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 From blue to black (woodvy)

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MessageSujet: From blue to black (woodvy)   From blue to black (woodvy) EmptyJeu 29 Déc - 18:40

C’est écrit partout dans les tabloïds, depuis des jours, des semaines, trop longtemps pour être ignoré. C’est écrit partout et chaque mot qu’elle relie la replonge un peu plus dans le passé. C’est écrit noir sur blanc, avec des images à la clé, ça s’étale sur son sol, là où elle jette les revues grappillées. Elle a hésité pendant longtemps Ivy. Pendant très longtemps avant de comprendre ce qui était écrit. Avant de décide quoi faire aussi. Parce que c’était une sacré coïncidence, grosse comme une maison, grosse comme le monde en fait. Merde. Il a vieilli. Elle aussi sans doute. Ça fait combien de temps déjà ? Ivy tourne la page et contemple le visage légèrement pixélisé avec un sourire amusé au visage. A croire que dès que ça va mal pour tous les deux, le Destin décide de les réunir. C’est un peu comique. La dernière fois c’était quoi ? Entre des murs trop blancs, trop aseptisés, entourés de médecin pour tenter de détruire le mal qui les ronge depuis l’éternité.
C’est décidé. Ivy se redresse doucement et contemple l’image que lui renvoi le miroir. Celui d’une gamine qui arrive plus à se cacher, les cernes trop présentent, les pommettes saillantes, les cheveux ternes. Elle devrait se trouver plus belle que jamais et pourtant cette vision lui donne envie de dégueuler. Elle en peut plus. De rien, de tout. De ce rythme de vie qui la bouffe petit à petit, de Virtual et de ses employés cannibales, de l’agence et du silence radio depuis l’ouragan, de la solitude dans cet appartement qui lui semble soudain bien trop grand. Merde. Elle peut pas se présenter comme ça, pas après tout ce temps passé. Si ça doit être des retrouvailles, autant que ça soit en grande pompe pas vrai ? Un maigre sourire s’étale sur son visage et la jeune femme se lève en tanguant pour se préparer. Elle fait de son mieux, des gestes mécaniques pour donner un peu de vie à son visage, à son corps, à ses cheveux. Ivy imagine sa tête, son regard quand il la verra sonner à sa porte. Elle rigole d’avance avant de se sentir mélancolique. Etrangement la date colle presque à la première rencontre à son premier emprisonnement, à la énième trahison de sa mère.

Dans le taxi, Ivy sent son cœur s’accélérer. Et s’il se souvient de rien ? Non. Impossible. Pas après tout le scandale qu’il y a eu autour d’eux. Pas après les crises d’Holly. Quelle garce d’ailleurs, Ivy avait été triste d’apprendre la séparation de Woody, mais bon, c’était vite passé. Elle avait jamais pu passer sa nana. Une vraie emmerdeuse celle-là. Presque du niveau de sa mère en fait. Presque. Nerveuse Ivy attrape son sac et fouille dedans pour en sortir un pilulier. Sans hésiter elle avale deux cachets pour se détendre et rejette la tête en arrière. Ils s’éloignent du centre-ville et bien vite les immeubles sont remplacés par de la verdure, des arbres. Où est-il allé se terrer hein ? Foutu ermite. Mais elle ne fait pas demi-tour. Il est trop tard pour ça de toute façon.
Quand le taxi s’arrête, Ivy inspire un grand coup puis claque la portière et s’avance. Son talon s’enfonce dans la terre et elle ne peut se retenir de lâcher un juron en allemand avant de se reprendre. Qu’est-ce qu’elle fout là au fait. Putain. Pourquoi ? Pourquoi…Pour un mec qui a surement besoin de soutient, pour un mec qui lui donne envie d’être altruiste, ce qui arrive bien trop rarement dans sa vie. Pour un mec aussi qui l’a aidé, qui lui a tendu la main quand elle était trop paumée. Pour un mec qui lui ressemble bien plus qu’elle n’a jamais voulu l’admettre.
Arrivée devant la porte elle réajuste ses cheveux, sa robe avant de sonner. Une fois. Puis deux. Histoire de vérifier qu’il a bien entendu. Surprise ouais. Surprise. Une visite du passé sur le pas de ta porte, bouteille de champagne volée sans scrupule dans le frigo de Jed.
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Alexis Wood

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MessageSujet: Re: From blue to black (woodvy)   From blue to black (woodvy) EmptyMar 24 Jan - 14:17

C'est le matin, j'en suis presque sûr. Le ciel est noir, ou peut-être qu'il est bleu. Ou bleu foncé. Bleu nuit. Bleu minuit. Bleu cobalt. Peut-être bleu prusse. Bleu pétrole, non pas bleu pétrole. Bleu smalt. Bleu saphir. Non, bleu acier. Bleu pastel. Bleu égyptien. Enfin, il est bleu, très bleu. Je suis sûr qu'on est le matin. Ou peut-être qu'on est le soir. Entre le soir et le matin, y a quoi ? Des heures perdues dans l'espace temps. Des heures de quartier libre. J'ai toujours aimé ça. Le silence quasi religieux d'une nuit d'insomnie. Je ne sais pas quand est-ce que j'ai dormi pour la dernière fois, ni à quelle heure, ni combien de temps. Je n'ai pas la moindre horloge dans mon vaste manoir, mon micro-onde déraille et mon téléphone fixe n'indique pas l'heure. Je n'ai pas de téléphone portable. Enfin si, j'en ai un, première génération. Il prend la poussière au fond d'un tiroir. Je n'envoie pas de sms, et je ne quitte jamais mon domicile, donc je n'ai pas besoin d'avoir un portable sur moi. Enfin, c'est la logique que j'ai eu. Ca et le fait que j'ai perdu mon chargeur en 2009 en Europe. Ensuite, je n'ai pas non plus l'heure sur mon four, car mon four ne marche pas. Et je n'ai pas de réveil, car que je n'ai pas besoin de me réveiller à heure fixe. Donc, je vis dans cet espèce de flou temporel qui me fait m'interroger, devant ce ciel bleu plus ou moins foncé, si on est le matin ou si on est le soir. On pourrait croire que je me suis tellement piqué que j'en perd la notion du temps. C'est arrivé, plus d'une fois. Mais je ne me pique plus, et c'est bien ça le plus grand drame de ma vie. Moi qui ait toujours rêvé de finir toxicomane, je suis, comme tout le monde l'a toujours pensé, incapable de réaliser un projet correctement. Je foire tout ce que je fais, même ma propre dépression n'a ni queue ni tête. Donc je n'ai pas pris d'héroïne, je ne m'en suis pas injecté, je n'en ai pas sniffé, ni fumé, ni avalé. Elle s'est évacuée de mon organisme il y a trop de temps maintenant pour expliquer mon manque total de conscience sur l'heure qu'il est, ni pourquoi je regarde le ciel depuis deux heures et trente-huit minutes, dans mon fauteuil, dans ma véranda -j'ai une véranda. J'ai une véranda, mais pas de chandelier, ni de matraque, ni de Colonel Moutarde. Et ainsi les lois physiques de l'univers ne sont pas respectées et mon rêve d'une véranda "parce que le cluedo c'est trop bien" est aussi foireux et bancal que mon rêve de terminer toxicomane. Donc, je n'ai pas pris d'héroïne. Ca fait des années que je ne prend plus de cocaïne. Et je ne fume pas d'herbe depuis mes dix-sept piges. Je n'ai pas pris d'acide. Je n'ai rien pris du tout d'illégal. J'ai pris du sirop contre la toux. C'est tout. J'ai pris du dextrométhorphane. Y a pas de quoi s'inquiéter, tous les chanteurs ont un truc contre la toux dans leur pharmacie. J'ai aussi pris un antihistaminique. J'en ai pris beaucoup. Et de l'alcool, pas mal d'alcool. Ok, j'ai voulu me défoncer la gueule avec du sirop contre la toux. Et alors ? Ca a marché. Je crois qu'on est le soir en fait.

