C’est noël. Ou plutôt le soir de Noël. Et dans ma bouche y a ce goût amer, dégueulasse : le goût du souvenir qui veut pas se casser. Bien trop tenace, qui s’ancre à mon cerveau, à mes synapses comme une sangsue. C’est noël. Premier noël loin de tout, loin de lui. Premier noël à faire semblant de rigoler, premier noël à se retenir de pas pleurer.
C’était parti d’une idée stupide, je sais plus qui avait proposé d’offrir des cadeaux, j’avais sauté sur l’occasion pour demander à ce qu’on prépare un repas, un truc ensemble, rien qu’une fois. Peter avait été étonnement compréhensif et nous avait dit oui, il avait même débloqué un peu de sous pour qu’on finisse pas à manger des chips ou des pâtes. M’enfin le repas c’était pas mon domaine, moi j’étais team décoration. Et c’est ce que j’ai fait. Entre les guirlandes de papier crépon, les origami, pis tout ce que j’avais réussi à chiper dans la rue : des boules de noël, des étoiles, une banderole de flocons et une guirlande lumineuse. Des paillettes aussi. Beaucoup de paillettes. Partout. En un après-midi j’avais transformé notre éternel salon mal rangé en une pièce où l’esprit de Noël suintait par toutes les fissures du plafond. J’avais même construit un espèce de faux sapin en carton que j’avais peint en vert et j’y avais glissé une de mes paires de chaussures au pied. Faut pas briser la tradition pas vrai ?
Bref pour l’occasion je m’étais faite belle, du doré et du rouge, un bonnet de père noël sur la tête et pis un paquet cadeau dans les bras. J’avais tiré Bren. Drôle de surprise, surtout qu’on se parlait plus trop depuis notre dernière altercation. Mais comme on dit, à noël c’est le moment de pardonner, d’enterrer la hache de guerre et de tout oublier. Si seulement je pouvais oublier que tout ce qui se passe n’est qu’un ersatz de fête de fin d’année, que y a pas la même sensation, que j’ai juste envie de chialer. Première arrivée dans le salon, je pose mon cadeau dans un coin et m’installe dans le canapé en attendant que les suivants se ramènent. Vite. Qu’ils m’aident à penser à autre chose. Sinon je vais finir par vraiment ruminer.

Spoiler:

T’étais déjà pas tellement enchantée de faire ça là. Le truc des cadeaux. T’as toujours eu des souvenirs plutôt merdiques de Noel. Souvent à l’orphelinat sans cadeaux, ou dans des familles moisis. Ca s’est un peu amélioré quand t’as grandi. Quand vous avez commencé à piquer des trucs pour les offrir aux potes. C’était pas si mal. C’était meme plutôt drôle. Peut être que c’est pour ça que t’as accepté. Pour trouver ce sentiment plutôt agréable de faire partit d’une famille montée de toute pièce. Parce que c’est un peu ça finalement. Une petite famille fabriquée à partir de rien. Toi, t’en as même deux. Le squad, puis les LB. Enfin, le squad, c’est surtout Nora finalement. T’as toujours été plus ou moins en dehors de toute leurs histoires. Sauf depuis le bar. Sauf depuis les armes. Tu t’intègres peu à peu un peu plus. Et t’es là. Avec tes deux familles à moitié barrées. Avec ses membres complètement tarés. Et en parlant de membre tarés, évidemment, il a fallu que tu pioches Jaël. Génial. T’aurais pas pu avoir Lachlan plutôt ? Ou même n’importe qui sauf elle. Elle, le mémoire ambulant de l’abandon de tes parents. C’est drôle, parce qu’elle était pas plus vieille qu’elle ta mère quand elle t’a eu. Et dans le même état. Elle devait même lui ressembler tient. Peut-être que c’est pour ça aussi. Qu’elle t’insuporte autant la Jaël. Manquerait plus qu’elle tombe enceinte tient.

