Sujet: time goes by → jordan&farrah Dim 18 Déc - 21:03
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Il avait un goût amer ce retour à la maison, un goût d'échec même. Elle s'y attendait en soi Farrah. Elle ne s'attendait pas à des banderoles de bienvenue, à des explosions de confettis et de joie. Mais elle ne s'imaginait pas devoir enfoncer les portes pour retrouver sa place dans cet environnement. Ils lui en voulaient tous d'être, semblaient encore plus emplis de ressentiments à la voir revenir. Nash et son mépris, Nora et sa bile acide. Il y avait Jack aussi. Sans doute. Elle n'avait pas encore eu à l'affronter Farrah, s'en était bien tiré pour l'instant. Elle n'était pas sûre d'avoir envie de subir les foudres cosmiques de son jumeau. Une fois avait suffi à la faire fuir, elle n'était pas sûre que les jumeaux Flores survivent à un deuxième épisode de la sorte. Ouais, à se demander ce qu'elle faisait là Farrah. Pourquoi elle s'obstiner à traîner dans les mêmes endroits, à explorer les mêmes quartiers. Il y a son esprit clinique qui se demandait même pourquoi elle se posait des questions, elle qui s'était érigée ce bouclier d'acier sur lequel chaque assaut rebondissait. Son esprit repoussait toutes faiblesses, toutes traîtrises de son coeur. Farrah, elle mettait de côté tout ce qui la reliait aux autres. Elle s'en était détacher il y a bien longtemps, elle ne comptait pas replonger maintenant. Elle avait une vie à elle, une vie où ils ne pouvaient pas l'atteindre, n'est-ce pas ? Mais peut-être que la fuite n'est pas une vie, et qu'elle revient ici comme elle est repartie. En colère, et un peu perdue. En colère contre ce lien de gémellité qui la retient et la ramène, un peu perdue parce qu'elle ne sait pas si elle aura jamais l'impression d'exister et d'appartenir ici. Alors, Farrah, elle met tout de côté, se raccroche à ce qu'elle connait et fait abstraction de toutes les émotions qui pourraient l'atteindre. La déjantée maman Flores avait peut-être vu juste au final. Pas de sentiments, pas de problèmes. Pourtant, lorsqu'elle a retrouvé Ike, y a quelque chose qui s'est réchauffé chez Farrah, un baume sur cette âme meurtrie qu'elle trimbale seule. Alors, elle s'est dit que peut-être, son retour n'avait pas que du mauvais. Si Ike pouvait la pardonner, peut-être qu'elle n'aurait pas besoin de s'en aller à nouveau. Pas tout de suite, du moins. Et Farrah, ça lui suffit comme sursis. Elle décide même de faire un tour vers memory lane, laissant ses pieds la guider sur le chemin des souvenirs. Il y a des images d'hier qui l'aveuglent parfois, il y a les changements d'aujourd'hui qui la réveillent. Et elle ne sait pas comment, ne sait pas pourquoi, Farrah finit par se retrouver devant une maison à la façade connue. Et il y un sourire qui se glisse sur ses lèvres alors qu'elle franchit la petite grille et se retrouve à toquer à la porte. Farrah l'impulsive est de retour, prête à retrouver Jordan le sage. Comme si de rien n'était, comme si 3 ans n'étaient pas passés. Peut-être que pour ça aussi, elle aurait pu lui envoyer une carte postale "coucou, c'est moi, je rentre." Farrah, spécialiste de l'invasion. Pourtant, lorsque la porte s'ouvre, son sourire disparait à Farrah, et elle fronce les sourcils, plisse son minois. Dis donc Oakley, je te laisse 5 minutes tout seul et je te retrouve en morceaux. Elle se gêne pas pour le dévisager ce Jordan tout cabossé, celui qu'elle avait connu comme être de lumière au sein des ombres parmi lesquelles elle évoluait.On t'as déjà dit que t'avais pas bonne mine ? Elle pousse un petit soupire Farrah en passant à côté de lui, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde pour elle que de s'inviter chez lui après trois ans au loin.