Ca sonne, ma sonnette me fait sursauter. Je ne bouge pas parce que je n'attend personne. Mon esclave n'est pas là aujourd'hui, Holly ne doit pas venir déposer Ryan. En fait, Holly n'a plus tellement envie que je reçoive Ryan, pendant quelques temps (d'où l'antitoussif, etc.). Donc, toutes les personnes susceptibles de me déranger sont : des avocats, des huissiers, des journalistes, ou un autre nuisible de la même espèce. Je m'allume une nouvelle cigarette avec difficulté, parce que mon briquet fonctionne mal. Ca re-sonne. Je grogne. Un vrai grognement qui j'espère résonne dans toute la véranda, puis dans le salon, puis dans l'entrée, puis jusqu'à la porte. Mon grognement je veux qu'il passe sous la porte et atteigne la personne qui vient me déranger à cette heure-là du matin (du soir ?). Quoi qu'il en soit, ce n'est pas une heure raisonnable. Mais au bout d'un moment je me laisse glisser du fauteuil jusqu'au sol, c'est moelleux, les carreaux de ciment. Je m'y allonge. Encore le ciel, j'ai une verrière dans ma véranda, je crois que c'est normal d'avoir une verrière dans ma véranda. Bref, je la regarde, comme ça et je vois toutes ces petites fientes d'oiseaux qui mouchettent ma jolie verrière. Y en a beaucoup. Je pense à tous ces piafs qui me chient sur la gueule, continuellement. Encore et encore. Saleté de rapaces. Saleté de piaf. J'ai envie d'attraper mon fusil pour tirer droit devant moi. Mais ça ferait exploser ma jolie verrière, et je l'aime bien. En plus de ça, je crèverais certainement empalé par un morceau de verre. Et comme je le disais, moi ce que je veux, c'est crevé toxico. Je roule sur le ventre pour ne plus voir les fientes d'oiseau et je heurte une bouteille vide qui roule jusqu'à l'autre extrémité de la pièce et me fait me demander : est-ce mon sol est penché ? Bof, j'en sais rien. De ce point de vue-là, je vois un bout de mon jardin, et la forêt. Et il y a une sorte de lumière divine en dessous de l'horizon qui éclaire la cime des arbres. C'est très joli. C'est un lever de soleil, ou un coucher ? J'en sais rien. On est le matin, ou le soir ?

Je me suis levé et, traîné jusqu'à mon salon, je l'ai traversé, ça met pas mal de temps. Puis j'ai traversé l'entrée. Et enfin j'ai fais tombé les trois verrous et j'ai ouvert la porte. A peine était-elle ouverte que j'ai soufflé la fumer de cigarette sur mon visiteur, peu importe qui s'était. Ouais, quoi ? que je demande d'un air fatigué. Je n'ai même pas pris le temps de regarder. Des cheveux fluos crèvent l'épais rideau de fumée. Et quand la fumée s'est totalement envolée dans les airs je tombe nez à nez avec une gamine de douze ans et demi avec des cheveux plus beaux que les miens et un maquillage trop marqué. Je la regarde sans la moindre réaction et je continue de fumer. Elle parle pas, moi non plus. Je regarde le ciel. On est le soir, je pense. Quoi ? C'est une fan qui connait mon adresse ? J'en sais rien putain. Mais je ne percute pas. Une fois, deux fois, trois fois. Toujours pas. Elle a une bouteille de champagne dans les mains. J'ai envie d'en boire. J'aime bien le champagne, alcool de riches. Vous savez ce que j'ai fais une fois ? J'ai acheté ces énormes bouteilles de champagne et je l'ai explosé sur scène avec un pied de micro. Et là tout le liquide pétillant s'est déversé sous nos pieds. 30 L qui ont flingué tous les amplis. On s'est fait poursuivre en justice soit-disant parce a failli tous crever, qu'on a foutu en l'air du matériel qui n'était pas à nous et que soit-disant il y aurait eu un début d'incendie. Bref, ça fait longtemps que je n'ai pas bu du champagne. Du coup, je lui arrache des mains sa bouteille. Je vais lui voler et la faire dégager. Merci. que je dis simplement, la clope entre les lèvres. Et je referme la porte sur son nez percé. Et puis. Oh merde. Révélation. J'ai effectivement une pendule dans ma salle de bain et on est effectivement le soir. Non, deuxième révélation. J'ouvre à nouveau la porte, elle est toujours là. Ivy. que je dis seulement. Ivy Meister, je la connais, tout le monde la connait. Mais je la connais mieux que les autres. Parce qu'on a partagé le truc le plus chaotique et jouissif de l'univers. Un genre de résurrection. Connaître l'enfer de la désintox, vous vider entièrement, souffrir plus que vous ne souffrirez jamais sur Terre, et puis replonger. Replonger si profondément dans l'océan calme et limpide de la drogue. Y a des sortes de flash qui éclatent devant mes yeux. Ces flash de paparazzi qui avaient capturé notre rechute. Nos médocs échangés, les seringues qui transperçaient ma peau et l'alcool éclaboussé sur sa robe d'adolescente. Ivy, petite starlette avec qui on m'avait prêté une relation quasi pédophile, moi la star montante du punk rock et elle vedette désabusée. Elle m'entraînait vers le bas, je l'entraînais vers le bas. On n'était pas tellement potes à l'époque, on était juste casé ensemble dans la même catégorie de personne écorchées par le succès. Ivy qui m'avait valu un presque divorce. Ivy, une partie tant d'autres et pourtant je me souviens de tout. Je suis assommé de souvenirs si lointain. A l'époque où j'avais d'excellent moyen de me tuer, et aucune raison valable de le vouloir. Comment tu m'as trouvé ? c'est la première question qui me vient. Comment, pourquoi ? Que cherche-t-elle ? La deuxième question je la ravale avec ma salive pateuse du mec qui a trop bu et aussi beaucoup d'antitoussif. La deuxième c'est : t'as de la drogue sur toi ? Laisse moi replonger, j'en ai désespérément besoin. J'ai besoin de me retrouver, de faire une sorte de putain de pèlerinage vous voyez ? En désintox on te dit que tu n'es pas la drogue, que la drogue ne fait pas partie de toi, qu'elle ne fait que cacher ton vrai visage, vous voyez? J'ai essayé sans, je vous assure. J'essaie désespérément de me reconnaître dans la glace. Mais tout sonne faux. Tu es une rockstar, tu es là où tu voulais être ce putain de soir où tu as piqué tes veines pour la première voir, à dix-neuf piges, et l'instant d'après tu n'es plus personne. Un squelette, un zombi au visage pâle. Tu n'es plus rien du tout. Le sevrage m'a privé de qui j'étais. Alors dis, Ivy, t'en as sur toi ? Mais je ne dis rien, je la dévisage. Je regarde la bouteille de champagne que je lui ai volé, et puis je dis : On fête quelque chose ? Je ne l'ai pas encore invité à entrer, délire paranoïaque.
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MessageSujet: Re: From blue to black (woodvy)   From blue to black (woodvy) EmptyLun 13 Fév - 23:09

