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| all the lonely people, where do they all belong ; ft. caïn | |
| Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: all the lonely people, where do they all belong ; ft. caïn Mar 28 Mar - 1:53 | |
| Il y a quelque chose comme le vide lové au creux de son ventre. C’est un creux qui ronge et qui s’étend, qui s’élargit et qui se propage, deux doigts logés dans l’accro d’un collant qu’on étirerait jusqu’à ne plus voir le tissu. Ce n’est pas la faim, parce qu’il la connaît trop bien. Ce n’est pas la faim parce qu’il l’a apprivoisée. Ce n’est pas la faim parce qu’il en discerne les contours, les piques acérés autour de son estomac et cette impression de ne plus jamais pouvoir rien avaler tant la douleur est aiguë. Ce n’est pas la faim parce qu’il ne veut plus jamais la ressentir, ce n’est pas la faim parce qu’il en est revenu. C’est autre chose. C’est peut-être ce qui l’inquiète. C’est la même chose qui le pousse à sortir, la même chose qui le conduit à fuir Sil et Tinks et Curl dans ses moments les plus bas, qui le pousse à hurler, à tempêter et à s’échapper parce que tout devient trop complexe et que rien n’a plus de sens, parce qu’il ne veut pas penser au monstre qui lui ronge l’intérieur du torse et aux cicatrices qui barrent sa peau. C’est le manque, peut-être, un manque qu’il ne peut pas satisfaire en fumant tout son paquet de cigarettes, un manque qu’il est incapable de combler en baisant ou en buvant ou en se droguant, un manque qu’il ne peut que ressentir, pour en palper les contours, pour en apprendre les formes, pour en faire une compagne, quelque chose qui ne s’éloigne jamais assez mais qui l’abandonne aux moments où il s’attend de moins, quelque chose qui surgit de son passé, comme une ombre qu’il n’a jamais pu oublier. Il inspire. Une main dans les cheveux, il tente de se poser, de faire le tri, de réfléchir. Il pourrait aller voir Jael. Il pourrait aller voir Jael et lui parler de la dernière saison de Project Runway, la forcer à parler de tout et de rien, attraper des crayons et ne plus penser à rien. Il pourrait aller voir Jael mais il faudrait parler, encore et encore, parler alors que sa gorge ne se desserre pas, parler alors qu’il est incapable d’articuler. Il pourrait aller voir Elena, mais le problème est le même, épineux et complexe, parce qu’il se retrouverait à lui lancer des piques alors qu’il n’a pas la tête à cela, parce qu’il faudrait rendre coup sur coup et être d’attaque et qu’il ne peut pas, pas tout de suite, pas maintenant, pas comme ça.
Il reste un endroit. Toots fait tourner le bout de sopalin sur lequel il a gribouillé l’adresse entre ses doigts. Il ne devrait pas. Il ne devrait pas du tout, même, mais le type lui a dit de venir quand il voulait, mais le type l’a déjà ramassé plusieurs fois, mais le type avait l’air assez con pour penser réellement ce qu’il lui promettait. Quand tu veux, quand tu veux, quand tu veux, c’était lourd comme engagement et il n’est pas certain d’y croire vraiment. Quand, tu veux, quand tu veux, quand tu veux, c’est la formulation qu’utilisent les gens pour dire jamais mais pour avoir bonne conscience. Merle s’en fout de la bonne conscience des gens : une invitation est une invitation et, le papier froissé entre les doigts, il prend la direction de Tybee Island, le pas lourd et l’air peur avenant. Ca suffit à repousser les passants, généralement, à les faire s’écarter. Ce n’est pas qu’il a l’air impressionnant mais il dégage quelque chose, une aura de « pas toucher » et de « ferme ta gueule » qui suffit à le laisser se frayer un passage au milieu de la foule qui arpente le bord de mer dans l’espoir de profiter des derniers rayons de l’après-midi. Il est tard, déjà, et Merle espèce à moitié ne trouver personne lorsqu’il arrive devant la porte du Troisième Œil. Il est tard et un mec comme Caïn ne doit sans doute pas être très à cheval sur les horaires, il est tard et il espère que la porte sera fermée et qu’il pourra aller ruminer ailleurs tranquillement, sans risquer d’avoir de regrets. Il est tard, et, forcément, la porte bascule sous sa poussée et il se retrouve dans la pièce, les yeux grands ouverts et l’air hébété, décontenancé, une seconde, avant de froncer les sourcils, de reprendre ses faux airs de chat pelé.
