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 Chained to the rhythm (grael)

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Jael Feliciano

Jael Feliciano
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MessageSujet: Chained to the rhythm (grael)   Chained to the rhythm (grael) EmptyMar 28 Mar - 12:49

La fête, les soirées, la musique qui pulse encore et encore. Cigarette au bec et cheveux en folie, j’observe, je rigole, je vole. Je sais pas pourquoi je continue à sortir comme ça encore, encore, seule. Je sais pas ce que je cherche à m’incruster à des soirées où j’ai même pas été invitée. Peut être que ça me donne l’impression d’être normale, humaine. C’est ce que je devrais être si tout n’avait pas foirée, le genre de gamine à sortir le samedi soir avec mes amis, faire la fête jusqu’à pas d’heure en rigolant avant de rentrer en trainant des pieds jusqu’à l’internet, suppliant le surveillant de nous laisser rentrer sans nous coller une punition sur le dos. Je repense à Armand à ses boucles blondes et à son sourire quand il me parle. Je repense à Armand à son rire un peu cassé, à la façon dont il remet son col et je me demande où il en est. S’il pense à moi, à nous à tout. S’il repense à Cecilia aussi. Cecilia. Moi j’y pense tous les jours à elle, à ses cheveux trop blonds et à son sourire qui m’a toujours fait froid dans le dos. Non. Et la cigarette qui meurt entre mes doigts. Vite. Une autre. Pour pas bloquer.
Je me dégage de mon siège, me fondant dans la foule, à la recherche d’une âme charitable pouvant me dépanner. Parce que j’ai les poches trouées qui se vident à une vitesse improbable, sans que je comprenne où passe les choses que j’avais stocké dedans. Et les sourires que je récolte, les corps qui se frôlent et les mains qui trainent. J’aime bien, je rigole, encore, encore, et je tourne. Je me laisse capturer au lieu de fuir comme je le fais d’habitude. Je sais pas pourquoi, comme une bravade, pour prouver que je m’en fous, que ses doigts sur mon cou ça me fait rien. Ou que ça me fait quelque chose. Je sais pas. J’imagine des noms, des visages à sa place, et Armand qui revient. Encore. Encore. Foutu Armand. Et mon cœur fracassé pour la seule et unique fois, quand je l’ai surpris dans le salon avec Cecilia. Il m’embrasse et je le laisse. J’aime bien. Sentir le cachet qui passe de sa bouche à la mienne, pilule magique que j’ai même pas demandé. Je rigole. Encore, encore. Je perds pieds, tout. C’est de pire en pire, depuis la sortie de l’hôpital. A croire que l’avertissement n’a pas suffit, je me dis que c’était pas de ma faute, c’était celle de Tobias et du poison qu’il a injecté dans mes veines. Traitre et la sensation de se faire utiliser comme un objet pour une vengeance où je n’ai pas mon mot à dire. Je laisse la substance se dissoudre sur ma langue avant de m’écarter, de me libérer. Parce que je veux pas plus, j’ai pas besoin de plus. Je laisse mes doigts effleurer sa joue, murmure un merci silencieux pour son cadeau inattendu.
J’ai le cœur qui bat plus vite que le rythme de la musique, et le monde qui tourne à cent à l’heure. J’aime les couleurs, les cris, les rires. J’aime les odeurs, mélanges de fumées que j’ai appris à apprécier au fur et à mesure, celle de l’alcool qui se renverse sur le sol, sur les vêtements. « Grace ! » Et mes bras qui s’enroulent autour d’elle comme par réflex tandis que mon sourire s’étire. Je sais pas ce qu’elle fait là, au milieu d’une soirée alors que pour moi elle appartient à l’hôpital dans son uniforme d’infirmière. « Tu m’as manqué » et je la serre contre moi, mes lèvres qui viennent se perdre sur sa joue pendant que je rigole. Parce que c’est vrai. Elle m’a manqué. Je pensais pas. C’est drôle comment on se rend compte de l’importance d’une personne quand on la retrouve après une absence. Quelques jours dans mon cas, mais quand même. Il s’est passé trop de choses. Beaucoup trop.
