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 what you need (lavinia)

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Nash Caldwell

Nash Caldwell
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MessageSujet: what you need (lavinia)   what you need (lavinia) EmptyDim 15 Jan - 18:33

la journée s'est traînée en longueur. des minutes étiolées au rythme d'un ennui accablant, d'un quotidien lassant. le même scénario qui se déroule inlassablement, sans plus aucune surprise ni aucun plaisir à y prendre part. les mêmes responsabilités mainte fois exécutées dans un automatisme devenu trop récurant. devenu aussi évident qu'un battement de paupière, qu'un gonflement de poumons. c'était de ces journées où t'aurais prié pour qu'un avion veuille bien prendre la peine de se crasher dans tes fenêtres. une explosion grisante qui aurait peut-être eu le mérite de bousculer la linéarité de ta triste existence devenue insipide. un feu d'artifices de vitre brisées, de kérosène brûlé. un instant, soufflé en quelques secondes, réduit en poussière devant le miroir à peine sourcillant de tes pupilles las. mais, rien. elles n'explosèrent pas, ni ne tremblèrent, renvoyant seulement l'image d'un public aussi écoeuré que toi, le nez noyé dans la liqueur bon marché de leurs verres usés. un soupire plus tard et le claquement de la porte du bar se fit entendre dans ton dos. fin de service. fin de journée. besoin de bouger, de t'aérer. fin de journée pour ce qu'il y avait à faire ici. nora et jack, pour les quelques clients restant, se suffiront à eux-mêmes pour tout ranger et fermer avant la journée de demain. une énième journée qui viendra s'inscrire à la craie blanche sur le vide de ta vie. une énième journée qui s'écoulera sans n'avoir rien changé de plus. et, comme ce soir, elle finira sur l'échec désolant d'une existence vide. entre la tentative maladroite de faire croire à un semblant de normalité dans ton quotidien sinistre et les restants d'un repas aussi pauvre que toi, partagé à quatre sur les ruines de votre vie. c'est peut-être la seule satisfaction qu'il en reste. l'illusion fugace que votre cas n'est pas encore tout à fait perdu, qu'il reste un semblant de quelque chose pour vous relier les un aux autres. toi, engoncé dans le rôle patriarcal maladroitement assumé qui t'a toujours collé à la peau. eux et leur sauvagerie d'adolescents retardés qui finira de t'user un peu plus au travers d'un sourire amer. c'est bien cette triste et cynique petite comédie que tu t'es empressé d'aller jouer au sortir du bar. comme si ça n'avait pas suffit de t'esquinter la patience sur les aléas de la journée. docilement t'as rejoint le confort brut de ton appartement misérable, même pas étonné de le trouver déserté de la présence de tes frères. jamais là, sauf pour se remplir l'estomac et s'éviter de passer la nuit sous les ponts. ça te laisse un semblant de répit avant qu'ils n'entrent tous en scènes. avant que nora revienne du bar pour t'engueuler d'avoir filé et que les deux autres bousculent le peu de calme que t'auras pris la peine d'instaurer. ça te laisse un peu de répit avant de te motiver aussi. deux bières et un paquet de blonde écorché à moitié. le courage nécessaire pour enfin te décoller du canapé et t'occuper de préparer un truc à manger. juste histoire de dire que t'auras un minimum participé. participé à tout sauf à remplir les placards. c'est pas non plus nora qui l'a fait et les garçons, t'es même pas sûr que ça leur ait traversé l'esprit un jour. alors, tu te heurtes à l'évidence tragique d'un frigo sans rien de consistant à se mettre sous la dent et de placards orphelins d'aliments pouvant s'accorder ensemble. y'a de tout. tout un tas de conneries mais, rien à manger. un vide constant qui fait écho à celui de ton bide et surtout, celui de ton budget. dans le bourdonnement de panique qui prend d'assaut ta tête, tu claques la porte du frigo, torturant déjà ton esprit fatigué pour y trouver une solution aussi minime puisse-t-elle être. il est tard, l'envie de retourner au bar pour courir après quelques billets, te manque, s'évanouissant déjà sous l'irritabilité de nora qui manquerait aucune occasion te rappeler à quel point tu peux être stupide parfois. t'as pas envie de faire cet effort pour lui laisser le loisir de contempler ta connerie et heureusement pour toi, le nom popescu vient s'interposer sous la membrane de ton cervelet fumant. anca, toujours là pour te tendre la main en cas de besoin. t'es presque sûr qu'elle aura assez pitié pour se délester d'un