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 i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)

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Seven Popescu

Seven Popescu
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MessageSujet: i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)    i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)  EmptyDim 9 Avr - 16:07

Un pas, deux pas, trois pas. Ça tangue plus que sur le pont d'un bateau et Seven aurait pas fait un bon matelot, Seven aurait sûrement fini par s'faire jeter à l'eau. Mais aujourd'hui y a pas d'eau pour l'engloutir, seulement la peine et la haine et tout ce qu'il a trouvé pour les étouffer c'est la came, bien sûr que c'est la came. Un trou dans le bras et les yeux encore explosés, mais ses traits sont apaisés, ses lèvres sont étirées. Un sourire chimique, un sourire trop large pour lui ressembler et ça remonte même pas jusqu'à ses yeux qui restent éteints – mais qu'est-ce qu'on s'en fout, il sourit. Il sourit et pendant un instant ça fait taire la douleur qui lui lancine les tripes, ça lui fait oublier l'étau qui emprisonne son cœur. Il se sent bien, il se sent loin. Derrière lui y a l'angoisse qui s'met à l'étrangler trop souvent ces derniers temps, derrière lui y a la violence qui bouillonne dans le vide parce qu'aujourd'hui il veut pas l'écouter, derrière lui y a la rage qu'il veut fuir une fois, rien qu'une fois. Derrière lui y a ses pulsions, ses peurs, ses frustrations. Derrière lui y a tout ce qui dégoûte et qui fait mal, derrière lui y a cette guerre qui n'a plus de fin. Derrière lui y a Savannah, y a sa mère, son père, y a Anca. Anca et ses larmes, Anca et les mots comme des lames. Derrière lui y a les plaies qui commencent à l'épuiser, l'éreinter. Alors il s'retourne pas Seven, il avance et il sourit devant le soleil qui se lève déjà alors que lui ne s'est toujours pas couché, devant les gens qui s'éveillent et qui sortent et qui entament leur journée – putain mais c'est quelle heure ? Il sait pas. Il s'en fout. Il monte les marches de son immeuble quatre à quatre et y a ce calme dans sa cage thoracique, cet apaisement qu'il a enfin trouvé et même si ça durera pas, il savoure. L'euphorie quelque part au bout des doigts et sous la langue, quand il arrive à sa porte et qu'il prend même la peine d'adresser un bonjour trop plein d'entrain à son voisin. Mais y a tout qui retombe comme un soufflé parce que ses poches sont aussi profondes que l'trou dans sa poitrine qu'il fait semblant d'avoir oublié, mais ses poches sont surtout vides. Il les examine toutes une fois ou quinze – en fait il a arrêté de compter après trois. Y a que dalle, c'est l'vide intersidéral et son sourire se fane un peu, son sourire ressemble enfin à ses yeux. Alors il râle, il grogne, il tente d'ouvrir la porte comme si elle allait miraculeusement se déverrouiller. Il essaie même de l'enfoncer à coups d'épaule, mais tout ce qu'il récolte c'est un futur bleu, tant pis. Ça viendra couvrir les autres, ceux qu'il aime pas, ceux qu'il en a marre de voir dans le miroir. Il fait demi-tour, se concentre sur le sol pour vérifier qu'elles sont pas tombées sur le trajet. Putains d'clés, foutues clés, elles l'emmerdent et il a même pas son portable avec lui. Sûrement que lui aussi il l'a paumé mais c'est moins grave, il aura qu'à en piocher un autre dans ceux qu'il collectionne comme les hématomes. Il arrive au rez-de-chaussée, il passe la porte, il est dans la rue. Ses clés restent introuvables. Il est contrarié. Il voulait s'coucher, ou peut-être qu'il l'aurait pas fait, peut-être même qu'il serait ressorti cinq minutes après être entré. Mais il s'est mis en tête de retourner chez lui et il en démordra pas – il fera céder cette porte à la con, qu'elle coopère ou non. Il s'met à scanner les alentours, il remonte la rue dans un sens puis dans l'autre et on dirait qu'il sait pas où il va. Il regarde les gens qu'il croise, il regarde en l'air, il regarde par terre, on sait pas ce qu'il fout et peut-être que lui non plus, finalement.