« Yosh » lance-t-il d’une voix qu’il espère suffisamment forte pour traverser la montagne d’immondice qui remplie la boutique. « Tu m’avais dit de passer quand je voulais. »
Il ne sait même pas s’il parle réellement à quelqu’un mais il prend la peine de laisser paraître le scepticisme dans sa voix, parce qu’il s’attend encore à se faire renvoyer paître, parce qu’il se dit toujours que tout va couiller, que tout va déraper et qu’il va se retrouver le bec dans l’eau, comme d’habitude. Avec précaution, il contourne une pile de bibelot, prend soin à ce que les pans de sa veste en cuir ne s’y accroche pas, déboule dans un espace dégagé, fini par tomber nez-à-nez avec ce mec qu’il n’est pas bien certain d’apprécier :
« J’ai besoin d’une bière, il est où, ton frigo ? » lui demande-t-il, plutôt que de lui dire bonjour, parce que dire bonjour ne sers à rien, la journée est finie et elle n’a pas été bonne de toute façon. « J’espère qu’elle est fraîche. » ajoute-t-il, plus pour garder contenance qu’autre chose, parce qu’il n’a rien de particulier à lui dire, parce qu’ils ont communiqué principalement bourrés les dernières fois et qu’il n’a absolument aucune idée de comment engager une conversation lorsqu’on ne cherche en vérité qu’un toit pour passer le temps.
« Tu vends vraiment des trucs douteux. » marmonne-t-il en balayant du regard la pièce, les bras croisés contre le torse comme pour se protéger d’une éventuelle pique. « Je pensais pas qu’on pouvait accumuler autant de merde dans un seul endroit. »
Insulter le gagne-pain de quelqu’un, donc, doit facilement être dans le top trois des choses à ne pas faire quand on cherche à faire la conversation, c’est certain, mais, après tout, Toots n’a jamais été conventionnel et Caïn doit en être conscient, non ? |
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| Sujet: Re: all the lonely people, where do they all belong ; ft. caïn Sam 8 Avr - 17:33 | |
| Pourquoi t’as fais ça ?. Pourquoi oui. Et les lèvres de Nadja contre les siennes, la douleur qui fusionne, qui se compense avec la proximité. Pourquoi oui. Et Nadja qui lui file entre les doigts, le regard blessé. Ca tourne en rond dans sa tête, depuis deux jours qu’il rumine, encore et encore et encore. Deux jours qu’à chaque sonnette de porte, il se précipite presque pour vérifier que c’est pas elle, la jolie blonde qui a tout chamboulé. Son secret mis à nu et le vide que ça laisse maintenant. tu danse ? Tais toi. Et le regard fuyant, Bambi qu’il n’arrive pas à tenir contre lui, et tout le reste qui s’ajoute, la Lune, la Lune encore la Lune. Porteuse de doute. Foutue Lune. Il voudrait bruler cette carte, bruler sa peau, bruler l’astre tout simplement. Caïn, le garçon qui n’aimait pas la Lune. Menteur. Caïn, le garçon qui aimait trop la Lune. Il bat les cartes Caïn, le regard perdu dans le vide et les mains qui s’activent. Geste mécanique, habitude ancrée dans la peau depuis qu’il est môme, à imiter sa mère maladroitement. Il bat les cartes Caïn, pour essayer de se libérer de ses pensées, de Nadja, de Bambi, de Swann. Foutue Swann. Toujours là. Il se dit que dans quelques heures il appellera Bran, il l’emmènera boire un verre ou peut être dix. Parce que la vie est plus drôle quand l’alcool se propage dans le sang, distille la tristesse, amplifie la joie. Mais pour l’instant il bat les cartes. Y a pas de client pourtant, juste lui et sa morosité inhabituelle, qui a fait fuir Chief dans son sous-sol et fait comprendre à Gengis que c’était pas le jour pour utiliser sa tête comme punchingball. Pas le bon jour du tout. Peut-être aussi pour ça que son bureau est définitivement vide et que personne ne s’est pointé de la journée pour une séance. Machinalement il étale les cartes devant lui, arc de cercle imparfait parce que sa main a tremblé. Et déjà qu’il tire au hasard, sans hésiter. « Salope » La Luna. Encore. Encore. Encore. Inlassablement c’est le même cirque, et cette carte qui réapparait entre ses doigts, comme pour le narguer. Ca l’agace, ça l’agace tellement que ça le fait tricher : il range la carte dans le tiroir et recommence. Une nouvelle fois. Plus serein. Ou presque. « Reste où t’es putain » qu’il murmure entre ses dents, tapant du genoux le tiroir, avant de recommencer son rituel. Cartes de nouveau sur table, et sa main qui hésite, qui se balade sur le carton abimé quand soudain la sonnette de la porte d’entrée se fait entendre. Instinctivement Caïn se redresse, à l’affut. Il ne sait pas vraiment qui il aimerait voir arriver, alors il se tend, patiente, tend l’oreille. Yosh - Tu m’avais dit de passer quand je voulais. Oh. Ce n’est ni Nadja, ni un fantôme du passé. Plutôt un fantôme de présent. Merle, le sale gosse à la rage acide et aux insécurités trop nombreuses pour êtes totalisées sur les doigts de la main. Merle et la poubelle dans laquelle il l’a trouvé, littéralement. Il ne pensait pas le voir de sitôt. Pas du tout même. Mais qu’importe. L’invitation était sincère et Caïn avait besoin de ça. Une distraction, puisque sa distraction numéro un s’était faite la malle quand il l’avait embrassée. « Hey je suis dans le bureau, première porte à gauche ! » sa voix lui semble trop faible. Fatiguée. Comme lui. Il s’use trop vite, à un rythme qu’il n’avait pas prévu. Et c’est affolant. J’ai besoin d’une bière, il est où, ton frigo ? Et le rire qui parcourt Caïn. Il avait presque oublié le franc parler du gamin. Sans doute pour ça qu’il a autant accroché. Trop de ressemblances pour passer à côté. J’espère qu’elle est fraîche. « Et avec ça tu veux quoi ? Une part de gâteau ? Un parasol pour ton verre ? » moqueur il range rapidement son bureau et ses affaires avant d’enfiler ses lunettes de soleil et sortir de la pièce à la recherche de Merle. Facile, le Troisième Œil, il le connait comme sa poche, et malgré les dédales illogiques de bibelots et couloirs exiguës, il pourrait s’y déplacer les yeux fermés.