petit truc pour te sortir de là. alors, sans perdre plus de temps tu te risques à aller quémander, non sans rager d'avoir à te soumettre à jouer les mendiants. ils n'ont jamais eu plus que vous. la même misère ambiante, la même galère persistante. la seule richesse qui leur reste, c'est celle d'avoir toujours été ensemble, unis, sans avoir à souffrir de voir les morceaux de leur vie s'éparpiller aux quatre coins du monde. du moins avant mais, malgré tout ça ne les a jamais réduit à si peu que vous. anca ?! un appel désespéré que tu lances dans l'encadrement de la porte. une fausse politesse, parce que par réflexe, t'as quand même pris la peine d'ouvrir la porte d'entrée comme si c'était chez toi. comme t'avais pris l'habitude de le faire il y a longtemps déjà. elle n'a jamais été close pour toi, pour vous. une extension de foyer un peu plus chaleureux que le votre. curieusement, c'est ce palier-là que tu préférais. c'est cette famille à laquelle t'aurais rêvé d'appartenir. et, même si le sang n'en a jamais témoigné, le coeur a eu de nombreuses occasions de sonner comme les leurs. je suis dans la merde, j'ai plus rien à bouffer et j'ai pas de thune pour aller chercher un truc. t'admets à voix haute les raisons de ta présence, non sans avancer à reculons, légèrement trop honteux d'avoir osé te pointer comme ça. t'es même pas sûr qu'elle soit là, encore moins de pas repartir les mains vides. pourtant, y'a cette détermination effrayante qui te bouffe. l'instinct de survie qui te pousses malgré toi à t'avancer dans l'appartement en quête d'un visage familier. tu repartiras pas sans réponse, qu'elle soit positive ou en totale opposition avec ce que tu te permets d'espérer. si bien des choses ont manqués à ton existence, la volonté n'en est pas une. alors, tu tends l'oreille et ouvre l'oeil. y'a du bruit et de la lumière, justement dans la cuisine. c'est l'heure où toutes les ménagères s'occupent de préparer le repas pour leur famille, pendant que toi, t'es là à gratter plus bas que terre pour essayer de donner l'illusion que vous aussi, vous y avez le droit. les cafards vont gueuler si je trouve rien avant qu'ils rentrent... y'a l'ironie qui pointe dans tes mots, puis la surprise qui les achèvent. ce n'est pas anca que tu trouves en dépassant le mur. c'est juste lavinia. le reflet distant d'une mère déjà bien occupée par sa propre vie dont la générosité ne l'a pas empêché de se substituer à celle que vous aviez perdue. elle a essayé, pendant des années, de combler misérablement le vide dont vous aviez été victimes. elle a essayé et pour peu que tu veilles bien l'admettre, elle l'a toujours bien fait. puis, le temps s'est passé, la distance s'est creusée. la fierté a tout surpassé et les visites ici même se sont espacées et finalement arrêtées. toi, t'as avancé, grandis et parfois même oublié. lavinia, elle, n'a pas bougée, n'a pas changée. si le temps n'avait pas ajouté quelques rides au coin de ses yeux et un peu de blanc dans ses cheveux, t'aurais presque eu l'impression qu'entre cette autre époque et aujourd'hui, une seule nuit serait écoulée. oh, salut lavinia, pardon je pensais qu'anca serait là. tu t'étouffes avec ta honte, bégayant nerveusement quelques mots en hésitant à faire demi tour pour te faire oublier. si exposer la situation aux yeux d'anca n'a jamais eu le don de te perturber, lorsqu'il s'agit de quelqu'un d'autre, c'est pire que tout. pire de se mettre à genoux devant l'esquisse usée d'une pseudo mère désabusée. secrètement, t'aimerais croire qu'elle n'a rien saisi de ton monologue qui s'est perdu dans le dédale des pièces vides. t'aimerais croire qu'elle n'a rien saisi de ta vulnérabilité de ce jour. t'aimerais tellement bien y croire que tu pares ton visage d'une expression innocente, naïve, comme si la seule raison de ta présence fut soudainement l'envie de renouer avec un petit bout de passé que t'as si longtemps gardé sous le tapis. ça fait longtemps. il y a ce fragment de nostalgie qui s'interpose, esquissant la courbe nerveusement étirée de tes lèvres. c'est léger et naïf, comme ça ne l'a plus été depuis longtemps déjà. mais, il y a aussi le regret d'une époque révolue et oubliée. ce détail immensément insignifiant qui ne manque pas de venir gâcher ces retrouvailles inespérées et éteindre la fugacité de ce sourire dérisoire. un détail qui avale toute politesse alors qu'un simple comment tu vas ? aurait pu faire l'affaire. t'es confus et perdu. pourtant, curieusement, t'es presque heureux de la retrouver là, comme si rien n'avait changé.