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Sujet: Re: time goes by → jordan&farrah Mar 20 Déc - 17:45
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La séance de rééducation que j’avais subie le matin même avait été plus que pénible. Mais pour ça, il n’y avait que moi à blâmer. En effet, selon les médecins, avec les efforts nécessaires, il ne faudrait plus beaucoup de temps pour que je sois en mesure de marcher sans béquilles, sans canne, sans ressentir le besoin de m’asseoir lorsque la distance parcourue à pied était trop longue pour moi, trop courte pour les autres. C’était une bonne nouvelle, je ne pouvais pas le nier, mais c’était le genre de nouvelle qui avait fait en sorte que ces derniers temps, j’avais commencé à en avoir sincèrement assez de subir encore les conséquences de cet accident qui avait eu lieu au printemps dernier. Je commençais à accepter le fait que ma motricité fine en avait pris un coup, et que ce n’était pas la rééducation qui allait changer cela, mais en ce qui concernait mes jambes et mes déplacements, sachant que je pouvais changer quelque chose, j’avais décidé - certainement sans réfléchir assez à la question - j’avais décidé de mettre les bouchées doubles et, pendant cette séance, pousser encore plus que d’habitude, peut-être même un peu trop. En effet, je cherchai à en faire davantage, me forçai plus, si bien qu’à la fin de la séance, mes jambes étaient si faibles qu’elles ne me portaient plus, et j’en vins même à chuter à quelques reprises. Pas de quoi me blesser gravement, heureusement d’ailleurs, mais suffisamment pour qu’une fois la séance terminée, je me congratule de ne pas être venu en voiture, parce que pour sûr, je n’aurais pas été en mesure de conduire. Il me fallut d’ailleurs tous les efforts du monde pour m’extirper du taxi que j’avais pris pour rentrer chez moi une fois que j’eus payé ma course, et finalement retourner dans la demeure. La distance entre l’entrée et le salon me parut plus que pénible, et quand je parvins à m’affaler sur le canapé, plutôt misérable, je me promis que je n’allais pas m’en relever tant et aussi longtemps que je ne serais pas en mesure de le faire. Bien sûr, cela ne me faisait pas plaisir de faire cela, mais j’étais si fatigué et amoché que je n’avais pas le courage de faire quoi que ce soit. Inutile de mentionner que lorsqu’on frappa à la porte, cela ne me motiva pas tout de suite d’aller ouvrir, même si je n’avais pas nécessairement le choix. Pendant un bref instant, je geignis de douleur et de fatigue, puis j’attrapai ma canne, qui limite, ne me semblait pas assez pour me soutenir en cet instant, et je me trainai jusqu’à la porte, l’ouvrant sur quelqu’un que je n’avais pas vu depuis si longtemps que limite, sa présence ne me semblait pas réelle. Les anti-douleurs qu’on m’avait refilés à l’hôpital étaient-ils si fort que j’hallucinais ? Stoïque, je restai là, les yeux écarquillés, suffisamment longtemps pour que cela laissa l’occasion à Farrah de me dévisager, et passer un commentaire sur ma mine. Dans un premier temps, encore trop surpris de la voir ici alors qu’elle était partie trois ans. Il était certain que j’aurais voulu lui offrir un air plus enthousiaste, la prendre dans mes bras, lui dire que j’étais content de la voir, mais je n’y parvins pas. Ce que je sus faire, ce fut de sourire d’un air un peu blasé, puis amusé, à sa question, puis tentant de détendre l’atmosphère, je m’efforçai de faire une blague, ou ce que je pensais être une blague, et je dis: « Tu devrais voir l’autre gars, il est plus amoché que moi. », me doutant bien qu’elle allait comprendre que je n’avais été jamais du genre à me battre, alors que ce n’était clairement pas ça qui s’était passé. Enfin, je l’espérais, en tout cas, parce que je ne savais jamais comment mes blagues allaient être prises en considération par mes interlocuteurs, d’où le fait que je ne me risquais pas trop à en faire généralement, bien que parfois, comme en ce moment, je m’échappais. Je fus bien décidé toutefois à ne pas laisser la potentielle confusion s’installer, et je lui dis, sérieusement et surtout sincèrement: « Tu m’as manqué. », me décalant en suite pour la laisser passer et entrer, non seulement parce que je me doutais qu’elle ne voudrait pas rester dans l’embrasure de la porte, mais aussi parce que moi-même, si je pouvais retourner m’asseoir, je ne dirais clairement pas non.