La porte s’ouvre et Ivy s’apprête à faire demi-tour. Parce qu’au fond elle sait pas vraiment si elle a envie d’affronter l’homme qui se trouve derrière. Trop d’années ont passées et des souvenirs enfouis vont être réveillés, elle le sait, pas besoin de se mentir. Ouais, quoi ? Il a vieilli. Comme elle sans doute. Ils ont tous les deux vieillis. Ils ont tous les deux changés. Lui peut être pas autant. Un peu. Quand même. Cet air de mec à moitié perdu, cigarette au bec et la cendre qui tombe sur le sol. Elle reste interdite, un instant, elle perd tous ses mots, et c’est bien la première fois depuis longtemps que ça lui arrive. Quoi ? Un brin agressif, beaucoup soulé, Ivy se retient de lui jeter sa bouteille à la tronche et de se casser. Il la reconnait pas, c’est claire maintenant, et soudain elle se sent extrêmement vexée. Ils ont été proche pourtant, très proches, trop proches selon les médias. Pas selon eux. Mais quand même. Ce qu’ils ont partagés là bas, entre ces quatre murs de souffrance, de vomis dégueulasse dans les cheveux quand t’arrive pas à te contrôler et de griffures sur les bras quand le manque est invivable. Ces cercles de paroles, leurs vies décortiquées, les mensonges avoués. La cure quoi. Merci. Il lui arrache la bouteille des mains et claque la porte, la laissant sans voix mais le cerveau qui hurle très fort. Connard. Elle ira balancer des œufs pourris sur toutes tes fenêtres Woody, fais gaffe, elle rancunière Ivy, surtout en ce moment, surtout quand tout fout le camp.
Puis la porte s’ouvre à nouveau, sur un Woody plus perplexe, mais avec cette petite lueur dans le regard qui fait comprendre à Ivy qu’il a compris. Ivy. « Bravo Sherlock un bon point pour ta déduction » sa voix pue le sarcasme, encore plus que d’habitude. Elle n’a pas vraiment apprécié à ce qu’il lui claque la porte au nez, qu’il mette si longtemps à la replacer, il la fait se sentir…. quelconque. Ce qu’elle refuse depuis longtemps d’être. Elle soupire, secoue la tête, le dévisage. Mal rasé, mal coiffé, sans doute mal douché. Des fringues improbables et ce regard un peu vitreux. Elle a envie de le claquer parce que c’est agaçant de se retrouver face à une personne aussi mal entretenue. Surtout quand on s’appelle Ivy Meister. Mais elle ne le fait pas. Parce que Woody est Woody et qu’au fond elle a appris y a longtemps à accepter ses excentricités. . Comment tu m'as trouvé ? « La presse people. Comme toujours. Comme tout le monde. C’est facile, tu devrais le savoir depuis le temps. » Depuis qu’ils t’ont ruiné pour une histoire de détournement, de tromperie, de coucherie imaginaire. L’agacement s’efface doucement de ses traits pour être remplacé par quelque chose de plus doux. Elle gomme du mieux qu’elle peut le masque qu’elle affiche tous les jours, parce que Woody sait. Il a pas besoin de faux semblants. On fête quelque chose ? Elle regarde la bouteille qu’il lui a volé. Est-ce qu’ils fêtent vraiment quelque chose ? Alors que tout se casse la gueule pour tous les deux ? Est-ce qu’on peut vraiment dire ça ? Elle avance un peu, se rapproche de lui. « Ta séparation avec l’autre ? » Elle hausse les épaules avant de reprendre « Ma séparation aussi ? » Ivy se mord la lèvre un instant, se retient de se mettre à chialer, comme toujours quand elle évoque Meo maintenant, et leur rupture. « A croire qu’on se fait avoir toujours au même moment, foutu karma non ? » Car encore une fois le destin les a placé sur le même chemin, l’un a côté de l’autre, c’est quelque chose qu’elle peut pas vraiment négliger et lui non plus. « T’as fais quoi cette fois Woody pour qu’elle parte ? Et je m’en fous des conneries des paparazzi, tu connais mon avis là-dessus » Tous des menteurs, des charognards, prêts à sucer la moelle de leurs os jusqu’à la dernière miette. Un peu comme Meo qui a profité des scandales pour se faire connaitre à travers le monde entier. Ca l’agace de savoir qu’il s’est servi d’elle comme ça, tout comme sa mère s’était servie de Woody pour faire grimper Ivy au sommet. « Tu me fais pas rentrer ? Ca serait con qu’on nous prenne en photo, tu crois pas. » Petit clin d’œil, elle rigole cette fois ci, plus légèrement, comme l’enfant qu’elle est vraiment.
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MessageSujet: Re: From blue to black (woodvy)   From blue to black (woodvy) EmptyLun 27 Fév - 10:25

Bravo Sherlock un bon point pour ta déduction Elle a pas l'air contente, dans sa voix vibre la frustration typiquement féminine de ne pas être traitée à sa juste valeur. J'aime les femmes et je porte en moi le combat de toute une génération, ce besoin d'émancipation et de respect, le truc de se libérer des chaînes de l'homme blanc moyen qui les oppresse par sa seule présence. Je soutiens corps et âme chaque putain de lutte qu'une nana névrosée voudra menée pour enfin être reconnue comme un être au moins égal, si ce n'est supérieur à nous-autres heureux propriétaire de testicules et donc du pouvoir. N'empêche que parfois, elles sont vachement lourdes. A croire que le fait d'avoir baiser avec elle sous stupéfiants était quelque chose de tellement extraordinaires qu'on devrait s'en souvenir pour les dix années qui suivent. Et puis, en plus, j'ai jamais couché avec Ivy. Enfin je crois. Bref, elle a zéro excuse pour me reprocher de ne pas l'avoir reconnu tout de suite. J'ai de toute façon la mémoire d'un poisson rouge et bleu. Bleu parce que je suis toujours autant fasciné par ce ciel cobalt. Mes neurones ne sont plus reliés entre eux. Enfin, je crois.

