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 human espresso – nora

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Teddy Dobson

Teddy Dobson
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▹ pseudo : anne (a maze lie ; birds)
▹ crédits : ava: afanen ; signa: afanen ; icons: chrysalis
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▹ signe particulier : les yeux bleus percutants, les traces de brûlures visibles au niveau de son coude et sous le poignet gauche. le restant de la cicatrice s'étend du même côté, presque tout le long de ses côtes jusqu'au creux de ses reins, mais bon ça faut qu'elle se désape pour que d'autres le remarquent. les sons paraissent de plus en plus étouffés quand ils lui arrivent par la droite.
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MessageSujet: human espresso – nora   human espresso – nora EmptyJeu 5 Jan - 16:41


Y a cette odeur infecte : un mélange de vomis, de transpiration, d’alcool fort et de cigarettes. Et elle s’demande pourquoi elle a échoué là. Peut-être parce que sa gorge est sèche comme si elle avait été frottée au papier de verre et que son crâne est martelé. Sa tête est remplie de billes qui s’entrechoquent dans un vacarme épouvantable. Elle veille à rester assise, essayant tant bien que mal de démêler le paquet de nœud de son cerveau. Il est trop tard ou trop tôt. Elle sait pas, elle sait plus. Cette migraine à fendre une pierre lui a fait perdre la notion du temps et elle compte bien sur le café commandé pour remédier au problème. Un petit truc, amer, bien corsé. Allez magne-toi la serveuse. Si elle avait pu l’incendier par la pensée pour lui faire bouger ses fesses plus vite, elle l’aurait fait. Humeur de chien. Ça a failli déraper à plusieurs reprises cette nuit au club, puis à quelques rues de ce pub miteux. À croire que tous les couillons sont de sortie. En tout cas, elle n’était pas complètement innocente et les “big boss” le lui ont bien fait comprendre. Et ça la fout encore plus en rogne. Problème avec l’autorité : c’est la base. Et le type qui s’approche doit être trop imbibé pour ressentir l’aura vacillante “a-t-elle ou n’a-t-elle pas encore poignardé quelqu’un ?”. Et ce ne sont pas les paillettes restées accrochées au coin de ses yeux comme les traces de larmes séchées qui adouciront la tension aussi volatile que du napalm. Mais il a fallu que la serveuse se pointe à ce moment-là. Parfaite et trop belle distraction pour le poivreau de service. Les propos graveleux, désopilants et rabaissants passent et repassent, bondissent entre elles deux. Rien de bien neuf. Et ça pourrait glisser comme de la crème, tellement elle les a déjà entendus. Mais pas cette fois. Pas aujourd’hui. Pas maintenant. Pas quand il met les mains. Alors ça tombe sur lui. Et c’est elle qui plaque ses mains. En une seconde claquante. Son crâne découvre le bois collant de la table et son cerveau peut enfin s’abreuver de sa voix. “Trop cher pour toi.”, qu’elle lui glisse à l’oreille. Elle force plus comme si elle cherchait à imprimer son profil dans la table. “Elle et moi, on s’rait trop cher pour toi.”, qu’elle susurre une nouvelle fois quand une de ses mains dérive pour renverser d’un seul doigt, le café bouillant qu’on venait de lui servir. Qu’il s’étale jusqu’à sa peau et crame un peu de son ego délicat incapable d’être à l’aise devant des filles comme elles.
Le sale type est relâché aussi brutalement qu’il a été épinglé. Et Dani se tire direction le bar. “J’veux toujours mon café...” Grognon. Définitivement grognon. Ça n’a pas aidé. C’était peut-être pas assez. Mais elle n’a pas non plus la force de rejoindre un autre ring pour déverser sa colère. C’est rare qu’elle soit si fatiguée. Elle s’tord pas comme ça d’habitude. Elle n’a pas autant envie de s’faire un rail d’habitude. C’est trop réglé et là, le désordre la surplombe. Mais elle inspire malgré tout, elle respire malgré tout. Droite comme le fer. Les muscles sont créés en soulevant à plusieurs reprises les choses qui ont été conçues pour peser. Alors face à cette sensation trop lourde, on lui a appris à soulever l’menton, et à appeler ça “exercice”. Comme si la vie était une adhésion à club de sport avec une politique d'annulation vraiment trop compliquée. Donc ouais c'est pas la pire journée d’sa vie. Faut relativiser. Ce ne sont que des petites contrariétés qui logeraient sur la pointe de ses pieds. Cette journée n’a été qu’une collection de déceptions et de nuisances accrochées par des événements hors de son contrôle. C’est pas comme si, aujourd’hui spécifiquement, un quelconque ange gardien avait décidé de partir en vacances sans prévenir. Ou que Dieu n’ait encore été que cette babysitter toujours suspendue au téléphone. Non, ça a toujours été comme ça. Ou bien pire. Peu importe que le verre soit plein ou vide, y a d’l’eau dans l’verre, so drink that shit. Mais y a pas de changement à l’horizon non plus. Donc c’est peut-être ça qui lui fait sortir les canines à la moindre occasion. Elle perd facilement patience Dani. Parce que ça fait trop longtemps qu’elle est en laisse et qu’elle la ronge certainement pas assez vite, pas assez fort.
