Lauren était belle à vous en couper le souffle. Vivante. Gaie. Tous le monde la regardait. Il suffisait qu'elle entre dans une pièce pour attirer les regards. Son aura irradiait. Tout en elle captait la lumière pour la renvoyer avec grâce. Perfection. Ça devait lui donner l'impression d'avoir le droit de lui cracher à la gueule. De le traiter comme un être misérable. Chacune des pensées qui parcourait son esprit depuis son départ le tirait un peu plus vers le fond. Maudite dépression. Encore aujourd'hui, il espère à un mauvais rêve. L'entendre se garer dans l'allée de la maison désormais trop grande où ils avaient prévus de construire une famille. Elle viendrait ensuite le rejoindre au salon et caresserait sa joue comme elle le faisait si bien avant chaque baiser. Il arrive encore à sentir son odeur sur les draps. Il peut même visualiser ses lèvres arpenter son cou avec délicatesse. Tout est là. Tout est toujours là. Connerie de page qui veut pas se tourner alors qu'il mériterait d'avancer, de passer à autre chose. Parfois, il se dit qu'il a tout inventé, que cette belle histoire n'a jamais eu lieu. Sinon, comment pourrait elle tout supprimer en une fraction de seconde. Ses attentions, ses gestes amoureux. Tout était faux. « Callum ? » Il lève la tête pour apercevoir sa soeur le sortir de ses rêveries. « t'as l'intention d'aérer un jour ou l'autre, ça sent le rat crevé ? » Il prend pas la peine de répondre. « On a comprit, t'es malheureux. T'en a pas marre de jouer les martyrs ? » Elle agace. Depuis toute petite, elle touche les cordes sensibles sans se soucier de faire mal. Elle manque de tact. Il sait bien. Tarir l'océan de larmes provoqué par son ex petite amie. Tourner la page. Arrêter de se complaire dans une douleur qui n'a pas lieu d'être. La vie continue. Secoue toi. Rien à faire. Il a essayer et une part de lui n'y arrive pas. Une part de lui espère toujours son retour dans ses bras. « Prend au moins une douche. Tu ferais fuir un clodo. » Il s’exécute. Il est d'ordinaire coquet et soigneux. Mais ça ne fait que quatre semaines. Les plus longues de sa vie ceci dit. Il y arrivera pas. Remonter en selle, se remettre de tout ça. Il a l'impression qu'il y arrivera jamais, comme si un bus lui était passé dessus.

L'un des trajets en voiture les plus longs de sa vie. Il n'a aucune envie de sortir, ça fait des mois qu'il a perdu le goût à tout. L'enseigne clignotante le laisse perplexe.  « Un strip club ? Sérieusement ? » Une solution à sa détresse, à sa peine si on écoute ses deux meilleurs amis. Bande de crétins. Il baragouine quelques mots dans sa moustache suivit d'un long soupire et les suit à l'intérieur de l'établissement. L'ambiance y est lourde. Ce n'est pas son truc. Il est trop respectueux pour être à son aise dans ce type d''endroit. Une jeune femme d'une trentaine d'années entre en scène, à l'allure sauvage et maladroite. Son chignon en vrac lui donne des airs enfantin qui contrastent nettement avec le show qu'elle est en train de donner. Envoutante. Transcendante. Son cœur s'emballe et bat plus vite, prêt à sortir de son orbite. Il est sous le charme de cette princesse bafoué. Il avale d'une traite le shooter qu'une femme habillée en soubrette lui tend sans la quitter des yeux.  « Et ben, ça te plait j'ai l'impression. Elle c'est Angel. » Son meilleur ami est un habitué des lieux. Angel. Ça file sous la langue. C'est beau et énigmatique, comme l'étrangère. Il reste là, abasourdi par le spectacle qu'il pensait considérer avilissant. Devant, quelques hommes tendent des billets de vingt et cinquante. Elle continue comme s'ils n'existaient pas, comme si elle était seule dans ce petit théâtre de modernité. Il avale sa salive lorsqu'elle s'éclipse par l'arrière de la scène. Il aurait aimé que ça dure plus longtemps. « Angel. » Son ange déchu. Un peu de lumière au bout du tunnel de puanteur dans lequel il s'est enfoncé depuis le départ de sa fiancé. La première fille a attiré son attention depuis... Depuis toujours en réalité puisqu'il n'a connu que Lauren.