Tu vends vraiment des trucs douteux. Caïn secoue la tête en priant pour la survie de Merle que Madame ne soit pas dans le coin. Ou Gavroche. Ou personne en fait. C’était dangereux ce qu’il était en train d’insinuer. Je pensais pas qu’on pouvait accumuler autant de merde dans un seul endroit. « Tu sais, Madame a égorgé des gens pour moins de ça. Ou maudit. Je sais plus » et le voilà face à Merle, sourire aux lèvres en dévisageant le gosse qui s’installe déjà en position défensive. « Remarque moi je vends rien ici. Je te l’ai déjà dit, tête d’oiseau » il lui donne une pichenette sur le crâne. C’est gratuit, c’est condescendant, mais c’est peu cher payé pour le sacrilège qu’il vient de commettre. « Une bière donc. Viens je les garde chez moi, sinon tout le monde pique dedans » pas vraiment vrai, pas vraiment faux. Mais il aime bien avoir quelque chose sous la main ou à proposer aux clients quand ils viennent. Un verre d’eau ou d’alcool ça détend toujours les esprits et c’est bénéfique pour tout le monde. Sans attendre il fait signe à Merle de le suivre et l’invite à entrer dans son bureau. « Installe toi où tu veux » par terre, sur le bureau, debout. Qu’importe, du moment qu’il est confortable, c’est le principal. Et Caïn se dirige vers le frigo posé dans un coin de la pièce, en sort deux bières qu’il ouvre avant d’en tendre une au jeune homme. Finalement, même pas besoin d’appeler Bran pour commencer à boire, et c’est pas plus mal comme ça. Goulot à la bouche, il avale une longue gorgée avant de soupirer et de se laisser tomber dans son fauteuil, les yeux toujours fixés sur Merle. Il a du mal à le cerner le gamin. Il sait. Il sait beaucoup de choses, peut-être trop, bien plus que Merle ne l’aurait voulu. Mais c’est pas le sujet de l’histoire. Non. Y a autre chose, quelque chose qu’il n’arrive pas à identifier. C’est là pourtant, sous son nez, mais comme d’habitude il devient aveugle face à l’évidence. « Tu peux donc survivre en dehors des poubelles. Je commençais à en douter » clin d’œil, nouvelle gorgée, il rigole doucement. C’est pas méchant, juste taquin, comme un rappel de leur rencontre. Lui s’en souvient encore. Du poids du corps sur ses épaules alors qu’il tanguait déjà trop, de cette nuit passée dans la baignoire et des lignes traversant sa poitrine. Les rires, le mal de crâne aussi, le regard noir de Bambi et la gueule de bois monumentale le matin. Une nuit habituelle, agrémenté d’un plus : Merle ramassé dans un coin emporté sous le bras. Foutue manie.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: all the lonely people, where do they all belong ; ft. caïn Lun 1 Mai - 20:22 | |
| La vérité, c’est que Merle aime beaucoup trop Caïn. Il aime la façon dont il bouge les épaules, la façon dont il est facile à côtoyer, il aime la façon dont ses yeux s’allument et celle dont il agite les mains, la façon dont il prend soin de lui et dont il n’exige rien. C’est une suite de raisons, une guirlande d’occasion, c’est son corps dans la poubelle et son secret dévoilé, c’est beaucoup trop d’alcool dans le sang pour pouvoir se masquer, c’est la chaleur de Caïn, beaucoup trop rassurante, et l’épaule contre laquelle il était pressé, chat sauvage apprivoisé pour une minute ou pour quinze, les yeux mi-clos et des ronronnements dans la gorge plutôt que des grondements. La vérité, c’est que Merle regarde Caïn et qu’il a confiance, ultimement et uniquement confiance, parce qu’il n’a rien à lui cacher et pas à lui mentir, parce qu’il n’utilise pas ce qu’il sait comme d’une arme dont il serait la cible. C’est étrange parce qu’il ne devrait pas, parce que lui faire confiance, c’est se presser un flingue sur la tempe, parce qu’imaginer pouvoir s’abandonner c’est un peu se perdre et qu’il devrait avoir peur, peur de se laisser aller, peur de laisser tomber, les armures et les masques, les faux-semblants et les jeux qui ne mènent nulle part. Il est trop simple, Caïn, dans ce qu’il offre, trop simple et trop tordu, parce qu’il est sûr, Merle, qu’il cache quelque chose, quelque chose de tapi, quelque chose de planqué, quelque chose qui tambourine, certain, qu’il y a quelque chose qui se trame et qu’il recèle trop de secrets pour qu’ils soient contés, parce qu’il y a quelque chose derrière cette façon qu’il a de lui dire qu’il peut venir, derrière cette manière qu’il a de l’amener chez lui et de ne rien demander, derrière tout ce qui le compose. Il est sûr, Merle, et peut-être qu’il s’en fout, dans le fond, parce que ça ne le concerne pas, parce que ça ne change rien, parce que ce n’est pas le secret d’Asher ou les masques de Seven, parce que c’est autre chose et qu’il n’a pas le cœur à tendre les doigts, à enfoncer les ongles, à creuser avec les mains comme un animal. La vérité, c’est que Merle aime beaucoup trop Caïn, comme il aurait aimé un membre de sa famille, comme il a aimé sa famille avant de réaliser, avant de comprendre, avant de décider que non, que ce n’était pas possible, qu’il ne pouvait pas continuer comme ça.