Il sait quand il s'met à fouiner du côté des poubelles, comme un clochard ou un clébard. Y a beaucoup de trucs inutiles et il prend même le temps de songer que quand même, les humains sont de sacrés déchets. Ou c'est juste qu'ils en jettent beaucoup. Il sait plus, un truc du genre. Ça s'mélange mais peu importe : il a trouvé son bonheur. Y a un vieux tuyau rouillé qui traîne là, trop grand et trop lourd, mais il trouve ça parfait. Il s'dit qu'il aura qu'à le cogner sur les gonds ou la poignée jusqu'à ce que quelque chose cède et que ça tombe à ses pieds. Ça lui résistera pas, il s'le promet et ça ressemble plus à un défi personnel qu'autre chose, comme s'il avait soudain quelque chose à prouver. En fait c'est l'cas, il a toujours quelque chose à prouver, tout le temps, à tout le monde. Surtout à lui-même. Et il s'met en marche avec son tuyau sous le bras, c'est ridicule. Il marche pas très droit, parce que c'est lourd et qu'il équilibre mal le poids. Il manque d'assommer trois personnes et de rayer sept voitures – à se demander s'il arrivera à destination entier ou s'il va s'empaler tout seul sur le chemin. Son sourire a retrouvé sa place mais soudain il s'élargit, soudain il devient tellement grand qu'il déborde presque de ses joues. La silhouette à quelques mètres de lui, il la connaît. Sa gorge aussi – la cicatrice est encore là pour le prouver. « SALUT PRINCESSE. » Il s'rend pas compte qu'il crie et ça sert à rien, il l'a déjà rejoint, le v'là qui se poste à ses côtés avec toute l'arrogance du monde au fond des yeux. Parce qu'il se sent puissant avec Toots, même si c'est lui qui a récolté une cicatrice indélébile. Il se sent puissant parce qu'il sait son secret, parce qu'il peut le faire chanter, parce que ça fait courir ce truc électrique dans ses veines et il a enfin l'impression de contrôler quelque chose. Et ce truc mélangé à la drogue qui pollue encore son organisme, ça l'excite deux fois plus. « T'aurais pu mettre une jupe pour une fois, j't'assure tu serais hyper mignonne. » Bien sûr il se fout de lui, bien sûr il se sert de ce qu'il sait à outrance, bien sûr c'est dégueulasse. Mais ça l'amuse de croire qu'il a le dessus grâce à tout ça, moi j'suis un homme toi t'es un faux et toutes ces conneries qu'il aime lui balancer dans les dents pour voir ce que ça fait. Pour éveiller sa haine ou sa colère, pour voir l'effet que ça peut avoir. Rien que des mots, bien plus tranchants que des couteaux. « Eh puisque t'es là, tu vas t'rendre utile. » Il pose son tuyau à la verticale sur le trottoir, le tenant droit comme un piquet à ses côtés. « Tu sais crocheter une serrure, pas vrai ? Cool. Tu vas venir ouvrir ma porte. » Il le laisse pas répondre à la question, il cherche même pas à savoir ce qu'il peut bien avoir à dire. Il a décidé que Toots l'aiderait alors Toots va l'aider, c'est comme ça, il lui laisse pas le choix. Le sourire toujours aussi large et peu naturel, la moquerie qui vient éclairer son regard trop terne. Il se rapproche de lui bien plus que nécessaire, le tuyau qui menace dangereusement de lui échapper et de s'écrouler. « Allez fais pas ta pute. » Et il affiche cet insupportable air satisfait quand sa main libre attrape le visage de Toots, l'emprisonnant fermement. « Même si on sait tous les deux qu't'aimerais être la mienne. » Il a la sensation de dominer, et il s'en délecte sans même chercher à le cacher. Le sourire d'un sale gosse trop fier de lui, et l'attitude de celui qui marche en terrain conquis.
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MessageSujet: Re: i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)    i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)  EmptyDim 16 Avr - 14:52