Tu sais pas vraiment comment ça a été organisé, mais c’est sur, c’était pas pour bien bouffer. Toi et Curly aux commandes de la cuisine, c’était déjà mal barré. Vous avez fait des efforts pourtant. Vous êtes allés acheter des trucs. Des petits pains à griller. Des trucs à mettre dessus. Des patates. Et un gros poulet -la dinde c’était la blinde. Et forcément, ça a fini en bataille de bouffe. Et vous avez oublié le poulet dans le four. C’est marrant, tu savais mme pas que vous aviez une alarme incendie. Bah si. Elle est là. Et elle fonctionne bien. Résultat, pas de poulet. Ni de pomme de terre parce que vous les aviez mis avec - t’es pas bien sur qu’on fasse comme ça, mais peu importe. Du coup, vous êtes sortis pour aller acheter du KFC. Techniquement, c’est du poulet et des patates aussi hein. Faut pas chipoter.

Et voila. Vous rentrez à l’appart. Tu t’attendais à ce que personne soit là encore. Mais elle est là. Elle et son chapeau de père noel. Tu grognes doucement pour la saluer avant de poser la bouffe sur la table. Tu jettes un petit coup d’oeil au sapin là où trainent déjà tes deux petits cadeaux. Le siens s’est rajouté. Tu esquisses un sourire en voyant que son papier cadeau est aussi moisi que le tient. Et finalement, tu viens t’assoir en face d’elle. « T’as une sale gueule Feliciano. » Et c’est pas faux. Gueule de juncky qui dort et bouffe pas assez. Franchement, y’a plus charmant. Parce qu’elle aurait pu être belle Jael. Elle aurait pu. Mais toi, tu trouves pas ça tellement joli. De voir la mort passer sur son visage.

Tu aurais pu passer une bonne soirée. Putain. Près de Noel. C’était le meilleur moment. Les gens se baladaient avec leur portefeuille à ras-bord. Pris dans l’euphorie de ces putains de fêtes, ils étaient moins vigilants. C’était presque facile de voler en cette période. Et puis le trafic de la poudre de Peter n’avait jamais été aussi bien portant qu’à Noel. A croire que de voir la neige, ça donnait envie d’en sniffer. Mais. Tu avais fait l’effort. sous prétexte que c’était Peter que le souhaitait, de venir. Parce que tu faisais toujours pour Peter, comme si tes émotions, tes envies et tes sentiments n’existaient pas. Ou plutôt, étaient en total accord avec ceux de ton mentor, ton Peter. Alors t’étais v’nu, avec ce masque, en essayant de ne pas trop réfléchir sur toi, être dans l’artificielle, et sur le fait que oui, il avait peut-être envie de passer une soirée avec les LB. Avec bren. Avec lala (lachlan)…. Avec … sasha.

Bien sûr t’avais récupéré ton cadeau deux heures avant d’arriver à l’appart. T’avais en fait aucune idée de cadeau, t’avais BIEN SUR procrastiné jusqu’au dernier moment. Et t’étais tombé sur Sasha. SASHA. Le destin te faisait vraiment chié quoi. T’avais même pensé à prétexter un gros coup pour ne pas venir. Mais la vérité. Il faisait glacial dehors. T’avais caché deux cadeaux, l’un que tu voulais vraiment lui offrir, et puis l’autre, celui que t’as pris, un peu inconsciemment, au cas où… parce que si t’es fort dans ce que tu fais, c’est parce que t’es malin. Tu as toujours un plan de replis.


Alors t’arrives, tout penaud, mais content parce que t’as quand même fait de bonnes affaires aujourd’hui. Peter va être content. Tu es donc content. Tu vois le sachet de KFC sur la table, t’entends la remarque de Sil et là tu te dis : putain. Pas elle. Pas ENCORE elle. Non mais elle est toujours là. T’en peux plus. Alors t’arrives, tu t’affales sur le canapé, tout miteux. Tu ne poses pas tes cadeaux sous le sapin, parce que tu sais pas encore lequel tu vas donner. Tu ne jettes pas de regard à Jael. Tu dis rien parce que c’est Noel, tu vas essayer d’être gentil.