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MessageSujet: Re: Chained to the rhythm (grael)   Chained to the rhythm (grael) EmptyMer 29 Mar - 21:49

Y a trop de jours dans une semaine, y a trop de soirées qu'elle a passé à sortir dans cette semaine en particulier. Lundi, mardi, mercredi ; jeudi se fait attendre patiemment, deux cercles violacés en poches en-dessous des yeux. Et cet air tellement mauvais et rancunier au visage, ce visage marqué qui lui renvoie seulement la vérité de son reflet. Tu seras pas belle demain. T'es peut-être mignonne ce soir mais je te dis et j'insiste, tu seras moche au réveil demain. L'oreiller se venge toujours de te voir rentrer tard. Il est jaloux de voir comment tu souris les étincelles, comment tu brilles entre le noir et les néons, comment tu danses dans les vides laissés par les corps saouls. Faut pas qu'elle pense au repas de famille chez les Al Shaikhly, Grace. Vingt-trois heure est depuis longtemps rentré se coucher alors qu'elle a les oreilles qui sifflent et le cœur qui plombe à chaque basse qui tombe. A ce rythme là, elle aura la tête dans le plat principal avant même d'avoir réalisé que l'entrée est passée. Elle y mange toujours trop, mais elle y mange toujours bien. C'est une deuxième famille, c'est Nur qui crochète son bras et passe le seuil de la porte avec une mine qui rend le soleil dingue. Elle loupera pas ça. Elle loupe le couvre-feu ce soir mais elle ne loupera pas ça.
Elle finit par perdre ses amis, quelque part entre une chanson qui lui plaît et une autre qu'elle trouve franchement chiante. Boom, boom, boom. C'est hypnotisant comme plombant pour le moral et les bras qui savent plus comment se balancer. Alors elle décide de se balader, parce que les pieds sont encore là et qu'elle a pas perdu d'orteils dans la foulée. Elle s'est arrêtée sur des talons plus hauts, des cheveux plus lâches, un haut moins large. Tu seras pas belle demain. Cendrillon des temps modernes, t'es belle tout le temps mais tu vois pas. Tu loupes les regards qui glissent sur l'épaule qui s'est dénudée en chemin, ou peut-être que tu fais semblant de pas voir. T'as peur de quoi, t'as peur de qui ? Tu fuis en grandes enjambées dans la foule, t'as l'impression de nager à contre-sens dans un courant de piranhas. Ils veulent ton sang, ils veulent ta peau. Tu remontes la manche en vitesse. « Grace ! » Le mirage passe comme dans un film, elle apprécie presque le ralenti. Jael et son halo ; elle flotte au-dessus, plus haut que les étoiles dans ses yeux de poupée. Jael elle est belle. Puis elle le sera encore demain matin. « ...Jael ? » Elle sent le souffle chaud contre sa joue, le rire en chair de poule aussi. Elle a l'impression de serrer un truc fragile dans ses bras, les bidules en verre qu'on expose trop près du bord des vitrines. Un coup de vent, et tout éclate. Est-ce que ça peut encore éclater, d'abord, quand c'est déjà en morceaux ? « Tu m’as manqué » Grace, elle a le nez dans le blond des cheveux et les yeux soudainement alertes quand elle réalise. Jael tient pas sous la main qu'elle a planté dans le dos. Jael est chiffon plus que porcelaine. Jael a quitté l'hôpital il y a quelques jours seulement pour avoir mixé overdose et virus soit disant mortel. « Tu devrais pas être là » C'est l’infirmière qui parle ; la jolie blonde à l'épaule nue elle est partie se perdre avec le reste des jolies blondes éphémères. Maintenant, elle redevient Grace. Grace qui a Jael dans les bras, Grace qui a du mal à ce que personne les emporte dans leur sillon et leurs coudes et leurs pieds et leurs verres pleins. Presque pleins, vides sur son pantalon qui colle déjà trop aux cuisses. « Babe, t'as pris quelque chose ? » qu'elle gueule finalement par-dessus la musique.
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MessageSujet: Re: Chained to the rhythm (grael)   Chained to the rhythm (grael) EmptySam 8 Avr - 17:36

J’me souviens de la première fois que j’ai vu Grace, armée de sa seringue pour une prise de sang et son regard compatissant. J’me souviens de ses lunettes qui tombaient légèrement de son nez et de ses cheveux blonds relevés au sommet de son crâne. J’me souviens de son sourire, de sa voix rassurante et du sentiment qu’il fallait que j’en fasse mon alliée dans cet enfer. Parce que rien n’allait. Rien du tout. Y avait la sensation de m’être faite piétiné par une horde d’éléphants et la nausée permanente. Y avait la voix d’Alijah et les démons du passé qui revenaient en rigolant, parce que c’était trop drôle de venir pile à ce moment-là. Alijah. Papa. Un mot que je n’avais pas prononcé depuis trop longtemps. 9 ans pour être précise. Alors ouais, quand j’ai vu Grace rentrer dans ma chambre d’hôpital pour faire des analyses, je me suis raccrochée à elle du mieux que j’ai pu. J’en avais besoin. J’en ai besoin. Toujours.