Il a les yeux dans le vide, Toots, les yeux dans le vague, les yeux dans le loin. Il est à mille kilomètres ou à cinq, trop loin ou trop près, parce que l’ombre danse sur le mur et qu’il se demande de quel monde elle vient, de quel monde il vient. Alien, a craché sa mère, monstre, a murmuré son père, pécheur, sermonne le prêtre, celui qui hante ses songes, celui qui le fixait avec la dureté au fond des yeux, celui qui a fait de lui ce qu’il est, un animal, une bête enragée, qui lui a enseigné plus que tout autre de quoi il était capable lorsqu’il était acculé, parce que s’il ne doit retenir qu’une leçon, il se souviendra de celle-là, toujours en mouvement, toujours à l’affût, un couteau au bout de la langue plutôt qu’au creux du ventre, invincible, indestructible, insubmersible. Princesse, l’appelle une autre voix, lorsqu’il sort de la benne en titubant. Merle grince des dents. Il connaît la voix comme on apprivoise un cauchemar, connaît la voix parce qu’elle appartient à un cauchemar, tiré du creux de la nuit alors qu’il cherchait un peu de chaleur, tiré des tréfonds d’un bar trop sombre pour y être reconnu, tiré d’une bagarre qui s’est scellé par son secret éclaté aux yeux de tous et par une balafre qu’il a laissé tout contre la gorge de l’assaillant. Il connaît la voix parce qu’il connaît le visage de celui qui le rejoint, parce qu’il l’a vu de trop près et qu’il a tordu son ventre d’envie, parce qu’il a quelque chose sur lui qui lui permet de le faire chanter, qui lui permet de l’entraîner, qui lui permet de ne pas le laisser en paix, parce qu’il est au pouvoir et qu’il est comme tout ceux qui contrôlent : abusif, ivre, fou, malade, parce que les yeux fous et les pupilles dilatées, il tient de cet empereur romain qu’il a vu dans les livres de Lenny, parce que les mains posées sur lui, ses doigts contre sa mâchoire, Merle se demande s’il n’a pas envie de lui un peu aussi.

C’est peut-être du masochisme. C’est sans doute du masochisme. Parce que Seven est une bombe nucléaire, parce que Seven hurle danger, parce que Seven hurle problème, parce que Seven doit vouloir dire couteau dans une langue étrangère, placard dans une autre, connard, dans des centaines d’autres, parce que Seven est un enculé et que ce n’est même pas de son fait, parce que Seven lui donne envie de mordre et de griffer et de ruer, et cogner, parce qu’il fait bouillir ce qu’il a de pire au creux du bide et que ça le rend fou, et que ça le rend malade, parce qu’il a trop l’habitude d’être enragé pour se mettre à déconner maintenant, parce qu’il a trop l’habitude de hurler pour se briser la voix à présent. Il se dégage des doigts de Seven, sans un battement de cil, se rapproche plus près, de lui-même, envahit son espace de lui-même, le nez presque contre le sien et les bouches bien trop près, parce qu’il chuchote, parce qu’il y a un secret, un autre, et qu’il le sait, parce que Seven est fou mais que Merle ne vaut pas mieux, parce qu’il a toujours aimé jouer avec le feu.

« Peut-être que j’kifferais être ta pute. » ronronne-t-il et il ment comme il respire parce qu’il a un incendie au fond du regard et le défi dans les iris, parce que le terme pute lui hérisse le dos, parce qu’il l’a été, prostitué, et que ça a été horrible, qu’il en porte encore les stigmates, qu’il en supporte encore les séquelles. « Mais tu t’branleras toute ta vie en imaginant ma bouche autour de ta queue. »

Il pousse son épaule, tourne les talons, un pas, deux, tourne la tête pour jeter un regard par-dessus son épaule, parce qu’il va crocheter la serrure pour lui, parce qu’ils le savent tous les deux, parce qu’il n’a pas de raisons de dire non, pas d’intérêt à dire non, parce que les doigts de Merle sont aussi habiles que sa langue et que le regard traînant qu’il laisse glisser sur Seven n’a d’autres utilités que de le mettre mal à l’aise, parce que des gens les regardent, parce que des gens les écoutent peut-être, parce qu’il y a peut-être des gens qui les connaissent, parce qu’il y a peut-être des gens qui comprennent, déchiffrent, détaillent, la façon dont ils se tiennent, la façon dont ils interagissent.

