Barbra voulait s’amuser, barbra voulait oublier, barbra voulait s’évader. Et pour ça, elle connaissait les meilleurs coins de la ville et surtout les meilleurs coins la connaissaient elle. Presque une habituée, presque un mythe, tellement parfaite que peu osent l’approcher. Et puis peu l’approchaient effectivement. Elle était habituellement flanqué d’un jimmy qui tirait la gueule et prés à aboyer et/ou d’un Joe plus barraqué et plus grand que n’importe des gars qui trainaient la-bas. De quoi, décourager bon nombre d’entre eux. Mais pour l’instant, barbra s’était effondré sur son lit, à se tourner les pouces, pas du tout épuisée par son après-midi de « sauveteuse en mer ». Elle regarda son téléphone pour la énième fois, elle devait sortir. Mais elle refusait de parler à Damian, elle ne voulait pas mentir sur son état à Serena… et puis un petit nom apparu sur son écran : boo.

L’angélique, l’innocente, la timide boo.  Ce petit bout de femme qui recherchait sa sœur en vain et qui avait Autant de passion dans le cœur que d’innocence dans les yeux. Elles étaient surement aux opposés : l’ange et le démon, l’innocente et la coupable.  Barbra avait gravé dans sa mémoire, ce petit visage aux traits si parfaits. Aussi belle qu’elle mais mieux, au naturel, sans vulgarité aucune. Elle aurait pu être jalouse, cela aurait été son comportement naturel. Jalouse qu’une fille puisse être belle, naturellement. Parce que Barbra, elle aurait aimé pouvoir se contenter de si peu. Et pourtant, elle n’avait pas une once de sentiment négatif à son égard. Elle avait été touchée par la détresse de cette sœur en quête de réponse. Et pourtant, barbra savait que trop bien ce que c’était de vouloir fuir sa famille, elle l’avait toujours fait. Elle avait fui sa mère, alors qu’elle cherchait désespérément à la contacter, pour se faire pardonner, demander de l’argent ou juste lui soutirer de l’affection alors qu’elle ne lui en avait jamais donné. Elle ne savait pas et elle ne le serait jamais. Sa mère l’avait finalement trouvé, rattrapé, mais c’était sa mort qui avait frappé à la porte de barbra. Sa mère était morte. Alors oui, barbra se disait que peut-être cette sœur avait juste voulu s’échapper de cette vie. C’était pour ça, qu’elle avait son numéro aujourd’hui à la petite, parce que barbra au fond de son cœur avait envie de faire découvrir la vie à boo, lui faire comprendre qu’elle avait une vie, elle, sans sa sœur.

Elle décida de lui envoyer un message, la harceler pour qu’elle vienne. Elle savait très bien que la technique de front ne marcherait pas. Boo n’accepterait pas facilement de sortir en boite. Mais barbra était obstinée et surtout elle avait du temps à perdre, du temps pour ne pas penser à elle mais plutôt à boo. Elle tapota alors vitesse grand v « je suis chez moi, si tu veux passer, discuter, manger » ouais ne pas trop en dévoiler, lui donner envie de venir pour l’obliger à sortir en boite. Elle était manipulatrice la barbra, c’était pas une première. Elle ne pourrait quand même pas refuser à barbra ce caprice n’est-ce pas ?

Tu t’es allongé sur le canapé du garçon chez qui tu restes. Tu pensais que ça durerait juste une ou deux nuits. Juste le temps de la retrouver. Mes les jours passent. Un à un. Et t’es toujours là. Silencieuse face à cet homme mystérieux. Il parle pas plus que toi. Alors il y a souvent juste le silence pour vous porter. Mais toi, ça te va. Tu veux pas parler. Tu te contentes de l’observer. Lui et son air un peu bourru. T’es fatiguée de ta journée à arpenter la ville. Toujours rien. Rien de rien. T’as l’impression d’avancer vers le néant. Heureusement, il est là. A l’autre bout d’internet. Tu lui racontes ta journée et ses petites péripéties.