...Jael ? La surprise dans sa voix que j’entends même pas, trop focalisée à la serrer contre moi, à me rattraper à elle parce qu’elle brille au milieu de la foule comme un phare dans la nuit. Mon phare personnel. Je serre un peu plus, le cœur qui loupe des battements, et le rire qui continue sans doute attisé par les composants chimiques qui commencent enfin à se distiller dans mon système biologique. Tu devrais pas être là Oh non. Pas elle aussi. Pitié. Pas qu’elle s’y mette. C’est plus l’hôpital ici, c’est la vie réelle, c’est elle, c’est moi. C’est pas de limites, pas d’interdits. J’ai pas besoin de sermons. « Si si si je devrais être là » que je rigole contre son oreille. Parce que c’est mieux que chez Peter, que chez Tobias, que chez Alijah. Parce que c’est mieux qu’autre part, que j’ai besoin de me libérer pendant une soirée, être la gamine de 17 ans que j’aurais du être si tout s’était pas barré en couille aussi rapidement. Pendant un instant j’ai la tête qui tourne et je m’agrippe à son bras. Babe, t'as pris quelque chose ? « Non ? » Reflexe. J’ai rien pris. Rien du tout. Et c’est un nouveau mensonge qui s’ajoute à la pile déjà bien trop haute. Non. J’ai rien pris, à part un bonbon acidulé qu’on m’a passé involontairement et qui me donne l’impression de rêver. « Rien d’important » que je modifie, prise de remord en me souvenant de la façon dont Grace s’est occupée de moi quand ça n’allait pas.
On est bousculées, de partout, je me retrouve un peu plus collée contre elle, et je me retrouve un instant sans vraiment savoir quoi faire. J’aime pas la foule comme ça. J’aime pas la musique trop forte non plus. Pourtant là, ça va. Je crois. Ca me dérange pas que nos peaux se touchent parce que c’est pas vraiment une agression. Pas du tout même. Au contraire. « T’es belle sans ta blouse » je rigole encore, encore, encore. « Enfin t’es belle aussi avec ta blouse tu vois, mais ça te rend….Moins sérieuse ? » Peut être plus humaine, plus proche de moi. « Tu veux pas danser ? » j’enchaine, j’enchaine, pour camoufler. Et sans attendre sa réponse je l’entraine avec moi. Parce qu’après tout c’est ce que font les jeunes pas vrai ? Ils vont en soirées, boivent, fument, prennent des trucs, dansent jusqu’à s’en péter les pieds et finissent étalés sur leur lit trop crevé pour se démaquiller ou se déshabiller. J’imite, caméléon. Je me fond dans la masse parce que c’est plus facile de se faire accepter de cette façon. Et c’est ce que je veux, je crois, être acceptée.