« Il est où, ton appart’ ? » lâche Merle et il sort une clope de sa poche, en balance une à Seven dans l’espoir qu’il la boucle ensuite et pour se donner une illusion de stabilité, une illusion de pouvoir, une illusion de contrôle sur la situation qui lui échappe complètement et qui lui donne envie de péter les plombs, qui file complètement entre ses doigts et qui lui donne envie d’exploser son poing contre un mur. « J’ai pas qu’ça à foutre. » ajoute-t-il, en prenant la direction de laquelle il avait l’air de venir lorsqu’ils se sont tombés dessus. Il sait qu’il le provoque, il sait que ça va mal se passer, il sait que ça a fini dans le sang, la dernière fois, parce qu’il est de ceux qui sortent un couteau à un match de boxe, parce que son adversaire n’était pas prêt, pas attentif, pas aux aguets. Il n’est pas certain que Seven soit plus attentif, aujourd’hui, mais il sait et Merle sait qu’il n’aura pas l’avantage de la surprise cette fois-là.
Patiemment, il tire une latte sur sa clope, crache la fumée, darde ses yeux sur la silhouette de l’enfoiré.
Il se demande quand la grenade va exploser.
Il se demande quelle bombe va imploser.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)    i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)  EmptyJeu 20 Avr - 21:32

Ses doigts sur les mâchoires de Toots et puis ses doigts dans le vide – il comprend trop tard que sa proie s'est défaite de son emprise sans le moindre effort. Il l'a à peine senti, des fourmis partout dans la main et des étincelles quelque part au creux des tripes. S'il s'en rend compte, c'est simplement parce que l'autre est soudainement près, beaucoup trop près. Son souffle qui se heurte au sien et Seven fronce les sourcils mais il bouge pas, statue de cire en train d'fondre au soleil. Sa bouche s'entrouvre, son regard cherche à faire le point sans y arriver. Il voit flou, il voit rien. Rien d'autre que Toots, qui crame presque plus fort que le brasier dans ses veines. Ils sont tellement proches qu'il ose à peine respirer. « Peut-être que j’kifferais être ta pute. » Il a envie de dire j'le savais mais sa langue veut pas obéir, il n'reste que l'acidité qui sature son souffle, celui de Toots qu'il aspire malgré lui et qui lui brûle la langue. « Recule. » Ça sonne comme un ordre mais bien sûr l'autre n'obéit pas, bien sûr il préfère empoisonner tout son oxygène. « Mais tu t’branleras toute ta vie en imaginant ma bouche autour de ta queue. » C'est aussi efficace qu'un coup entre les côtes, parce qu'il s'voyait déjà roi du monde ou juste maître de la carcasse qui lui fait face – carcasse qui lui échappe pourtant. Ça cogne dans son épaule, ça s'éloigne, et quand l'affront a fini de résonner en boucle dans sa boîte crânienne, il serre les poings. Il fait volte-face trop vite, trop fort, ça tangue un peu et il se raccroche à son foutu tuyau, toujours dressé contre le goudron. Il a envie d'balancer ses phalanges comme un boulet de canon sur son visage, mais Toots est trop loin. Toots le regarde et y a quelque chose en Seven qui chauffe – la rage ou autre chose il sait pas, il veut pas savoir. Il a l'impression que des mains invisibles accompagnent les yeux qui glissent sur lui et ça l'insupporte. Pas là, pas comme ça, pas en pleine rue. Il se sent sale, souillé par une vulgaire œillade trop appuyée. « ARRÊTE DE M'REGARDER COMME ÇA PUTAIN. » Il gueule et ça n'fait qu'attirer l'attention des passants sur eux, interloqués, curieux. Il a envie de tous les dégommer, il fusille Toots du regard et pourtant c'est lui qui a mal, c'est lui qui flambe sur la place publique. « Il est où, ton appart’ ? » Pas assez réactif, les gestes désordonnés, il loupe la clope qui lui est balancée. Elle s'étale mollement à ses pieds, un peu comme son ego. Ça le vexe tellement qu'il l'écrase d'un geste rageux, prenant bien le soin de fixer Toots comme s'il espérait le réduire en bouillie, lui aussi. « J’ai pas qu’ça à foutre. » Il a envie d'lui sauter à la gorge et de lui faire regretter ses provocations à la con, il a envie de le ruer de coups jusqu'à imprimer la trace de ses doigts dans sa peau à tout jamais, il a envie d'sentir sa chaleur contre lui pour la lui retirer, pour tout lui voler, tout lui arracher jusqu'à le voir supplier. Il a envie d'lui rappeler qui a le dessus et pourtant la ligne est floue – il a le chantage et ça lui suffit pour bluffer, mais Toots aussi a les moyens de faire un carnage. Il a envie de beaucoup d'choses mais comme souvent il ne fait rien, il serre les dents et puis les poings. Ses doigts tremblent, on dirait une bombe prête à exploser. Et brusquement, dans un accès de rage, il soulève le tuyau et le balance dans la direction de l'autre. C'est soudain, c'est violent, il le manque de très peu et il choisit de laisser planer le doute sur la volonté de cet échec. Il dit rien. Le fracas du métal qui épouse le goudron remplit toute l'atmosphère entre eux et toujours sans un mot, il s'met en marche jusqu'à le dépasser sans un regard. Il s'dit qu'il comprendra. Qu'il suivra, parce qu'il sait pertinemment qu'il n'a pas le choix.