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MessageSujet: Re: human espresso – nora   human espresso – nora EmptyDim 8 Jan - 20:21

dans les méandres de ce bar maudit, il y a le bruit ambiant. les verres à moitié vidés, ceux qu’on voudrait remplir sans savoir s’il faudrait. les têtes que tu désirerais ne pas connaître, celles pourtant ancrées dans ton esprit, tant elles reviennent, encore et encore. aujourd’hui n’échappe pas à un autre : c’est toujours la même rengaine, celle à laquelle t’aimerais pouvoir échapper. faut revenir à la réalité nora : c’est pas encore aujourd’hui que tu sortiras de ce trou à rats. alors comme d’habitude, tu fais face aux mêmes attitudes qui te rendent malade. tu regardes ces mêmes gens avec dégoût alors que tu leur sers une énième tasse de café ou bien un verre d’alcool, pour changer. y a ceux qui se pointent dès l’ouverture pour leur dose, et qui ne repartent qu’après le dernier rappel. ceux là ont finit par s’effacer, tapis dans un coin de la pièce, à l’obscurité. à marmonner à ton passsage des choses que tu ne choisis de plus entendre : c’est plus simple comme ça, et surtout, c’est beaucoup moins fatiguant. y a qu’avec eux que vous pouvez faire votre beurre. et c’est pas en faisant fuir tous les clients que t’auras un quelconque pourboire. alors tu sers, et tu ressers, jusqu’à n’y plus penser. mais tu vois, nora, dans un monde parfait, tu y réussirais. tu fermerais ta gueule et tu laisserais les remarques filer, comme tu le fais si souvent. souvent, mais pas toujours. aujourd’hui, y a ce vieux poivrot qui a élu domicile chez vous. sur ton terrain. et il se permet de lancer des remarques à tout va, à ton égard, mais pas que. tu vois cette fille du coin de l’oeil bouillir en faisant mine de rien. ici, c’est chez toi. et si tu lui lances des regards noirs chaque fois que tu t’en approches comme pour tenter de le dissuader et d’avoir à aller trop loin, c’est elle qui prend la relève. tu te retournes brusquement vers elle lorsque tu entends ce bruit sec et tu remarques avec surprise - et non un certain enthousiasme doublé d’une admiration cachée - que l’homme est visiblement entre de bonnes mains. alors tu viens poser ton assiette vide sur le comptoir du bar uniquement pour la sentir à tes trousses, là, juste derrière. c’est pas parce que t’as renversé ton café sur ce pauvre type que le second sera gratuit. grognon en retour, soupire lassé alors que tu passes derrière le bar pour lui en servir un nouveau. et puis tu relèves un peu les yeux vers elle, tu la détailles sans gêne. tu l’observes. elle a pas l’air d’être une dure à cuire, avec sa silhouette élancée. mais étrangement, c’est pas vraiment ça qui t’intrigue le plus. c’était un beau spectacle que tu nous as fait là-bas. sourcil relevé, rictus sournois. tu vois l’homme passer difficilement la porte, c’est sûrement le premier souvenir qu’il aura depuis des jours. c’est rare de voir des femmes passer la porte de ton bar miteux. elles sont pas bien nombreuses et quand elles viennent, elles sont bien loin de lui ressembler à elle. alors forcément, ça impose quelques questions. où-est-ce que t’as appris tout ça ? t’es curieuse finalement. curieuse de savoir comment elle peut savoir tout ça et pas toi.