Ton téléphone vibre. Et le coeur vibrant comme à chaque fois, tu l’attrapes avec impatience. Mais ce n’est pas elle. C’est le prénom de Barbra qui s’affiche sur l’écran. T’as ce petit pincement au coeur malgré toi. je suis chez moi, si tu veux passer, discuter, manger. Tu soupires doucement. T’as pas envie de sortir. T’as envie de rien. Tu veux juste rester là, allongée avec ton ordinateur sur les genoux. Alors tu réponds rien. Tu te contentes d’ignorer. Tu veux pas être malpolie, ni rien, mais t’as pas l’habitude de tout ça. Qu’on t’invite comme ça. Toi, t’as besoin de temps pour te préparer psychologiquement pour ce genre de trucs. Puis, t’as jamais été très à l’aise. Même avec des filles. T’as toujours l’impression de n’avoir rien à dire. Alors tu laisses cette idée de coté, continuant simplement à jouer. Mais ton téléphone vibre encore. Tu te mords doucement la lèvre. Elle est sympa Barbra. Elle t’a aidé pour Bee. Ca serait vraiment pas sympa de continuer à l’ignorer. Et puis, c’est vrai, à bien y réfléchir, t’as pas mangé depuis ce matin. Et t’as faim. Tu soupires un peu, envoyant quelques messages à ton ami virtuel avant de fermer l’ordinateur. Tu vas y aller. Juste pour manger. Peut être que ça te fera du bien de penser à autre chose que de retrouver ta soeur.

Et finalement, t’es là, planté devant sa porte, à hésiter à frapper. Pourtant, t’as déjà fait tout le chemin, ça serait con. Tu prends une grande respiration avant de toquer doucement. Sourire. La porte s’ouvre. « Hey … » Elle est joliment habillée Barbra. Ca contraste avec toi. Toi et ton jean et ton pull un peu trop grand. Tu tires doucement sur la manche, jouant vaguement avec avant d’entrer dans l’appartement de cette fille que tu ne connais même pas si bien. Elle t’a juste aidé pour Bee. Tu sais même pas vraiment pourquoi. Peut-être qu’elle n’avait rien à faire. Elle t’invite à t’assoir sur le canapé. Alors tu te mets au bout. Pour prendre le moins de place. Pourtant, y’a qu’elle et toi. Mais c’est comme ça. C’est ta façon de faire. « C’est gentil de m’inviter » T’étais pas obligée. Vraiment pas. Toi, t’aurais préféré passer la soirée sur ton ordinateur. Ca aurait été plus simple.

Barbra entend la sonnette, et se précipite. Parce qu’elle en a marre d’être seule, parce qu’elle veut bouger qu’elle veut du changement dans sa vie. Parce que Barbra faisait partie de ces filles qui bougeaient et qui ne restaient pas en place.   « Hey … » la douce voix de Boo, aussi innocente que son visage qui apparait entre les chambranles de sa porte. Elle a l’air si fragile, si perdue, si apeurée. Est-ce qu’elle se rend compte du désespoir qu’on lit en elle. Mais c’est beau, c’est beau de voir l’amour aussi fort qu’elle a pour sa sœur. Est-ce qu’elle s’en rendait compte ? Sa sœur ? C’était la question que se poser Barbra en laissant la petite blonde entrer dans son appartement. Elle essaye de se cacher, elle recherche sa sœur tout en se cachant et en se rendant la plus invisible possible. Barbra elle sentait la mission en elle, celle de rendre sa place à Boo, sa place de femme. Elle était une, sans sa sœur et parfois, Barbra se disait que Boo ne vivait pas d’elle-même. Que Boo ne vivait que dans l’ombre de cette sœur disparue. Alors tu l’invites à s’assoir sur le canapé, se détendre, prendre un verre, manger, discuter … ouais pour mieux sortir par après. Y’avait du boulot. C’était clair mais rien ne pouvait résister à la tornade Barbie, rien n’y personne. A aucun moment, l’idée que Boo ne puisse pas apprécier l’idée d’être aider de la sorte, ou même que ce qu’elle souhaitait faire puisse ne pas aider du tout boo, ne traversa l’esprit de Barbra. Aider cette fille a devenir comme elle, pour moins se sentir seule peut-être ?
« C’est gentil de m’inviter » comme si c’était une corvée, comme si elle n’était pas habituée. Barbra elle invitait plein de gens chez elle. Surtout des garçons. Ca c’était clair. Elle semblait mal à l’aise et prête à décamper à la moindre occasion… pourtant… pourtant elle était venue c’était que tout n’était pas perdue. « T’inquiète, j’étais toute seule, j’voulais pas passer ma soirée affalée sur le canapé à regarder grey’s anatomy en streaming ». ouais, jamais elle faisait ça Barbra. Elle était jamais resté plus d’une heure devant un ordi de toute manière : elle avait trop d’énergie pour rester aussi longtemps statique. « Bon. Tu veux manger quoi ? Crois le ou non je sais cuisiner… genre j’ai déjà fait des pates carbo et… des… spaghettis bolo… » Bon ok, c’était pas la meilleure cuisinière qui existe au monde… Mais bon, c’était déjà ça. Elle fixa la jeune Boo, avec son visage d’ange. Quand elle la fixait comme ça, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer quel maquillage irait parfaitement à sa couleur de peau, quel fard à paupière pour sublimer ses yeux…  Boo était une toile blanche, prête à être utiliser. C’était ça le mot : utiliser. Mais ça barbra ne s’en rendait pas compte. « Bon. Je suppose qu’à ta tête de déterré t’as rien de nouveau. Tu sais ce qui pourrait t’aider ? » Ca sentait l’arnaque à plein nez mais bon, elle ne pouvait pas lui refuser si ? Barbra elle était juste de bonne volonté, elle voulait l’aider Boo. Si elle savait où elle était sa sœur, elle l’aurait direct envoyer sur sa route. Mais barbra était persuadée que c’était une cause perdue, qu’elle ne la retrouverait jamais et qu’elle gâchait sa vie à vivre pour sa sœur qui n’était plus.