Les fêtes de Noël ou la période de l’année que j’préfère le moins. Non parce que, c’est cool de s’offrir des cadeaux, d’être heureux et de marcher en étant toute souriante dans les rues de la ville avec des petits flocons de neiges qui nous tombent sur la gueule, sur notre bonnet tricoté par grand-mère et sur ce manteau qui te protège hyper bien du froid, mais moi ça ne m’est jamais arrivé. J’ai toujours passé des fêtes merdiques. Bon, j’ai sûrement déjà passé un ou deux bons Noël, mais j’en ai aucun souvenir, que dalle. Alors bon, fêter Noël avec les autres, j’avais pas vraiment envie de le faire. Pour moi, ça aurait juste été une soirée comme les autres s’ils étaient pas là. Une soirée à déprimer, à regarder des programmes pourris à la télé. J’avais pas envie de rentrer à l’appart, mais… on a pas tous forcément pu découvrir ce qu’était Noël avant, j’me disais que peut-être ça pourrait manquer à certains d’fêter cette merde, de se retrouver en ‘famille’ pour s’offrir des cadeaux et rigoler un bon coup. Peter m’a un peu motivée à y aller, donc j’ai pas vraiment eu le choix…

Je rentrais donc dans l’appart, les bras chargés. J’avais un petit paquet dans les mains. Tout le monde allait sûrement mettre les mains à la pâte, on m’avait parlé de rien alors j’me suis dit que j’pourrais ramener de quoi se faire plaisir à la fin de la soirée. Quelques petits gâteaux. C’est cool d’être pote avec le boulanger du coin, hein ? J’avais rien volé, j’avais blessé personne. J’avais juste promis à un ami de passer le payer quelques jours plus tard, ce que je ne ferais sûrement pas bien sûr.

« C’est pas pour maintenant, donc y a personne qui touche à mon paquet ou j’vous tue ! » je criais en refermant la porte d’entrée avec mon pied avant de me diriger vers la cuisine pour ranger les quelques gourmandises dans le frigo. On était pas tous là, il manquait quelques personnes… j’étais pas la dernière à arriver, ça faisait plaisir.

Je me baladais un peu dans l’appart, Jael avait fait du bon boulot. Elle avait un peu décoré l’appart, mettant des boules de Noël par-ci, par-là… Elle nous avait même concocté une sorte de petit sapin en carton, rien d’hallucinant. J’voulais piquer un sapin mis en place dans la rue par la ville moi au début, mais quand j’ai vu qu’elle s’était lancée là-dedans j’ai pas voulu l’arrêter. On avait même tous une chaussette comme le disait la tradition. Elle avait fouillé dans mes fringues. J’aime pas ça, mais j’dis rien. Jaël parfois, même si elle est un peu conne, j’ai pas l’impression qu’on la mérite. Elle est bien trop douce, bien trop gentille pour nous. Pour Peter.

« C’est qui qui a ramené la bouffe ? », y avait du KFC sur la table. Mon régime favori ! « On est censés les attendre ou on peut déjà manger ? J’crève la dalle. » Je m’affalais juste à côté de Tinks dans le canapé, avec Jaël et Sil. J’avais pas oublié ce truc de Père-Noël mystère, non non. Mon cadeau était bien caché dans l’appart et j’le sortirais quand le moment sera venu. Curl, tu le mérites pas mais j't'ai quand même fait un cadeau.