Elle s'adoucit. Les gens ne sont pas forcément méchants avec moi, enfin devant moi. L'hypocrisie est la sincérité 2.0 vous savez, dans le milieu. Elle se calme quand je lui demande comment elle m'a retrouvée. Elle sait mon besoin maladif d'être caché, elle sait pourquoi mais sans me ménager elle met fin à mes fantasmes débiles comme quoi en habitant excentré j'avais une quelconque chance d'échapper à la presse. Ses mots lacèrent la confiance que j'avais en cette demeure et ravive la douleur du paranoïaque. Je sais que je le suis, mais comme dis le dicton, ce n'est pas parce que tu es parano que personne ne te suit. La presse people. Comme toujours. Comme tout le monde. C’est facile, tu devrais le savoir depuis le temps. Je partager entre le sentiment de trahison et celui de reconnaissance. Alors on s'intéresse à moi, encore ? On écrit sur moi ? La célébrité, c'est très bâtard, vous le savez maintenant. On oscille sans arrêt avec un besoin d'anonymat et celui d'être aimé. Je ne déroge pas à la règle, comme je vous le disais (enfin je crois) je ne suis pas différent d'un autre. Pas différent d'elle. Ca se voit qu'elle est étouffée par sa noyade dans l'oubli. Mais il ne faut pas en parler, de ça. Faut toujours faire comme si ça vous emmerdait profondément d'être aimé. On joue aux allergiques de l'amour. On le repousse quand on l'a, on le pleure quand il part. Ces enculés... que je commente donc en prenant une nouvelle taffe et en m'adossant contre l'encadrement de la porte. Je baisse les yeux sur la bouteille de champagne, je demande ce qu'on fête. Pourquoi elle est là, en fait ? Ta séparation avec l’autre ? Mes yeux se voilent un instant. C'est pas que je suis triste, calmez-vous tout de suite, c'est juste que je suis entrain de réfléchir et comme souvent dans ces cas-là je ne regarde plus. Mes yeux se fatiguent, et je me mets à voir flou. Cherchez pas à y voir-là des remords quelconques. Tout le monde -la presse en fait- à essayer de faire le lien entre ma rupture avec Holly et mon pétage de plomb. La vérité c'est que quand Holly m'a quitté, j'ai ressenti une immense vague de soulagement. Enfin, j'étais plus obligé de faire semblant. J'étais pas obligé de me cacher pour me piquer, j'étais pas obligé d'aller chercher Ryan à l'école juste parce que si j'le faisais pas on me traiterait de père indigne qui préfère la drogue à sa propre progéniture (ce qui est le cas). J'ai pété un câble plus tard, parce que ma liberté soudaine m'a poussé à consommer trois fois plus et que forcément 'jai pas été capable d'assurer les concerts de notre tournée. Et ce qui m'a foutu un gros coup dans la gueule, ce n'est pas Holly et la fin de notre histoire d'amour adolescente qui durait depuis quinze ans. Non, moi je suis un vrai égocentrique, un vrai de vrai, je fais pas semblant. Ce qui m'a vraiment fait péter un câble, ce fut quand j'ai chanté une fausse note à un concert, que ma voix s'est éteinte et que j'ai ressenti une honte extrême. Ma séparation aussi ? Elle me ramène au présent. Je me suis encore perdu dans le passé. Je le fais tout le temps. Je la regarde, je savais même pas qu'elle avait un mec. J'hausse les sourcils d'un air heureux. Cool, félicitations. On est mieux seul. On est toujours mieux seul, alors je la félicite d'avoir été assez intelligente pour laisser sa relation quelconque se détériorer jusqu'à se faire larguer sur le bord de la route avec un coeur brisé et une envie pressante de mourir de façon radicale. (mourir est souvent un truc radical. enfin je crois.)

A croire qu’on se fait avoir toujours au même moment, foutu karma non ? J'arque un sourcil et tire à nouveau sur ma clope. Quoi, l'bouddhisme c'est le nouveau truc à la mode ? que je demande, moqueur. Sans doute, vous savez ce trip débile gluten free et détox, le fait de se recentrer sur soi (comme si j'étais pas assez égoïste) et de faire la paix avec votre vous profond. S'ils savaient, tout ces cons qui achètent des livres de recettes de smoothies, que ces conneries ont été inventé par des psy pour les cas sociaux dans notre genre qui vont en désintoxication. Y a pas de karma, j'te rappelle qu'on est deux cons inadaptés, forcément qu'on allait finir par se faire bousiller par les autres. Je lui rappelle. Et puis en plus, Holly m'a quitté il y a presque un an maintenant, niveau timing, on a vu mieux.

T’as fais quoi cette fois Woody pour qu’elle parte ? Et je m’en fous des conneries des paparazzi, tu connais mon avis là-dessus. Je croise les bras sur la bouteille de champagne que je garde précieusement pour plus tard. Je coince la clope dans ma bouche. Je parle avec la bâtonnet entre mes lèvres d'un air égal : Rien d'extraordinaire, j'ai baisé une blonde et j'étais -je suis- accro. Rien de nouveau sous le soleil, j'sais pas pourquoi ça l'a fait partir d'un coup. C'est vrai que j'ai jamais compris en fait. Parce que coucher avec des nanas et me droguer je le fais depuis que je connais Holly. Elle aussi a été une sacrée salope. Elle se défonçait autant que moi fut un temps et elle baisait avec les autres gars du groupe, l'équipe technique ou des acteurs connus. Donc franchement, elle pourrait comprendre. Mais les toxicos qui en sont revenus (je vous dire les vrais, pas comme moi qui rêve tous les jours de me piquer, ceux qui tiennent bon) bah ils se sentent supérieurs. Ils ont l'intime conviction d'avoir reçu un pouvoir divin qui fait qu'ils ont droit de te reprocher toutes tes erreurs, parce que eux se sont trouvés un Dieu pour les absoudre. Je lui aurais bien demandé ce qu'elle a fait pour se retrouver célibataire et qui était son prince charmant, le fait est que je m'en fou royalement. Y a toujours cette question qui me trotte dans la tête : a-t-elle de la drogue sur elle. Je l'observe, vraiment, je regarde son manteau, ses poches, son sac. Elle en a ou pas ?

Tu me fais pas rentrer ? Ca serait con qu’on nous prenne en photo, tu crois pas. Réflexe parano de base, je jette un oeil au-dessus de son épaule pour m'assurer qu'il n'y a personne. Mais ces cons de paparazzi sont comme des cafards, ultra résistants et assez discrets. Ils s'adaptent à leur environnement, vous savez. j'me plais à croire que ceux qui sont sur mes traces en permanence font partie d'un genre d'élite des paparazzis, comme une unité spéciale. Parce que franchement je ne leur ai pas rendu la vie facile. Je ne vois rien dans les buissons lointains, mais dans le doute, je me décale sur le côté pour la laisser passer. Je ferme la porte derrière elle et je remets les trois verrous en place. C'est le bordel, ma bonne est une vraie nulle. je m'excuse pas pour le bordel, attention, je la préviens juste. Y a plein de fiente de mouettes sur la verrière de ma véranda. Je précise. Je lui indique du menton le canapé et moi je reste debout en tenant la bouteille de champagne à bout de bras. Je sais pas comment ouvrir ce truc. Mais je trouve des verres (sales) qui traînent, je les prends et va m’asseoir à côté d’elle. Je commence à ouvrir la bouteille avec difficulté. Et donc, t’es célibataire. Je fais le point sur toutes les infos qui défilent dans ma tête. Je force un peu pour essayer de faire sauter ce putain de bouchon. Mais j’ai autant de force qu’une mouche qui a le rhume. Du coup tu peux te défoncer tranquille maintenant, c’est bien. Toujours positiver, vous savez. Et puis cette remarque me confirmera si elle a de la drogue sur elle ou pas. Un toxico en a toujours sur lui. Toujours. Sur lui, en lui, partout. Enfin, le bouchon s’envole jusqu’à mon plafond qu’il enfonce un peu au passage. Je pouffe de rire, (c’est bizarre quand je ris). De la mousse de champagne coule sur mes mains. Ivy me tend les verres que je lui avais confié et je les remplis. Y aura peut-être un arrière-goût de vin. j’crois que c’est ce qu’il y avait dans ces verres. Ou de soda, Ryan est passé y a deux jours. Je suis pas ultra intelligent et j’ai peut-être pas la fibre paternelle mais je sais qu’il ne faut pas donner de l’alcool à un môme de huit ans. Je tire sur ma clope, et fait tomber la cendre par terre, juste à côté de la bouteille de champagne que j’ai posé. je prend un verre et me met en place pour trinquer avec Ivy. Au karma alors.
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MessageSujet: Re: From blue to black (woodvy)   From blue to black (woodvy) EmptyLun 20 Mar - 20:57