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MessageSujet: Re: what you need (lavinia)   what you need (lavinia) EmptyMer 18 Jan - 16:06

Une douce odeur de cookies embaumait la maison Popescu tandis qu'un air enchanteur de musique classique berçait les lieux. Tout était calme, et sans doute que sans la mélodie qui résonnait, sans doute que sans l'odeur de cette nourriture fraîchement préparée tout le monde aurait pu penser que l'endroit était désert. Lavinia était seule, comme bien souvent ces derniers temps. Elle tentait par tous les moyens d'occuper son esprit, de bloquer les pensées négatives qui envahissaient régulièrement sa tête. La mère était de plus en plus lasse, et si elle parvenait à maintenir le masque de l'épouse, de la mère, de la femme comblée lorsqu'elle était en présence d'autrui, lorsqu'elle était seule, elle baissait la garde, relâchait peu à peu les armes. La solitude la rongeait un peu plus chaque jour sans qu'elle ne puisse véritablement en expliquer la raison. Sa situation n'avait pas changé en un éclair, cela faisait des années qu'elle vivait de la sorte, pourtant désormais le poids de son existence l'écrasait un peu plus à chaque bouffée d'air qu'elle respirait. La présence de son mari qu'elle aimait d'un amour passionné et indestructible ne suffisait plus à combler le trou béant qui se creusait chaque jour un peu plus dans sa poitrine. L'absence de ses enfants se faisait ressentir et la rendait plus triste qu'elle ne l'avait jamais été. Incapable de les retenir, la Popescu se sentait faible, misérable. Elle ne leur suffisait plus, elle ne leur était plus indispensable. Et c'était sans doute cette triste réalité qui la faisait tant souffrir. Jamais, non jamais, elle n'avait envisagé la possibilité qu'ils puissent tous, un à un, s'éloigner de celle qui leur avait donné la vie. Pourtant c'était ce qui était en train de se produire, et la matriarche avait beau lutter corps et âme, elle devait bien admettre qu'elle ne parvenait pas à les raccrocher à elle. Alors elle faisait tout pour se changer les idées, pour penser à autre chose et pour ne pas se laisser engloutir par les sables mouvants d'une vie tourmentée.

Ce matin-là, elle s'était rendue au marché, Lucian l'avait dans un premier temps accompagnée. Elle aimait ces moments-là. Si certains pensaient qu'il la rendait prisonnière, elle, elle voyait en lui le roc sur lequel elle pouvait s'accrocher, elle voyait le ciment de son couple, de sa famille. Ils avaient donc parcouru les allées du marché, main dans la main, et puis son mari l'avait laissée faire ses achats, il avait un chantier à terminer et ne pouvait se permettre d'arriver en retard. Lavinia s'était sentie minuscule lorsqu'il était parti, perdue, égarée au milieu d'une foule qu'elle ne connaissait pas, et puis doucement elle avait pris ses marques et avait acheté tous les produits donc elle avait besoin. L'après-midi s'était déroulé dans une routine presque déroutante. Elle s'était occupée du ménage, de la lessive et avait trouvé un moment pour prendre un minimum soin d'elle. Rien de bien extravagant, elle s'était juste permise un bain pour se relaxer. Etait venu pour elle le moment de se mettre aux fourneaux. Si nombreuses étaient les femmes qui considéraient ce moment comme un calvaire, comme une tâche ingrate, Lavinia, elle, adorait ce moment. Elle aimait cuisiner, était douée pour cela, elle aimait remplir l'estomac de son mari lorsqu'il rentrait d'une longue journée harassante, elle aimait faire plaisir. Elle avait donc commencé à préparer des cookies pour le dessert  - et aussi pour en glisser le lendemain dans le sac de Ioan quand celui-ci partirait travailler – puis avait ouvert son frigo à la recherche d'un plat qu'elle pourrait préparer pour le dîner. Même si elle savait qu'il n'y aurait sans doute que Lucian, Anca et elle-même, Liviana préparait toujours trois fois plus de nourriture, dans l'espoir vain que ses autres enfants viennent manger à la maison. Elle n'était pas crédule ni naïve, elle savait que cela n'arriverait pas, qu'aucun ne lui ferait cette délicate surprise, pourtant c'était sa manière à elle de ne pas baisser les bras, et de croire en un avenir plus heureux parmi les siens.

Alors que Lavinia était en train d'éplucher de l'ail tout en fredonnant, elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Elle sourit tout en jetant un coup d'oeil à la pendule. Ce ne pouvait pas être Lucian, il ne rentrait jamais aussi tôt. Alors elle attendit de voir qui de son fils Ioan ou de sa fille Anca allait franchir le seuil de la cuisine. Alors qu'elle commençait à émincer l'ail, la mère stoppa son mouvement, le couteau en l'air. Quelqu'un venait de parler, mais définitivement, il ne s'agissait pas de l'un de ses enfants. « anca ?! » Froncement de sourcils. Non ce n'était pas Ioan, elle l'aurait reconnu rien qu'à sa façon de marcher. Le cœur battant un peu plus vite, la Popescu n'osait pas sortir de la cuisine. Qui pouvait bien entrer chez elle sans même prendre la peine de frapper ? « je suis dans la merde, j'ai plus rien à bouffer et j'ai pas de thune pour aller chercher un truc. » Inconsciemment, le cœur de la femme ralentit petit à petit, parce que cette voix, elle la connaîssait, parce que cette voix même si elle ne l'avait pas entendue