- Tu as conscience d'être un survivant, n'est-ce pas?

Bien sûr qu'il en a conscience. Il n'ose juste pas poser des mots sur tout ça. Pas encore. Pourtant, ça va bientôt faire un an.

Il se souvient de tout dans les moindres détails. C'est Luis qui avait eu l'idée. Ils avaient passé la journée à être des enfants, à laisser leurs responsabilités derrière eux. Trois heures de bagnole vers Orlando, la musique aussi forte et puissante que leur jeunesse. Se prendre pour des sorciers, goûter de la vraie Bierraubeurre, se surprendre à connaître par cœur des sorts laissés dans des livres abîmés. Et au retour à l'hôtel, se dire que l'on veut danser, que l'on veut profiter de la nuit et de son coeur qui bat. Le Pulse. Pas le plus grand club, ni le plus connu. Mais Luis y avait des amis, de ceux qui ne disparaissent pas. Tous ensemble, ils s'étaient collés à des corps qu'ils ne connaissaient pas, ils avaient tenu des mains, chanté à s'en bousiller les cordes vocales, on s'en fout, on est éternels, on est vivants. La musique, les lumières, le parfum d'ailleurs. Loin de Savannah, ils hurlaient leur désir d'arrêter de grandir, de stopper le temps, au moins un peu. Au creux des mouvements de leurs hanches s'inscrivaient des promesses qu'on leur a volé. Beyoncé chantait Single Ladies quand les notes se sont arrêtées, que le silence a pris toute la place. Un tir, deux. Et puis toute une rafale.

Personne ne pourra jamais comprendre les cris de terreur, le choc de balles qui rebondissent, le soupir de celles qui atteignent leur cible. Personne ne pourra jamais lui enlever les cauchemars, les nuits sans sommeil, les fantômes qu'il traine à sa cheville. Il ne se considère pas comme une victime. Ce serait injuste. Parce qu'il a eu quoi, au final? Du sang sur ses Converses abîmées, quelques bouts de tissu arrachés, des mains qui tremblent et une impossibilité de parler pendant des jours. Tu es un survivant. Et pourquoi? Parce qu'il a eu l'idée de fuir, de courir, de s'enfermer dans les toilettes? A cinq ou six dans la même cabine, à défoncer tout ce qui se trouvait sur son passage pour faire de la place aux autres. Ils sont restés cachés, longtemps, et il n'avait pas pleuré. Pas la force, pas le courage, peut-être. Il n'avait même pensé à son téléphone, là dans sa poche, aux vibrations contre sa cuisse. Non. Il ne pensait qu'à eux. Ses amis. Ceux qu'il n'avait pas eu l'occasion de prendre par la main, ceux qui avaient couru, comme lui.

Luis, qu'il avait embrassé sous la douche, quelques heures avant. Ils n'avaient jamais été pudiques l'un avec l'autre, peut-être parce qu'ils se désiraient, plus qu'ils n'osaient l'admettre. Sa langue avait un goût de barbe à papa et de soleil. Stanley, qui avait un rire de gosse, des rêves plein le crâne, quelques souvenirs abîmés et une voix de diva. James, son cheveu sur la langue, sa passion pour les chats, le kitsch et les baisers. Lui, tout ce qu'il voulait, c'était battre le record du nombre de lèvres embrassées en une nuit. Rivera, surnommée La Glue, celle grâce à qui ils étaient réunis, celle qui avait refusé la solitude de la cour de recré. Personne n'était aussi fort qu'elle, personne. Elle aurait pu botter le cul de n'importe qui, en gardant ses ongles intacts. Un jour, elle lui avait dit de ne jamais s'arrêter de hurler. Car personne ne méritait le silence.

Aucune d'entre eux n'avait survécu.
Il était rentré seul.
Et à chaque moment de silence, Darcy avait hurlé, cogné, insulté, haï. Parce qu'il aurait aimé être à leur place. Il aurait aimé les protéger. Être un putain de super-héros.

- Ça veut dire quoi, être un survivant? Être heureux d'être en vie, passer au dessus du traumatisme, continuer de vivre? Ce serait trop simple, hein? J'ai survécu sur un coup de chance. Ça n'avait rien à voir avec de la volonté, un putain de signe du ciel. Les gens disent que c'était pas mon destin, de crever au Pulse. Que mon heure n'était pas arrivée, que je devais continuer mon chemin. Ces gens là, j'ai envie de les gifler, les uns après les autres. C'est le destin de personne de mourir de cette manière, de mourir parce qu'on est différent. Un mec s'est donné le droit de nous faire arrêter de danser, de nous faire douter de nos identités, de notre volonté d'exister sans mentir. Il a écrasé nos espoirs, nos sourires, mais pas notre envie de nous battre. Non, ça, c'est toujours là. Encore plus qu'hier. Je suis pas un survivant. Le Darcy que j'étais avant le Pulse est resté dans le club. Moi, je suis ce qu'il reste. Voilà ce que je suis. Les décombres, les ruines. Tout ce qu'il faut reconstruire, réapprendre. Je suis la colère que les gens que j'aime m'ont collé sous les paupières. Je suis vivant.

punaise t'es un rapide toi, même pas eu le temps de venir souhaiter la bienvenue mais bref, cette fiche est parfaite   j'adore le personnage, son job, sa vision des choses etc   j'adore ta plume aussi, super légère et fluide, ça se lit tout seul   et pis l'histoire omg... ça va pas de me mettre en pls de bon matin là   j'suis dans le mal, bye   enfin voilà, je te valide avec plaisir, super hâte de te voir en rp du coup  
   

---

   tu as réussi la difficile épreuve de la fiche de présentation et nous t'en félicitons tous. tu fais partie maintenant et à jamais de we are broken et tu peux en être fière, tout comme nous. Mais mieux encore tu fais partie de l'équipe . Avec ton équipe tu pourras relever des défis et participer à la vie du forum pour gagner des points. Mais tous d'abord, tu iras créer ta fiche de liens pour te faire une tonne d'amis, si cela n'est pas déjà fait. cette partie est obligatoire tout comme tu vas devoir te trouver un métier. tu peux bien entendu passer par la partie détente où tu pourras sans modération, flooder à tout va et te faire une tonne de friends, ouais ouais, c'est top ! ne pas oublier la partie rp, parce que c'est ce qui compte le plus par ici. le principal, c'est que tu t'amuses et que ton séjour parmi nous soit des plus agréable. n'oublie pas aussi de remplir entièrement ton profil sous risque de recevoir un petit mp de notre part te le rappelant. amuse toi bien !