Il n’hésite pas une seconde, lorsque la voix de Caïn l’interpelle, enjambe, se fraie un passage, se dirige vers elle, papillon nocturne attiré par la lumière. Il ne lui dit pas qu’il a l’air fatigué lorsqu’ils se tombent nez à nez, ne dit rien, en réalité, le laisse l’absorber dans sa bulle d’anormalité, parce que c’est ça qui est normal, ici, ça qui est normal avec Caïn et, lorsqu’on lui propose de s’installer où il veut, c’est avec la dignité d’un chat pelé qu’il pousse quelques trucs qui traînent pour s’installer en tailleurs sur le bureau. La vérité, c’est qu’il ne sait pas bien pourquoi il est ici. Il avait froid, peut-être, ou il avait besoin de compagnie, sans doute, mais il n’a pas de raisons claires, pas de raisons précises, rien qui ne surpasse le « j’avais envie de le voir » qui tambourine quelque part dans son crâne, rien qui ne crie plus fort que le « j’avais envie d’être ici » qui tempête dans sa poitrine. C’est un sentiment qui le prend au dépourvu et ça fait mal, parce qu’il n’a pas l’habitude de vouloir être quelque part, pas l’habitude d’avoir envie d’être entre quatre murs, parce que tous les murs sont des prisons, parce qu’il est enchaîné à un appartement qu’il ne supporte pas, à des gens qui l’insupportent et qui ne le voient pas. Il sourit à Caïn, lorsqu’il attrape sa bière, et c’est un sourire qui ne sert pas qu’à montrer les dents, autre chose qu’une réaction primale et animale, autre chose qu’un mécanisme de défense qui commence à s’essouffler. C’est une balafre sur son visage et c’est quelque chose comme de la joie, quelque chose comme de la sincérité, comme une ouverture étrange vers un adulte encore plus étrange, vers quelqu’un qu’il est incapable de situer sur la carte des gens qu’il connaît, comme s’il était incapable de définir ce que Caïn représente pour lui.
« J’veux bien un parasol, si mettre des parasols dans une bière risque pas de mener à mon meurtre. » lance-t-il, avec cette morgue adolescente, un défi dans les yeux alors qu’il porte la bouteille à sa bouche. « J’voudrais surtout du gâteau, en fait. » C’est une admission un peu à contre-cœur, parce qu’il a faim, en réalité, qu’il n’a pas mangé depuis le matin, depuis qu’il a mis la voile, depuis qu’il a disparu pour quelques jours. Il sait que Caïn plaisantait, qu’il n’y a sans doute pas de gâteau, mais il ne peut pas s’empêcher d’espérer, une seconde, parce qu’il aime le sucre et qu’il pourrait tuer pour une tranche si on la lui proposait maintenant. Il chasse vite la pensée. Il chasse vite la pensée, parce que Caïn est assis en face de lui, parce que Caïn le taquine, parce que Caïn lui balance des piques, parce que Caïn crie familiarité et que Merle ne sait pas quoi en faire, parce qu’il en a plein les mains et qu’il se sent débordé, comme submergé par une émotion qui menacerait de le noyer. Il n’a pas peur. Il n’a pas peur parce que c’est Caïn, il n’a pas peur parce qu’il a fait ses preuves, il n’a pas peur parce qu’il est en terrain ami et que c’est la première fois dans sa vie.
« Chais pas. » plaisante-t-il. « C’est pas très loin d’une poubelle, ici, non ? » et sa bouche s’étire en un nouveau sourire alors qu’il se lève, se laisse glisser sur ses pieds pour s’approcher de Caïn et s’asseoir en tailleurs devant lui, le menton posé sur un de ses genoux, pour l’observer de plus bas et de plus près, pour jauger, estimer, soupeser ce que vaut l’homme. « T’as l’air HS, mon brave, t’étais occupé à te branler avant que j’arrive ? »
C’est à moitié une plaisanterie – et il espère que Caïn lui dira pas si c’était vraiment le cas – mais il ne peut s’empêcher de tracer du regard le visage de l’homme à la recherche d’une trace de réponse, parce qu’il crève d’y traquer ce qui le tracasse, d’y pourchasser les lignes de fatigues qui se dessinent sous sa peau.
