pour lui mettre des coups de pieds dans la gueule... J'lui en ferais voir de toutes les couleurs. Mon poing a tapé sur la table, les souvenirs revenaient. Ce foutu placard qui était devenu mon nouveau chez-moi, les coups, l’oubli, l’absence. Fait chier.

Puis un gars est arrivé, un gars qui bossait là. Un pote. J'ai lancé un rapide regard à Jael, sans lui demander quoi que ce soit... « Ramène quelque chose de fort, un truc qui m'fera oublier toute la merde que j'ai pu faire ce soir. »
Puis il s'est exécuté. En me regardant bizarrement, certes, mais il s'est exécuté, retournant derrière le bar préparer ces verres...
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