Tu souris doucement. Tu l’aurais bien fait toi. T’affaler dans le canapé pour regarder une série. Peut être pas Grey’s Anatomy. Mais un autre truc. Un truc qui fait rêver. T’aimes ça. T’évader dans d’autres mondes. Dans d’autres vies plus belles. Celles où l’histoire se finit bien. Et c’est drole, parce que tu te complais dans les histoires d’amour tout en détestant les films juste sur ça. T’aimes quand il y a un contexte. Quelque chose d’autre à raconter que l’amour des deux personnages principaux. T’aimes que les sentiments se mêlent à quelque chose de plus grand. Parce que ça devrait être comme ça. Toujours. En ce moment, tu regarde Heroes. C’est vieux, mais t’aimes bien. Tu rêves de pouvoirs et de super héros. Tu rêves d’un mec comme Peter. Pas juste beau physiquement. Mais avec ce truc à l’intérieur. Ce truc magnifique. Tu te sens idiote parfois. De penser ça. De rêver à trop beau. De rêver à trop loin. Toi qui est incapable d’ouvrir la bouche dans la vraie vie. Alors oui, t’aimes ça les films et les séries. Après, c’est vrai que tu verrais pas vraiment Barbra affalée sur un canapé pour regarder une série. Barbra, elle bouge tout le temps. C’est un peu comme une pile électrique. Elle s'arrête jamais. Et il y a quelque chose de beau là dedans. Dans sa façon de faire face au monde si facilement. Dans sa façon d’être si différente de la tienne. « Bon. Tu veux manger quoi ? Crois le ou non je sais cuisiner… genre j’ai déjà fait des pâtes carbo et… des… spaghettis bolo… » Ca fait beaucoup de spaghettis ça. Et t’es pas vraiment certaine qu’on puisse dire qu’on sait cuisiner si on sait faire des pâtes. Enfin … Peut être en vrai. Si elles sont vraiment bonnes ou quoi … Mais elle a raison sur un point, tu n’imagines pas vraiment Barbra faire la cuisine. Tu sais pas vraiment pourquoi. « Ah oui ? » Tu t’avances vers la cuisine, la suivant simplement.

« Bon. Je suppose qu’à ta tête de déterré t’as rien de nouveau. » Non. Rien de nouveau. Rien de rien. Michael et toi, vous avez posé des questions à tous les sdf avec qui Bee aurait pu être. Mais non. Elle n’est pas la. Apparemment, elle a disparu soudainement il y a quelques temps. Elle s’est surement barre sans prévenir personne. Ca arrive tout le temps a ce qu’il parait. Pas elle particulièrement hein. Mais que des gars ou des filles se cassent comme ça. Sans vraiment prévenir.