Quelques mètres avalés par ses enjambées rageuses, et il s'engouffre dans le hall de son immeuble. C'est vieux, c'est sombre, c'est froid. Il reste planté là quelques secondes, le temps que Toots le rejoigne. Dès qu'il voit sa silhouette se découper entre les ombres, il plonge, profitant de l'effet de surprise. Ses mains qui agrippent son t-shirt, ses bras qui le propulsent contre le mur le plus proche. Le hall est désespérément vide et y a tellement peu de lumière qu'ils se fondent presque dans la pénombre – c'est tant mieux. « J'crois qu't'as oublié à qui tu parlais. » Il fait barrière avec son corps en espérant garder Toots coincé contre le béton, ses phalanges froissant le col avec tellement de hargne qu'on dirait qu'le tissu va se déchirer sous sa poigne. « Refais-moi un plan comme ça en pleine rue, et j'te promets qu'tu pourras plus ouvrir ta sale bouche de suceuse. » Pourtant il fait pas beaucoup mieux, Seven. Son regard meurtrier plongé dans le sien, et son visage trop proche, assez pour que l'oxygène flambe entre eux une nouvelle fois. « T'façon on sait très bien lequel de nous deux s'branle en pensant à l'autre. C'est toi qui voulait tellement t'faire baiser. C'est toi la p'tite traînée. » Quelque part derrière ses pupilles dilatées, on perçoit la lueur de défi. Et il baisse la voix, descendant dans les graves, mi-assassin mi-aguicheur. « T'as encore les couilles à l'envers parce que j'ai pas voulu t'toucher. » Ses lèvres se tordent dans un angle aussi insolent que méprisant, une pointe de dégoût au fond d'ses yeux. « Enfin quand j'dis couilles à l'envers.. façon d'parler, hm ? C'est pas comme si t'en avais. » Et il ricane. Il ricane pour lui montrer à quel point il le trouve minable, à quel point il le trouve indigne de toute forme de respect. Il ricane parce que malgré son état qui risque de lui jouer des tours, il croit encore qu'il a gagné.
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MessageSujet: Re: i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)    i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)  EmptyLun 8 Mai - 19:57