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Sujet: Re: time goes by → jordan&farrah Dim 8 Jan - 22:01
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Dis donc, l'autre gars c'était Iron Man ? Elle se retourne en souriant à l'humour de cet ami qui ne cherche pas à la chasser, et son estomac se noue instantanément lorsque son regard se pose sur la canne que Jordan tient. Celle qu'elle n'avait pas vu en entrant comme une sauvageonne. Le sourire s'efface et sa main se porte inconsciemment à sa bouche, un instant paralysée par l'étonnement. Le moment passe et elle reprend le contrôle, fronce les sourcils. Elle va pas mentir Farrah, ça lui fait quelque chose de le voir dans cet état Jordan. Le regard plus sombre que ce à quoi elle est habituée, les traits tirés sur son visage. Elle reste silencieuse, s'abstient d'un autre commentaire plein de sarcasme, et ça en dit beaucoup plus que si elle n'avait parlé pour celle qui n'est jamais à court du bon mot, de la bonne formulation. Farrah elle prends le temps de l'observer de haut en bas, de s'attarder sur les détails qu'elle pensait connaître et qui finalement ne sont plus aussi évidents. Elle qui pensait avoir évolué lors de ces trois ans, elle ne s'attendait pas à un changement aussi radical chez lui. Que s'était-il passé pour lui pendant qu'elle parcourait le monde, libre de toutes considérations pour ce qu'elle avait laissé derrière ? A nouveau ce petit sentiment de culpabilité contre lequel elle n'a jamais cessé de se battre se pointe dans un coin de son esprit. C'était ce qui arrivait quand on se barrait sans laisser d'adresse, personne ne pouvait vous prévenir de ce qui vous attendait en rentrant. Recouvrant son sang froid, Farrah s'attache à illuminer son visage de son plus beau sourire à la remarque suivante de Jordan. Voilà ce qu'elle savait faire de mieux Farrah. Sourire pour cacher son incompatibilité émotionnelle et son incapacité à exprimer le moindre sentiment. A elle aussi, il avait manqué. Parce qu'il était la seule personne à avoir réussi à tirer un minimum d'humanité à la mort de sa mère. Parce qu'il était la seule personne à avoir compris sa décision de partir. C'était un ami, loin de cette famille nombreuse à laquelle elle avait toujours eu l'impression d'être enchaînée. C'était un ami et Farrah n'en avait pas autant que ça des amis. Mais ça, Farrah elle ne savait plus le dire à haute voix. Alors elle essayait de le communiquer par ses actions, tant bien que mal. Elle vient déposer un bisou aussi léger qu'un papillon sur la joue de son ami et pose une main légère sur son épaule l'entraînant à sa suite s'asseoir sur le canapé. Allez grand-père, viens donc te reposer, je ne voudrai pas être la cause d'un arrêt cardiaque. Farrah s'avachie plus qu'elle ne s’assoit, le visage tranquille, les yeux bienveillants sur Jordan. C'est étrange cette chaleur qui s'empare d'elle, celle qui l'empêche de le quitter des yeux, comme si son état risquait de se dégrader si elle le lâchait des yeux. Il y a la Farrah des vieux jours qui pointe le bout de son nez, celle qui prenait le soin de tout le monde, qui ne se satisfaisait que lorsqu'elle savait tout le monde en sécurité. Ce besoin de protéger qu'elle avait pourtant si bien enseveli en claquant la porte sur Savannah. Qui eut cru qu'il y avait encore de la place pour de la chaleur quelque part dans ce corps brutalisé par les années, par les événements et par la course du monde. C'était sans doute ça l'effet d'une relation sincère, simple et sans amertume. Épargnons-nous les politesses