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MessageSujet: Re: human espresso – nora   human espresso – nora EmptyJeu 12 Jan - 22:12


Ce type lui rappelait vaguement l’aura de quelqu’un. Un patriarche. Vieux. Roumain. Porté sur la consommation d’alcool comme celle du viagra. Raclure niveau -30. Avec un nom à coucher dehors, un truc en -scu. Comme les ‘scuses qu’ils devraient donner. “C’est pas parce que t’as renversé ton café sur ce pauvre type que le second sera gratuit.” Elle lève les yeux au ciel, sans surprise. Elle espère un pourboire peut-être ? Le compliment caché coule. Dani ne réagit pas. Elle s’en fout que ça ait été beau, ça ait été un tout petit peu libérateur. Mais qu’un chouïa. C’est déjà ça. “Où-est-ce que t’as appris tout ça ?” Elle hausse un sourcil. “Appris quoi ?” À envoyer un mec bouler ? Vu la population qui traîne ici, elle doit mieux savoir faire qu’elle pourtant. À renverser du café ? Idem. À évaluer et connaître les tarifs des putes ? Suffit de leur parler puis de se surestimer. “Dans la rue j’suppose. Et le voisinage, le travail, tout ça...” Rester vagues, ne pas donner ses cartouches, ça fait partie du jeu quand on est tout en bas. Surtout quand on veut s’faire une place, ou juste voir le lendemain se lever. Ses doigts tapotent le comptoir, attendant fébrilement de pouvoir se brûler la gorge. La petite tasse arrive finalement devant elle, un peu brutalement, sans ménagement. Dani suit alors la fille du regard. Silhouette tempétueuse, lignes découpées dans le terrible, les lèvres voraces. Dani n’avait pas fait attention. Mais elle n’a pas l’air commode. Et on doit pas s’marrer tous les jours en sa compagnie furieuse. Flamme noire. Mais c’est probablement valable aussi pour elle, elle ne va pas juger. En tout cas, elle a l’oeil affûté, cette même lame que les filles dans leur genre se prête certainement d’une vie à l’autre. Un peu trop sanglante.
Mais normalement tu devrais déjà savoir tout ça...” Le coin des lèvres se courbent à peine. Narquoise. Expression volontaire dont l’honnêteté est rare. Elles doivent avoir le même âge ou presque. Mais y a un truc. Une certaine innocence. Un manque d’expérience. Sinon elle ne poserait pas la question. Peut-être qu’elle n’est jamais sortie d’son bar, d’son quartier. Elle en a croisé des tas, des sédentaires, culs-de-plomb qui n’ont pas eu la possibilité de changer de décor. Elle elle l’a trop eue cette occasion. Jamais en place. Vie de nomade. Toujours à courir. Toujours à chercher un abri. Sans jamais vraiment se poser. Six mois, c’est le max que vous ayez fait dans une même ville avant de devoir déjà déguerpir. Menace accrochée aux talons comme un chewing-gum récalcitrant. Alors ces gens… elle les jalouse autant qu’elle les méprise. “T’as peut-être du potentiel.” L’espresso est avalé d’une traite. Elle en redemande même un autre illico. “C’est plutôt facile de dire que y a mieux à faire que servir des canons ici. Mais j’parle pas forcément de faire le trottoir.” Iris incisives plantés sur la jeune fille comme si ça allait déchiqueter tissus et chair. Deviner c’qu’elle vaut. C’qu’elle serait capable de faire et jusqu’où elle irait. Parce que Dani a toujours été mise au défi, pour tout. Alors elle fait pareil avec tout le monde. Y a pas d’raison. Eux non plus n’ont pas d’excuses. “À part si ça te tente vraiment.” Le dédain a disparu. Parce qu’elle a rien contre ces filles. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle en a toujours côtoyé. Avec Brennyn aujourd’hui plus encore. Et peut-être qu’elle devra passer par là aussi. Elle sait pas. Pour l’instant, quand on peut s’faire parfois plus de 2300 dollars par nuit, à simplement éveiller des désirs depuis une scène, ça suffit. Mais stripteaseuses et prostituées sont de toute façon reléguées au même niveau. Et dans un sens, ils n’ont pas tort. Takers. Elles sont là pour prendre votre argent. C’est pas un peepshow gratuit. Elles doivent travailler des heures sans broncher, tenir les positions, s’échiner, se tordre dans des positions suggestives, pour faire plaisir, que ce soit par le corps ou pour les yeux. Et toutes ces femmes qui critiquent ces filles… Pour Dani, c’est qu’elles aimeraient être à leur place. Secrètement, elles les jalousent. Parce qu’elles ont l’estime de soi que ça implique et qu’elles sont elles aussi très belles. Ces nanas-là, c’est comme manger un paquet de chips croustillantes dans une église. Tout le monde regarde avec dégoût mais tout le monde a envie d’y goûter. “Pourquoi tu demandes ?