C’est l’adrénaline qui fredonne sous sa peau comme une mélodie étrange. Il sait qu’il joue avec le feu, Merle, parce qu’il est pas assez inconscient pour ne pas le voir. Il sait qu’il joue avec le feu, quand il pousse, quand il tire, quand il ouvre la bouche et qu’il provoque. Il sait qu’il joue avec le feu, évidemment qu’il sait, parce que la rumeur gronde sous sa peau, parce que le fredonnement cavale, parce que ça glisse dans son sang et que ça fait vibrer tous ses muscles, parce que Seven a toujours été un flingue et que les mots appuient sur sa gâchette, parce qu’il a vu la clope écrasée et la barre jetée, les quelques centimètres qui la séparait de sa tête. Un jour, il va exploser. Un jour, tout va exploser, un jour tout va péter et peut-être que Toots s’en fout ou peut-être qu’il attend ça, pour regarder la terre trembler et les murs s’effondrer, pour observer le sol s’effriter. Il a une passion pour les catastrophes, Merle, une fascination pour les atrocités, il avait les yeux fixées sur la télé déjà, à quatre ans, quand les avions ont foncé dans les tours, les yeux rivés sur la télé, toutes les années d’après alors que les tours s’effondraient, alors que les gens sautaient, alors que tout finissait au sol sans possibilité d’être réparé. Il réparera pas le monde, Merle, parce qu’il est trop instable, parce qu’il est le doigt qui presse le bouton, le déclencheur, parce qu’il se précipite dans la laideur avec une voracité qui ne s’explique pas. Lorsqu’il suit Seven, il sait à quoi s’attendre, il attend le coup qui ne vient pas, se laisse plaquer contre le mur en silence, les yeux rivés dans les siens, un laser à la place des iris, un sourire suffisant sur la bouche. Il a mal, bien sûr, parce que son dos a heurté sèchement le bâton, parce que les mains de l’autre sont trop près de sa gorge, il a mal et ça lui fait du bien, parce que ça le sort de sa torpeur, parce que ça le pousse à bouger, parce qu’il est incapable de ne pas réagir, infoutu de se défiler. C’est peut-être pour ça qu’il sourit de plus belle, pour ça et pour le faire chier, parce qu’il est comme ces animaux qui montrent les dents pour prévenir, pour avertir et qu’il sait que son message finira par arriver.

« Je sais très bien c’que t’es, Seven. » Et la phrase est polymorphe et changeante, un caméléon fait de mot. Je sais très ce que t’es, Seven, lui jette-t-il à la gueule avec négligence et c’est un melting-pot qui dit, je sais que t’aimes les hommes et je sais que t’es trop dans le placard pour affronter quoi que ce soit, je sais que t’es un danger public et que t’es un tremblement de terre, je sais que t’as une cicatrice contre la gorge qui pourra jamais te lâcher, je sais qui t’es et tu te trompes, putain, tu te trompes tellement que ça devrait pas être permis, tu te trompes tellement que je peux pas te rattraper. Il est vicieux, Merle, quand il feint d’être blessé, une fraction de seconde, parce que Seven parle de son manque de couilles et qu’il se rend pas compte que ça lui passe au-dessus parce qu’il a entendu pire, bien pire, de gens auxquels il tenait et pas d’illustre inconnu frustré, parce que ça a pas de sens, parce qu’il creuse sa propre tombe et que Merle est décidé à le pousser dedans. Il n’a pas de pitié, pas envie d’avoir de la compassion, pas envie de retenir le geste quand les mots caracolent hors de sa bouche, quand ses lèvres s’étirent un peu plus et que ses yeux s’allument d’une joie malsaine. « Si mon manque de couilles t’inquiète tant qu’ça, tu penches p’t-être encore moins pour les meufs que ce que je pensais. » Il bat des cils, une fois, deux, profite de la proximité pour se coller contre lui, parce qu’il sait que ça lui fait péter les plombs, parce qu’il a envie de voir, d’expérimenter, de pousser encore un peu encore, parce que c’est trop simple, trop facile, parce qu’il sait que s’il le fait pas c’est lui qui finira par perdre pied et qu’il peut pas l’autoriser. « Si j’te refais ça dans ton appart’, ça te va, alors ? » Et il a les lèvres presque contre son oreille avant de se laisser retomber contre le mur, un fou rire quelque part dans le bide parce que la situation est insensée, parce que Popescu est un malade, parce que tout le monde est fou et qu’il vaut pas mieux, lui aussi, que ça fait des années qu’on aurait dû l’interner, le boucler, l’enfermer, plus jamais le libérer, parce qu’il mérite que ça, parce qu’il mérite pas mieux.