depuis des années elle la reconnaîtrait entre mille.Parce que cette voix, elle avait l'habitude de l'entendre résonner quotidiennement chez elle, elle avait l'habitude de l'entendre rire, de l'entendre ronchonner, de l'entendre se chamailler. Et là sur l'instant, Lavinia ne pouvait rien dire, ni rien faire. Parce qu'elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, parce qu'elle ne comprenait pas cette bouffée de joie et d'amour qui prenait possession de tout son être. Alors non, Nash n'était pas l'un de ses fils, alors non, il ne venait pas pour elle, alors non il ne semblait pas aller bien, pourtant, à cet instant, ce garçon qu'elle avait toujours considéré comme un membre à part entière de sa famille venait à nouveau de franchir le palier de sa demeure et sans le savoir venait d'illuminer sa journée. Et sans pouvoir dire pourquoi, cela l'emplissait de bonheur.  « les cafards vont gueuler si je trouve rien avant qu'ils rentrent... » Alors elle sourit la douce Lavinia, de tristesse et d'amusement. Amusée elle l'était parce qu'elle retrouvait le Nash incisif et sarcastique qu'elle avait toujours connu. Mais plus que l'amusement, c'était la tristesse à cet instant même qui faisait battre son cœur. Parce que rien n'avait changé pour ce garçon que la vie n'avait pas épargné, parce qu'il devait toujours subvenir aux besoins de ses frères et sœur, et parce qu'il souffrait toujours. Elle tourna le visage, un délicat sourire accroché aux coins des lèvres et croisa le regard du jeune homme. Surpris, il l'était, et l'espace de quelques secondes, elle le sentit déstabilisé. Parce qu'il ne s'attendait pas à tomber sur elle, parce que d'aussi loin qu'elle s'en souvenait il n'avait jamais aimé se dévoiler, et encore moins demander de l'aide. Incapable de détacher son regard du sien, Lavinia restait muette, incapable d'agir, focalisée sur le garçon – qui était devenu un homme – et qui lui faisait face. «  oh, salut lavinia, pardon je pensais qu'anca serait là. » Lavinia détourna enfin le regard, scrutant la pièce à la recherche de quelqu'un, finalement elle finit par hausser les épaules, et d'une voix amusée lui répondit : « Et non, désolé, il n'y a que la vieille ici. » Et un léger rire s'échappa de ses lèvres. Parce qu'elle le sentait tendu, parce qu'elle voyait bien qu'il avait déjà envie de prendre la poudre d'escampette, et parce qu'elle ne voulait pas que cela arrive, pas tout de suite, pas maintenant. « ça fait longtemps. » Et le sourire de la douce disparut peu à peu. Oui cela faisait longtemps, beaucoup trop longtemps. Quel âge avait-il la dernière fois qu'il avait passé un moment chez elle ? Quel âge avait-il la dernière fois qu'elle l'avait vu s'agiter dans la cuisine ? Elle ne pouvait le dire. Il n'était jamais revenu, comme ses enfants à elle, et cela la bouffait plus qu'elle ne l'admettrait jamais. Doucement, elle reposa son couteau sur le plan de travail, et reporta son regard sur le jeune homme. Sans vraiment contrôler ce qu'elle faisait, elle se dirigea dans sa direction, une fois à quelques centimètres de lui, elle le prit dans ses bras. Sur la pointe des pieds elle parvint difficilement à poser sa tête sur l'une de ses épaules. Elle sentit le corps du jeune homme se raidir, se crisper tandis qu'elle fermait les yeux et profitait de cet instant d'accalmie et de sérénité. Elle finit par murmurer : « Beaucoup trop longtemps Nash ». Finalement, elle se recula, et un sourire heureux accroché au visage elle ajouta : « Laisse-moi voir comme tu as changé » Elle se mit à rire, une nouvelle fois, comme si le poids de son existence venait tout à coup de s'envoler. Elle se recula un peu et l'observa. Qu'il avait grandi ! Ce n'était plus désormais ce jeune homme qui revenait les vêtements arrachés pour que la mère de famille les recouse, ce n'était plus le petit gringalet qui se faufilait dans les recoins de sa maison. Désormais il était devenu un homme, il avait grandi, il avait pris du muscle, il était devenu beau. Plus beau encore qu'il ne l'était lorsqu'il était enfant et adolescent. Son visage était plus tiré néanmoins, son regard plus fatigué, plus las, plus sombre, il n'y avait plus l'éclat du jeu et du défi dans ses pupilles. Lavinia observa un peu plus finement ses traits, et découvrit des tâches violacées, par endroits plutôt jaunâtres. Il se battait, comme Seven le faisait. Un pincement au cœur la saisit, tandis que tremblante elle approchait ses doigts fins qu'elle glissa doucement sur un hématome présent dans son cou. Elle murmura : « Je vois que tu joues encore à la bagarre. » Volontairement elle parlait de jeu, volontairement elle parlait de bagarre, comme si cela n'était pas trop grave, pourtant Nash la connaissait assez pour lire l'inquiétude et la tristesse dans son regard. Il la connaissait assez bien pour savoir qu'elle n'aimait pas ce qu'elle voyait, qu'elle n'aimait pas qu'il se fasse du mal. Tendrement, elle finit par lui dire : « Un jour, il faudra que tu laisses tout cela de côté. » Un jour, pas maintenant, pas tout de suite, mais quand il se sentirait prêt. Non Nash n'était pas son fils, pourtant elle tenait à lui plus qu'il ne pouvait l'imaginer, et s'il lui arrivait quelque chose, la mère de famille aurait énormément de mal à s'en remettre, mais cela, il l'ignorait.