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MessageSujet: Re: human espresso – nora   human espresso – nora EmptyLun 16 Jan - 3:44

Pour qui elle se prend, cette fille ? Avec ses airs d'insolence et de fille de la rue. Tu sais pas d'où elle sort, tu l'as jamais vue avant. T'exècres cette attitude. Cette façon de plaquer ce pauvre mec contre la table, de montrer les crocs dans ton bar. On te fait pas ça, à toi. T'as besoin de personne pour te défendre. T'as pas non plus besoin d'aide pour faire fuir les clients. Le business est déjà assez difficile comme ça pour qu'elle en rajoute une couche. Elle a du répondant. Elle se laisse pas faire. Mine de rien, elle attire ton oeil. C'est qu'elle réussirait presque à te rendre curieuse. C'est que y en a pas beaucoup, des filles comme ça. Ca se saurait. Y a que des peureuses, que des pleureuses. T'as pas peur toi. Non, t'as peur de rien. T'as les yeux grands ouverts, tu tends l'autre joue. Comme si t'attendait le truc qui comptait te faire craquer. Mais non, tu tiens bon. Tu restes forte, nora. Vaillante. Bon petit soldat. Le travail ? Dans quoi tu bosses pour avoir à te défendre comme ça ? T'as l'expression étrange tournée vers elle, le regard qui interroge l'énergumène. Elle vient d'où, sérieux ? A moins d'être une copine de Jill, tu crois pas qu'elle ait besoin de ses tactiques de défense pour rentrer chez elle le soir. T'aurais peut-être accepté la rue. Le voisinage, à la limite. C'est pas un quartier glorieux, ici. y a rien de joli. rien de mignon. y a que la crasse et le dégoût. que la crasse et les clochards. les clochards et les connards. Elle te pique au vif, l'inconnue, et t'aimes pas ça. Tu détestes. T'es pas curieuse. T'es pas bavarde. Tu fais pas la conversation. T'es pas sociable non plus. Là c'est pas pareil. Parce que c'est peut-être la première fois que tu croises quelqu'un comme ça. Une fille. Une fille comme toi. Et ça te rend nerveuse. Autant que ça t'intéresse, un peu, au fond, sans trop vouloir l'avouer, sans trop vouloir le montrer. Ouais, p'tètre que j'sais déjà tout ça. Haussement d'épaule nonchalant, qui ne veut rien dire. Qui n'avoue rien. T'as peut-être jamais plaqué la gueule d'un mec contre le bar mais tu sais te défendre. Tu l'as déjà fait, plusieurs fois. ici, et ailleurs. Partout, et nulle part. C'est pas compliqué. C'est rassasiant de plaisir. Ca fait peut-être foutrement mal mais c'est le prix à donner quand t'es une fille. Parce que t'es instantanément faible aux yeux de ces connards et que ça te donne la gerbe, que t'aurais envie de leur bouffer leurs saloperies de clichés à la cons pour qu'ils comprennent que t'es ptètre une pisseuse mais que t'es pas faible. ça jamais. A nouveau, elle te prend sur le vif avec tes questions et tu détournes vite fait le regard vers l'énième tasse d'espresso que tu lui sers. Comme ça. Tu sais faire d'autres trucs ? Mais t'es incapable de te retenir bien longtemps, nora. Chassez le naturel et il revient au galop.