« T’es gavé vieux, en vrai. » lâche-t-il sympathiquement, en prenant soin d’enfoncer un peu plus son menton dans la chair de sa jambe, pour le forcer à réagir. « Mais des rides comme ça, c’est la vie qui les cause, pas l’temps, t’as p’t-être besoin de plus qu’une bière en fait. »
Peut-être qu’il a besoin d’affection, ou d’un litre de vodka, ou de danser jusqu’à perdre la notion du temps ou de dormir, Merle n’en sait rien. Il est prêt à l’aider à faire beaucoup, en vrai, prêt à l’extirper du Troisième Œil pour aller se bourrer la gueule toute la nuit s’il a envie, prêt à le tirer loin loin loin pour prendre l’air s’il le faut. Il a envie, Merle, mais il sait pas trop quoi faire, pas trop quoi dire, pas trop comment aider. Au lieu d’ajouter quoi que ce soit, il boit. Avec ça, au moins, il peut pas se planter. |
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| Sujet: Re: all the lonely people, where do they all belong ; ft. caïn Sam 13 Mai - 23:36 | |
| Merle, le sale gosse, encore, toujours, et cette démarche qui se relâche soudain dès qu’il entre dans son bureau. Tu crains rien ici gamin, qu’il voudrait lui confirmer, que de toute façon c’est pas lui qui viendrait le fracasser contre le pavé ou décider de le planter dans le dos. Merle, le sale gosse, et la boule au cœur quand il le dévisage, parce que y a trop de lui dans ce gamin des rues ramassé, presque la même noirceur, presque les mêmes peurs, mais aussi cette façon d’affronter le reste de la vie debout, le majeur levé. J’veux bien un parasol, si mettre des parasols dans une bière risque pas de mener à mon meurtre. Le rire qui lui échappe devant la remarque effrontée de Merle, Caïn secoue la tête l’air de dire mais qu’est-ce qu’on va foutre de toi. Ouais, qu’est-ce qu’on va foutre de toi Merle, il se le demande continuellement, un peu effrayé d’être le seul à se poser la question, à vouloir le protéger. J’voudrais surtout du gâteau, en fait. Et pendant un instant infime il voit la faim qui se dessine dans le regard de Merle. Ça lui brise le cœur, encore une fois, comme toujours. Il sait que le gosse ne mange pas à sa faim, ou quand il mange ça doit jamais être bien saint. « Peut être qu’on peut trouver ça si on migre vers la cuisine. Mais là tout de suite j’aimerais éviter y a l’autre folle qui zone » l’autre folle, Gengis et ses poings d’acier, le souvenir de ce bras pété pour une remarque un peu déplacée. Ouais. Gengis, il préfère éviter de la croiser, il préfère aussi éviter de présenter Merle à cette nana, vu leurs caractères ça ferait surement des éclats et il ne veut pas être l’arbitre d’une énième querelle au sein de la boutique. Mais plus tard, quand il sera certain qu’elle est partie, il ira fouiller pour dénicher un bout de gâteau, rien que pour voir un peu de lumière s’allumer dans les yeux de Merle. Sale gosse ouais. Putain. Il ferait tellement un mauvais père, incapable de ne pas gâter ses gamins. Et l’idée le fait sourire, rien qu’un instant, avant que la mélancolie le frappe en pleine face, comme trop souvent. Chais pas. - C’est pas très loin d’une poubelle, ici, non ? La provoque facile qui le ferait presque rire s’il n’avait pas peur d’entendre les pas de Madame derrière la porte de son bureau. Il sait que Merle ne le pense pas spécialement, ou peut être si, mais que ce n’est pas une insulte. Parce que Merle voit les choses, il ne se contente pas de tout simplement les regarder, il sait passer à travers. Il a compris que le Troisième Œil ce n’était pas qu’une boutique bizarre, en bordel complet avec son personnel à retaper. Il a compris que y avait autre chose, que ça voulait dire sécurité. Pour ça qu’il est encore là, avec ce sourire narquois sur les lèvres, la mèche rebelle devant les yeux. Pour ça qu’il le défi du regard, qu’il le provoque comme ça. Parce que c’est comme un jeu, un besoin de rigoler pour pas laisser la réalité les bouffer. « Fais attention gamin, les murs ont des oreilles, encore une fois je veux pas être responsable de ta mort parce que t’as trouvé ça marrant de provoquer Madame » qu’il répond doucement en suivant Merle du regard, pendant que ce dernier se lève pour le rejoindre. Il s’assoit en tailleur en face de lui et pose son menton sur ses genoux, un peu comme un gosse. Non pas qu’un peu. Comme. Et Caïn qui ne bouge pas, le laissant faire, continuant de boire doucement sa bière. Merle c’est comme un chat sauvage, qui a beaucoup griffé avant d’accepter d’être apprivoisé, et aujourd’hui il vient se lover contre lui, à la recherche d’un peu de compagnie. T’as l’air HS, mon brave, t’étais occupé à te branler avant que j’arrive ? Le rire qui fuse, la bière qui passe de travers dans son œsophage et la toux qui dure quelques secondes. Bon sang, faut pas lui balancer des trucs comme ça, c’est un coup à le tuer. Il finit par retrouver son souffle avant de fixer Merle droit dans les yeux. « Peut-être qui sait. Y a des études qui montrent que se branler au taff ça allonge la durée de vie. Je crois que j’ai décidé que je voulais pas crever » clin d’œil, il finit par passer sa main dans les cheveux de Merle, les ébouriffant avant de se remettre à rire. Il en faut bien plus pour le