C’est Sil qui arrive le premier et instinctivement je me recroqueville. Parce que j’ai l’impression qu’il va me mordre. Comme toujours. Je sais pas pourquoi, je sais pas ce que j’ai fais, mais y a cette lueur noir dans son regard à chaque fois qu’il me dévisage. Ca m’angoisse. T’as une sale gueule Feliciano. Je sais. Je sais que j’ai une sale gueule. Mais il aurait pu au moins me complimenter sur mon maquillage, je sais pas. Je m’apprête à répondre quand c’est au tour de Tinks de rentrer et la la pièce me semble soudain minuscule. J’étouffe. Coincée entre les deux décolorés qui veulent ma mort, joyeux noël, bravo. Vite. Je rigole, rire cassé, j’essaye.   «Je vais prendre ça comme un compliment. Vous aussi vous êtes très élégants » et je suis sincère, parce qu’ils sont toujours mieux fringués que moi, toujours plus vivants aussi. Amertume, je serre les dents. C’est Noël, on va pas s’engueuler. Soudain c’est la porte d’entrée qui claque et je prie très fort pour voir un allié arriver, je vais pas survivre sinon. C’est pas pour maintenant, donc y a personne qui touche à mon paquet ou j’vous tue ! Sasha. Enfin. Merci. Quelqu’un qui m’aime bien. Enfin je crois. Instinctivement je repense à notre escapade à Tybee Island et la galère dans laquelle on s’est enfoncée en essayant de cambrioler cette foutue maison. C’était bien. Ca me fait rigoler toute seule jusqu’à la voir arriver. Sans gène elle s’installe entre Tinks et moi. Je crois voir Tinks se redresser, je suis pas sur. J’ai jamais vraiment compris ce qui se passait entre qui, quoi ici de toute façon. Pas mon univers, pas mes oignons.’est qui qui a ramené la bouffe ?  « Sil et Curl parce qu’ils ont tout fait cramer » je lui donne un coup de coude en rigolant doucement. On est censés les attendre ou on peut déjà manger ? J’crève la dalle.   « C’est plus sympa comme ça, attendre qu’on soit tous là ! » pour une fois, juste nous, les sales gosses sans le mauvais père, un peu de liberté dans notre misère.
Soudain y a Bren qui débarque. Le regard noir qu’elle m’adresse lorsqu’elle balance son cadeau sous notre sapin de fortune me donne envie de chialer. Encore une fois. Je sais qu’elle a pas envie d’être là, mais ça me fait plaisir qu’elle ai essayé.  « Tu veux pas venir plus prêt Bren ? » Que je demande, hésitante, en la regardant s’isoler, cigarette au bec. J’aimerais bien qu’on s’amuse, juste ce soir, faire une trêve. Je commence à ouvrir la bouche de nouveau mais c’est Lachlan qui débarque avec son cadeau, son ukulélé et son sourire habituel. Ca me met un peu de baume au cœur, lui aussi il est comme moi, motivé. Puis je me rappelle ce que Sasha m’a dit à propos d’eux deux et mon sourire retombe. Saloperies de relations, j’y comprendrais jamais rien moi à tout ça. J’essaye de lui en vouloir mais le voila entrain de chanter comme un idiot et j’applaudis quand même à la fin de la chanson, parce que je sais pas bouder. Surtout pas quand c’est noël. Eh, Jael. T'as géré. La déco, c'est super. Je rougis.  « Merci oh tu sais c’est trois fois rien, fallait que je m’occupe » pour pas penser à toutes les conneries qui tournent dans ma tête.C'est cool que vous ayez pu tous venir. Mais, eh. Vous avez oublié votre sourire chez votre mère ou bien ?  C'est Noël ! Smiiile ! Je rigole à mon tour me redressant sur le canapé, tapant dans mes mains.   « Bon je crois qu’on est tous là, Toots vient de me dire qu’il pourrait pas venir tout de suite… Il nous rejoindra plus tard »  j’espère. J’ai vraiment envie de le voir. J’ai besoin de le voir. Mais ça je le dirais pas à voix haute.  « j’ai une dernière surprise, mon cadeau pour tout le monde » et de dessous le canapé je sors une bouteille de champagne que j’ai acheté avec l’argent retrouvé dans la maison de Cecilia. Pas volée, promis. Promis juré.  « Joyeux Noël les gens, et s’il vous plait on peut laisser les querelles débiles juste pour ce soir ?  Je crois qu’on a mérité de s’amuser. » oui. On l’a bien mérité.

Tout le monde finit par débarquer. Tu souris vaguement en voyant Sasha et son humeur de merde. T’aimes bien ça. Sa façon de râler. De toute façon, tu l’aimes bien Sasha. Elle apporte une sorte de douceur étrange à cette famille tordue. Mais pas trop doux non plus. Parce que ça te saoulerait. Non. Sasha, elle a un truc joli et simple. Tu ris doucement lorsqu’elle annonce qu’elle crève la dalle. T’as envie de lui dire qu’elle peut en prendre, tranquille. Mais Jael te devance en disant qu’il faut attendre les autres. Tu lèvres vaguement les yeux au ciel, ne précisant pas que t’as déjà piqué du poulet. Puis Lachlan débarque avec sa fausse guitare. Gosh. Ca promet. Il se met à chanter une chanson de Noël. Et c’est pas qu’il chante mal Curl … Mais putain, une chanson de Noël quoi. Tu râles un peu, le poussant même gentiment. « T’as pas autre chose que ça sérieux ? »