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MessageSujet: Re: human espresso – nora   human espresso – nora EmptyVen 20 Jan - 18:05


Elle n’a pas fait ça pour défendre cette fille spécialement, mais peut-être pour défendre toutes les autres, elle compris. Mais le plus probable, c’est qu’elle a plaqué c’crâne imbibé pour se soulager et lui fermer sa grande gueule agaçante. “Le travail ? Dans quoi tu bosses pour avoir à te défendre comme ça ?” Dani hausse un sourcil pour seule réaction. Elle n’a pas l’intention de répondre. Les secrets si on les dit, on ne sait pas ce qu’ils vont devenir. C’est avoir mal avec ses propres mots. Donc c’est mieux de tout garder pour soi. Et puis sinon quoi ? Elles vont s’raconter leurs vies, puis décider de s’entendre pour écraser la misogynie, détruire le patriarcat et bouffer de la pizza ? On n’est pas dans un comics. Ces filles là sont faites pour s’écorcher à force de vivre. Elles dorment avec les loups qui ont accepté le lion parmi eux. Elles déposent rarement leurs âmes comme on déposerait des armes. Possédant autant de force que de ténèbres. Trop habituées à marcher au bord des abîmes, à frôler les chaos et les néants de leur temps… “Ouais, p'tètre que j'sais déjà tout ça.” Ouais c’est ça. Peut-être. Certainement. Dani retient un souffle sarcastique avant de boire un peu d’or noir. Elle a l’air d’une gamine la serveuse. Contraste vif avec l’aura qu’elle avait dégagé jusque-là où elle était la carte maîtresse du lieu, à dicter le rythme toute seule comme une reine. Mais peut-être que c’est Dani qui devrait être plus comme ça -plus enfant. L’idée ne lui plaît pas alors elle est poussée sur le côté. Faudrait peut-être aussi qu’elle remballe son arrogance à deux balles. Elle n‘a rien à prouver dans ce pub miteux. Elle y remettra certainement jamais les pieds. Elle reverra certainement jamais cette fille. Elle veut juste que le ciel lourd et bas qui lui pèse comme un couvercle de béton sur le crâne disparaisse entre deux volutes caféinées. Pourtant elle lui demande d’où sortent ces questions. Mais la brune lui balance une réponse bateau qui aurait pu mettre fin à l’échange, si elle n’avait pas relancé la balle. “Tu sais faire d'autres trucs ?” Curiosité inavouée des deux côtés. Qu’est-ce qu’elle sait faire d’autres ? La question lui semble si particulièrement banale, comme si elle lui demandait quels étaient ses hobbies que l’esprit de Dani se vide quelques instants. Sans réponse. Parce que ça s’étend à “qu’est-ce que tu fous de ta vie ?” Ça n’en est pas vraiment une pour l’instant, donc y a pas grand chose à dire. Mais elle cherche finalement une réponse, un truc à dire. Elle s’défend en attaquant. Elle attaque pour s’sentir en contrôle et gagner un peu avec ses poings. Elle s’fait aussi d’l’argent en dansant, en s’déshabillant. Elle complote son avenir, entre la préméditation d’un meurtre et de son innocence qu’il faudra truquer. Elle apprend même des textes de loi pour ça. Elle compte tous les jours, chaque jour. Ce qu’elle doit à l’université, ce qu’elle doit au centre de soins. Ce que son père lui doit. Ce que le monde, les autres, la vie lui doivent aussi. À la fois endettée et prêteuse. La vie en gage. Et finalement, elle sait pas trop c’qu’elle sait faire. Elle aime la musique. C’est pour ça qu’elle sait danser dessus. Elle doit plutôt bien s’débrouiller. C’est pour ça que Søren et Bella la virent pas. C’est pour ça qu’elle fait du striptease avant d’envisager de faire le trottoir. Pour une fois pouvoir y trouver une contrepartie. “Striptease...” Sa voix traîne. Elle a failli dire tout le reste. Parce qu’elle sait se volatiliser aussi. Faire profil bas. Raser les ombres. Disparaître. Courir. Fuir. Changer de nom. Même si ça revient à dire qu’elle doit mettre un prix sur son identité. C’était y a longtemps le jour où elle s’disait qu’il vaudrait peut-être mieux s’protéger en s’faisant le plus petit possible. Un temps où elle voulait même être quelqu’un d’autre. Être moins. Se faire aussi minuscule pour que personne ne puisse la voir. Mais elle ne se laisse plus penser comme ça maintenant. Que quand c’est une question de vie ou de mort. Aujourd’hui, petit à petit, elle prépare sa revanche pour quand le jour viendra où tout le monde devra et pourra la voir. Accepter qu’elle est là et qu’elle n’est pas rien. “Et toi ? Tu sais faire autre chose que regarder les gens de travers ?” Avec ces yeux aux profondeurs de l’abysse. À se méfier. À juger. À maudire. À faire crever. Des billes d’encre qu’elle examine et estime malgré elle parce qu’elle appréhende les contours de ce qui l’a forgée. C’est pour ça que sa question est dénuée de tout sarcasme contrairement à tout à l’heure. Reconnaissance cachée. Dans une raisonnance imposée.
