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 jeux d'enfants (artael)

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Jael Feliciano

Jael Feliciano
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MessageSujet: jeux d'enfants (artael)   jeux d'enfants (artael) EmptyLun 31 Juil - 0:07

C’est les fins de soirées comme j’les déteste, celles qui s’envolent pour s’aplatir sur le sol comme un avion en papier mal calibré. C’est la rage dans le cœur et les larmes au corps, c’est la tristesse mélangée à la rancœur. C’est les lèvres de Peadar sur les miennes, c’est la chaleur et le froid, c’est un peu tout à la fois et le reste qui s’emballe. Y a les mots durs qui heurtent mes os, son regard qui me poursuit alors que ça fait bien plusieurs minutes que j’ai creusé le vide entre lui et moi sans qu’il ne me rattrape. Arthur. J’ai besoin. Des jeux d’avants, des sourires d’enfants, de m’enfermer dans notre bulle. Arthur. C’est évident, obligé, et mes pas qui connaissent le chemin presque par cœur alors que j’ai les yeux fermés. Je sais qu’il jugera pas. Il juge jamais Arthur. Je sais aussi qu’il me repoussera pas. Je sais qu’il fera marcher sa magie, qu’il passera ses doigts sur mes plaies et que ça se refermera. Je sais que je rigolerais, qu’il me prendra dans ses bras et que tout sera plus beau, bien mieux, moins sérieux.
Je hais le sérieux.

Arrivée en bas de l’immeuble j’ai les doigts qui pianotent sur le téléphone, réponse au sms reçut plus tôt dans la journée. Il veut savoir si tout va bien, depuis la dernière fois, depuis que j’ai déboulée dans l’appart le visage explosé et l’esprit fracassé. C’était après Asher mais surtout après Seven. C’était après la violence de ses mains, de ses doigts, de ses mots. Il avait fait de son mieux Arthur, pour me rafistoler, poser de la glace sur mon cœur cabossé pour faire dégonfler les ecchymoses. Répond répond répond. Ce soir c’est un peu pareil, sauf que les cicatrices sont invisibles, que y a pas de sang si ce n’est celui qui bat trop vite dans mes veines, qui fonce à une vitesse hallucinante. J’ai rien pris pourtant. Rien du tout. Ou presque. Il s’en est assuré Peadar, égoïste, hypocrite. C’est pas moi c’est l’ecsta, piètre excuse ridicule pour ses gestes.
La porte qui s’ouvre et moi qui m’engouffre, grimpe les étages jusqu’au 2eme, toque à la porte le souffle court. Jdois avoir l’air ridicule avec mes trainées de paillettes sur les joues, les cheveux dans tous les sens et le rouge de mes lèvre effacé. Tant pis. Il a vu pire, il a vu mieux. Et quand la porte de l’appartement s’ouvre, je me jette dans les bras de la première personne, sans même vérifier que c’est bien Arthur.
« SURPRISE » un visage de gamin, le sourire de farfadet et une odeur que je reconnaitrais par cœur. J’enfouie ma tête dans le creux de son cou, serre fort contre moi Arthur comme si c’était vital et surement que ça l’est quelque part. « Ils sont couchés les autres ? » que je finis par demander en m’écartant un peu de lui, pour le laisser respirer. Sans doute pas qu’ils sont couchés, c’est le festivala près tout, Rhoan qui doit jouer, Nur qui doit danser, sauf peut être Bo qui doit prier. « Jpeux te piquer à manger Titi ? » que je reprends un peu plus timide, la voix qui se brise sur la fin, persuadée que si je bourre mon estomac surement que j’aurais moins envie de chialer. Qui sait. Si seulement.
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Arthur Teague

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MessageSujet: Re: jeux d'enfants (artael)   jeux d'enfants (artael) EmptyMer 9 Aoû - 15:11

Je suis nul pour ce genre de truc. Nul pour trouver les mots. Et quand Jael a débarqué chez nous, tard le soir, avec des traînées de sang sur le visage, sur son petit corps d'enfant, j'ai pas su quoi dire. J'ai bloqué, complètement. Je savais pas quoi dire, du coup j'ai pansé ses plaies sans un mot. Je pouvais pas la regarder. Ça faisait mal de la regarder. Comment quelqu'un avait pu lui faire ça ? Comment on pouvait s'en prendre à Jael ? C'est la personnification de l'enfance, de la joie, du sourire, de la poussière de fée. J'le sais, on s'est marié en colo.

J'y ai pas tellement réfléchi, après ça. Parce que c'est dans ma nature de ne pas penser à tout ce qui est potentiellement trop dur à encaisser. Je lui ai dis de revenir dans quelques jours, semaines, histoire de vérifier que tout va bien. En soit, ce n'était pas si grave, de gros bleus, voilà tout. Mais j'voulais la revoir. J'voulais m'assurer que tout allait bien, qu'il n'y avait pas de nouvelles marques. J'ai pas eu les couilles de dire quoi que ce soit, quand je l'ai vu débarquée, en sanglots, j'ai pas pu lui demander. Maintenant je peux. Alors j'ai envoyé un message, je lui ai rappelé qu'elle avait rendez-vous avec le docteur. Aussi parce que ça m'amuse de me faire passer pour un doc. J'ai pas eu de réponse, et je me suis sentie tellement mal que j'ai finis tous les granolas de Felix. La faute à mes colocs aussi, ils sont tous de sorties en ce moment. Tous occupés à quelque chose, et moi je suis tout seul dans ce grand appartement. Normalement, faut chérir ce genre de moment, ce n'est pas tous les jours qu'on s'entend respirer dans cet appartement. Le truc c'est que quand je suis tout seul, je le vis rarement bien. Et c'est tellement silencieux que c'est impossible pour moi de me concentrer sur mes cours. Je laisse donc les bouquins de médecine ouvert sur la table basse et me bouge jusqu'à la cuisine, je camoufle mon crime (le vol de granola) et je cherche activement de quoi m'occuper. Rien, nada.

Je pourrais relancer Jael, mais, comme un petit chat, j'ai peur qu'elle s'enfuit si je lui envoie trop de messages. Je pourrais appeler Fanny, mais y a son frangin chez elle, et lui, je peux pas le blairer. Je soupire un grand coup.

Je suis en concentration la plus intense pour réussir à faire un rond avec la fumée de ma mentholée quand mon portable vibre bruyamment sur la table basse. Je sursaute et m'étouffe avec ma cigarette. Je saute sur mes pieds et attrape mon portable. Jael. Elle est là finalement. Un sourire tendre fend mon visage, et j'attrape mon sweatshirt tout en m'avançant vers l'interphone pour lui ouvrir. Je l’attend près de la porte et à peine ai-je le temps de l’ouvrir qu’elle s’agrippe à moi comme un koala. SURPRISE qu’elle me crit dans les oreilles. Je souris. Elle me donne toujours envie de sourire Jael. Même avec ses paillettes plein la tête qui s’accroche à mon sweatshirt. Du coup, quand elle se recule, je prend deux secondes pour la regarder, sourire niais sur le visage et puis, j’épouste mon haut. Allez, faut dire un truc. Un truc sérieux. Comment ça va depuis la dernière fois ? Faut qu’on parle. C’est sérieux. Tu vas bien ? Ce genre de truc, sans sourire, sans rien. Ils sont couchés les autres ? Je pousse un gros soupire d’enfant. Nooaaan, ils ont tous des trucs de prévus, je suis tout seul. Vraiment tous des lâcheurs ! Voilà, j’me plains. Au lieu de dire quelque chose de constructif, j’me plains.