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Nash Caldwell

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MessageSujet: Re: what you need (lavinia)   what you need (lavinia) EmptyVen 20 Jan - 1:44

c'était la promesse fragile d'un semblant de consolation. un petit instant arraché au temps où il aurait suffit de déposer les armes, de se mettre à nu pour laisser s'envoler fugacement tout ce que la vie comptait de plus compliqué. au grès des confidences, que quelques larmes muées, les sourires se seraient peut-être esquissés, le vague a l'âme estompé. parce qu'il n'y avait pas que la faim pour t'avoir poussé vers cette porte. il n'y avait pas que le manque qui t'avait conduit jusqu'ici. c'est une chose un peu plus profonde. une plaie ouverte, qui ne cicatrisera probablement jamais. une écorchure à vif qui quémandait d'être soignée. et, dans ces moments là, c'est toujours anca que tu t'acharnais à trouver. comme si elle était la seule à comprendre. comme si elle avait la réponse à toutes les questions. comme si elle était le seul remède à tous tes maux. le phare dans la nuit pour guider le vaisseau perdu. parce qu'anca n'a jamais jugé. parce que dans l'immense vulnérabilité dans laquelle elle pouvait se trouver, elle a toujours été prompte à t'écouter, puis même t'aider. c'est devenu un réflexe tacite. une impulsion incalculée, un automatisme immodéré. dans la plus brutale des détresses, c'est toujours vers elle que tu serais retourné. parce qu'il n'y a jamais eu de honte à avoir, de fierté derrière laquelle se cacher. alors, ce soir, comme beaucoup d'autres, c'était l'évidence. une mains déjà tendue d'avance où tu l'attendais tant. où tu l'attendais jusqu'à réaliser qu'elle, elle ne t'attendait pas. parce que ce n'est pas les traits d'anca qui se dessinèrent dans l'embrasure de la porte. ce n'est pas l'écho familier de sa voix qui déchira le silence bordé d'un halo de bourdonnements musicalement classiques. ce n'est pas ses pupilles timidement noisettes qui rencontrèrent les tiennes. c'est juste lavinia. lavinia, irradiante de la même simplicité dans laquelle tu l'avais toujours connu. lavinia, suintant de la même prestance maternelle qui l'accompagnait la dernière fois tu l'as vu. lavinia, débordante du même amour qui ne se tarira plus. y'a ces quelques mots balbutiés nerveusement. l'envie de fuir, la curiosité de rester. l'instinct de survie qui menace pour rappeler pourquoi tu t'y es risqué. la faim, provoqué par les embruns délicieusement sucrés de ses maudis cookies dont, des années encore après, t'as même pas été fichu d'en oublier la saveur. t'es tiraillé mais, incapable de trouver le courage de te tirer. Et non, désolé, il n'y a que la vieille ici. ton rire aurait pu se mêler au sien dans d'autres circonstances mais, il a manqué de se faire entendre. il est resté mue dans l'étirement crispé de tes lèvres, bousculé du tragique de la constatation. la vieille. si les années s'étaient accumulées, elles n'avaient pour autant laissé que de minces empruntes de leur passage. la seule certitude qui n'avait pas bougée, c'était la récurrente solitude qui l'avait toujours accompagnée. lavinia n'a jamais eu qu'un royaume où régner, et ce fut bien celui-là. et, même flanqué de tous les rejetons qu'elle avait pu engendrer, elle a toujours autant semblé désespérément seule. ça faisait bien longtemps, oui mais, pourtant, tout semblait figé. comme si rien n'avait changé. comme si tout ce qui avait pu te conduire jusqu'ici, ce soir, n'était jamais arrivé. un sentiment à la fois rassurant et déstabilisant. parce que, tout ce que tu pensais acquis, tendait presque à disparaître. et, dans l'étreinte inattendue d'une mère trop souvent laissée de côté, tu redeviens soudainement le petit garçon depuis trop longtemps oublié. c'est trop prenant. à ce point intrusif que le réflexe premier n'est pas d'accompagner son geste mais, plutôt de le craindre. tu t'attendais pas à une telle effervescence. des années que t'as arrêté d'attendre l'opportunité d'une attention sincère. des années que t'as pas goûté au simple fait de tout relâcher. de lâcher prise et de te laisser aller. Beaucoup trop longtemps Nash. ce ronronnement chaud aux accents roumains qu'elle laisse se perdre au creux de cou. l'étreinte salvatrice mais, quelques peu dérangeante qu'elle offre au sein de ses bras. t'es plus ce petit garçon qu'elle avait l'habitude de voir arriver. t'es plus le gamin qui cherchait auprès d'elle une mère qui n'a jamais existé. Laisse-moi voir comme tu as changé y'a son rire cristallin qui ricoche contre le coeur. la prunelle topaze de ses yeux qui te sonde avec désinvolture. t'es gêné, comme mis à nu. loin de l'homme aux milles secrets que t'as l'habitude de laisser voir. loin de l'homme sûr de lui à l'évidente morosité affichée pour mieux se protéger. t'es vulnérable nash. mis à mal