« j’ai une dernière surprise, mon cadeau pour tout le monde » Tu t’attends au pire. Franchement. Tu hausses les sourcils en voyant la bouteille de champagne. « Bah putain » Tu hausses vaguement les épaules à sa phrase suivante. En vrai, t’as pas vraiment de querelle avec des gens ici. Fin, c’est pas vraiment des querelles. Jael te fait chier avec sa putain de drogue. Et t’as tendance à faire tourner Tinks en bourrique. Mais rien de très grave au fond. Tu détestes personne encore. A la limite, si tu devais choisir ça serait Jael. Mais t’es pas certain que ça soit aussi simple. Tu la détestes pas. C’est plus compliqué que ça. « Je l’ouvre ? » Vous avez pas de coupe, mais boire dans des verres en plastique suffira amplement. Jael finit par te tendre la bouteille. T’en as jamais ouvert en vrai. Mais ça doit pas être si compliqué. Le bouchon part dans un gros PLOC tandis que tu te presses a attraper un verre pour pas en foutre partout. Et rapidement, chacun a son verre. Tu attrapes le tient avant d’aller chercher le poulet sur la grande table et le foutre au milieu de vous. « Bon bah … Joyeux noel alors hein. » T’attrapes un poulet sans plus de cérémonie, le foutant dans ta bouche avant de trinquer avec les autres.

Tout change quand elle rentre. Son air innocent, mais l’ombre machiavélique en fond. Ce petit bout de femme qui arrive à lui sortir des émotions qu’il ne connaissait pas. Pas comme ça. Il avait déjà désiré, des femmes, et des hommes, mais ce n’était jamais pareil. C’était toujours malsain, une affection plus que de l’amour, une envie d’appartenance plus que de l’amour, de domination plus que de l’amour. Sasha. Elle était différente. Il avait l’impression d’être trop méchant, trop brisé pour elle. Alors il se taisait, il essayait de la considérer comme les autres mais il fallait le dire, il était naturellement mauvais avec tout le monde. Donc même l’indifférence cela se ressentait. Ce qu’il éprouvait pour sasha était le mélange de son envie de domination sur eanna et son envie de protection sur dani. Le parfait mélange ? Peut-être. Mais il ne le sera jamais. C’est pas pour maintenant, donc y a personne qui touche à mon paquet ou j’vous tue ! (sasha) Et elle pose ses jolies petites fesses à ses côtés. Il se braque. Bien sûr. Comme à chaque fois qu’elle s’approche trop prêt, comme si se tenir droit aller empêcher son monstre en lui de sortir. Comme s’il y avait autre chose en lui qu’un monstre. « C’est qui qui a ramené la bouffe ? »(sasha) un petit hum sorti du fond de sa gorge, qui aurait pu être pris pour du mépris mais qui était en réalité un rire ravalé. Ouais c’est clair que le cuisinier c’était surpassé… Sil et Curl parce qu’ils ont tout fait cramer (jael) la voix de jael a suffi à te faire tirer la gueule à nouveau.  On est censés les attendre ou on peut déjà manger ? J’crève la dalle. (sasha) « C’est plus sympa comme ça, attendre qu’on soit tous là ! » (jael) genre comme si bren nous en voudrait. Peut-être Lala mais bon, lala qui s’en préoccupait franchement ? Mais vu que princesse wendy l’avait demandé… De toute manière,  Peter n’était pas là. Ca servait à quoi ça ? Créer une famille ? Il n’était pas là pour elle, il était là pour Peter. Il n’y avait que Peter. Enfin c’était ce qu’il se disait la nuit… parce que c’est plus facile de vivre en tant que connard sans cœur.