Jpeux te piquer à manger Titi ? J’ai pas aimé le ton de sa voix, et cette façon qu’elle avait de s’éclater sur la fin. J’aime pas non plus le reflet salé dans le coin de ses yeux, comme si elle allait s’effondrer à tout moment. Dis quelque chose, serre-la un peu plus fort contre toi. Mais rien, nada, je la regarde une minute, la gorge serrée. Je crois que je me suis même arrêté de respirer pendant quelques secondes. Du coup, tout en prenant une grande bouffée d’oxygène, je lâche : Ouais, ouais ! Bien sûr. Et je file à la cuisine en espérant qu’elle me suivra.

Une fois sur place, j’ouvre le frigo et bloque devant. On a des pâtes. Avec de la sauce tomate. Ca te va ? Je me tourne vers elle, l’assiette de Zoé entre les mains. Sans trop attendre sa réponse (parce que de toute façon, on a rien d’autre) je met l’assiette au micro-onde et lui sort des couverts propres (plus ou moins) et les installe sur le bar qui sépare la cuisine du salon et l’invite à s’asseoir sur le tabouret, en face. Je poireaute devant le micro-onde en silence. J’aime pas ça. Pas du tout. Jael et moi, c’est toujours des effusions de joies qui dégouline de petites attentions. Des câlins, des peluches, des fous rires. Jael c’est une dose d’endorphine, ma dose d’endorphine. Le bip du micro-onde me ramène à la réalité et je lui pose l’assiette devant elle. J’dois avouer que les granola m’ont calé. Je m’acoude sur le bar, face à elle et la regarde. Sourire timide quand elle prend la première bouchée. Ça a bien cicatrisé. Allez que je plonge dans le grand bain sans prendre la température avant, bien joué. Si vous voulez tout savoir, l’eau est froide. Elle me regarde, avec ses yeux de yorkshire. Je baisse le nez sur son assiette, et pique avec mes doigts une pâte. Putain, c’est brûlant. La langue en feu, j’ajoute : Toi, cha va ? Je glisse mon regard jusqu’à elle. Il est temps d’affronter la réalité. Jael ne peut pas être toujours une licorne magique qui sautille partout. Et moi je ne peux pas n’aimer que ça chez elle. On est ami, et même mari et femme de colo. On a dansé le slow de la boom ensemble. Et c’est un lien plus sacré que tout. Vous le sauriez, si vous étiez étiez allé en colo vous aussi. J’te d’mande ça parce que… bah tu vois… depuis l’autre fois ça me tracasse. Pis… bah t’as pas l’air bien. Je revois les perles salés dans le coin de ses yeux et fait une moue gênée.
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MessageSujet: Re: jeux d'enfants (artael)   jeux d'enfants (artael) EmptyVen 18 Aoû - 15:03

Nooaaan, ils ont tous des trucs de prévus, je suis tout seul. Vraiment tous des lâcheurs ! Il râle Arthur, gronde comme un enfant pas content, caprice de gosse qui lui va si bien, j’en rirais presque si j’avais pas la gorge aussi serrée. Y a les paillettes qu’il fait tomber de son sweat, moi qui le regarde un instant, comme pour essayer de me rassurer, que je suis là, vraiment, et lui aussi.
J’enchaine. Vite, vite, noyer les pistes comme noyer la peine. La nourriture ça aide toujours pas vrai ? Peut être. Je sais plus. Ouais, ouais ! Bien sûr. Et mon ventre qui gronde en echo à sa réponse, jm’étais même pas rendue compte que j’avais vraiment faim, trop occupée par le reste, par les cris, par les aveux. Par lui aussi. Il prend trop de place tout d’un coup. Faut croire que je me laisse trop facilement submerger par les gens qui sont imposants. Et dans mon cerveau ça revient en flash, les restes de la soirée, le venin de Peadar. You fucked me up. J’ai rien fait pourtant. J’ai rien fait. De nous deux c’est plutôt moi qu’est pétée. Alors j’fais de mon mieux pour pas chuter, je me rattrape au chemin lumineux que trace Arthur, j’le suis en sautillant jusqu’à la cuisine, les pieds toujours en équilibres sur mes foutus talons. Faudrait que je pense à les enlever ceux là, ils commencent à peser.

On a des pâtes. Avec de la sauce tomate. Ca te va ? Est-ce que ça me va ? Je suis plus si difficile maintenant, je suis plus la même gosse qui pleure en camp de vacance parce qu’elle veut pas manger ses brocolis. Maintenant je mange ce que j’ai sous les yeux, froid ou chaud, je mange parce que j’ai faim. Je hoche la tête de haut en bas pour lui signifier mon accord, les yeux rivés sur l’assiette de pâtes. Putain. De la sauce tomate. J’en salive déjà. Alors sans attendre jm’installe là où Arthur me dit de m’installe, gigote un instant pour faire tomber mes talons au sol, j’ai l’impression que mes pieds reprennent vie.
C’est bizarre. Il parle pas. Je parle pas. On parle pas. C’est trop bizarre. C’est rare, nous c’est pas comme ça. D’habitude c’est les autres qui nous engueulent, c’est fermez là putain et nous deux qui gloussent comme des débiles à filer dans sa chambre pour continuer nos histoires et construire des châteaux fort avec des couvertures. Mais là aucun de nous n’ose briser le silence, et ça fait mal. Puis c’est le bip du micro-onde qui me fait presque sursauter, Arthur qui me fait glisser l’assiette avant de s’installer en face de moi. J’attend pas, j’hésite pas, j’attrape la fourchette et mélange le tout pour prendre une première bouchée. C’est chaud. Mais j’ai faim. Alors tant pis, je mâche, j’avale, souffle un peu pour refroidir le reste. Ça a bien cicatrisé. De quoi ? Ca me prend pas surprise, je redresse la tête, bouche pleine ou presque, prend le temps d’avaler avant de poser la main sur mon nez, mon cou. Ah . Oui. Ca. « J’ai fais tout bien comme tu m’as dis, puis chui robuste » ça oui, un facteur guérisseur assez impressionnant, paraitrait que je tiens ça de mon grand père, increvable le vieux qu’il disait Alijah. Je reprend une bouchée de pâtes mais tout à un goût de cendres, le moral qui chute de nouveau parce que je repense à cette nuit où j’ai débarqué chez lui, après Asher, après Seven.
Toi, cha va ? La question à mille dollars. Comment est-ce qu’on sait si ça va ? Ou si ça va pas ? Hein ? Comment on sait. J’attrape un verre qui traine et la bouteille d’eau pour me verser de quoi boire, apaiser la brûlure sur ma langue. J’te d’mande ça parce que… bah tu vois… depuis l’autre fois ça me tracasse. Pis… bah t’as pas l’air bien. Ouais. Non. C’est ça la réponse. C’est évident. Ca va pas. Ca va pas depuis longtemps. Mais comme toujours j’essaye de faire semblant, fermer les yeux, vibrer pour oublier. Sauf que ce soir je suis bien trop sobre, bien trop clean, y a rien dans mon système pour me donner des ailes, juste la réalité dégueulasse qui me maintient au sol et j’ai beau taper sur le tapis pour abandonner le combat, la réalité continue d’appuyer. « Non ça va pas » » ça fend l’air, ça claque, je baisse les yeux pour regarder mon assiette, les pâtes, les morceaux de tomates, les oignons aussi. J’aime bien les oignons. « dis Arthur… » » Arthur. Ca sonne officiel. Je l’appelle jamais Arthur. « Comment t’as su que tu l’aimais Fanny » » la nulle qui lui sert de copine, celle qu’il se traine depuis trop longtemps, mais qu’il clame aimer contre vent et marées. « Enfin j’veux dire…Comment t’as su que c’était elle quoi ? » » que je finis par marmonner, relevant la tête pour le dévisager. J’lui fais confiance à Arthur. On se connait lui et moi. Depuis le temps qu’on vadrouille à côté, main dans la main, à rigoler. Alors ouais, si y a bien quelqu’un à qui je peux parler de tout ça, du bordel qui se joue dans ma tête, c’est bien lui. Il jugera rien. Il juge jamais ce que je fais. Jamais. Pour ça que je l’aime autant. Tellement. Terriblement. Et les larmes qui recommencent à couler, comme une gamine inconsolable, j’essaye de les arrêter pourtant.
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MessageSujet: Re: jeux d'enfants (artael)   jeux d'enfants (artael) EmptyMar 19 Sep - 14:51