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MessageSujet: Re: human espresso – nora   human espresso – nora EmptyMer 1 Fév - 0:40

elle commence sérieusement à t’exaspérer. c’est pas parce qu’elle a foutu ce vieux barge à sa place qu’elle a le droit de se comporter comme une reine. comme si le monde lui devait quelque chose. comme si elle pouvait tout se permettre. c’est chez toi, ici, et personne d’autre. c’est toi qui fait tourner cet endroit, pour la grande majorité. t’es même presque certaine que certains de ces abrutis viennent rien que pour s’amuser de t’entendre râler avec les connards de ce monde. c’est chez toi, ouais. la gamine paumée dans un monde d’hommes. un monde certainement trop dur pour elle, le seul qu’elle connaisse, pourtant. t’as appris à te battre comme les hommes, à manger comme un cochon, et tu portes mêmes les vieux vêtements de tes frangins à défaut de pouvoir te payer les tiens. t’es un intrus parmi les hommes, et pourtant tu te fonds si bien dans la masse. à jurer comme un camionneur et à lancer des coups de boule à qui en voudrait. et t’es pas prête à te laisser marcher dessus parce qu’une idiote a décidé qu’il serait bien de venir pourrir la journée de quelqu’un d’autre que la sienne. strip-tease ? y a vraiment des gens qui payent pour ça ? mine de dégoût sur le visage, rien qu’à l’idée de gros porcs bavant sur les corps brillants de ces femmes qu’on dénude pour le plaisir de l’âme. c’est de l’argent facile, que tu te dis. que ces femmes à la panoplie de rêve sont privilégiées. c’est du fric facile, quelques heures par soir, pas comme toi qui te décarcasse jours et nuits dans ce putain de bar si bien que c’est probablement ici que tu finiras par y crever. l’oeil agacé toise l’insolente, et tu perds patience. ça continuera pas comme ça bien longtemps, à rester là sans rien dire, les dents serrées, pendant que madame te détaille comme si elle pensait tout connaître de toi. comme si t’étais de celles que l’on devinait au premier regard. énième attaque. tu sais faire que ça, nora ? t’enrages. j’sais foutre les gens dehors s’ils sont pas contents. t’as presque la lueur de défi au fond de l’oeil, le regard provocateur qui souffle que t’es prête à en démordre, ici et maintenant. que sa petite gueule de poupée parfaite restera pas intacte aussi longtemps, et qu’elle aura bien du mal à trouver client qui veuille la déshabiller si jamais tu t’occupes de son cas. parce qu’à force d’avoir traîné dans la merde et dans la boue, à force d’avoir mordu la poussière et à défaut d’être celles qui ont un tant soit peu de classe, un tant soit peu de tact, t’es de celles qui ont dû se battre toute leur chienne de vie. t’es de celle que la vie est passée dessus, t’es de celle qui fait détourner le regard, dans la rue, plutôt que d’inspirer la pitié, le désir, ou bien la gentillesse. t’es peut-être pas douée pour grand chose, nora, t’as peut-être ni les acquis qu’il faudrait avoir pour une fille de ton âge, t’as peut-être jamais fini un foutu bouquin de ta vie ni appris à compter, à chanter, à danser, mais t’as le menton relevé. toujours. la fierté des caldwell, comme on en fait plus. les membres crispés autour de la cafetière encore dans tes mains, tu te rends compte de ta position, et les muscles semblent se relâcher avec difficulté. tu soupires, malgré toi, et repasse derrière le comptoir. peut-être qu’elle finira par se lasser et qu’elle vous laissera tranquille, toi et ton humeur de chien. j’suppose qu’on peut pas tous faire rêver comme toi. sourcil haussé, malgré que les yeux ne la regardent pas. elle a des avantages que t’as pas. des facilités dont elle se sert, comme t’aurais pu apprendre à te servir des tiennes, si seulement t’en avais trouvé quelques unes.