Elle sait pas vraiment ce qu’elle fout là, devant Woody, fantôme de son passé. Elle sait pas ce qu’elle fout là, la bouteille entre les doigts, à se facher parce qu’il ne se souvient pas. Peut être parce qu’elle est à fleur de peau Ivy, parce qu’elle est parano, qu’elle a l’impression que le monde entier se ligue contre elle, pour se moquer de sa vie misérable. Foutu monde, elle finira par le bouffer, pour lui apprendre à la respecter. Mais pour le moment elle se laisse malmener, parce qu’elle a pas la force de faire autre chose, que de gueuler, de jouer aux meufs acides, alors que Woody a pas vraiment mérité tout ça. Quoi que, peut-être un peu. Quand même. Parce qu’il savait être sacrément agaçant quand il s‘y mettait. Elle arrive pas à limer ses mots quand il lui demande comment elle l’a trouvé. Pourtant elle sait à quel point il déteste la presse à scandale. La presse tout court. Mais c’est plus fort qu’elle, comme une minuscule punition, même si au fond elle le comprend. Elle le comprend terriblement. Parce qu’elle sait Ivy, ce que ça fait de voir sa vie décortiquée sur papier glacé. Et ça l’agace tout autant, même si elle préfère le cacher. Ces enculés... « Toujours fidèles au poste chéri » qu’elle murmure doucement, pauvre sourire aux lèvres, parce qu’il n’y a plus grand-chose à faire, à part espérer tomber dans l’oublis. Mais ça, ça lui fait peur, alors elle préfère encore se la jouer Britney plutôt qu’on arrête de parler d’elle. Woody c’est une autre histoire.
Il la dévisage, sur le pas de la porte, cigarette au bec et Ivy soupire. En fait si, il a vieilli. Y a quelque chose dans son regard, de fatigué, d’usé. Et elle se dit qu’elle doit renvoyer la même image, même si elle au moins fait un effort pour se coiffer et s’habiller, ce qui n’est vraiment pas le cas de Woody. Si elle était plus inspirée elle aurait surement essayé de le trainer dans sa salle de bain pour lui laver les cheveux de force ou une connerie du genre, mais là tout de suite, elle veut juste se poser. Parce qu’elle est entre deux mondes et c’est très inconfortable. Vraiment inconfortable. . Cool, félicitations. Pas vraiment. Mais elle n’a pas envie de répliquer. Parce que peut être que Woody sera le seul à réussir à lui faire voir la situation selon le bon angle, que le fait de se faire larguer par Meo soit la meilleure chose qui lui soit arrivée. Quoi, l'bouddhisme c'est le nouveau truc à la mode ? Elle rigole. Plus sincère cette fois. Chassant les pensées sombres qui la hantent depuis ce matin. « T’es vraiment à la ramasse » et c’est une affirmation. Mais au fond elle en a rien à foutre, parce qu’elle l’aime comme ça, Woody paumé et ses paroles sans réel sens, Woody paumé et son sourire un peu tordu, Woody paumé et les échanges secrets, les paroles, les mots, rien qu’à eux, juste à eux. Y a pas de karma, j'te rappelle qu'on est deux cons inadaptés, forcément qu'on allait finir par se faire bousiller par les autres. Il confirme. Deux cons inadaptés. Et elle rigole encore, un peu trop fort, rire cristallin qui se brise dans l’air. Deux cons inadaptés. Et qui ne le seront jamais. « Tu vois quand tu veux tu dis des trucs intelligents. » Elle soupire, lève les yeux au ciel, la gorge un peu encrassée par les sentiments angoissants. « C’est nul de se faire bousiller ». Vraiment. Très nul. Parce que là actuellement ça fait mal à en crever.
Rien d'extraordinaire, j'ai baisé une blonde et j'étais -je suis- accro. Rien de nouveau sous le soleil, j'sais pas pourquoi ça l'a fait partir d'un coup « Ouais la routine quoi. La crise de la quarantaine je suppose. Non, cinquantaine. Je sais plus. Elle avait déjà des rides avant. » Sale gosse. Sale, sale gosse au sourire mauvais qui sait que parler avec des mots imbibés de venin. Elle avait jamais aimé Holly, Woody le savait et si ses mots lui plaisait pas, qu’il lui ferme la porte au nez et au moins ça serait réglé. Mais c’est comme ça. Foutue Ivy, trop peu confiante en elle et ce besoin monstrueux de rabaisser les autres plus bas que terre, histoire de se sentir moins merdique quelques instants.

Il finit par accepter de la laisser entrer et Ivy ne peut retenir un soupir de soulagement. Elle en avait assez de rester planter là devant la porte pendant qu’il lui crachait sa fumée au visage. Elle le regarde fermer la porte, tous les verrous et la paranoïa ambiante. Rien de nouveau sous le soleil dans sa tête de drogué. Enfin, d’ancien drogué, s’il a seulement réussi à ne pas recommencer à consommer. C'est le bordel, ma bonne est une vraie nulle. Pas grave, elle regarde pas vraiment, c’est pas la maison qu’elle est venue visiter. Y a plein de fiente de mouettes sur la verrière de ma véranda. « Au moins t’as une véranda » et pas un appart miteux qui traine les fantômes d’une relation terminée. Peut-être qu’elle devrait déménager, ça aiderait à accepter la chose. Qui sait. Woody lui indique le canapé et elle s’y laisse tomber sans vraiment de grâce, parce que y a personne à impressionner. Il l’a vu les yeux cernés, les ongles rongés jusqu’au sang et les cheveux filasse, pas besoin de jouer la princesse avec lui. Y a jamais eu besoin en fait. Peut être ça aussi qu’il l’avait autant marqué, cette impression d’être en pause avec lui, de pas avoir à mimer, à faire semblant, à continuer de jouer. Et donc, t’es célibataire. ouch. Toujours douloureux. Toujours sensible.Du coup tu peux te défoncer tranquille maintenant, c’est bien. Ah. Nous y voila. Elle tique, se redresse de façon imperceptible sur son siège. Est-ce qu’elle peut se défoncer tranquillement ? Elle a toujours pu, pas question de laisser Meo lui dicter quoi que ce soit, même si depuis la rupture elle n’avait pas vraiment touché à autre chose qu’un peu de coke, et beaucoup d’alcool. Beaucoup trop d’alcool. La drogue elle avait toujours eu du mal, sauf peut-être à cette période de la vie, parce que c’était plus simple de planer que de comprendre ce qui se passait vraiment. « J’ai toujours été tranquille là-dessus. » qu’elle murmure doucement, les yeux rivés sur Woody pour observer sa réaction. Elle sait qu’ils ont commencé un jeu du chat et de la souris, à qui sera le premier à craquer, à demander.
Le bouchon finit par sauter et Woody lui tend un verre, ses doigts s’enroulent autour du pied et elle se retient de le vider directement, serrant peut être un peu trop fort pour se contrôler. Y aura peut-être un arrière-goût de vin. Elle le sentira pas. Promis. Elle sent plus rien. Si on lui enlevait sa vodka ou son vin, elle serait capable de finir à l’alcool à 60° juste histoire de se défoncer les neurones. Ou de soda, Ryan est passé y a deux jours. « Ton gosse ? » Et dire que ce mec est père. M’enfin, des parents inadaptés elle en a à la maison et ça l’a pas tué, alors bon qui est-elle pour juger ? Il finit par se rapprocher d’elle, levant son verre pour porter un toast. Au karma alors. Elle lève le sien à son tour, le faisant tinter contre celui de Woody. « Aux cons inadaptés » Parce que c’est définitivement ce qu’ils sont.
Le verre à ses lèvres, elle le vide d’un trait sans vraiment prendre le temps. Elle a plus le temps de rien de toute façon. Instinctivement elle se lève pour attraper la bouteille et se resservir, regardant les bulles dorées monter à la surface. Elle avait toujours trouvé que le champagne était une boisson élégante. Cette fois ci elle prend plus le temps, savoure le liquide pétillant en le gardant dans sa bouche, fermant les yeux et essayant de se souvenir ce que ça faisait de gouter au champagne pour la première fois. Puis elle les rouvre et fixe Woody. « Et toi Woody. Tu peux te défoncer tranquille ? » Pas besoin de tergiverser. Sourire entendu elle le dévisage, en attente de sa réponse, pour savoir si elle lui offre son cadeau empoisonné ou non.
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Alexis Wood

