1. lena, au fil des années, elle a développé une obsession maladive ; celle de foutre sa vie en l'air. Elle peut pas s'en empêcher. Elle ne se sent - ne se sait - elle que si sa vie est un putain de cauchemar. Une histoire de gènes, elle vous dira. C'est une popescu, le bonheur, elle y croit pas. Elle est pas sûre qu'elle le mérite non plus. 2. elle déteste Noël. La soit-disant ambiance familiale, l'esprit jovial, cette foutue idée de donner aux démunis. C'est limite si elle ne se plaque pas les mains sur les oreilles quand on lance la musique à longueur de journée dans la gueule des passants. 3. elle ne possède pas de téléphone portable, ce qui rend tout de suite plus compliquées les démarches pour la joindre. Elle a pas les sous, elle a pas la patience. Elle aime le confort de savoir qu'elle peut disparaître du jour au lendemain sans qu'on vienne la chercher. 4. elle n'a pas de domicile fixe non plus, mais ça, c'est une autre affaire. Jamais elle ne retournera dans la maison familiale, et l'idée de la colocation la rend malade. Elle squatte où elle peut, elle s'arrange si on le veut. Elle troque des services contre des nuits, elle invente des conneries pour qu'on ne la jette pas dehors. 5. elle est complément fauchée, et trop fière pour demander qu'on vienne l'aider. L'argent, elle le gagne au jour pour le jour. Légalement, illégalement, du moment qu'elle peut manger, elle fait pas la différence. 6. avant l'incarcération de iulia, lena, c'était une gamine optimiste. Naïve, peut-être, mais une naïve qui croyait dur en tout. Au travail récompensé, au mérite. Elle pensait s'en sortir. Elle est sortie, ouais. Seulement pas de la façon qu'elle voulait. 7. elle n'a aucune idée d'où va sa vie. Vingt-huit ans qu'elle traîne le point d’interrogation derrière elle comme un boulet, en jetant des coups d’œil de temps à autre pour voir si ça a pas évolué. 8. le pire dans l'affaire, c'est qu'elle n'est pas con. Elle apprend vite. Elle analyse bien. Le potentiel foutu en l'air qui donne envie de lui coller une paire de baffes pour qu'elle se réveille. 9. si elle peut paraître facilement froide envers la gente masculine, c'est que lorsque quelqu'un lui plaît, elle ne sait pas si prendre. Ou quand elle s'y prend, c'est comme un pied. La pointure 45, facile. Autant vivre pieds nus. 10. toutes situations embarrassantes lui donnent envie de creuser un trou, s'y foutre, et ne jamais en ressortir. Scènes gênantes dans les films, une chute qui arrive devant ses yeux ... elle détourne le regard et prie pour que ça passe vite. 11. elle possède un revolver qu'elle planque à chaque fois qu'elle déménage, à défaut de l'emmener partout avec elle. Comme ça, au cas où - elle ne l'a jamais utilisé. 12. elle aurait aimé avoir une meilleure relation avec le reste de la fratrie, mais elle a l'impression d'avoir elle-même coupé le cordon à coups de couteau rouillé pendant sa dépression. 13. elle aime cuisinier, elle croit. Elle sait pas, elle a jamais assez dans le placard pour faire un repas de chef. Mais les pâtes, elle les gère comme personne. 14. c'est une opportuniste bizarre. Elle se jette sur tout, comme la gamine qui manque, mais elle regarde jamais avant de se lancer. C'est toujours la surprise à la fin. 15. elle sait comment recoudre et soigner les plaies ; même si elle a plutôt tendance à exhiber les balafres qu'elle se ramasse. Le côté un peu rebelle - ce qui faut pas faire de nos jours ... 16. elle aime les belles choses, mais elle déteste bien se fringuer. Ça prend du temps et de l'argent, alors elle préfère enfiler un truc basique et on en parle plus. 17. dans ses mauvais jours, c'est un peu l'incarnation féminine du grinch. Qu'on se l'avoue. 18. dans ses bons jours aussi, en fait. Dommage. 19. la seule façon de la sortir de sa mauvaise humeur quasi-permanente est de la secouer un bon coup - pas littéralement, sérieusement, reposez là, c'est pas drôle. 20. elle s'impose facilement si on lui laisse trop de place. Si on installe pas le respect dès le début, elle le piétine, et toi avec.