et dis moi tout de suite qui je dois aller démolir pour t'avoir mis dans cet état là. Son ton est tranquille et badin, son sourire en coin éternellement juchée sur les lèvres. On pourrait croire qu'elle aussi, y va de l'humour. A la différence que ce n'est pas tout à fait le cas, et elle se doute que Jordan le sait. Farrah avait beau avoir changé, sa loyauté elle ne l'avait pas fait. Et ses instincts assassins envers quiconque venait à faire du mal à ceux qui l'entouraient non plus. Ils avaient juste évolué, de Farrah la furie on était passée à une Farrah à la colère froide et calculée. Ses sourcils se froncent et son regard se voile. Est-ce que tu vas bien Jordan ? L'inquiétude se trahit dans sa phrase et un instant, elle oublie qu'elle est un jour partie. A ce moment, Farrah a de nouveau 20 ans, jeune femme à la merci des chamboulements. Elle aurait dû être là pour lui, et pas seulement avec des souvenirs du monde entier envoyés par la poste. Un bref instant, la carapace se fissure puis le temps reprend son cours et Farrah redevient sa propre muraille.
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Sujet: Re: time goes by → jordan&farrah Mer 11 Jan - 20:11
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J’essayais toujours, tant bien que mal, de faire des blagues de temps à autres, mais cela ne voulait pas dire que j’étais des plus doués pour autant, surtout quand venait le temps de jouer le jeu afin de faire durer la dite blague aussi longtemps que possible. Et ça, je le prouvai une nouvelle fois suite aux propos de mon amie, puisque plutôt que de lui répondre par la positive, ajouter quoi que ce soit pour rendre la situation encore plus ridicule, je ne sus faire mieux que de lui servir un petit rire nerveux, puis finalement, ne rien dire du tout. Enfin, il fallut quand même que j’admette que pour le coup, je fus quelque peu déstabilisé par le fait qu’elle choisit de me dévisager de la tête aux pieds, comme si elle faisait un examen visuel afin de s’assurer que je n’allais pas m’écrouler à tout moment. Ou bien essayait-elle de se dire qu’elle s’était trompée de demeure et qu’elle n’avait pas affaire à son ami qu’elle n’avait pas vu depuis un long moment maintenant ? Une partie de moi aimerait bien lui dire que c’était le cas, mais ce serait lui mentir. Ne sachant pas trop quoi faire pour le coup, je la laissai donc me considérer, y mettant fin en lui signifiant sincèrement qu’elle m’avait manquée, réussissant au moins à lui arracher un sourire qui fit en sorte que moi aussi, j’étirai les lèvres pour lui servir un air un peu plus réjoui malgré ma fatigue. Ce n’était pas l’idéal, et pour sûr, j’aimerais lui proposer davantage, mais déjà que je puisse lui servir cela, j’estimais que c’était déjà beaucoup. Heureusement, il me resta quand même suffisamment d’énergie pour lui servir un sourire encore plus évident quand elle déposa un baiser sur ma joue, et finalement, un petit rire étouffé quand elle en vint à m’appeler « grand-père », ne trouvant même pas d’excuse ou d’argument pour m’y opposer. Après tout, cela faisait maintenant plus de six mois que j’étais dans cette condition, et ce n’était pas la première mauvaise journée que je passais. C’était triste de le dire ainsi, mais j’avais quelque peu l’habitude. Ce fut donc sans me faire prier que je repris place dans le canapé, ne pouvant pas me permettre de m’affaler comme mon amie le fit, sachant très bien que si je le faisais, jamais je ne saurais me relever de moi-même. Cependant, cela ne m’empêcha pas de considérer Farrah