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MessageSujet: Re: From blue to black (woodvy)   From blue to black (woodvy) EmptyDim 23 Avr - 2:09



Si je suis à la ramasse ? C'est elle qui a la gorge qui se noue dès qu'on évoque sa rupture avec je ne sais quel pèquenot en mal de notoriété qui a bien voulu être son régulier. Bon, je suis mal placé pour donner des leçons de morale sur l'importance de surmonter les épreuves de la vie. Alors je ne commente pas son petit air de chien battu. Je tente de lui expliquer que nous autres, les gars inadaptés comme nous, on n'est pas fait pour être heureux. Si on était heureux, elle aurait une coupe de cheveux normales et je serais nul pour composer quoi que ce soit. Si on était heureux, on ne serait rien ni personne, juste un gars et une nana qui viennent de Savannah, US. Alors on n'a pas envie d'être heureux, dans le fond. Enfin, si, on pense le vouloir. On essaye, on s'accroche, on réuni tous les critères pour être heureux, on réalise nos rêves, on tombe amoureux. Et y a un moment où tout va pour le mieux. Y a un petit laps de temps où on est des gens normaux. On s'aime, on profite de la vie. On picole moins, on se pique moins, parce qu'on apprend à ressentir des choses autrement. Et bordel, que c'est chiant. Le bonheur, les inadaptés comme nous, on n'en veut pas. On y est allergique. Consciemment ou pas, on fera brûler le moindre petit gramme de bonheur dans notre vie. Et ça sera jamais de notre faute, mais de celle des autres. On a pas fait exprès de tout détruire, on n'a pas voulu qu'ils nous abandonnent. Mais ils le font, parce que c'est insupportable de vivre avec nous. C'est comme ça que ça marche. Elle n'a pas l'air totalement en désaccord. Elle me félicite même d'être capable de construire une phrase cohérente. « Tu vois quand tu veux tu dis des trucs intelligents. » J'hausse les sourcils d'un air évident. Fume ma clope. Elle enchaîne sur des gémissements de gamine. « C’est nul de se faire bousiller ». Aucune compassion ne traverse mon regard. Se faire bousiller, c'est ce pourquoi on est sur Terre. Une fois que tu l'auras accepté, petite, tu deviendras très ami avec ta copine la Dépression. Si bien que quand elle s'éloignera de toi, tu feras tout pour la rappeler à tes côtés. La Dépression à ce côté réconfortant de ne jamais vous laissez sans rien en tête.

« Ouais la routine quoi. La crise de la quarantaine je suppose. Non, cinquantaine. Je sais plus. Elle avait déjà des rides avant. » J'arque un sourcil sans trop répondre. Elle insulte clairement mon ex de vieille peau. C'est pas tellement faux, j'dois vous dire. La drogue fatigue et vieilli pas mal. J'dois vous avouer que je me situe dans une tranche d'âge entre 8 et 302 ans, je ne sais pas du tout si je suis un gosse ou un vieillard. Un gosse dans le corps d'un vieillard ? Un vieillard dans le corps d'un gosse ? L'un ou l'autre. Quoi qu'il en soit, elle peut bien prendre Holly pour une vieille, que ça ne me fait ni chaud ni froid. Holly aura toujours 15 ans dans ma tête. Même après tout ça, après la drogue, le gosse, l'accouchement, la grossesse, l'héro, la DP, le bandage, les tournées, les millions de dollars... Même après tout ça, Holly n'est qu'une ado de quinze ans pour moi. Elle est restée figée dans ma tête comme celle avec qui je sniffais de la colle derrière l'abris-bus de Keller. Allez, j'laisse entrer Ivy.

« Au moins t’as une véranda » Qu'elle commente alors que j'essais de confier mes problèmes de fientes d'oiseaux. Je soupire. Non, elle a pas saisit. J'voulais qu'elle compatisse, pas qu'elle me rappelle Ô combien j'ai de la chance d'avoir une véranda. Pendant qu'elle elle vivait... Elle vivait où déjà ? Y a pas de véranda chez toi ? j'ai pas voulu prendre ce ton supérieur, j'vous le jure. J'ai rien d'un matérialiste. Enfin, si, parfois, sur de petites choses. Par exemple, j'aime porter des manteaux de fourrures, (de la vraie pas du toc) simplement pour faire chier ces écolos. J'aime bien aussi avoir de jolis tableaux. Aucun ne sont accrochés bien sûr, car je n'ai ni perceuse, ni clous, ni marteau, ni rien de ce genre, mais j'ai une collection de peinture très chères, quelque part dans un coin. Bref, je m'offre de jolies choses quand j'en ai envie. Avoir une véranda est un luxe qui m'est complètement égal. Avoir de l'argent aussi -je ne sais même pas qui gère mon argent, paye mes factures, ou quoi que ce soit de ce genre. Mais j'dois avoir un petit côté narcissique quand je me trouve en compagnie d'inconnus, j'sais pas. Peut-être. Tant bien que mal, j'ouvre cette foutue bouteille de champagne en lui listant tous les avantages de vivre à nouveau une belle vie de célibataire. Raison numéro un ? Se droguer tranquille. « J’ai toujours été tranquille là-dessus. » Qu'elle réplique aussitôt. Tout en fermant les yeux et forçant sur le bouchon en liège, je grommelle entre mes dents serrées par l'effort : C'est con, t'aurais dû l'épouser ce type alors. comme si la capacité à accepter notre addiction était le critère numéro un quand on choisi son compagnon pour la vie. Ma foi, ce critère m'a aidé à ne pas choisir Holly, quoi qu'il en soit. Enfin, le bouchon saute au plafond. J'nous sers des verres en prévenant que certains avaient peut-être un fond de soda bu par Ryan. « Ton gosse ? » Tout en m'agenouillant sur le sol pour servir l'alcool, j'acquiesce. Mon gosse. J'ai pas de fierté à en parler, j'ai pas de photo à montrer, j'ai rien qui fait de moi un papa 2.0 qui s'investit dans sa vie de famille. J'aime Ryan, il est quelque chose comme mon ami le plus sincère sur Terre. Il est ma chair, mon sang, tout ce bordel d'ADN qui fait qu'on aime quelqu'un si fort qu'on pourrait crever pour lui, vous voyez. Bah je pourrais, crever pour Ryan. Soit dit en passant, j'ai envie de me flinguer quatre fois par mois, donc je ne sais pas si cela me donne beaucoup de crédibilité en tant que père. Tant pis. Ouais, il a huit ans. Il est autant accro au soda que moi j'le suis du champagne. J'explique, en trinquant.