choquer, bien plus pour le déstabiliser. « Enfin désolé de décevoir je me branlais pas, je tirais les cartes. Remarque d’un point de vue psychique ça peut être comparable. Faudrait que je demande à mes compatriotes » enfin ses compatriotes pas vraiment, il avait toujours détesté les pseudo réunions de taromancie, entre les imposteurs et les divas, il n’avait jamais vraiment trouvé sa place. T’es gavé vieux, en vrai Ca le sort de ses pensées, et Caïn hausse les sourcils, cherchant pendant un instant où veut en venir le jeune homme. « Toi t’as décidé d’être aimable aujourd’hui » mais au fond il s’en fout un peu, que Merle lui balance des roses ou des orties il sait que y a autre chose derrière les mots, des expressions utilisées comme une façade. Il porte de nouveau le goulot de la bouteille à ses lèvres pour finir sa bière sans quitter des yeux Merle. Y a quelque chose de nouveau dans son regard, plus de la moquerie, une espèce d’émotion qu’il a encore du mal à définir. Foutue empathie qui débloque quand il faut pas. Mais des rides comme ça, c’est la vie qui les cause, pas l’temps, t’as p’t-être besoin de plus qu’une bière en fait. « Des rides ? Quelles rides ? T’as vraiment décidé de faire le sale gosse ce soir. Je sais pas si tu mérites ton gâteau. » Bien sur que si il le mérite, il le méritera pour l’éternité son foutu gâteau, vu les cicatrices imprimées dans son âme, il a bien le droit à ça. C’est la moindre des choses. Finalement Caïn soupire et lève les yeux au ciel, la gorge qui se noue un instant. « Ouais. La vie cette chienne pas vrai ? » pas vrai Merle ? Parce que toi aussi tu sais, toi aussi tu connais, il a pas besoin de t’expliquer, tu sais où il veut en venir. « une bière ça suffit jamais. » Puis sans attendre il se lève donnant un petit coup de genoux au jeune homme pour l’inciter à faire pareil. « t’aime bien les tartes ?» Parce que les tartes ça colmate efficacement les peines de cœur, que ça solidifie l’âme pour une soirée, que ça fait semblant que tout va bien se passer. Caïn enfile son blouson et sors du bureau faisant signe à Merle de le suivre dehors.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: all the lonely people, where do they all belong ; ft. caïn Dim 21 Mai - 12:32 | |
| Y a quelque chose qui l’appelle chez Caïn, quelque chose qui fait boumboumboum, qui fait écho, quelque chose qu’il situe pas trop. Il sait que Caïn le perçoit, comme si ses yeux étaient équipés de rayon laser qui pourrait le scanner, il sait que Caïn le comprend, comme personne ne le comprend, comme s’ils étaient branchés sur la même longueur d’ondes, comme s’ils étaient reliés, d’une façon ou d’une autre. Il ne sait pas si c’est un vœux pieux, une espèce d’espoir qui reviendrait, encore et encore, parce qu’il a trop désiré une famille, parce qu’il a trop espéré en avoir une, parce qu’il est incapable d’y renoncer à présent, il sait pas trop s’il s’abuse pas, s’il se trompe pas, s’il se voile pas la face, il sait pas trop ce que vaut Caïn, vraiment, ce qu’il vaut quand les temps sont durs et quand plus rien ne semble pouvoir le sauver, ne sait pas trop à quoi il ressemble lorsqu’il est poussé à bout et qu’il ne peut pas reculer. Il en sait rien, Merle, rien du tout, mais il sait que Caïn veut dire maison et que Caïn veut dire sécurité, mais il sait qu’il baisse les armes quand il est là et que rien ne peut le blesser, mais il sait que Caïn lui veut du bien, d’une certaine façon, qu’il ressemble à Asher par certain côté, brûlés de par et d’autres à force de trop vouloir bien faire, usés, abusés, épuisés. C’est peut-être pour cela qu’il les aime. C’est peut-être pour cela qu’il fond, se liquéfie presque lorsque les doigts de Caïn passent dans ses cheveux, pour cela qu’il s’appuie un peu plus contre son genou, les yeux mi-clos parce qu’il est bien et que sa bière à moitié vide traîne sur le sol, peut-être pour cela qu’il ne bouge pas, parce qu’il n’a pas envie, parce qu’il aime qu’on le touche, parce qu’il aime la facilité de son affection, parce qu’il aime se rappeler à quel point il a confiance en lui et à quel point rien ne peut le briser. La vérité, c’est qu’il est un peu ailleurs, même quand Caïn lui répond. Il l’écoute, bien sûr, mais se laisse surtout bercer par sa voix, parce qu’il a rarement l’occasion d’être aussi détendu et aussi paisible, parce qu’il a rarement l’occasion de pouvoir dire ce qu’il pense sans que ce soit une guerre ou une provocation, sans que ce soit interprété comme un couteau plutôt qu’une plaisanterie. Il est fait pour trancher, Merle, c’est comme ça qu’il est resté en vie, pendant quatre ans, en se battant, en coupant, en arrachant chaque pan de survie sans se soucier de la douleur qu’il causait, parce que c’était bouffer ou être bouffer et qu’il ne voulait pas se laisser crever. Il est fait pour trancher, Merle, parce qu’il a été conçu comme une lame, parce qu’il a été conçu pour blesser et toute son anatomie est remise en question lorsque c’est Caïn qui tend les mains vers lui parce qu’il range les armes, parce qu’il ferme les yeux, parce qu’il se fait docile et tactile, parce qu’il se redresse sans moufter lorsque ce dernier fait mine de se lever.