« Tu sais ce qui pourrait t’aider ? » Tu secoues doucement la tête. T’es pas certaine d’aimer ce qui va suivre, mais sait-on jamais. Tu sens venir de truc idiot. Le truc que tu feras jamais. Un truc qui lui irait bien, mais qui t’irait si mal. « Quoi…? » Tu l’observes sortir des spaghettis du placard avant de prendre une casserole. Tu hésites un temps avant d’oser l’attraper pour la remplir d’eau. Pour aider. Ne pas la laisser tout faire. Tu te sens pas vraiment à ta place. A faire ça. Mais tu fais des efforts. Encore et encore. Tu t’efforces de ne pas te replier sur toi même pour ne pas sombrer. Pas juste avant de la retrouver. Ca serait idiot.

« Ah oui ? »  bon ok. Elle était pas crédible, elle le savait mais bon de toute manière elle n’avait pas envie de cuisiner. Et de toute manière elle ne savait pas cuisiner. Et puis, ellie allait encore la détruire si elle mettait son appart’ sans dessus dessous. Ce qu’elle faisait… souvent. «ouais. » elle ouvra la porte du frigo. La referma. Se tourna sur boo avec son pot de sauce bolo toute faite.  « Bon. Je suppose qu’à ta tête de déterré t’as rien de nouveau. » à sa tête. Non il n’y avait rien de nouveau. Elle fait une petite mou triste et alla enlacer boo dans ses petits bras menus. Elle avait parfois tellement l’air d’un ange, qu’elle aurait pu la casser rien que dans son étreinte. « Tu sais ce qui pourrait t’aider ? » elle tenta une deuxième approche, parce que de toute manière elle n’avait pas envie de parler des recherches sur bee. Pour elle c’était déjà perdu d’avance mais elle savait que boo n’abandonnerait jamais. Elle n’aurait pas abandonné elle. si elle avait eu une sœur. « Quoi…? » elle sorti les spaghettis de l’armoire. Boo prit la casserole et la remplit d’eau. Elle lui reprit la casserole et la mit sur la plaque et se tourna vers elle.  « ou on peut commander. Voir aller manger dehors » premier argument avancé. La fourbe, la mesquine, la manipulatrice de barbra. La pauvre petite boo qui ne se doutait pas une seule seconde qu’elle venait de tomber dans la gueule du loup. Elle essaya de la questionner du regard en attende d’une réponse, d’un signe. Elle savait qu’elle ne se laisserait pas tenter. « D’ailleurs c’est ça qui pourrait t’aider. SORTIR. » Elle laissa ses affaires là pour prendre les deux petites mains de boo entre les siennes. Et elle s’approcha d’elle pour mettre son front contre le sien. « t’es si belle ma boo. Avec tes yeux d’ange là. Franchement. » elle approcha ses lèvres des siennes, pour les placer à 4 cm des siennes, les mains de barbra encadrée maintenant le visage de boo. Un souffle. Elle imagina la scène devant ses yeux, ses lèvres sur les siennes. Elle aurait pu, boo était une jolie fille. Mais non. Barbra n’avait pas succombé à son charme, peut-être avait-elle trop Léo en tête. Ou Joe. Elle n’avait que des hommes en tête pour l’instant. Pour l’instant…. Et puis elle s’éloigna. «  Franchement y’a un tas de mecs qui tuerait pour mettre leur lèvres sur les tiennes ». Et puis elle sauta. Elle sauta d’un coup. Elle venait de trouver un sujet de conversation parfait. Fini les recherche sur  bee, se morfondre, se résigner et se battre. Elles étaient jeunes, jolies… elles avaient la vie devant elle et elle devait en profiter. Barbra l’entremetteuse en action. «  ON VA PARLER MEC. » elle se remit à cuisiner sans se rendre compte qu’elle monopolisait peut-être un peu trop la conversation. Résignée, presque, à devoir faire ses pâtes.
 

« D’ailleurs c’est ça qui pourrait t’aider. SORTIR. » Tu vois pas vraiment comment sortir pourrait t’aider. Ca l’a jamais fait. Sortir, ça a jamais été pour toi. Toi, tu sors par l’écran rétroéclairé de ton ordinateur. C’est ta façon à toi de t’évader. De t’égarer dans les grandes plaines aux paysages magiques. Mais ces paysages là, ils sont numériques. C’est tout. Ca veut pas dire qu’ils sont moins beau. « … Non ça va merci … » Sortir. T’as jamais été une grande fan des foules. Des gens en général. Tu sais jamais comment agir. T’as toujours été la gamine trop silencieuse. Celle qui regarde le sol plutôt que les gens. Celle qu’on qualifie de bizarre parce qu’elle est un peu différente.