Quand je la vois tripoter son visage, je ne peux pas m’empêcher de repenser à ce soir-là, quand tout était cassé chez elle, aussi bien son coeur que son visage. J’arrive pas à croire que ce soit vraiment arrivé. Parce que c’est pas possible, c’est pas logique. Qui pourrait faire du mal à Jael ? C’est comme tabassé un môme de quatre ans et demi parce qu’il a chipé des bonbons. Que quelqu’un, sur cette planète, ou même dans tout l’univers, soit capable de faire ça, ça me terrifie complètement. J’ai l’impression qu’il y a un gouffre entre la vie rangée que j’ai eu toute ma vie, malgré les fêtes de la korpo de médecine, les nanas et les drogues expérimentales, et la galère dans laquelle Jael s’est emmêlée pour ne plus jamais pouvoir en ressortir. Et pourtant, c’était nous ces deux gosses prépubères dans cette colonie de vacances, avec nous bisous esquimaux, nos doigts enlacés et notre slow à la boum. C’était nous, dans cette colonie de vacances. Comment on a pu se croiser à ce moment-là, et se retrouver des années plus tard, toujours aussi proches et aussi loin l’un de l’autre ? J’avale ma salive et acquiesce avec le peu d’entrain dont je dispose quand elle m’assure suivre à la lettre toutes mes recommandations médicales. Ouais, cool, tant mieux alors. Que je dis d’une voix un peu tremblante. Jael, c’est ma première patiente, ma première vraie patiente. Moi qui n’était qu’un stagiaire sous les ordres d’un interne qui se la pète et qui deviendrait, le semestre prochain, interne à mon tour, et donc docteur, avec l’ordonnancier et tout le tralala. Et ça me brise le coeur d’avoir eu à soigner le sien. …puis chui robuste… qu’elle ajoute. J’ai un sourire amusé sur le visage, j’ai presque envie de répondre que c’est scientifiquement prouvé que les enfants sont plus robustes que les adultes. Mais il me semble que quelque chose dans ses yeux de bébé est plus mature qu’on ne le croit, plus que moi en tout cas.

Je suis obligé de lui demander comment ça va et je suis obligé aussi de chercher à savoir. J’aimerais faire l’autruche, parce que c’est plus facile et c’est aussi comme ça qu’on m’a élevé. Vous savez, mon père, dépressif mais pas trop, écrivain qu’il est. Mon père qui boit du whisky pour se donner de l’inspiration et qui n’a jamais voulu me faire croire que sa séparation avec ma mère, le divorce et toutes les conséquences que ça a pu avoir sur sa foi l’avait brisé. Ma mère, qui n’a jamais trop voulu avoir d’attaches et s’est retrouvée sans prévenir avec trois gosses à sa charge et a fuit la ville dès qu’on a été propres pour reprendre sa vie trépignante de reporter sans frontière. On se retrouvait toujours à Noël, papa, maman, Mary Andrew et moi. On était tous les cinq comme si on formait encore une grande et belle famille. Et pourtant, Andy s’est écroulé si bas et on n’a jamais voulu le reconnaître, on se complait tellement dans cette hypocrisie qu’on finit par croire que tout va bien. C’est un genre de tradition familiale. Mais je peux pas faire ça avec Jael, alors je prends mon courage à deux mains et je lui pose la question fatidique. Bien trop honnête, ou étouffée par ses sentiments, elle me répond avec une sincérité qui me déstabilise. Non ça va pas. AH.