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MessageSujet: Re: human espresso – nora   human espresso – nora EmptyDim 26 Fév - 22:41


Oui y a des gens qui payent pour ça. Elle hausse les épaules pour rejeter la faute sur les autres, les faibles. Faut pas lui demander pourquoi. Elle comprend à peine l’intérêt. Encore la prostitution, le client s’fait au moins plaisir. Là, il n’est autorisé qu’à regarder, donc ouais, elle comprend pas. Certainement un trip de voyeur. Chacun ses péchés. C’est pas son problème tant qu’elle réussit à gagner sa croûte, le reste lui importe peu. “J’sais foutre les gens dehors s’ils sont pas contents.” L’esquisse d’un sourire aurait fendu son visage si elle avait été d’humeur expressive. Mais non rien. Et pas un regard non plus. Encore heureux qu’elle sait mettre les gens dehors, ça doit faire partie de son job. Mais y a comme un écho, ce fourmillement qui émane de l’électricité statique qu’elle ressent, comme si cette fille avait aspiré pour elle toute la tension qu’elle avait elle-même emmagasinée. Alors quand ses yeux se décochèrent vers la serveuse, elle reconnut les muscles tiraillés, crispés, tendus comme des lames de couteaux chauffés à blanc. Et elle l’a poursuit du regard jusqu’à ce qu’elle reprenne sa place derrière le bar, juste pour voir ce qu’elle allait trancher sur son passage. “J’suppose qu’on peut pas tous faire rêver comme toi.” Elle a failli s’étouffer avec son café, et s’étrangler aussi parce que ça gorge ne parvient pas à choisir entre tousser ou rire. Et il faut bien avouer que cette dernière option n’arrive pas souvent, si bien qu’elle ne reconnaît pas sa voix qui se plie pourtant aussi en accents moqueurs. Mais peu importe. Faire rêver ? Même si Belladone le leur rabâche souvent, que leurs danses doivent savoir faire valser les esprits, c’est toujours difficile à accepter. Alors c’est plus facile de se dire que c’est grâce aux chorégraphies que la magie opère le plus, et l’aura des filles à la rigueur. Mais c’est tout. Parmi les nanas qu’elles y croisent, y a que la grande blonde… Trix-quelque chose, qui est vraiment pulpeuse. C’est elle la mieux roulée, c’est elle qui fait rêver au Gentleman’s. Dani… Dani, elle joue juste avec les ADN dominants, les instincts primaires de ceux qui sont le plus enclin à vouloir assujettir un être, une femme, une métisse. Comme pour exorciser tout ce qu’elle déteste, tout ce que son géniteur lui a appris. Pour reprendre le contrôle sur les fils du marionnettiste qui dirige les mouvements de l’objet de chair. “Y a mieux comme rêve.”, finit-elle par articuler. Ses pupilles glissent sur la barmaid. Jalousie impromptue. Parce que cette fille a l’air d’avoir sa vie ici. Une vie ancrée quelque part, avec un quotidien dans lequel on s’trouve et s’retrouve, des repères, une stabilité, des visages qu’on connaît et reconnaît. Elle a tout ce que Dani n’a pas. Qu’elle s’dénude peut-être tous les soirs pour quelques billets là maintenant ne veut pas dire que ça sera pareil demain. Si ça s’trouve elle s’ra plus là demain ou le sur-lendemain. Même si elle a un plan, des projets, elle sait que tout peut changer sans qu’elle l’ait décidé. Et c’est peut-être ça qui la frustre le plus. Ça parmi tant d’autres choses qui l’entravent alors même qu’elle peut bouger, partir. Liberté factice. Elle faisait que courir. Fuir. Aujourd’hui, c’est même pas sûr qu’elle arrive à rester. Alors oui, peut-être bien qu’elle jalouse toutes les personnes qu’elle croise dans cette ville, ceux qui sont d’ici. Ou peut-être bien qu’elle ne jalouse que cette fille-là, celle qui a d’quoi lui ressembler sans vraiment être similaire. Y a qu’les crocs et l’humeur de chien dont elle soit certaine. Plus toutes ces choses dont elles s’parleront peut-être jamais, même si Dani décide de repasser les portes de ce pub. Elle soupire au claquement de la porte dans son dos qui sonne le rappel. “J’dois combien ?” Ses doigts s’échouent sur sa tempe en même temps que la question sur sa langue. La migraine s’est estompée mais reste comme un voile sur son crâne. Voile dont elle ne se dégagera pas comme ça, même en se remettant en mouvement, debout, sortant le cash demandé. “Dernière question. T’es sûre que tu payerais pas pour qu’on te fasse rêver ?