par le souvenir de toi qu'elle a soigneusement gardé encré dans son esprit et qu'elle vient désormais confronter avec celui que tu es devenu. t'es plus l'insouciance incarnée. t'es plus ce petit con qui s'avance sans trop savoir où aller. et, si jusqu'ici la question ne s'était pas posée, à cet instant t'aimerais saisir la main de celui que sa mémoire a couvé pendant toutes ces années pour lui dire de ne pas faire les mêmes choix, les mêmes erreurs. parce que les regrets ont toujours été là mais, c'est peut-être bien la première fois que t'en prends conscience. là, sous son regard soucieux, sous le toucher délicat de ses doigts. Je vois que tu joues encore à la bagarre. t'as honte. parce que c'est bien plus que ça. ce n'est plus les bleus des mauvais jeux. ce n'est plus les cicatrices de l'enfance. c'est bel et bien celles de la vie. celles qui s'estomperont avec le temps mais, qui ne s'effaceront jamais vraiment. celles qui ouvrent la porte à d'autres qui viendront encore ce soir, peut-être demain et encore après demain. t'as honte. parce que ce si elle s'inquiète de si peu, elle s'effondrerait du reste. tout ce que tu gardes tapis sous le vernis écaillé du garçon qu'elle connaît. y'a des choses qui changent pas. ton sourire s'est fané, le ton de ta voix a retrouvé celui de la fatalité. y'a cette main un peu moins timide qui s'avance pour repousser doucement la sienne et la garder au couvert de tes doigts. t'as besoin de t'y raccrocher, la peur au ventre que tout ça s'évapore si tu venais à la relâcher. des choses qui changent pas. tu parles pas seulement de toi et cette facilité déconcertante avec laquelle tu t'es toujours noyé dans les emmerdes. tu parles aussi d'elle. elle qui semble être toujours la même et que, sans savoir pourquoi, tu n'es plus capable de la voir comme avant. ce n'est pas de lâcher sa main qui fera s'envoler tout ce que tu vous connais, c'est le poids des années qui a fini par le balayer. Un jour, il faudra que tu laisses tout cela de côté. comme un gosse teigneux qui se fait rouspéter, tu te renfrognes malgré la légèreté portée par ses mots. t'as pas attendu après elle pour l'entendre. t'as pas attendu après elle pour te le rappeler. y'a nora qui le fait déjà assez. y'a tous ces débuts de journées où tu te lèves en supportant ta culpabilité. et, même si parfois l'envie de changer s'esquisse dans les tréfonds de ton esprit sinueux, elle se précise jamais. tu pourras jamais laisser de côté ce qui fait partie de toi. c'est ce que je fais le mieux... même si je voulais changer, ça finirait toujours par me rattraper. y'a l'amertume qui suinte, tes doigts qui la relâchent, le tout qui s'éloigne. ça fait trop longtemps que la volonté t'a abandonnée, trop longtemps que tu flirtes avec tout ce que la vie à mauvais. tout le reste, c'est l'inconnu, la conformité à laquelle tu pourras jamais coller. si elle savait, si seulement elle se doutait, ses paroles seraient restées muettes et toi, tu ne chercherais pas à fuir. toi t'as pas changé, toujours là comme si t'avais pas bougé. c'est pressé de détourner le sujet. y'a ton front qui se creuse de sillons soucieux. cette involontaire sévérité inquisitrice qui pare ton visage lorsque tes yeux s'accrochent à elle pour appuyer ce que tu penses tout haut. c'est presque triste de le constater, parce que ça reviendrait à admettre que la vie s'est passée mais, qu'elle l'a oubliée. là où toi t'as grandi, où ses enfants sont partis, elle n'a pas avancé. aussi loin que tu t'en souviennes, c'est toujours comme ça que tu l'as vu. à attendre. quand ce n'est pas son mari qu'elle attend, ce sont ses enfants. lavinia dont le seul but semble être celui d'attendre patiemment que la vie se passe, que le temps se meure. c'est toujours comme ça que tu l'as vu et admiré. parce que si tu devais réellement avouer une chose que tu reproches à ta propre mère, c'est probablement la patience dont elle a manqué. elle n'a jamais été là où l'a toujours été lavinia. t'es pas fatiguée à force ? tes pensées s'échappent dans cette question sincère et floue. t'aurais peut-être pas dû. tu sais même pas pourquoi. ça te démangeait juste et l'impulsivité ne l'a pas dompté. t'aimerais pouvoir le ravaler de ta bouche restée ouverte, en suspend d'avoir osé y mêler une pointe d'incompréhension et de dégoût. fatiguée d'attendre. fatiguée d'être toujours ici alors que la vie aurait pu lui apporter autre chose. fatiguée de ne pas changer. fatiguée d'être toujours la même et de voir le monde s'écrouler autour d'elle sans rien pouvoir y faire. t'en rêve parfois de cette stabilité. cette impression de normalité. cette pseudo sérénité qu'elle a toujours renvoyée. pourtant, t'es presque sûr que sur le long terme, tu le supporterais pas. ça n'a jamais été fait pour toi. ça finirait même par t'user d'ennui. parce qu'il y est des choses qui ne changeront jamais.