J’me décompose, terrifié par mon inefficacité et on plonge tous les deux notre regard dans les pâtes réchauffées. Un silence englobe la pièce et nous avec. J’me rend compte à quel point c’est triste quand Jael l’est. Comme une éclipse. dis Arthur… Je relève la tête de ce pas, je vais peut-être enfin servir à quelque chose. Oui ? Je répond du tac au tac, sans me rendre compte de la question piège qui allait suivre. La question à dix millions de dollars, celle à laquelle je n’avais même pas de réponse. Comment t’as su que tu l’aimais Fanny ? Je me fige une seconde et lui lance un regard par en-dessous comme si elle venait de me faire un croche-pâtes. C’est quoi cette question ? HEIN ? Pourquoi tout le monde me parle de Fanny en permanence en ce moment ? Ma gorge se noue pendant que monte en moi un sentiment que je commence à connaître : la culpabilité. En général, je n’aime pas qu’on me parle de Fanny, je n’aime pas être avec elle et mes potes, je n’aime tout simplement pas que les autres s’infiltrent dans notre relation. C’est pas d’la honte, c’est pas que je n’aime pas afficher notre couple. C’est simplement que j’ai l’impression qu’ils vont tout dégueulasser, tout foutre en l’air, nous juger. On est pas un couple modèle, et je déteste entendre des critiques sur notre façon d’être, sur sa personnalité. Des restes moisis de notre période de lycée, où à l’époque elle pesait vingt kilos de plus. Et puis, comment raconter notre histoire (la vraie, la version honnête) sans passer pour un salaud ? Me voilà qui fond mon regard sur mes pâtes et prend une grande inspiration. Tu sais, l’amour c’est… Je sais pas pourquoi je l’aime, je sais pas ce qui m’a fait l’aimer. Je sais juste que ça fait tellement longtemps qu’on est ensemble que… C’est rien qu’une histoire de dopamine et d’endorphine. Et de phenyléthylamine, si tu veux tout savoir. Je récite bêtement mon cours de neuro parce que j’ai pas les mots. Je m’attendais à tout sauf à ça. Parce que Jael elle n’est jamais intéressée par personne, sauf les dinosaures. Et les paillettes. Je deviens rouge écarlate et, comme souvent quand je suis perdu, y a tout ce flot de bout de cours que j’ai étudié y a longtemps aussi : Et puis, des glandes qui…de l’ocytocine et… ensuite tes vaisseaux se…se dilatent et… bref tu vois quoi. Non, même moi je ne vois pas. Ce sont des… des hormones. Je ne sais même plus de quoi je parle et je songe une seconde à arrêter la médecine pendant que j’en ai encore le temps. Je ferais sans doute un bon agent immobilier. Ouais, agent immobilier, c’est parfait comme vocation. Y a tous mes savoirs sur la neurologie et d’endocrino qui me dégoulinent par les oreilles. Je prend une autre respiration et lève la tête vers elle, cette fois je suis prêt à parler, pour de vrai. J’ai compris que j’étais amoureux d’elle bien après m’être mis avec elle. Tu sais, c’était… c’était pour de petites choses. Ça se mesure pas spécialement… J’ai envie d’elle, je la trouve belle et… et puis je sais pas, quand y a un truc qui m’arrive, un truc vraiment merdique, ou quand j’me tape la honte, mais vraiment une grosse honte… bah c’est à elle que j’envoie mon premier sms. J’ai l’impression d’avoir fait la pire description de l’histoire du couple de ce que peut être un sentiment amoureux mais Jael me regarde avec une telle intensité que j’ai l’impression d’être à apôtre qui vient répandre parole. Je lui pique une autre pâte. J’crois que Fanny et moi, on s’aime parce qu’on se connait trop bien maintenant. Elle fait partie de ma vie depuis tellement longtemps que je serais paumé si elle disparaissait. J’ai pris l’habitude de pouvoir compter sur elle, tout simplement. On est loin de la réaction chimique de la passion brute, vous savez, la phenyléthylamine. Bizarrement, c’est à Nur que je pense pour ça. Je déglutis avec difficulté et décide d’embrayer rapidement. Pourquoi tu m’demandes ça ? Y a… y a quelqu’un qui te branche ? Je lui fais un petit sourire en coin, si elle répond oui, ça serait bien une première. Et je ne sais pas trop comment l’ex-mari de colo que je suis dois prendre la chose. Avec le sourire j’imagine. Et cependant, une sale impression me hante, et ma capacité à arrêter de fuir le conflit me surprend à nouveau quand j’ajoute : Ca a un rapport avec ce qui t’est arrivé l’autre jour ? J’fais référence au nez cassé.
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MessageSujet: Re: jeux d'enfants (artael)   jeux d'enfants (artael) EmptySam 7 Oct - 15:50

J’aurais du me taire, ne pas poser la question, continuer de manger mes pâtes – ses pâtes – sans faire d’histoire. J’aurais du me coller contre Arthur, entourer sa taille de mes bras pour le serrer fort contre moi, enfouir mon visage dans son t-shirt et fermer fort les yeux. Comme d’habitude. Comme toujours. J’aurais du tout simplement lui dire que c’est pas grave, que y a rien de vraiment grave, que je veux juste regarder une émission débile à la télé avec lui, ou alors jouer à faire les cons dans sa chambre, construire un château fort avec des couvertures et des oreilles. Mais à la place de ça j’ouvre ma bouche, j’laisse la vérité couler, j’ai besoin de savoir. C’est quoi aimer ? Est-ce que ça se limite à une semaine colo, quand à la boom tu danse collé l’un contre l’autre avant de déposer un baiser timide sur sa joue ? Est-ce que c’est plus que ça ? Est-ce qu’on peut aimer plusieurs personnes à la fois ? Toots, Tereza, Leonard, Serena, Peadar. Mince. Est-ce qu’aimer c’est forcément physique ? Est-ce qu’on peut aimer quelqu’un juste en le regardant ? Sans avoir besoin de le toucher à chaque instant ? Ou alors est-ce qu’il y a besoin de plus, d’embrasser comme des grands, les doigts baladeurs et le feu au ventre ? Je sais pas. Je sais plus. Mais Arthur il doit pouvoir répondre pas vrai ? Arthur et Fanny, Fanny et Arthur, comme un couple qui ne coule pas, pis j’le connais lui, et il me connait moi. C’est plus simple comme ça. Tu sais, l’amour c’est… Non justement je sais pas Arthur. Dis moi. Je joue machinalement avec ma fourchette, le dévisage. C’est rien qu’une histoire de dopamine et d’endorphine. Et de phenyléthylamine, si tu veux tout savoir. Oh. Dopamine ? Endorphine ? C’est des mots compliqués, des mots que j’ai vu y a longtemps, en cours de biologie, quand je préférais regarder par la fenêtre plutôt que d’écouter la prof. Trop ennuyeux. Il me perd un peu Artie, sans doute que lui aussi se perd quand il devient rouge comme une pivoine. Si ça n’était pas aussi sérieux, surement que je me serais déjà mise à rigoler. Et puis, des glandes qui…de l’ocytocine et… ensuite tes vaisseaux se…se dilatent et… bref tu vois quoi. Je secoue la tête doucement, petit sourire peiné sur le visage. « Non je vois pas… » Parce qu’il me parle chinois, ou surement que je serais plus à même de comprendre le chinois que ce qu’il me dit. Ce sont des… des hormones. Ah. Je savais bien que j’en avais entendu parler quelque part. « Donc tout ça, le cœur qui bat c’est…Chimique ? » c’est ça ? Chimique ? Dirigé par le corps, rien que du hasard et tout le tralala ? « J’ai un ami qui détesterait cette explication » Leonard et son âme trop belle, trop lointaine, surement qu’il dirait que c’est des conneries, ou alors juste en partie. Ca me fait rire d’y penser. Ptêtre que j’en parlerais avec lui a prochaine fois.
Mais Arthur n’a pas finit. Il reprend un peu, moins tremblant cette fois ci, surement plus sincère aussi. J’ai compris que j’étais amoureux d’elle bien après m’être mis avec elle. Tu sais, c’était… c’était pour de petites choses. Ça se mesure pas spécialement… J’ai envie d’elle, je la trouve belle et… et puis je sais pas, quand y a un truc qui m’arrive, un truc vraiment merdique, ou quand j’me tape la honte, mais vraiment une grosse honte… bah c’est à elle que j’envoie mon premier sms. Je rigole. Encore. Attrape la main d’Arthur et la serre dans la mienne. Ca sonne juste ce qu’il vient de dire, ça m’apaise un peu, comme une impression de déjà-vu, je connais ça. « C’est plus logique cette partie-là » et rien qu’un instant j’me dis que j’aimerais avoir quelqu’un comme Fanny, quelqu’un a qui envoyer des messages quand je m’étale dans la rue. Puis ça me frappe comme une évidence. Parce que j’ai déjà quelqu’un comme ça. Vite. Une bouchée de pâtes. Peut-être que si je m’étouffe je ne me rendrait compte de rien. Pourquoi tu m’demandes ça ? Y a… y a quelqu’un qui te branche ? Et voilà. Je m’étouffe. Je tousse, tousse, me lève pour attraper un verre d’eau, cacher le rouge qui me monte aux joues à une vitesse effrayante. Ca a un rapport avec ce qui t’est arrivé l’autre jour ? Et déjà que je redescend en flèche. « NON » je me retourne, le visage dégouté, ça me renvoit en arrière, quand Seven m’a bloqué, quand Seven m’a embrassé, quand Seven m’a étranglé. « Non. Non. Non. Lui c’est. C’est. C’est différent. Même pas en rêve il pourrait me brancher, jamais, jamais » , non jamais. Puis c’est déjà du passé, y a plus de trace de lui sur moi, y a Peadar qui s’est assuré de tout effacer. « Pardon je voulais pas crier » que je murmure doucement avant de me rasseoir à côté de lui. « Rien à voir avec l’autre fois je te promets… » j’inspire doucement, essaye de calmer mon cœur, la respiration trop forte. Pas le moment de commencer à paniquer. « T’as quelque chose à fumer Arthur ? » que je finis par murmurer tout bas, le sourire à l’envers, j’arrive pas à rigoler. J’ai promis à Peadar d’arrêter, mais après notre altercation j’ai plus vraiment envie de l’écouter. « J’ai besoin de courage pour parler » ouais, du courage en barre, parce que y a tout qui commence à prendre forme, chaque pièce du puzzle qui trouve ça place, et mon cœur qui manque d’asphyxier un peu plus.
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MessageSujet: Re: jeux d'enfants (artael)   jeux d'enfants (artael) EmptyMar 17 Oct - 17:15