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MessageSujet: Re: human espresso – nora   human espresso – nora EmptySam 4 Mar - 7:41

c’est dit avec une certaine distance, craché avec dédain. on peut pas tous faire rêver comme toi. c’est vrai ça, t’as jamais fait rêver personne toi. t’as pas d’avantages à exposer, pas de courbes graciles, ni la douceur d’une enfant, ni traits exceptionnels. t’es juste nora, la gamine des rues, les doigts sales et le regard fumant. c’est pas le rêve que tu provoques, c’est plutôt le dégoût, sans doute aussi la colère. et t’imagine pas à quoi ça doit ressembler, d’être sur ces estrades à se tordre les membres, dans des positions suggestives qui te font déjà rouler des yeux. tu pourrais jamais faire ça, toi, et c’est bien pour cette raison que t’es flanquée à longueur de journée derrière ton bar. t’es dotée ni de douceur et encore moins d’agilité. tes doigts de cochon n’ont d’adresse que les verres qu’ils attrapent à longueur de journée. ça, et rien d’autre. tu panses pas les blessures. tu te fais pas tournoyer autour de barres de métal. c’est pas pour toi, tout ça, c’est un monde trop différent du tien. alors tu le dis presque avec jalousie, à peine détectable, un regard lancé discrètement, pour l’observer un peu. voir ce qu’elle a de si différent de toi, des autres. voir pourquoi ces hommes seraient prêts à payer, ce qu’ils y gagnent, à dépenser autant pour voir des corps se déhancher. et peut-être que la pointe de jalousie se transforme en pic au coeur quand tu vois au contraire, tout ce que tu n’es pas. les formes détaillées, invisibles chez toi. la grâce que tu ne possèdes pas. et tout le reste, que tu pourras bien lister rien que pour te sentir un peu plus mal. alors tu braques le regard courroucé sur la vaisselle que tu nettoies vigoureusement. il doit sûrement se passer un long moment durant lequel aucune de vous nous ne décide de parler. à quoi bon ? c’est rien qu’une inconnue, probablement même que tu ne la recroiseras jamais. et tu la vois à nouveau, à scruter le fond de sa tasse de café. comme si vous étiez occupées chacunes de votre côté, à vous dévisager sans jamais oser d’engager la conversation. c’est vraiment étrange, ce qu’elle provoque, ce qu’elle dégage. et la façon dont tu réagis, quand tu te préoccupes pas de grand monde, d’ordinaire. mais tu peux pas t’empêcher d’avoir toutes ces questions qui te viennent en tête, qui se mélangent aux accès de rage qui te prennent de court. t’as très peu de tolérance, et ça pour l’ensemble du monde. alors tu dérapes sûrement un peu, tu te renfermes dans tes tasses et ta vaisselle, priant pour qu’elle te foute la paix. et puis malgré tout, y a cet éclair de lucidité poussé à en connaître un peu plus. alors peut-être que y a mieux comme rêve, oui, comme elle te le fait remarquer. elle a sans doute raison. mais pour les gens comme vous, y a pas vraiment meilleur rêve. vous pouvez pas rêver de belles villas et de vies parfaites, parce que vous savez que c’est peine perdue, que ces rêves là sont inatteignables, réservés à ceux qui ne sont pas nés avec des bâtons dans les rues. une femme dansant sur un piquet, c’est tout de suite plus abordable, même pour le plus fauché d’entre vous. alors c’est peut-être pas le meilleur des rêves mais c’est le seul qui soit à votre portée. j’ai l’air de pouvoir me payer ce genre de service ? tu questionnes en glissant l’addition sur le comptoir, perdant l’animosité de ta voix dans un soupire léger et fatigué. y a qu’à jeter un coup d’oeil autour de toi, de ton bar miteux, pour te rendre compte de la situation. t’es déjà pas foutue d’être payée ce que tu devrais, pourquoi tout gaspiller ? j’peux l’envisager, seulement si le rêve en vaut la peine. que tu finis par avouer, l’air énigmatique de tes yeux retrouvant bien assez tôt leur froncement de sourcil habituel, alors que tu jettes un dernier regard vers l’inconnu avant de t’éclipser rapidement vers le fond de la salle.
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