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MessageSujet: Re: Chained to the rhythm (grael)   Chained to the rhythm (grael) EmptyLun 17 Avr - 20:44


Boom, boom, boom. Elle voit que les lumières et Jael, et c'est beau. Enfin, les rétines mises à part. Ça, elle aime pas du tout. Déformation professionnelle, Grace y peut rien, c'est plus fort qu'elle. Déformation amicale, Grace a peur pour sa blondinette. La blondinette ? Sa blondinette. Elle a le possessif facile avec elle, et c'est peut-être pour ça qu'elle supporte pas de jouer les imbéciles. Pourtant Jael lui donne allègrement la réplique, mensonge qui souffle sur son visage, aussi anodin que le vent en automne. Oh Jael, Jael, pourquoi es-tu Jael ? Renie ton mythonnage et abdique tes grands airs, ou si tu ne le veux pas, jure de m'aimer et j'arrêterai de te faire chier. Non ? « Non ? » Pourquoi tu me fais ça. Pourquoi tu la regardes avec autant d'euphorie, ça lui donne une envie maladive d'imiter un sourire béat. Non. Elle se racle la gorge et secoue brièvement la tête pour remettre les esprits en place. Ça cogne comme des cartons vides dans un camion de déménagement. « Rien d’important » Bien sûr. Et elle est pas en train de la sermonner du regard. Elle devrait gagner un truc pour ça, au passage. Elle gère les nuances à la perfection, et le camaïeu actuel crie babe, une overdose c'est un accident, deux overdoses, faut pas pousser ta chance. Bel échantillon de pastels et de paillettes, elle l'utilise pas souvent celui-là. Elle aime pas, ça tâche les mains, elle va en trouver dans le décolleté et sous la douche pendant des jours. « Rien d’important. Bien sûr. » Observe, Jael, observe comment elle y croit pas une seule seconde à tes beaux mots et ta belle bouche. Quoi. J'ai rien dit. T'as dit un truc ? J'ai rien entendu, si c'est ce que tu demandes. Plus jamais elle entendra quoique ce soit avec le volume hallucinant de la musique. « T'es belle sans ta blouse » Elle reste con. Pas à cause de ce que Jael vient de lui dire, mais parce qu'elle a pas capté un seul mot. « QUOI ? » Putain, la surdité te va pas du tout. Elle fixe Jael, les yeux plissés, un peu comme si elle matait le soleil en face. Tout pareil. La foule l'emporte contre les corps, un peu comme si ses pensées gueulaient assez fort pour se faire comprendre, elles. « T'as dit quoi ? » qu'elle demande en se penchant plus cette fois-ci, profitant des mouvements de vagues pour optimiser leur pitoyable communication. « Enfin t’es belle aussi avec ta blouse tu vois, mais ça te rend….Moins sérieuse ? » Elle a clairement loupé le premier coche. Ça donne un drôle de son au deuxième, au compliment qu'elle transfère d'une main à l'autre comme si ça allait la brûler au troisième degré. Un peu de la façon dont ses joues brûlent, flattées. « Euh, merci ? » Aucune chance pour qu'elle l'entende celle-là, c'est peut-être mieux ou fait exprès. Elle peut pas gérer de s'inquiéter et flirter en même temps. Ça fait froncer les sourcils et dilater les pupilles en simultané. Bizarre « Tu veux pas danser ? » Voilà l'Orient ! Et elle perd Juliette aux bras des autres, mais surtout du sien qu'elle a dérobé sur son chemin. Elle se prend un coude, elle se prend un pied, elle se prend plusieurs paires d'épaules osseuses et affûtées. Puis quand elles s'arrêtent enfin, au cœur de l'agitation, elle sait pas quoi faire de ses mains ou de ses yeux. Elle regarde autour d'elle, girouette. « Crie si je t'écrase les pieds. » Crie tout court pour lui parler, sinon elle continuera de se caler sur les basses comme elle le fait, un pied puis l'autre, une main sur les hanches de Jael de peur qu'on lui arrache en passant. Elle rejette les cheveux en arrière, elle crève de chaud. Elle crève surtout d'essayer de lâcher prise, et d'oublier comment la peau électrise.
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MessageSujet: Re: Chained to the rhythm (grael)   Chained to the rhythm (grael) EmptyMer 26 Avr - 20:13

