AMETHYSTE LLOYD ✧ et nos gueules sur le bitume.

Améthyste tu l'as vue une nuit. Etendue sous la pluie. T'as pas pigé au début, t'as cru à une hallucination. Un ange noyée sous le torrent. Et tu sais pas trop si ça t'a amusé ou si ça t'a fait flipper. Attiré. Aspiré. Elle t'obsédait déjà alors que tu la connaissais même pas. Tu l'as regardé un moment. Planté comme un con. C'est qui cette folle aux cheveux blonds ? C'est qui cette conne aux yeux tout ronds ? Mais t'as fini par l'approcher la poupée. T'as fini par te pencher sur son visage glacé. Si la folie porte son nom, alors tu veux bien te jeter dedans. Elle est belle Améthyste. Malgré le mascara qui coule sur l'asphalte. Malgré la mélancolie qui lui colle à la peau. Et la pluie n'y fait rien, elle te crame Amé. Elle te charme la poupée. Tu jettes ta clope sur le sol mouillé. Et tu te couches à côté. C'est de là que ça part Améthyste et toi. «  T'es jolie comme la pluie » tu lui dis. Et elle sourit. Elle te regarde même pas. A côté d'elle, t'as presque l'air sain d'esprit. Et puis Amé elle est dans ta tête, elle est dans tes veines, elle est dans ta peau. Amé et sa marée de sanglots. Mais tu sais ouais, que le mascara il coule pas à cause de la pluie. Elle pleure comme une petite fille. C'est comme ça que tu la vois Amé. Désarticulée. Le coeur gercé. Le coeur givré. Et puis tu l'embarques sur ta bécane. Tu la cueilles, tu la glanes. « Viens, j'vais t'apprendre à voler. C'est triste un rossignol cloué au sol. » Amé elle te suit. Elle revit. Un peu. La tête rejetée en arrière. Amé et ses yeux qui t'enterrent six pieds sous terre. 

Et puis Amé rentre chez elle. Amé tu fais tout pour la revoir. Tu fais comme si c'était un hasard. Mais tu te voiles la face. Amé comme de la drogue dure. Amé et ses iris d'azur. Tu reviens toujours. Mais Amé elle veut pas d'amour. Elle veut vivre au jour le jour. Et toi ça te tue. Mais tu montres rien. Tu finis dans son lit et tu finis toujours par en sortir. Et puis Amé tu veux en faire ta propriété. T'es là à l'emmerder. A lui dire qu'elle vaut rien, que personne voudra plus d'elle. Qu'elle est foutue la belle. Tu lui tapes des crises. Et tu t'enlises. Dans le malsain. Ton amour il est pas sain. Il est pas saint. Parfois tu lui fais mal. Tu la pousses un peu, tu lui fais des bleus. Au poignet, au bras, à vouloir la garder. A avoir trop serré. Mais tu sais pas non qu'Amé elle sait encaisser. Qu'elle a eu des marques avant les tiennes. D'autres phalanges, d'autres haines. Que c'était bien pire avant. Mais tu veux pas la casser Amé. Tu veux juste qu'elle soit à toi. Juste à toi. Avec Amé, c'est beau, parfois c'est laid. Mais vous aimez bien ouais, vous allongez sous la pluie pour vous noyer sous les larmes des nuages.