« Aux cons inadaptés » Dit-elle fièrement. Nos verres sales s'entrechoquent. Je vide la moitié du mien avec une seule gorgée. J'aimerais vous rappeler que j'ai toujours un arrière-goût de sirop pour la gorge dans l’œsophage. Le champagne, je ne le sens même pas, il descend d’une traite jusque dans mon estomac, mon foi. J’espère qu’il embrouillera mes idées encore plus qu’elles ne le sont à l’heure actuelle. Je commence à ressortir une nervosité qui m’est étrangère. Celle de l’ex-toxico qui veut replonger. Ce n’est pas toujours facile de replonger, croyez-en mon expérience. Ca fait un an que j’essaie en vain. Faut trouver le bon contact, faut chasser de son esprit tout ce qui nous dit de ne pas le faire… Mes dealers habituels sont loin d’ici maintenant. Et je me suis enfermé dans cette solitude maladive, je me suis habitué à l’abstinence. Me voilà frustré de la défonce, redevenu puceau, quasiment. Condamné à prendre de l’anti-toussif pour me défoncer un minimum et fumer plein d’un paquet par jour. Les drogues légales (médoc, tabac ou alcool, j’entends) ce sont le lubrifiant et le sopalin d’un toxico. Ca soulage, mais ça ne fait pas plus plaisir que ça. « Et toi Woody. Tu peux te défoncer tranquille ? » Cette petite veinarde, célibataire et junky avec la plus jolie coupe de cheveux que je n’ai jamais vu de ma vie, elle lit dans mes pensées. Je suis trop expansif comme garçon. Là comme ça, ça ne crève pas les yeux parce que je vis dans la cambrousse, seul. Et aussi parce que la plupart des discussions que j’ai dans la journée sont avec une bonne, des oiseaux, du gibier fraichement abattu ou des avocats. Rien de transcendant (sauf concernant les gibiers, la cartouche de fusil à travers le bide, c’est ce qu’on peut appeler quelque chose de transcendant). Je vous jure que je suis un mec qui expansif. Je n’aurais pas fait de la musique si ce n’était pas le cas. Je suis émotif. Et me dire qu’elle a peut-être de la drogue à me donner, ça me donne presque envie de chialer.

J’ai toujours pu le faire. je réplique d’un air évident en reprenant une bonne rasade de champagne, je rallume une clope dans la foulée. C’est faux. Holly me fliquait sur la fin, cela dit je ne me suis jamais rien interdit. Jusqu’à maintenant. De quoi j’ai peur putain ? De redevenir celui que j’étais ? De reprendre assez d’assurance pour remonter sur scène ? Aucun risque, mes anciens collègues me détestent tellement que ça n’arrivera pas. Je ne pense pas, en tout cas. Je me demande si Ivy me croit. Elle me connait d’avant. En fait, elle m’a connu sobre et moi-même (la drogue faisant partie intégrante de moi) et je me demande si elle sait faire la différence aujourd’hui. J’ai beau avoir bu du sirop, c’est que dalle par rapport à ce que je m’injectais dans les veines. Bordel rien que d’y penser, j’ai une demi-molle. L’héro, c’est bien la seule chose qui puisse me faire bander. Parlant de ça, j’espère que tu n’es pas venue qu’avec du champagne. je dis ça sur le ton de la plaisanterie, comme si ça m’étais égal, comme si j’avais tout un stock de morphine dans la salle de bain et un autre d’acide dans la commode. Comme si c’etait juste… Question de politesse. je tire nerveusement sur ma nouvelle clope et me relève. J’ai peur qu’elle lise en moi. Je suis terrifié à cette idée. Comme si j’allais la décevoir si elle apprenait que j’étais clean et à poil (ça veut dire que je n’ai rien comme substance sur moi, chez moi, en moi). Décevoir les gens, c’est un peu ce que je fais de mieux sur Terre, ce n’est pas ça le problème. Mais j’ai peur qu’elle s’en aille. Si elle s’en va, aucune chance que je replonge ce soir.

Je fais quelques pas dans mon salon, verre dans une main, clope dans l’autre. Je m’approche de ma platine, et je mets sans hésiter l’une de mes vinyles. C’est mégalo, je sais. Je m’en fou. Je me donne un mal de chien à recréer la bonne ambiance. Celle qui poussera Ivy à partager son butin. Je me tourne vers elle quand les premières notes claquent dans l’air. J’ai écris cette musique après avoir vu Holly sucer un type, en loge. Le gars faisait tellement pitié que ça m’a vraiment dégouté de me dire qu’elle pouvait faire ce genre de truc avec ce genre de loser. j’explique, avec ma petite idée derrière la tête. C’est pour ça que ça n’a pas tenu avec ton copain ? Une histoire de tromperie ? je la regarde avec gravité tout en buvant le champagne, j’ai fini mon verre maintenant. Pourquoi remuer le couteau dans la plaie béante du coeur d’Ivy? C’est simple, la drogue est souvent comme un extincteur pour calmer le feu douloureux qui carbonise vos entrailles. Faut pas s’étonner que je cherche à craquer une allumette.
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MessageSujet: Re: From blue to black (woodvy)   From blue to black (woodvy) EmptyMar 9 Mai - 12:42

Woody, parfois elle a envie de le claquer. Souvent même. Quand il la regarde comme ça, le regard qui juge et la fume qui s’échape d’entre ses lèvres. Adulte stupide. Et pourtant elle s’y est attaché malgré elle. Pourquoi. Pourquoi hein. C’est la blague tous les deux, leur relation démeusurée et qui n’a rien de normal, foutue amitié au goût de déchéance et de poison. Peut-être pour ça aussi, au fond, qu’elle est venue le voir. Plus pour fêter leur future descente aux Enfers que leur séparation parallèle. Mais ça ne change rien au fait qu’elle a envie de le claquer. Surtout maintenant. Quand elle parle et qu’il se tait, qu’il se contente de la regarder, encore, encore. Putain. Elle attraperait sa cigarette pour l’exploser sur sa peau usée par la vie avant de l’embrasser, comme un pardon. Faute avouée, à demie pardonnée pas vrai ? De toute façon c’est plus fort qu’elle, le venin sur sa langue et la façon dont elle vient persifler sur Holly, sur les autres, sur la vie. Surtout sur Holly. Elle n’a jamais pu l’apprécier cette connasse, faut dire qu’Ivy lui avait servi de cible presque gratuitement. Presque. Foutues rumeurs sur elle et Woody. Ouais. Foutues rumeurs.
Y a pas de véranda chez toi ? Le ton légèrement condescendant et le regard encore une fois perdu dans le vide. Ivy sourit doucement parce qu’elle sait que ce n’est pas fait exprès, qu’il ne cherche pas à la provoquer, à la rabaisser. Y a jamais eu de ça entre eux, de ce jeu de supériorité, de à qui a le plus gros entre les jambes et qui mérite sa place sur le trône. « Non. J’ai un balcon par contre et je suis au dernier étage »   dernier étage d’un appartement trop grand pour elle, et l’argent qui file dans le loyer alors qu’elle pourrait déménager. Mais elle s’obstine, incapable de se séparer des fantômes de Meo qui trainent encore un peu partout, dans la salle de bain, dans la cuisine ou dans le lit. C’est Woody qui la tire de ses pensées lorsqu’il reprend la parole. Célibataire hein ? Qu’elle soit en couple ou non cela ne l’avait jamais empêché de faire ce qu’elle voulait, du moins dans l’idée. C'est con, t'aurais dû l'épouser ce type alors. Elle aurait dû. Les doigts qui se resserrent sur le verre et les yeux qui s’étrécissent pendant un court instant : provocation ? Moquerie ? Tout simplement stupidité parce qu’après tout on parle de Woody ? Elle inspire un grand coup avant de secouer la tête. « J’aurais dû ».  Oui elle aurait dû. Elle y avait cru en plus, son rêve doré, Meo et elle dans une maison stupide, un gosse ou deux, le rêve américain quoi. Mais non. Ce con s’était carapaté avec le cœur d’Ivy entre les doigts comme un foutu voleur. Rêve qu’a effleuré Woody, apparemment. Une femme, un gosse. Un foutu gosse. Lui père ? Elle voudrait rire. Et pourtant elle l’envie. Terriblement. Rien qu’un instant. Parce que c’est facile de convoiter ce qu’on ne pourra jamais posséder. Ouais, il a huit ans. Il est autant accro au soda que moi j'le suis du champagne. Huit ans. Déjà. Et le temps qui passe à une vitesse folle. Huit ans, dans ses souvenirs c’était qu’un gosse et elle aussi. Aujourd’hui pas grand-chose a changé, à part qu’ils ont grandi. Tous. Sauf peut-être Woody, Ivy est persuadée que même sur son lit de mort ce gars aura toujours l’esprit d’un enfant perdu chez Peter Pan. Santé et le toast porté, comme pour couper court à la conversation.