Est-ce que j’ai pris un truc ? Peut être. Peut être pas. Je sais plus. J’arrive plus à me souvenir parce mon cerveau s’embrume trop vite, emporté par le rythme de la soirée. J’ai l’impression de sentir encore les mains du garçon sur mon corps, de tous les autres. J’ai l’impression de voir leurs mains laisser des trainées de néons sur ma peau découverte, comme si la lumière des stroboscopes pouvait révéler à quel point je suis abimée. Est-ce que j’ai pris un truc ? Surement. Je pense. Pour essayer de plus voir ça, comme des œillères pour cacher la réalité. Et puis y a Grace. Grace c’est mieux que n’importe quel shot de tequila, Grace c’est mieux que n’importe quelle pilule rose ou bleue. Peut être que si je l’avais rencontrée plus tôt dans la soirée j’aurais pas craqué. Peut-être, qui sait. Alors je lui mens. Ou je me mens. Entre les deux, équilibre fragile. Je vois bien qu’elle ne me croit pas, avec son regard qui me fait penser parfois à celui d’une grande sœur ou d’une mère. Mais je veux pas de grande sœur. Et encore moins de mère. Je veux une amie avec qui danser jusqu’au bout de la nuit. Je veux une amie dans les bras de qui me perdre, une amie à embrasser, à aimer, à adorer. Je veux, je veux, je veux. Trop de choses, beaucoup trop et les pensées qui s’emmêlent dans mon crâne pendant que la drogue fait des croches pieds à ma conscience. Rien d’important. Bien sûr. Grace elle est pas conne, pas vraiment. Grace elle en voit à la pelle, des patients à la gueule d’ange et au sourire innocent. C’est ce qui la rend si dangereuse. Grace elle se laisse pas berner. Alors j’enchaine, un peu trop vite, un peu trop rapidement, compliments pour noyer le poisson et peut être noyer ma peine aussi. Entre les deux. C’est sincère, je la trouve vraiment belle et j’ai envie qu’elle s’en rende compte. Un jour peut être. QUOI ? Elle a pas entendu et moi non plus, c’est trop fugace, les idées qui tournent dans mon crâne et j’arrive pas à suivre mon propre rythme. T'as dit quoi ? Et la voilà qui se penche vers moi, et mes mots qui s’échappent, je me perd dans des phrases, ces foutus compliments. T’es belle. J’aimerais être comme elle, ce genre de beauté sage et en même temps fougueuse, savant mélange des deux. J’aimerais qu’elle m’apprenne à briller comme elle, à sourire comme elle, à vivre comme elle tout simplement. J’aimerais qu’elle me donne sa dualité, sa force de caractère comme à l’hôpital et en même temps sa liberté. Grace ô Grace, qui semble interloqué par ma façon de la complimenter. Euh, merci ? « De rien c’est sincère » un peu beaucoup, à la folie. J’aurais pas du. Mais c’est trop tard pas vrai ? Alors je cours, toujours plus vite, toujours plus loin. Tu veux danser ? Parce que moi j’en crève, comme un besoin de me fondre dans la masse, dans la normalité, de pousser mon corps jusqu’à l’extrême pour épuiser tout ce qui me reste de douleur pendant un instant rien qu’une soirée. J’attends pas sa réponse, je la traine déjà derrière moi, au milieu de la foule et de ces corps qui se percutent, qui nous percutent. La musique est forte, trop forte et la lumière aveuglante. Mais je m’en fiche. J’ai la tête qui bouge au rythme de la musique et les doigts qui pianotent contre ma cuisse pendant qu’on cherche une place où s’incruster. Bingo Crie si je t'écrase les pieds. Et Grace encore plus perdue que moi, les bras ballants et le rythme contradictoire avec le tempo. Je rigole. Enfin un truc comme ça. « T’inquiète, fait comme moi » Les bras qui bougent en l’air et le corps qui se déhanche, c’est pas sexy, c’est pas gracieux, mais au fond j’en ai rien à foutre, je danse pour personne d’autre que moi. Et seulement moi. Je bouge comme lorsque je danse avec Ariel, tous les deux sur l’absence de musique et nos mouvements de jambes exagérés, pour chasser le mauvais temps dans l’appart.
Et puis soudain le rythme se casse la gueule, c’est plus lent moins violent. J’ouvre les yeux pour retrouver Grace en face de moi, et instinctivement j’enroule mes bras autour de son cou la tirant vers moi. Elle est grande. Plus grande que moi. De toute façon tout le monde et plus grand que moi. « J’aime bien cette chanson » enfin ce que je crois reconnaitre de la chanson et j’offre à Grace un sourire enjoué avant de me rapprocher d’elle un peu plus, encore, encore et sa peau sous la mienne qui me donne envie de rigoler, de plus jamais la lâcher. J’avais jamais remarqué qu’elle était aussi douce quand elle venait me faire les prises de sang à l’hôpital. Peut être parce qu’elle portait des gants.