J'me perd dans mes explications, la vérité est là : je ne sais pas ce que c'est que l'amour. Un genre de truc flou sur lequel il impossible de poser des mots -des vrais, pas ceux que j'sors en vrac à Jael. Jael tiens, ses sourcils froncés, parce qu'elle essaie vraiment de me suivre, sans y parvenir. J'en rougirais presque tellement je m'enfonce. Elle peut pas comprendre Jael, elle n'est pas rationnelle comme fille. C'est comme un pissenlit, ceux sur lesquels ont fait un voeux et puis on souffle. Elle se laisse emporter par le vent, les ondes, tout ça. Elle est différente, de moi, de tous, avec ses paillettes sur les joues et ses cheveux en bataille, jamais coiffés. Difficilement, elle essaie donc de me suivre. Donc tout ça, le coeur qui bat c'est... Chimique ? qu'elle résume. Je réfléchis une seconde. Je sais qu'on ne peut pas tout résumer comme ça. Par exemple, pourquoi une suite de réactions chimiques se produit quand tu croises une personne, et pas une autre ? j'en sais foutre rien, j'me contente de dégueuler mon cours parce que c'est le seul moyen que j'ai d'éluder la question, d'éluder aussi celle qui secoue tout mon corps : avec Fanny, c'est de l'amour ? Du vrai ? C'est ça le grand amour ? Celui qui est censé tout bouleverser ? Finalement, j'hausse les épaules et acquiesce en lui piquant une pâte de plus. Elles commencent à refroidir. J'ai un ami qui détesterait cette explication. Qu'elle me dit. J'esquisse un sourire et renchérit : Ton copain a pas fait d'endocrino. J'ai ce petit air narquois, qui traverse souvent mon visage. Mais finalement, alors qu'il y a un court silence qui s'installe entre nous, j'inspire un peu d'air et ai enfin le courage d'en dire plus. Plus sur l'amour, sur fanny, sur moi. Sur tout ce qui fait que je suis tombé amoureux de cette fille, un jour dans ma vie. Peut-être que j'le suis encore, ou bien que le sentiment est imprimé quelque part dans mon lobe temporal, si intensément depuis le temps qu'il ne fait que me hanter. C'est devenu tellement habituel que j'en oublie les premiers symptômes : les pupilles qui se dilatent, le coeur qui bat, les vaisseaux qui s'ouvrent, l'endorphine, l'ocytocine, tout ça. Cette fois, je capte son attention à Jael. Parce que ça lui parle, tout ça. Elle attrape ma main et je rougis comme un con quand elle le fait, parce que ça fait longtemps que je me suis pas confié sur Fanny, et que ça me fait flipper tout ça. Parce que je sens que la relation est en train de se déliter, qu’elle me file entre les doigts et qu’on est là, en train d’essayer de la rattraper avec Fanny sauf que c’est comme vouloir attraper de l’air. Tout se mélange dans ma tête : Nur, mon attirance pour elle et les messages de Bo et de Fanny. Peut être que le sentiment dont je parle a disparu depuis longtemps en fin de compte. Elle reprend des pâtes et je profite qu’elle ne noie pas ses yeux de cocker dans les miens pour en savoir plus. Parce qu’elle peut pas lacher une bombe et penser que j’en demanderais pas plus. Ça serait mal me connaître. Et en tant que mari de colo, j’ai bien le droit de savoir sur qui ma femme a des vues. Mais voilà, à peine la question franchit le seuil de mes lèvres qu’elle s’étouffe. Jael, elle est allergique à l’amour comme on est allergique aux arachides ! J’esquisse un sourire, rapidement envolé quand, d’un coup j’ai peur. Peur pour elle pauvre petite Jael tabassé par la vie, par un mec aussi. La coïncidence était telle que j’ai été obligé de poser la question. Elle s’offusque, elle arrête de tousser pour se défendre bec et ongle contre mon allusion. Non. Non. Non. Lui c’est. C’est. C’est différent. Même pas en rêve il pourrait me brancher, jamais, jamais. Ce mec, je sais pas qui c’est. Celui qui lui a fait du mal. Et j’ai en fait du mal à imaginer que ça soit possible, du mal à imaginer qu’il type lui a fait du mal. Du mal à imaginer ce fossé entre nous, entre nos deux vies. La sienne, décousue, la mienne millimétré. Mes tracas quotidiens contre les siens. Ses angoisses contre les miennes. On dans deux mondes tellement différents, que j’ai du mal à croire qu’un jour on se soit croisés, dans cette colonie de vacances. Du mal aussi à appréhender la chose. Du mal à savoir quoi faire, quoi dire dans une telle situation. Je garde simplement le silence tandis qu’elle s’excuse d’avoir crié. Je chasse cette idée de sa tête d’un revers de main et hausse négligemment les épaules. C’est pas grave Jael, t’as le droit de crier, d’en vouloir au monde, à ce type. T’as le droit. Que j’aimerais dire mais tous ces mots restent bloqués dans ma gorge. Elle reprend doucement, me promet que ce n’est pas comparable. J’en suis à peine rassuré quand je vois la détresse dans ses yeux. Un nouveau silence. T’as quelque chose à fumer Arthur ? J’me redresse d’un coup sec, comme si je reprenais enfin ma respiration. Je tapote mes doigts sur le bar de la cuisine pour me redonner un peu de motivation et j’expire : Ouais, carrément, super idée ! Que je m’exclame. Je m’active tout de suite et traverse le salon jusqu’à notre table basse, j’en ouvre un tiroir pour sortir le pot commun, que je fourni en grande majorité, faut bien l’avouer, mais la beuh de Majo est bonne, en tout cas, meilleure que celle des autres, elle vaut son prix trop élevé. Je m’installe sur le canapé pour commencer à préparer tout ce dont j’ai besoin, perdu dans mes pensées. Elle m’assure qu’elle a besoin de courage pour parler, et il me semble que j’ai besoin de courage pour écouter. Alors je m’exécute sagement pendant qu’elle fini son plat de pâte à contre coeur. Pendant que je roule, je me risque timidement à proposer : Tu sais, si t’as besoin de changer d’air, hésite pas squatter ici. Je lui lance un regard avant de passer ma langue sur la feuille slim pour la coller. Je tasse bruyamment le tabac en claquant le pétard contre la table en bois. Tu dormiras avec moi, bien dans le lit de Bo. Il ira sur le canapé. Je fais un petit sourire. Ça l’dérange pas. Que j’assure, même si c’est faux. Mais tant pis, il s’y fera. J’ai l’impression que quand je vais laisser Jael repartir, ça sera comme la pousser dans une fosse aux lions, comme si elle n’était pas en sécurité, comme si j’laissais ça faire, sans me poser de question jusqu’à maintenant.