T’as le coeur au bord des lèvres lorsqu’elle attrape tes mains avec douceur. T’as un léger mouvement de recul. T’aimes pas tellement qu’on te touche. Qu’on s’approche de toi autant. Mais c’est Barbra. C’est une fille. Et c’est plus facile à accepter. Tu peux sentir son souffle sur ton visage. Son souffle au gout de menthe fraiche. Ton regard dévie un instant sur les lèvres rouges. T’as le coeur qui bat fort. Dans un mélange de peur et d’incompréhension. « T’es si belle ma boo. Avec tes yeux d’ange là. Franchement. Franchement y’a un tas de mecs qui tuerait pour mettre leur lèvres sur les tiennes » T’es pas certaine de ça. Après vingt et un ans de vie, seul un garçon a posé ses lèvres sur les tiennes. Et c’était déjà il y a plus de quinze ans. Il disait qu’il t’aimait. Et il t’aimait surement. Il t’aimait comme les enfants de cinq ans aiment. Avec sincérité mais de façon temporaire. Tu te souviens étrangement de cette fleur qu’il t’avait offert avant de déposer ses lèvres sur les tiennes. Comme des grands. Il t’avait promis de se marier avec toi quand vous seriez grands. Puis la réalité vous a rattrapé. Il a grandi. Tu as grandi. Et cette amour illusoire s’est effacé. Toi, tu l’as observer prendre la main d’une autre fille avec des larmes pleins les yeux. Mais elle le faisait rire elle. « …Arrête … » Tu la repousses un peu. Avec douceur. T’aimes pas qu’elle te dise ça. T’aimes pas parce que tu sais que c’est pas vrai.

Tu savais bien que c’était une mauvaise idée. Venir ici. Parler mec … T’as tellement rien à dire sur les garçons. T’as rien à dire parce que tu sais pas comment ça marche. Parce que tu sais juste observer. De loin. Le plus loin possible. Les garçons, t’aimes les observer. T’aimes t’imaginer un joli futur, blotti dans le creux de leurs bras. Puis les souvenirs viennent te frapper de plein fouet. Ses mains sur ton corps. Ce corps abîmé par trop de nuit à attendre que ce soit fini. Docilement. Personne ne pourra jamais aimé ce corps sali. Tu le sais. Tu le sais parce que toi tu le hais. « … J’ai rien à dire moi sur les garçons … » T’as rien à dire qui l’intéresserait. Pas d’histoire intéressantes. Et puis, ici, tu connais pas grand monde. Tu connais Michael et Junior. Et puis le garçon chez qui tu vis en ce moment. Et c’est déjà trop. C’est déjà dur. Tu pensais être lié avec Michael. Rien qu’un peu. Jusqu’à ce que t’apprennes que tout ça n’étais que du vent. Encore et toujours. Rien que des mensonges lancés en l’air. Ils aiment ta soeur. Tous les deux. Et ça, tu comprends pas vraiment. Tu fronces un peu les sourcils. Peut-être qu’elle sait, elle. « … Est-ce qu’on peut vraiment aimer deux garçons en même temps … ? » Tu sais pas trop si c’était une bonne idée de lui demander. Probablement pas.

« … Non ça va merci … » mooooon dieu quelle rabat-joie. Non mais elle avait l’âge d’une grand-mère. Barbra n’allait pas se laisser faire. Elle allait lui montrer les joies de la vie sociale, avec des vraies personnes des vrais mecs pour t’offrir des verres, la danse jusqu’au bout de la nuit. Etre devant son écran c’était bien ; Etre seul c’était bien. Mais rien ne valait l’énergie que donnait un rassemblement de personnes, l’énergie de la foule. Barbra était de celle qui s’y sentait comme chez elle. A l’aise. Trop occupée à vivre pour se rendre compte que certaines filles, comme Boo, restent dans le coin… Peut-être que boo pouvait aider Barbra elle aussi à ouvrir les yeux sur le monde qu’elle occulte. Elle qui avait été moqué petite à l’école se retrouvait peut-être sans le savoir le bourreau, l’« excluante ». Alors elle ose un pas, un geste tentant, ses mains sur son visage d’ange. Barbra la décomplexée, Barbra la chaudasse. Une petite déclaration pour lui faire comprendre ce qu’elle manquait… il fallait bien user de touts les moyens pour ouvrir les yeux de cet ange endormi. Mais la réaction ne fut pas celle espéré. Elle semblait, gênée, peinée. Barbra s’interrogea. Elle venait peut-être de toucher une corde sensible…