d’un air quelque peu amusé pour le coup, trouvant cela réconfortant de voir que malgré tout ce qui avait pu changer ces derniers temps, au moins, certaines choses restaient les mêmes. Enfin, je ne disais pas que Farrah n’avait pas complètement changé pendant tout ce temps, mais réaliser que son comportement envers moi n’avait pas changé, ni ses expressions qui avaient toujours le don de m’arracher un rire, c’était plus que plaisant dans le cas actuel. D’ailleurs, je ne me fis pas prier pour m’esclaffer doucement une nouvelle fois, puis lui dire: « Il n’y a personne à démolir, ne t’en fais pas. » Je savais bien que ce n’était pas la réponse idéale, mais puisque je ne me voyais pas lui dire tout ce qui s’était passé d’un seul coup, comme je ne me voyais pas poursuivre sur cette lancée, même si c’était moi qui avais inauguré la blague dans un premier temps. Et visiblement, Farrah semblait, en quelques sortes, de mon avis, puisqu’elle ne tarda pas à adopter un air un peu plus sérieux pour me demander comment j’allais. Me sentant obligé de m’ajuster à la situation, je laissai un bref moment de silence s’installer, puis aussi sérieux qu’elle - juste pas de la même façon - je lui répondis: « Ça va, t’inquiète. » Puis, sachant très bien que mes propos semblaient ne pas faire la paire avec mon état actuel, je poussai un petit soupir, puis je me résignai à ajouter, un peu plus maladroitement: « C’est juste que… Réapprendre à marcher, ça semble idiot, mais ce n’est pas une chose facile… » Puis, sentant que j’entrais quelque peu dans le vif du sujet et que je ne pourrais pas retourner en arrière, je me permis finalement de lui dire: « J’ai eu un accident de voiture, il y a environ six mois. » en lui servant un petit sourire triste. Bien sûr, je n’étais pas vraiment fier de la façon que je lui avais annoncé la chose, mais quelque chose me disait que si je ne lui avais pas dit ainsi, elle m’aurait pressé pour que je lui annonce, et elle aurait eu raison de le faire. Mais en même temps, je devais admettre que d’un autre côté, j’étais quand même satisfait de lui avoir dit ainsi, brièvement, sans être entré dans les détails tout de suite, parce que cette partie, je n’étais pas encore totalement à l’aise avec celle-ci, alors si je pouvais attendre un peu, ou ne pas lui en parler là tout de suite, au moment de nos retrouvailles, alors je n’allais pas en être déçu, bien loin de là.
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Sujet: Re: time goes by → jordan&farrah Dim 22 Jan - 22:36
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Farrah elle est un peu perdue sur le moment. Elle ne comprends pas trop ce qui lui a échappé dans l'histoire. Elle pensait que de tous ceux qu'elle avait laissé derrière elle, Jordan serait celui dont elle aurait le moins à s'inquiéter. Après tout, c'était la seule personne saine d'esprit qu'elle côtoyait. La seule personne pour qui elle avait toujours pensé que la vie était facile. Sans doute qu'elle ne voyait que le bon côté des choses, occultant le reste, mais il était facile de le faire en le regardant se mouvoir avec aisance dans la société alors qu'elle cherchait encore à y prendre ses marques. Toujours est-il qu'elle pensait revenir et trouver un Jordan égal à lui-même, fidèle à l'image dont elle en avait garder toutes ses années, l'ami à la douce présence qu'elle avait toujours eu lorsqu'elle en avait besoin. Il était celui qui réussissait, qui menait une vie stable et qui devait s'en sortir à ce jeu de la vie. Celui qu'elle voyait grandir et vieillir en menant