Et Bren se ramène. Ca lui met le sourire. Voir la tête de déterré de Bren lui met le sourire. Parce que c’est ça bren, et qu’il reste persuadé que derrière ça, il y a un secret caché. Bren son Atlantide. Elle se fume sa cigarette, je m’en foutisme total. Tant mieux. Il aurait bien besoin de se cramer la santé pour supporter ça aussi. « Tu veux pas venir plus prêt Bren ? » (jael) L’abrutie. Genre. Mais pourquoi osait-elle encore parler (tinks est méchant je suis désolé ) Et puis l’autre abruti se ramenait déguisé en nain du père noel. Pour être embauché faut êter innocent et j’pense qu’il est tout sauf innocent… non ? Mais aussi lourd et chiant qu’il pouvait l’être, il commença à chantonner et à jouer de son foutue ukulélé. Il aurait du le massacrer cet engin de mort. Il le regarde avec son air hébété et arrive à cacher son sourire. Non cela ne l’amusait pas. Mais bon dieu ce qu’il avait l’air ridicule. Il aurait pu rire mais voir jael se réjouir comme ça l’énerva plus. Heureusement sil lit dans son esprit et l’acheva pour lui. . « T’as pas autre chose que ça sérieux ? » (sil) C’est clair.

« Eh, Jael. T'as géré. La déco, c'est super. »  (curl) ouais. Il n’avait pas fait attention et il s’en foutait.  « Merci oh tu sais c’est trois fois rien, fallait que je m’occupe » (jael) «  C'est cool que vous ayez pu tous venir. Mais, eh. Vous avez oublié votre sourire chez votre mère ou bien ? » (curl)  Il roula des yeux. Tinks se leva alors, voyant sa fenêtre pour s’éloigner de sasha. Trop proche. Trop de risque. Il s’imagina même pas que cela pourrait être pris autrement. S’éloigner parce qu’il ne pouvait pas se contrôler. Et alla se poster prêt de l’ange de la mort qu’était bren. Tout en répondant à ce chère Curldophe de papa Noel là. « On est pas tous là, papa noel. Il manque Peter. »(tinks) ouais. Il semblait tous oublié que si ils étaient tous sous ce toit c’était grâce à lui. Peter c’était tout. Peter c’était la vie. Et puis il s’approcha de bren et s’alluma à son tour sa cigarette parce que s’en suivi la tirade de la princesse autoproclamé. Elle était arthur, il était lancelot. Il fallait qu’il se barre, il ne pouvait plus la voir. Et il avait promis d’être gentil. « j’ai une dernière surprise, mon cadeau pour tout le monde. Joyeux Noël les gens, et s’il vous plait on peut laisser les querelles débiles juste pour ce soir ?  Je crois qu’on a mérité de s’amuser. » (jael)  

Bon. Ok. Elle avait amené une bouteille de champagne. Et quoi ? Elle croyait qu’elle allait magiquement tous les envouter ? Pas lui. « Bah putain » « Je l’ouvre ? » (sil) il évite son regard. Parce qu’il l’évite depuis longtemps maintenant. Il se mis à servir tout le monde. Tinks ne pipa mot. Et attendit son verre cigarette en bec. . « Bon bah … Joyeux noel alors hein. » (sil)dit-il en se jetant sur l’aile de poulet. Il s’abstena pour sa père, évitant les regards de sasha, de sil, de curl (parce qu’il pouvait clairement pas tirer la gueule avec un pull pareil en face de lui) et il pouvait pas piffrer jael. Bren. Sa sauveuse de Noël. Il fini sa tirade par un jolie « Bon. Celui qui devait m’offrir un cadeau. J’espère qu’il ne pas offert un pull aussi horrible que celui de Curl » (tinks).

Spoiler:

C’est bien, tout le monde commençait à arriver, on pourrait passer un magnifique Noël cette année. Un Noël en famille, quelque chose de bien, d’animé, de phénoménal si, à la fin, on se met pas tous sur la gueule. J’ai beau être la plus jeune, j’suis pas pour autant la plus conne. Je me rends bien compte qu’il y a quelques tensions. Des regards pas trop sympas jetés par-ci, par-là, sûrement de la méfiance pour certains. Je sais pas et j’ai pas envie de le savoir, j’avais juste envie de passer une bonne soirée. « D’accord, d’accord. Qu’ils mettent pas quinze plombes, alors… » C'était Noël, merde. J’avais faim, et Jael voulait qu’on attende que tout le monde soit présent. Je la comprenais de ce côté-là, le respect, tout ça tout ça. Mais est-ce qu’ils en auraient fait autant si nous, on était pas là ? J’en étais pas sûre. Peut-être que certains l’auraient fait, mais d’autres ne se seraient pas gêné.