« …Arrête … »  Alors elle arrête, elle s’éloigne, et tente quand même le sujet. Un ange triste ne peut voler. C’était ce qu’elle se disait. Elle ne pouvait pas s’amuser si elle retenait autant en elle. Elle avait autant pas confiance en elle que Barbra en avait. Elle lui en donnerait un peu d’estime d’elle-même si elle pouvait. Mais elle n’était pas magicienne.
« … J’ai rien à dire moi sur les garçons … »  Tout le monde avait à dire sur les garçons. Aucune fille de son âge n’avait pas connu au moins un garçon. Celui qui a fait balancé le cœur, celui qui a blessé, celui qu’on observe en secret. Peu importe lequel, mais il y a toujours un garçon. Le fait est qu’elle lui réponde ça était la preuve qu’il y avait des choses à se dire sur les garçons.  Elle eut envie de lui répondre qu’il y avait probablement un garçon mais le temps qu’elle ouvre la bouche, Boo se trahit toute seule… « … Est-ce qu’on peut vraiment aimer deux garçons en même temps … ? »  Elle se retourne sérieusement d’un coup. C’était assez rare pour le noter. Barbra sérieuse. Boo avait pas l’habitude la voir comme ça. Elle connaissait l’excentrique sauveteuse, l’ensorceleuse Barbie. Elle ne connaissait pas Barbara, celle derrière qui se cachait. Elle se demanda si Boo était au courant de sa vie amoureuse. Mais elle se doutait que c’était une question qu’elle se posait à elle-même. La preuve que toutes les femmes subissaient les mêmes épreuves, commettaient les mêmes erreurs. « Oui je crois » Joe. Léo. Jimmy. Il y avait le sexe et il y avait les sentiments. Et même si elles les cachaient bien et si elle les gâchait bien. Barbra avait aimé. Elle avait aimé Joe. Mais elle avait gâché tout. « La question est de savoir choisir celui qui serait prêt à tuer pour toi » Elle sourit, en regardant ses pâtes et en tournant sa cuillère dedans. « Enfin surtout celui qui restera avec toi-même quand tu seras toute ridée. En supposant que ce visage d’ange puisse prendre une ride » elle lui sourit, détendre l’atmosphère dans cette conversation devenue soudainement sérieuse. Elle avait envie de la questionner sur l’identité de ces deux garçons ; elle qui avait eu l’opportunité de se faire sauver par Junior… Elle serait team junior à tous les coups mais elle était à se mille lieux de se douter qu’ils étaient liés… Et que Junior avait quelque chose à avoir avec la disparition de bee…

T’aimerais être comme Barbra. Elle capable d’approcher les garçons avec autant de facilité. Pouvoir leur parler. Pouvoir les faire rire. Mais t’y arrives pas. Même avant lui c'était difficile. T’as toujours été trop discrète. Trop timide. Plus jeune, t'étais dans l’ombre de Bee. Puis tu as été dans l’ombre de son souvenir. Petite poupée silencieuse qui préfère regarder de loin plutôt que de se lancer. Et puis, y’a lui. Lui qui est a détruit toute naissance de confiance en toi. Il t’a inculqué cette honte de toi. Cette peur des autres. Qui pourrait t’aimer après tout ca hein ? Si même doit tu déteste ce corps sali. Comment un autre pourrait l’aimer ? Le soigner ? Non, t’as rien a dire sur les garçons parce que t’as jamais été capable d’aller vers un qui te plaisait. Ils te terrorisent autant qu’ils te fascinent. Et puis, t’as beau tomber amoureuse comme on tombe d’une chaise, tu sais pas vraiment ce que c'est … l’amour. Le vrai. Pas cette douce attirance que tu peux ressens lorsque tu crois aimer.