J’allume le pétard. Laisse la fumée descendre dans ma gorge. Je ferme les yeux et toussote comme un enfant avant de m’enfoncer dans le canapé. Tu nous prends des canettes de nesquick dans l’frigo ? Que j’demande. Si le pétard c’est le courage, le nesquick c’est le boost, le mix des deux ne peux que la rendre de bonne humeur, j’le sais bien. Je m’enfonce et quand elle revient, j’ouvre un bras pour qu’elle puisse se blottir contre moi. Je sais qu’elle aime ça, moi aussi d’ailleurs. Je tire une autre latte avant de lui tendre le pétard. Maintenant, raconte, j’te promets que je sur-réagirais pas. Bien sur que j’le ferais, c’est dans ma nature.
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MessageSujet: Re: jeux d'enfants (artael)   jeux d'enfants (artael) EmptySam 11 Nov - 12:29

Ton copain a pas fait d'endocrino. Non je pense pas que Leonard ai fait de l’endocrino. Ou peut être. Qui sait. Au fond je connais pas grand-chose sur lui, y a pas besoin, ce qu’on partage c’est différent. Mais j’aime voir le sourire sur le visage d’Artie, ça réchauffe un peu mon cœur, ça m’aide à m’apaiser, un peu, un tout petit peu. Il est magique pour ça Artie. Terriblement magique.
Puis la magie se brise.
Il évoque Seven et j’ai l’impression de sentir ses mains autour de mon cou de nouveau. J’ai l’impression de le sentir contre moi, le traumatisme qui revient. Puis j’ai la voix de Peadar qui prend le dessus, sentiment de chaleur, de sécurité qui vire la peur. Alors je nie, je réfute, envoie balader. Parce que jamais je ne pourrais aimer Seven. Jamais il ne pourra me brancher. Ptêtre qu’avant ça aurait pu, avec son sourire de gamin fugace, son visage, son regard. Mais c’est passé tout ça. J’ai même plus envie de le dessiner, je m’en mordrais les doigts.
Alors je me raccroche à Arthur, bredouille un peu, demande de l’aide pour pouvoir continuer. J’ai pas le droit normalement, et peut être que le souvenir du lavage d’estomac à l’hôpital devrait me rappeler ce que je risque si je continue. Mais comme tout à l’heure dans la ruelle, j’en ai besoin, quelques bouffées pour détendre les nerfs, ramener le calme sur mon cerveau qui pense trop. Ouais, carrément, super idée ! et le voilà déjà parti avant de revenir quelques instants plus tard triomphant avec de quoi rouler un joint. Je continue de manger mes pâtes pendant qu’il s’active, le suit du regard, mâche bien pour ne pas m’étouffer. Manquerait plus que ça. Mais j’ai toujours tendance à tout mélanger quand c’est comme ça. Je finis par le rejoindre sur le canapé, laissant l’assiette vide sur la table.
Tu sais, si t’as besoin de changer d’air, hésite pas squatter ici. Je relève la tête, mon cœur qui manque un battement. Je pourrais. Je pourrais vraiment. Je les aime tous ici. Arthur en premier. Bo aussi, puis Rhoan et Nur, Felix. Un peu comme une autre famille. Une troisième famille. J’y serais bien. Ptêtre mieux que là-bas, sans Tinks pour me rentrer dedans quand on se croise. Tu dormiras avec moi, bien dans le lit de Bo. Il ira sur le canapé. Je rigole tout bas en secouant la tête. Ça l’dérange pas. « Menteur » Bien sur que si ça le dérangera. Mais Bo est bien trop gentil pour refuser, ça aussi je le sais. Je suis pas aussi naïve qu’on pourrait le penser. « Puis Fanny aimera pas » non, vraiment pas. Si je commence à dormir dans la même chambre que son petit ami, surement que les choses empireront. Dommage, j’aimerais bien qu’elle m’aime moi Fanny. «Mais je retiens, si jamais tu sais… Ca devient trop compliqué. » je souris doucement avant de poser ma main sur la sienne, serrer un peu, comme pour m’assurer qu’il est bien là. « Je sais que je peux venir ici , merci Titi». Et je ne l’oublierais pas. Je dépose un rapide baiser sur le dos de sa main avant de libérer mon emprise.
Tu nous prends des canettes de nesquick dans l’frigo ? Faut pas m’en dire plus que je le laisse commencer à fumer et que je me dirige de nouveau vers la cuisine pour attraper les fameuses canettes. Lait chocolaté froid, comme avant, notre boisson secrète à partager autour du feu de camp, quand les autres s’endormaient. Je les ouvre et les poses devant nous sur la table avant de venir me lover contre Arthur, attrapant le joint qu’il me tend et le glissant entre mes lèvres. Maintenant, raconte, j’te promets que je sur-réagirais pas. Ah oui c’est vrai. Parler. Parler. Parler de quoi déjà ? Et ça me frappe, comme un rebond. C’est plus les lèvres de Seven que je sens contre moi mais celles de Peadar. Ses mains dans mon dos et puis le froid qui suit. Je ferme les yeux un instant, m’appuyant contre Arthur, le temps d’avaler la fumée, de la recracher, une fois, deux fois. « Y a cette personne » je tâtonne. Je sais pas comment expliquer. Eh Arthur, on fait comment quand on mec qui a 14 ans de plus que toi t’embrasse et que t’aime ça ? On fait comment aussi quand ce mec en question c’est celui qui t’a sorti du caniveau ? Mais aussi celui qui t’as foutu la drogue dans les veines ? On fait comment Arthur ? Quand ça fait trop mal de l’imaginer avec d’autres femmes, de le voir s’éloigner, de penser qu’on suffira jamais. J’étouffe. Je tousse un peu. « Cet homme. » bien Jael, tu peux le faire. « Et ça fait mal là, dans la poitrine, puis dans tout le corps. » je soupire, me sens ridicule à parler de ça. « Il m’a embrassé. J’pensais pas qu’on pouvait embrasser comme ça » pas comme ceux qu’ils se font tous les deux, baisers eskimo pour se dire bonne nuit ou bonjour. « Je sais pas quoi faire Arthur. J’te jure c’est n’importe quoi, je fais n’importe quoi. Je sais que je suis qu’une gosse pour lui et ça devrait rester comme ça mais… » je lui rend le joint avant de poser ma tête contre son épaule, soudain bien trop mélancolique. « Je crois que pour la première fois j’ai envie de plus » que je finis par murmurer tout bas. « Dis moi que c’est pas grave s’il te plait. Dit moi juste que c’est pas grave » mes doigts qui viennent chercher les siens, je serre fort, fort. Dis le moi.
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MessageSujet: Re: jeux d'enfants (artael)   jeux d'enfants (artael) EmptyVen 15 Déc - 18:16