« J’adore les tartes. » répond-t-il, parce que la question n’en est pas réellement une, parce qu’il aime tout, en réalité, tout ce qui peut lui remplir l’estomac, tout ce qui peut le changer un peu de la bouffe qu’il ingère mécaniquement, tout ce qui peut le tirer de sa monotonie. C’est vraiment pas une vraie question, il le sait, Caïn le sait, tout le monde le sait, mais ça n’a pas d’importance parce qu’ils sont dans la rue, quelques minutes après et que Merle marche à côté de Caïn et que tout garde son sens, même loin des murs du Troisième Œil, même lorsqu’ils ne sont pas cachés, planqués, dissimulés derrière les protections de la baraque. Merle croit pas à la magie. Il croit pas aux cartes de Caïn ou aux grigris des autres, il croit pas aux cailloux, aux pendules, aux bougies, pas du tout. Il croit aux sanctuaires, par contre, il croit au sacré, pas d’une façon religieuse mais d’une façon tordue et étrange, il croit aux limites infranchissables et aux lieux que personne ne peut atteindre, un peu en retrait de l’espace et beaucoup en retrait du temps, des espaces clos où exister librement. C’est un peu ça, le Troisième Œil, un peu ça et beaucoup d’autres choses encore, et c’est peut-être pour ça qu’il avait peu en sortant, peur que l’affection de Caïn s’évapore une fois la porte franchie, peur qu’il rebrousse chemin et qu’il le laisse dehors, peur qu’il le fixe comme s’il ne l’avait jamais vu. Il ne le fait pas, évidemment. Il ne le fait pas et, quelques minutes plus tard, Merle est assis sur la banquette un peu collante d’un diner, une carte plastifiée qui sent la friture entre les mains et les plus grands yeux de la terre sur le visage alors que son ventre gronde et réclame et tempête.
« T’as conscience que je vais te ruiner, si tu m’invites, hein ? » qu’il demande, l’air de rien, et il a le regard trop avide lorsqu’il s’arrête sur le menu. Il hésite, une seconde, parce qu’il se demande s’il n’est pas trop tard, parce qu’il se demande s’il n’a pas raté le coche, il hésite, une minute, et puis il jette un regard à Caïn, au-dessus de la carte, parcourt du bout des yeux son visage et tend la main, pour poser ses doigts sur les rides qu’il voit, passer ses doigts dessus pour les effacer. C’est beaucoup trop familier, un peu trop audacieux, c’est affectueux, surtout, parce qu’il initie le contact, sans crainte et sans hésitation, parce que c’est sa façon à lui de s’inquiéter, un peu maladroit et un peu trop brusque, sans tact et sans finesse. « Tu me tireras les cartes ? »
Il y croit pas, lui, pas vraiment, mais il est curieux de savoir ce que Caïn voit, mais il se demande comment il le voit, comme il interprétera les figures et les nombres et toutes ces conneries, comment il empêchera tout ça de finir en bataille plutôt qu’en lecture. Il se demande s’il lui prédira l’amour, il se demande si ça voudra dire quelque chose, il se demande s’il y croira, comme toutes les fois où il lit l’horoscope après coup et qu’il se dit c’est ça.