tranquillement sa barque et finir par emménager dans une jolie maison avec sa femme, avec un enfant et un labrador derrière les jolies clôtures blanches. Un paysage qui ressemblerait au bonheur. Du moins c'est ce qu'elle avait cru comprendre dans les films. Parce que Farrah, elle savait pas trop à quoi ça ressemblait le bonheur. Chez les Flores, c'était pas trop répandu comme notion. Il y avait simplement des instants moins lourds que les autres. Des instants où l'air n'était pas chargé d'électricité et où ils parvenaient à rire, la poitrine dégagée de tous poids lourds. Mais ça c'était avant, il y a bien longtemps, tellement longtemps que parfois, on dirait les souvenirs d'une autre vie. Une vie survolée, une vie jamais vraiment vécue. Elle s'était faite à l'idée qu'elle ne saurait peut-être jamais vraiment ce à quoi correspond ce bonheur. Mais Jordan, lui, devait y avoir le droit. Si lui ne pouvait pas y prétendre, alors autant tout arrêter. Éteindre l'interrupteur du monde et passer à autre chose. Farrah, elle fronce les sourcils quand il lui annonce aller bien. Son air dubitatif ne trompe personne, et Jordan semble le sentir car il développe davantage. Et Farrah ne sait pas si c'est mieux, avec des détails. Car à l'annonce de son accident, du fait qu'il doive réapprendre à marcher son coeur loupe un battement. Non, elle ne s'attendait pas à ça, et non, elle ne parvient pas à assimiler l'information fournie. Il y a son cerveau qui tique un instant. Si ça avait été plus grave, si par une cruelle tournure des événements il n'avait pas survécu, elle ne l'aurait jamais su. Farrah s'applique à déglutir et à ne pas laisser le malaise s'afficher sur son visage. Elle tente de faire bonne figure alors que dans un coin de sa tête, la mécanique de son imagination déraille. Elle s'imagine s'être pointée ici, la bouche en coeur, les yeux brillants et n'avoir trouvé personne. Et elle se dit qu'au delà Jordan, ça aurait pu arriver pour n'importe lequel des autres de la bande. Tu sais que dire à quelqu'un "ne t'inquiètes pas" puis lui annoncer que tu étais dans un accident de voiture ça ne va pas du tout ensemble ? Son ton est ironique, presque léger afin de ne pas montrer qu'elle est affectée par cette annonce. Farrah elle préfère dérider l'atmosphère. Faut dire qu'elle sait pas trop quoi faire de toutes ces émotions qui affluent d'un seul coup alors qu'elle avait passé des années sans se soucier réellement d'autrui. Je crois que j'aurai préféré que tu me dises qu'il y avait quelqu'un à massacrer. Elle esquisse un petit sourire, pas sûre de savoir gérer au mieux cette conversation. Elle qui pensait échapper à ses problèmes en venant voir Jordan, elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit empêtré dans les siens. J'aurai aimé être là pour toi. Et elle est sincère Farrah. Mais c'est bien beau un tel aveu, car elle n'avait pas été là quand il le fallait. Mais je suis rentrée maintenant. Il ne faudra pas longtemps pour que tu te retrouves à courir pour m'échapper quand tu te seras souvenue d'à quel point je suis insupportable. Son sourire s'élargit alors qu'elle ne se gêne pas pour venir tirer gentiment sur sa joue, lui donnant une once de ce personnage enfantin qui ne semble surgir qu'en sa compagnie. Il est plus facile de détourner les choses plutôt que de les affronter en face. Et Farrah était devenue une pro dans le domaine de la fuite. Celle-ci, cependant, était de bon coeur. Peut-être que finalement le retour à la maison ne serait pas aussi horrible si cela voulait dire retrouver Jordan.