« Dégage, Popescu. » qu’il lui balance et il le pousse, le repousse, parce qu’il en a rien à carrer, de ce mec et de ses pupilles dilatées, de ce type et de son envie de le niquer. « Elle est où ta porte, que j’me casse vite, ça évitera à tes voisins de commérer sur toi. » Il parcourt le hall des yeux et ricane. « Enfin doit déjà y avoir des sales rumeurs sur toi, non ? »

La vérité, c’est qu’il est amer, peut-être vexé, parce qu’il y a le dégoût dans les yeux de Seven et qu’il a trop envie de le sauter pour que son ego n’en prenne pas un coup, parce qu’il y a le mépris dans sa bouche et que forcément, son amour propre en prend un coup. C’est pas qu’il se trouve beau, Merle, c’est pas le cas, il se regarde pas assez dans une glace pour ça, c’est juste qu’il a la libido qui fait des bonds et qu’ils sont passés trop près de se sauter pour qu’il parvienne parfaitement à l’oublier.

« Tu me tannes déjà. » soupire-t-il, pour ramener la conversation sur des terrains moins glissants, l'inviter à se grouiller. « J’ai un client qui m’attend. »

Et c’est un mensonge, mais il l’admettra pas.
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Seven Popescu

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MessageSujet: Re: i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)    i'm so ugly but that's okay 'cause so are you (severle)  EmptyDim 21 Mai - 12:22