J’aimerais bien que Jael vienne ici quelques temps. Ça me rassurerait, ça me ferait rire, je pourrais m’endormir en lui faisant des câlins. J’aimerais pouvoir garder un œil sur son sourire, pour être sûr qu’il ne disparaisse plus jamais. Elle balaie rapidement toutes mes idées, ça ferait chier Bo, ça ferait chier Fanny. Je sais qu’elle a raison, mais ça ne m’empêche pas de faire une moue boudeuse. C’est marrant, tout le monde s’inquiète plus de ce que Fanny peut dire que moi. C’est ma copine, c’est moi qui la supporte depuis six ans, et tous les autres semblent plus au courant de ce que j’ai le droit de faire ou non. Et pourtant, c’est un secret pour personne que notre relation bat de l’aile. Si, peut-être pour moi en fait. Peut-être que c’est moi qui n’arrive pas à voir que je joue avec le feu et que forcément ça va finir par me tomber dessus. Qu’un jour, je ne ferais pourtant rien de particulier, mais ça sera la goutte qui fait déborder le vase. Fanny ne me quittera pas parce que j’ai couché avec une autre fille, non, elle me quittera parce que je suis arrivé en retard au ciné ou parce que j’ai filé mes cours à ma voisine de table. C’est comme ça que ça va se passer, pour une petite connerie, une toute petite chose insignifiante, tout le reste m’explosera au visage. Bo le sait, Nur le sait, Jael aussi, apparemment. Je ne répond rien, parce que j’ai pas envie d’entrer dans ce débat, pas envie de l’affronter non plus. Je ne m’arrête qu’à ce qu’elle dit ensuite, je me rassure en me disant que j’ai fais ce qu’il fallait : je lui ai proposé un abris, elle saura où me trouver en cas de besoin. J’aime penser qu’elle le fera vraiment. Parce que Jael est le genre d’amie qu’on rêve tous d’avoir. Avec de l’amour qui déborde du coeur. Elle n’oublie jamais personne, et elle donne tellement qu’elle reçoit en échange. Enfin, c’est comme ça que je le vois. Même si mes propos sont difficilement vérifiables à l’heure actuelle.

Une fois le pétard roulé et le nesquik d’apporté, on s’installe sur le canapé, je tire quelques lattes, le temps pour elle de venir se blottir contre moi. On dirait qu’elle est devant un film d’horreur et qu’elle a besoin que je lui donne du courage. Au passage, meilleure technique qui soit pour chopper, c’est comme ça que j’ai embrassé Donna Connor en sixième. J’ouvre mes bras pour qu’elle puisse se lover contre moi et lui passe le joint, du courage en barre. Moi j’en profites pour ouvrir le nesquik et prend une gorgée bien méritée. Les secondes s’écoulent dans un silence quasi absolu, mais ce n’est pas si grave. J’ai encore un peu de patience, juste assez pour lui donner le temps de commencer l’histoire. Y a cette personne… Cet homme. Je fronce un peu les sourcils, la correction me semble un peu suspecte. Je ne sais pas si elle précise simplement parce que c’est un mec et pas une nana ou si, y a un sens caché dans tout ça. Je relève pas. Je me contente de la laisser continuer, ça semble tellement difficile pour elle de mettre des mots sur ces sentiments. Elle nage dans le vide. Et ça fait mal là, dans la poitrine, puis dans tout le corps. Je regarde dans le vide. Ça fait longtemps que ça a arrêté de faire mal avec Fanny. Que les papillons  ne battent plus des ailes, et que ça ne me fout plus le feu à mes pensées. L’amour brut, celui qui vous dit que si vous le perdez, vous en crèverez. Je reprend une gorgée de nesquik. Il m’a embrassé. J’pensais pas qu’on pouvait embrasser comme ça Elle continue, et moi, j’continue mon introspection. Nur, quand elle m’a embrassé, j’pensais pas que c’était possible non plus d’embrasser comme ça. Je me mordille la lèvre inférieur, et y a un mélange aigre-doux qui se forme dans mes boyaux. Une sorte de culpabilité qu’on chérie, qu’on entretient, parce qu’elle donne un petit goût piquant à l’histoire. Un souvenir embrumé par l’alcool, la tête qui tourne et nos lèvres qui rentrent en collision. Putain, je repense jamais à un coup d’un soir, jamais. J’oublie ça dès que le soleil se lève, parce que c’est juste quelque chose que j’ai voulu sur moment, et qui ne m’intéresse plus le lendemain. Nur j’la veux depuis tellement longtemps que ça me n’a fait qu’attiser le désir. Bordel. Je chasse tout ça de ma tête. Je sais pas quoi faire Arthur. J’te jure c’est n’importe quoi, je fais n’importe quoi. Je sais que je suis qu’une gosse pour lui et ça devrait rester comme ça mais… elle me tend le joint je le récupère dans la hâte et tire une longue taffe qui me fait toussoter. Elle pose sa tête contre moi et pendant deux secondes j’essaie de l’imaginer avec un mec. N’importe quel mec. En train de rouler des patins. Cette idée m’offusque presque. Jael est un bébé. J’appuie ma joue contre ses cheveux et lève les yeux au plafond, la gorge pleine de fumée, je demande : Pourquoi il te prendrait pour une gosse ? J’demande innocemment, et plus je fronce les sourcils et expire d’un coup. Il a quel âge ce type ? Et quand y a un petit blanc avant qu’elle n’enchaîne sur autre chose, je comprend que c’est la question à dix milles dollars. Je fais une drôle de moue mais la laisser continuer. JAEL EST EN TRAIN DE PARLER DE CUL. Je répète : LA LIBIDO DE JAEL EST AU MAX. Et ses chuchotements timides me font éclater d’un rire clair, sans aucune moquerie, juste, amusé. Je prend sa main dans la mienne et me redresse difficilement sur le canapé pour pouvoir me tourner vers elle. On est là, à se faire face, nos mains sont liés et je les secoue comme pour fêter quelque chose, je tiens le pétard entre mes lèvres et mes yeux brillent d’un mélange de fierté et de curiosité. Si c’est grave ? Jaja c’est ultra flippant. Je tente de prendre un air grave, mais c’est complètement foiré, y a mon sourire qui tente de s’étaler sur tout mon visage et je le retiens avec toute la peine du monde en crispant mon visage. Non mais sérieux, ça craint grave là ce que tu me dis. Et je vois son petit coeur tomber en miette dans sa cage thoracique, comme les pailettes qui coulent de ses joues. Je vois son visage se transformer, se décomposer. Jael elle est trop naïve. Du coup, je ne tiens pas plus ma blague et la lâche pour attraper ses épaules et par la même occasion secouer un peu son âme d’enfant : faut grandir. MAIS JE RIGOLE VA ! Je l’attire contre moi pour lui faire un câlin. Je la serre quelques instants contre moi, un peu triste, je dois l’avouer, de prêter ma femme de colo à un autre type. J’me rassure en me disant que j’étais son premier slow, et que ça, personne pourra me le voler. Je m’éloigne et prend le joint entre mes doigts. De quoi t’as peur, sérieusement ? J’attend vraiment une réponse, donc je la regarde un moment avant de caller moi même le pétard entre sa bouche tremblotante.
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MessageSujet: Re: jeux d'enfants (artael)   jeux d'enfants (artael) EmptySam 16 Déc - 11:48