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Sujet: Re: time goes by → jordan&farrah Mar 24 Jan - 22:25
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Je savais bien que parler d’un accident de voiture en précisant à mon interlocuteur de ne pas s’en faire pour quelque chose qui, sommes toutes, avait son niveau de gravité, compte tenu des séquelles que celui-ci m’avait laissé, mais quand même, pour toute réponse au propos de Farrah, je me contentai de simplement hausser les épaules, comme pour lui signifier que même si elle tenait un point, mais que je ne pensais pas changer mon propos pour autant. Après tout, ce n’était pas comme si j’étais dans le même état lamentable que précédemment. Enfin, je n’étais pas pimpant et rempli de vie non plus, j’étais parfaitement conscient de ce fait, mais je préférais de loin être fatigué de la rééducation, mais savoir que je serais capable de marcher jusqu’à mon lit plus tard dans la soirée, plutôt que de songer à comment j’allais faire avec mon fauteuil roulant qui, maintenant, ne faisait plus partie de mon quotidien, et c’était tant mieux ainsi. De ce fait, je ne pouvais pas me plaindre de mon état actuel, pas par rapport à ce que j’avais déjà vécu. Ce n’était pas l’idéal, mais je vivais avec. Avais-je vraiment un autre choix, après tout ? Pendant longtemps, j’avais voulu croire que oui, j’avais un choix, que j’aurais pu avoir le choix de ne pas avoir cet accident, que les choses auraient pu se passer autrement au bout du compte, mais quand j’avais compris que cela ne m’aiderait pas à progresser, j’avais décidé de voir les choses d’un autre point de vue. Après, j’avais encore parfois des ratés, comme lorsque je décidais d’être plus ambitieux que je ne devrais l’être en temps normal, comme je l’avais fait aujourd’hui, plus tôt dans la journée. Mais dans l’ensemble, je ne le vivais pas si mal, si bien que plutôt que de me rabattre sur ma situation au moment où mon amie me dit qu’elle aurait préféré avoir quelqu’un à battre, à blâmer pour tout ça, je me permis de rire discrètement, puis de lui dire, en tentant là de faire une blague: « Parce que tu aurais voulu que je me fasse tabasser ? », me doutant bien que ce n’était pas cela qu’elle voulait dire, mais parce que l’occasion était là de l’embêter, j’avais eu envie de la saisir, même si je ne demeurai pas d’humeur plaisantin bien longtemps. En effet, sitôt qu’elle me dit qu’elle aurait voulu être là, je repris mon sérieux, et ne sachant que lui dire dans le cas présent, puisque les regrets, les remords, j’en avais tellement vu et vécu que je ne savais plus trop comment composer avec ceux-ci, alors je me contentai de simplement prendre un air un peu plus triste, puis, comme pour la rassurer sans dire quoi que ce soit - parce que je ne savais pas dans l’immédiat les mots les plus justes pour répondre à sa détresse - je passai mon bras autour de ses épaules pour la serrer contre moi de façon fraternelle, venant me conforter par la même occasion sans que ce soit dans mes intentions dans un premier temps. Enfin, je n’allais pas m’en plaindre non plus, j’avais l’impression que depuis qu’elle avait franchi le pas de la porte, c’était la première fois que je sentais qu’elle était bel et bien là. Après tout, tout était arrivé si rapidement que limite, je n’avais pas pu me faire vraiment à l’idée. Mais là, tout était bien concret, et ça le devint encore plus au moment où Farrah en vint à me dire qu’avec sa présence, j’allais courir en un rien de temps. Rationnellement, je n’en étais pas tout à fait convaincu, mais me concernant, ce propos sous-entendait quelque chose de plus important, me concernant, quelque chose qui me fit dire: « Alors c’est vrai, tu es de retour pour de bon ? » et ce, avec un petit sourire, comme si je voulais qu’elle me confirme que sa venue n’était pas qu’une petite visite qui signifiait un simple passage avant de repartir. Et puis, si jamais elle voulait m’expliquer davantage les circonstances de son retour et tout ce qui venait avec, pour sûr, je n’allais pas être fermé à la potentielle conversation, bien loin de là.