« Je sais très bien c’que t’es, Seven. » Y a les sous-entendus qui pèsent et si Seven n'en comprend que la moitié c'est déjà assez, c'est déjà trop, ça suffit à l'incendier. Encore et encore parce qu'il faut croire que Toots est pyromane ou kamikaze, peut-être simplement con, peut-être tout ça à la fois. « Ta gueule. » Ça siffle comme une balle perdue et il aimerait qu'elle atterrisse entre ses yeux pour n'plus avoir à les affronter, pour plus sentir cette lueur tordue qui tangue et qui se vrille sur lui, à lui retourner les tripes, le cœur, la tête. Il veut juste qu'il la ferme, qu'il obéisse, qu'il arrête de parler parce qu'il est trop fort à tout ça. Il sait où viser Toots et c'est pas normal, il peut pas, Seven lui a jamais donné le droit. Mais il a pas besoin d'ça – le droit il le prend tout seul comme il prend tout le reste, ce sale voleur de merde. « Si mon manque de couilles t’inquiète tant qu’ça, tu penches p’t-être encore moins pour les meufs que ce que je pensais. » Ça brûle ça flambe ça bouillonne putain il va exploser, putain il va le tuer. Y a ses mains figées sur le col, ses yeux mitraillettes, et ses muscles qui se raidissent tous en même temps quand il sent la proximité de Toots, quand y a ses lèvres trop proches de son oreille et le souffle qui lui crame la peau. « Si j’te refais ça dans ton appart’, ça te va, alors ? » Déflagration. Sa main qui trouve son cou aussi rapidement que maladroitement, les doigts qui serrent un peu de travers, et au final on dirait presque qu'il s'agrippe à lui. « Fais pas ton malin avec moi. Ton manque de couilles il peut vite s'faire connaître dans tout Savannah et ça serait con hein, tu feras comment quand tout l'monde saura qu't'es un monstre ? » Le dégoût s'mêle à la rage et ça fait un cocktail trop sombre dans ses yeux, pourtant y a ni arrogance ni insolence cette fois, pas de sourire méprisant, pas de petit air satisfait. Parce que Toots a visé juste en premier et maintenant Seven veut juste faire diversion, s'orienter sur les faiblesses de l'autre pour oublier les siennes, ramener l'ordre des choses – lui en maître chanteur et Toots sa proie, pas l'inverse. Il peut pas le laisser gagner. « Alors maintenant tu vas m'écouter, p'tite pute. Tu m'refais ça nulle part, tu me mates pas, tu me touches pas. La prochaine fois j'te défonce. » Et il serre un peu plus fort sur sa gorge mais ses doigts glissent, ses doigts n'obéissent qu'à moitié et ses pupilles sont trop dilatées, il a les veines trop saturées. « Dégage, Popescu. » Il a même pas le temps de réagir quand Toots le pousse et il titube un peu en arrière, le lâchant un peu malgré lui, l'observant se défaire de son emprise sans le moindre mal. « Elle est où ta porte, que j’me casse vite, ça évitera à tes voisins de commérer sur toi. Enfin doit déjà y avoir des sales rumeurs sur toi, non ? » Bien sûr qu'y en a des rumeurs à la con, ici et même ailleurs, dans tout Savannah. Surtout ces derniers temps, surtout avec tout c'qui se passe. Mais c'est rien, elles sont gérables, tout l'monde s'en fout et personne n'y croit vraiment, c'est juste pour faire chier, c'est jamais la vérité. « Pas pires que celles que j'peux créer sur toi. » Un air de défi dans l'regard et la menace qui plane, c'est juste un bras de fer où personne peut gagner parce qu'ils lâchent rien que ce soit l'un ou l'autre, c'est un foutu combat de chiens enragés, à se battre dans le vide parce qu'y a rien, pas même un os à ronger. Et encore une fois Seven le double, prenant soin de lui filer un coup d'épaule au passage, s'mettant à monter les escaliers pour ouvrir la marche. « Tu me tannes déjà. J’ai un client qui m’attend. » Y a un espèce de rire qui lui échappe, quelque part entre le mépris et l'amusement. « Hm, ça y est t'as décidé d'vendre ton cul ? Y a vraiment des gens qui paient pour ça ? » Et bien sûr il sait que non, il sait que c'est pas ce genre de clients mais il s'en fout, c'est juste pour continuer de provoquer, pas un instant de répit parce qu'avec Toots c'est une lutte à chaque seconde. Il monte les marches quatre à quatre et peut-être qu'il manque de se casser la gueule une fois ou trois, jusqu'à ce qu'ils arrivent à son étage. Il pointe sa porte du doigt, s'écartant pour laisser passer l'autre devant cette fois. Il s'permet de le bousculer pour le faire avancer plus vite. « Bouge j'ai pas qu'ça à foutre. » Pourtant si, tout ce qu'il veut c'est aller s'étaler sur son lit, y a rien qui presse vraiment. Mais la présence de Toots le chauffe à blanc et il veut s'en débarrasser au plus vite, p't'être qu'il commence à regretter de l'avoir abordé, p't'être qu'il aurait pas dû, pas quand il est dans cet état, le poison dans les veines et un truc qui déraille dans son système. « T'sais, j'trouve que ça t'va bien. D'faire le p'tit chien, j'veux dire. » Il ricane, s'appuyant contre le mur à côté de la porte, observant Toots pour vérifier qu'il se met bien au travail. « Tu kiffes être une soumise ? » C'est ironique venant d'lui et c'est même pas fondé – pas vraiment. Toots se plie à ses exigences mais Toots ne courbe pas l'échine, il sort les crocs et les griffes trop souvent, il lui laisse le dessus juste un peu, juste assez, mais jamais pour de vrai. L'illusion de contrôler et dans l'fond il sait bien qu'ils sont à égalité, qu'il n'a le pouvoir que parce que Toots tient à garder son secret. Peut-être qu'à force d'en jouer, ça finira par se payer. Peut-être que la prochaine fois, il récoltera pire que la foutue cicatrice qui orne son cou. Peut-être aussi qu'il s'en fout.
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