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MessageSujet: Re: what you need (lavinia)   what you need (lavinia) EmptyJeu 2 Mar - 3:02

Y avait-il une justice dans ce monde ? Dieu était-il trop occupé pour prendre soin de ceux qu'il avait placés sur terre ? Le Karma existait-il ? Etait-ce possible de contrôler sa vie ou étions-nous tous condamner à suivre ce que le destin avait prévu pour nous ? Lavinia évitait de trop réfléchir à toutes ces questions parce que dès qu'elle le faisait, sa foi était légèrement ébranlée, dès qu'elle y pensait, elle remettait en cause la toute puissance du créateur. Cela restait un mystère pour elle. Pourquoi tant de gens biens finissaient avec un destin tragique ? Pourquoi certains avaient plus de chance que d'autres ? Pourquoi la foudre et la fatalité frappaient toujours au même endroit ? Trop d'interrogations auxquelles elle ne pouvait apporter aucune réponse. Et dans sa cuisine, à cet instant précis, son regard planté dans celui de Nash, le tourbillon de toutes ces questions la frappa avec violence. Pourquoi Dieu s'acharnait-il sur les Caldwell ? N'avaient-ils pas assez souffert avec la perte de leurs parents, l'absence d'une mère incapable d'agir comme telle. Nash était trop jeune lorsqu'il avait du prendre à sa charge ses deux frères et sa sœur. Et aujourd'hui il l'était toujours. Lavinia ne pouvait détacher son regard de celui si sombre du garçon. Où était passée l'insouciance ? Où se cachaient ses rires et ses sourires ? Pourquoi les traces des coups venaient parsemer son corps de tâches violacées et jaunâtres ? Pourquoi ses traits étaient-ils aussi tirés ? Pourquoi devait-il supporter le poids d'une existence beaucoup trop lourde à porter pour un jeune homme de son âge ? Il avait changé, cela était indéniable. Il était un homme désormais, avec trop de responsabilités pour son âge, il était plus distant qu'auparavant, plus méfiant. Elle s'en était rendue compte lorsqu'elle l'avait serré tout contre son cœur. Il s'était crispé parce qu'il n'avait plus l'habitude, parce que ces gestes lui étaient désormais inconnus. Sans doute n'aurait-elle pas du le prendre contre elle, mais elle n'avait pu s'en empêcher. Elle avait lu le trouble et l'embarras, la gêne et la honte dans son regard lorsqu'elle avait caressé de ses doigts délicats les marques qui abîmaient sa peau si douce. Elle avait senti la fatalité lorsqu'il lui avait répondu : « y a des choses qui changent pas » et ça lui avait fait terriblement mal. Parce qu'il semblait résigné, parce qu'il semblait avoir baissé les bras. Pourtant Nash n'était pas comme cela, c'était un battant, qui luttait chaque jour et qui ne lâchait jamais rien.

Comme cette main qu'il ne lâchait pas, parce qu'il avait pris celle de Lavinia dans la sienne et qu'à cet instant, il semblait s'y raccrocher tout comme elle le faisait inconsciemment. La chaleur des doigts du garçon autour des siens lui réchauffait le cœur. Elle était bien là, la matriarche, dans sa cuisine avec ce jeune homme qu'elle aimait tant. Parce qu'elle n'était plus seule, parce que revoir ce visage si familier la ramenait lors de jours plus heureux, et parce qu'il la voyait. Elle n'était pas qu'une femme derrière les fourneaux, elle n'était pas qu'une épouse qui attendait son mari, qu'une mère qui guettait les pas de ses enfants. Non, elle était juste Lavinia, et cela lui faisait un bien fou. Pourtant à trop la regarder, il voyait tout ce que tout le monde ignorait. Lavinia l'avait perçu dans ses mots. Lorsqu'il lui avait dit que certaines choses ne changeaient pas, elle avait compris qu'il parlait de lui mais aussi d'elle. Et il avait raison, terriblement raison. Elle était toujours la même femme qu'il avait rencontrée plusieurs années plus tôt. Seules quelques rides aux coins de ses yeux montraient le temps qui s'était écoulé. Elle n'avait rien dit lorsqu'il lui avait dit cela, elle avait préféré enchaîner. Passer à autre chose.  Pourtant c'était impossible, chaque parole qu'elle prononçait ou qu'il prononçait semblait les ramener un peu plus sur terre. Ils se remémoraient le passé tout en se rendant compte que leur présent n'était pas mieux. Difficilement ils pensaient à un futur qu'ils n'avaient même pas envie de voir. « c'est ce que je fais le mieux... même si je voulais changer, ça finirait toujours par me rattraper. » Et la mère fronça les sourcils, son regard s'assombrit. Instinctivement et sur le ton du reproche elle répliqua : « C'est faux ! » C'était faux et s'il le fallait, elle le lui répéterait encore et encore. Non il n'était pas bon que pour se battre, non ce n'était pas ce qu'il faisait de mieux. Il se rabaissait, il baissait les bras, et Lavinia refusait de l'admettre. Il n'avait jamais été ce garçon, il ne deviendrait pas cet homme. Elle avait envie de le secouer, de lui remettre les idées en place, elle avait envie de le prendre dans ses bras mais aussi de lui crier dessus, de le bercer et de le gifler. Il fallait qu'il réagisse, il était trop bien pour avoir cette image de lui-même. Elle aurait voulu lui expliquer calmement mais Nash la prit au dépourvu : « toi t'as pas changé, toujours là comme si t'avais pas bougé. »