Puis y a Bren qui arrive enfin. Elle fait la gueule comme d’habitude, elle me lance un mauvais regard comme si j’avais bouffé toute sa famille, elle reste silencieuse. Je sais pas ce que je lui ai fait, quand j’veux lui parler elle se barre, elle m’évite… elle me parle pas, elle me déteste probablement et j’aimerais bien savoir pourquoi. J’la connais à peine et elle veut pas qu’on apprenne à se connaître. Quoi, elle a peur d’une gamine qui a sept piges de moins qu’elle ? J’ai laissé couler, j’ai même pas voulu essayer d’entrer en contact avec elle. Si c’était pour la voir me foutre un vent, c’était pas la peine. Puis, comme si la soirée n’avait pas assez bien commencé, y a Curl qui a débarqué. Le garçon pour lequel j’ai le plus de haine, ce mec à qui j’ai envie de mettre des coups de pieds tellement j’avais mal au cœur quand je voyais son visage. Mon premier amour, un mec qui prend rien au sérieux et qui passe son temps à sauter d’autres filles. J’ai bien fait mon choix, clairement. Je l’ai pas salué, je lui ai même pas adressé un regard. J’ai plus cherché à regarder autre part, lançant un petit coup d’œil sur Tinks, assis près de moi. Lui aussi, je le comprends pas ce qu’il a dans la tête. Pareil que pour Bren, il m’évite, il me parle jamais, il trouve toujours des moyens de m’éviter… j’vous jure, j’ai vraiment l’impression d’avoir la peste parfois. Mais bizarrement, ce jour-là, il était resté à côté de moi.

Curl et son Ukulélé. J’ai toujours trouvé qu’il s’en sortait bien, qu’il jouait bien. Mais au niveau de la voix, au niveau du chant, c’était pas encore ça. Il pourrait pas faire l’une de ces émissions Américaines débiles. Puis, il chantait des chansons de Noël, des chansons qui me rappelaient un tas de souvenirs. Je pensais aux Noëls joyeux que j’avais l’occasion de passer avec ma mère, mon père, mon petit-frère. Putain, qu’est-ce qu’il me manque aussi celui-là, c’est probablement le seul d’ailleurs. Faut que je trouve un moyen de le récupérer…

Le calme est enfin revenu, le vacarme s’est arrêté et je remercie Dieu pour ça. On reprend les conversations, Tinks se permet de se lever lorsque Curl prend la parole. Je me suis dit, le temps d’une seconde qu’il était peut-être mal installé, qu’il voulait discuter avec quelqu’un puis je me suis rappelé que j’ai le don de repousser tout le monde. Je ne me laissais pas déstabiliser, bien qu’il faut avouer que j’étais quand même blessée. « On ferait quoi sans toi, hein, Jael ? » Elle avait ramené une bouteille de champagne. Rien de volé. Elle l’avait achetée, avec de l’argent. Comme quoi, on peut être honnête parfois… « Joyeux Noël, ouais ! » je me mettais à crier, de bonne humeur alors que Sil servait un verre à tout le monde. J’ai directement pris le mien pour en boire une, deux gorgées. Ça changeait de la bière qu’on trouvait à la supérette du bien. Le champagne, c’est largement mieux. Peut-être même qu’après quelques verres, j’aurais enfin les couilles d’avoir certaines discussions avec certains… Puis merde, fallait aussi que j’offre le cadeau de Curl.