Tu rougis légèrement à sa réponse. Est-ce qu’elle pense vraiment que c’est pour toi ? Toi la gamine incapable d’approcher les garçons. Incapable de leur parler. Et encore, tu trouves que tu fais des vrais efforts. A parler a Michael et Junior. Avant, tu serais déjà partie en courant depuis longtemps. “Oh … Non mais c’est pas pour moi …” Tu passes ta main dans tes cheveux blond, un peu gênée à l'idée qu’elle ait pu penser que toi tu aimait deux garçons. Ca serait drôle tient. Toi qui ne peut déja pas être en relation avec un seul ... “C’est … hum … ma soeur. Il parait qu’elle aimait deux garçons … Deux jumeaux …” Et le plus troublant finalement, c’est ses lettres. T’as fini par comprendre en passant un peu de temps avec les deux que le garçon de ses lettres était en vérité un mélange des deux garçons. C’est comme si l’un ne pouvait pas aller sans l’autre. Comme s’ils devenaient parfait qu’en étant ensemble. Tu la comprends pas vraiment. Elle aimait pas seulement deux garçons, mais elle était avec les deux. Ils le savaient. Ils partageaient ta soeur. Et ca, ca te rend perplexe. Vraiment. “Fin … Elle etait en couple avec les deux … Peut être qu’elle est partie pour ca ..” Tu réfléchis en même temps. Peut être qu’elle ne supportait plus ça finalement. Mais ca parait si étrange après des annes. Parce que c’est ce que Junior t’a dit. Des années… Des années ou elle t’a fait rever en te parlant d’un garcon genial. Un garçon qui n’existe pas. Un garçon qui est finalement deux garçons ..

Elle a l’air presque déçu Barbra lorsque tu lui avoues que ce n’est pas pour toi. Elle aurait surement préféré que tu ne sois pas … toi. Que tu ne sois pas si incapable de faire faire aux garçons. Et encore, tu trouves que tu fais des efforts. Que tu t’améliores. T’as réussi à parler à Michael et Junior sans t’enfoncer dans le sol. Et c’est déjà pas si mal. Mais non. T’es pas ta soeur. Tu pourrais pas toi, aimer deux garçons en même temps. Et puis, ça marche aussi dans l’autre sens. Faudrait déjà commencé par être aimé d’un garçon avant d’en vouloir deux. Et tout ça semble encore très très très loin. « tu veux dire en cachette ? Genre ils étaient au courant… » Tu fronces légèrement les sourcils. Oui. Tu crois bien. En tout cas, Junior était au courant pour Michael. Tu sais pas vraiment pour le contraire. Mais … ça avait l’air d’être assez consensuel. « Mh… Je crois qu’ils étaient au courant oui … » C’est vrai que c’est bizarre. Vraiment bizarre. Est-ce qu’ils sont vraiment assez proche pour absolument tout partager ? Tout jusqu’au coeur d’une fille ? Parce qu’elle avait l’air de les aimer tous les deux. Vraiment. Mais c’est comme si ça ne pouvait pas vraiment marché l’un sans l’autre. Ou du moins, pas si bien.

Tu penches un peu la tête en l’écoutant. Tu ne sais pas avec qui elle était en premier. Junior ne l’a pas dit. D’ailleurs, tu te demandes même s’il y a vraiment eu un premier. Peut être que ça a toujours été les deux ? Peut-être que ça a toujours marché comme ça. « Je … J’en sais rien… » Distraite, tu observes l’eau se mettre à bouillir. Puis, naturellement, sans même réfléchir, tu vas attraper les pâtes pour les mettre dans la casserole. Et finalement, tu redresses la tête vers elle. « T’es amoureuse toi ? » Elle est toute simple ta demande. En apparence. Tu réalises pas vraiment que ces questions sont toujours plus compliquées qu’il n’y parait. Mais il faut te pardonner. Tu ne sais pas vraiment ce que c’est toi. D’aimer. D’aimer vraiment. Tu comprends pas le doute. Le questionnement. Parce que les seules choses que tu as vécu, c’est ton coeur qui bat plus fort pour certain garçon. Et une certaine fascination. Mais surtout, ce que tu as vécu, c’est des yeux fermés pour faire passer le temps plus vite. Pour que ses mains cessent de parcourir ton corps. Finalement, t’as toujours été prisonnière. Trop prisonniers pour ressentir vraiment. Prisonnière de ses envies. Et prisonnière de ton imagination. Deux prisons difficiles à fuir. T’as réussi pour l’une d’elle. Pour l’instant. Mais la seconde reste là. Encrée. Invisible et pourtant bien présente. Prisonnière de ces livres d’amour que t’as lu. De ce que tu penses que les autres pensent de toi. De ce qu’il pourrait penser. Prisonnière de tout. De rien.