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MessageSujet: Re: Chained to the rhythm (grael)   Chained to the rhythm (grael) EmptyDim 28 Mai - 11:18


Dieu abuse. Dieu abuse, parce qu'il y a une poignée de talents inutiles qu'elle collectionne dans le fond de ses poches, pire que des galets après une balade sur la plage. Pire que le sable chaud sous les semelles des godasses. Grace sait décoder les partitions. Mais Grace joue d'aucun instrument. Grace sait retourner son pouce. Grace sait retourner l'autre pouce. Mais Grace est hyperlaxe donc y a sûrement aucun mérite dans cette gymnastique. Grace sait parler gaélique. Grace connaît aussi un peu de latin. Mais Grace sait pas jouer des rythmes. Elle sait pas jouer de ses pieds sur les partitions électroniques et les classiques remastérisés. Autour d'elle, le monde continue de tourner et de danser. Elle piétine un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. La musique rentre dans une oreille mais ne s'étend jamais plus loin que l'autre. Inutile. Soudainement, même les  bras sont de trop. C'est sans compter celui qu'elle a glissé jusqu'à la taille fine de Jael, vraiment. Lui, il va bien. Il est ancré, en sécurité. Mais elle peut décemment pas ancrer le reste de son corps contre Jael, seulement parce qu'elle ne se sent pas d'aligner deux pas sur le parquet. Si ? « T’inquiète, fait comme moi » Elle essaie. Elle essaie pour Jael. Elle essaie parce qu'au beau milieu des corps perdus, il n'y a pas d'autre choix que de se laisser porter par la houle. Mais les vagues sont lourdes, et elles s'écrasent sans considération contre le rivage. Y a Jael la sirène sous l'écume, ballottée au hasard des courants, mais d'une façon impossible et improbable, à sa place. Et la lumière lui va si bien, et la musique est faite pour elle et ses bras, et les mouvements jalousent les arabesques inédites qu'elle trace sur la page vierge de l'air. Et elle appartient, à ce monde où tout va trop vite, où tout va trop loin, où tout part sans promesse réelle de revenir un jour. Cet espace temps où tout est psychédélique, et doux sur la langue, et brûlant dans la gorge. Où lever les bras à contre-temps a son charme, et fermer les yeux permet de mieux voir. Grace ne s'est jamais sentie trop sobre pour faire quoique ce soit. La sobriété lui maintient la tête hors de l'eau. Actuellement, la sobriété lui fait observer les reflets, et les ondulations à la surface. La sobriété lui fait miroiter ce qu'elle pourrait avoir ou être. Peut-être que la sobriété commence à lui faire se sentir un trop en marge pour réellement pouvoir suivre la trace des réverbérations et des basses. Et de Jael. « J’aime bien cette chanson » Et pire que la voix adorable qu'elle redoute, c'est les bras de la sirène qui viennent réitérer l'assaut sur son cœur. Elle a les menottes fines, la gamine, mais ça pèse comme pas possible à l'arrière de sa nuque. Et au fond de son bide. Et à l'autre bout du deuxième bras qu'elle a enroulé autour de la taille de la blonde. Peau sur peau. Proximité redoutable. L'épiderme qu'hyperventile. Le rythme lent, beaucoup plus lent. Elle a bu qu'un verre, et elle aura pu en avoir bu trois. Si ça pouvait justifier ne serait-ce qu'une seconde la façon dont ses mains mémorisent les courbes, s'approprient les creux, descendent la chute de rein. Elle a pas bu au point, et la sobriété rampe à même le sol sous leurs pieds fatigués. La chaleur distille ses pensées, gouttes de buée qui glissent lentement sur son front. Leurs fronts. Souffle sur souffle. Proximité délirante. Les papillons qu'arrachent le ventre pour creuser un échappatoire. Y a que les mains qui s'échappent de leur chasteté habituelle, et les cœurs qui veulent plus porter leur h. Tout a une fin, même les dérapages. C'est le changement de musique qui la ramène à la réalité. Et la réalité bouge de trop, et la réalité l'étouffe, et la réalité meurt de soif. Elle arrache ses mains du corps de Jael. « Je vais me prendre un truc à boire, tu veux ? » Du courage liquide, est-ce qu'elle en a vraiment besoin ? Elle pousse pas le raisonnement plus loin, elle écarte seulement les danseurs de son passage pour frayer le leur. Main dans celle de Jael, pas question de la perdre. Arrivée au bar, elle se trouve con. Grace tient pas l'alcool, parce que Grace boit pas beaucoup. Et Grace y connaît rien. Alors elle prend le temps de regarder les gens à côté d'elle avant de bafouiller. « J'vais prendre … Qu'importe ce que c'est, ça. » Ouais, ça. Le liquide ambré qui fait grimacer son voisin. On glisse le verre dans son sens, elle glisse un billet dans l'autre. C'est Jael qu'elle fixe en descendant cul sec le liquide. Ça lui arrache une quinte de toux. « C'est pas bon. » qu'elle sort naïvement, et elle s'essuie la bouche d'un revers de main.
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