« Tu penses que tu me tatoueras, un jour ? » ajoute-t-il, finalement, et il se demande si la liste de ses exigences ne finit pas par être trop longue. |
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| Sujet: Re: all the lonely people, where do they all belong ; ft. caïn Ven 26 Mai - 19:07 | |
| J’adore les tartes. Sans doute que ça termine d’attendrir Caïn. Sans doute qu’à cet instant il est prêt à offrir toutes les tartes du monde à Merle rien que pour le voir sourire et rire. Parce que Merle le renvoi trop loin en arrière et c’est son cœur qui se serre quand il comprend que le gamin crève la faim. Parce que ça lui rappelle ces journées à se battre pour trouver de quoi bouffer, parce que sa bourse lui servait juste de quoi payer l’école et que le reste était trop compliqué. « J’en attendais pas moins de toi » et le sourire tranquille qui fleurit sur ses lèvres quand il se redresse pour faire signe à Merle de le suivre. C’est la clop au bec et les lunettes sur le nez qu’il ferme son bureau puis quitte le Troisième Œil. Il est assez tard pour la lumière du soir ne le dérange plus, ou peut être juste un peu quand les derniers rayons de soleil tombent sur sa peau. Sans un mot ils marchent côte à côte dans la rue et Caïn tire sur sa cigarette à intervalles répétées. Il aime bien ça, le silence. Pourtant il n’est pas seul. Y a Merle dans son ombre, comme un chat errant encore trop timide pour décider de miauler mais assez intrigué pour le suivre. Finalement ils débarquent dans un diner, de ceux qui ont le néon cassé et la clientèle fantôme. Y a la serveuse aux mèches qui s’échappent de son chignon et aux cernes qui creusent son regard qui salue Caïn quand il relève ses lunettes sur son front. Un habitué du lieu, quand les nuits sont trop longues et que parfois il n’a pas envie d’aller se beurrer la gueule. C’est un peu leur repère secret à Bambi et lui, un des premiers endroits où ils se sont arrêté en arrivant à Savannah, le cœur en cavale et la faim grinçante. Il fait signe à Merle de s’installer sur une table près de la fenêtre et attrape deux menus pour eux. Il se sent bien ici, dans sa bulle hors du temps, comme si personne pouvait vraiment les atteindre. Il sent que Merle a besoin de ça aussi, de cette sensation de sécurité que lui apporte le 3eme Œil mais qu’il ne retrouve pas forcément au dehors. T’as conscience que je vais te ruiner, si tu m’invites, hein ? « Qui a dit que je t’invitais gamin ? » Caïn le dévisage un instant, l’air outré, avant de se mettre à rire en secouant la tête. « Nan mais vas y fais toi plaisir, c’est pas trois ou quatre part de tartes et un hamburger qui va me ruiner tu sais » et même si c’était le cas il ne le dirait pas. Parce que l’argent au final il ne s’en soucie plus vraiment, préférant dépenser pour voir le sourire sur les visages des êtres aimés plutôt que d’emmagasiner des dollars virtuels. Puis soudain y a ce geste imprévu, y a les doigts de Merle sur son visage à lui. C’est léger, c’est timide. Et ça brûle. Putain ce que ça brûle. La chaleur du contact et le besoin d’être aussi proche que possible des autres, de leur cœur. Il sent ses lèvres s’étirer en un sourire triste, en un sourire fatigué qui fait surement accentuer les rides que Merle parcourt. Il n’a pas honte de son âge, du temps qui passe. Il laisse faire Merle parce qu’il sait qu’il doit laisser le jeune homme initier le contact pour ne pas le faire fuir. Il laisse faire Merle parce qu’au fond il est déjà conquis, que le gamin pourra surement se permettre beaucoup trop avec lui et il le sait. C’est trop tard, y a son rempart qu’est tombé depuis leur première rencontre. Tu me tireras les cartes ? « Peut être » Caïn murmure, les yeux rivés dans ceux du jeune homme. Et pendant un instant il se demande ce qu’il trouverait comme réponse dans les bouts de cartons colorés qu’il aime tant manipuler. « Un jour. Pas ce soir, je travaille pas. » c’est un mensonge. Parce que les cartes ne sont pas vraiment un travail et qu’il pourrait passer sa vie à les tirer gratuitement. C’est juste qu’il n’a pas envie d’avoir de réponse pour l’instant, juste laisser la bulle de sécurité du restaurant faire effet. « Réfléchis à ta question et reviens me voir quand tu seras décidé » qu’il finit par répondre avant d’attraper la carte pour couper le contact visuel. Il lit les noms de plat qu’il connait par cœur, juste pour s’occuper, pour penser à autre chose que cette carte qu’il ne cesse de tirer quand le prénom de Merle lui vient à l’esprit. Tu penses que tu me tatoueras, un jour ? De nouveau Caïn rigole, dévisage, hausse les épaules avant de faire signe de la main pour appeler la serveuse. « Si tu veux. » Il n’argumente pas. Y a pas besoin. Il sait que Merle ne demande pas ça à la légère comme certain de ses clients frivoles. Il sait que pour Merle marquer sa peau représente quelque chose, comme les cicatrices qui s’étendent sur sa poitrine. Il s’apprête à continuer quand la serveuse arrive et Caïn se retourne pour lui porter son attention « Un milkshake vanille fraise et une part de tarte aux noix de pécans s’il te plait Maggie » il attend que Merle termine sa commande, sourire amusé en voyant la quantité de nourriture demandé et il sait qu’il devra le porter à la sortie parce qu’il aura sans doute le ventre ballonné d’avoir trop manger. Mais c’est pas grave. Il y a de ces douleurs qu’on ne regrette que rarement. Finalement la serveuse s’éloigne et Caïn reprend. « Mais tu connais les règles. C’est moi qui choisit, à la limite on peut en discuter mais le choix final me revient ». Il a toujours fonctionné comme ça, même pour ses amis les plus proches, pas question de changer sa règle pour un gamin comme Merle. « Donc si tu me dis que tu veux une raie Manta sur la fesse droite je t’indiquerais un bon studio mais ça sera sans moi »
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| Sujet: Re: all the lonely people, where do they all belong ; ft. caïn | |
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