L’alcool, éphémère, qui s’évapore. Elle voudrait se noyer dedans, laisser son cerveau s’éteindre pendant que le calme plat l’envahit. Elle voudrait. Mais ce n’est pas un verre de champagne qui réussira à la plonger dans la torpeur alcoolisée qu’elle recherche sans cesse. Alors à la place elle se concentre sur Woody, sur les non-dits qui valsent entre eux et les piques qu’ils se lancent ; Et toi tu peux Woody ? La drogue. Et le sourire carnassier qui s’étale sur son visage parce qu’elle sait qu’il est clean. Du moins elle suppose. L’absence de traces sur ses bras comme une preuve fondamentale mais elle sait que ce n’est pas les seuls endroits pour se piquer. Y a les cuisses, le ventre et toutes les autres zones où l’aiguille peut se ficher. J’ai toujours pu le faire. Menteur. Qu’elle voudrait murmurer. Il est mauvais acteur Woody, trop sincère, un truc dans son regard et la façon dont il la dévisage. Menteur. Parce que sinon il ne serait pas là, pas debout, il serait allongé dans sa chambre la tête en arrière et le cerveau en plein spleen vaporeux. Menteur. Mais c’est pas grave, ça peut s’arranger, qu’elle a envie de murmurer.
Parlant de ça, j’espère que tu n’es pas venue qu’avec du champagne. Les y voilà. Elle est douée Ivy, actrice trop souvent sous-estimée à cause de ses petits rôles sans panache. Mais elle est douée. C’est ses yeux sur son verre, le sourire contrôlé et finalement sa main qui se saisit de la bouteille pour se servir un nouveau verre. Bien sûr qu’elle n’est pas venue qu’avec du champagne, mais ce n’est pas encore le moment de le dévoiler. Pas encore ; Elle a envie de jouer, juste un peu, le titiller, attiser sa soif. Son besoin. Préliminaires sadiques, pour déjouer l’ennui. C’est trop facile. Presque trop. Question de politesse.  « Depuis quand on est poli Alexis »  qu’elle murmure doucement en relevant la tête pour le dévisager. Elle ne répond pas à sa question et se contente de lui offrir son sourire le plus désolé. Elle sait qu’il ne va pas apprécier. Mais qu’importe. C’est pas comme si elle disait la vérité.
Finalement Woody lui tourne le dos pour se diriger vers une platine et met de la musique. Sa musique. Ivy rigole doucement en entendant les premières notes. Mais elle ne lui en veut pas, au fond elle aurait pareil si c’était sa maison et sa musique. Ils se comprennent là-dessus. Encore une fois. J’ai écris cette musique après avoir vu Holly sucer un type, en loge. Le gars faisait tellement pitié que ça m’a vraiment dégouté de me dire qu’elle pouvait faire ce genre de truc avec ce genre de loser. Oh. Woody. Woody. Ivy secoue la tête avant de se lever pour venir le rejoindre à côté de la platine. Il a une idée derrière la tête, sinon pourquoi parler autant ? Pourquoi ressasser le passé, celui qui les a bouffé tous les deux ? C’est pour ça que ça n’a pas tenu avec ton copain ? Une histoire de tromperie Peut être. Qui sait. Et le plus ironique dans tout ça c’est que Meo avait toujours été clean, jamais infidèle. Elle par contre. C’était une autre histoire. Mais ce n’était pas la raison principale. Loin de là. Elle finit par vider son second verre avant de soupirer, fermant les yeux un instant pour écouter la musique. Elle avait toujours bien aimé le groupe de Woody, ça lui rappelait avant, le succès, la gloire, quand elle était gamine et l’or au bout des doigts.  «  Non c’est pas pour ça. C’est plus compliqué tu vois. »   Ils sont face à face maintenant, et perchée sur ses talons vertigineux elle lui arrive presque au niveau des yeux. Parfait. « Le succès Woody. Toujours le succès. Pour quelle autre raison sinon ? »  Il ne doit pas comprendre, mais au pire elle s’en fout. Elle se donne le droit de parler vu la faveur qu’elle va lui faire après. « Oh tu l’aurais détesté tu sais. Un petit musicien de pacotille qui cherche les likes sur youtube. Pathétique »   et pourtant. Et pourtant. Y a rien de plus vibrant que la voix de Meo, comme un vieux cd qu’elle ne se lasse jamais de passer.  « Il est sorti avec moi juste pour profiter de ma réputation » qu’elle finit par avouer doucement, sans doute la première personne à qui elle le dit depuis que Meo est parti. Et ça fait toujours aussi mal. Voir encore plus. Putain. Bien joué Woody. « Tu fais chier tu sais. Tu pourrais demander comme tout le monde plutôt que de te cacher derrière des paroles »   Ivy grogne en lui fourrant son verre entre les doigts avant de tourner le dos au musicien. Rapidement elle attrape son sac et en sort une petite boîte qu’elle balance sur la table avant de s’affaler dans son fauteuil. « Surprise »   mais y a pas de joie dans sa voix, juste une sorte de putain d’angoisse qui la prend soudain. Parce que depuis l’hopital elle a jamais rien planté dans ses veines. Rien. Et lui non plus. Et que ce n’est plus comme avant. Que dans sa tête elle se demande si c’est bien, si c’est la solution, si au fond elle devrait pas faire un faux dosage et partir au loin. Woody saurait rien faire. Non. Même s’il savait réagir à ce genre de situation il la laisserait surement s’échapper, s’envoler. Parce que pour lui il n’y a rien de plus beau qu’une mort provoquée par le baiser d’une fée blanche. Alors lentement elle ouvre la boite pour en sortir le flacon, la seringue et le garrot qu’elle avait rangé avec minutie il y a quelques jours, avec minutie. « Tu vois que je suis polie. »   ouais. Foutrement polie. Merci ivy qu’il devrait crier, et elle espère qu’il le fera, parce qu’elle a envie de chialer.
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