J’ai attendu que Tinks se mette à manger pour m’y mettre aussi. Ramener de la bouffe du fast food était pas une si mauvaise idée. Au moins, on passait un Noël original, pas vrai ? « Y a quelqu'un qui a préparé une playlist pour tout à l'heure ? J'aimerais bien danser et j'pense pas pouvoir le faire sur la voix de Curl qui chante Vive Le Vent. »

Lenny ne fêtait pas Noël avec Darja. On lui a bien collé un bonnet sur la tête rouge au foyer et il a même reçu des cadeaux dans certaines familles d’accueil, mais il n’a toujours pas compris le principe. Dans ses familles, il se sentait toujours comme une pièce rapportée, pas à sa place. On lui offrait quelque chose parce qu’il fallait bien, il était là. Mais on ne faisait pas vraiment d’efforts pour trouver un cadeau qui lui ferait plaisir. C’était pas bien compliqué, pourtant, n’importe quel bouquin aurait suffi, mais il n’a jamais reçu qu’un ballon de football américain, un pull infâme, des chocolats et des préservatifs (sérieusement) (il ne sait toujours pas pourquoi). Ce qui le perturbe le plus, c’est le but de Noël. Darja disait que c’était une histoire d’argent et d’enfants pourris-gâtés. Ça lui paraît logique. Il n’a jamais cru au vieux monsieur en rouge qui se glisse dans les cheminées la nuit, zéro magie de Noël dans son univers. Il trouve même ça malsain de faire croire des choses pareilles aux gamins. Et il aurait peur s’il y avait vraiment un type qui se glissait dans les cheminées. D’abord, ce n’est pas hygiénique, ensuite, c’est carrément impoli. Quant au côté religieux, tout le monde semble l’avoir oublié, à part pour aller écouter des chants de Noël à l’église. Personne ne pense à ce pauvre Jésus. Lenny ne croit pas en Dieu. Trop critique pour ça. Mais il a lu la Bible – c’est un livre comme un autre, hein – et c’est plutôt pas mal, quand on ne le prend pas au premier degré. Tout ça pour dire que cette idée de Noël chez les Lost Boys… ça le fait stresser à mort.

Il traîne à la librairie toute l’après-midi, parce qu’il s’y sent bien et que la bibliothèque est fermée le vingt-quatre décembre, synonyme de fin du monde pour Lenny. Il a pioché River, et il lui a déjà acheté un cadeau depuis longtemps, caché entre le mur de sa chambre et son matelas. Il ne sait pas s’il va aimer. Probablement pas, Lenny n’est pas doué pour trouver des cadeaux qui font plaisir aux autres. Majoritairement parce qu’il se dit j’aimerais tellement avoir ce livre et qu’il s’imagine que ça doit être le cas de tout le monde, donc. Il l’a réalisé trop tard, par contre, après avoir payé le livre en question pour River. Sur le chemin du retour, il repère des christmas crackers dans une vitrine et finit par en acheter, présumant que c’est une coutume rigolote et relativement normale, plutôt anglaise qu’américaine, mais ça fera l’affaire. Il ne veut surtout pas débarquer les mains vides alors qu’il sait que Jael s’est donné à fond sur la décoration et que d’autres se sont portés volontaires pour la nourriture. En rentrant à l’appartement, quasiment tout le monde est déjà installé, à boire ce qui ressemble à du champagne dans des gobelets en plastique et à se lancer des Joyeux Noël. « Techniquement, il faut attendre minuit pour le dire. Ce n’est pas encore Noël. » Réflexe stupide. Il se mord la lèvre en jetant un regard anxieux vers Bren avant de déposer son sac sur la table, observant la décoration. « Désolé. Joyeux Noël. La déco est magnifique, Jael. Et j’ai acheté des christmas crackers. » Tout le monde s’en fout, mais ce n’est pas grave. Il cherche des yeux une place vide et s’assied finalement à côté de Sasha, puisqu’il y a un creux à cet endroit-là. Ça l’arrange un peu, Sasha est une des personnes qu’il préfère, après tout. Avant, il aurait demandé la permission, mais il a fini par capter que ça les gavait. Il sourit à la remarque de Sasha, apparemment il a loupé le concert de Curly, c’est peut-être mieux pour ses oreilles. Il n’a pas envie de danser, lui, du coup il se concentre sur la nourriture qui trône sur la table. Du KFC. Il n’y a juste aucun moyen pour qu’il touche à ça sans avoir la nausée et pleurer de culpabilité. « Quelqu’un a acheté des légumes ? » Au pire, le jeûne de Noël, ça doit se faire aussi.