Le silence suivant la sentence, le regard lourd de reproche et d'amertume de Nash firent reculer la mère de quelques pas. Parce qu'elle comprenait de quoi il parlait. Elle savait qu'il ne faisait pas allusion à son physique qui n'avait pas tant bougé que cela, qu'il ne parlait pas de quelques cheveux blancs ou quelques rides. Non, il parlait de sa vie, ou plutôt de l'inexistence de sa vie. Sans s'en rendre compte, ses mains se mirent à trembler, parce qu'elle n'avait pas envie d'entendre cela. Pire que tout, elle n'avait pas envie que Nash lui fasse ce genre de reproches. Il n'était qu'un adolescent la dernière fois qu'elle l'avait vu. Il était désormais un homme qui analysait ce qui l'entourait. Il n'avait ni le droit de lui parler de cela, ni le droit de la juger. Il n'avait pas le droit de lui faire exploser cette vérité en pleine face. Parce que là était la tristesse de la situation. Il avait purement et simplement raison. La Popescu s'en rendait compte un peu plus chaque jour. Elle déglutit difficilement et finit par détourner le regard. Elle tourna le dos à Nash tout en gardant le silence et se remit derrière sa planche à découper. Alors qu'elle s'apprêtait à couper un oignon, il poursuivit : « t'es pas fatiguée à force ? » elle posa le couteau sur la table, planta son regard dans celui du garçon et demanda en toute sincérité : « Si je ne les attends pas, qui le fera ? » Qui d'autre à part elle, sacrifierait sa vie pour son mari et ses enfants ? Qui d'autre attendrait toute la nuit que l'un d'eux rentre ? Qui d'autre se soucierait d'eux, prendrait soin d'eux ? Elle était la femme de Lucian, elle était la mère Popescu, elle avait toujours tout fait pour eux, et elle continuerait à le faire. Un délicat sourire s'afficha sur son visage, elle entreprit de continuer son plat et demanda à Nash : « Et toi Nash ? T'es pas fatigué à force ? » Et avec son couteau elle lui montra la maison et la cuisine. T'es pas fatigué Nash de devoir te démener pour ramener à manger chez toi ? T'es pas fatigué de toujours te saigner pour prendre soin de tes frères et de ta sœur ? Parce qu'ils étaient assez grands pour prendre soin d'eux désormais, mais ce qu'elle voyait c'était que c'était Nash qui se démenait encore pour toute la famille Caldwell. Elle savait ce que cela lui avait coûté de venir ici demander de l'aide à Anca. Elle savait ce que cela lui avait coûté d'admettre que son frigo était vide tout comme son compte en banque. Elle aimait Nash pour ces raisons. Parce qu'il était fier, mais qu'il savait mettre sa fierté de côté lorsque la situation le nécessitait. Aucun Popescu n'était réellement capable de mettre sa fierté de côté, certains ne l'avaient même jamais fait. Lavinia attendait toujours la réponse du jeune homme, mais elle n'était pas très sûre d'en obtenir une. Elle avait plutôt l'impression qu'il allait prendre ses jambes à son cou et fuir. Elle sortit les cookies du four et les versa dans un plat. Ils fumaient encore et une agréable odeur sucrée embauma toute la pièce. Elle leva les yeux vers son invité surprise et lui tendit le plat. Voyant qu'il ne faisait aucun mouvement, elle soupira, posa le plat sur la table et se dirigea vers lui, elle prit sa main dans la sienne et l'installa sur le tabouret haut qui était autour du plan de travail: « Sers-toi Nash. Ni toi, ni moi ne pouvons plus être gênés désormais. » Et elle lui fit un petit clin d'oeil. Il avait été gêné en voyant qu'il parlait à elle et non à Anca, il avait été gêné lorsqu'elle avait touché ses plaies. Elle, elle avait été gênée lorsqu'il lui avait fait comprendre la triste réalité qu'était sa vie, lorsqu'il lui avait montré qu'il savait ce qu'il vivait qu'il avait compris quel genre de femme elle était. Alors qu'elle coupait désormais le poulet en fins morceaux, elle murmura plus pour elle-même que pour lui : « Si. Je suis épuisée. » et le couteau glissa de ses doigts et vint ouvrir la paume de sa main gauche. Elle laissa tomber l'objet froid sur le plan de travail tandis que quelques gouttes de sang glissèrent le long de son poignet. La plaie n'était ni grosse, ni profonde. Elle était juste là. Comme la plaie qui s'était réouverte lorsque Nash était réapparu dans sa cuisine. Dans sa vie.
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