Je sais pas pourquoi je parle de tout ça. Pourquoi je lui dis tout ça, pourquoi j’y pense même ; Je veux pas. Je veux juste oublier, laisser mon cerveau tout embrumer comme il le fait si bien. Ptêtre que si je fume très fort et que je lâche pas Arthur, ça passera. Qui sait ; Mais c’est plus fort que moi et je déballe tout, hésitante. J’ai peur de ce qu’il va dire, surement que je suis folle, voilà, ça y est c’est foutu. Merde. Je tremble un peu, boit mon nesquick pour essayer de chasser l’appréhension quand je finis. Bon sang si Peadar pouvait m’entendre surement qu’il se foutrait royalement de ma gueule. Moi-même j’ai envie de me foutre de la mienne. Mais je crois qu’il est temps que j’arrête de faire semblant. Pourquoi il te prendrait pour une gosse ? Je soupire. Gros soupire. Soupire qui donne l’impression que tous les malheurs du monde se sont abattu sur moi. « Parce que j’en suis une ? » pas de forme, pas la maturité, trop jeune, trop paumée, pas le genre de nana qu’il aime ; Qu’ils aiment. J’aimerais claquer des doigts et devenir Cendrillon, un peu comme dans les contes de fée, changer littéralement. Mais ça marche pas tout ça. Jpeux juste tricher avec des putains de talon et du rouge à lèvre trop pétant. Et j’finis par me faire avoir. Encore. Toujours. Il a quel âge ce type ? Je manque d’avaler de travers quand il me pose la question, le cœur qui dérape, je sens le rouge revenir au galop sur mes joues. Trop vieux pour moi, trop jeune pour lui. « Je sais pas trop. Plus de vingt an » je reste évasive, au fond je mens pas, c’est vrai, il a plus de vingt ans. Plus de trente aussi. Et j’ai l’impression que c’est marqué au fer rouge sur mon front. Ca me brûle de partout, j’me sens soudain ridicule et l’envie de me cacher dans un trou.
Puis soudain il rigole. Et j’ai mon cœur qui vole en mille morceaux. Pourquoi il rigole. Pourquoi il réagit comme ça. Chui sérieuse putain. Tellement sérieusement. C’est la première fois que je dis tout ça. Je répond rien, j’le laisse m’attraper les mains et se tourner vers moi, le cœur qui bat trop vite, les larmes qui menacent de monter à chaque instant. Il a les yeux qui brille Artie, mais j’arrive pas à me dire que c’est rien. J’ai trop peur de ce qu’il va dire, de ses mots qui seront surement trop blessant. Si je pouvais je fermerais les yeux tout de suite, mais j’arrive pas à le faire. Alors j’le dévisage. Encore, encore. Ce visage que je connais sur le bout des doigts. Si c’est grave ? Jaja c’est ultra flippant. Merde. Jfais les montagnes russes. Y a plus de sourire sur le visage d’Arthur, juste une putain de grimace. Non. Dis pas ça Arthur s’il te plait. Recommence à rigoler, c’était mieux avant. . Non mais sérieux, ça craint grave là ce que tu me dis « tu crois ? » ma voix qui a du mal à s’élever, je manque de m’étouffer. Je sens que je vais pleurer. Encore, toujours. Foutue soirée, que des nouvelles pourries. Vivement demain histoire de tout recommencer. Mais là c’est tout de suite, c’est maintenant, et j’agonise lentement. C’est grave il parait. Putain. Fais chier.
MAIS JE RIGOLE VA ! « Hein ? » incrédulité quand il commence à me secouer, son cri dans mes oreilles, je bat des cils, essaye de comprendre ce qui se passe. Puis il me serre contre lui, je reste un instant indécise, avant de finalement comprendre. « tu te moquais de moi ? » non sans blague Jael ? Oui il se moquait de toi. Et je me sens soudain très conne. Soulagée mais très conne. Alors quand il me relâche je viens taper sa poitrine du plat de ma main, la mine boudeuse. « C’est pas drôle putain vraiment pas drôle ! Je suis sérieuse ! » j’me sens un peu en colère aussi, mélange d’émotions qui m’achève. Je perds mes mots, me contente de le regarder, lui et son sourire satisfait sur le visage.
De quoi t’as peur, sérieusement ? Qu’il finit par demander et pendant que je cherche mes mots il vient glisser le joint entre mes lèvres, je l’attrape entre mes doigts et tire une bouffée histoire de me calmer. J’voudrais que ça fasse effet vite, plus vite que celle de tout à l’heure. Plus vite que d’habitude. Parce que c’est vraiment le chaos dans mon crâne. « Je sais pas. » si je sais. Enfin non. C’est bizarre. « C’est compliqué tout ça pour moi. » ouais trop compliqué. Je comprends rien. « J’voudrais être comme toi, ptêtre que ça serait plus simple » du genre à pas se laisser marcher sur les pieds, pas se prendre la tête. « Ou que ça soit comme avant, tu sais, comme en colo quand se prendre la main c’était déjà suffisant » je joins le geste à la parole en attrapant de nouveau sa main, entrelace mes doigts avec les siens avant de nouveau poser ma tête contre son épaule. Pensive je reprend. « je sais pas Arthur c’est tellement compliqué tout ça. » Bien trop compliqué. Alors j’me laisse glisser pour venir poser ma tête sur ses genoux lui tendant le joint alors que je regarde le plafond, plus détendue déjà. J’essaye de chasser la mélancolie et me retrouve à me rappeler d’Arthur et moi, mon premier baiser trop maladroit. « Chui contente que ce soit toi mon mari de colo tu sais ? » je me mets à rigoler un peu bêtement, ferme les yeux et me laisse dériver. Chui bien ici. Avec lui. Loin de la guerre qui fait rage. « Ptêtre que je vais te prendre au mot et rester ici ce soir » le temps de panser mes plaies encore une fois. Je sais qu’il m’aidera. Parce qu’il est tellement tout ça Arthur, le genre de pansement magique qui repars les cœurs avec son sourire trop brillant. « Tant pis pour Fanny j’te vole » que je finis par murmurer tout bas, dans un dernier éclat de voix avant de recommencer à rigoler.
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